Myala avait prévu tout ceci depuis fort bien longtemps. Ce rituel était un sortilège magique hautement complexe, que la sorcière avait dû longuement en étudier la théorie avant de pouvoir espérer le réaliser un jour. Ce rituel était tiré d’un grimoire recueillant une pléthore d’autres sortilèges dans le genre, avec pour facteur commun la manipulation de l’âme et de l’esprit. Myala avait pu y voir d’autres curiosités en lisant chaque page de cet ouvrage, dont certaines qui la firent même sourire parfois. Après tout, pour s’emparer du corps de Julia elle avait utilisé un sort que, autrefois, elle avait appris en lisant ce grimoire. Il s’agissait d’une forme de possession très avancée, qui permettant à l’utilisateur, en cas de succès, de s’emparer à jamais d’une âme et d’un corps. Pour le remodelage physique, Myala avait fait appel à d’autres connaissances. Elle doutait que conserver l’apparence de Julia aurait plu à Mithra …
Myala était autrefois une grande spécialiste de la magie rose, mais pas que. C’était une sorcière noire, pratiquant les arts occultes et dangereux. Dans ce vaste domaine, elle était spécialisée dans une branche qui allait lui servir à de maintes reprises ; la manipulation des esprits et des corps, au sens large du terme. Ainsi, elle avait appris qu’il existait mille et un moyen pour manipuler un individu, que ce soit sous la forme de corruption, possession, transformation, etc. Et dans chaque moyen, se voyait des dizaines voire parfois des centaines de ramification. Par exemple, Myala pensait à tort, auparavant, que la possession était un acte singulier, n’ayant qu’un seul et même visage. Or, au cours de son apprentissage, elle comprit que la possession n’était qu’un terme englobant de très nombreuses variantes et pratiques.
Cette pratique, la possession, allait grandement entrer en jeu dans le rituel qu’elle préparait, car beaucoup de ses concepts étaient appliqués au sein du rituel. La possession avait plusieurs niveaux ; selon le référentiel que s’était établi Myala, il y avait tout d’abord la simple manipulation de l’esprit, avec une forme de cohabitation. C’était le niveau élémentaire, le plus bas, qui était le moins dangereux et sombre. Plus on montait, plus des dimensions comme la conscience de la victime, ses souvenirs, son âme, entrait en jeu. L’un des stades ultimes, selon ce qu’on voulait faire, était assez … Effroyable, selon le contexte. La possession visait alors soit à détruire purement et simplement l’âme, l’esprit de la victime et la remplacer par celle que l’on voulait, en l’occurrence, celle du sorcier, soit à fusionner avec. Une fusion d’esprit afin de conserver la mémoire, ou les capacités de la victime. Myala avait utilisé l’une des plus puissantes formes de la possession, avec Julia. Elle ne pouvait pas simplement détruire l’esprit de la guerrière, car le sien était trop primaire et endommagé pour le remplacer. Elle avait pratiqué une conversion, une véritable transformation d’âme, qui avait littéralement métamorphosé l’âme de Julia en celle de Myala, grâce au peu qu’il restait d’elle.
Pour son corps, elle avait simplement effectué une métamorphose permanente. Pour son union avec Mithra … Certain de ces nombreux et complexes concepts allaient être requis. C’était pour cela que le rituel était très, très compliqué à mettre en place et à effectuer, si l’on tenait à le réussir. Au milieu de la nuit, alors qu’elle travaillait dessus, elle sentit une délicate brise, qui fit plier la flamme des bougies, et caressa suffisamment les murs pour créer une fine résonnance. Myala sentit une présence imposante et terriblement puissante, qu’elle reconnut à l’instant où la voix s’éleva. Cette voix était celle de Sha, Déité des Sorcières, venant apparemment rendre visite à Myala pour voir si elle était sûre de faire cette opération. La sorcière se leva et, très respectueusement, en quittant ce qu’elle faisait, se retourna vers la noble entité et se mit à genoux, inclinant humblement sa tête. « Je suis surprise mais honorée de vous voir ici, Glorieuse Sha. » Dit alors la sorcière, se redressant.
« Ce rituel est dangereux, oui … Et il y a des chances qu’il échoue. Mais, si cela se fait, ça serait alors une erreur matérielle. Mon amour pour Mithra, pour notre fille, est éternel. » Déclara-t-elle d’une voix solennelle, sans aucune ombre de doute.