Laura n'aimait pas la ville de Nexus. Ses bruits et ses odeurs l'insupportaient depuis qu'elle y était entrée ( et cela ne faisait que quelques heures ). Elle marchait dans les rues, observant autour d'elle ces constructions inhabituelles. Des "maisons" ; jamais elle n'en avait vu autant au même endroit. Et maintenant qu'elle s'était glissée entre elles, elle s'y trouvait comme enfermée.
"Ces humains vivent agglutinés comme des moules !" se répétait-elle toutes les dix minutes
Elle s'était sentie observée pendant un certain temps, alors qu'elle regardait sans cesse autour d'elle et qu'elle changeait de direction au moindre coup de tête. Oppressée par les regards qui se tournaient vers elle, elle avait finalement calqué son attitude sur celle des passants, et s'était mise à marcher en regardant droit devant elle, l'air de savoir où elle allait.
Laura n'aimait pas non plus les vêtements. Elle avait revêtu ceux d'un voyageur infortuné quelque peu naïf dont elle avait croisé la route à quelques kilomètres de la ville. Celui-ci avait semblé surpris de la voir nue. Elle en avait pris bonne note : "les humains portent toujours des vêtements". La chemise beige trop large pour elle était souillée d'une large tache de sang séché, et elle n'avait pas enfilé les bottes, préférant rester pieds nus.
Après un moment passé à arpenter les rues d'un air décidé, Laura décida d'entrer dans une maison ; elle avait vu d'autres humains faire, et qui ne tente rien n'a rien. Elle pivota soudain sur elle même et se dirigea vers la première porte à disposition. Elle en saisit la poignée et se mit à tirer, pousser, tourner à droite, tourner à gauche, tourner à gauche en poussant, tourner à droite en tirant, tenter de soulever, abaisser... sans succès. Elle regarda autour d'elle ; deux hommes avaient ralenti leur allure pour l'observer. Elle se sentit devenir écarlate et s'enfuit à toute allure, ne s'arrêtant pas de courir pendant deux bonnes minutes.
"Calme-toi !" se raisonna-t-elle "tu attires l'attention des humains !"
Alors elle marcha à nouveau. Il lui fallait entrer dans une de ces maisons, "pour voir". Qu'y faisaient les humains ? C'était surement là qu'avaient lieu les choses importantes. Les rues ne semblaient servir qu'à "passer". Apercevant un homme qui poussait une porte à deux mètres d'elle, elle prit soudain son courage à deux mains et s'engouffra derrière lui.
Elle se trouva dans une salle bruillante, pleine d'hommes et de quelques femmes, pour la plupart assis autour de planches de bois, en train de parler fort et de rire. Tentant de garder son calme, elle décida de s'assoir comme eux. Elle tira maladroitement une chaise et y posa son derrière, restant assise, le dos droit, ses yeux parcourant les alentours frénétiquement. Elle sentit le sang lui monter au visage à nouveau, et une sueur froide s'emparer de tous les pores de sa peau.
Et alors qu'elle était sur le point de s'enfuir à nouveau ...