La prof venue des étoiles [PV Marine] [Terminé]

Quand Marine regarda Zynarys dans les yeux, cette dernière fut frappée par la tristesse qu'elle y lut. Mais elle ne fit aucun commentaire et écouta avec patience le récit de sa collègue. Quand elle eut terminée, elle lui dit :

Certes, mon peuple est un peuple de guerriers mais nous ne cultivons pas la cruauté propre à certaines espèces que l'on peut voir dans certains endroits de l'univers... Mais pourquoi ces hommes vous ont-il emmené de force ? Vous l'ont-ils dit ? Où vous êtes-vous entrainée ? Quelles étaient ces missions ?

Cela faisait beaucoup de questions mais le côté guerrier de la jeune femme brûlait de savoir comme Marine avait pu devenir une combattante. Elle sentait qu'elle devait en être une excellente, aussi c'est avec une certaine impatience dans le regard qu'elle attendit les réponses... Elle but une gorgée d'eau avant de dire une chose qu'elle avait oubliée :

Au fait, Sei n'est pas mon vrai nom : mon nom véritable, celui qu'on m'a donné sur Jandar, est Zynarys ; cela signifie "vaillante", "courageuse" dans votre langue.

Marine ne pensait pas déclencher une telle avalanche de questions et en fut un peu gênée. Elle ne pensait pas que ça puisse déclencher autant d’intérêt chez la jeune femme.

« Au fait, Sei n'est pas mon vrai nom : mon nom véritable, celui qu'on m'a donné sur Jandar, est Zynarys ; cela signifie "vaillante", "courageuse" dans votre langue »

Marine sourit.

« C’est joli et puis, ça vous va bien. Le mien n’a pas tout à fait une aussi jolie signification. En fait, Marine signifie « cloche maléfique »* comme une sorte de glas qui sonne. Ce n’est pas vraiment ce qu’il y a de plus heureux. Mais au fond peut-être est-ce justifié ayant souvent apportée la mort à autrui »

Elle n’aimait pas se rappeler ça mais en même temps, ses cauchemars le lui rappelaient sans cesse et cela la poursuivrait surement jusqu’à sa mort. Elle soupira.

« Pour ce qui est des hommes qui m’ont enlevés, je n’ai jamais su pourquoi ils m’avaient enlevés. La seule fois où j’ai posé la question, quelques jours après mon arrivée au camp, ça m’a valu vingt coups de fouet alors je n’ai plus jamais posé la question. Je m’accroche à l’idée qu’ils m’ont enlevée. Une fois, on m’a suggéré que mes parents auraient pu me vendre mais je ne préfère pas y penser et ne pas y croire même si ça devait être vrai. Le camp se trouvait dans des montagnes en Europe du Sud. Je ne saurai pas dire où exactement. Il m’a fallu plusieurs jours pour rejoindre une ville. J’étais en Grèce alors mais je ne sais pas si le camp était vraiment dans ce pays ou dans un autre proche. Mes missions étaient assez simples. On me donnait des cibles et je devais les tuer. Quelques fois, je devais en plus récupérer certains documents ou objets. Je ne me suis jamais posée de questions. J’obéissais juste aux ordres de ceux qui m’avaient formée. Je n’ai jamais remis leurs décisions en cause jusqu’à il n’y a pas si longtemps – elle s’interrompit – Je ne sais pas trop si c’est ce que vous imaginiez ou si c’est ce que vous vous vouliez savoir. J’ai été un gentil soldat qui a fait tout ce qu’on lui a demandé et je n’ai aucunes excuses pour ça »

Elle attrapa sa propre bouteille et but quelques gorgées pour se donner une contenance. Dans le même temps, elle tentait de se contenir et éviter de se mettre à pleurer.

[*HRP : Marin (le nom japonais, moi j’ai pris la version française avec un « e ») signifie bien cloche ou clochette maléfique dans la série Saint Seiya ^^]

Quand Zynarys entendit la signification du nom de sa collègue, elle ne dit rien mais la regarda avec une expression quelque peu perplexe :

Eh ben, c'est pas gai tout ça... Sur Jandar, les parents s'efforçaient de donner à leur enfants des noms qui représentaient différentes vertus ou qualités comme l'honneur, la bravoure, la beauté, la force ou encore l'élégance. Personne n'aurait l'idée d'appeler son fils Balnif par exemple parce que ce nom signifiait "corrompu" ou "vendu".
Les noms de souverains étaient prisés dans les familles nobles et il n'était pas rare de croiser des garçons se nommant Verfizar, Zymynyon ou encore Khenaf.

Puis Marine lui raconta son histoire et Zynarys, sans qu'elle sut pourquoi, sentit son coeur se serrer : on lui avait volé son enfance et une partie d'elle-même se révolta contre ce traitement : même si elle avait visité des mondes où les moeurs étaient des plus rudes et des plus violentes, notamment envers les enfants en bas âge, elle n'avait jamais réussi à faire taire la voix de son coeur.

Marine prit une gorgée d'eau et Zynarys fit de même. A un moment donné les yeux de la jandarienne croisaient ceux de son amie, elle vit qu'elle était sur le point de fondre en larmes. Elle ne sut que faire ni dire mais elle eut l'impression qu'elle essayait de ravaler ses larmes et elle préféra ne pas intervenir. Aussi demanda-t-elle seulement :

Et vous n'avez jamais voulu vous venger de ses hommes ?

Les larmes picotaient aux coins de ses yeux mais Marine réussit à les contenir. Ça aussi c’était une chose qu’on lui avait apprit. Ne pas pleurer car c’était une grande preuve de faiblesse. Elle reposa sa bouteille et constata que Sei enfin Zynarys faisait de même.

« Et vous n'avez jamais voulu vous venger de ses hommes ? »

La jeune femme resta perplexe. Elle n’y avait jamais songé en fait. Peut-on se révolter à ce point ? Oui, certainement mais était-elle assez forte psychologiquement pour y arriver ? Ce n’était pas certain du tout. L’idée même de devoir retourner au camp la faisait frémir. Trop d’horreur c’était déroulées là-bas, trop de souffrance. Elle ne se sentait pas le courage de repartir là-bas.

« Non, je n’y ai même jamais songé avant que vous m’en parliez. Si j’essayai, je me ferai probablement tuer. Et puis, pour le moment, j’ai assez à m’occuper de moi. J’ai beaucoup de mal à m’adapter à cette vie. Je me sens si loin de tout ça. Les choses de la vie courante normale me semblent si étranges. J’ai vraiment du mal à m’y faire. J’ai eu beaucoup de chance de trouver ce travail vu que je n’ai pas de papiers et donc pas d’existence officielle »

Elle regarda la jandarienne avec un nouvel intérêt.

« Et vous ? Comment faites vous pour vous adapter vu que vous n’êtes pas d’ici ? Cela ne vous pose pas de problèmes ? »

Marine était vraiment curieuse pour le coup. Peut-être Zynarys avait-elle des astuces, quelque chose qui pourrait l’aider un peu. Elle se sentait si étrangère presque comme si elle-même était une extra-terrestre aussi.

Zynarys écouta la réponse de Marine sans l'interrompre. Quand elle eut fini, elle dit d'une voix douce :

Hum, je peux comprendre que vous n'ayez point envie de vous venger mais je pense que cela vous ferait du bien de faire payer à ses hommes ce qu'ils vous ont fait...

En tant que guerrière, Zynarys était partisane d'exercer une vengeance immédiate sur toute personne qui l'aurait maltraitée ou humiliée ; depuis son intégration dans le Corps des Green Lantern, elle avait mis un peu d'eau dans son vin, la fréquentation de certains d'entre eux ayant un peu adouci son caractère revêche, notamment celle de Claïa, de la planète Xena, dans le secteur 3122 : c'était une belle jeune fille à la peau rose, aux cheveux blonds, aux oreilles pointues, aux yeux en amandes, à la voix musicale et aux manières douces. Zynarys s'était toujours sentie apaisée en sa présence et elle avait toujours un conseil précieux, un petit poème ou une citation pour chaque occasion de la vie de tous les jours.
Contrairement à la jandarienne, la xenanne n'était pas une guerrière mais une musicienne doublée d'une poétesse, ce qui expliquait pourquoi elle avait toujours une petite phrase à sortir.

« ...pour vous adapter vu que vous n’êtes pas d’ici ? Cela ne vous pose pas de problèmes ? »

Plongée qu'elle était dans ses souvenirs, elle n'avait pas entendu la totalité de la question mais suffisamment toutefois pour en comprendre le sens. Souriant, elle lui répondit :

Hum, déjà j'ai une coéquipière, une Green Lantern native de votre planète ; par conséquent j'avais quelqu'un pour m'aider à m'adapter aux habitants de la Terre et à leurs moeurs de plus étranges, sans vouloir porter un jugement négatif, bien entendu.
Pour la langue, ce n'est pas un gros problème : la Bague peut traduire bon nombre de langues parlées à travers les 3600 secteurs de l'univers...

« Vous avez de la chance d’avoir quelqu’un pour vous aider »

Marine n’avait personne pour l’aider ou la guider. Aurait-elle d’ailleurs accepté de l’aide ? Rien n’était moins sûr. Sa fierté l’en aurait probablement empêché sans compter le fait que la personne aurait réussi à l’apprivoiser ce qui n’était pas gagné.

« Pour moi, mes congénères me semblent incompréhensibles. Ils parlent pour ne rien dire, s’occupent de choses futiles, font des choses futiles et stupide etc… Enfin des choses que j’avoue ne pas comprendre. Après, je sais que mon attitude vient de la manière dont j’ai été « élevé ». La dureté et l’intransigeance sont passées en moi. J’ai du mal à me mêler aux gens. Je me sens trop différente des autres probablement à cause de ce que j’ai vécu. Je ressens un trop grand décalage entre eux et moi »

Marine posa ses coudes sur la table posant sa tête dans sa main. Elle regarda la foule d’adolescent qui discutaient et s’amusaient tout autour d’elles et, l’espace d’un instant, imagina être l’une d’entre eux. Elle rêvait être une fille ordinaire qu’on n’aurait pas détruite dès son enfance. Une fille qui passerait son temps entre le lycée, les copines, son petit-ami, les magasins… Une fille normale menant une vie normale. Une chose qu’elle n’aurait jamais. Il était trop tard à présent. Une partie d’elle était morte. Des hommes l’avaient tuée alors qu’elle n’avait que cinq. Une vie gâchée et elle ne savait même pas pourquoi. Elle oscillait, indécise, entre la tristesse et la colère.

« Vous avez de la chance d’avoir quelqu’un pour vous aider »

Ben c'est qu'on m'a pas trop laissé le choix. Comme je vous l'ai dit, j'étais affectée au secteur 661...

Et elle relata à Marine les différents faits d'armes qu'elle avait accomplis en tant que Green Lantern pour arriver au moment où sa vie a dérapé : les insultes balancées à la figure de l'Impératrice Noïra, la guerre interstellaire qui s'ensuivit, la mort de 3 de ses camarades et sa convocation sur Oa.

Soit ils me retiraient mon Anneau, soit je venais dans ce secteur pour me faire oublier. Donc, mes options étaient un peu limitées...

Puis Marine raconta son mal-être, le fait qu'elle se sentait décalée par rapport aux autres personnes de son âge et aux gens en général. Zynarys posa une main douce sur la sienne et lui dit :

Vous savez, pour quelqu'un qui dit avoir du mal à se mêler aux gens, vous vous en sortez plutôt bien : vous arrivez quand même à vous intégrer en tant que prof, à donner des cours à une bonne trentaine de jeunes gens, dont certains ne sont peut être pas très réceptifs et je trouve que c'est déjà pas si mal.

Marine écouta les explications de la jandarienne. Elle sourit. Visiblement la demoiselle pouvait être impulsive et très têtue. Par contre, elle réagit au fait qu’elle la considérait intégrée à la société humaine.

« Je ne me considère pas comme « intégrer ». Je suis prof parce que la philo c’est aussi simple pour moi que de faire 2+2 = 4. J’enseigne mais je n’éprouve pas de plaisir particulier à ça mise à part le fait de pouvoir parler de philosophie. Je ne connais pas vraiment mes collègues. Je leur parle pas ou peu et eux, ils font pareil. Une fois que je sors d’ici. Je rentre chez moi ou je vais à la bibliothèque et c’est à peu près tout. Voilà à quoi se résume ma vie. C’est triste et en même temps je m’en satisfais, je fais avec. Mais, je ne me considère pas comme intégrée »

L’intégration, pour la jeune femme, consistait à vivre en accord avec la société dans laquelle on évoluait. On avait des amis, des connaissances, des activités… Une sorte de monsieur ou madame tout le monde. On ne se différenciait pas plus que ça des autres mais on vivait normalement et on était heureux. Ce qui n’était pas son cas. Sa seule consolation était de ne plus subir de coups et ne plus tuer personne. Une consolation qui lui suffisait pour vouloir poursuivre cette existence.

Zynarys fronça les sourcils quand Marine dit à un moment donné "J’enseigne mais je n’éprouve pas d plaisir particulier à ça mise à part le fait de pouvoir parler de philosophie". Mais elle la laissa finir sa phrase avant de lui répondre :

Il n'y a pas une contradiction dans ce que vous dites ? Quelque chose me dit que vous aimez enseigner la philosophie à ces jeunes gens, voire même enseigner tout court, sinon vous ne seriez pas prof...

Elle but une gorgée d'eau avant de reprendre :

Sinon pour moi "intégrer" c'est en quelque sorte "se fondre dans la masse", "avoir l'air plus ou moins normal". On ne vous demande pas d'avoir des tas d'amis, bien que le terme "connaissances" soit plus approprié, de sortir tous les soirs ou encore d'adhérer à un club de macramé mais tout simplement d'avoir l'air de faire partie du système...

Mais si la solitude vous pèse un peu, on pourrait, si vous le désirez, sortir un soir ? Aller dans un bar après les cours ? Qu'en dites-vous ?

« Il n'y a pas une contradiction dans ce que vous dites ? Quelque chose me dit que vous aimez enseigner la philosophie à ces jeunes gens, voire même enseigné tout court, sinon vous ne seriez pas prof... »

Marine n’y avait jamais songé ainsi. La philosophie allait de soi pour elle quand à enseigner, ça lui était venu assez naturellement en faite.

« Je suppose que j’apprécie d’enseigner dans une certaine mesure mais je crois qu’à choisir, je préfèrerai bosser dans une bibliothèque poussiéreuse où je ne verrais jamais personne. Mais une partie de moi apprécie probablement l’enseignement. Maintenant c’était ç où bosser dans les bars ou pire et là le contact avec les gens seraient encre plus important et encore plus horribles pour moi ! »

Elle frissonna rien qu’à l’idée de se retrouver dans un bar enfumé remplit de monde auxquels elle devait parler.

« Sinon pour moi "intégrer" c'est en quelque sorte "se fondre dans la masse", "avoir l'air plus ou moins normal". On ne vous demande pas d'avoir des tas d'amis, bien que le terme "connaissances" soit plus approprié, de sortir tous les soirs ou encore d'adhérer à un club de macramé mais tout simplement d'avoir l'air de faire partie du système... Mais si la solitude vous pèse un peu, on pourrait, si vous le désirez, sortir un soir ? Aller dans un bar après les cours ? Qu'en dites-vous ? »

« Je pense que notre conception de l’intégration est différente l’une de l’autre mais c’est normal. Elle doit varier d’un individu à l’autre selon ses idées et son vécu. Peut-être est-ce moi qui amalgame l’intégration et la vie, ce que certains appelleraient la recherche du bonheur. Pour la sortie dans un bar, je suis jamais sortie dans un bar, je ne connais pas trop. Je n’en vois pas trop l’utilité en fait. Les gens y vont pour boire et je ne bois pas alors… Mais c’est gentil comme invitation. Vous, ça vous arrive de sortir ? »

Marine était curieuse de savoir ce que Zynaris faisait quand elle n’enseignait pas ou qu’elle ne travaillait pas pour les Green Lantern. Elle paraissait beaucoup plus sociable que la jeune femme rousse qui restait toujours sur sa réserve. D’ailleurs s’était la jandarienne qui était venue vers elle et non l’inverse, cela voulait tout dire.

Zynarys écouta avec attention les réponses de son amie. La deuxième, tout au moins le début, lui arracha un sourire : oulah ! J'avais oublié qu'elle est prof de philo ! Pourvu qu'elle ne lance pas tout un débat sur l'intégration parce que sinon je vais m'endormir...

Mais elle fut vite rassurée sur ce point car Marine lui demanda s'il lui arrivait de sortir.

Hum, eh bien disons qu'il m'arrive de sortir de temps à autre après les cours : je fais ce que vous appelez du "lèche-vitrines" - je dois dire que j'y ai vite pris goût - je vais boire un coup dans un bar ou manger un morceau dans un resto, je vais dans les salles d'arcade, je vais au cinéma, je me promène dans le parc... En général je le fais seule mais ça ne me dérange pas.

Ce qui est épatant dans votre monde, ce sont les loisirs : j'ai rarement vu une telle profusion de divertissements aussi disponibles au grand public, sans compter votre télévision qui propose une variété extraordinaire de programmes ; certes, la plupart sont débiles mais d'autres sont intéressants ou tout simplement amusants.

Et puis, je trouve que les humains sont une race vraiment curieuse : elle est exaspérante par certains côtés mais tellement fascinante par d'autres. Et même si je la trouve un peu hum... "primitive" sous bien des aspects - elle n'a pas une grande réputation interstellaire aux yeux des Gardiens - je pense qu'elle a su garder une certaine forme de vitalité qui fait un peu défaut à certaines races sophistiquées.

Ah ! J'oubliais que de temps en temps je fais une petite sortie dans l'espace, contemplant les couchers de soleil depuis Mars ou m'asseyant sur un des rochers qui composent les anneaux de Saturne...

Elle s'interrompit parce qu'elle venait de se rendre compte qu'elle n'avait jamais autant parlé ! Décidément, depuis qu'elle était arrivée sur Terre, elle avait changé dans certains domaines.

Enfin voila ce que je fais quand je sors...

*Oula, ça fait beaucoup tout ça !*

Pensa Marine. Elle écarquillait les yeux devant l’énumération fabuleuse que faisait Zynaris de ses diverses activités. A n’en pas douter cette dernière était totalement « intégrée » à la vie terrestre, aucun doute là-dessus ! Marine en restait bouche bée.

« Vous… vous avez une vie très active Zynaris. Vous passez tout à fait pour une humaine. Moi, je ne fais pas tout ça mais en même temps j’en vois pas l’utilité – elle haussa les épaules – C’est peut-être d’ailleurs ça le problème, je ne fais que des choses que je considère utiles ou intéressantes et rien d’autres »

Oui, la vie normale ce n’était peut-être pas pour elle finalement. Elle avait été trop conditionnée à ne faire que ce qui pouvait être utile. Se détendre, prendre des vacances ou se faire plaisir étaient des choses abstraites pour elle et dont elle ne connaissait que le nom.

(HRP : désolé un peu court ^^’)

Zynarys sourit aux dernières paroles de son amie.

Vous savez, quand je venais d'arriver sur cette planète, je n'étais pas particulièrement bien disposée envers elle et ses habitants. On m'y a affecté de force - je pouvais refuser mais l'autre option n'était gère réjouissante - je la trouvais petite en comparaison de Jandar qui est immense, sa technologie est plutôt primitive, selon les standards de la plupart des mondes que j'ai visités, ma première impression vis à vis des humains était négative : mous, apathiques, affreusement ordinaires, tout comme leur quotidien, qui était gris et affligeant de banalité...

Hotaru, c'est le nom de ma coéquipière, m'a bien aidé à m'adapter à ce nouvel environnement, bien plus qu'elle ne le pense d'ailleurs, et m'a donné une foule de conseils utiles. Elle m'a également fait découvrir les films, les mangas et autres divertissements dont les habitants de votre monde son si friands et je dois dire que ces derniers m'ont bien aidé sinon je crois que j'aurais pété un câble... De toute manière, quand j'ai envie de calme et de silence, l'espace est l'endroit rêvé pour ça.

A ce moment là, elle plongea son regard vert dans celui de Marine :

Cela vous dirait qu'on y aille faire un tour, un soir après les cours ?

Le visage de la jeune femme rousse s’éclairait presque malgré elle aux phrases prononcées par Zynaris. Ainsi, elles se ressemblaient vraiment beaucoup. La Jandarienne n’aimait pas non plus les êtres humains, du moins au départ. Au fur et à mesure, elle s’était adaptée et appréciait même la vie sur cette petite planète bleue maintenant.

« Vous semblez avoir découvert beaucoup de choses de notre monde, bien plus que je n’en connais certainement. Vous avez eu de la chance d’avoir quelqu’un pour vous aider – les joues très rosies elle demanda à voix très basse – Peut-être pourriez-vous m’apprendre ces choses ? »

C’était l’une des premières fois qu’elle demandait quelque chose à quelqu’un. Elle détestait devoir dépendre de quelqu’un. On lui avait tellement dit et répété qu’elle ne pouvait compter que sur elle-même que l’idée de demander de l’aide lui apparaissait comme une hérésie. Cependant, cette femme était différente. Déjà parce qu’elle n’était pas une terrienne mais surtout parce qu’elle lui faisait confiance, et ça aussi c’était très rare.

« De toute manière, quand j'ai envie de calme et de silence, l'espace est l'endroit rêvé pour ça - A ce moment là, elle plongea son regard vert dans celui de Marine - Cela vous dirait qu'on y aille faire un tour, un soir après les cours ? »

Marine écarquilla les yeux mais afficha un large sourire.

« Vous… vous voulez dire là-haut ? – elle désigna le ciel avec son index – Dans le ciel ? Vous êtes sérieuse ? »

A cet instant, Marine n’était plus du tout la jeune femme renfermée et triste qu’elle était d’habitude. Là, on aurait dit une petite fille impatiente comme si on était au moment de Noël, au pied du sapin, devant des cadeaux.

« Vous… vous voulez dire là-haut ? – elle désigna le ciel avec son index – Dans le ciel ? Vous êtes sérieuse ? »

On ne peut plus sérieuse ! dit-elle en lui souriant. Elle fut frappée par la transformation du visage de Marine qui passait de triste à exalté, pareil à une fleur qui s'ouvrait aux rayons bienfaisants du soleil. Bien entendu, faudra qu'on y aille doucement car j'imagine que vous n'avez pas trop l'habitude des voyages dans les airs, tout particulièrement sans l'aide de ces appareils que vous appelez "avions".

C'est à ce moment là que la sonnerie de la reprise des cours retentit dans le lycée.

Ah, va falloir que j'y retourne ! On se voit dans la soirée, chez moi ? Attendez...

Elle réussit à trouver un papier et un crayon, y griffonna son adresse et la lui donna.

Je vous attends, disons vers 19 heures. Ça vous va ? Ah, au fait, faites pas trop gaffe si vous voyez du bordel chez moi : je suis pas une maniaque du rangement... Allez, à tout à l'heure !

Et elle s'éloigna à petites foulées, non sans avoir fait un petit clin d'œil à son amie.