Souviens-toi de ce huit de mai,
Souviens-t'en à jamais,
Souviens-toi de ses chandelles et de ses rituels,
Souviens-toi de ses ritournelles et de son fiel.
Souviens-t'en car cette nuit-là,
Toi ma fille, tu sera à moi !On était au soir du huit mai. Un soir bien spécial pour les personnes concernées. Un soir qui à minuit pile verrait bien des choses changer.
Comme pour saluer à sa juste valeur l'événement, la pluie avait commencé à tomber à grosses gouttes dès midi et n'avait plus sembler vouloir se calmer. Plus qu'un orage, la météo avait annoncé un cyclone sur l'archipel japonais et aux larmes du ciel, de terribles bourrasques venaient s'ajouter.
La nuit était finalement tombée au terme d'une journée qui avait vu le soleil suer sang et eau pour maintenir l'illusion de son règne. Dans les rues ne subsistaient désormais que ceux qui n'avait pu trouver d'abris ou étaient en transit entre deux.
Et sous ce terrible rappel des pouvoirs de la nature, Tessia parqua sa voiture en grommelant contre le mauvais temps. Elle regarda l'immeuble de béton gris et froid qui lui faisait face, et à travers son pare-brise martelé par des gouttes grosses comme son pouce, elle se fit la réflexion que le temps ne s'accordait décidément pas à son humeur.
Car Tessia était impatiente. Impatiente et heureuse car elle allait enfin rencontrer pour la première fois une demoiselle qu'elle avait attendu seize ans durant. La chair de sa chair. Sa propre fille.
Ho bien sûr, il semblait que la mère de cette dernière, pas elle mais celle qui l'avait portée durant neuf mois, se méfiait de l'arrivée prochaine de la démone, ce malgré le pacte qui avait été passé.
Elle aurait dû mieux lire les petits caractères en bas du parchemin... Songea la succube en sortant de la voiture, resserrant son long imperméable gris autour d'elle dans le seconde pour éviter que les rafales de vent ne la trempent complètement.
Elle entra dans l'immeuble et se rendit immédiatement à l’ascenseur. Elle savait où aller, elle 'avait toujours su. Et en cet instant, il lui semblait même sentir un semblant d'instinct maternel se réveiller en elle sourit en y songeant.
La cage s'arrêta au quatrième étage et elle sorti à pas rapides, suivant le couloir de carrelage bleu pâle pour se rendre devant une porte. La sonnette toute simple indiquait "Mukai et Syria Tamika". Tessia sourit et enfonça le bouton d'un doigt assuré.
Sans surprise, se fut la mère qui répondit et celle-ci se figea d'horreur en la voyant dans l'entrée de sa porte. Elle l'avait reconnue dès le premier regard, elle n'avait pas changé d'un cil en seize ans.
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Bonsoir Mukai, ça me fait plaisir de voir que tu es en bonne santé, la salua Tessia, profitant de son effroi pour activer ses yeux et hypnotiser son ancienne amante avant que celle-ci ne lui claque la porte au nez.
Elle eut un plus large sourire en lui agitant un doigts sous le nez quand elle se rendit compte qu'elle ne pouvait plus bouger.
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Allons, seize longues années sans la moindre carte, sans une lettre ni même un coup de fil et tu me refermerais la porte au nez un jour aussi important ? Minauda la succube en entrant sur le palier pour déposer un tendre mais chaste baiser sur le front de la femme qui lui faisait face.
Tu n'a pas vraiment pas changée, ma chérie...Puis Tessia ouvrit des yeux brillant de plaisir et d'anticipation.
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Je sens qu'elle est là. C'est merveilleux, je la sens si bien et si proche... Dit Tessia en se sentant frémir tandis qu'elle refermait la porte de l’appartement derrière elle.
Je t'en prie, présente-nous ! Termina la succube en accentuant le pouvoir de ses yeux à cause de l'esprit rebelle de la mère. La mère de Syria. La fille des deux femmes présentes dans l'entrée.
Celle-ci partit d'une démarche presque mécanique le long du couloir en direction d'une petite salle à manger, cosy à souhait, où se trouvait une table dressée pour un repas d'anniversaire. Un repas prévu pour deux visiblement. Et un repas dont il ne restait que les reliefs qui plus est. Mais Tessia s'en fichait un peu. Elle avait déjà mangé.
Par contre son regard tomba sur la jeune fille qui se trouvait à l'autre bout de la table, l'air un peu surprise et également un peu perplexe. Mais quand elle vit les cheveux bruns de celle-ci, Tessia n'eut plus aucun doute. Elle avait les mêmes.
La succube sourit à sa fille, soudain gênée. Seize ans d'absence, comment l'expliquer ? Ho certes elle avait supporté financièrement la petite famille, mais elle ignorait ce que Mukai avait bien pu lui dire. Aussi pour ne pas la brusquer, elle se contenta de prendre une chaise et de s'asseoir.
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Bonsoir Syria. J'ignore si ta mère t'a parlé de moi, je suis Tessia. Enchantée de faire ta connaissance. Sourit-elle le regard plein d'amour pour son enfant.