[Terminé !] Falling Primes - Deicide [PV]

Le moins qu'on pouvait dire, c'était que la souveraineté allait particulièrement bien à l'amazone qui avait adopté à la perfection le rôle improvisé que Jocelyn lui avait mis entre les mains sans me vouloir. Le ton, le port, la noblesse qui émanait d'elle... le pauvre chevalier en fut quitte pour la peine, et se retrouva à bredouiller pour tenter d'apaiser l'Etoile de Soleil qui se dressait, magnifique, pour défendre Janus et Deirdre tout en demandant la grâce pour Kyle, devenu au bout de sa langue un traître à l'énigmatique Seigneur Noir.
A son ordre, les hommes le libérèrent et le Prime retrouva sa partenaire non sans aider d'abord les deux paysans à se relever, Janus esquivant dans un tremblement la poignée de main de Kyle.

- Je te collerai au plus près, ô Étoile. Il lui adressa un sourire complice. Au moins jusqu'au verdict de la dague. Nous savons tous les deux que tu ne peux plus te passer de ma présence !

Dans un brouhaha métallique rythmé par les ordres donnés sèchement par Jocelyn, l'escorte improvisée se mettait en place et quelques uns des sorciers-soldats s'activaient autour de la parodie de Porte des Étoiles dont le coeur sembla exploser quand le vortex, d'un agréable vert émeraude, s'illumina. Un phénomène si courant dans ce monde que même Janus et Deirdre ne s'en soucièrent pas outre mesure. Quant à Jocelyn, il revint vers Diana et affecta son respect solennel en s'inclinant tandis qu'il s'adressait à la belle guerrière.

- Ô Éclat de Paradis, nous sommes prêts à vous mener à la Table Ronde. J'ai fais prévenir le Trône de votre arrivée imminente et de la présence de... cet homme. Daignez passer l'anneau, ô Grâce des grâces.

D'un geste large, le chevalier désigna l'artefact au noyau d'énergie scintillant, les hommes dédiés à l'escorte en ceignant l'accès de part en part. Kyle laissa passer Diana en tête, se plaisant à marcher dans son sillage. Pour un peu, il en aurait entendu grincer les dents du chevalier d'Automne, ce qui le faisait particulièrement jubiler après sa mésaventure. A voix basse, il s'adressa à sa partenaire.

- Je t'invite à la prudence, Diana... ton Convergent est d'importance, c'est certain. On ignore tout d'elle, qui sait ce qui pourrait se passer en cas de faux pas. Et, tu l'ignore peut-être, mais je suis affaibli face à la magie. Il regarda les sorciers en biais. Ça pourrait devenir aussi compliqué qu'avec Ultron, si quelque chose merdait.

L'Anneau de la pseudo Stargate se trouvait sur un piédestal de quatre marches, que le duo ne tarda pas à gravir. Deux soldats passèrent le vortex avant eux pour annoncer de l'autre côté l'arrivée de Diana, tandis que les autres se mettaient en bon ordre derrière les voyageurs. Avant qu'ils ne passent la porte d'énergie, Kyle attrapa la main de Diana pour la serrer.

Le passage évoqua immanquablement celui du Calice, en bien plus rapide et moins remuant. L'espace d'un pas, les héros se retrouvèrent dans un immense hall de pierre orné de fanions superbes qui tapissaient les hauts murs de pierre, arborant de belles armes, alternativement aux W stylisés de Wonder Woman. Comme si son symbole était d'une importance capitale pour Avalonia, chose qu'ils avaient constaté quelques minutes auparavant.
Dans le passage large et imposants s'étalaient des rangs de gardes dans de superbes armures d'or, alignés dans une symétrie parfaite. Face aux deux et particulièrement à Diana se trouvait un autre homme agenouillé, lui aussi paré d'une belle armure aux reflets argentés. Seduisant dans son genre et dune presentation irreprochable, il avait toutefois un air hautain detestable sur le visage, meme si ce dernier s'ornait dun sourire... celui d'un fichu requin. Contrairement à Jocelyn, il se redressa et s'adressa à Diane sans trop de protocole.

- Tu es enfin de retour, ma Perle ! Ah, que j'étais inquiet ! J'ai prié l'épée durant des jours et des nuits afin que tu me reviennes ! Je pleurais de te savoir loin de moi, toi qui ne vis que dans l'amour que je te porte ! Ô ma Perle, je suis là à présent, ne crains plus rien, le ciel t'as ramené à ton trésor !

Et sans plus attendre, il l'attrapa pour l'embrasser à pleine bouche. Ce fut Kyle qui mit fin au baiser en l'attrapant par le bras, l'écartant de son Amazone d'un geste sec, le foudroyant du regard. Les soldats ne furent pas lents à réagir et très vite, le hall s'anima des mouvements des lances pointées vers le Prime. Kyle recula d'un pas, tandis que le blond esquissant un sourire odieusement victorieux.

- Ah. Le traître. La reine Gwyneva a donné des ordres pour toi. La princesse Astreïa ci-présente aurait demandé qu'on t'épargne à Montociel et Sa Majesté veut savoir pourquoi. Tu vas être amené à Elle avec sa fille... fers aux poignets, selon son ordre absolu.

Il claqua des doigts et en moins de temps qu'il ne fallut pour le dire, Kyle se retrouva à nouveau entravé par de nouveaux gardes. Cette fois, Diana ne pourrait visiblement pas l'aider, mais la guerrière avait d'autres préoccupations. Comme l'obséquiosité envahissante de ce curieux chevalier, dont les gestes sur elle marquaient sans doute une forme prononcée de possession. D'une main posée sur le creux de ses reins, les doigts à la limite du renflement de son séant bombé, il entraîna l'amazone dans le couloir, les gardes d'or saluant son passage en levant leurs lances.
Derrière, Kyle était poussé sans ménagement, plus que tenter de se libérer pour aller casser les doigts de l'inconnu.

- Ton retour annonce notre mariage prochain, Astreïa. Que tu dois être heureuse ! Tu vas enfin devenir la femme de Guedrys de Lion ! Ta Grâcieuse Mère ne tardera pas à bénir ton amour pour moi. Ah, par l'épée, que j'aimerais être toi pour connaître l'ivresse de l'union promise avec moi-même !

Là, le ton était donné. Si Kyle resta interdit, il ne put s'empêcher de dévoiler un large sourire. Diana, très certainement, lui ferait passer le goût du pain... et la perspective amusait férocement Prime, qui n'attendait que sa vengeance !

« Je ne peux qu’être d’accord. »

Ces types n’avaient pas l’air d’être des plaisantins, et, s’ils apprenaient que Diana n’était pas leur « éclat de paradis », elle risquait d’avoir de gros problèmes, vu qu’ils avaient été prêts à tuer une famille juste parce qu’ils avaient croisé son regard. En arrivant dans cette dimension, Diana s’était convaincue que cette dernière ne pouvait pas être pire que les autres qu’ils avaient traversé, ce qui, en un sens, était vrai… Mais il était tout aussi vrai que rien n’était parfait, et que l’atmosphère paradisiaque de cette planète dissimulait manifestement bien des zones sombres. Ces espèces de fanatiques en étaient la preuve. Kyle n’était pas très bien loti, mais, en toute honnêteté, Wonder Woman n’était guère mieux. Lui, tout ce qu’il avait à faire, c’était se taire. Elle, elle devait se plonger dans un rôle instable. Qui était-elle sur ce monde ? Comment, même, s’appelait-elle ? Elle n’en avait aucune idée, et, au moindre faux-pas, elle risquait gros. Jocelyn et les autres chevaliers avaient beau l’adorer, Diana était bien placée pour savoir que, de l’adoration à la haine abjecte, il n’y avait souvent qu’un simple pas à franchir.

Le petit groupe arriva ainsi, en passant par le portail, dans une sorte de grand hall resplendissant et arrogant. Il était haut de plafond, avec une série d’alcôves, de colonnes, de grandes fenêtres, avec d’épais rideaux et de gros fanions, très certainement aux couleurs et aux armes du royaume d’Avalonia. Diana nota la présence de nombreux gardes en armure dorée, avec des armures rutilantes et compactes, plus impressionnantes que celles des soldats de la garnison de Mortociel.

Une double rangée de gardes devant eux, avec un homme qui s’avança rapidement vers Diana, et, tout en lui glissant son nom – Astreïa – s’empressa de l’embrasser. Le geste la surprit tout autant que Kyle, et ce dernier, dans un élan de virilité typiquement masculin, ne put s’empêcher d’intervenir, mettant fin à cet élan. Muette de stupeur, l’Amazone n’émit, sur le coup, aucune réaction, tandis que les gardes dorés repoussèrent sèchement Kyle. L’homme devant eux leur expliqua alors que la Reine Gwyneva voulait les voir, car elle voulait comprendre pourquoi sa fille – Diana le supposait – avait entrepris de laisser un traître en liberté.

Cette fois-ci, Diana ne s’opposa pas aux entraves sur le corps de Sentinel Prime, comprenant que leur situation était complexe. Guedrys de Lion lui annonça alors qu’ils allaient bientôt se marier, tout en glissant sa main le long de son dos… Pour Diana, la situation, tendue, devenait de plus en plus ingérable. Ce dandy arrogant lui donnait des sueurs et des remontées diarrhéiques, mais… Les soldats semblaient l’apprécier, et, si elle se mettait à le repousser, elle risquait de se retrouver dans la même situation que Kyle. Et le silence circonspect de la femme n’échappa guère à Guedrys.

« Je vous trouve bien coite, ma mie… Allons, ne me faites pas croire que cette campagne a entamé votre fougue ! »

Diana réfléchit rapidement, et sourit à l’homme, en hochant la tête :

« N’allez point croire cela, Chevalier du Lion, ce retour m’a… Fatigué.
 -  Je ne peux que le croire. Vous avez laissé le Themiscyra chez ces traîtres, et même votre armure… Non pas que je vous trouve enlaidie sans, cela va sans dire… Mais je suis fort curieux de savoir les raisons de votre retour précipité. »

Ils avancèrent dans un couloir, et Diana vit alors, en grand, une vaste tapisserie la représentant… Ou, plutôt, symbolisant la Princesse Astreïa, dans son armure militaire, une magnifique tenue dorée et rouge, avec un solide plastron. Diana l’observa silencieusement, et Guedrys fit alors des précisions :

« Il va de soi que vous enfilerez votre armure avant de rencontrer votre Mère, la Reine serait fort contrariée de vous voir accompagnée d’un prisonnier sans votre armure officielle… Même si, en ce qui me concerne, vous voir tout court est un soulagement constant et perpétuel. »

Guedrys l’embrassa alors, à nouveau. Après le hall, ils étaient dans un couloir, toujours haut de plafond, face à une grande porte ouverte menant sur le dehors, et ce fut là que l’homme l’embrassa à nouveau, en la plaquant contre le mur. Diana soupira en posant une main sur le torse de l’homme, comme pour chercher à le repousser, avant de sentir quelque chose de dur se frotter entre ses cuisses. C’en fut cette fois trop, et elle le repoussa. Surpris, l’homme cligna des yeux, et Diana s’empressa de lui donner une raison valable :

« Je ne souhaite pas faire attendre Mère, je dois l’entretenir d’un péril imminent, qui menace tout Avalonia.
 -  Quoi ?! s’exclama alors Guedrys. Le Seigneur Noir ? »

Diana secoua la tête.

« Je ne peux en parler qu’à la Reine. »

Guedrys hocha lentement la tête.

« Je vois… C’est pour cela que vous avez ramené ce drôle ? demanda-t-il, en désignant Kyle.
 -  Précisément.
 -  Désirez-vous que je fasse quelque chose, mon amour ? »

Comment est-ce que son double pouvait supporter cet homme ? Wonder Woman ne le connaissait que depuis cinq minutes, et avait déjà envie de s’en servir comme punching ball. Néanmoins, bien décidée à ne pas faire de vagues, elle se retourna, et hocha la tête.

« Laissez une escorte pour m’accompagner jusqu’à ses quartiers… Et laissez-moi le traître. »

Une telle requête semblait embêter Guedrys, l’homme venant se masser l’arrière du crâne.

« La procédure ordinaire exige que nous arrêtions cet homme le temps que…
 -  Pensez-vous vraiment que le fait de voir ce sauvage avec moi relève d’une procédure ordinaire ?! »

Le ton agaçant et hautain de Diana sembla convaincre Guedrys, un petit sourire venant perler sur ses lèvres, s’accompagnant d’une lueur d’amusement qui brillait dans le firmament de ses yeux.

« Non… Évidemment que non… »

Il hocha la tête, puis se retourna vers un homme, un soldat en armure, avec une longue cape rouge sombre qui filait le long de son dos.

« Capitaine Gwylheid ! Escortez la Princesse jusqu’à ses quartiers… »

Le Chevalier se rapprocha ensuite de Kyle, et planta son regard dans le sien.

« Quant à toi, cloporte, si jamais j’apprends que tu as porté la main sur la Princesse… »

Diana vit alors Guedrys lever la main, des éclairs crépitant entre ses doigts, sa main venant ensuite s’auréoler d’arcs électriques.

« Tu comprendras pourquoi je suis le Chevalier au Lion ! »

L’Amazone se dépêcha ensuite de sortir, et eut un aperçu d’Avalonia.

Une cité médiévale futuriste, avec des routes pavées, des bateaux qui volaient dans les airs, de longs immeubles avec des toits pointus. Elle arriva à l’entrée d’une grande place avec une série de massives statues dessus. L’entrée de ce fort était une sorte d’entrée antique, avec un énorme parvis et des colonnes en marbre, et une bonne vingtaine de gardes le long de ce parvis.

Et, naturellement, des fanions et des drapeaux étaient plantés un peu partout, comme pour rassurer Diana sur le caractère ultra-patriotique du régime.

*Ça commence bien…*

- Je vais lui casser les crocs, moi, à ce con de chevalier au li-HMPF !

La poussée sèche entre ses omoplates surprit Kyle et lui coupa le souffle, l'empêchant d'achever sa phrase. Le capitaine Gwylheid l'avait mis en marche d'un coup afin que la petite troupe suive Diana qui quittait la compagnie de Guedrys pour se rendre aux quartiers de la reine d'Avalonia. Une chance pour le Prime, qui n'aurait pas supporté le Lion une seconde de plus... bien qu'il ne savait pas trop si c'était l'entièreté du personnage qui lui donnait des envies de meurtre ou seulement le fait qu'il avait embrassé Diana par deux fois juste sous ses yeux. Probablement un peu des deux. Kyle grogna mais garda sa langue pour lui afin de ne pas envenimer la situation que l'Amazone gérait pour le moment sans trop de mal. Etre le portrait craché de la princesse locale, jusqu'au code couleur de l'armure, présentait assurément d'importants avantages ! Il restait à espérer que la reine serait aussi facile à berner, ce qui n'était pas gagné d'avance.

Le fortin que la troupe d'escorte s'apprêtait à rejoindre était aussi bien agencé architecturalement qu'il était défendu et il se dégageait de là une certaine impression de puissance qui, étrangement, mis Kyle mal à l'aise. Tout ces drapeaux, ces symboles royaux imposants qui vous écrasaient de leur nombre et de leur majesté excessive... Pour Macross qui n'était pas coutumier de tout cela, ça n'évoquait qu'une chose concrète : l'imagerie du règne nazi telle que les films pouvaient la rendre. Rien de très engageant, donc. Le groupe avança et Gwylheid dépassa son prisonnier pour remonter au niveau de Diana. Semblant oublier tous les protocoles d'usage, le capitaine s'adressa à elle assez familièrement, non sans respect toutefois.
Et surtout, à voix basse.

- Autant te le dire tout net, Astreïa, ta mère n'est pas heureuse des circonstances de ton retour. Ta disparition et celle du Themyscira ont été présentées à la plèbe comme des actes héroïques, sacrifices des Filles de l'Epée contre le Seigneur Noir. Mais tu reviens en catimini sans ton bâtiment... Dans le déshonneur. Ton prisonnier calmera à peine sa colère. Sans compter qu'un rapport alarmant nous est venu des frontières ouest, hier dans la soirée : Giudecca, l'apprentie du Seigneur Sombre, s'est emparée de Sal-Karatt. Elle sera bientôt capable de mettre en marche les légions de golems mécaniques, ce qui ne manquera pas de déborder nos forces et d'ouvrir à l'ennemi notre flanc. Ce sera bientôt l'escalade vers un conflit global, ce que tu avais juré sur l'Epée d'éviter en partant.

Le capitaine et la princesse s'arrêtèrent le temps qu'on leur ouvre les portes du fortin, le cordon de garde saluant Diana dans un ensemble superbement synchronisé. On s'écarta pour leur laisser le passage dans le couloir qui s'ouvrait devant eux, dans une galerie large et lumineuse délimitée par de nombreux bustes de marbre aux accents féminins. Au loin, on devinait le pied d'un escalier pour le moins imposant, en deux parties séparées par une scène sculptée dans la pierre : deux femmes brandissant ensemble une épée vers le ciel, alors que leurs pieds écrasaient un monceau de cadavres. Gwylheid se tut un moment et regarda par-dessus son épaule pour s'assurer que Kyle suivait sans accroc, avant de revenir finalement à sa princesse qu'il invita d'un revers de la main formel à avancer dans le couloir dallé.

- La situation est mauvaise. Le capitaine serra les dents. Pire que lors de l'insurrection de Morgane LaFey. Avalonia est une poudrière et le peuple gronde de plus en plus, inquiet de l'avancée implacable du Seigneur Noir et demande même qu'on retire l'Epée du rocher pour s'assurer que le pouvoir est entre les bonnes mains. Idée qui fait son chemin autour de la Table Ronde même, ce qui rend friable le pouvoir de ta mère. Dans les couloirs, on se met à contester ses décisions, certes à voix basse... inimaginable.

L'homme s'arrêta au bord de l'escalier, alors que deux guerrières en armure d'or venaient de surgir d'un recoin de mur pour bloquer l'accès. Gwylheid s'attendait sûrement à l'apparition des gardes particulières et se contenta d'un salut rapide qu'elles lui rendirent sans passion, s'inclinant bien plus volontiers devant "Astreïa". Les soldats qui avaient jusque là encerclé Kyle s'étaient, eux, déjà retirés. Le capitaine affecta un salut de circonstance à sa princesse avant de tourner les talons. Il n'avait plus sa place ici mais le regard qu'il avait échangé avec Diana était clair : elle pouvait compter sur lui et il était certain que la véritable Astreïa comptait au sein de ses amis un homme fidèle et fiable. Peut-être aurait-il son utilité plus tard ? Les gardes d'or s'écartèrent pour laisser monter Diana, venant encadrer Kyle. Chacune posa une main sur une épaule, la seconde se refermant sur la poignée de l'une des épées qu'elles portaient à la ceinture. Le signal était on ne peut plus clair... Le Prime ne pipa pas mot et se laissa entraîner, profitant de l'avance de Diana pour mater (discrètement, tout de même) le joli mouvement qu'imprimaient à son fessier chacun de ses pas.

L'escalier monté, il dévoila un nouveau couloir où se trouvaient de nouvelles gardes en armures dorées. L'endroit était moins impressionnant que ce qu'avaient vu les voyageurs jusque là, plus intime. Cela avait tout d'appartements privés, qui s'étalaient probablement sur tout l'étage. Au fond se découpait une porte plus impressionnante que les autres, que deux gardes ouvrirent à l'arrivée de Diana, la faisant entrer dans un grand vestibule où se trouvait un superbe bureau de bois noir laqué, dos à de grandes et magnifiques tapisseries retraçant ce qui semblait être une épopée historique intense et glorieuse. Plus loin dans la pièce se devinait un lit si large et long que Kyle, Diana et leur deux demoiselles d'escorte auraient pu s'y prélasser tous ensemble sans se gêner. L'endroit était vraiment coquet, agréable et lumineux, probablement très grand aussi.

Un courant d'air léger balaya la pièce quand une silhouette apparu depuis la grande baie vitrée du fond, qui se dirigea vers le groupe... pour décocher à l'Amazone la plus retentissante des gifles que Kyle eu jamais vu et entendu. Il cligna des yeux, tout aussi surpris sûrement que cette pauvre Diana, alors que les gardes reculaient pour finalement se caler dans un coin discret, leur présence simplement trahie par le reflet du soleil sur un des replis de leurs armures.
Devant l'envoyée des olympiens de tenait Gwyneva, reine d'Avalonia, dont les beaux yeux sombres fixaient sa "presque-fille" avec un éclat sincèrement meurtrier.

- Tu as osé, rugit-elle. Tu as osé salir le nom de la maison Pendragon en revenant ainsi, comme une fourbe et une perdante ! Tu nous couvres de honte !

La reine arma de nouveau la main... et son geste changea du tout au tout. Ses bras enserrèrent la princesse amazone avec la force et la chaleur tendre que seules peuvent transmettre les mères à leurs enfants et elle resta ainsi un temps, avant de se retirer doucement en laissant un baiser sur le front de la belle guerrière. Apaisée, au moins un peu, Gwyneva prit le temps de détailler son vis-à-vis.

- Dis moi que ton expédition n'a pas inutile, Astreïa. Je t'en prie, apporte moi au moins une bonne nouvelle en plus de la tête de ce... personnage.

Elle regardait Kyle, à présent. Le Prime eu l'impression qu'elle mourrait d'envie de lui cracher au visage mais la souveraine n'en fit évidemment rien et il s'en trouva soulagé. Restait à savoir comment Diana allait gérer la situation, à présent.

Tant de patriotisme devait avoir une origine. Il y avait des drapeaux qui flottaient un peu partout, et une importante présence militaire dans les rues de la ville. En chemin, Diana voyait tous les gens s’incliner devant elle, genou à terre… Par respect, ou par peur ? Parfois, la limite entre les deux était ténue. De grandes affiches étaient placardées le long des façades de certains immeubles, vantant les campagnes victorieuses du Royaume contre les sauvages Nains, les puissants Golems, les Trolls anéantis… Et, en chemin, Diana eut droit à une rasade d’explications de la part du second de Guedrys, Gwylheid, qui lui expliqua que le royaume allait visiblement se lancer vers une guerre contre des golems mécaniques (était-ce lié à cette affiche propagandiste sur les Nains ?), une guerre que Diana, ou, plutôt, Astreïa, aurait dû éviter. Ce faisant, elle revenait sans vaisseau, et sans l’obtention d’un traité de paix. Gwylheid lui parla alors d’une insurrection, amenant Diana à se demander si ce n’était pas là la cause d’un tel militarisme. Il lui parla également d’une épée plantée dans le Rocher, rappelant à Diana les légendes autour d’Excalibur, et du fait que la révolte grondait. Autrement dit, les retrouvailles avec la « mère » seraient houleuses et conflictuelles.

Songeant alors à sa propre mère, Hippolyte, l’Amazone sourit en haussant les épaules :

« Je te remercie pour ta sollicitude, Gwylheid, mais j’ai appris à gérer les excès de colère de ma mère. »

Visiblement, elle ne se trompait pas sur ce point, car Gwylheid fendilla ses lèvres d’un léger sourire amusé, comme s’il savait toute la teneur des relations entre les deux femmes, puis laissa la jeune femme rentrer dans le somptueux palais de la Reine. Faste et luxueux, il était gardé par de multiples femmes en armure dorée, rappelant clairement, à Diana, des armures amazones de grande qualité. Les gardes guidèrent l’Amazone et son « prisonnier », tandis que Wonder Woman sentait l’inquiétude perler le long de son cœur. Qu’était-elle censée dire ? Elle ignorait quasiment tout de ce monde, si ce n’est qu’Avalonia était un royaume affaibli, masquant l’ampleur du désastre par la propagande, ce qui, en ce sens, le rapprochait d’un régime despotique et corrompu.

Le groupe arriva devant les quartiers de Gwyneva, et ce fut là que Diana eut un choc, en voyant la Reine s’approcher d’elle. Bien sûr, elle savait que ce n’était pas elle, que ça ne pouvait pas être elle, mais Gwyneva était la copie conforme d’Hippolyte… Sa mère. Diana sentit ses yeux s’embuer, et entendit à peine les remontrances de sa mère, son esprit revenant se plonger sur sa mort… Sur ce combat désespéré contre cet homme écarlate et son armée, ces bouchers et ces fous qui avaient assiégé et massacré Themiscyra.

Elle sentit un chaud baiser sur son front, et, quand elle rouvrit les yeux, Gwyneva put voir que sa fille… Pleurait.

« Mère…
 -  Quoi ? Pourquoi ces larmes, Astreï ? »

L’incompréhension se lisait également sur les yeux de Gwyneva, et Diana secoua la tête.

« Je… Non, ce n’est rien.
 -  Nous sommes les fières descendantes des Amazones, Astreï… Une fille peut pleurer à loisir devant sa mère, mais doit savoir se retenir devant ses ennemis… »

Ce dernier mot fut manifestement lâché avec mépris, à l’intention de Kyle. Quant à Diana, elle ne put s’empêcher de sourire. Visiblement, elle et Hippolyte avaient beaucoup de traits en commun.

« J’aurais aimé t’accompagner, ma fille… Tu le sais, je suppose. Mais les gens me considèrent comme illégitimes, et ils ont raison, en un sens. Ce n’est pas moi qui ait retiré l’Épée du Rocher, et, s’ils savaient que… »

Gwyneva se tut soudain, prenant conscience qu’elle n’était pas entourée que d’amies, et ordonna qu’on congédie Kyle.

« Je m’occuperais de lui plus tard. Enfermez-le dans l’une de nos cellules, et surveillez-le bien.
 -  Mère, vous pouvez autant faire confiance à Kyle qu’à moi, il ne sert pas le Seigneur Noir. »

Un rire de dédain traversa les lèvres de Gwyneva.

« Tu as assurément la mémoire courte. Aurais-tu oublié les sortilèges de LaFey ? Je veux que mon apothicaire l’examine, et, surtout, je souhaite passer un moment, seule, avec ma fille. »

Une demande raisonnable, à laquelle Diana ne pouvait dire « non ». Elle hocha donc lentement la tête, et regarda furtivement Kyle, comme pour lui dire de ne rien faire de sutpide. Les gardes attrapèrent ensuite l’homme, et l’arrachèrent à la vue des deux femmes, puis la porte se referma… Et, une fois cela fait, Diana eut la surprise de sentir le tranchant froid d’une lame sous sa gorge, tandis que tout air compatissant avait disparu du visage de Gwyneva, au profit d’une froide résolution.

« Mère…
 -  Silence, imposteur ! Tu n’es pas ma fille ! Ma fille ne serait jamais venue me voir sans son armure, avec l’un de ces bâtards du Seigneur Noir… Et elle n’aurait jamais pleuré devant moi !
 -  Mère, ceci est insensé…
 -  Crois-tu donc qu’occire la Reine sera facile ? Es-tu l’une des adeptes de cette maudite LaFey ? Mon époux est mort à Camlann. Sache que je n’entends pas mourir ailleurs que sur le champ-de-bataille.
 -  Assez, Mère ! »

Diana posa sa main sur le tranchant de l’épée, et du sang se mit à ruisseler de ses doigts, mais elle écarta la lame, et se planta face à la femme. Impossible de mentir, une mère savait reconnaître ses enfants.

« Je ne suis en effet pas Astreï, et je viens de loin. Et, avant que vous n’appeliez la garde, sachez que je ne sers pas la cause du Seigneur Noir, de Morgane LaFey, ou de quelconque qui soit étranger à vos querelles. En réalité, mes… »

C’en fut trop pour Gwyneva, dont le corps se mit soudain à luire. Une lueur brûla dans sa paume, et une onde de choc frappa Diana, l’envoyant heurter violemment le mur, où elle sombra dans le sommeil. La contemplant silencieusement, Gwyneva s’écarta ensuite, et ouvrit la porte, haranguant ses soldates.

« Gardes ! Emmenez cette usurpatrice et son chien de compagnon à la Prison Royale ! Je m’occuperais d’eux personnellement ! »

La chose qui troublait Gwyneva, c’était que, sous l’effet du sortilège magique, l’imposteur n’avait pas repris son apparence normale. Saisie d’une idée subite, la Reine regarda le talisman qui pendait au bout du cou de la femme, mais, là encore, dut constater que ceci ne fit point disparaître cette silhouette.

Puis les gardes, dociles et fidèles, saisirent le corps inanimé de Diana, après avoir également neutralisé celui de Kyle, et les emmenèrent dans la partie inférieure d’Avalonia : la Prison Royale.

Il secoua la tête, une fois puis deux. Groggy, Kyle grommela un juron entre ses dents et se ramassa sur le sol humide avant de se passer une main sur le visage. Ses paupières papillonnèrent et s'ouvrirent pour faire un point d'abord flou sur l'endroit où il se trouvait. Des murs ruisselants d'humidité et de mousse, probablement très épais, des fers scellés dans les pavés, une odeur entêtante de sueur et de vieille urine. La seule fenêtre était condamnée par de larges barreaux et la porte qui se tenait dans un coin de la pièce semblait assez renforcée pour résister à la charge d'un buffle. Voilà donc qu'il se retrouvait en prison ? La constatation l'aida à reprendre ses esprits plus vite et Kyle se redressa sur son séant, s'adossant au mur derrière lui. Que s'était-il passé ?
Ses souvenirs s'ajustèrent. Diana avait commencé à parler à la reine alors que lui était emmené par les deux gardes qui les avaient escortés jusqu'aux appartements de Gwyneva. C'était la porte fermée que les choses s'étaient corsées. Dans le couloir, les femmes en armure d'or l'avaient bousculé et avaient tenté de l'assommer. Kyle avait de l'expérience et ne s'en était pas laissé conter trop facilement mais un troisième larron surgi dans son dos était parvenu à lui coller la poignée de son épée dans la nuque d'un coup sec, l'envoyant au pays des songes. Et il s'était réveillé en cellule...

- Diana !

C'en était trop. Qu'était-il arrivé à l'amazone ? Kyle bondit sur ses pieds et brisa sans mal ses chaînes dans un furieux tintement métallique. Armant son bras pour défoncer l'un des murs, le Prime fut arrêté dans son élan par une respiration. Trop absorbé, il n'avait pas remarqué avant qu'il n'était pas seul dans la cellule... Fouillant l'ombre du regard, l'homme parvint à déceler la forme humaine attachée à des menottes qui pendaient depuis le plafond au bout de lourdes chaînes. Diana ! Sûrement sonnée, la belle guerrière ne s'était pas délivrée de ses entraves, choses à laquelle Kyle remédia rapidement. Conservant le corps de l'amazone contre lui, il s'assit sur le sol et détacha sa cape pour en couvrir la brune. Patiemment, le jeune homme s'assura qu'elle n'était pas blessée et entreprit de la réveiller doucement.

- Visiblement, la négociation a échoué. Il caressa le visage de Diana doucement. On passera à une autre méthode dès que tu seras remise sur pied.

La situation n'était pas brillante. Si ils avaient trouvé une trace du Convergent de Diana, le sien était toujours inconnu. Aucune trace, rien... Alors que dans l'univers précédent il était connu mais malheureusement mort, ici il pouvait tout à fait être tombé entre les mains de Slave. Une catastrophe en soi.
Sans compter qu'il y avait cette histoire de Seigneur Noir. Les gardes de Montociel l'avaient identifié comme étant l'un de ses gens en voyant le blason qui ornait sa poitrine. Kyle plissa les yeux. Et si... ?

- Le Seigneur Noir, c'est peut-être bien mon Convergent. 'Tain ! Manquerait plus que ça.

Tenant Diana contre lui, Kyle grogna avant de baisser les yeux sur sa belle, une étincelle de malice dans le regard tandis qu'il s'adressait à elle.

- Dis voir, l'Amazone, je ne t'ai pas vu occire notre bon chevalier de Lion après ses...hm...deux baisers. Tu te ramollis, ou c'est ce style de péteux qui te fait chavirer ?

Kyle savait qu'aucune des deux options n'était sérieusement envisageable, connaissant Diana. Ca l'amusait simplement de la taquiner alors qu'elle était encore un peu dans les vapes. Et ça lui changeait le moral, du moins l'espérait-il. Pris d'une soudaine envie de jouer un peu, le Prime tendit la main et usa de son pouvoir. Dans sa main, l'énergie bleuâtre prit la forme d'une dague, qu'il tendit à la princesse dans un sourire complice. Lentement, il approcha ses lèvres des siennes.

- Je profite honteusement d'une situation critique, oui.

Et, une fois encore, il posa ses lèvres contre l'ourlet délicate de la bouche de Diana pour un baiser... Soumis au jugement de la dague tel qu'elle lui avait dévoilé.

Si on en croyait Kyle (Wayne) – et Diana n’avait jamais eu la moindre raison de douter d’un Wayne, il les avait envoyés dans un monde où ils avaient devancé Slave Prime… Mais pour combien de temps encore ? Batman leur avait longuement expliqué que le temps s’écoulait très différemment au sein du Multivers, car chaque dimension avait sa propre ligne temporelle, et évoluait donc à un rythme différent des autres. Un siècle passé dans une dimension pouvait n’équivaloir qu’à trois jours dans un autre. Ce n’était pas pour rien si certaines théories sur le voyage temporel évoquaient l’utilité du voyage dimensionnel pour pouvoir remonter dans le temps au sein de sa propre dimension. Mais, en l’état, ce qui tracassait Diana, c’est qu’ils étaient en train de perdre du temps, et que chaque seconde perdue à essayer de raisonner ces gens obtus signifiait le risque de voir Slave Prime les rattraper. Or, de ce que Diana avait vu pour l’heure du Multivers, notamment Ultron, elle savait qu’il existait des menaces terribles et terrifiantes.

Tout cela lui vint à l’esprit alors qu’elle émergeait progressivement du monde des rêves… Ça, et bien d’autres choses, notamment Hippolyte, sa défunte mère. Puis Kyle l’arracha du monde ses rêves en la délestant de ses chaînes, et Diana se réveilla en clignant des yeux, au froissement de la cape sur son corps.

« Hum… »

La première Remarque de l’homme lui arracha un triste sourire:

« Gwyneva est une Amazone. J’aurais réagi de la même façon à sa place. »

Les Amazones étaient connues pour leur tempérament fier, emporté, et pour leur difficulté à entendre raison. Diana en savait quelque chose. Combien de fois s’était-elle battue avec sa mère pour permettre qu’on tolère la présence d’hommes à Themiscyra, ou, plus généralement, que l’île sorte de son enclavement et de sa préjudiciable isolation ? Et, même avant ça, pendant son enfance, elle avait dû batailler pour vivre hors du palais, et pour se battre avec les autres Amazones. Diana était, tout simplement, trop similaire à sa mère. Mettez deux fortes têtes ensemble, et vous étiez sûrs d’avoir des étincelles explosives.

Kyle émit alors l’hypothèse que le Seigneur Noir soit son Convergent, mais Diana était sceptique là-dessus :

« Je crois qu’ils t’auraient tué sur place, si c’était le cas…  Ne le prends pas mal, mais tu n’es pas le seul homme que je connaisse à arborer ce sigle… Ce ‘‘-S’’ qui n’en est pas un. »

Combien de fois Clark l’avait-il reprise sur ce point ? Prime restait à côté d’elle, et se lança alors dans un excès de virilité qui n’était pas sans témoigner d’un certain humour. Il tentait d’apaiser l’atmosphère, et elle ne put que sourire.

« Et bien, pour commencer, je n’avais pas trop le choix. Ensuite… »

Elle vit alors l’homme matérialiser une dague, rappelant leur précédente conversation, et s’approcha. Diana cligna des yeux.

« Ton truc, c’est d’embrasser les filles dans les endroits les plus glauques qui existent ? glissa-t-elle en souriant, se reculant des lèvres de l’homme, comme pour mieux le narguer. Mais, si tu veux embrasser une Amazone, femme de passion, sache qu’il faut y mettre de l’entrain… Comme ça. »

La main de Diana se crispa alors sur les cheveux de l’homme, et elle se plaqua contre lui, faisant glisser leur cape, et l’embrassa furieusement.  Sa langue fila dans sa bouche, et elle serra son corps contre le sien, en soupirant, yeux clos, plaquant ses lèvres sur les siennes. Les secondes défilèrent sous le coup de ce contact, aussi inattendu que violent, et elle finit par le rompre, avec une lueur de plaisir qui brûlait dans le firmament de ses yeux.

« Voilà… Ça, c’est un baiser. »

Elle s’écarta alors, en adossant sa tête contre le mur, et observa le décor par la grille… Si on pouvait qualifier de décor le grand couloir sombre et haut de plafond, faiblement éclairé par quelques torches.

Diana reprit ensuite, en regardant de nouveau Kyle :

« Finalement, je te trancherais pas la gorge. J’aime le goût de tes lèvres. »

Ce n’est pas comme si elle avait autre chose à faire, après tout… Certes, elle aurait pu défoncer la grille, mais elle espérait encore pouvoir parlementer avec Gwyvena, et lui expliquer que cette histoire n’était qu’un stupide malentendu…

…Ce qui n’enlevait rien à la qualité des lèvres de Kyle, au demeurant.

Ça oui, c'était un baiser ! Diana avait séché Kyle sur place en prenant les devants et il était resté coi les deux premières secondes du contact fougueux, avant de vite se reprendre. Sa main se cala contre le creux des reins de l'amazone, l'autre trouvant refuge sur sa nuque qu'il caressa en jouant de la langue contre la sienne, sa bouche plaquée sur celle de la brune. Il avait plongé dans le baiser, mais c'était bel et bien la princesse qui le menait. Kyle fut loin de s'en formaliser et se retrouva presque à sourire bêtement lorsque sa partenaire cessa le jeu non sans espièglerie. La dague d'énergie éclata en petites étincelles et le Prime se passa doucement le pouce sur les lèvres, comme pour achever de goûter celles de sa belle guerrière. Femme de passion, hein ?
Très bien.

Derrière Diana, Kyle se redressa après avoir laissé passer un ange. Il s'épousseta tranquillement puis s'approcha de sa compagne d'aventure, crochetant le bord de son décolleté de l'index afin de l'attirer à lui. Lorsque ce fut fait, ses doigts s'apposèrent fermement sur la croupe délicatement musclée pour en prendre clairement possession d'une pression ferme. Son torse puissant s'écrasa sur le galbe généreux des seins mûrs avant qu'il ne lui impose son baiser, aussi sulfureux que le précédent. Il avait envie d'elle depuis longtemps et ne doutais pas qu'elle le sache déjà. Toutefois, le lui démontrer avait plus de valeur... même dans cet endroit sordide, que chacun d'eux pouvait de toute façon faire voler en éclat. Le cadre importait peu. Ce qui comptait, c'était cette langue que la sienne cherchait, flattait et caressait. Cette fesse qu'il prenait de toute sa paume, qui glissait maintenant jusque sa hanche pour remonter son tronc afin de se poser sur le bord de son bustier pour l'abaisser et dévoiler la rondeur attrayante de ses atouts mammaires. Comme dans une volonté d'égalité, le haut de la tenue de Kyle s'évapora à la manière de la dague, le laissant torse nu.

- Voyons si tu aimeras davantage que mes lèvres.

Il sourit et revint l'embrasser, ses doigts pressant la chair rebondie de son sein pour le solliciter et ouvrir ses sens. Du pouce, le Prime fit jouer sa pointe érectile alors que sa langue replongeait conquérir la bouche de Diana, avant qu'il n'adopte une stratégie plus agressive. Filant entre ses cuisses, il tira pour écarter sa culotte de cuir de façon à accéder aux pétales rosées de son sexe, investissant l'endroit en appliquant de délicates caresses. Du replis tendre au pépin de son fruit d'amour, Kyle joua l'intrus appliqué et connaisseur afin d'embraser les sens de l'Amazone avant de l'investir d'un doigt coquin.
Contre la cuisse de la belle frottait déjà la puissance virile de son propre désir. Il la voulait, il voulait la prendre ici et maintenant, sans fioritures ni superflu. Elle, lui.

Une convergence diablement plaisante.

Depuis le début de cette folle aventure, ils n’arrêtaient pas. Chaque monde, chaque nouvelle dimension, était l’occasion d’un nouveau combat désespéré. Les insectes, Ultron... Et, maintenant, ils finissaient dans les cachots d’un monde de fantasy inspiré de légendes arthuriennes, et fracturé par de multiples guerres qui avaient transformé le royaume où ils étaient en une sorte de structure féodale crypto-fasciste. Ils étaient maintenant dans une prison, et Diana avait fait une sorte de... Et bien, elle ne savait pas trop comment le dire. Ce n’était pas un craquage nerveux, car elle était encore consciente d’elle-même, mais, quand on mettait ça, accumulé au reste, c’était comme si esprit lui avait dit de s’arrêter, et de penser à autre chose. De cesser de s’en faire pour Themiscyra, pour ses sœurs, pour Slave Prime, pour le Multivers tout entier. Le désir était comme une fine fleur fragile, une délicate pétale qui avait éclos dans l’endroit le plus insolite et le plus improbable qui soit... Mais le désir, en réalité, ne se commandait pas. Il ne s’invoquait pas, il vous explosait en pleine figure. C’était ça qui venait d’arriver, là, dans cette prison froide, humide.

Les deux corps étaient lovés l’un contre l’autre, et, comme si Kyle avait récupéré la nanosuit de Clark, elle sentit soudain son torse, et soupira encore en sentant ses mains partir à l’assaut de son corps, palpant ses fesses, puis s’attaquant à la courbe arrondie et doucereuse de ses seins.

« Haaa... »

Le dos de Diana heurta le mur, se cambrant, alors que l’homme partait à l’assaut de son corset, l’écartant, faisant ressortir les seins opulents de Diana. Elle était bien formée, indéniablement.

« Kyle... »

Elle posa main sur ses cheveux, avant de le sentir approcher son visage, venant flatter, de ses lèvres, chacun de ses seins, puis sa main se rapprocha de la zone défendue, mais la seule résistance qui parvint à ses oreilles fut des soupirs, de doux murmures érotiques, chargés d’envie.

« Kyle... ! » répéta-t-elle, encore, comme pour marquer le coup.

Ils étaient lancés dans une quête désespérée, une folle aventure menée par les Dieux, où tout ce dont ils avaient eu besoin, c’était de tomber sur deux cas désespérés, suffisamment pour se lancer dans une quête à travers tout le Multivers, contre une menace irrépressible. Ils pouvaient bien s’accorder quelques minutes, et, pendant que les corps se collaient, et que la main de l’homme s’aventurait le long de ses zones intimes, elle-même fit preuve de la même curiosité, frottant son sexe du bout de ses doigts, flattant sa hampe de chair, ce membre turgescent et érigé, prêt à fondre sur elle, tel un condor aux ailes déployées s’apprêtant à jaillir depuis le sommet de sa montagne.

Disons-le simplement : Diana était excitée. Toute Princesse qu’elle soit, elle était, avant tout, Amazone, femme de passion et d’énergie.

« Viens... Viens, Kyle ! »

Ses doigts s'étaient insinués entre les lèvres intimes de Diana, gonflées d'envie et ruisselantes d'excitation. Il n'avait eu aucun mal à visiter l'antre de l'Amazone à l'aide de deux explorateurs curieux et habiles qui pressèrent les parois tièdes de ce corridor délicat, s'ouvrant en ciseaux pour stimuler les sens de la princesse combattante. Kyle la doigtait avec expérience et application, fouillant ses chairs palpitantes et moites pendant que son corps se collait au sien. Son visage s'écrasait contre le sein que sa bouche dégustait, ses lèvres emprisonnant de petites parcelles de chair avant que sa langue n'agisse et ne laisse sur le fruit ferme un sillon luisant qui s'achevait sur son téton tendu. Bon sang, ce qu'il pouvait avoir envie d'elle ! Ses actions érotiques se firent plus marquées, plus possessives. L'épisode avec Guedrys l'avait agacé -c'était lui qui bataillait aux côtés de Diana, lui qui visait son attention et son corps depuis la première heure- et il était heureux de pouvoir prendre le pas. Un sentiment de rivalité tout masculin, mais avant tout une façon de se lier davantage à cette femme qui lui plaisait tant. Après ça, leur relation et cette aventure ne seraient plus pareils.

Kyle sentit les doigts empoigner son dard et celui-çi acheva de se gonfler sous la pression, donnant à l'Amazone toute la mesure du désir que ressentait son partenaire qui s'évertuait à assaillir son corps, à le découvrir dans chaque replis. Le bas de la tenue du Prime s'évapora finalement, le laissant parfaitement nu. La main de Diana pouvait aller et venir sur son sexe raidi et palpitant, le faisant grogner d'envie. Et quand elle l'invita, Kyle ne tarda pas à répondre. Ses doigts humides de nectar délaissèrent la belle afin d'ouvrir l'une de ses cuisses et de la relever jusqu'à sa hanche, permettant à son bassin de se coller au sien. Un frottement puis un second et la hampe charnelle s'humidifia contre les lèvres suintantes de Diana avant que l'ogive ronde ne la perfore d'une poussée sèche et impérieuse, projetant dans sa matrice l'intégralité des centimètres de la queue durement bandée. Kyle se ficha en elle jusqu'à la garde dans un gémissement rauque d'assouvissement et il prit quelques secondes pour profiter de l'étau bouillant qui l'enserrait avant de lui saisir l'autre jambe pour la relever aussi, pénétrant Diana tout en la maintenant à bout de bras, le dos plaqué contre le mur qui le recevait.

Depuis longtemps, Kyle n'avait pas fait l'amour. Ce serait rapide mais, il se le promettait, intense pour eux deux. Il voulait que l'amazone jouisse violemment, comme il voulait jouir avec elle. Ses reins s'activaient à assouvir ce projet coquin, envoyant le mât érigé entre les cuisses musclées de la belle guerrière soumise à son vice. Le Prime œuvrait à la prendre ainsi, durement et profondément, sentant dans le brouillard du plaisir montant la sensation de la chair des seins écrasés contre son poitrail large. Enfin ! Diana s'unissait à lui, lui offrait son corps à défaut de son amour. En l'état, ça lui suffisait. Jouir leur ferait du bien à tous les deux, même si ce n'était qu'une passade dans cette aventure insensée. Bon, le cadre était moins romantique que le ciel étoilé de la veille mais tant pis.

Il voulu parler, mais considéra que c'était finalement inutile. Kyle se contenta d'un regard fiévreux, avant que son front ne se cale sur le sien. Ses assauts se firent plus vifs, ses muscles saillants sous l'effort se couvrant d'une fine pellicule de sueur. Un baiser fut volé et sa tête glissa vers le creux de son cou afin qu'il y pose ses lèvres pour commencer à lui laisser un suçon.

- Je...hmmpf... veux que tu jouisses...oooh...Diana....

Et il souhaitait sincèrement que personne n'aie l'idée de les déranger avant, auquel cas Avalonia apprendrait à ses dépends qu'un Prime coupé dans son étreinte était tout aussi redoutable que n'importe quel foutu seigneur du mal !

Ce serait rapide, inconfortable. Ce ne serait pas dans une belle chambre, avec de l’encens, et des corps propres et reposés. Mais serait-ce désagréable pour autant ? Non. Diana se serrait contre le corps de l’homme, dans une pure attraction alchimique, le genre de trucs où on savait que tout se jouerait ensuite à pile-ou-face. Soit la femme s’en voudrait, soit ça améliorerait leurs relations... Mais, en ce moment précis, même Diana ne pouvait dire comment elle repenserait à ça plus tard. Il était trop tard pour revenir en arrière, alors elle ne pensait pas au passé, ni à l’avenir, mais seulement, en tout et pour tout, au moment présent. Et le moment présent, il se déroulait avec Kyle, ensemble, à se faire joyeusement l’amour, et à s’envoyer en l’air contre le mur de la prison.

Elle n’eut pas trop longtemps à attendre avant de sentir la délivrance venir en elle, se manifestant par une union des corps. Soupir, encore. Puis cri. Sa main caressa le dos de Kyle, puis le griffa, et ils continuèrent à danser, dans un rythme soutenu, lourd, intense, et magnifique.

« Haaa... Kyle !! »

Ce mot, Wonder Woman le répétait, tel un leitmotiv, tandis que l’homme, inlassablement, la prenait. Kyle se révélait être un amant assoiffé, brutal, vorace... Ce qu’elle aimait, ce qu’elle souhaitait. Ils dansaient ensemble, l’un à l’autre, dans un même élan, formant un même corps. Diana le sentait en lui, elle sentait l’homme se positionner contre elle. Ses seins rebondissaient contre son torse, qu’elle caressait et griffait de l’une de ses mains, tout en encerclant ses jambes autour de son bassin.

« Encore... Oui, haaa, encore... !! »

Elle était aux anges, sentant le membre de l’homme affluer en elle, filant et repartant, avant de remonter, dans des mouvements incessants, encore et encore. Car c’était ça, le sexe, le même leitmotiv, le même mouvement, qui revenait, encore, encore, encore et encore, jusqu’à atteindre le point d’explosion.

Et eux, ensemble, étaient empêtrés dans cette danse.

Les reins de Kyle allaient et venaient furieusement, faisant coulisser son membre turgescent entre les cuisses fuselées de Diana. Par des à-coups rendus secs et vifs par l'envie brûlante motivée par l'urgence du moment, l'homme pénétrait sa compagne dont il domptait le corps au fil de ses intromissions profondes et appliquées. Il n'avait pas fait l'amour depuis longtemps et surtout, rarement à quelqu'un qui était capable de contenir et d'apprécier toute la puissance de ses charges amoureuses. Celles là même qui épinglaient la désirable amazone contre le mur humide de la cage de pierre dans laquelle les deux avaient été lamentablement jetés, qui résonnait à présent de leurs gémissements lascifs mêlés et d'un pervers (mais plutôt jouissif) bruit spongieux ; les chairs de Diana qui encaissaient avec expérience et gourmandise les poussées du mandrin raide de Kyle.
Le Prime ne manquait pas de passif dans les arts de l'amour. De l'union romantique digne d'un film pour adolescentes à la baise aussi sauvage que vulgaire, Macross avait versé dans un peu tous les registres. Sans jamais trop se lâcher : son corps et sa force musculaire aurait put blesser ses amantes. Avec la brune qu'il fourrait avec allégresse et qui lui répondait de surcroît avec un talent certain, c'était différent. Rassurant. Elle était plus qu'à-même de lui tenir tête et cela ne l'en portait que davantage au pinâcle.

Diana gémissait à son oreille et répétait son prénom de son souffle entrecoupé d'invocation de plaisir, auxquelles Kyle répondait d'un grognement satisfait, murmurant à l'oreille de sa partenaire son prénom comme pour lui assurer qu'il n'avait qu'elle en tête et qu'il se mêlait tout à fait à son extase. Sans s'en rendre compte, Kyle avait depuis un moment quitté le sol en enfilant l'athlétique princesse qu'il avait entraîné dans son survol des pavés, si bien que les amoureux planaient à deux ou trois mêtres, suspendus entre le ciel et la terre. Ses mains larges lui avaient saisi les fesses pour les pétrir, en punition des griffures qu'elle lui infligeait. Une sorte de duel amoureux où les combattants se rendaient coups pour coups... Un moment, Kyle repensa au corps de Diana qu'il pénétrait enfin et une première vague de plaisir le submergea, qui entraîna le ravage des dernières digues qui retenaient sa jouissance.

D'un coup puissant, l'homme se logea au plus profond de sa matrice et délivra sa semence par jets épais et bouillonnants qui lui tapissèrent les chairs alors qui étouffait un gémissement entre le coup et l'épaule de sa partenaire, pris de très légers spasmes quand son membres achevait de cracher son venin blanchâtre. Il s'en voulu -très vaguement- après le coït. Diana avait-elle jouit, elle aussi ? S'était-il lâché trop tôt ? Quand il serait redescendu de cette sensation planante qui concluait l'orgasme, Kyle s'enquièrerait du ressenti de sa princesse. En attendant, il laissait son souffle reprendre un rythme normal dans un étonnant rire léger qui s'acheva sur une série de baiser sur la gorge de l'amazone. Les nerfs, probablement.

Doucement, il redescendit pour les poser tous les deux à terre, glissant des fesses de Diana pour venir caler ses mains sur ses hanches sans montrer une seule seconde l'envie de séparer davantage leurs corps soudés.

- Il va falloir se rhabiller, dit-il.

Pourtant, il ne fit que lui voler un nouveau baiser, un baiser tel qu'il convenait d'en donner à une amazone... A fortiori si cette dernière était une princesse. Furieux et passionné, presque possessif. D'ici peu, il faudrait revenir à la réalité en espérant que ce moment serve à les réunir plus fort plutôt qu'à générer des regrets.
Du revers de la main, Kyle caressa la joue de Diana.

- Tu es magnifique après l'amour.

Diana, en réalité, atteignit son orgasme avant Kyle. C’était, fort heureusement, dans la logique naturelle des choses. La femme devait se laisser aller avant l’homme, et elle sentit donc, dans son océan intime, des vagues s’enfoncer en elle. Kyle n’était pas le premier homme à coucher avec elle. À chaque fois, Diana s’était surprise à apprécier cette sensation, ce sentiment de sentir l’homme se vider en elle. C’était idiot, sans aucun doute puéril, mais elle aimait sentir ce membre répandre sa crème, sentir le sperme filer en elle. Peu de chance qu’elle devienne enceinte (encore que…), mais elle aimait ça. Elle réalisa que les deux n’avaient pas fait que s’envoyer, métaphoriquement, en l’air. Physiquement, ils planaient aussi, et Kyle reposa Diana sur le sol.

Les jambes de l’Amazone retouchèrent le sol, l’ivresse et l’inconscience du moment s’estompant peu à peu pour affronter la dure et placide réalité ; ils ne flottaient plus, ils foulaient, de leurs pieds, le sol froid et dur de cette prison. Diana, toutefois, n’avait étrangement pas envie de se séparer de l’homme, et, après leur baiser, elle posa sa tête contre son torse, sa main caressant fugacement ses pectoraux. Un torse glabre, musclé, en sueur, une sensation de chaleur corporelle qui fusionnait contre la sienne. Elle sourit à nouveau devant le compliment de l’homme, et releva un peu la tête. Sa main se posa sur sa nuque, et elle alla l’embrasser en retour, ses seins rebondissant contre son torse.

« Je croyais que tu me trouvais magnifique en toutes circonstances… »

L’Amazone n’avait pas perdu son sens de l’humour, et elle retourna poser sa tête contre son torse, pendant encore quelques secondes, avant de fixer silencieusement les barreaux.

« Enfin, tout cela ne nous fait pas sortir d’ici pour autant…
 -  Détrompte-toi. »

Diana cligna des yeux, surprise, en sentant son cœur s’emballer, et vit alors, de l’autre côté des barreaux, une silhouette apparaître, en écartant une sorte de cape invisible.

« Un Manteau d’Invisibilité… Plutôt pratique dans certaines situations. »

Gwyneva ! La mère d’Astreï, et Reine d’Avalonia, venait de faire irruption, dans sa robe blanche, avec un regard meurtrier. Diana, sans pouvoir se l’expliquer, sentit alors un sentiment de culpabilité la traverser, comme si elle se sentait prise en faute, et blêmit sur place. Ce sentiment, c’était le même qu’une fille devait ressentir quand sa mère venait de la surprendre après coup.

« Une femme d’Avalonia n’aurait jamais couché avec un agent du Seigneur Noir. Qui êtes-vous, imposteurs ? »

Retrouvant son calme, Diana entreprit de lui répondre, sans se laisser démonter :

« C’est… Euh… C’est compliqué. »

Bon, peut-être bien qu’elle était un peu déboussolée.

Elle réalisa alors qu’elle était nue face à la Rein, et, en rougissant – fait suffisamment rare, chez Diana, pour qu’on le note, s’empressa de récupérer quelques affaires.

« Je t’en prie, j’ai vu des femmes et des hommes à poil toute ma vie, voir le roulement de tes fesses ne risque pas de me gêner ! Maintenant, dites-moi qui vous êtes, et ce que vous faites ici… »

Un moment de tendresse après l'amour, voilà qui allait parfaitement à Kyle. Diana restée contre lui, le Prime ne la chassa pas et préféra passer délicatement la main dans son dos afin de caresser la ligne de son échine, l'autre plongée dans la masse noire et soyeuse de ses cheveux. L'intimité lui faisait du bien tout en le laissant retrouver son souffle et la chaleur de Diana (tout comme l'écrasement douceureux de sa belle poitrine contre lui) l'apaisait. Pour un peu, il serait bien resté là pour dormir en sa compagnie une heure ou deux, mais l'amazone en revint à leur situation. Toujours en cage, les beaux oiseaux !

- Enfin, tout cela ne nous fait pas sortir d’ici pour autant…
-  Détrompe-toi.

Kyle sursauta en serrant Diana un peu plus fort malgré lui, tandis que se dévoilait de l'autre côté de la grille la reine d'Avalonia en personne qui avait l'air tout bonnement de sortir de nulle part ! Elle expliqua simplement être vêtue d'un Manteau d'Invisibilité qui donna à Kyle l'impression d'être enfermé dans les geôles de Poudlard l'espace d'un instant. La souveraine fustigea Diana d'une fulgurance bien sentie, joli taquet qui cloua même le bec de l'amazone qui finit par quitter son amant pour se jeter à la recherche de quoi se couvrir. Le Prime resta nu (sa tenue avait tout simplement disparu, comme n'importe quelle manifestation de son pouvoir lorsqu'il ne l'alimentait pas) et se tourna vers Gwyneva pour laisser à Diana le temps de se reprendre.

- Très bien. Vous voulez savoir ? Vous pouvez nous comparer à des navigateurs. Nous voyageons entre les différents mondes du Multivers -disons l'espace, pour simplifier- afin d'éradiquer la menace que fait peser un être maléfique sur la Création dans son entier. A travers les mondes que nous visitons, nous trouvons parfois nos doubles. Il désigna la princesse d'un revers de main. Diana est ce que nous nommons le Convergent de votre fille Astreïa. C'est elle sans l'être... C'est essentiellement physique, même si certains traits de caractère peuvent se retrouver. Si c'est plus simple pour vous, Majesté, voyez ma compagne comme une simple copie de votre enfant.

Les Convergents n'étaient pas des copies, pourtant. On ne pouvait tout simplement pas considérer l'un d'eux comme un "original" duquel les autres auraient été issus. Il s'agissait plutôt de variations autour d'un même thème, mais inutile de compliquer le propos fait à la souveraine d'Avalonia.  Utiliser le terme erroné était la façon la plus aisée de faire passer l'image sans entrer dans les détails, ce qui semblait être un gain de temps pour Kyle.
Ce dernier se rapprocha des barreaux, jusqu'à les saisir, plantant son regard dans celui de Gwyneva avant d'enchaîner.

- Nous ne sommes pas les ennemis d'Avalonia. Le fait que j'arbore le sigle de votre Seigneur Noir est un hasard malheureux. Il ne revêt pas la même signification pour vous que pour moi. A vrai dire, il est même possible que nous ayons des raisons de nous opposer à lui... Mais cela, nous devons le déterminer. Et dans cette cage, c'est impossible.

Il s'écarta de la porte, tourna le dos à Gwyneva pour aller voir Diana et s'assurer qu'elle s'était reprise. D'un mouvement tendre, il lui caressa la joue et se retint de l'embrasser. Autour de lui, les volutes bleues qui caractérisaient son pouvoir se mirent à s'agglutiner sur son corps dénudé, épousant les muscles tendus par la séance de sexe à peine passée. En quelques secondes, Kyle se retrouva ceintré dans un costume qu'il avait longtemps porté -essentiellement à Seikusu, en fait. Pour tendre une main vers Gwyneva, il se tourna assez pour qu'elle puisse voir que le "S" s'effaçait, laissant place à un simple emplacement rouge.
Satisfait, Kyle fit quelques mouvements.

- Finalement, ça reste ce design que j'apprécie le plus. Il reprit, pour Gwyneva cette fois. Je n'irai pas par quatre chemins, Majesté. Soit vous nous octroyez le bénéfice du doute et vous nous laisser nous expliquer ailleurs qu'ici, soit je nous fais sortir. Encore une fois, ni vous ni Avalonia n'êtes nos ennemis. Le fait est que nous manquons cruellement de temps et que je ne compte pas supporter l'enfermement plus longtemps.

Un bref moment de tranquillité, et un orgasme, voilà tout ce que, pour le moment, on avait réellement daigné accorder à Diana. Bon, certes, elle était mauvaise langue, il y avait aussi ces quelques jours de repos dans le refuge des victimes d’Ultron, mais tout ça, maintenant, semblait remonter à une éternité. Ils semblaient aller perpétuellement de Charybde en Scylla dans cette quête cosmique. Face à un clone de sa mère, tant sur le plan physique que comportemental, Diana se sentait troublée. C’était idiot, car Gwyneva n’était évidemment pas sa mère, mais elle n’avait pas spécialement l’habitude des clones dimensionnels, et de tout ce genre de choses. Elle remit donc ses vêtements en place, pendant que Kyle fournissait à la Reine d’Avalonia une explication réduite de ce qu’ils faisaient là. Imperturbable, le visage de Gwyneva ne trahissait rien de ce qu’elle pensait. Ceci en faisait, au choix, soit une parfaite souveraine, soit une magnifique joueuse de poker. Bras croisés, elle observa le duo, tandis que Kyle s’enfilait un uniforme, seyant, et, calmement, expliquait à Gwyneva qu’elle avait le choix entre, soit la diplomatie, soit la violence.

Diana décida alors d’intervenir, consciente que ce genre de chantage ne marcherait très certainement pas face à une Amazone.

« Nous ne sommes pas vos ennemis, Gwyneva ! »

N’ayant pas relevé le « compagne » de Kyle, elle se rapprocha des barreaux, et posa sa main dessus, avant de poursuivre :

« Nous avons été missionnés par les Dieux de notre monde pour retrouver un individu extrêmement dangereux, qui voyage à travers le Multivers pour tuer les autres versions de lui-même, afin d’augmenter ses pouvoirs. Et nous avons toutes les raisons de penser que cet être va venir ici. »

Gwyneva ne disait rien, lèvres scellées, en les regardant tour à tour. Le temps se suspendait à ses lèvres, et elle finit par décroiser les bras. Diana attrapa alors son collier, avec son talisman magique, et le montra vers la femme.

« Regardez ! Ce médaillon m’a été confié par Athéna ! Il est la preuve de ce que nous vous disons... »

La Reine eut une petite moue sur le visage, en regardant l’objet.

« Soit... Admettons que je vous accorde le bénéfice du doute... » finit-elle par dire.

Le ton de la femme était hésitant, illustrant tout son scepticisme. On était en train de lui présenter une histoire de fous, mais, d’un autre côté, cette histoire semblait tellement invraisemblable que, si Diana et Kyle auraient voulu lui mentir, ils auraient probablement trouvé une histoire plus crédible, non ? En tout cas, Gwyneva finit par poser sa main sur la serrure, et une lueur magique étincela sur cette dernière... Puis, dans un claquement et une légère secousse, la porte de la cellule s’ouvrit.

« Vous avez raison sur un point, cet endroit est sinistre... Allons ailleurs. »

Gwyneva avait aussi ses artefacts magiques, et elle attrapa une bague verte attachée à son doigt, ce qui déclencha une vive lueur blanche...

...Puis le trio se retrouva transporté dans le bureau de la Reine.

« Retour à la case départ... »

Silencieusement, Gwyneva se déplaça un peu.

« Je ne vous fais toujours pas confiance, mais, pendant que vous batifoliez ensemble, mes alchimistes ont examiné votre sang... Hum...
 -  Diana... Et... Kyle..., fit-elle rapidement, amenant Gwyneva à acquiescer légèrement de la tête.
 -  Votre sang est celui d’Astreï, donc... Soit vous avez lavé le cerveau de ma fille, soit votre histoire ahurissante est exacte. »

Diana sourit lentement, d’un air assez désabusé :

« Croyez-moi, j’aimerais que ce ne soit qu’une histoire... Mais votre royaume est menacé. Si jamais Slave Prime vient jusqu’ici, et que...
 -  Si ce que vous me dites est vrai, je n’ai, en réalité, pas grand-chose à craindre. Si ce... Ce Slave Prime... Traque ceux qui lui sont similaires... Et qu’il ressemble à votre... Compagnon... Alors, il ira s’en prendre au Seigneur Noir, et rien ne me ferait plus plaisir que de voir ce monstre périr. »

Diana s’humecta les lèvres.

« Que... Que voulez-vous dire ? »

Gwyneva s’était assise derrière son bureau, et se pinça les lèvres, avant de reprendre :

« Avalonia est un refuge, jeune Diana. Auparavant, nous vivions au sol, dans une épaisse forteresse... Camaaloth. Mon mari, feu le Roi Arthur, était un souverain légendaire, car il avait réussi à mettre fin à d’importantes guerres claniques qui déchiraient ce continent en portant l’Épée Sacrée, Excalibur. Sa mission était d’unifier le monde entier en brandissant un artefact légendaire, le Graal. C’est en recherchant le Graal qu’Arthur et ses hommes, les Chevaliers de la Table Ronde, ont découvert Themiscyra, mon île... Et c’est aussi en le recherchant qu’ils ont réveillé le Seigneur Noir, dans les régions nordiques, au bout du monde. Il était enfermé dans une forteresse de glace. Plusieurs Chevaliers ont été tués, et le fils d’Arthur, Mordred, en a profité pour mener une révolte. Arthur est revenu des régions glacées pour trouver son royaume en proie au chaos, et a occis son fils... En se sacrifiant lui-même. Puis le Seigneur Noir est venu, face à un royaume affaibli, ravagé par la guerre civile... »

Elle se pinça les lèvres.

« Alors, si ce Slave Prime doit venir tuer ce fou sanguinaire, c’est avec joie que je lui ouvrirais mes portes... »

Dans un claquement de langue agacé, Kyle laissa Diana prendre la main. Elle s'était approchée des barreaux et s'était adressée à Gwyneva pour entamer des tractation et le Prime laissa faire ; inutile de menacer davantage même si l'idée de faire voler en éclat une partie de ce bastion le chatouillait sérieusement. Parler, c'était bien beau, c'était mignon et diplomate. Seulement, lorsque Slave arriverait et qu'ils se retrouveraient à devoir le contrer sans y être préparés, ça ne leur servirait plus à rien. Néanmoins, Kyle estimait -à raison- Diana plus avisée et sage que lui, aussi laissa-t-il l'amazone œuvrer à sa façon sans l'interrompre.

La guerrière confirma le discours de son compagnon d'arme, brandissant le Calice en guise de preuve. Effectivement, peut-être que parler des Dieux pouvait se montrer une tactique payante. Qu'elle y cru ou pas, Gwyneva accepta de les libérer d'un sort magique avant de les téléporter quelques secondes plus tard dans le bureau qu'ils avaient quitté dans des circonstances moins... civilisées. La méfiance était toujours de mise, mais les méthodes d'approche avaient au moins un peu évolué.
Laissant Diana converser avec Gwyneva, Kyle s'adossa à l'un des piliers de marbre qui marquait l'architecture imposante de la pièce et croisa les bras. Silencieux, le héros tendit l'oreille à la suite.

Une version très résumée et romancée de l'histoire des Chevaliers de la Table Ronde. Kyle n'en fut pas surpris : vu tous les indices laissés jusque là, c'était somme toute assez prévisible. Ce qui l'était moins en revanche tenait dans la révélation finale de la souveraine. Pour elle et au vu de l'histoire qu'elle venait de conter, Slave apparaissait comme une sorte de sauveur qui accomplirait sa vengeance... Chose qu'il ferait effectivement avec une diligence effrayante, si le Seigneur Noir s'avérait être leur convergent d'ici.

Kyle laissa passer un petit rire sardonique, relevant la tête avant de se détacher de sa colonne pour arriver devant le bureau. Installé à côté de Diana, il posa les mains sur le meuble et se pencha légèrement vers la souveraine.

- Si le Seigneur Noir est bien celui que nous pensons, vous serez effectivement vengée. Slave Prime se débarrassera de votre ennemi et ce certainement plus efficacement que ne pourrait le faire l'ensemble de vos armées. Peut-être même balayera t-il les légions du Seigneur Noir pour faire bonne mesure, libérant votre royaume de la menace toute entière !

Il hocha la tête et adressa à Gwyneva un sourire aussi lumineux que factice, qui en vint très vite à s'évanouir pour laisser place à un visage grave.

- Et il vous balaiera vous aussi. Lui n'est pas, comme nous, pressé par le temps. Ni même étouffé par la morale ou quelques principes d'honneur et de bon sens. Il viendra très sûrement vous trouver ici, dans votre palais. Et vous ne lui ouvrirez pas que vos portes, ô ma reine. Vous lui ouvrirez de force vos cuisses avant de contempler, impuissante, la destruction d'Avalonia. Le viol d'Astreïa également, qui sait ? Votre vengeance aura un prix incroyablement amer et vous ne pourrez plus rien faire que vous lamenter en maudissant l'instant où vous avez parlé de le recevoir comme une sorte de... hm... messie. Cet être, Majesté, est sans commune mesure avec ce que vous connaissez. Son âme est plus noire que la nuit et sa force... et bien, suffisante pour réduire Avalonia et la région au sol en un immense cratère fumant.

L'homme se redressa, abandonnant le regard de Gwyneva pour plonger dans celui de Diana. Elle aussi devait bien se douter de la finalité probable du passage de Slave sur ce monde. Bien sûr, c'était forcer le trait. Il pouvait tout aussi bien se contenter d'absorber le convergent et de repartir comme un courant d'air, mais l'option "apporter avec moi l'Apocalypse" était tout à fait viable elle aussi.
Il restait encore une issue, néanmoins.

- Nous voyageons pour arrêter Slave parce que nous sommes les seuls capables de le faire. Pour cela, je dois accumuler plus de puissance que lui. Il revient à la reine. Par les mêmes moyens.

Comprenait-elle ce qu'il était à lui dire à ce moment ? Bien sûr. C'était une femme intelligente et réfléchie, à n'en point douter. Et il lui proposait, à mots couverts, d'aller s'occuper du Seigneur Noir.

- Laissez nous rejoindre les terres nordiques pour faire ce que nous avons à faire. Si nous réussissons -et nous allons réussir- vous serez vengée et nous, nous aurons obtenu ce que nous cherchons. En cas d'échec, que perdrez vous ? Rien. La situation conservera son aspect actuel. Peut-être pourrons nous même le rendre plus favorable en décimant au mieux les armées adverses que nous rencontrerons. Je vous le répète : si Slave Prime arrive à ses fins avant nous, ce sera un problème pour tout le monde. Qu'en pensez vous ?

Si il lui demandait son avis, c'était surtout pour faire illusion. Lui laisser croire que la décision lui revenait toute entière. Pourquoi gâcher les efforts de Diana pour les sortir de prison en offrant un numéro de gros bras ? Si Gwyneva s'entêtait par la suite à les enfermer ou leur mettre des bâtons dans les roues, Kyle adopterait une stratégie plus agressive. Pour l'heure, le dialogue pouvait encore être mené. Il se tourna vers Diana, lui caressant le bras dans un sourire qu'il voulu complice.

- Ça te va, princesse ?