Si les gestes sont bien loin d'être experts, la volonté du jeune homme semble pourtant lui offrir lentement le droit aux retours qu'il attendait, qui le poussait à se conduire de la sorte. Ce ne fut pas un souffle discret, ni deux petits soupirs honnêtes, mais plutôt la lente apparitions d'aveux délicats, poussés dans un sommeil de plus en plus précaire, qui permit au jeune homme d'enfin goûter à nouveau l'excitation délicieuse produit par la voix de la beauté étrangère. l'humidité sur ses doigts l'aidait tout autant à s'enhardir, à laisser parler ses pulsions, à jouer de cette chair tendre et invitante, ne se souciant même plus de ce qui lui faisait tant craindre quelques instants plus tôt. Elle soupirait son aise, et lui y réagissait avec l'envie croissante de la faire vibrer, se cambrer, jouir de ses gestes. L'éphèbe eut même un instant l'envie qu'elle ouvre les yeux, avant de virer cette pensée de son esprit, se rappelant combien cette possibilité pouvait être synonyme d'une future mise en prison pour sa pomme. Pourtant ...
Ce fut comme si le destin avait entendu cette muette prière. Un bon du wagon les amène tout les deux à tressauter, peut-être même aux doigts du jeune homme d'appuyer encore un peu plus que d'habitude, mais le résultat reste toutefois le même, quelqu'en soit la cause. Elle ouvrit les yeux. Deux mirettes émeraudes qui ne purent que constater le visage aux traits délicats de son agresseur, ainsi que la touffe de cheveux lilas qui s'étaient presque mêlés au milieu de ses boucles auburns. C'était fini. Koda devinait déjà ce qui allait suivre la confusion du réveil, un cri, un appel à l'aide, voir même l'apparition soudaine d'un portable pour qu'immédiatement soient appelés les flics, afin de s'assurer que le dépravé aux mains baladeuses finisse derrière les barreaux. Pourtant il ne bougeait même pas, comme espérant que la demoiselle ne puisse comprendre ce qu'il se passait, que par un bienheureux et magnifique miracle, elle retourne à ses songes sans faire le lien entre cette proximité qui les animait et la chaleur qui avait dut naître entre ses jambes. Mais elle ouvrit la bouche, la garçon se tendit d'un trait, puis...
" Salut, toi. "
Hein ? Confusion, reine de la paralysie, l'ambiguë damoiseau se retrouve interdit, le regard plongé dans les deux joyaux qui l'observent avec une certaine douceur au creux des prunelles. Il ne parvenait même pas à répondre, ses lèvres scellées dans une moue qui semblait être l'aveu même d'un sentiment de culpabilité. Dans les faits, il s'agissait surtout de la peur qui se nichait en son coeur, celui de se trouver soudainement privé de ce qui lui allégeait l'âme pour mieux en subir les conséquences. Et pourtant voilà que cette divine beauté se rapprochait de lui, posait un délicat baiser sur sa joue, avant de finalement se remettre à lui parler d'un ton rassurant. Autant dire qu'il comprenait de moins en moins ce qu'il se passait, non sans autant boire le ton cristallin de son verbe :
" Attends, tu t'y prends mal. Retire ta main de la robe. "
L'injonction est faites avec tendresse, le jeune homme ne trouvant pas meilleur comportement que d'obéir. Ses doigts se séparent du fruit défendu, remontent le long de son ventre en y laissant sûrement une trace légère de l'excitation de la demoiselle. Elle l'hypnotisait. Ce qui d'ailleurs était facile à remarquer, car le damoiseau était incapable de décrocher son regard de cette beauté presque-rousse alors qu'elle prit d'elle-même les devant pour se dévoiler à ses yeux. Cette fausse nudité, qui pourtant montrait presque tout de l'intimité de cette étrangère audacieuse, avait quelque chose de plus excitant même que s'il avait de lui-même fait le choix de lui ôter toute pudeur. Elle l'invita à ramener ses doigts, il ne put qu'obéir, se rapprochant de nouveau pour mieux se laisser envahir de son parfum, de la chaleur de son contact. l'éphèbe lui mangeait presque dans la main, se demandant comment, en quelques mots, elle venait de prendre le dessus sur cette scène qui, pourtant, aurait put finir de manière autrement plus dramatique.
" T'as pas l'air d'avoir beaucoup l'habitude, toi. Tu es jeune, non ?
- Eh bien je... Oui. "
Première fois qu'il parlait, et le timbre de sa voix allait de pair avec son physique. Presque fluette, les mots qu'il prononçait avait en plus le don de montrer son incertitude, le doute, l'appréhension aussi. Finalement, que si l'audace lui avait permit de s'en prendre à la jeune femme, l'alcool aussi soit dit en passant, ce n'était pas pour autant que ce garçon avait en lui la force d'âme pour ne pas vaciller quand le moment venait à se trouver plus chaleureux, assumé. En revanche, tandis qu'elle pouvait sentir à nouveau les doigts de Koda s'empresser de glisser sur son entrejambe, y appuyer délicatement la pulpe et taquiner par instant l'entrée de son bassin, la question qu'elle posa l'amena soudainement à reprendre contact avec la réalité. S'il se connaissait ? Non, et assumer une telle réponse était particulièrement difficile, tant et si bien qu'il tourna la tête dans un geste d'une honnêteté parfaitement involontaire. Il avouait sans mot dire.
En revanche, il se révélait à elle tout aussi involontairement. L'hématome violacé prêt de son oeil en pleine ligne de mire de la satyre, tout comme les marques rouges au niveau de sa gorge, résultat du moment où les deux compères cherchaient à s'étrangler hargneusement, avant de lâcher à l'unisson par manque d'air. Son corps aussi en était couvert, mais par chance, il portait encore des vêtements pour le dissimuler. Pas besoin de montrer qu'il s'était pris une rouste de qualité.
" Qui c'est qui t'as fait ça ... ?
- C'est... me suis battu, avec quelqu'un. On a fait la soirée ensemble et ... visiblement on avait clairement pas compris les intentions de l'autre. "
Pourquoi il racontait ça ? Est-ce qu'il en avait suffisamment gros sur le coeur pour avoir besoin de vider son sac auprès de la première personne qui lui parlait gentiment ? Cette idée le fit crisser un peu les dents. Ça ne convenait guère à son image de la virilité, de la masculinité. Il n'était pas une faible chose, il était un homme, avec de la force, de l'audace, des COUILLES ! Il fronça ses sourcils, en plein rejet de son état émotionnel, et se tourna de nouveau vers la beauté étrangère en face de lui. Sûrement le regardait-elle avec un air plein de pitié. Si ce n'était pas le cas, alors l'alcool et l'état mental du jeune homme le lui faisait voir. Une réaction suffisante pour qu'un coup de chaud le traverse de part-en-part. Alors il s'avance vers elle, la couvre de sa présence, et vient de sa main libre lui prendre le bord du visage. Il ne comptait pas la laisser le regarder avec pitié, sûrement pas. Il voulait l'avoir pour lui, et la plus petite idée qu'elle puisse le prendre pour quelqu'un de misérable était tout à fait inacceptable !
Alors il l'embrasse, pour l'empêcher de dire qu'il était bien pitoyable. Pour qu'elle se rende compte qu'il n'était pas un faible damoiseau mais un puissant jeune homme prêt à tout pour ravir une beauté comme la sienne. Allant de pair avec cette fougue, ses doigts cessèrent de jouer, se glissèrent en elle, vinrent à la rencontre du creux de ses reins, s'appuyant avidement sur ses chairs intimes. La sensation était divine à son toucher, mais piqué dans son amour-propre, ce par son manque d'estime personnel (quelle ironie), il n'en profita guère, se contentant de ramener ses doigts en crochet, avant de procéder à de longs allers-retours tout en appuyant de sa pulpe sur les parois de son intimité. Et ses baisers cherchèrent à s'enhardir, voulant trouver un juste retour de la part de la belle printanière. Elle s'offrait à lui, alors il voulait la conquérir, pas qu'elle le voit comme un agneau à gracier de sa maladresse juvénile ! Ses doigts remontèrent le long de sa joue, passèrent donc dans ses cheveux et... rencontrèrent un obstacle surprenant.
Quelque chose de rugueux. A la base large et légèrement torsadée. Presque pour assurer sa domination, pourtant bien illusoire vu les motifs de sa hardiesse, le majeur et l'annulaire du jeune homme cessèrent leurs mouvements au creux des reins de la magnifique dame printanière, allant tout simplement s'enfoncer au plus profond qu'il le pouvait avant que le reste de son corps s'éloigne d'elle, lui permettant d'observer ce qu'il venait d'effleurer. Sur le sommet de son crâne, s'échappant des boucles flamboyantes , se trouvaient deux cornes dont il n'avait, pour l'instant, pas du tout remarquées l'existence. Honnêtement, l'incongruité de cette observation l'amena à ouvrir de grands yeux, avant de finalement les rabaisser sur le visage de la femme qu'il venait de repousser tout contre son siège. Dans son emportement, il n'avait même pas fait attention à l'état qu'il provoquait chez elle. Un comportement bien égoïste par ailleurs, mais l'éphèbe n'allait clairement pas se fendre en excuse.
En revanche, pour la première fois, il allait parler en premier :
" C'est... quoi ? On dirait des cornes, tu sors d'une soirée costumée ? En tout cas elles sont bien fixées. "
Il hésite. Toujours dans son sursaut d'orgueil, l'envie de faire un commentaire bien maladroit lui vient rapidement à l'esprit, ce qui finit par couler de ses lèvres sans même qu'il n'ait le temps d'y réfléchir à deux fois. L'impulsivité de l'alcool mêlé à un égo blessé :
" À moins que ce déguisement de faible mais affriolant petit agneau ne soit là que pour faire la rencontre d'un grand méchant loup ? "