Un jour au lycée comme un autre. Japonais, Maths, Chimie… Les cours s'enchaînent et se ressemblent, Alice assise au premier rang de la classe, sans voisin ni voisine. En même temps, les filles trop sages et appréciées des professeurs, les autres élèves n’aiment pas trop ça, encore plus avec ses airs de sainte-nitouche. Enfin, ça l’arrangeait un peu. Au moins comme ça, peu de risque d’avoir à justifier ses photos de charmes si quelqu’un découvrait le pot aux roses. En revanche, ça devenait problématique dès qu’il y avait des projets en groupe, et c’était bien le cas aujourd’hui en cours de géographie. Le professeur avait demandé aux élèves de se placer en groupe de deux à quatre pour réaliser les différents exposés qu’il leur demanderait au cours de l’année. Evidemment, la plupart des jeunes avaient déjà formé des groupes en fonction de leur affinité, et plus évidemment encore, personne n’avait proposé à Alice de les rejoindre. Elle soupira intérieurement en écoutant le professeur qui notait les binômes/trinômes/quadrinômes déjà définis, se disant qu’elle allait être assignée à un groupe par défaut.
- Bien, qui c’est qu’il reste? … Alice? Qui veut se mettre avec elle?
Alice baissa la tête en entendant son nom. Personne n’allait se proposer, et ceux qui allaient devoir la prendre malgré eux dans leur groupe allaient certainement pester tout leur s-
- Moi! Tani! Je vais faire équipe avec elle.
La jeune fille écarquilla les yeux en entendant la voix qui se proposait avec énergie pour être son partenaire. Pour peu, elle en aurait pleuré. Elle se retourna pour voir son futur équipier de projet, et crut reconnaître Tani, un élève de sa promotion, souvent absent, mais de ce qu’elle avait entendu des professeurs, était surtout de constitution fragile. Une des rares fois qu’il était présent en somme. Espérons qu’il ne lui fasse pas faux bond.
- D’accord Tani … Hmm … personne d’autre? Ce sera un groupe de deux!
Alice lui adressa un petit sourire et regarda à nouveau devant elle en attendant que le professeur termine le recensement des groupes et la distribution des sujets. Elle jouait distraitement avec un crayon, naïvement heureuse d'avoir un partenaire volontaire pour cette matière.
Puis la cloche retentit, sonnant la fin des cours, mais aussi de la journée. Comme ses camarades, la studieuse élève rangeait ses affaires dans son sac quand elle entendit la voix de Tani proche d'elle.
- Désolé de m’être imposé comme ça … J’espère qu’on fera une très bonne équipe toi et moi. Comme on a les sujets … On commence déjà par s’y mettre pour ne pas s’y prendre à la dernière minute comme tous les autres?
Alice écarquilla une nouvelle fois les yeux en relevant la tête vers lui, avant de lui décocher un sourire. Le voir aussi motivé la rassurait, il n'attendait pas qu'elle fasse tout le travail elle-même.
- Oui bien sûr, si tu es partant ! On pourrait aller à la bibliothèque pour comm- Non oublie, on ne pourrait pas communiquer avec Madame Moku…
Mme Moku, alias la nouvelle bibliothécaire, appliquait une tolérance zéro concernant le bruit. La moindre feuille tournée trop vite, le moindre livre laché un peu trop, la moindre chaise déplacée sans la soulever du sol se faisait réprimander d'un "chuuuut" encore plus sonore que le bruit qui l'avait déclenché. Non, ce n’était définitivement pas une bonne option. Une salle de classe peut-être ? Enfin sans livre ou accès à Internet, compliqué de commencer les recherches. Elle posa un doigt sur sa joue, réfléchissant un peu plus à une solution. Tani était motivé, elle n’allait pas lui dire “Finalement non” sans se battre. Puis soudain, elle eut un éclair de génie.
- Hmm sinon… On pourrait aller chez moi. On aurait accès à mon ordinateur. Et puis on ne gênera personne, mon frère et notre colloc sont absents jusqu'à la semaine prochaine, je suis toute seule à la maison. Donc si ça te dit…
Elle lui sourit naturellement, jusqú’à ce que du rouge vienne poindre sur ses joues et qu’elle ne tousse pour cacher sa gêne.
- Pour travailler bien entendu !
Cela lui paraissait évident, mais elle ne voulait pas que son camarade se fasse des illusions ! C’était la première fois qu’ils discutaient réellement, il ne pouvait pas imaginer ce genre de chose, n’est-ce pas ?