L’avion partait vers 11h. Il y avait 14h de voyage, avec 7h de décalage horaire, soit une arrivée vers 19h à Berlin. Il était crevé en débarquant, comme d’habitude. Il lui fallait donc prendre du repos. Il s’arrêtait à l’hôtel où il avait ses habitudes, et après un repas calme dans le restaurant au rez-de-chaussée, c’est un homme seul, presque gris parce que terni par sa fatigue, qui gagnait son lit, s’écroulant dessus en costume, en oubliant même son injection.
Alors le matin était dur. Une loque. 9h quand les rayons étaient assez envahissants pour le réveiller. Il tendait une main fébrile vers son téléphone et constatait qu’il n’avait plus de batterie. Cette nausée, cette faiblesse étaient caractéristiques de son manque. Il lui fallait sa dose.
Une oscillation. Il doit s’appuyer sur le lit un instant. Il ne sait plus où il a mis sa valise. Un mal de tête le prend soudain. Vivre devient douloureux. Il se rassied, triste de son état. Comme si enfin le poids des âges avait une prise sur lui. Il regarde par la fenêtre. Premier étage. Pas assez pour se tuer. Il frotte ses yeux qu’il sent embués de larmes, se traîne un peu sur le lit, voit son lourd bagage à terre, l’ouvre difficilement, en extrait une petite trousse à pharmacie, avise la seringue dont il n’est censé ne prendre qu’une moitié, et se l’injecte entièrement, prix à payer pour l’oubli de la veille. Il regrette bien vite, tant la puissance des sentiments contraires provoque un flot de douleurs en son âme.
On le verra prendre un petit-déjeuner, souriant et gai, charmeur et avenant. Il vomira tout un quart d’heure plus tard. Il maudira au passage son état, puis regardera Berlin par sa fenêtre. Il trouvera de quoi se nourrir dans une petite brasserie, et en avant pour sa journée.
A midi, c’est une femme qu’il verra dans un restaurant. Il passera l’après-midi avec elle, discutant de choses et d’autre. Ce sera sa compagnie pour le soir. il sera particulièrement abrupte au lit avec elle, et elle aura mal plus que de raison. Pour compenser, il mettra toute son ardeur à la satisfaire, et elle ne dormira que peu cette nuit-là.
Deuxième jour. Un aller simple pour Wolfsburg. 1h06 grâce à la Deutsches Bahn, assez pour lui pour draguer un peu. Les jeunes filles sont facilement impressionnées par les immigrés au Japon. En sortant, il fera un peu de randonnée dans les plaines jusqu’à trouver une petite ferme. Là, un sexagénaire lui remettra une immense caisse remplie de tas de petites fioles. Ils discuteront un peu, iront se balader en forêt jusqu’à un bunker dont la seule entrée, une écoutille dans un cratère bien planqué par une masse touffue d’arbre, est scellée par une alarme et quelques chaînes cadenassées, ainsi que des panneaux du gouvernement. Ils feront tout sauter, car ils en possèdent la clé, puisqu’ils ont eux-même posé tout ça, pour y descendre, et se ressourcer dans cet étrange endroit qui n’appartient qu’à eux. Il appellera ensuite un taxi, celui-ci le raccompagnera à Wolfsburg, avec sa caisse, puis il paiera un transporteur privé pour que celui-ci s’occupe de tout rapatrier avec une grande discrétion jusqu’à Seikusu. Ca passera par bateau et par train, de l’argent tournera de main en main, mais il se le permet.
Mauvaise pêche ce soir. Il rentre seul à l’hôtel.
Troisième jour.Il passera sa journée à l’activité la moins amusante du monde : Côtoyer l’administration. Il prétexte un vol de papiers, comme il y a cinq ans, en demandent de nouveaux, prétextant des erreurs sur certains. Grâce aux documents obtenus, il en fait changer d’autres, ailleurs, et ainsi de suite. Un exercice fastidieux et long, mais abordable à celui qui connaît la candeur d’un employé de commune.
Il fera quelque emplettes dans les rues de Berlin., et sortira le soir.
Mauvaise pêche, encore.
Quatrième jour. -Il n’y a toujours que moi qui sait ?
-Oui. A qui veux-tu que je le dise ?La demoiselle avait une troublante ressemblance avec lui. Pourtant, ils n’avaient qu’un ancêtre en commun : Le grand-père de Siegfried, qui était l’arrière-arrière-grand-père de son interlocutrice. Plus de 50 ans les séparaient, mais physiquement, Siegfried paraissait dix ans de moins qu’elle. Elle était une working girl, propre sur elle, haute bourgeoisie allemande, tailleur et cheveux bruns élégamment teints en un châtain pâle, presque blond , une quarantaine assumée mais entretenue.
-Clafoutis pour madame et Strudel pour monsieur.«Merci» répondirent-ils en choeur avant que le serveur ne s’éloigne. Ils se saisissaient ensuite de leur cuillère.
-Donc je vois un adjoint de l’ambassadeur demain et il me dit ce qu’il en est.
-Et ça sent bon ?
-Aucune idée. Le fait qu’ils aient changé de personne à Königsberg peut être bien comme mal.Le strudel était bon. Aussi con que ça puisse paraître, cette friandise viennoise lui manquait au Japon. Il ne l’avait découvert que tardivement, mais l’avait vite adopté.
Le soir, quand il enculera celle qui était sa petite-petite-nièce, lui empoignant les cheveux avec haine, il pensera à Akina, et redoublera ainsi d’effort. Il voudrait que ce soit elle.
Cinquième jour.-Monsieur... Von Königsberg ?
-Da ?
-Par ici.Une heure qu’il attendait, avant que cette jolie secrétaire ne le conduise dans le bureau qu’il attendait. Il connaissait Ivanov, depuis le temps. Un diplomate russe comme un autre, sympathique mais relativement froid, courtois mais abrupt dans ses manières. C’était la septième fois qu’ils se rencontraient.
Il s’asseyait en face de lui. Vladimir Putin au mur, qui le toise.
La conversation se fera en russe.
-Alors, Herr Königsberg... Toujours décidé ?
-La détermination est mon arme.
-Bien, bien. Comme je vous l’ai dit au téléphone, ce n’est plus mon ami Novilov qui s’occupe de la question de Kaliningrad, c’est désormais Vladimir Petrov.
-Connaît-il mon cas ?
-Les dossiers ont probablement été transmis. Il doit avoir jeté un oeil dessus.Le fonctionnaire fouille dans ses papiers, dans un pesant silence. Siegfried n’aime pas le regard du Président sur lui.
-Je vous ai obtenu un rendez-vous pour le 27 septembre.
-... Pardon ? Non, attendez. Je suis venu là pour ça cette semaine. Vous me l’aviez assuré.
-Il n’était pas libre avant.
-Rappelez.
-Désolé, Herr Königsberg.
-Von Königsberg.Le fonctionnaire souriait. Le ton montait.
-Désolé. Je ne peux rien de plus pour vous.Siegfried était dépité. Son téléphone vibre, il le sort. Il vit l’icône d’un mail. Sur sa messagerie professionnelle. Par acquis de conscience, il chargea vite la page.
De - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
À - Siegfried <sieg.sensei.seikusu@gmail.com>
Objet : J-5
[23:45 heure japonaise / 16h45 heure allemande]
J'ai failli jouir. Je m'en serai voulue d'abîmer votre chemisier.
Ne me demandez pas comment j'ai eu votre adresse main, vous avez été très vilain de ne pas me l'avoir laissé.
Ne me laissez pas sans nouvelles, je vous en prie.
Il sourit. Il ne peut que sourire. C’était probablement ce dont il avait besoin. Le rappel qu’il était un Maître, et qu’une soumise l’attendait quelque part. D’accord, plus d’une, mais celle-là en particulier, toute neuve et en attente d’une fessée. Il se ragaillardissait, fronçait les sourcils vers le diplomate.
-Puis-je avoir ses coordonnées ?Le russe se tendait, réfléchissait, puis faisait un bref signe de la main.
-Je ne peux transmettre ça sans son autorisation.
-Je comprends.Il allait sur internet, tapait «Vladimir Petrov Kaliningrad», tombait sur un site officiel, avec un numéro dessus. Il appelait sans attendre, sous les yeux médusés du russe. Il veut lui demander ce qu’il fait, mais Siegfried parle aussitôt, en russe.
-Bonjour mademoiselle, puis-je parler à monsieur Petrov ?... Je comprends. Oui. Vous avez mon numéro ? Oui ? Pouvez-vous lui transmettre en lui disant que le propriétaire de Kaliningrad cherche à le joindre ?... Von Königsberg. Oui... hm ? Non, maintenant. S’il vous plaît, c’est très important. La survie de votre travail est en jeu. Je comprends. Une pause. Siegfried regarde le russe.
-Hm ?... Très bien. Vous lui direz que je serais là, le 9, à 8h. J’attendrais devant son bureau. Ce serait mieux pour nous deux qu’il me reçoive. Bien. Au revoir.Il raccroche, règle quelque chose avec la secrétaire, sort, et une fois réfugié sur un banc, se hâte de répondre au mail, avec la froideur qui le caractérise.
De – Siegfried <sieg.sensei.seikusu@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Re : J-5
[23h59 heure japonaise / 16h59 heure allemande]
Cela aurait été préjudiciable.
J'étais tenté de ne pas te répondre mais tu n'as enfreint aucune règle. Veille à être moins intrusive, ma Scarlett.
Suis-tu bien toutes mes exigences ?
Préfère passer par siegfried.vk@gmail.com, qui est mon mail personnel.
Siegfried.
L'attente tuera le SS. Il sort de son sac en cuir une boîte de petits gâteaux, fébrile. Il se surprend à actualiser plusieurs fois, pour être sûr que le réseau passe bien. Jusqu'à ce que l'icône s'affiche d'elle-même. Il s'empresse d'ouvrir.
Von - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
An - Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
Betreff : Re : Re : J-5
[00:15 heure japonaise / 17h05 heure allemande]
Moins intrusive? Vous êtes à des dizaines de milliers de kilomètres de moi. Je ne vois pas comment je pourrais l'être.
Et bien, j'ai réglé l'affaire avec Kenneth. Enfin, il n'ira pas voir la Police.
A côté du journal j'ai trouvé un nouveau travail. J'essaie de m'amuser.
Mon père me demande des nouvelles de vous. Il pense que vous m'avez largué.
Votre Scarlett.
Kenneth et son père. Parfait. Et un nouveau travail. Quel peut-il être ? Peu importe à Siegfried, il verra ça au retour. Il n'imagine pas un instant qu'elle trémousse son cul pour faire baver des morts de faim.
Pour Kenneth, peut-être devra-t-il en remettre une couche à son retour. Quant au père... Oh, ça l'amuse. Largué ? Il pense qu'ils sont ensemble officiellement, peut-être ?
De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Re : Re : Re : J-5
[00h23 heure japonaise / 17h23 heure allemande]
La distance physique n'a rien à voir. Passons, je suis heureux de te parler.
Je suis fier de toi, ma Scarlett. J'espère que tu ne te tues pas à la tâche. On en reparlera à mon retour.
Dis-lui que je lui ramène un souvenir d'Europe. J'ai pensé à toi aussi.
Je viens de comprendre : tu te touches avec ma chemise ?...
Ton Maître.
Il se rend compte ensuite qu'il est malsain de trop attendre. Dix minutes après avoir patienté sur ce banc, il prend sur lui d'oublier ça, et de partir en quête des prétendus cadeaux qu'il aurait déjà trouvé. Il n'a pas une idée claire de ce qu'il veut, mais il trouvera. Il trouve toujours.
Et cette petite l'excite, par Wilhelm. Le simple fait de l'imaginer attendre l'heure prévue pour faire ses devoirs, entourée uniquement par sa chemise un peu trop large pour elle, et s'arrêter avant que ça n'aille trop loin, la laissant dans un désarroi certain, qu'elle va chercher à compenser par ses mails...
Il doit occuper son esprit. Ca tombe bien, il n'aura pas de réponse avant la nuit.
Von - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
An - Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
Betreff : Votre chère chemise.
[Le lendemain, 05:00 heure japonaise/le même jour, 22h00 heure allemande]
J'apprécie le travail. Ca rend libre, non? Je veux dire, j'ai de l'argent et plus j'ai d'argent, plus j'ai de chance de quitter mon père.
Vraiment? Qu'est-ce que c'est? Et vous? Avez-vous du beau temps? J'espère que vos affaires se règlent comme vous l'entendez. J'ai commencé à apprendre l'allemand également. C'est une langue...assez compliquée, comme vous.
Je dors toutes les nuits avec votre chemise, depuis votre départ. Oui.
Votre Scarlett.
Il ne s'attendait plus à sa réponse. Etrange. Il fait le calcul du décalage horaire, et s'étonne qu'elle soit éveillée. Il commence alors à répondre, mais est interrompu par son interlocutrice.
-Vous disiez ?
-Pardon ?... Oh, que parfois, l'enseignement est plus gratifiant. Mais moins rémunérateur. Enfin, au Japon, c'est différent... Attendez, laissez-moi quelques secondes pour répondre à un message important. De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Ma chère soumise
[05h11 heure japonaise / 22h11 heure allemande]
Déjà debout ?
Le travail peut ne délivrer qu'une illusion de liberté. Prends-y garde.
Je ne te dis rien sur mes cadeaux. Le temps n'est pas exceptionnel. Les affaires non plus.
Je ne t'impose pas de l'apprendre, c'est en effet complexe. Je ne t'en voudrais pas d'abandonner. Mais ça me fait chaud au coeur que tu fasses un tel effort. Tu es merveilleuse.
Veille à ne pas l'abîmer.
Tu as le droit à un orgasme, ce soir, si tu y parviens. Uniquement ce soir.
Ma batterie me lâche, je te reprendrais quand je le pourrais.
Ton Siegfried.
Sa batterie. Il ne l'a pas rechargé depuis ce matin, et trop utilisée. Moche. Comme la demoiselle à laquelle il parle, en fait. Elle ne lui fait plus autant envie que quand il est entré.
-Pardon. Tenez-vous à monter dans ma chambre ?Oui, il tente le coup quand même. Elle semble surprise, sourit avec gêne, balbutie quelques approximations orales, puis accepte, presque à reculons. Ils seront déjà en train de s'embrasser quand son téléphone vibre dans sa poche. Il abandonne immédiatement le baiser entrepris pour lire, et tenter de répondre avec les 2% de batterie qui lui restent.
Von - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
An - Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
Betreff : Mon vilain maître.
[05:20 heure japonaise/22h20 heure allemande]]
Qui refuse de me donner un seul indice sur ses trouvailles. Je suis déjà débout parce que, comme je vous l'ai dit, je travaille.
Complexe et j'ai oublié de rajouter : très peu glamour. Heureuse que ca vous fasse chaud au coeur, mais avez-vous seulement un coeur?
Je suis très soigneuse avec vos affaires, après tout j'en fais partie. Quant à l'orgasme, je verrai ce soir, en rentrant.
Est-ce que je vous manque, Mein Herr?
Votre dévouée Scarlett.
De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Re : Mon vilain Maître
[05h22 heure japonaise/22h22 heure allemande]
Autant que je te manque.
1% de batterie. Il abandonne le téléphone sur la table de nuit, et jette la fille sur le lit. Une nouvelle fois, c'est à Scarlett qu'il pensera, bien que cette conquête-ci n'ait pas fait l'effort d'être blonde.
Il se réveille en pleine nuit. Il est attaché à une chaise médicale, avec les épaisses sangles. Il se débat, mais rien n'y fait, il ne peut se détacher.
Un chauve en longue blouse blanche stricte s'approche, traînant une tablette en métal rouillée sur les coins, avec des roulettes grinçantes et plusieurs étages de plateaux branlants.
-Qu'est ce que vous faites !?
-Nous allons continuez nos tests, Hauptsturmführer.
-Quoi !? Non, attendez, c'est fini, ça !
-Fini ? J'ai commencé il y a seulement un mois !
-Non ! Vous... J'ai vécu ! C'était il y a... 70 ans, quelque chose comme ça !
-70 ans ? Vous rêvez ! Nous sommes en 1942. Le Reich a besoin de vous.
-1942 ?... Non, arrêtez, il y a un problème. Arrêtez, Donnerwetter, me piquez pas avec ça ! J'ai vécu ! Je suis professeur ! J'ai survécu à la guerre !
-Vous avez rêvé, Anton. Complètement rêvé.
-JE M'APPELLE SIEGFRIED !
-Oui, c'est vrai qu'on vous a donné ce nom. Reposez-vous, le Reich a encore besoin de vous.
-JE NE SUIS PLUS DANS L’ARMÉE DU REICH !!! LE REICH EST MORT !!!Il s'agite dans tous les sens et ses entraves ne veulent pas lâcher. Il entend le docteur répéter une troisième fois sa maudite phrase. Il veut disparaître. Il sent la violente douleur d'une piqûre au bras, puis une deuxième, une troisième, il est martelé par les aiguilles.
Réveillé en sursaut. Il regarde autour de lui. La fille de la veille est là. Il est crevé. Il n'a pas pris son injection. Il doit attendre demain, ou il ne dormira pas de la nuit. Où est son téléphone ?... Il titube jusqu'à le saisir, puis le branche, et attend, penché, nauséeux, que celui-ci se rallume. Il règle l'alarme sur 6h, va grignoter un biscuit, répond au mail...
De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Ma pas si vilaine esclave
[10h24 heure japonaise/03h24 heure allemande]
Travailles-tu autant que ça ? N'oublie pas que tu devras avoir du temps pour moi.
Doutes-tu que j'ai un coeur ? Tu m'attristes.
Je dois aller dormir. Mauvaise journée. Fatigue. Tes mails me font du bien au moral.
Merci, ma Scarlett. À demain.
Ton Maître.
… Et s'endort comme une masse.
Sixième jour.Le lendemain, rien dans ses mails. C'est la première chose qu'il a regardé. Il se sidère, et promet de changer cet état de fait. Il se pique difficilement, attend que ça fasse effet, et sort faire un footing dans les rues de Berlin. Au retour, peu importe le soleil à peine levant, il réveille la nana et lui demande de partir. Il lui fera l'amour une nouvelle fois. Par pure luxure. Puis range sa chambre, et sort, comme à son habitude. Il doit voir du pays et du monde pour ne pas dépérir.
C'est peu après le petit-dej dans un café huppé près de l'Alexanderplatz, un endroit où il se rendait souvent dans les années 40, qu'il recevait un mail.
Von - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
An - Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
Betreff : Il faut prendre soin de vous.
[17:06 heure japonaise / 10h06 heure allemande]
Je travaille juste ce qu'il faut. Le rédac' chef est un peu exigent ces temps-ci, mais j'ai la possibilité de décrocher un contrat avec une chaîne nationale pour...ahm présenter la météo. Je dois encore passer plein d'entrevues et de...casting. Le salaire est évidemment bien plus conséquent. Et puis, mon nouveau travail a de drôle d'horaires.
Pour vous, je ferai en sorte que les journées passent de 24 à 48h.
C'est que, je connais si peu de choses de vous. Avez-vous de la famille en Allemagne?
J'espère que vous avez trouvé un sommeil agréable et réparateur. Je n'aime pas vous savoir dans ces états d'âme. Regardez en pièce jointe, je vous ai fait un petit cadeau.
Je serai toujours là pour vous.
Votre Scarlett.
[Dateianhang : http://media-cache-ec0.pinimg.com/736x/cd/27/ac/cd27ac8a22a2483d84e1309a77e9993e.jpg ]
Image aussitôt ouverte. Enregistrée. Elle figurait ainsi en aperçu de sa « galerie de photo », en lieu et place de la dernière photo prise. Il la regardait trois fois de suite, puis fermait le téléphone. Elle n'aura pas de réponse.
Pourquoi, se demande-t-il alors qu'il marche devant les vitrines de plusieurs grands magasins ? Pourquoi la laisser dans l'attente ? « Je serai toujours là pour vous ». N'est-ce pas ce dont il a besoin ? Chaque fois qu'il retourne en Allemagne et multiplie les affaires importantes, il est submergé par la haine et le dégoût du monde. Ne devrait-il pas tout abandonner et s'en remettre à quelqu'un qui pourrait le faire se sentir un peu plus aimé ? Peut-être que les sentiments d'Akina sont biaisés par ce qu'elle pense de lui, par l'emprise qu'il a exercé sur lui... Mais au moins, elle a l'air d'y croire sincèrement.
Il maintient. Il ne répondra pas avant le soir.
L'après-midi, il reverra sa petite-petite-nièce. Celle-ci essaie d'être visiblement affectueuse, mais Siegfried est ailleurs. Elle fini par s'énerver. Il tente de la calmer. Au final, il n'a pas envie de dormir avec elle ce soir. Il a envie d'être un peu seul, loin du monde.
Il profitera qu'elle se rende aux toilettes, après qu'ils aient flirté dans un magasin de vêtements, pour répondre à sa nouvelle chose.
De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Je veux revoir ma Germanie...
[00h13 heure japonaise / 17h13 heure allemande]
Prend garde à toi, s'il te plaît.
J'ai de la famille en Allemagne, en Pologne... et en Russie. Non, personne n'est russe dans ma famille.
J'ai mal dormi, me suis mal réveillé, et la journée était encore mauvaise. Mais ta photo m'a au moins mis un peu de baume au coeur.
Tu es tellement belle. J'ai de la chance.
J'ai hâte de revenir.
Ton Propriétaire.
Puis il hésitera longuement. Tiraillé par son ennui des gens, lassé de tenter de paraître, il enverra paître sa pair pour rentrer à l'hôtel, et après s'être presque endormi devant la télé, revoir la photo de Scarlett sera un déclencheur de son stupre. Il a envie qu'elle réponde, ce qu'elle ne fait pas. Il se masturbera, et ira manger dehors ensuite.
Von - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
An - Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
Betreff : Et les Etats-Unis?
[03:30 heure japonaise / 20h30 heure allemande]
Je suis une grande fille. Je prends soin de moi autant que de votre chemise.
Vous me présenterez à eux un jour? Après tout, vous connaissez mon père, vous. Il se ferait un plaisir de vous faire visiter le Texas. Vous savez l'endroit où il a attrapé son mauvais accent.
Mauvaise? A cause de quoi? Vous m'inquiétez. Vivement votre retour.
Merci pour le compliment. C'est une nouvelle couleur de cheveux, vous aimez bien?
Votre...euh....chose?
La réponse arrive tandis qu'il mangeait son dessert. Le téléphone sur la table était fébrile, n'attendait que ça. Il saute dessus. S'il aime sa couleur de cheveux ? Bien sûr. S'il veut aller en Amérique ? Hors de question. Les noms d'anciens criminels de guerre font sonner les portiques, encore aujourd'hui.
Il se dépêche de répondre, sans savoir ce qu'il doit dire. Il se sent comme un gosse, bien qu'il garde sa froideur à l'écrit. Elle parle de sa famille. Les Von Königsberg ? À part celle qu'il saute, personne n'est au courant de sa survie. Il leur a déjà parlé néanmoins, sans jamais dire la vérité. Après tout, il passe son temps à mentir. Son existence même est un mensonge.
De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Non.
[03h41 heure japonaise / 20h41 heure allemande]
Je ne sais pas si j'ai bien envie d'y aller. Je ne sais même pas si mon passeport me permet d'y entrer. Je te raconterai tout.
Mauvaise. Il arrive que les choses ne se passent pas comme je me bats pour.
Ma famille ne te connaît pas. J'aurais du mal à te la présenter.
Fais ce que tu veux avec ton corps. Tu restes belle.
Ma chose, oui. Ma soumise, mon esclave.
Ma chienne.
Tu ne m'as pas parlé de ton moment de plaisir quotidien. Je pensais que ce serait fait, vu la récompense. Je suis déçu.
Ton Maître.
Récupérer le domaine volé par les soviétiques... Il a souvent l'impression de se battre contre des moulins. Aujourd'hui, il n'a pas supporté celle qui était l'héritière officielle du domaine, celle qui est sa garantie qu'il puisse à nouveau asseoir son emprise sur ce qui lui revient de droit. Comment pourrait-il faire sans elle ? Et il a dû rappeler l'officiel russe, qui n'a pas daigné répondre une nouvelle fois.
Mais écrire ces mots, rabaisser Akina, savoir qu'elle s'intéresse à lui, savoir qu'elle l'attend, qu'elle essaie de comprendre comment il fonctionne dans ses vices, qu'elle semble souffrir de son absence mais tente de rester heureuse, tout le rend un peu plus... joyeux ? Quelque chose comme ça. En tout cas, penché sur sa coupe glacée, il sourit. Elle répond très vite. Bonne nouvelle.
Von - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
An - Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
Betreff : Vous redevenez un vilaine personne.
[03:44 heure japonaise / 20h44 heure allemande]
Je ne vous laisserai pas le choix. Ni le choix à votre envie ou à la police des frontières.
Quelles sont ces choses?
Et bien, raison de plus pour me la faire rencontrer : Qu'elle me connaisse? Elle me dirait peut-être plus de choses sur vous que vous ne le faîtes vous-même.
Je vous adore, mais quand vous m'appelez chienne c'est....vous pensez à moi comment quand vous m'appelez ainsi? Aucun garçon ne m'avait encore dit ça.
Non parce que c'est assez gênant. Je me suis masturbée après 23:30 comme vous me l'avez dit. J'ai regardé la vidéo, je me suis rappelée. Ça été très....rapide.
Je n'aime pas vous décevoir, vous le savez bien, Mein Herr.
Votre petite amie.
C'était parfait. Du début jusqu'à la quasi-fin. Oh, si seulement elle n'avait pas ainsi signé... Sa petite amie ? Pour qui se prenait-elle ? Il se braque immédiatement. Son visage est secoué d'un tas de micro-expressions.
Il remarque au passage la faute de frappe qu'il a faite dans son précédent message. Hmf. Il voulait dire que sa propre famille ne le connaissait pas LUI, et non elle.
Il verrouille. Oublie le café. Paie. Va se balader dans les rues de Berlin, encore une fois.
Il répondra à l'hôtel.
De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Toi
[04h31 heure japonaise / 21h31 heure allemande]
Pardon, je voulais dire qu'elle ne ME connaît pas.
Oui, je pense à toi. Tu es ma chienne. J'aime le penser. Je sais tu aimes, ou aimeras te considérer comme telle.
Tu n'es pas ma petite amie. Tu n'es encore que ma chienne, justement. J'en suis désolé.
Ton Maître.
Non, il n'en est pas désolé. Il cherche juste à la ménager. Doit-il avoir des remords à aimer les soumettre ?... Elle est tellement présomptueuse.
Il fera donc court, et sec. Espérant que ça la décourage, mais qu'elle ne le prenne pas trop mal néanmoins.
Von - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
An - Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
Betreff : Ai-je dépasse les limites?
[04:35 heure japonaise / 21h35 heure allemande]
Je peux encore vous tenir tête, même si....je suis votre animal.
Je ne sais pas si j'aime, c'est tellement étrange. Vous êtes tellement intriguant.
Quelle différence entre votre petite amie et votre chienne?
Vous avez une femme qui vous attendait en Allemagne?
Votre Scarlett.
Tsss... Quelles différences ? Si le nom n'est pas le même, c'est qu'il existe des subtilités. Simple : Une chienne ne se présente pas à ses amis. Elle commence à l'énerver. Il se contient. Pourquoi est-ce qu'elle n'a pas su rester à sa place ? Il se prépare pour la douche, avant de répondre.
De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Les limites sont floues
[04h42 heure japonaise / 21h42 heure allemande]
Tu ne peux me tenir tête que parce que je le tolère.
Ma petite amie me tient la main dans la rue et me dit quelle m'aime. Ma chienne éprouve ma passion et mes envies sans forcément être plus que ça.
Je n'ai pas de femme, ni en Allemagne ni ailleurs.
Ton Maître.
Une douche rapide. Il remarquera en revenant qu'elle a pris presque vingt minutes à répondre. Peut-être souffre-t-elle de ce qu'il dit, même s'il n'en laisse rien paraître. Un léger sentiment de culpabilité caresse sa morale. Il serre les dents.
Von - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
An - Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
Betreff : Ma volonté est claire.
[05:00 heure japonaise / 22h00 heure allemande]
Peut-être, Mein Herr.
L'une ne peut pas être l'autre? Une femme qui vous aime ne peut pas être votre chienne?
Et quelles sont vos envies? Votre passion?
Etes-vous gay?
Votre mi-femme, mi-chienne.
Elle l'amuse. Elle a encore des choses à apprendre. Il prend sur lui.
De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : La mienne est à clarifier
[05h05 heure japonaise / 22h05 heure allemande]
Si, c'est possible. Mais ce n'est pas le cas.
Mon envie actuelle est de faire de toi une parfaite petite pute soumise à mes désirs.
Je ne suis pas gay, ou alors tu es très féminine pour un garçon.
Ton Maître, pleinement.
La signature finale rappelle ses convictions. Elle n'est pas sa femme, uniquement sa chienne. Si elle aspire à plus, elle va devoir travailler, car on obtient tout à la force du poignet.
Il attendra une éternité, téléphone entre les mains. Rien ne viendra. Il s'endormira sur une programme télé idiot.
Septième jour.Il n'aura pas de mail aujourd'hui. Ca le mettra dans une humeur passablement merdique.
Plus le temps passe et moins il supportera l'absence de message. Le soir, il sera tenté d'en envoyer un pour vérifier qu'il n'y a pas une simple confusion, mais il ne le fera pas – un maître ne se rabaisse pas à ça.
Huitième jour.Il s'est bagarré avec un type dans la rue.
Rien à voir avec Akina. Bon, peut-être qu'il n'aurait pas été si agressif, mais sans doute y aurait-il eu friction de toute façon.
Il a fini au poste. Ca faisait longtemps... Il faut croire que la police allemande est plus efficace que la japonaise.
Pas de mail. Pas même quand on lui rendra son téléphone quand il sortira. Il n'a qu'un SMS de sa parente, lui disant qu'elle veut le voir ce soir. Il accepte.
Il doit se purger de ses passions.
Neuvième jour.Von - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
An - Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
Betreff : Vous êtes très clair.
[17:30 heure japonaise / 10h30 heure allemande]
Navrée pour le délai de réponse. J'ai eu quelques soucis. Et je n'ai pas dormi depuis 12h.
Je veux commencer mon apprentissage. Vite. Je n'en peux plus d'attendre. Je vous veux.
Comment se passe la fin de votre séjour? Mieux, j'espère.
Votre Scarlett, qui vous adore.
Il n'arrive pas à lui en vouloir. Il est trop heureux d'avoir de ses nouvelles, et même, inquiet de ses « soucis ». Surtout pour qu'elle ne puisse pas le contacter du tout...
Il hésite. Doit-il être sec, tranchant, annoncer une punition ?... Non. Rien de tout cela n'est de sa faute. Himmel, il se sidère d'être ainsi devenu guimauve. Mais il ne peut pas la brusquer : C'est à ce moment-là de son apprentissage qu'elle risque le plus de partir. Elle est encore accro, il faut la garder près de soi.
Il choisira l'autre technique : La faire attendre. Rien qu'un peu. Il s'impose de temps de silence, qu'il rentabilisera en allant à l'aéroport de Berlin pour y faire la queue. De nouveau dans les rues, billets en main, il se prendra une crêpe quelque part, puis trouvera un banc pour répondre sans hâte.
De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Je serais triste d'être si clair
19h04
Repose toi. Tu me raconteras ça.
Hâte ?... j'en suis heureux. J'ai tellement hâte de t'avoir entre mes mains aussi.
Commence demain matin. Je t'impose un orgasme sur ton lieu de travail. Quel qu'il soit, tu te réfugieras où tu pourras pour le faire.
Je fais un détour par la Russie avant de revenir. J'ai hâte.
Humour allemand encore.
Je suis rassuré d'avoir de nouveau de tes nouvelles. Je t'embrasse.
Ton Maître, que tu excites.
Le temps d'une dernière balade près de l'ancien QG du Sicherheitsdienst, et il prendra les transports en commun. Il y avait, dans le quartier de Spandauer Vorstadt, un parc où chaque arbre portait un message dédié aux soldats de la seconde guerre mondiale. Ce parc n'avait jamais été vandalisé d'aucune sorte. Siegfried avait déjà rencontré son responsable, et avait fait une donation, de quoi avoir un arbre à son nom.
Le type le conduisait jusqu'au tronc qui lui appartenait. Siegfried s'accroupit devant, lisant la petite plaque qu'il avait dicté dans le mail.
« À ceux qui sont morts pour leur patrie, bienheureux soient-ils de ne pas avoir survécu. Freiherr S. von Königsberg. »-Je me dois de vous demander, monsieur... Qui signifie la deuxième phrase ?Siegfried répond en sortant son téléphone.
-Ils n'ont pas eu à porter le poids des morts qu'ils laissaient derrière eux.Von - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
An - Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
[19:34 heure japonaise /
Betreff : La Russie et pas les Etats-Unis.
Seriez-vous acquis à la cause rouge, Mein Herr? Je vais mettre cela sur le compte que vous avez de la famille là-bas.
Humour américain.
Pardon? Sur mon lieu de travail, mais...soit. M'imposez-vous de penser à vous pendant cet exercice périlleux? Ou puis-je par exemple, songer à un autre homme?
Et moi d'avoir des vôtres. Ne me laissez plus jamais seule. Ou je serai obligée de me montrer intrusive. Allemagne, Russie, Pologne, je saurais vous retrouver Herr Von Königsberg.
Votre Scarlett à qui vous manquez terriblement.
Oui, tu me manques terriblement aussi, Scarlett, mais d'une autre façon...
Il regarde la plaque, puis le responsable, range son téléphone.
-Je peux ?
-Quoi donc ?De sa main, il creuse un peu de la terre assez peu compacte, faisant un trou de la taille d'une pomme, et cherche dans sa poche ses deux trouvailles : Un cheveux clair, trouvé sur l'un de ses costumes, et quelques feuilles d'un gingko croisé il y a deux jours sur la Niederkirchnerstraße . Il rebouche, et se redresse, essuyant sa main sale.
-Merci.Il relira le mail avant d'y répondre. Penser à un autre homme ? Il sait pertinemment qu'elle dit ça pour l'énerver. Il s'assied, reste calme. Helena va bientôt arriver.
De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Russland oder Deutschland ?
[19h47 heure japonaise / 12h47 heure allemande]
Puisque tu as trouvé mon nom, tu peux maintenant deviner où je vais en Russie.
Intrusive, va.
Penser à un autre ? Intéressant cette marque de défi. Tu fais ce que tu veux. Je tiens à te rappeller au passage que si tu n'es plus satisfaite de ta situation avec moi, tu peux toujours partir.
Ton Maître.
Von - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
An - Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
Betreff : Germany.
[20:15 heure japonaise / 13h05 heure allemande]
Vous me provoquez, on ne provoque pas une journaliste en herbe Mein Herr. Ca l'incite à fouiner. J'espère que vous n'avez pas de secret.
C'est uniquement pour vous fâcher et savoir si vous me désirez vraiment. Les vrais désirs, sont exclusifs non? Corps et esprits.
Je ne supporterai pas qu'une autre femme vous touche ou....pense à vous ou...que vous pensiez à elle.
Ca vous donne une idée d'à quel point je ne partirai pas?
Votre poupée.
On y est. La
fidélité.
Siegfried était dans un restaurant. L'un des meilleurs de la capitale, histoire de fêter sa dernière journée ici.
Peut-il seulement lui concéder ?... Cela voudrait dire refuser toute autre femme pendant qu'ils sont ensemble. C'est surréaliste à ce stade de son apprentissage. Elle veut vraiment faire de lui son mec, et ça lui déplaît assez. Il regarde Helena, en face de lui.
De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Si seulement...
20h21 heure japonaise / 13h21 heure allemande
Tu veux être exclusive ? Je ne demande que ça. Il faudra que tu sois... absolument remarquable pour remplacer les centaines que je côtoie chaque semaine. Tu devras te surpasser.
Siegfried von Königsberg. Tu es le jouet d'un baron. Comment est-ce ?
Ton seul et unique.
-Tu fais quoi avec ton téléphone ?
-Rien.
-Tu peux le lâcher un peu ?
-J'ai toujours mon téléphone en main. Je fais toujours plein de trucs avec.
-Pas quand tu es avec moi.
-Ecoute, Helena. On règle ça demain, et je me tire. J'ai pas envie de m'engueuler avec toi avant de partir.Un regard sur l'heure. Lourd silence.
-On dort ensemble ce soir ?
-Non.Douche froide.
-Pourquoi, Sieg ?
-Je ne peux pas.
-Tu vois quelqu'un d'autre ?
-Non, je dors seul. J'ai envie de dormir seul.
-Et dans ton pays de dégénéré, tu vois quelqu'un d'autre ?Il se lève, laisse un billet conséquent pour payer l'addition, et sort en vitesse.
-Laisse tomber. J'y irai seul.Von - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
An - Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
Betreff : Et pourquoi pas des milliers?
[20:43 heure japonaise /
Oui, je veux l'être. Je ne vous laisserai pas le choix que de l'être.
Un baron? Je savais que votre famille était vieille mais de là perpétuer un héritage nobiliaire?
C'est franchement excitant. Je suis pour l'égalité entre les ordres. Je comprends pourquoi on appelle ce continent la Vieille Europe maintenant!
J'espère que vous ne cassez pas vos jouets.
Votre insolente yankee. Et roturière de surcroît.
Il espérait beaucoup d'Akina. Peut-être serait-elle à la hauteur de ses attentes. Cette pensée le fit sourire. De toute façon, il n'avait pas d'autre choix que de la dresser au mieux. Les sacrifices ne seront pas vains.
De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Je sais me restreindre
[20h57 heure japonaise / 13h57 heure allemande]
Penses-tu pouvoir m'imposer quoi que ce soit ? Tu as encore des choses à apprendre.
Cherche Henri 1er de Germanie. Ma baronnie date de cette période.
Baron se dit en allemand Freiherr. Cela signifie "homme libre" ou "seigneur libre" littéralement.
Je ne les brise que par choix.
Ton Seigneur.
Elle ne répond pas tout de suite. Il choisit de rentrer à son hôtel pour faire ses valises.
Von - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
An - Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
Betreff : Hors d'atteinte.
[21:28 heure japonaise / 14h28 heure allemande]
De là où vous êtes, vous ne pouvez rien me faire Mein Freiherr. Alors, permettez-moi de profiter de cette opportunité. Vous me faîtes perdre mes moyens quand vous êtes face à moi. Votre beauté, votre inteligence, votre autorité sont autant de facteurs qui m'attirent et je suis totalement désarmée face à eux. Mais devant mon écran, je peux enfin me permettre l'insolence de vouloir plus de vous.
Votre baronnie? Vous n'y vivez pas?
Merci pour la leçon.
Alors brisez-moi, ca me ferait littéralement jouir. (Ça vous plaît quand je parle ainsi?)
Votre servante.
Bon sang. Elle aurait terminé avec un mot plus cru et ce message aurait été parfait. En tout cas, le SS s'en trouve fasciné. Il lâche le pantalon qu'il était en train de plier pour le relire, les deux mains enfermées sur le téléphone.
Akina...
Il verrouille le téléphone. Il a sa valise à faire, il ne doit pas être distrait.
De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Re : Hors d'atteinte
[21h50 heure japonaise / 14h50 heure allemande]
Je tolère. Mais prend garde.
Je n'y vis pas. Elle n'est plus allemande. Je n'ai que peu de droits dessus.
Oui. J'aime quand tu parles ainsi. Je veux que me parles ainsi. Franche, libre.
Je dois te laisser, je te reprends demain matin. J'attends ton compte-rendu pour la mission donnée.
Ton Maître.
Il file. Il a un avion à prendre. Le mail reçu sera lu avant l'embarquement.
Von - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
An - Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
Betreff : Re : Re : Hors d'atteindre.
[22:10 heure japonaise / 15h10 heure allemande]
Ne tolérez pas justement, Mein Herr. Je suis insouciante, c'est le fardeau de la jeunesse. Jamais je ne prendrai garde.
Cela ne vous fâche pas de ne pas y vivre?
Pour le compte-rendu : combiende pages ou de mots, Professeur? J'apprécierai avoir une excellente note.
Freifrau Scarlett, Première du nom!
Et dernière du nom.
Par les airs, il n'y avait qu'une heure entre Berlin et Kaliningrad. Dire que ça appartenait à l'Allemagne autrefois...
À l'atterrissage, même cirque que la dernière fois.
-Monsieur, je vais vous demander de vous mettre sur le côté.
-Encore !? Pourquoi ?
-Votre nom est sur nos listes d'interdiction du territoire.
-Evidemment, vous avez expulsé les prussiens du territoire qui leur appartenait !Un flic arrive pour prendre Siegfried par le bras, un autre veut récupérer sa lourde valise.
-Attendez, j'ai rendez-vous avec Monsieur Petrov, Vladimir Petrov ! Appelez-le, bon Dieu ! Petite salle, genre garde à vue. Il y est resté une bonne heure. On l'a privé de toutes ses affaires, il est en costume débraillé, assis sur une chaise métallique.
Un flic arrive enfin et lui tend son passeport.
-Nous avons appelé monsieur Petrov.
-C'est comme ça qu'il refuse de me recevoir ? En m'empêchant d'entrer sur le territoire ?Le flic s'écarte, et un jeune type en costard, à peine la vingtaine, entre à sa place et s'assied face à Siegfried.
-Vous vouliez me parler, vous avez cinq minutes.
-Je... Cela prendra plus que cinq minutes...
-Non. Vous voulez vos droits sur une baronnie qui n'existe plus.
-Il ne tient qu'à vous de me la laisser pour qu'elle existe.
-Ecoutez, j'ai bien tout étudié, mais personne n'a d'intérêt à laisser tomber Kaliningrad. Le président Putin est intéressé par la localisation de cet endroit, vous comprenez ? Surtout en ces temps de tension avec l'Europe...
-J'ai donné mon prix.
-Oui. Et ce n'est pas assez.
-Pas assez ? C'est plus de fortune que la plupart des hommes en auront jamais ! Et encore, ce n'est qu'une estimation... C'est presque le prix du mètre carré à Tokyo que je vous propose, pour une région entière !
-Il va falloir trouver plus.
-Plus d'argent !?
-Non. Plus. Autre chose. Ecoutez, baron, je serais ravi de tout faire pour vous, d'autant plus si vous me dédommagez de la perte de mon emploi, mais il faudra trouver quelque chose qui intéresse mes supérieurs.
-Je... Ecoutez, laissez-moi entrer à Königsberg au moins.
-Kaliningrad.
-... Pardon. Kaliningrad. Laissez-moi y entrer. Je veux voir mes ancêtres. Ca fait des mois que je n'ai pas pu entrer ici.
-C'est compliqué.
-Je ne causerai pas de trouble. Je serai parti demain, je vous le promet.
-Ca reste compliqué.Siegfried soupire, puis murmure.
-J'ai 2000 euros dans ma valise.Dernier jour.De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Retour
[17h48 heure japonaise / 11h48 heure de Kaliningrad]
Je saurais être intolérant face à toi, ne t'en fais pas.
Si, j'aimerais vivre à Königsberg, mais ça m'est interdit.
Autant que tu voudras, ma belle Scarlett. Je ne serais pas tendre sur le barème.
Je suis dans l'avion.
Baron Von Königsberg.
Von - Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
An - Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
Betreff : Enfin!
18:00 heure japonaise / 12h00 heure de Kaliningrad
Interdit pourquoi? Attendez-vous à être mitraillé de questions à votre retour.
Je veux bien vous aider à y vivre,si c'est la seule chose qui vous tient à coeur. Avec l'histoire de Jack, je vous suis redevable n'oubliez pas et je ne compte pas payer avec mon cul.
Pour la mission. Vous m'avez obligée à interrompre le spectacle pour aller aux vestiaires. J'ai failli être prise sur le fait deux fois. Alors j'ai pris le parti d'aller dans une cabine de douche, d'allumer l'eau chaude et de m'achever. Cela vous va-t-il?
Alors éteignez votre ordinateur!
Juste Miss Walker.
De – Siegfried <siegfried.vk@gmail.com>
À – Akina S. Walker <aswalker@live.jp>
Objet : Re : Enfin !
18h27 heure japonaise / 12h27 heure de Kaliningrad
Je veux que tu me racontes tout dans les moindres détails de toute façon. Tu auras l'occasion de parler.
Mais c'est parfait.
Tu sauras que les compagnies aériennes proposent désormais le wifi dans leurs avions.
Mais je suppose qu'il vaut mieux que je me repose.
Il atterrit normalement à Seikusu à 02h11. Je te verrais demain, quand tu auras le temps.
Siegfried.
Il n'a pas le coeur à rajouter le "baron" cette fois-ci.
Une grande lassitude l'envahit. Tout ça pour rien.