Tessia se présenta devant l'entrée de la boîte de strip tease, arborant toujours son pull en laine rayé bleu et sa jupe claire qu'elle avait porté toute la journée au lycée de Seikusu.
- Bonsoir madame, lui souhaita l’hôtesse d'acceuil avec un sourire commercial. L'entrée se monte à 1500¥.
La succube paya et entra ensuite. L'endroit était bondé et bruyant, non seulement des conversation mais aussi de la musique sur laquelle se trémoussaient les danseuses. La démone rajusta les lunettes sur son nez et se glissa à une table en retrait. Elle comprenait aisément pourquoi cette place était libre, de là on avait hélas le bar et une autre table entre soi et le spectacle des danseuses. Ne s'en formalisant pas mais savourant plutôt le fait d'être assise après avoir passé la journée debout à donner des cours de japonais et d'anglais, Tessia massa doucement ses cuisses un peu douloureuses.
Pourquoi se trouvait-elle là ? Parce qu'elle avait entendu certain de ses confrères enseignants vanter cette boite comme la meilleure de la ville. Ils s'étaient bien garder de mentionner qu'il s'agissait d'une boite d'effeuillage, mais il en fallait bien plus pour choquer une succube. Elle avait décidé que puisqu'elle n'avait rien de prévu ce soir-là, elle viendrait jeter un coup d’œil, par curiosité. Sa première déception fut de constater qu'en-dehors de quelques boissons gazeuses de grandes marques américaines, tout le reste était alcoolisé. La démone ayant un vaisseau de chair, elle n'aimait pas trop les effets qu'avaient l'alcool sur elle et Tessia aurait préféré s'en tenir à un sain et revigorant jus de fruit, mais si il y avait pléthore de cocktails proposés, les jus de fruits semblaient réservés uniquement à être mélangé à divers vodka, whisky, brandy et autre tequila.
Tessia soupira et dût se forcer à hypnotiser le serveur pour que celui-ci lui apporte, sous le regard médusé du barman, un jus de fruits exotiques sans alcool.
L'enseignante démoniaque se détendit et pris son temps pour le savourer, mais la salle semblait devoir continuer à se remplir et de plus en plus d'importuns venaient la déranger pour savoir s'ils pouvaient lui tenir compagnie. Elle finit par s'en vexer. Suffisait-il simplement qu'une femme soit jolie pour qu'elle soit considérée comme travaillant ici ? La goutte qui fit déborder le vase fut quand un homme plaqua dix mille yens sur sa table et demanda d'un air suffisant un show privé en tenue d'infirmière.
- Non ! Répondit fermement Tessia en usant de ses yeux mesmérisant pour réduire le mâle à l'impuissance. Ni maintenant, ni aujourd'hui, ni jamais ! Tu va quitter cet endroit car tu viens de te souvenir que tu dois aller t'engager dans une ONG humanitaire pour les dix prochaines années !
- Je... dois partir d'ici... Je viens de me souvenir... Je dois aller m'engager pour aller faire de l'aide humanitaire... Pour dix ans... Répéta le jeune homme en rempochant ses billets avant de tituber comme un homme soûl vers la sortie.
Encore en colère du comportement de cet homme et constatant que les regards à son intention n'avaient pas l'air de se calmer, la succube s'agaça et trempa son doigt dans son jus de fruit pour tracer un cercle démoniaque sur le sous-verre et l'activer ensuite pour tisser un sort qui visait uniquement les hommes présents dans la pièce. Ceux-ci se souvinrent alors de mille et une autre choses qu'il fallait qu'ils fassent ou qu'ils avaient en suspend et en l'espace de quelques minutes, la salle entière se vida calmement, le serveur se faisant remplacer au pieds levé par l'une des danseuse et le barman par sa collègue barmaid. En moins de dix minutes, Tessia se dit qu'elle y était peut-être allée un peu fort car il ne restait plus qu'elle dans la salle, les rares autres personnes du sexe féminin présente accompagnant l'un ou l'autre homme avec lequel elles étaient rentrées bon gré, mal gré.
Bon... Avoir toute une boîte de strip tease pour moi toute seule est peut-être un peu beaucoup... Songea la succube avant d'hausser les épaules.
Elle avait enfin une vision nette sur la scène et pouvait déguster son jus de fruit tranquillement, c'était tout ce qu'elle voulait. Elle aurait bon dos de se plaindre d'avoir obtenu ce qu'elle cherchait. On annonçait justement une nouvelle danseuse.