Alecto sourit légèrement quand il accepte de l’accompagner au bain. A vrai dire, elle n’y avait pas mis trop de sous-entendus, mais elle semblait avoir oublié à quel point le petit Matou semble friand de bagatelle ! Si elle reste un peu gênée, elle trouve ce qu’elle dirait être une addiction assez drôle… Du moins, dans ce minuscule corps de chat… Sans doute aurait-elle été bien plus mal à l’aise face à un homme, en sachant toutes les vilaines choses qu’ils avaient fait avant.
Elle rit à sa remarque sur la toilette des félins, s’imaginant sans doute son poilu invité en train de se contorsionner pour se lécher, et cracher des boules de poils sur les tapis. Il a de la chance de ne pas avoir hérité de cet instinct, après tout, songe-t-elle, car sa condition est déjà bien assez désagréable ainsi, visiblement.
L’Esclave lui tend alors la main, afin de l’entraîner jusqu’à la petite pièce d’eau qui lui sert de modeste boudoir… Cependant. Elle se rend vite compte qu’elle ne peut pas du tout lui tenir la main et marcher en même temps, à moins de se plier en deux. Confuse, gênée aussi de sa méprise, elle pince les lèvres et se ravise, en se grattant instinctivement la cuisse.
« C’est par là. » Marmonne la jeune fille, en lui montrant le chemin, sortant de sa petite chambre, et traversant la cave aux tonneaux et caisses de denrées diverses. Elle lui fait alors traverser une petite cour extérieure, plongée dans l’obscurité, mais où elle se dirige avec une excellente mémoire, sans se cogner en rien.
« Restez bien derrière moi, il y a des pièges ! » Evidemment, ce n’était pas vraiment des pièges, plutôt des obstacles. Un banc, un pot de fleurs entretenues, ce genre de choses. « Voyez-vous dans le noir ? » Demande soudain Alecto, à voix basse pour ne pas éveiller le voisinage, intriguée.
Après tout, les chats eux, peuvent facilement vivre la nuit, non ?
Arrivés de l’autre côté de la cour, l’esclave ouvre une petite porte en bois, qui révèle alors une charmante pièce, toute en lambris vernis. Un grand baquet recouvert de bois peint, vieilli, trône au centre, et un poêle chauffe la pièce, en même temps qu’une grande jarre d’eau au dessus. Les braises encore fumantes indiquent qu’il a été utilisé il y a peu, tout comme la vapeur encore présente dans la pièce.
Alecto rougit un peu et parle moins fort encore. « Ma Maîtresse aime prendre un bain avant de dormir. Elle dit que c’est pour calmer sa magie. » Evidemment, Alecto n’y connaissait rien là-dedans, et ne pouvait pas remettre en question les affirmations de Thiana Gian.
Mais cela est rassurant : ça veut dire que la Sorcière est partie dormir, et qu’elle ne risquait pas de revenir dans cette pièce pour les surprendre. Même si la domestique se disait que, les pouvoirs de Thiana aidant, elle devait parfaitement savoir que son esclave avait un invité intime, elle préférait ne pas être prise en flagrant délit.
C’est à cet instant qu’intervenait la partie la plus délicate pour la jeune femme… Elle prit une profonde inspiration, et s’approcha du poêle, pleine de courage. Le feu la paniquait, mais c’était un mal nécessaire… Elle n’avait aucune envie de se baigner à l’eau froide, ce soir. Souvent, elle s’en passait, mais cette fois, et pour Yazill surtout, elle souhaitait quelque chose d’agréable.
Ranimant les flammes en soufflant tout doucement, penchée vers le foyer, sa main vint actionner un levier et, par un ingénieux système de tuyau, de l’eau fumante vint se déverser au-dessus du baquet. S’éloignant dès qu’elle le put du feu, Alecto se tourna vers le petit félin.
« Est-ce que vous avez peur de l’eau ? » Fit-elle en tournant la tête sur le côté comme un adorable cocker. La serveuse vint se saisir un épais savon et lui présenta fièrement, avec un petit sourire. « Si vous n’avez pas peur, alors allons allons, laissez-moi vous savonner, entrez. »