La nuit est vraiment sombre, ce soir... Alors que les nuages plombaient le ciel, le rendant plus noir que noir, les seules étoiles de ce soir étaient la lumière des lampadaires... Une lumière triste, jaunâtre, à ras le sol... Tout comme l'espoir...
Allongé sur un toit humide, les yeux rivés vers ce ciel si vide d'expression, ma seule lumière à moi était l'embout de ma cigarette. Enfin plus pour longtemps... Mon index et mon majeur de la main droite s'en sont emparés et jetèrent le mégot dans une flaque d'eau voisine. J'expirais alors ce petit nuage de nicotine et d'autres produits assez nocifs. Et me revoilà plongé dans le noir...
En vérité : qu'est-ce que je fous là? Bah... j'm'ennuie. J'erre ici ce soir en quête d'un peu d'animation mais l'hiver est aussi morne d'un bout à l'autre du globe... Je me relève, tranquillement, et ma main droite vient machinalement toucher mon arme dans la poche intérieure de ma veste. C'est un réflexe que j'ai acquis après des années de « travail » en tant que tueur à gage ou chasseur de prime... Cela me rassure intérieurement, mais je sais que mon autre revolver est glissé dans son étui accroché à ma ceinture. Il n'est pas vraiment discret, ça je le sais, mais on est toujours surpris lorsque son adversaire utilise une autre arme que celle qu'il expose à nos yeux... Ma main vient ensuite toucher l'eyepatch qui couvre mon œil gauche, mon héritage démoniaque que j'exècre tant mais qui me fut si utile dans ma vie...
Il fait froid. Enfin plutôt frais. Mon jean, délavé et assez large, est troué au niveau des genoux, ce qui laisse facilement l'air refroidir ma peau. Je suis vraiment con parfois... Enfin, ma chemise noire me tient à peu près chaud et ma veste semblable à celle d'un costard - bien qu'ouverte de manière négligée – me couvre un peu. Je regarde les rues autours alors que mes cheveux volent dans le vent frais et humide soufflant sans pitié dans les hauteurs de Seikusu. Les mains dans les poches, je marche près du rebord du toit, observant toujours...
Un bruit capta mon attention. Des bruits de pas, lointains, facilement audible à cause de la pluie de la veille qui avait dû laisser quelques flaques d'eau. Puis, à quelques mètres de cette première personne – probablement – une autre personne courrait, mais le bruit était plus lourd. Un homme, sans doute. Les bruits de pas s'arrêtèrent et il me semblait que la personne cherchant à fuir – une fille, dirais-je – était assez en danger. Je viens me poster au bord du toit haut de trois étages, observant la scène. Deux hommes s'en prenaient à une jeune fille, c'était un peu cliché mais ce genre de rencontre imprévue ne pardonne jamais... J'attends et j'observe la tournure des évènements, pour ne pas faire face à un malentendu.
Un rire gras, porcin, atteint mes oreilles. Leurs gestes... c'était comme si je voyais ce qu'ils allaient faire d'elle. Ni une, ni deux, je bondis du toit pour atterrir sur une surface de métal – un étage en dessous - reliant deux escaliers de secours et je saute par dessus l'infime barrière pour arriver enfin à terre, accroupis. Et non, j'ai pas mal. J'ai parfaitement l'habitude de faire ce genre de chose. Au moins, j'étais déjà sur les lieux avant que les deux hommes eurent le temps de dire « fersk gresskar pai ». Ils me regardèrent avec étonnement. Le premier jeta un coup d'oeil au second, signifiant « occupes-toi de cet énergumène albinos et moi j'embarque la gamine ». Bien sûr, ce second homme se lança sur moi et c'est avec une rapidité impressionnante qu'une de mes balles se logea entre ses deux yeux. Le corps tomba en arrière de façon grotesque mais l'autre homme n'avait eut le temps de déguerpir d'ici avec la jeune fille. Je braque mon arme sur lui, un sourire carnassier aux lèvres.
« Vas-y, viens, viens t'en prendre à quelqu'un de ton niveau, sale pouriture de... »
La haine s'emparant de moi, je n'ai même pas eu le temps de finir ma phrase que je m'étais déjà dirigé vers le dernier pour lui foutre mon poing dans la gueule. Le nez en sang, il regarda brièvement le cadavre à terre puis il se leva pour détaler à toutes jambes...
« Ça va, t'as pas trop été secouée? »
Mon regard se dirigea maintenant vers la victime. J'avais pas l'air hostile, mais j'avais pas forcément l'air accueillant non plus...