Myala comprenait parfaitement les doutes qu’émis sa future épouse, face à un tel plan. Mais il était de son devoir de lui expliquer correctement les points qu’elle souleva, décidant de jouer sur l’honnêteté absolue, sans chercher à lui mentir ou l’induire en erreur pour parvenir à ses fins. Ce rituel se basait, quelque part, sur une volonté commune et non individuelle. Cela ne pouvait marcher que si les deux âmes, donc les deux sujets, étaient d’accord, et étaient donc préparées à se séparer pour se mélanger. C’était quelque chose à ne surtout pas prendre à la légère. La sorcière écouta donc ce qu’elle avait à dire puis baissa doucement les yeux en souriant, cherchant à présent les mots pour lui répondre au mieux, et au plus clair. Elle se gratta un moment la tête, réfléchissant à comment lui exposer les faits en toute simplicité. Finalement, Myala releva ses yeux puis se mit à répondre. « Tout dépend de ce que tu entends par dangereux. Non, on ne risque pas de mourir. Ni de subir de douloureuses conséquences … À vrai dire, le seul risque, c’est que durant nos premières semaines … Hum … Comment dire, on risque de se réveiller l’une dans le corps de l’autre, pour un petit moment. Un effet secondaire pas très méchant … » Lui déclara-t-elle, avec son sourire imperturbable.
À nouveau, elle chercha ses mots avant de rappliquer. « Mais je vois ce que tu veux dire, mon amour. Nous devons conserver une part d’individualité pour que notre couple fonctionne, et c’est tout à fait naturel. Je t’ai expliqué que, en fait, on ne fera plus qu’une quelque part. Mais, même si une partie de moi vivra en toi, tu auras quand même une partie de toi, en toi ! Et cette partie, je n’ai aucun moyen d’interférer avec. Toi et moi on conservera bien sur une part d’individualité, mais le problème … C’est qu’il nous faudra du temps pour parvenir à l’utiliser convenablement. C’est-à-dire qu’il faudra un peu d’expérience pour qu’on arrive à maitriser cette partie, et donc, conserver cette part de secret à laquelle tu tiens tant. » Lui dit-elle dans un premier temps, avant de marquer une pause pour la laisser digérer ça. Elle la regarda d’un œil confiant et se voulant apaisant, voyant bien que toutes ces histoires pouvaient la faire douter, voire même, l’effrayer. Mais il ne fallait pas qu’elle ait peur, car il n’y avait rien à craindre.
« C’est difficile à comprendre je sais, mais … Tu seras toi et moi en même temps. L’inverse pour moi aussi. Ce qui implique quand même que tu auras encore un toi propre à ta personne, à laquelle je ne pourrai en rien interférer. Oui on pourra lire dans les pensées de chacune, oui on saura tout de l’une comme de l’autre … Sauf ce qui est enfouit dans ta partie. Cette partie, c’est la tienne, et je ne peux pas entrer dedans. Ce qui signifie que si tu désires garder des choses pour toi, il te suffira de les enfouir là-dedans. D’où le fait qu’il te faudra prendre un peu la main pour parvenir à faire une telle chose … Mais je serai là, et je t’aiderai à faire cet exercice. Il n’y a rien de compliqué, ma chérie. » Affirma-t-elle en apposant doucement sa main sur la sienne, en lui caressant sensuellement le dos de celle-ci par son pouce. Pour mieux l’aider à comprendre, elle se reporta à nouveau vers ses bougies pour illustrer ses propos. Elle pointa du doigt le duo de bougie devant Mithra, désignant la bougie rouge. La rouge, c’était la partie d’âme de Myala, à côté de la partie d’âme de Mithra. Dans les faits, il lui suffirait de stocker ce qu’elle désire garder pour elle dans sa partie, c’est-à-dire, dans la bougie blanche pour illustrer. Tout ce qui ne serai pas dans la bougie rouge, Myala ne pourrait y avoir accès. Tout ce qui se trouvait entre les deux, et dans la bougie rouge, Myala y aurait accès. L’inverse était valable pour elle.
« Mais, dans les faits … Tu ne seras plus Mithra seulement, mais tu seras à moitié Mithra et à moitié Myala, comme je le serai en retour. Et je tiens encore à te le préciser ; oui, tu pourras garder une part d’individualité, mais uniquement au terme d’effort et de … rééducation, que je pourrai te prodiguer volontiers. Nous serons éternellement liées, Mithra. C’est une union puissante qui fera de nous bien plus que tu ne le pense. Imagines seulement toutes les possibilités … Avoir une part de moi en toi pourrai t’être très utile, comme avoir une part de toi en moi, pourrai m’être utile aussi. » Lui dit-elle, espérant que ses explications aient su percer un peu sa carapace de doutes.
« Mais à vrai dire, mon amour … Je n’ai pas besoin d’être en toi pour te comprendre, et savoir à quoi tu penses … Il me suffit de regarder tes yeux, qui commencent à ne plus avoir aucun secret pour moi ! » Déclara-t-elle avec un sourire éclatant, en lui serrant fortement la main. Elle laissa écouler un petit silence, histoire de laisser à Mithra le temps de tout assimiler. Quand le silence s’écoula, et que Myala remarqua que sa muse semblait avoir tout saisi, elle conclut. « Tu n’es pas obligée d’accepter cela dit. Tout comme nous ne sommes pas obligées de faire ça maintenant … Nous avons tout notre temps, mon amour. Sera fait seulement ce que toi tu décides … Et à part mieux t’expliquer ou éclairer tes zones d’ombres, je ne peux pas te forcer la main … La décision t’appartient Mithra. » Lui dit-elle, comme son ultime mot.