En tête, Sélène avançait, rageuse, une migraine tambourinant dans sa tête. Elle revoyait à chaque fois qu’elle fermait les yeux la main du Roi-liche cherchant à la transformer en zombie, à faire d’elle son esclave. Elle avait senti, dans les tréfonds de son corps, cette attaque cérébrale massive. Son corps avait tremblé sur ses fondations, et elle ne devait le fait de ne pas être à terre qu’à son éducation rigoureuse d’Amazone. Une autre femme se serait effondrée, et, elle, elle ressentait « juste » une insupportable migraine. Grognant, Sélène suivait désormais Léda, qui remontait la signature magique de la Liche. Le groupe s’avançait dans une avenue silencieuse, déserte, avec des rangées de bâtiments abandonnés à gauche comme à droite. Des arbres abandonnés flottaient au vent, et la végétation, ici et là, avait envahi certains bâtiments. Vu qu’il y avait de grandes devantures vides, Sélène en déduisit qu’il avait du y avoir des magasins ici. Au fond de l’avenue, une pyramide se dressait. Est-ce que la Liche se cachait ici ?
« Sa signature est fraîche, le suivre est un jeu d’enfant, annonça Léda.
- Attention quand même à ne pas tomber dans une embuscade, recommanda Tallia.
- Qu’ils viennent, ils tâteront de ma colère » grogna Sélène.
Tallia ne répondit pas, restant à côté de Sélène. Cynna fermait la marche, derrière Edean, ayant remis son fusil d’assaut en bandoulière. Le groupe avançait ainsi tranquillement, une aura magique semblant envelopper Léda. La Chamane était dans son élément, baignant dans la magie, et se dirigeait vers la pyramide. Elle avançait rapidement, et Micahualca semblait déserte. Les nombreux monstres de la Liche fuyaient, se regroupant près de son cadavre. Sélène espérait surtout que ce dernier aurait la statuette que les femmes recherchaient. Elle était loin de se douter que cette dernière n’était pas du tout entre les mains du Roi-Liche, mais entre celles d’autres individus, moins scrupuleux qu’elles.
Les femmes et le Nephalem arrivèrent finalement sur une belle place balayée par le vent. Il y avait des arbres flottant misérablement, formant deux longues lignes, tandis que, au centre de la place, une énorme fontaine avec de l’eau usagée se dressait tristement, une sorte d’hommage funeste au passé glorieux de la ville. Le groupe avança. La pyramide était au centre d’une série de longs bâtiments petits en hauteur, entourés de colonnes, avec des vitres brisées, du lierre. Un perron menait à l’entrée principale, mais elle était bloquée, par un éboulement.
« Faisons le tour, on trouvera bien une entrée », suggéra Tallia.
Le groupe obtempéra donc pour cette idée. La pyramide ne pouvait être accessible que par ces bâtiments, dont la fonction était difficile à déterminer. En faisant le tour, le groupe vit toutefois un mur de protection, faisant plusieurs mètres. Il entourait une petite zone, et, en le contournant, les Amazones virent un moyen d’y accéder. Un arbre avait poussé dehors. Cynna se mit à tirer dessus, visant le bas du tronc, le défonçant suffisamment pour pouvoir le pousser, faisant ainsi pencher l’arbre contre le mur. Les Amazones n’eurent alors plus qu’à escalader l’ensemble pour arriver de l’autre côté. Léda choisit de se téléporter, et, pour le Nephalem, la question ne se poserait pas.
« Visiblement, cet endroit devait être un palais... »
Derrière le mur, il y avait un petit jardin, qui était maintenant très sauvage, avec des feuilles ayant poussé un peu n’importe comment. Il y avait des éboulements devant, rendant impossible de rentrer dans le palais par les portes, mais on pouvait y rentrer en escaladant un peu, une brèche dans le mur conduisant à un couloir plongé dans la pénombre. Les Amazones passèrent par là, et Léda mit en marche une boule de lumière, afin de les éclairer.
« Cet endroit est chargé de magie, annonça Léda. Une magie sombre et dangereuse, forte et néfaste...
- De quel type ? s’enquit Sélène.
- De la magie noire. Nécromancienne. »
Sélène grogna, et ne dit rien de plus, commençant à avancer. Les rares vitres étaient crasseuses, et elles entendirent alors des murmures. Des cris, des sanglots. Sélène s’avança, tenant son épée, et regarda à travers une porte. Il y avait des espèces de silhouettes fantomatiques qui disparaissaient et revenaient, semblant translucides.
« Les soldats... Ils arrivent… Il faut se réfugier dans le temple !
- On ne peut pas les abandonner là, ce sont... »
Les formes disparurent alors.
« Qu’est-ce que ça veut dire ?
- Ce sont... Des rémanences. Je crois... Je crois que cet endroit est maudit, et que nous sommes au cœur de la malédiction. »