Acté commençait à avancer dans une espèce de sombre couloir poussiéreux et sombre. Elle clignait des yeux, le temps de s’habituer à cette faible luminosité. Elle avait utilisé un Chat pour pouvoir voir dans la nuit, et voyait tout comme à travers un voile bleuté. Elle discernait les formes, mais devait tout de même rester prudente. L’endroit ressemblait à une espèce de catacombe, de galerie souterraine creusée par l’homme. Elle se souvint alors que Mythilène avait dit que les racines de l’énorme arbre s’enfonçaient dans les profondeurs de la ville, dans des galeries. Il devait s’agir de grottes similaires à celles-ci. Ne cherchant même pas à remonter par l’endroit d’où elle était descendue, l’Amazone s’avança, tentant son bouclier le long d’un bras, son épée dans l’autre main. La redoutable Amazone n’était pas vraiment effrayée, plutôt contrariée de voir que sa ronde allait se compliquer. Elle avançait lentement, et sentit alors une pensée inconnue s’insinuer dans sa tête, que son cerveau assimila toutefois instinctivement à Edean, le Nephalem.
*
Tout va bien ?*
Elle lui aurait volontiers répondu si elle l’avait pu, mais Acét n’avait aucun pouvoir télépathique digne de ce nom. Elle se contenta donc d’ignorer ce message, n’ayant de toute façon pas besoin d’un chaperon pour l’aider à sortir. L’Amazone s’avança le long de la galerie, suivant un chemin en pente qui descendait, voyant parfois des morceaux de granit, des briques, des murs en pierre. Alors qu’elle avançait, elle ne tarda pas à entendre des ricanements, et des mouvements furtifs dans les coins. Elle n’était pas seule, et il ne s’agissait plus de ces sauvages. Elle continua à s’avancer, entendant des écoulements aquatiques au loin. Probablement de l’eau. Elle atteignit une immense grotte, si grande qu’elle ne voyait pas le sol, avec de nombreux ponts en bois suspendus. Ils formaient une espèce de passage filant le long de la grotte, et elle avança prudemment. L’antique installation semblait bancale, sur le point de s’effondrer, et elle s’avança prudemment, croyant percevoir des bruits partout autour d’elle.
Il y avait plusieurs ponts en bois différents. Les Micahualcans avaient du aménager cette grotte il y a des siècles. Elle s’avançait lentement, prudente, attentive au moindre mouvement suspect... Et tournait fréquemment la tête quand elle
percevait des mouvements. On jouait avec elle, on la narguait. Les prédateurs et la proie... Ils voulaient l’effrayer, qu’elle se mette à courir, à perdre le contrôle d’elle-même. C’était une satisfaction qu’Acté ne comptait pas leur offrir. Elle les attendait de pied ferme, et se rapprochait vers la sortie, quand les chasseurs attaquèrent.
Des harpies. De sinistres harpies similaires à celles qui se trouvaient dans la bibliothèque convergèrent vers elles. Elles étaient rachitiques, faibles, rabougries, et Acté en accueillit une avec son bouclier, le bout tranchant se plantant dans son estomac, lui coupant le souffle en arrachant sa peau. Une autre fonça droit vers elle, visant sa tête, et Acté ramena son bouclier devant elle, les serres tranchantes de la harpie se plantant contre son bouclier. Le pont se mit à dangereusement vibrer, émettant des craquements très inquiétants.
*
Bordel, toute cette structure risque de se casser la gueule à n’importe quel moment... Ce n’est pas le moment de déconner !*
D’autres harpies se rapprochaient, et Acté donna un coup de bouclier, repoussant celle qui se tenait devant elle. Elle écarta ensuite son arme défensive, et frappa l’harpie à la mâchoire avec son gantelet, arrachant quelques dents au passage. Elle fit ensuite tourner son épée, et ouvrit en deux le ventre d’une autre créature ailée tentant de l’attaquer dans le dos. Une autre harpie fila vers elle, et ses serres lui raclèrent le dos, la faisant hurler. Elle tituba à moitié, le sang perlant depuis sa belle peau, et la harpie tenta de profiter de son avantage pour l’égorger. L’épée d’Acté décrivit un long mouvement de balayage, et sectionna les pattes du monstre. Elle se mit alors à courir, voyant d’autres harpies déferler en masse. Elle était tombée sur tout un nid, et sentit le pont se fragiliser. Les poutres ancestrales se brisèrent sous son poids, et Acté sentit le sol se dérober sous ses pieds, alors qu’elle dut se retourner sèchement pour stopper la course d’une harpie qui se rapprochait de trop. La bestiole s’éclata contre son bouclier, et tomba dans le vide, étourdie. Le pont se fissura alors, et se mit à tomber dans le vide. Acté glissa, et roula le long des planches en bois. Elle se laissa glisser, voyant les poutres se détacher et partir dans tous les sens. Le mur était proche, et elle se dirigeait vers un trou dedans. Le voyant se rapprocher, elle remonta ses jambes, et les tendit d’un coup, rebondissant sur une poutre afin d’atteindre cette brèche.
Ne contrôlant plus grand-chose, elle décrivit une série de tonneaux en roulant dans une espèce de long tunnel obscur. Son corps heurta des obstacles à plusieurs reprises, et elle en lâcha son bouclier et son épée, avant de s’écraser sur le sol, atterrissant sur le ventre. Un soupir endolori s’échappa de son corps, avant qu’elle ne se retourne, sonnée, respirant faiblement.
«
Pu... Putain de merde... »
Voilà ce qui s’appelle un atterrissage en catastrophe. Elle ferma les yeux, respirant faiblement... Et se réveilla en sentant quelque chose de visqueux lui lécher la joue. Elle sursauta, et ouvrit les yeux, avant de voir une espèce de petite créature aux yeux jaunâtres s’écarter prudemment. Elle avait une peau nue, de grandes oreilles, et Acté entendit alors des bruits qui effrayèrent la créature. Elle s’enfuit rapidement, et Acté, sans pouvoir dire quoi que ce soit, vit ensuite une forme descendre du plafond, s’approchant en glissant d’elle, restant dans la pénombre.
Elle entendit des petits bruits fins et élégants, avant de voir une femme à la peau sombre, nue, s’approcher d’elle, se glisser dans son champ de vision. Elle reconnut une
brouxe, une vampire sauvage. C’était une vampire qui avait perdu la raison, et était devenue une espèce d’animal uniquement intéressée par le sang. Acté se demanda si ce n’était pas elle qu’elle avait perçu avant d’arriver dans la grotte avec le pont. La brouxe bondit sur elle, cherchant à sucer son sang, et Acté se défendit du mieux qu’elle put. L’Amazone était toutefois blessée, et elle sentit la force de la brouxe dominer la sienne, avant que cette dernière ne commence à lui mordre la nuque, aspirant goulûment son sang. Le sang d’une Amazone était fort et revigorant, surtout celui d’Acté, pure Amazone, née au sein de la Horde, enfantée par une Amazone. Acté se débattit.... Et la brouxe poussa soudain un glapissement de douleur en se redressant. Quelque chose avait jailli dans sa nuqe, lui mordant le cou, faisant couler son sang. Elle se releva rapidement, et Acté en saisit l’occasion. Elle attrapa son épée, qui avait atterri à côté d’elle, et s’en servit pour embrocher la brouxe. Elle cracha du sang, et Acté, galvanisée, se releva, retira son épée trempée de sang, visa bien, et la planta à hauteur du cou de la brouxe, faisant sauter la tête de cette dernière.
«
Salope ! » clama-t-elle.
Le corps de la brouxe tomba mollement sur le sol, et Acté reconnut son sauveur : la
drôle de petite créature qui lui avait léché la joue.
«
Triste jour, que celui où je dois ma vie à une espèce de gremlin... J’imagine que tu veux ta pitance... »
Ce serait sûrement meilleur que la peau d’une brouxe. Acté glissa une main dans sa ceinture, et en sortit une espèce de miette de biscuit, qu’elle lui envoya. La bestiole renifla ce morceau, et l’avala d’un trait. L’Amazone eut un léger sourire amusé, et alla récupérer son bouclier. Craintivement, la créature s’écartait d’elle, sans cesser de l’observer. Elle ne lui dit rien, et s’éloigna. Lentement, la créature se mit à la suivre.
*
Il est temps de retourner à la surface...*
Acté avait mal un peu partout, mais il ne s’agissait que de blessures légères : des coupures, des hématomes, des ecchymoses... Rien qu’une Amazone ne sache pas endurer.