Voyant la belle volaille préparée avec amour et accompagnée d'une sauce à faire tomber par terre le plus difficile des goûteurs, Navlys se lécha les babines dégoulinantes d'envies ! Ce plat avait l'air terriblement appétissant et, à peine déposé sur table, fut entamé de la manière la plus sauvage pour remplir ce ventre affamé. Après tout, c'était la première fois que ce corps prenait l'apparence du dieu des combats et la nourriture avait une place très importante dans cette culture : bien manger pour bien s’entraîner ! Ainsi, l'appétit de la guerrière ne devait pas être pris à la légère et Esperanza eu le bon réflexe en extirpant une cuisse pour son compte puisque le pauvre poulet ne tarderait plus à n'avoir que sa carcasse à afficher.
Ce massacre fut interrompu par la soif, toute aussi grande, qu'il fallait à présent satisfaire pour éviter quelques désagréments. Gênée, l'hôte proposa son jus d'orange produit avec leurs fruits et partit quérir la boisson. Ce court laps de temps permit à Lady Rawhilde de conseiller Navlys sur ce qu'il était important de ne pas divulguer, laquelle la regardait sans trop d'expression. Des fugitives ? La iop n'avait absolument rien à se reprocher. Elle haussa tout de même les épaules, préférant faire plaisir à sa camarade plutôt que de se la mettre à dos. Une idole se doit de se faire aimer par son public et la iopette se considérait bel et bien comme une star remarquable. La discussion reprit avec le retour de la fermière qui versa le liquide dans deux verres avant de reposer la bouteille. Étant trois, Navlys pensa naturellement que Lauren avait compris les besoins démesurés de la combattante et prit directement la bouteille pour se délecter avec de grandes gorgées. Complètement décontenancée, la belle campagnarde posa de nouvelles questions :
« Pardonnez ma curiosité, Madame, mais vous avez parlé d’une région… Est-ce là d’où vous venez tous les deux ?
- Pas moi, non… Je viens de Tekhos, et j’étais en voyage quand j’ai rencontré Navlys. Elle a proposé d’être ma garde du corps, en insistant sur le fait qu’elle serait la meilleure dans ce rôle, et que personne, absolument personne, ne saurait lui arriver à la cheville. »
Le sourire de la cow-girl passa totalement inaperçu et Navlys répondit à son tour après un soupire de satisfaction, sa soif étant étanchée pour le moment.
« Pfiuuuh... Ouais c'est ça, je viens d'Amakna. Un p'tit coin sympa avec tout ce dont on a besoin à part de vrai défis... Y'a bien quelques prétendants comme le Chêne Mou ou le Dragon Cochon... Mais de vous à moi... Ils valent pas un clou !
- En tout cas, je n’ai jamais entendu parler d’Amakna… À quoi ressemble donc cette contrée ? Comment y accéder depuis Nexus ? Vous avez pris la mer pour venir jusqu’ici ?
- Hein ? Nexus ? C'est quoi ?... Aaah attend... Le chevalier figé à jamais ? J'avais toujours cru que c'était qu'une légende... Peuh ! Et dire qu'on a donné son nom à des bottes toutes pouraves.... Mais nan, j'ai pas pris la mer pour venir. J'aime pas trop le bateau. Je l'ai pris que trois ou quatre fois... Je préfère voyager en canon, c'est plus sûr ! Ou en zaap, c'est bien aussi.... Mais là, j'ai pris un portail je crois. Je m'en souviens plus trop bien. Et pis, quand j'y pense... ça m'fait mal au crâne... alors j'arrête. C'est chiant de réfléchir, trouvez pas ? M'enfin... C'est bizarre quand même que vous connaissez pas Amakna... Manquerait plus que vous me disiez que vous n'ayez aucune idée de qui est Alister !.... »
Voyant le regard interrogateur des deux femmes face à cette révélation, Navlys eu un sacré doute et ouvra grand ses yeux sans pupilles en enchaînant.
« Naaaaannnn.... Vous êtes sérieuses ? Le roi Alister ! Le roi d'Amakna ! ça vous dit rien du tout ?!.... Mais... Vous sortez d'où ?! Si je vous dis Astrub quand même, là, vous allez pas me dire que.... Si.... Vous connaissez pas non plus... Oooolalalalah mais où je suis tombée moi encore..... Vous, vous êtes pas passées par Incarnam... C'est obligé... En plus, t'as une tête bizarre pour une fermière... Elles sont pas comme ça d'habitude.... Plus grosses, rondes et grasses... Et toi, ton dieu doit être sacrément bizarre ! Mais bon... C'est pas grave, j'vous aime bien quand même ! Ahahaha ! »
Son long rire la fit pleurer et lui rouvrit l'appétit. La iop termina donc sans gêne le poulet et engloutit la fin de la bouteille de jus devant ses camarades se demandant certainement s'ils avaient bien fait de s'occuper de cette folle....