Laura continua son petit jeu sur la peau de Tinuviel, caressant son dos, contournant sa fesse pour aller dessiner des zigzags sur sa hanche et sa cuisse... elle l'écoutait à peine. Cependant ses mots rappelèrent à sa mémoires des épisodes de sa vie - pas si lointaine que ça - où elle passait la plus grande partie de son temps avec son amie Hélèna.
Lorsque Hélèna était absente, Laura avait tendance à tourner en rond. Souvent elle se projetait dans le futur, avec elle, se demandant quel jeu elle pourrait inventer pour distraire son amie... elle parlait parfois à d'autres Sirènes, rien que pour avoir des potins à lui transmettre. Elle avait toujours peur que son amie se lasse d'elle et la remplace. Et elle HAÏSSAIT la voir en compagnie d'autres Sirènes, qu'elle fasse elle-même partie de la troupe ou non. Chaque fois qu'elle entendait Hélèna rire un peu plus fort qu'elle ne le faisait habituellement en compagnie de Laura, celle-ci avait l'impression qu'on la lui arrachait.
Alors non, Laura n'était pas partageuse. Et à cet instant, elle repensait à son amie disparue à jamais, celle qui avait donné un sens à sa vie pendant quatre décennies. Et elle se sentait vide. Elle pensait aussi que cette Elfe débarquée de nulle part venait de la retourner comme une crêpe, et qu'elle avait il y a moins d'une minute joui d'être sa chose et se s'abandonner à ses mains expertes. Elle avait commencé à faire peser un peu du poids de son mal-être sur elle, à la laisser combler un peu le vide qui la rongeait... et maintenant la perfide lui indiquait qu'elle avait été une bonne petite, et qu'elle était digne de rejoindre son troupeau.
Elle, la Sirène ?! Engagée auprès d'une maîtresse dominatrice ? Transformée en une petite distraction qu'on allait voir lorsque les autres commençaient à lasser ?
Tais-toi !
Son cri de colère était inutile, Tinuviel ayant déjà fini son discourt. Mais bon.
Laura avait repoussé la main de l'Elfe, une expression de dégoût sur le visage. A vrai dire, ce dégoût était plutôt tourné contre elle-même. Elle se leva d'un bon, fulminant. La colère et l'orgueil montaient dans sa poitrine, pressant sa gorge et lui faisant lever le menton d'un air défiant. Elle toisa l'Elfe du regard en lançant d'une voix tremblante :
Si tu crois que je suis du genre à me faire manipuler comme une moins que rien... si tu crois pouvoir me rabaisser comme ça, et que je vais accepter ça, moi ! Moi, la Sirène, me laisser enchaîner à toi comme une ...
Elle ne termina pas sa phrase. Elle resta plantée comme un piquet, tremblante, ne pouvant croire à l'erreur qu'elle venait de commettre.