Le fameux coup de fil fut vite passé : la réception est efficace, agréable et vive. Tout ce que l'on peut attendre d'un grand hôtel comme celui-là. Le temps d'expliquer où se trouve sa voiture, son étage et sa chambre, le téléphone revint rapidement à sa place et Sachiko repassa dans l'immense salon. La jeune inconnue s'y trouvait déjà, assise sur le carton de déménagement, ce qui fit rire son hôte, d'un rire franc et sonore, plus amusé que moqueur.
« Y a des canapés pour ça, tu sais ! Allez, viens, on va s'installer confortablement ! »
Il y avait effectivement un long canapé en U vers le centre du salon, en cuir brun véritable, et orienté vers une TV écran plat de premier choix. Plus l'on faisait l'état des lieux, plus l'on se rendait compte que la jeune blonde chérissait le luxe et le confort et ne se privait pas.
Elle posa la bouteille et les verres sur un petit plateau d'argent lui-même posé sur la table basse en verre et en bois. Les deux jeunes femmes s'installèrent confortablement sur le cuir et les coussins, se sentant comme des pachas.
« C'est vrai que c'est grand, ici, quand même... » répondit la fouineuse d'un air songeur, observant les alentours. « Je m'étais dit que j'aimerais organiser deux ou trois fêtes par mois chez moi, pour éviter de devoir me déplacer, tu vois... donc, j'ai vu grand. C'est pas si mal, en fin de compte. Disons que je peux me le permettre. Mais toi aussi, si tu es ici, non ? Tu vis dans cet étage ? »
Du coin de l'œil, la lycéenne observa Lanrea qui n'avait pas manqué de se mettre à l'aise. En tant qu'adolescente, elle se compara rapidement à la jeune femme. Leurs apparences étaient très différentes, mais ça n'empêchait pas qu'elles étaient aussi mignonnes l'une que l'autre, dans des styles totalement différents, cela dit.
« ...Quelle idiote je suis, je n'ai même pas pris la peine de te demander ton nom, ou de te donner le mien ! Tu dois penser que je suis...enfin, j'ai été distraite, avec cette histoire de cartons, d'escaliers, tout ça... je m'appelle Sachiko, Etsuyama Sachiko. »
Bon, en même temps, Lanrea avait peut-être lu son nom sur sa boîte aux lettres au coin du couloir, mais qu'importe ! Elle aimait commencer une relation sur de bonnes bases, ce n'était pas très compliqué à comprendre. La blonde versa l'alcool dans son propre verre en détaillant son invitée de haut en bas.
« Tu sais que tu me dis un truc, en fait ? Tu serais pas du lycée prés du centre-ville, par hasard ? C'est là que je suis – bon, seulement depuis la rentrée, c'est vrai... mais j'ai déjà croisé pas mal de personnes ! »
Elle avait la parole facile et posait peut-être un peu trop de questions à la fois à cette pauvre Lanrea qui devait supporter ce flot de paroles incessant, seulement brisé grâce à la magie du saké.