Elle l'a froissé. Scientifiquement impossible ? Ma grande, la science allemande a pu rendre un type immortel – sans le savoir – il y a de cela soixante-dix ans. Il ne sait pas ce qu'il est advenu de ces secrets, d'ailleurs. Sont-ils perdus à jamais ? Y en a-t-il d'autres, comme lui, chez ceux qui auraient récupérés les données du programme, soviétiques ou américains ? Est-ce que quelqu'un quelque part connaît ce calvaire de devoir supporter ces putains d'injections ? Ou est-ce que ce super-soldat-là est amélioré, et ne nécessite plus la piqûre d'enzymes, d'hormones ou Dieu-sait-Il-quoi ?
Il se tait. Elle ne le croit pas alors même qu'il était très sérieux, elle ne mérite pas d'en savoir plus sur ce qu'il est. Chérie, je suis un SS. On baise ? Petite conne. Elle l'a énervé, ça y est.
Il prend les bottes sans rien dire, donc, et les mettra. En serrant bien les lacets, il a l'impression qu'elles sont pour lui. Il prend un colt 1911 : On a beau dire, ces chiens américains ont tout compris en produisant cette arme. Deux chargeurs, le tout fourré dans la poche. Il le laissera dans la voiture, comme promis.
Du trajet, il ne dira rien, comme concentré sur la route. Si : Il commentera la musique, la conduite de certaines personnes, des remarques désobligeantes de temps en temps. Il a pris un sac à dos avec lui, avec quelques bonbons dedans, qu'il mettra délicatement dans la bouche d'Akina lorsqu'elle ne peut pas utiliser ses mains et/ou détourner son attention de la route.
Il arrive près d'une base militaire. Américaine. Répétons ça calmement : Une base militaire américaine. Sachant qu'il n'a pas le droit d'entrer sur le territoire des Etats-Unis et qu'il va pourtant allègrement rouler dedans, et ce avec un flingue à disposition. C'est dingue. Il tente de contenir son excitation.
Ses papiers sont donnés. Ils expirent bientôt, mais tout va bien, il est en règle. Siegfried von Königsberg, baron allemand, ancien SS, criminel de guerre. Tout. Va. Bien. Il ne se sent pas stressé, il a déjà eu à expliquer ça à des gens : erreur de papiers, homonymie, etc, v'voyez bien que j'suis en règle dans mon pays, c'est difficile à porter quand on enseigne l'histoire, etc, et pouf ça passe tout seul.
Il tapait donc juste quand il parlait de bootcamp ?
Il ne tiquera même pas quand elle le touche, ou quand elle dit que c'est son petit ami. Juste un sourire avenant et un petit « salut » de la main à la donzelle.
Et il a à peine regardé Akina de tout le voyage.
Il voit l'avion. Là, il est encore plus perplexe.
-Scarlett... Tu crois que j'ai pas assez pris l'avion ces derniers temps ? Je risque de crever d'un trop plein d'altitude.Seulement après, il voit les sacs dont il reconnaît la forme, et ainsi l'utilité.
-.... Oh, d'accord.Il est l'heure du flashback.
ᛋᛋ
-C'est ici.
-Combien d'hommes ?
-Ici, trois-cent, plus une centaine dans les baraquements là-bas, et une trentaine d'officiers.
-La brigade est opérationnelle ?
-Totalement.Il venait en tant qu'inspecteur du Sicherheitsdienst, mais son but véritable était de réunir des soldats d'élite.
-On m'a dit que vous étiez une unité... performante.
-L'une des meilleures, Hauptsturmführer. Les Fallschirmjäger sont la fierté du Reich.Il y a un respect dû aux supérieurs dans les mots de l'aviateur. Deux raisons à cela : Premièrement, Siegfried était plus vieux. Il parlait à un colonel qui avait... 25 ans. Un vrai perso de RP. Deuxième chose : il était de la SS, des services secrets plus précisément, et même si Sieg' n'était que capitaine, soit un rang inférieur à colonel, ce dernier devait courber l'échine devant les molosses du SD.
-Pourquoi... pourquoi êtes-vous les meilleurs, au juste ?
-C'est dans notre nature, Hauptsturmführer. Comprenez-vous nos attributions ?
-On ne m'a rien expliqué, non.
-Nous sautons en parachute au-dessus des combats, ou avant qu'ils ne commencent. Nous désorganisons les lignes, pratiquons le combat irrégulier, et avons pour seule caractéristique de ne pas connaître le principe de front : Les ennemis sont partout autour de nous. Et au final, nous sommes peu, il faut que nous tenions dans une escadrille d'avion. Nous ne sommes pas quantité, nous devons être qualité.Ils arrivent face à des hommes alignés. Heil général. Siegfried leur fait baisser les mains.
-Ce sont mes aigles. Ils fondent sur leurs proies et les déchiquètent avec leurs serres et leurs becs. 13 batailles, aucune défaite. Plus bas taux de morts des bataillons de paras de la Luftwaffe. Le SS est impressionné. Il les regarde tous. Ils mériteraient de servir dans l'Ordre Noir plutôt que dans l'armée de l'air.
-Je peux avoir une démonstration ?
-Soldats, la SS veut voir meilleur qu'elle. Prouvons-lui que nous valons le coup. En tenue.Une heure plus tard, il était dans un Heinkel, à plusieurs kilomètres au-dessus du sol. La caserne était en vue, loin en bas. Les hommes étaient tous en tenue, en arme, prêts à sauter.
-Ils vont vraiment se jeter dans le vide ?
-Aigles... Faites preuve de courage.Quelques secondes d'attente, et le colonel ouvrira grand la porte, et fera signe à ses hommes de sauter. Pas un moment d'hésitation. Ils se jettent l'un après l'autre, sans trembler, bras et jambes écartés, leur parachute se déployant dans la seconde suivant le saut. Siegfried regarde le dernier se lancer, puis retire sa casquette pour pencher la tête en-dehors de l'avion. Ils tombent. Sieg regarder la distance vers le sol. Oserait-il sauter ?... Gott im Himmel, non, il refuse de faire ça.
Hors de question.
Jamais.
ᛋᛋ
Après un long blanc, fixant l'équipement qu'il doit enfiler, il lève les yeux vers le pilote.
-Vous pensez que je pourrais sortir avec Akina sans que Jack ne m'ait posé une arme sur la tempe pour être sûr que je sois à sa hauteur ?... De mémoire, c'était un Mossberg 500, mais pas sûr.Une plage ? C'est bien. Il pourra lui dire des choses tranquillement.
-Scarlett... On rentre comment, après ?...Nan. Question de merde. Il enfile son parachute, sangle tout bien. Il a pu voir quelques fois comment faisaient les Fallschirmjäger, et se rend compte que ça a bien trop évolué. Il regarde comment fait Akina, demande de l'aide au type. Ca y est, il commence à flipper.
Mein Ehre heisst Treue. Le courage est le glaive avec lequel je vaincrai. Je ne faillirai pas. Je tiendrai bon jusqu'à ce que la vie me soit prise.
Il respire. Cette fois-ci, il saute.