Difficile de croire que de tels comiques avaient pu effrayer à ce point les sœurs. Rien à voir avec les raiders, il ne s’agissait que de vulgaires bandits surarmés qui avaient en eux une confiance exagérée. Acté connaissait bien le mode de fonctionnement des mâles. Ils étaient perpétuellement arrogants, inutilement prétentieux. Leur chef restait derrière, tenant toujours ses deux machettes, mais aucun de ses hommes n’arrivait à vaincre les deux femmes, malgré ses menaces et ses encouragements.
« Crevez ces putes ! J’offrirai deux vierges à celui qui les décapitera !! »
Le cœur n’y était plus pour les bandits. Acté s’était même séparée de son bouclier, utilisant uniquement son épée, dansant au milieu des ennemis. C’est ainsi qu’une Amazone s’épanouissait pleinement, au combat. Elle sentait sa lame trancher les membres, sentait des taches de sang éclater sur son corps. C’était tellement beau, presque féérique... Pour elle, c’était une forme d’art. Elle sentait la résistance des os, l’épée devenant un prolongement de son propre corps, et elle dansait, fauchant, mutilant, se délectant des hurlements et des cris, presque en transe. Elle bondissait en arrière, roulait sur le sol, sortait l’une de ses dagues pour la planter dans un genou, se redressait rapidement, frappait avec ses jambes, ne ménageant aucun de ces individus. Elle para un coup d’épée avec sa lame, et frappa avec sa tête. Son talisman se mit à nouveau à briller, d’une lueur rouge et chaude, et, en touchant la peau de l’adversaire, il laissa des marques rouges. Sa peau avait brûlé, et l’homme hurla en gesticulant, avant qu’un coup d’estoc ne le soulage de ses tourments.
Les corps s’empilaient, prouvant la grande habileté au combat des Amazones. Acté faisait partie de la glorieuse caste des guerrières. Elle tenait une épée et apprenait à la manier depuis qu’elle avait six ans. Il s’agissait déjà d’une dague en acier, et elle lui avait semblé très lourde à l’époque. Elle se devait alors de la tenir trois heures par jour, et de toujours la porter à sa ceinture. Pour elle, tenir une épée était aussi instinctif et inné que des lunettes pour un malvoyant.
« Ce sont tes incapables d'hommes qui se font dresser bandit. Quand à toi, qui envoie d'autres à la mort plutôt que d'affronter deux faibles femmes, tu dois en avoir bien peu sous ton pagne pour te montrer aussi faible et couard. »
Acté se permit un bref regard vers cette femme... Au milieu de cette bataille, il se dégageait d’elle une beauté et un charme incroyable... Difficile de se dire qu’elle n’était pas une Amazone, car elle en avait l’allure. Elle était forte, belle, et savait se battre. Elle ne se laissait pas dominer par ses peurs, comme toute Amazone se devait de l’être. Acté entendit alors des bruits, et se retourna, voyant que l’homme aux machettes avait décidé de se joindre à la partie. Du haut de ses deux mètres, il poussa un rugissement, et chargea Acté. Prudente, cette dernière choisit de l’esquiver en bondissant de côté, et les machettes sifflèrent dans le vide. Elle tenta alors de prendre l’homme à contrepied en le frappant dans le dos, brandissant sa lame pour l’abattre, mais ce dernier, faisant preuve d’une agilité que son corps massif ne soupçonnait pas, se retourna, et para la lame avec ses deux machettes. Les armes s’entrechoquèrent, et il poussa avec ses puissants bras. Acté essaya de tenir, mais le pied de l’homme fusa, et la frappa à l’estomac. Elle en eut le souffle coupé, et n’eut pas le temps de réagir que l’homme misa sur son avantage, et la frappa d’un revers. Le sang gicla de la bouche d’Acté, qui se recula, légèrement sonnée.
Le tueur était plus doué que les autres, indéniablement. Il poussa un hurlement de rage, et frappa avec les machettes. Acté para, mais les muscles de l’homme étaient solides, et elle sentit une vibration remonter tout le long de son bras. Il frappa avec rage la lame, utilisant l’une de ses machettes, et perça la garde d’Acté. Elle se laissa tomber sur le sol, et le bout des machettes glissa sur son ventre, laissant deux petites lignes écarlates. Sur le sol, Acté n’attendit pas, et bascula son poids en arrière, relevant ses jambes, qui frappèrent rapidement l’homme à la tête. Dans la mesure où il avait la bouche ouverte en rugissant, ses dents claquèrent entre elles, et il se recula, sonné. L’Amazone se redressa rapidement, et attaqua sur la droite. Dès qu’elle sentit la lame heurter la machette, elle pivota sur elle-même, et frappa à gauche, puis pivota encore, frappant en bas à droite, avant de pivoter à nouveau, enchaînant les pirouettes, tout en avançant vers l’homme. Pour éviter la sensation de tournis, elle gardait les yeux clos. Cette technique était extrêmement difficile à apprendre, mais était la spécialité des Amazones. Elle finit par piéger l’homme, et sa lame arracha l’une de ses mains. Il poussa un hurlement de douleur en tombant au sol, et Acté attrapa au vol la machette de sa main coupée. Elle prit alors sa tête en ciseau, son épée et la machette du bandit frottant contre sa gorge.
« Sa... Salope !! »
Un sourire de plaisir éclaira les lèvres d’Acté. Le sang coulait de la gorge de l’homme, et elle n’eut qu’une légère poussée des mains à faire. Elle écarta les lames progressivement, puis les ramena rapidement vers l’intérieur, et la tête de l’homme fut tranchée, s’envolant dans un geyser de sang. Son corps désarticulé tomba ensuite sur le sol, et elle se tourna vers les hommes. Son visage était à moitié couvert de sang.
« Mourrez avec honneur, ou fuyez comme des lâches. »
Les bandits survivants se regardèrent entre eux, et se mirent à courir sans demander leur reste.
« Des démones, ce sont des diables !
- Lâches... » grogna Acté.