Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Sturm und Drang

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Sturm und Drang

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SSiegfried

Humain(e)

Sturm und Drang

dimanche 03 août 2014, 21:57:28

Citer
[Notice : Le mouvement Sturm und Drang, né au XVIIIème siècle, est la critique des romantiques allemands à la période des Lumières, appelées Aufklärung. Si les Lumières allemandes théorisaient la raison et le savoir comme fin de l'homme, le SuD avance plutôt une supériorité des passions, des sentiments et des instincts réfléchis sur tout le reste. Là où Nietzsche explique que l'homme supérieur est celui qui s'est débarrassé de ses passions, Goethe avance plutôt que l'homme supérieur est celui qui s'accomplit dans l'exaltation.

L'âme allemande en restera définitivement marquée : Jusqu'aux années 40, l'allemand sera cette créature rigide, éprise de poésie, de littérature et de philosophie, mais profondément réaliste et terre-à-terre malgré tout.]


La campagne de Russie évoque à bien des oreilles néophytes l'hiver mordant, tenace, glacial ; une dame cruelle qui abat son manteau de nacre en un claquement de doigt, au moment même où les allemands s'y attendaient le moins, pour geler les chenilles de leurs chars, enrayer leur logistique et briser leur moral.

Mais Siegfried suait. Il s'était astreint au bel uniforme, parce que du beau monde était censé passer, et même si toute l'unité sortait d'un combat, il ne pouvait pas se présenter dans le treillis d'officier tâché de boue et de sang utilisé la veille. Le soleil était à son zénith, et tapait sévèrement. L'air était humide et assez irrespirable.

Contemplation. Il n'avait que ça à faire, de toute façon. Sous ses pieds s'étendait une plaine dévastée. Au milieu de centaines de cadavres, humains et métalliques, des campements de fortune étaient dressés. Derrière lui, un peu plus d'une vingtaine de chars quasiment intacts étaient nettoyés et inspectés, respectivement par des punis et des sapeurs. Perché sur ce petit monticule, il avait pleine vue jusqu'aux renflements désordonnés des collines éloignés, derrière lesquels se terraient les rats soviétiques.

Des pas non-loin à sa droite, progressant vers lui, le font se retourner. Son aide de camp, son adjoint personnel, sa béquille de toute circonstances, administratives et militaires, approche. Salut vite-fait, comme il en a l'habitude, parce qu'il est pété à ras bord d'outrecuidance.

-Heil, mein Herr. L'adj...
-Donnez-moi la carte.


Le lieutenant plisse les yeux, puis sort le document de l'intérieur de sa vareuse, la tendant à son commandant. Celui-ci en déplie et replie les pans à plusieurs reprises, cherchant sur ce vaste bout de papier où il se trouvait. De nombreuses annotations brouillaient sa perception du terrain.

-... L'adjoint du général est en chemin. Il devrait atterrir là-bas.

Panntreffe lève l'index vers un plateau un peu en avant, à l'extrême-gauche de Siegfried. Celui-ci considère la chose, avant de faire une petite moue désapprobatrice.

-Pas de meilleur terrain ?
-La DCA soviétique est censée être à l'opposée, et la zone nord est encore tenue par la deuxième SS, c'est probablement l'endroit le plus sûr.


Siegfried vient enfin de trouver Belgorod sur la carte. Il lui suffit de remonter pour saisir le terrain où il se trouve. Ah, voilà : Prokhorovka. Il repère les collines, les chemins, puis remarque un double X tracé au crayon à papier.

-Ca, c'est quoi ?
-Euh ? Oh... Aucune idée. Probablement une... erreur. Peut-être le t...
-Peu importe. Cette carte doit être corrigée. On ne gagne pas avec des cartes fausses. Venez, on va traverser par-là.
-Mein Herr, je me dois de vous informer que j'ai laissé mes bottes de jardinage à la maison.


Siegfried, alors en train de descendre son monticule, s'arrête pour regarder les bottes de combat de Panntreffe maculées de terre séchée, puis redresse sa face vers lui, l'air incrédule.




-Vous devriez savoir quand vous arrêter de plaisanter.
-Désolé, Mein Herr, mais si on commence à établir une hiérarchie dans les moments où l'on peut rire et ceux où l'on ne peut pas, quand les temps les plus durs arrivent, on ne peut plus rire de rien... .


Siegfried essaie de garder une marche droite malgré le terrain relativement impraticable. La pluie est tombée en torrent pendant un court instant, avant de laisser place à un vent puissant qui dispersait des minuscules gouttes sur un champ de bataille déjà trop humide. L'alchimie ayant fait son œuvre, la terre était devenue boue, et les nombreux chars n'ont pas eu de mal à massacrer le sol par de profonds sillons défigurant le paysage. Ajouté à cela les bombes, les grenades et les piétinements de l'infanterie soutenant les chars, et voilà un beau terrain de merde pour y faire sa randonnée.

-Les hommes se plaignent de la défaite ?
-Non. De l'odeur, oui.


Parce que ça puait pas mal, en effet. La plaine, frappée par les rayons solaires en cette après-midi sévère, évacuait toute l'eau et le sang qu'elle avait épongé la veille, ainsi que le fer dispersé en paillettes et copeaux, déjà rouillés par l'atmosphère peu clément, semaillé comme on le ferait de l'avoine et de l'orge en début d'avril, sans oublier d'y passer les bœufs pour aérer la terre, ici remplacés par les allées et venues des chars de combat. Se dégage alors un air lourd, oxygéné par la mort et l'oxyde, par les restes encore fumants de véhicules de guerre, par le pourrissement des cadavres qu'on entasse en tumulus pendant que d'autres creusent les tombes.

-C'est une défaite selon vous, Mein Herr ?
-On verra.
-On verra quoi ?
-La suite donnée à cette opération.


Il faisait toujours chaud, et son uniforme le pesait. Il voudrait arracher la croix de fer qui ceint le col pour se libérer. Il n'a pas dormi, il fait de la fièvre, le soleil l'agresse toujours, l'odeur le dérange, il n'arrive pas à marcher droit, et moralement, bon, c'est pas tip top tendance.

Un avion les survole. Ses ordres viennent d'arriver. Il presse le pas, sans faire attention à ses hommes qui se lèvent sur son chemin pour le saluer.



-C'est pas possible !... Pourquoi !?
-C'est comme ça, Hauptsturmführer.
-... Attendez ! On a quatre divisions SS prêtes à servir, il suffirait d'une poussée au Nord pour prendre en étau la cinquième garde soviétique !
-Ce n'est pas à moi qu'il faut le dire.
-Dites-leur ! Au moins 200 chars sont encore en état de fonctionner !
-C'est une décision du Führer. Vous connaissez le proverbe, Führerworte haben Gesetzeskraft, et c'est le commandant suprême de notre armée, point. Vos réclamations sont à adresser au commandement, pas à moi, je ne suis qu'un messager.


Il remonte dans son avion, et décolle.

-Mein Herr ? Quelles sont les ordres ?
-On se replie sur la sixième ligne. On nous envoie en position de défense. Ils estiment que nos forces ne sont pas suffisantes pour porter une nouvelle attaque.




Chaque officier allemand s'est un moment dit que la guerre était perdue. Certains l'ont fait à Stalingrad, d'autres seulement à la bataille de Berlin.

Pour Siegfried, c'était à ce moment-là.




Comme un animal de Pavlov, Siegfried avait des automatismes mentaux tenaces. Ce n'était pas tant du conditionnement que des traumatismes remontant à la surface. Par exemple, lorsqu'il empruntait une petite ruelle tard le soir, il repensait à son suicide. La neige lui ramenait systématiquement le souvenir de la Russie, que ce soit un paysage rural ou urbain, sous ses yeux défilaient les chars, les soldats, les crevasses apparaissaient et les bâtiments tombaient en ruine. Le baron – et probablement aucun homme – n'était vraiment préparé à ce qu'il a vécu... d'où sa personnalité dérangée d'aujourd'hui, et ce depuis plus de soixante ans, réagissant selon des mécaniques presque irrémédiables, telle la machine de guerre que les instances du Reich voulaient qu'il soit.


Et cette période de chaleur était insoutenable. En période d'examen, il était astreint à un costume impeccable pour bien paraître devant les élèves, et le rythme intensif de correction des copies l'empêchait d'avoir un repos convenable. Il cumulait deux matières au lycée et trois à la fac... Une torture quotidienne. Mais le pire étant son col et sa cravate. Quand, de la main gauche (toujours!) il enfonçait l'index et le majeur entre le tissu raide et son cou pour dégager un peu de la chaleur (geste parfaitement inutile en pratique, notons-le), c'est la déception de Prokhorovka qui revenait dans sa tête. Alors il faisait un instant la gueule, se pinçait les lèvres, se rappelait des cadavres, des chars, de l'avion de l'Oberst, des quatre types qui sont morts coincés dans leur char pendant que leur moteur s'emballait, cuits pochés dans le métal, et de tous les autres qui ont succombé aux obus et aux balles, et peut-être deux - trois de maladies un peu sales à cause de l'eau stagnante. Alors il se disait qu'il fallait qu'il arrête de faire ce geste, râlait, et recommençait dix minutes plus tard.


Le professeur Takagi l'avait arrêté dans un couloir. Après quelques compliments sur un article posté récemment – article que Siegfried avouera avoir écrit il y a cinq ans, mais publié seulement au début de l'année – il lui demande s'il peut l'assister pour son oral de bioéthique.

-Bioéthique ?
-Vous n'avez pas écrit dessus ?
-Si... Il y a quelques temps maintenant. J'ai étudié le droit de la bioéthique avec le professeur Suu-Jin, de Seoul, à l'université d'Osaka, et quelques articles ont suivi... Mais j'ai peur d'être rouillé sur le sujet.
-J'ai besoin de gens sérieux et pédagogue pour mes étudiants. Ce sont des biologistes, ils ne vous connaissent pas, c'est parfait.



Il s'était donc plongé dans presque deux-cent pages sur la bioéthique. Il lui avait fallu deux jours pour raviver les souvenirs, apprendre quelques nouvelles notions, s'être approprié la doctrine du professeur. La semaine d'après, il était prêt.

… théoriquement. Parce qu'en pratique, ça allait être une autre paire de manches.

La chaleur, tout d'abord. L'attente, ensuite. Commencer à 13h (pas le choix avant) est une mauvaise idée, parce que le temps que tout le groupe passe, il était encore dans cette salle de classe à 21h. Ceux qui devaient partir pourraient repasser avec le professeur Takagi un autre jour. Siegfried, lui, ne pouvait pas se défiler.

Jambes engourdis, chaleur, sueur, regret d'avoir choisi de mettre un costume cravate, les deux doigts dans le col qui lui rappellent ses souvenirs, les élèves qui arrivent en ne sachant pas la moitié du cours, et une sensation de manque tenace dans les veines.

-... et c'est en quelques sortes l'argument le plus solide en défaveur de la procréation médicalement assistée.
-Hmm... Et la liberté individuelle ?
-L'éthique n'en est pas tellement une composante, si ? Enfin je veux dire... Le principe est d'abord de savoir ce qu'il est bon de faire ou pas, la volonté de l'individu vient après...
-Vous pensez vraiment ?
-Et bien... Enfin...
-Non, c'est bon, j'arrête de vous torturer. C'était très bien, ne vous en faites pas. Merci, Miss Wadamoto. Il reste quelqu'un ?
-Une dernière, oui.
-Oui, je vois ça sur ma liste... Dites-lui de patienter quelques instants dehors.
-Bien, monsieur. Au revoir, merci beaucoup.


Sourire de rigueur. La porte se referme. Il fait le calcul : Quinze minutes d'oral, cinq à dix minutes pour réorganiser ses affaires et sortir de la fac, quinze minutes pour rentrer chez lui à rythme normal. Il aura son injection dans quarante minutes. Non, il ne tiendra pas le coup. Il faut qu'il la fasse maintenant... et, le temps que ça agisse, autant la faire maintenant.

Il sort alors une petite boîte de métal de l'intérieur de sa veste, genre étui à cigarette, et en sort une minuscule seringue, qu'il cherchera à s'enfoncer dans le poignet, manche retroussée.

La porte s'ouvre.

-DEHORS ! Attendez !

Et se referme. Il soupire. Projette le liquide dans ses veines. Prend une grande inspiration. Il s'agit maintenant de maîtriser les milliers de pulsions qui vont le saisir dans les minutes à venir. Il serre et desserre son poing pour faire circuler le sang et éviter l'engourdissement, avant de tout ranger.

-Entrez !

Il regarde sur son téléphone les sujets qu'il n'a pas fait depuis un bail. C'est son dernier, se dit-il, il peut se faire plaisir... Et boum, l'un d'eux lui saute aux yeux.

-Miss... Walker, c'est ça ? Signez la feuille d'émargement. Votre sujet sera... « Les expérimentations sur humains non-volontaires ». Je vous laisse dix minutes.

Et hop démerde toi avec ça. Il s'appuie ensuite sur son dossier, met deux doigts dans son col, fait une grimace, puis se lève pour aller devant la fenêtre ouverte, et faire les cent pas autour d'elle, pour se dégourdir les jambes.
« Modifié: dimanche 31 août 2014, 20:35:52 par Law »
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.

Akina Walker

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 1 mercredi 06 août 2014, 13:02:11

Le réveil n'avait pas sonné.
Hier encore, elle s'était promis d'en acheter un nouveau.

Alors, son père se chargea de l'éveiller. 
Elle avait trop bu hier ou trop travaillé : un peu des deux sans doute. Sô et elle avaient passé des heures à monter leur dernier reportage entre deux gouttes de saké. Elle était rentrée vers 9h du matin, enjambant le corps inerte du paternel en plein coma éthylique. Elle n'avait pas cru bon d'appeler les secours : la dernière fois, il l'avait battu car elle s'était empressée de faire venir un médecin.

« AKINA ! AKINA ! Bon SANG, il est 16h30 !! Tu te crois à l'hôtel ??!!! BOUGE TON CUL, j'ai pas eu mon petit dej !!! »

Le militaire tambourinait lâchement à la porte dont les gonds menaçaient d'exploser. Il avait fallu, au cours de ces deux dernières années, remplacer quatre ou cinq fois cette maudite porte qu'elle prenait soin de verrouiller à chaque fois. Les rayons du soleil frappaient sa figure éreintée  à travers les stores à demi-clos. Son maquillage avait coulé durant son sommeil, maculant ses joues.

« PUTAIN AKINA ! »

Quelque chose n'allait pas. Lentement, elle se redressa sur son lit, échevelée. Elle fronça les sourcils lorsque ses yeux tombèrent sur une petite note épinglée au chevet.

« Non...non... ! L'examen de bioéthique ! »

Un grand fracas suivit son rappel. Jack venait tout juste de briser le verrou, ouvrant la porte à l'arrachée. Akina sursauta et bondit hors de son lit, terrifiée. En débardeur sombre assorti d''un shorty rouge, elle s'empressa de se plaque dos à un mur – bouffée par l'angoisse.

« Je t'avais...dit...je t'avais dit d'ouvrir cette foutue porte !!! » s'écria-t-il, une bouteille de bière chinoise à la main. Il avait toujours eu du goût pour l'alcool bon marché. Il n'avait même pas pris la peine de boutonner sa chemise et son jeans était souillé d'urine. D'une traite, il progressa vers sa fille. Il abattit son poing levé directement contre son minois stupéfait. Elle aura beau tenter de se protéger à l'aide de ses avant-bras, rien y fait. Le père répéta plusieurs fois son geste, à de nombreux points différents. Il consentit un répit qu'une fois tombée à terre.

« Et prépare-moi ce petit-déjeuner. Tu as cinq minutes. » conclut-il en quittant définitivement la pièce après une bonne rasade de bière.

Recroquevillée dans un coin de sa chambre, Akina se remettait de la douleur et de l'émoi. Il était de moins en moins rare que l'américain se fatigue à battre sa progéniture. Une minute plus tard, elle s'extirpait du sol et agrippa son téléphone portable d'une main tremblante. Elle composa un numéro familier et plaqua le combiné à son oreille  tandis qu'elle constatait avec dégoût sa figure martyrisée dans le miroir de sa coiffeuse. Sa lèvre était affreusement tuméfiée : impossible à maquillé et possédait un sévère œil au beurre noir du même côté.

« Ici la centrale de Police de Seikusu, que se passe-t-il ? »

Une seconde. Deux secondes.

« Allô ? Ici la centrale de Police. Allô ? »

L'étudiante raccrocha. Elle ne pouvait décidément pas se résoudre à balancer son père comme un vulgaire criminel. Malgré son comportement violent, il ne l'avait pas abandonné contrairement à sa mère. Il l'avait toujours protégé et elle en gardait des souvenirs agréables durant son enfance. Elle souhaitait l'aider, pas le voir croupir en prison et demeurer orpheline à jamais. Un jour, Marisol lui avait sèchement expliqué qu'elle lui trouvait des excuses bidons, qu'elle commençait à montrer les signes de la femme battue. Mais Akina niait.





_______________________
Université de Seikusu.
_______________________


Il faisait chaud. L'été caniculaire s'abattait impitoyablement sur le campus de Seikusu. Si bien qu'à 20h, il faisait encore une chaleur étouffante au sein des locaux dont la climatisation était tombée en panne l'année dernière. Le comité de faculté des Sciences n'avait pas encore débloqué les fonds nécessaires à sa réparation.  Ainsi, elle pouvait porter des lunettes de soleil afin de dissimuler la blessure de son oeil sans qu'on ne lui pose trop de question. Le Soleil ne s'était pas encore couché et beaucoup d'étudiants gardaient cet accessoire à l'intérieur des bâtiments pour le « style ». Seule sa lèvre blessée apparaissait à la vue de tous.

Pour l'occasion, elle portait une petite robe fleurie. La plupart de ses camarades avaient opté pour des tenues standards : costumes, robe de cocktail. Les oraux avaient le don de transformer les couloirs de la fac en véritable défilé de mode. Quelques étudiantes l’affublèrent de regards moqueurs avec sa dégaine de fille sage au visage cassé. Toutefois, elle se tenait élégante dans sa simplicité vestimentaire.

Plantée devant les panneaux établissant les ordres de passage de sa promotion, elle fit la moue en apprenant que Takagi ne serait pas de la partie. La bioéthique n'était pas un cours qui la passionnait : elle avait révisé sur le tas hier, alternant son saké et ses relectures. Tout s'emmêlait déjà dans son cerveau brouillé. Son œil l'élançait encore et elle avait du mal à articuler. Pour ne rien arranger, elle était la dernière. Et Dieu seul savait que cette position n'était à l'avantage d'aucun étudiant. Paraître devant un examinateur épuisé par une journée d'interrogations, à entendre les mêmes choses, était en soi un premier pas vers l'échec.

Wadamoto-san l'avertit de son passage imminent, un grand sourire aux lèvres. Elles s'échangèrent quelques mots d'usage où Walker apprit que son homologue avait réussi son examen. Dans son euphorie la japonaise oublia cependant de préciser qu'il fallait patienter avant de se présenter à Monsieur. Monsieur qui ? Quoi ? Akina n'en avait aucune idée, mais décida de franchir la porte tout de même, mue par l'impatience et la curiosité.

-DEHORS ! Attendez !

Un pas en arrière plus tard, la porte se refermait. Elle n'avait pas eu le temps d'apercevoir le fameux remplaçant en la matière.

-Entrez !

Elle déglutit discrètement et pénétra la salle d'examen avec appréhension. Son regard évitait soigneusement celui du professeur qu'elle devina être occidental. Il avait un léger accent, elle ne saurait décerner sa provenance : Russie ? Allemagne ? La belle métisse s'installa à la table désignée et déposa son sac sur cette dernière à la recherche d'affaires nécessaires à la préparation de son contrôle. Elle était navrée de ne pas pouvoir retirer ses lunettes noires et espérait que Siegfried n'y voit pas là une marque d'impolitesse. Dès qu'elle mit la main sur un stylo, elle signa la fameuse feuille d'émargement signalant sa présence ce jour-là et nota sur un bloc de feuilles vierges le sujet qu'on lui avait généreusement octroyé.

« Ahm...non-volontaire ? Je...je ne savais pas que cela existait toujours depuis l'Allemagne nazie... »

Au moins, elle mettait les pieds dans le plat. Figée dans une trop grande naïveté, elle ne comprenait pas l'intérêt de traiter pareille question à une époque ou les expérimentations scientifiques étaient régies par un droit très strict. Ou qu'elle pensait strict.

« Je veux dire... ahm...vous pourriez arrêter de me tourner autour s'il vous plaît ? C'est très désagréable. »

Ses doigts jouaient nerveusement avec son bic.

« Enfin, par non-volontaires on peut entendre des condamnés à mort ou des malades. Entre 1932 ahm et.... » Elle réfléchissait, fouillant sa mémoire. « 1972 , 400 noirs américains atteints de la syphilis ont été sciemment utilisés comme cobaye afin de...comprendre l'évolution de la maladie en l'absence de soin. Peut-on dire qu'ils étaient volontaires, je ne pense pas. »

Elle articulait lourdement, avec difficulté mais se forçait à diriger clairement son exposé. Les pauses étaient nombreuses, laissant filtrer une mimique de souffrance.

« Je veux dire...de nos jours...les phases de l’expérimentation pharmacologique ont été bien établies. Notamment par la communauté européenne – pour vous faire un exemple, Parmi les quatre phases de l'expérimentation clinique sur l'homme : les premières expérimentations d'un produit pharmacologique doivent être effectuées sur des volontaires. Enfin, ceux que l'on rétribue en échange de leur corps sont-ils vraiment volontaires ? S'ils ont des besoins physiologiques primaires peut-être...que justement être cobayes représente l'issue la plus facile pour survivre en gagnant de l'argent. Ainsi ils n'ont pas le choix. Ou celui de finir à la rue sans doute... »

Elle marqua une pause plus longue que les autres pour accorder du répit à sa lèvre tuméfiée qu'elle effleura du bout de doigts, endolorie.
« Modifié: mercredi 06 août 2014, 13:09:20 par Akina Walker »

SSiegfried

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 2 lundi 11 août 2014, 22:15:37

Non, il ne se calmera pas. Il a un feu dans ses veines à calmer, et ne tiendra pas tout de suite compte de la remarque, préférant continuer de marcher en fixant alternativement le sol et le plafond. Pas elle, non, ne la regarde pas bonhomme, tu vas immanquablement... Et si. Il fini par l'observer, par-dessus son épaule, mais il ne cherche pas à voir sa copie, se contentant de regarder sa peau, teintée différemment que celle des locales, ses épaules, son cou, et ses pulsions l'assaillent, affligeantes tant elles sont pathétiques et violentes, car même après 70 années de ce traitement pour le garder dans sa forme prodigieuse, il ne se fera jamais aux effets secondaires de son shoot.

Soudain, une légère tristesse l'envahit. Brutale douche froide qui lui porte les larmes aux yeux, et sa gorge tremble, son buste se creuse, il n'a d'autre choix que de porter index et pouce contre ses paupières pour les frotter, et simuler une fatigue intense. Une inspiration. Ca va passer, ça va passer.

Il n'a plus bougé depuis une bonne minute, ainsi debout, fixe, reprenant son calme. Enfin, elle commence. Il se sent mieux.

Et elle parle donc, et elle parle bien. Pas la moindre trace d'occidentale dans sa voix. Il se sent frustré, parce qu'il comprend qu'elle n'est pas une immigrée comme lui, mais bien une native. Aussi, le lien est vite fait sur ses origines. Une sang impur, produite par l'envahisseur yankee. Tss.

Il finira par se rasseoir en face d'elle à la fin de son exposé, après l'avoir calmement écouté. Celui-ci ayant été dans son dos tout le long, ce n'est que maintenant qu'il se permet de voir sa face, et d'en faire un bref examen. Et un détail le gêne, en effet.

-Je vais vous demander de retirer vos lunettes.

Il saisit ensuite son téléphone pour se remémorer précisément la question posée. Elle n'a pas répond en droit, mais en théorie et en fait. Ce sera ça de moins sur la note finale. Il pince ses lèvres, les humecte, puis lui affiche son plus beau sourire, charmeur qu'il est.

-Le droit de la bioéthique n'est pas votre sujet préféré, je me trompe ?... Hm, pas d'inquiétude, je serais gentil. Il est intéressant de voir que vous citez l'Allemagne nazie ainsi que les expérimentations américaines mais que vous n'abordez pas le Japon et l'unité 731...

De quoi lancer une petite polémique dans ce pays révisionniste à souhait.

-Et surtout que vous deviez remonter jusqu'en 1972 alors même qu'on a régulièrement, aux Etats-Unis, des cas d'abus dans les tests médicaux. L'année dernière encore, une cour d'appel fédérée a interdit des essais cliniques pour non-respect des règles d'éthique...

Elle n'avait pas mentionné les textes régissant la matière, se rappelait-il, il n'allait donc pas aborder cet aspect là. Un nouveau regard sur son téléphone pour consulter ses notes.

-Par contre, quelque chose m'intéresse. Vous avez mentionné le consentement, celui-ci étant parfois difficile à apprécier. Parlez-moi du consentement du patient et de sa liberté.

Vaste sujet de droit. Avant qu'elle ne commence, il lève un index pour la stopper dans son élan.

-Par contre, Miss... (Un regard sur le registre) ... Walker. Avant un oral, on évite le football américain. Bref. Allez-y, je vous écoute.

Il a tout de suite l'air nettement moins sympathique qu'il y a pas plus de trente secondes.
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.

Akina Walker

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 3 mardi 12 août 2014, 13:32:08

C'est à regret qu'elle consent à retirer ses lunettes de soleil. Bientôt se dévoile son œil blessé, allant de paire avec sa lèvre coupée. Elle se sent vulnérable ainsi exposée. Sa main tremblante repousse plus loin les lunettes pour éviter de céder à la tentation de s'en parer. Instinctivement, elle place devant sa paupière marquée plusieurs mèches de cheveux afin d'estomper la blessure à la vue du professeur.

« Ahm, non....pas mon sujet préféré... » souffle-t-elle en omettant totalement verbe et sujet tant elle est obnubilée par le sourire charmeur de son examinateur. Il semblerait qu'elle n'ait pas tardé à lui répondre par un sourire tout aussi charmant, incertaine.

Quant aux remarques suivantes, elle les encaisse avec humilité et désespère de comprendre qu'elle ne réussirait sans doute pas cet examen. Elle avait à peine réviser certes, mais son attention au cours de Mr. Takagi s'avère précaire. Elle en profite généralement pour finir de rédiger des articles. Le droit ne la passionne pas, pour une raison simple qu'elle explique doucement :

« En fait, si je suis amenée à travailler pour les corporations pharmaceutiques ou biologiques et bien, je présume qu'elles auront de quoi engager toute une armée de juristes concernant ces domaines. »

Un brin ironique, mais très polie tout de même. Elle bat des cils lentement sans le quitter des yeux. Voilà qu'il mue son sujet en polémique juridique et médicale. Qu'en sait-elle franchement ? Wadamoto semble désignée à ce propos puisqu'elle suivait un cursus de médecine. Toutefois Akina s'apprête à répondre quand Siegfried l'interrompe . Il a donc remarqué cet horrible oeil au beurre noir au grand damn de la demoiselle. Elle se sent tout à coup enlaidie, et manque de fondre en larmes. Ses doigts pressent le stylo et elle gribouille quelques mots pour structurer sa réponse, la gorge nouée.Dès lors, elle évite tout contact visuel avec le professeur.

« En droit, dans le cas du patient on parle obligatoirement de consentement éclairé. Ce qui engage le libre arbitre du patient. La recherche médicale et expérimentale tombe sous les mêmes lois. La recherche médicale est soumise  à des normes éthiques qui promeuvent et assurent le respect de tous les êtres humains et qui protègent leur santé et leurs droits tout compte fait. Parce que la recherche ne saurait en fin de compte progresser sans l'expérimentation sur des êtres humains. »

Elle tire de son sac une bouteille d'eau minérale – dont l'étiquette garantit l'effet minceur, et s'accorde deux gorgées bien méritées. Sa bouche commençait à s'assécher. Elle laissera ensuite l'eau à portée de main, se concentrant sur son exposé.

« Je reprends ici les clauses de la Déclaration d'Helsinki. Dans les principes généraux il est déclaré que les médecins doivent assurer absolument l'auto-détermination du patient. Cela fait parti du consentement éclairé : le patient a le droit de choisir. Le médecin doit aussi prendre en compte les législations, normes et standards éthiques de son propre pays mais également internationaux. En effet... »

Elle est interrompue par la sonnerie aiguë de son téléphone portable. Dans toute sa distraction, elle a oublié de le mettre en mode vibreur et le voilà qui rugit à la recherche d'attention. Elle dépose sur Siegfried un regard entièrement navré et se hâte de plonger ses mains dans son sac pour éteindre la bête une bonne fois pour toute. Au passage, elle aura brièvement aperçu sur l'écran qu'il s'agissait de son père. Découragée, elle pousse un soupir et lance une nouvelle œillade à son examinateur avant de reprendre sur cette fameuse Déclaration et d'en éplucher le contenu. Elle comparera le tout à la législation japonaise et américaine, reprenant le cas de l'unité 731. Au fur et à mesure de sa progression, elle barre des mots sur son brouillon. Et ainsi, quinze minutes passent au terme desquelles, l'étudiante consent enfin à rendre la parole à son professeur. Le bilan pourrait être mitigé selon elle. Elle n'aura pas insisté sur la thématique juridique, elle en est consciente ayant fait l'impasse sur le chapitre durant ses révisions. D'ailleurs, elle aura digressé une minute ou deux à propos d'une expérience purement scientifique.

« Merci de m'avoir écouté. » murmure-t-elle en inclinant légèrement le buste, sourire aux lèvres.

Le Soleil menace de disparaître à l'horizon et la nuit annonce lentement le début de son règne éphémère. Elle reprend nerveusement ses lunettes sans oser les remettre. Après tout, il venait de passer quinze longues minute devant sa figure à moitié dévastée. Elle n'est pas méconnaissable, mais le complexe octroyé lui donne des envies de fuite lointaine. Une étudiante digne de ce nom, ne chercherait pas à plaire à son professeur et Akina n'est clairement pas de ce genre, mais il y a en Siegfried un petit quelque chose qui l'intrigue. Sa beauté singulière peut-être, ou ses airs distants.
« Modifié: mardi 16 juin 2015, 16:38:24 par Akina Walker »

SSiegfried

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 4 mardi 12 août 2014, 23:02:34

Il ne laissera rien paraître de ses sombres pensées concernant ses apparentes blessures. La remarque précédente, au mieux une boutade, au pire une cynique critique, ne sera pas réitérée, ni par la parole ni par le corps. Il la regarde droit dans les yeux lorsqu'elle parle, ne dérivant à aucun instant, pas même ne pourra-t-elle déceler un léger glissement vers le pourtour d'hématome ; et si elle pensait l'apercevoir, c'était une création de sa paranoïa.

Il est plus silencieux, et plus sérieux. L'exposé lui plaît un peu plus. Il prend la peine d'écrire, sur bristol, quelques mots, en allemand par ailleurs pour qu'elle n'en devine pas le sens. Il acquiesce parfois de la tête, bien qu'après plusieurs fois, on ne saurait pas dire s'il approuve, s'il trouve ça intéressant, ou si c'est un simple « continue, continue » de circonstance. C'est avec une attention particulière qu'il la regardera d'ailleurs sur sa digression, ne notant rien, se contentant de la toiser, les sourcils légèrement froncés, doigts croisés, le bic coincé entre eux. Hm hm. Hm hm. Hmmm. Hm hm.

Elle termine enfin. Ce n'était pas pour lui déplaire, il avait hâte de rentrer chez lui. Lui aussi aura regardé par-dehors, voyant qu'il était largement temps de passer à autre chose. Un regard final sur son téléphone.

-Très bien. Merci d'être venue, mademoiselle. C'était très intéressant.

Il notera un mot composé en allemand, peut-être sa note, puis range le bristol.

-Vous pouvez y aller. Au plaisir.


… Mais non, petite hirondelle, ça ne sera pas si simple, voyons.

-Attendez !

Alors même qu'elle s'apprêtait à franchir la porte, après les éventuelles salutations, Siegfried l'interpelle. Le pauvre tâtonne nerveusement sa veste de costume, puis ses poches. Il écarte son col de chemise pour s'aérer, soupir à ce que ça lui évoque, se dit qu'il devrait voir un psychiatre un de ces quatre, puis lui sourit, quelque peu gêné, hésitant longtemps avant de reprendre la parole.

-... Pardonnez la demande triviale... Mais... Je vous offre un point en plus dans la moyenne si vous m'offrez un café. Je vous le rendrais. Je crois avoir oublié ma monnaie chez moi et... J'en ai cruellement besoin, là, maintenant.


Ce n'était pas la boisson la plus répandue du coin, mais considérant le nombre croissant d'occidental séjournant dans la ville, il devenait de plus en plus facile de croiser un petit bar un peu européen où allonger un petit billet contre un arabica, court de préférence.

Il prenait une table. C'était assez calme à cette heure. Probablement allait-il bientôt fermé. Siegfried a l'air d'un gosse, avec ce petit rictus empli d'une certaine honte.

-Je suis désolé de vous retenir alors même que vous voulez sans doute rentrer chez vous... Je... ne vous inquiétez pas, ça restera entre nous, je ne veux pas d'histoire.

Le café demandé dès l'entrée arrive, en sus de l'éventuelle commande de l'étudiante. Parce que le lieu n'est pas loin de l'université, il y est déjà allé de nombreuses fois ; parce qu'il le fréquente pas mal, il en connaît les prix par cœur ; et parce que les tarifs sont imprimés dans sa tête, il sort de l'intérieur de veste deux billets, qu'il tend au serveur.

Il paie sa consommation, celle d'Akina. Cette dernière ne rêve pas.

Un soupir de soulagement en portant la tasse à auteur de visage, pour inhaler directement les vapeurs de caféine. Probablement pas aussi bon que celui qu'il prépare à la maison, mais ça vaut largement le coup.

-Hm... Je vous ai écouté pendant près de vingt minutes, à vous de tendre l'oreille, je crois.

Son ton, tout de suite plus assuré et autoritaire, paraissait sorti de nulle part. Une nouvelle personne se dressait devant elle, ressemblant un peu plus au professeur qui lui faisait passer son oral. Une image différente de lui, changeante à chaque instant, un caractère avec lequel il aime jouer.

-Trois personnes se trouvent à Seikusu. La première est dans la rue, les deux autres sont chez elle. La première marche tranquillement lorsqu'elle tombe sur trois fouteurs de merde qui décident de la tabasser pour leur simple plaisir. La seconde a mal préparé le repas et son conjoint, exaspéré et violent de nature, décide de lui en coller une. La troisième décide d'insulter son voisin qui écoute de la musique trop fort, altercation dans le couloir, et finalement, elle se mange un pain. Laquelle de ces trois personnes porte plainte ?...

Une pause, retirant sa veste avant d'être un peu plus confortable. Hm... Ca sent la sueur. Il déteste être sale. Foutue chaleur. Foutue humidité. Il desserre quelque peu la cravate, et prend sa tasse.

-Aucune. La première est une étudiante sans argent qui a peur des représailles et ne veut pas assumer le coût d'une procédure, la seconde refuse car l'affect joue, et l'avenir devient incertain si elle se plaint, et la troisième est en tort et pense donc qu'elle n'a le droit à rien.

Nouvel arrêt pour goûter son café, doucement, du bout des lèvres, et à peine le goût acre agresse-t-il son palet que Siegfried ressent tout le bonheur de la libération de cette intense journée. Il lui fallait ça pour s'en rendre enfin compte.

-Ce n'est pas systématique, mais c'est assez courant. Les victimes, car ces trois personnes sont des victimes, ont une réticence tenace à agir par voie judiciaire. C'est la plaie ouverte de la justice. Celle avec un grand J, pas celle des tribunaux, vous voyez.

Il penche quelque peu la tête sur le côté, puis tend sa main libre.

-Permettez.

Là encore, pas d'équivoque, aucun choix à faire, simple formule de politesse, parce qu'il va se permettre de toute façon. Il soulève le menton d'Akina, constate ses ecchymoses, tente d'en deviner des plus anciennes, recouvertes par les nouvelles, ou effacées par le temps. Puis il fera de même avec ses poignets.

-Vous êtes laquelle des trois ?
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.

Akina Walker

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 5 mercredi 13 août 2014, 10:38:15

« Au revoir... »

Elle bourra ses maigres affaires au fond de son sac, lui céda un nouveau sourire et se dirigea d'un pas léger vers la porte. Akina n'avait pas très bien compris si elle avait réussi ou échoué l'examen, les notes espionnées sur le papier bristol n'avaient rien donné. Il fallait dire que ses notions d'allemand étaient précaires bien qu'on l'encourageait perpétuellement à apprendre cette langue pour de futures raisons professionnelles.

« Attendez ! »

Un pied était déjà dehors et elle avait sursauté en se ravisant brusquement, surprise.  Elle demeurait pantoise après qu'il ait proposé un café. La demande était en effet assez cavalière de la part d'un professeur. De très loin, elle s'était pourtant entendu lui répondre :

« Avec plaisir... »

Les couloirs étaient presque déserts à cette heure-ci. Mis à part du personnel d'entretien et des retardataires, ils ne croisèrent pas grand monde dans les locaux universitaires. Non pas qu'elle craignait d'être aperçue aux côtés d'un enseignant : voilà qui était chose courant de voir des étudiants accompagner leur sensei vers la sortie de la fac, ou jusqu'à leur voiture. Ils en profitaient en général pour parler de leurs cours ou éventuellement de leur mémoire ou thèse.

Le petit bar à café était très familier à cause de son aspect occidental et de ses produits qui manquaient à Akina de temps à autre. Depuis le divorce de ses parents, ses voyages aux Etats-Unis se faisaient rare et n'étaient permis qu'avec la stricte présence de son père. Or son père n'était jamais en état de prendre l'avion : toujours trop saoul. Elle prit le pli sur Siegfried et réclama poliment un cappuccino dès leur entrée. L'expression qu'elle décrivait sur le visage de l'allemand l'attendrissait et elle partageait sa gêne.

« Ne...vous inquiétez pas, je n'étais pas pressée de ren...eh que faîtes-vous ?! » s'interrompit-elle en écarquillant les yeux lorsqu'il décida de payer la totalité des boissons. « Je croyais que vous n'aviez pas de.... »

Et elle se tut brusquement avant de paraître idiote. Évidemment qu'il'avait de l'argent, ce n'était qu'un prétexte. L'étudiante se mordilla nerveusement la lèvre dans une petite moue désolée qu'elle dissimula bien rapidement derrière son mug de cappu'. Ses oreilles s'étaient montrées attentives au récit de Siegfried jusqu'à un certain point : là où l'analogie commençait. Elle s'était dépêchée de reposer sa tasse  au moment où il avait avancé sa main. Non, pensait-elle, elle ne permettait pas – mais il était trop tard et l'homme inspectait déjà son visage où il put remarquer d'autres bleus plus légers, plus anciens, maquillés grossièrement par un fard coûteux. Sur ses poignets minces, il y avait de faibles plaies dont la cicatrisation se terminait lentement.

« Je... »

Elle avait le choix de nier, de servir la soupe froide du « Je suis tombée » , « J'ai été renversée par une voiture ».

« Aucune ! »  

Akina récupéra ses mains et se réfugia dans une gorgée de cappuccino, exaspérée et désemparée. Une fois que le liquide brûlant réveille son esprit, elle baissa les yeux vers le sol: honteuse,

« Mon père boit beaucoup. »

Elle tentait d'avoir un ton de voix plutôt monotone, de ne laisser transparaître aucun émoi déraisonné.

«Et puis, vous me direz que je suis grande majeure, adulte. Que je pourrais partir. Oui mais où ? Je n'ai personne d'autre et....mon père est officier de l'U.S Air Force, il a encore des relations très haut placées qui pourraient lui révéler ma position. Quant à la justice et bien... »

Elle détourna son faciès, encore de honte pour éviter également le regard de Siegfried qu'elle craint empli de jugements.

« Je veux l'aider, c'est mon père et il n'a pas toujours été si vilain. Je ne peux pas.... »

S'imaginer abandonnée une seconde fois, perdre le seul parent qui lui restait : impensable. Elle préférait encore les coups. D'un autre côté, elle n'avait pas amassé assez d'argent ni rencontré de fabuleux prince charmant pour espérer poursuivre sa vie sans un pilier.

Ses yeux étaient enfin revenus sur la figure du professeur qu'elle admira longuement. Et elle remarqua que sa cravate et son col étaient lâches, un peu défaits. Sans se rendre compte de son geste, la métisse se pencha vers lui afin d'arranger le costume. Toutefois, au lieu de resserrer le tout, elle défit les boutons du col et retira complètement la cravate qui échoua de sa main sur la table près des boissons chaudes. Elle ne l'avait pas quitté des yeux, un triste sourire aux lèvres.

« Vous serez plus à l'aise ainsi, je présume. Et je vous dois bien ça. Pour écouter mes malheurs qui n'en sont pas vraiment, vous n'avez pas besoin d'être...tiré à quatre épingles, surtout pas avec cette chaleur. »

Akina était une jeune femme pleine d'assurance et de franc-parler. Avant de rompre leur proximité, le bout de ses doigts effleura le visage de l'ancien SS et elle reprit enfin sa place – abandonnant dans son sillage son parfum féminin aux relents de fleur de cerisier.

SSiegfried

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 6 mercredi 13 août 2014, 13:32:13

Il écoutait son récit avec l'attention d'un professionnel plus que la compassion d'un ami, et, cela dit, il n'était rien d'autre aux yeux d'Akina qu'un professeur. L'air sérieux, neutre, mains croisées posées devant lui, prenant parfois une gorgée de son café qui, à force de légères soufflettes à sa surface, avait une température un peu plus appréciable.

La violence conjugale était plus courante, que ce soit dans cette partie du monde ou ailleurs. Une enfant battue, ça arrive, certes, mais jusqu'à ses 22 ans ?... Mais surtout, elle avait peur de ce géniteur violent, et ainsi apparaissait le mot : Pouvoir. Celui que Siegfried, par une simple information, disposait désormais sur elle. Parce qu'il pouvait exercer un chantage considérable sur elle, et ce de diverses manières : « Et si les gens l'apprenaient ? » « Et si ton père était au courant que m'avait tout dit ? » Et ce genre de pouvoir, qui reste le luxe des insensibles et des sadiques, c'était tout ce qu'il désirait dans la vie.

Comme ils le font toutes et tous, elle termine sur sa capitulation face aux assauts qu'elle subit. Mais bien sûr. Mon gentil papa me payait des glaces, vous savez, voilà... Non, dans la tête de Siegfried, ça ne marche pas ainsi. Quand bien même son éducation prussienne a été rude, il y a une différence entre le premier héritier d'une baronnie militaire destinée à reprendre le flambeau de la glorieuse famille protégeant l'Allemagne des invasions de l'est depuis des générations, et la pauvre étudiante élevée par un père abusif qui ne demande qu'à vivre comme elle l'entend.

Parlons-en, de l'éducation spartiate de Siegfried. Quand elle le touche, il aura un mouvement de recul. Il aura volontiers plaidé que son papa lui a appris que le moindre pli de travers était une insulte au Nom, et que dans la SS le message était plus ou moins le même ; qu'ainsi, il vaut mieux souffrir de la chaleur en silence que de paraître débraillé en public. Il la laissera finalement faire. Un geste d'une infinie bonté, terminée par une caresse qui le choque presque. Chercherait-elle à l'attendrir ? Ma grande, si l'envie le traverse de te menacer avec une arme pour prendre ton cul dans une ruelle, il n'hésitera pas un seul instant, quoi que tu fasses.

- Des « malheurs qui n'en sont pas vraiment », hm ? C'est une façon de voir les choses.

L'ironie n'était même pas nécessaire dans le ton, les mots se suffisaient à eux-mêmes pour deviner le mépris que lui inspirait cette petite phrase.

-J'ai été battu par mon père aussi. Mais c'était nécessaire. Premièrement, il en avait le droit... Et puis, sans ça, je n'aurais peut-être pas réussi dans la vie. C'était social, obligatoire presque. Toi, c'est différent.

Joli tableau de l'Allemagne qu'il nous dépeint là.

-Sortons.



Akina est charmeuse, presque aguicheuse sans même s'en rendre compte, et peut-être même sans le chercher. Sa robe, loin d'être ostentatoire, son parfum délicat et ses blessures la rendent plus qu'attirante, inspirant à Siegfried une certaine envie protectrice, comme s'il voulait la garder près de lui pour la choyer et la protéger du monde, petite fleur fragile qui craint l'univers entier.

Mais il n'est pas comme ça. Lorsqu'il serre dans ses bras, c'est nécessairement pour briser.

De retour dans la rue, il avait remis sa veste, mais laissé la cravate dans sa serviette. La chemise restait ouverte sur les deux premiers boutons, chose inconcevable en temps normal. Il cherchait dans sa poche intérieure pour en sortir un étui en cigarette à la couverture de cuir et aux bords de métal, la classe du fumeur. Il proposait l'un de ses petits bâtonnets toxiques à Akina, qui refusait, il partagera donc ce plaisir avec lui-même. Crac, flamme d'allumette (parce qu'il garde le briquet-tempête pour la pluie et le vent) et incendie le tabac. Après avoir vidé son café d'une traite, il n'attendait plus que ça.

-Emmène-moi voir ton père.

Il se débarrasse de la fumée envahissant ses poumons sur le côté, avant de pencher la tête sur le côté.

-Je vais simplement te demander de me faire confiance, gamine. Tu n'as pas le choix. Je n'ai pas envie de te menacer pour que tu acceptes... Je me contenterai de dire qu'en l'état actuel des choses, si ce n'est pas une voiture qui te renverse demain, tu mourras de la main de ton père un jour. Et que je ne peux pas me permettre de fermer les yeux.

Siegfried, défenseur de la liberté et des innocents depuis 1936.
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.

Akina Walker

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 7 jeudi 14 août 2014, 14:49:43

Elle avait refusé la cigarette.
L'air s'était rafraîchi dehors, mais la température demeurait agréable. Elle ne regrettait d'avoir laissé son gilet à la maison et pensait déjà à la suite de la soirée. Elle ne rentrerait pas tout de suite, sachant son père encore à la maison. Sans doute passerait-elle voir Sô pour avancer sur le tournage d'un reportage ou bien iraitelle à une séance de cinéma ? Elle s'était mise en quête d'un second petit boulot et avait écumé les bars à strip-tease de la région. Non pas qu'elle soit fière d'utiliser son corps à des fins lucratives, elle avait conscience de son talent pour le pole-dance. Ce sport lui plaisait, elle adorait éprouver la gravité autour d'une longue barre métallique. En général, à la fin de la prestation, les spectateurs refourguaient un pourboire dans l'élastique de sa petite culotte. Il faudrait qu'elle en parle à Marisol.

Perdue dans ses pensées, elle n'avait pas remarqué qu'elle avait pris le chemin du parking là où était garée sa petite Honda. Elle s'apprêtait à faire ses adieux au professeur tout en le remerciant pour le café lorsque vint cette demande choquante.

« Mon père ?! » s'indigna-t-elle, les doigts pressés autour de la lanière de son sac à main. « Vous êtes....complètement fou ! »

Elle comptait mettre fin à la conversation ici-même et pressait déjà le pas pour que Siegfried ne soit plus qu'un mauvais souvenirs, mais le temps des menaces succéda à celui des requêtes et la belle se figea froidement ; le coeur battant. Elle croyait même avoir mal entendu au départ. Un enseignant universitaire, de prime abord respectable et au sourire ravageur  la menaçait. De quoi ? Pour quoi ? Décidément, cette soirée devenait surréaliste. Et Akina commençait sérieusement à craindre pour sa note finale. La bioéthique possédait un coefficient honorable, qui pouvait faire basculer ses résultats de l'autre côté du miroir si elle ne prenait pas garde.

Toutefois, Siegfried avait tiré une épingle conséquente de son jeu ; la mort sous les coups de Jack Walker. Elle n'y avait jamais songé, se refusant toujours à penser que son géniteur pourrait assassiner son propre enfant. Quand l'américain buvait, il n'était plus lui-même : en proie à des crises de brutalités inédites. Mieux valait ne pas être dans les parages.

« Très bien, » finit-elle par céder avec amertume. « Mais ne faîtes rien d'inconsidéré s'il vous plaît. ».

Après deux ou trois minutes de marche, elle l'invita à grimper dans sa voiture, côté passager. Sa chevelure claire occultait son visage quand elle manœuvra une marche arrière afin de quitter son emplacement de parking. La route fut tranquille dès lors. Plusieurs feux rouges, un ou deux ronds points signalant la périphérie de la ville. Akina était une conductrice prudente et surtout silencieuse. Elle ne dit pas un mot pas plus qu'elle n'alluma la radio jusqu'à leur point d'arrivée : devant la maison Walker où un drapeau américain flottait fièrement au-dessus de la porte.

C'était une bâtisse typiquement pavillonnaire avec un jardin japonais délabré à l'avant. Seïka Walker avait la main verte du temps où elle vivait dans cette coquette villa. Depuis son départ, tout l'extérieur s'était délabré. Sa fille n'avait pas eu le courage de s'investir dans la pratique du jardinage ; chaque tentative apportait inexorablement une crise de larmes. Ils remontèrent la petite allée une fois le portique en bois poussé et Akina ouvrit la porte d'entrée d'une main tremblante.  Sans un mot toujours, elle fit signe à Siegfried de la suivre et ils traversèrent le vestibule dans lequel, elle abandonna son sac. Ayant ensuite longé un couloir sombre, ils arrivèrent dans le grand salon éclairé. Jack était affalé sur un fauteuil, une vodka en main, face à la télévision.

« Papa ! » s'exclama l'étudiante en remarquant que le poste TV diffusait sa performance de pole-danseuse à Las Vegas. C'était Marisol qui l'avait enregistré et le DVD avait été mis en lieu sûr, dans un recoin de sa chambre. Cela voulait dire que le lieutenant avait ENCORE fouillé son espace privé. La colère bouillait au creux des veines de la jeune femme qui fulminait en voyait sa silhouette se déhancher sensuellement autour d'une tige pailleté sur un podium. Elle portait un bikini aux couleurs des Etats-Unis.

« Papa, arrête ça ! Nous avons un invité...bon sang éteins ! »

Elle souhaitait elle-même couper l'appareil, mais son pied heurta les cadavres de plusieurs bouteilles d'alcool. C'était une vraie porcherie ; elle en grimaça de dégoût et de honte. Et elle n'avait pas encore noté que son propre père s'était offert une séance de masturbation devant la video. Son pantalon était encore souillé de sperme. Il avait bandé comme un taureau dès les premières minutes du spectacle et s'était imaginé tringler sa fille en bonne et due forme.

« T'es vraiment....une belle salope, ma fille. » commenta Jack sans se retourner vers eux. « Tu fais ta pute à Las Vegas et là, tu ramènes un type chez moi ?! Tu t'es cru dans une maison close ?! Et toi connard. »

Finalement, il s'était tourné vers Siegfried, l'avisant de pied en cape.

« T'as un sale physique de boche. Tu crois que tu vas baiser ma fille ?! »

La métisse envoya un regard plus que désolé à son professeur et tenta de prendre les devants.

« Papa...Calme-toi, c'est mon professeur de bioéthique.... »

« Dégage, Akina. DEGAGE dans la cuisine tout de suite ! » cria Walker après s'être redressé. Il avait attrapé d'une poigne de fer, un fusil à pompe qui dormait toujours près de son fauteuil « au cas où. » « Je veux pas que tu vois ça ma chérie. »

La concernée écarquilla les yeux, terrifiée et blême. « Non...non, attends...on va t'expliquer ! »

« DANS LA CUISINE TOUT DE SUITE ! » hurla-t-il en pointant le double-canon vers sa progéniture.

Elle recula de plusieurs pas, manquant de s'empêtrer dans les déchets au sol et s'exécuta en trouvant refuge dans la cuisine américaine, derrière l'îlôt central. De là, elle ne voyait que son père.  Satisfait, Jack remua le bout de son arme vers Siegfried, le nez rouge et l'oeil vitreux.

« T''as 5 secondes pour m'expliquer ce que tu fous avec ma fille et chez moi. Mais y'a de grandes chances que je te plombe les couilles, enfoiré. Et pourtant, Dieu sait que je suis pas un putain de PD. »
« Modifié: jeudi 14 août 2014, 17:13:04 par Akina Walker »

SSiegfried

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 8 jeudi 14 août 2014, 16:01:30

Il ne dit pas un mot du trajet, tout comme elle. Il concentre ses pensées. Son injection fut faite il y a moins d'une heure, et il s'est avalé une dose concentrée de caféine il y a à peine dix minutes. Le tout agit à plein régime dans ses mains, distille une énergie folle (un peu plus sa drogue que le café), et ses capacités surhumaines sont au summum de leur puissance. Voudrait-il affronter une armée entière, seul contre tous, qu'il choisirait sans doute cet instant précis.

Sorti de la voiture, il remarque en premier le drapeau américain, devant lequel il s'arrête pour le contempler. Akina a le dos tourné. Il sort le pistolet caché dans sa serviette pour le ranger au plus vite dans son dos, à sa ceinture. Il se sent ainsi plus en sécurité. Lorsque l'étudiante lui fait signe d'entrer, il n'hésite pas, avançant d'un pas décidé vers un sort pouvant être funeste, pour lui et pour elle.

Il s'attendait à ce spectacle, mais pas à ce point-là. Aussi bien que ses réflexes étaient décuplés, sa vue était plus claire et son odorat plus sensible. Le tout se trouvait donc agressé par l'endroit, envahis par les forts relans d'alcool et par un désordre inouï. L'antithèse même de l'appartement de Siegfried : Design, propre, carré, le ménage fait une à deux fois par semaine à fond, chaque chose systématiquement rangée à sa place. Leurs personnes étaient aussi deux opposés : Siegfried préférait la nudité dans son appartement, mais lorsque ce n'était pas le cas, il n'arrivait pas à céder à la négligence, et préférait s'habiller en pantalon de costume et chemise propres tout frais sortis du pressing plutôt qu'en survêtement.

Et son rasage était impeccable.


Il y a donc là deux choix à faire : Sortir son arme au risque de se prendre quelques plombs dans la gueule, ou jouer la diplomatie. Chaque fois que Jack prend le fusil, puis détourne le regard, c'est à ce carrefour que Siegfried se trouve ; et chaque fois, il préfère rester immobile.

Finalement, l'homme lui laisse un répit avant de le tuer. Evidemment. On ne tue pas comme ça, sur un coup de tête, pan. Le type se donne un genre. Il est capable de tirer, certes, mais il lui reste une humanité. C'est probablement pour cela qu'il n'est pas encore en taule. Siegfried, qui était resté passif depuis le début, l'air neutre, désintéressé, ayant à peine regardé la télé (à peine, ça veut dire qu'il l'a quand même fait, cela dit), décide enfin de bouger. Il lève les deux bras, dont celui tenant sa serviette.

-Capitaine Kurtz. USMC. On me fait souvent la remarque sur mes origines, mais je suis naturalisé américain. Et je sais les oppositions entre nos deux armes, mais je pense que nous sommes tout de même dans le même camp.

Son anglais est parfait, dans les termes, mais son accent allemand y transparaît un peu plus qu'en japonais. Il pose sa serviette sur un meuble plus ou moins propre, puis s'approche lentement.

-Au cas où vous ne me croiriez pas : J'ai un nine sur moi, mon groupe sanguin tatoué sur le bras, et je sais que le Colonel Fox, à Iwakuni, où j'ai été basé avant ma démobilisation, est un fils de pute de l'Union qui a interdit le Dixie Flag dans les chambres.

Le voilà à une trentaine de centimètres du fusil à pompe. Il n'a arrêté de parler que trois secondes, reprend aussitôt.

-J'étais assistant médical. Nos expériences étaient secrètes. On a fini par nous mettre dehors, mais je voulais rester dans ce pays. Pas vouloir subir la honte de retourner chez moi. Le Corps m'a trouvé un poste en tant que professeur, à Seikusu. J'enseigne la bioéthique. Votre fille avait un oral, les étudiants ont tardé à finir. Vu ses blessures, je me suis dit qu'elle devait avoir été agressé, qu'elle n'était pas en sécurité sur son trajet, j'ai préféré la raccompagner. Elle a refusé, j'ai insisté. Elle n'a pas eu le choix.

Le discours, énoncé sur un ton calme, franc et quasi-monocorde, s'arrête enfin. Il se permet même un sourire.

-Je vous invite à boire quelque chose dehors ?


Les secondes d'après étaient décisives. OK, le type n'était pas au tip top de sa forme, mais ses expressions étaient néanmoins claires, et l'allemand n'aura aucun mal à deviner ses intentions. Le temps qu'il assimile ce que son opposant vient de lui dire, puis commence à réagir... Ca y est.

Pas besoin d'attendre plus longtemps. Siegfried entrevoit déjà la suite : Il va lui dire qu'il n'est qu'une sale bouffeur de saucisse, va picoler, frapper Akina, et peut-être au passage tirer une bastos dans la jambe de Siegfried. Et ça, c'était pas tolérable.

Alors à peine Jack aura-t-il cligné des yeux que le respectable enseignant, propre et bien sous tout rapport, s'était jeté sur lui. Sa pratique de la Krav Maga (un art israélien, ô ironie) lui servira pour désarmer son adversaire avec une facilité déconcertante : En un éclair, l'une de ses mains jaillit pour détourner le fusil à pompe de sa personne, l'autre paume tord son poignet pour qu'il lâche l'arme et n'ait pas le temps de tirer, et le reste de son corps se projette en avant pour préférer à tout ça le corps à corps, auquel Jack ne s'attendait sans doute pas. Le slug n'a pas encore atteint le sol que déjà Siegfried enchaîne avec un second mouvement, faisant pivoter l'un des poignets du militaire pour que son corps se retourne. Sa semelle va ensuite écraser les tendons arrière de ses genoux, et Jack s'écroule instantanément au sol. Siegfried n'a plus qu'à le pousser, poser un pied entre ses omoplates, tenant toujours son bras, affreusement tordu. Le Sig Sauer est brandi de la main libre, posé sur le crâne de sa victime.

-J'ai dit : Capitaine Kurtz, USMC. La seule bonne réaction aurait été le garde-à-vous. Vous avez oublié votre serment ? La discipline est la seule chose qui fait une grande armée. Vous êtes et restez à jamais un soldat de l'armée des Etats-Unis. Ce n'est pas parce qu'Obama cherche à faire de nos rangs un refuge pour les pédés et les arabes qu'on doit se comporter n'importe comment. Nom, Grade. Et je répète : Je vous invite à boire un verre dehors. Entre camarades.
« Modifié: jeudi 14 août 2014, 16:25:02 par Law »
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.

Akina Walker

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 9 jeudi 14 août 2014, 17:04:27

Jack avait été maîtrisé avec une facilité déconcertante. Il ne se rappelait pas avoir pris une telle branlée depuis ses premières classes dans l'Air Force où son instructeur-chef lui avait déboîté la mâchoire à cause d'une histoire de ménage mal fait dans les dortoirs. Il fallait dire qu'avec le départ de son ex-femme, le militaire s'était laissé aller. Il avait pris un peu de poids, ne se rasait plus, fumait et buvait à fréquences néfastes et avait abandonné le sport. Il fut alors obligé de répondre à l'allemand, vieux réflexes de soldats obligaient :

« Lieutenant Jack Walker de l'U.S Air Force. J'ai travaillé à Iwakuni...j'ai piloté des F/A-18 Hornet quand je faisais encore partie des Blues Angels. Putain, j'étais dans la Navy aussi, merde ! Lâche-moi. Ca va pour le verre» brailla-t-il, les mots déformés par son accent texan dégueulasse.  

Avec un canon de pistolet sur le crâne, on devenait tout de suite plus conciliant.
Pour sa part, Akina s'était contentée de pousser un cri étouffé devant l'action qui avait mis son paternel à terre. Rapidement, elle avait émergé de la cuisine en les toisant avec stupeur.  Jack avait la haine d'être humilié sous les yeux de sa fille, mais il n'avait pas le choix que celui de la résignation.

Quelques secondes plus tard, et une dose de bonne foi, Walker était libéré de l'emprise du SS.

« J'aime pas les nègres bordel, » crachat-il en référence à la réplique sur Obama. « Ni les bouffeurs de tacos, de nems de sushis ou je sais pas quoi. »

Il se massait le crâne, soulagé de ne plus sentir la pression du Sig Sauer Il pointa ensuite un doigt menaçant vers Akina et lui désigna la pièce.

« Range moi toute cette merde, Akina. Je veux que ça brille à mon retour.  Et à mon retour on va parler aussi, ouais. Entre quatre yeux, t'inquiète pas qu'on va parler. »

Elle connaissait ce ton. C'était le signe d'une raclée prochaine. Parler, dans le langage du soldat, signifiait donner la priorité à ses poings et ses pieds. En général, il laissait toujours deux à trois semaines entre les coups, pour que les marques s'estompent et qu'aucun soupçon ne soit éveillé. Un jour, il l'avait tellement amochée qu'un tour à l'hôpital avait été obligatoire. Il avait choisi une clinique militaire U.S à des centaines de kilomètres de là où on ne lui posa aucune question. Sa confiance dans les niaks était de toute manière caduc et il avait déjà fait les frais d'une descente de police pour avoir donné deux ou trois claques à son ex-femme.

L'étudiante envoya un ultime regard à Siegfried, l'air de dire : « Faîtes attention à vous. Et à lui. » avant de se détourner vers la cuisine. Jack attrapa une veste de l'armée et signifia au Capitaine Kurtz de le suivre. Ah ça les bars, il connaissait. Dans le quartier, à cinq minutes de marches, il y avait un établissement qui avait la gueule de l'emploi : le Road 66. Typiquement américain. C'était Thompson, un compatriote retraité qui l'avait ouvert. Il interdisait trop souvent l'accès aux asiatiques – comble de l'ironie si bien que ce bar était devenu un repaire mal famé de russes, allemands, américains, anglais : tout le reste du gratin. De temps à autres, on voyait un Khazak bâti comme une montagne : c'était le videur. Quelques strip-teaseuses faisaient le show parfois et se transformaient illégalement en putes si on sortait les bons billets (est-ce à dire, des dollars). C'était les filles de Thompson, paraissait-il. Ses filles de sang. Qu'il avait eu ci et là, et qu'il avait conservé sur les bras après deux divorces et une femme morte. Pas étonnant qu'il s'entende si bien avec Jack Walker. Ils avaient fait les mêmes guerres.

Il poussa les portes du bar et une musique hurla à leurs oreilles. C'était du rock pur et dur, américain et presque patriotique. Walker sortit une cigarette de sa poche intérieure qu'il coinça à son bec et salua les badauds présent sans commune mesure. Ils étaient tous des trous, et ils se connaissaient bien. Direction le bar, pour dire bonjour à Thompson d'abord. C'était un gaillard dans la soixantaine, avec des petits yeux bleus et une barbe de quelques jours. Son crâne était blanc, décoré d'une vilaine coupe en brosse.

« Walker, tiens donc. T'es venu tôt aujourd'hui. T'en avais marre de ta vodka bon marché ha-ha ! C'est qui celui-là ? »

Le patron avisa Siegfried d'un mauvais oeil.

« T'occupes. Il est avec moi pour aujourd'hui. Sers nous du Whisky. Un qui pique bien. »

Sitôt, le gérant déposa deux verres à alcool devant eux et servit du liquide ambré avec un sourire goguenard. Il regardait surtout Jack, et se pencha vers lui avant de déclarer sérieusement :
« Tu sais...ta fille-là. Elle peut venir travailler ici hein, je te l'ai déjà dit. Je te paierai pour ça. Je m'arrangerai pour que les queues qu'elle voit soient pures américaines !  Du pays mon pote. »

Walker fit mine de réfléchir et il grogna une réponse évasive :

« Ouais, on verra. Elle est plus vierge de toute façon. C'qu'une pute. Si tu paies bien, je vais m'arranger. Allez on s'arrache à une table et t'as pas intérêt à me faire revenir pour remplir les verres, envoie ta gamine le faire dès qu'ils sont vides. » Puis à l'attention de l'allemand. « Alors Captain...tu enseignes à ma fille c'est ça ? Je croyais que c'était plus facile de lui faire rentrer des trucs dans la chatte que dans la tête. »

Il partit d'un rire gras tout en s'avançant vers une table tout près de la scène. Au passage, Ivy : la cadette de Thompson lui envoya un clin d'oeil pour signifier qu'elle s'occuperait d'eux dès qu'il le faudrait. Satisfait, dans son élément, il prit enfin place et se récompensa d'une rasade. 

« Modifié: jeudi 14 août 2014, 17:41:19 par Akina Walker »

SSiegfried

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 10 jeudi 14 août 2014, 17:50:48

Gagné.

Il le relâchait sans peine, l'air presque désolé de devoir en venir à de telles extrémités. Heureux qu'il se montre coopératif, il n'en relâche pas pour autant sa garde, parce que ce genre de type était pitoyablement prévisible dans son imprévisibilité... Aussi, le Sig Sauer dans la ceinture lui servira sans doute.

Il esquisse un clin d'oeil à Akina avant de partir, avec un sourire en coin, et le voilà sur les talons de Jack.

Le bouge était un endroit de rêve. Parce qu'il puait la sueur d'occidental rebut de la société, c'était probablement là où Siegfried rêvait d'entrer. Il aimait se faire du réseau, et maintenant qu'il avait pu pénétrer dans un tel endroit avec une personne de confiance, sa gueule était désormais connue comme amicale. Il salue ceux qui ont l'air disposé à recevoir sa politesse, sans joie, juste d'un signe de tête. Il se reconnaît dans ces traînes-savates étrangers abandonnés par la vie. Après son suicide, il n'était qu'une loque, tout juste bon à vagabonder, avec sa gueule d'européen vivant dans les squats, de quoi te faire haïr par 97% de la population japonaise d'après-guerre. C'est sans doute pour oublier cette période qu'il s'est toujours tenu loin de ces repaires à clébards blancs inutiles.

-J'vais vous raconter ma vie, j'suppose. Je suis né et j'ai grandi en Allemagne, mais ma mère, américaine, a immigré quand mon père est mort. Et je préfère les Etats-Unis, ouai. J'ai fait un cursus de sciences et j'ai décidé de rentrer dans l'USMC, en tant qu'officier. Je me suis démerdé pendant l'école et je me suis fait remarquer par un officier qui cherchait du monde pour sa nouvelle unité. On était encore sous Bush à ce moment-là. On a été en Afghanistan, on a fait deux trois trucs un peu sales sur les insurgés, v'voyez. Bref. Là, l'autre fils de pute d'Hussein s'est fait élire. Forcément, depuis Abu Grahib et toutes ces conneries, ça puait déjà pour nous, mais avec le gauchiste au pouvoir c'était carrément la merde. Donc on nous a fait déménager au Japon, où on pourrait faire des trucs plus tournés faire la médecine. Quand il s'est fait réélire y a deux ans, l'unité a été fermée. J'suis sur le carreau, j'veux pas retourner au pays, on me trouve un travail de prof. J'me retrouve à enseigner à des niaks et tout... Alors quand j'ai vu Akina, son nom et sa gueule sentait bon la nostalgie. Voilà tout.

Il s'enquille son whisky, d'une traite, grimace quelque peu, puis lève le bras pour claquer des doigts à répétition, qu'une fille s'approche avec une bouteille. Jack comptait peut-être se l'approprier, mais Sieg le fera avant, lui saisissant le poignet.

-Laisse la bouteille. T'as une jolie gueule. Tu suces pour combien ?

Il matait ostensiblement l'imposante poitrine qui servait d'attraction aux mâles du coin, rictus pervers aux lèvres, avant qu'elle n'énonce en balbutiant un prix fort dérisoire.

-Pour c'prix-là tu dois pas valoir le coup... Dégage, on en reparlera.

Il la mate lorsqu'elle s'éloigne, puis se retourne vers son interlocuteur.

-Hm. Bref. Akina, elle est pas conne, et j'aime bien ça. J'aime bien les filles qui peuvent me parler quand je leur parle, tu vois. Elle a pas fait sa pute devant moi, elle a été... normale, quoi. Moins chienne que certaines autres qui n'ont rien dans la tête et qui se sont dit qu'en se pointant fringuée comme des tapins, elles auront une meilleure note. Nan, je l'ai pas baisé, et j'ai pas entendu de rumeurs comme quoi elle se faisait sauter. C'est une bonne étudiante, Jack, je te le jure.

Il se resservait, et faisait de même au lieutenant.

-Dans l'USAF, vous savez pas boire. 'Faut être un Marine pour savoir ce que c'est la picole.

Un défi. Il sourit, boit d'une traite, attend que Jack fasse de même, se ressert, recommence.

-Putain... Ca m'avait manqué ces conneries... Hmmm...

Les verres sont de nouveau remplis. Il comptait grandement sur l'alcool.

-Bref. J'ai été bien éduqué. Chez moi, on baise pas une fille sans demander à son père. Et j'suis heureux que là, son père soit un militaire, un bon américain, plutôt qu'une saloperie de jaune.

Il se dresse sur son siège, sentant le malt prendre doucement possession de son corps. Parce que justement son sérum accélère son métabolisme, l'éthanol agit plus vite sur lui, et quand bien même il l'élimine plus vite, il commence à le sentir passer sérieusement.

-Dis ton prix, Jack. J'en ai rien à foutre, même si c'est pas de l'argent, si t'as besoin de quelque chose de matériel, j'te le file. Pour une fois que je tombe sur quelque chose d'agréable à voir et à entendre, et avec un peu de sang pur dans les veines, j'me dis que j'devrais pas passer à côté.

Le Sig Sauer à la ceinture. Il a lâché son verre. Son bras gauche est posé sur la table, prêt à faire bouclier. Le bras droit, au bord, est prêt à dégainer si l'éventualité arrivait.

Il se disait que c'était le moment pour battre une armée entière. Tout un bar de saoulards, ça devrait le faire.
« Modifié: jeudi 14 août 2014, 18:11:35 par Law »
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.

Akina Walker

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 11 jeudi 14 août 2014, 19:20:48

Jack n'avait rien trouvé de plus intelligent que ricaner bêtement lorsque Ivy avait été approchée par le boche. L'alcool inhibait encore sa raison et ses réactions devenaient lentes, lourdes sans but précis. Il voyait tout à travers le prisme du whisky : le monde était bien meilleur ainsi selon lui. Progressivement, l'allemand commençait à lui plaire sérieusement. Enfin germano-américain, il était un bâtard comme sa fille. Finalement, ils allaient bien ensemble. Nouveau ricanement.

« Bien sûr que ma gamine est pas conne eeeeeh ouais. Elle a pris de son père qu'est-ce que tu crois ? Qu'on est con chez les Walkers. »

Le verre ne quittait pas sa main voire ses lèvres ; et toujours le même geste inlassable qui ne fatiguait ni son bras, ni sa gorge.

« Je l'ai bien élevée. C'est pas sa pouffiasse de mère qui s'en est occupée. Et je vais te dire. » Il le pointa du doigt, le verre toujours bien en main. « Elle a de la chance d'avoir pris du côté de l'Oncle Sam. » [/color]

Et le contenant ne désemplissait pas grâce aux bons soins du docteur Siegfried qui avait touché une corde sensible en malmenant l'orgueil d'alcoolique de Jack. Il but et but encore afin de prouver que les mecs de l'USAF savaient s'envoyer des litres de liqueurs et pouvaient ensuite balancer un petit missile depuis un F16 sur une fourmi irakienne. Sa vision se déformait parfois ; il ne comprenait pas tout ce que le professeur disait ce qui jouait en faveur de ce dernier.

« Tu me plais bien, enfoiré. Tu sais te battre, tu viens du pays, t'es un Marines. T'es pas un vendu, putain. Ca....ça c'est la classe. »

Quand on caressait l'ivrogne dans le sens du poil, il y avait de meilleurs résultats. Il considéra longuement l'offre du SS, les yeux plissés et le dévisageait sévèrement. Toutes les dix secondes, il désaltérait sa gorge. La musique lui tambourinait dans le crâne et il finit par arrêter de réfléchir pour se débarrasser de tout ce merdier.

« M'okay le boche. Je veux une putain de nouvelle télé écran plat que les niaks arrivent à fabriquer, le truc dernier cri tu vois. Où je pourrais voir le cul de ces salopes en haute def' et où je sais me repasser les matchs du Superbowl. Ouais, une grosse TV quoi. Et trois bouteilles de Kaiser. C'est de la bière belge de merde, mais bon. Avec ça, c'bon, tu peux la niquer ma gamine. Mais attention.... »

Il reposa sèchement son verre et fit un signe à Thompson de baisser la musique pour que tout le monde soit témoin oral de la suite. Il fallait pas rigoler avec la marmaille des yankees.

« Si tu la fous enceinte, tu l'épouses ; Je veux pas de bâtards dans la famille, on est des bons chrétiens.  Alors tu prends tes précautions ou tu prends tes couilles. C'tout.  Là mon pote, on peut trinquer au cul de Scarlett. Parce que Akina c'est sa mère qui l'a appelé comme ça.   Goût de merde. Je voulais un fils moi. Un futur soldat, un futur joueur de football là....un truc avec un vers entre les jambes tu vois !»

Une ou deux heures passèrent au terme de cet accord louche. Thompson avait tout entendu évidemment, ses filles aussi et quelques clients. Autant dire que s'ils avaient adopté l'allemand, il ne tenait qu'à lui de respecter les deux conditions pour avoir accès aux cuisses de la jeune femme, sans quoi il risquait bonbon.


De retour à la maison, Jack n'avait pas dessaouler mais était apaisé. Il avait passé une belle soirée en compagnie de son nouveau « copain ». Comme demandé, le salon était rangé et impeccable avec en prime, une petite odeur de jasmin qui flottait dans l'air. Akina finissait de dépoussiérer la dernière étagère. Elle avait rangé en une couette haute sa chevelure soyeuse et claire. Elle ne les entendit pas entrer tout de suite, trop concentrée sur son ménage. Si bien qu'ils la surprirent en arrivant. La jeune femme ne put s'empêcher de les dévisager longuement à la recherche de la moindre trace de lutte.

« Vous...vous en avez mis du temps. » soupira-t-elle de soulagement après avoir constaté leur relative bonne santé.

« Toi. Toi gamine, me parle pas comme ça ! Je prends le temps que je veux, bordel !"

Sur ce, il envoya un clin d'oeil complice à Siegfried, si pathétique que c'en était caricatural.

«Le Captain est un nouvel ami de la famille. Il boit comme un trou. Putain de marines. Je sais pas s'il reste souper avec nous. »

La belle fronça les sourcils tout en retirant le tablier qui lui cintrait élégamment la taille. Ses yeux en amande fustigèrent tout de suite l'allemand qu'elle observait désormais avec condescendance.

« Je ne comptais pas souper ici, j'ai du travail. Je t'ai mis une pizza au four. » annonça calmement Akina. Elle rangeait les chiffons et les seaux d'eau, agacée.

« Travailler...non mais tu te fous de ma gueule, t'es toujours dehors. Bon va pour cette fois. »

L'idée d'avoir enfin cet écran plasma adoucissait ses moeurs d'ivrogne.

« Bon, alors mon pote le Capitaine, tu grailles la pizza avec moi ou tu vas te refaire Stalingrad, ha-ha-ha. »

C'était vrai, qu'est-ce qu'un foutu allemand pouvait bien faire de ses heures libres ? Vénérer le troisième reich. Dans la tête de Walker, bourrée de préjugés, c'était ainsi.


« Modifié: jeudi 14 août 2014, 19:26:45 par Akina Walker »

SSiegfried

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 12 jeudi 14 août 2014, 22:15:52

Et victoire.

Il aura eu du mal à se retenir de rire, puis de hurler de l'absurde de sa demande, mais se contentera d'accepter d'un signe de tête. Ouai. C'est parfait.

-Je suis aussi améri... enfin, non, bon, pas autant que toi, OK... mais mon cœur va à ma patrie, même si je suis exilé dans ce putain de pays. Peu importe. Scellons cet accord avec un verre. Deal, mec. Et t'inquiètes pas, Jack... C'est encore ta fille, t'as encore ton mot à dire. J'suis un homme de parole.

Il trinque, et boit.

D'ailleurs, il ne fera plus que ça pendant des heures. Les biftons s'allongent (des yens, il n'a que ça dans sa poche, mais il a promis qu'il ramènerait des dollars la prochaine fois), chacun payant tour à tour, il sympathise même avec un autre boche et un ricain dans le bar, de quoi se faire accepter par la communauté dans sa globalité. Ils avaient parlé de souvenirs de guerre, de ce pays de merde, de cet Obama à la con, en avaient rajouté dans la débauche, avaient touché quelques culs de serveuse – et étaient rentrés.


Siegfried n'était pas à son summum en retournant chez Jack. Il tenait mal sur ses jambes. Depuis quand n'avait-il pas bu comme ça ? Sa tête lui tournait sérieusement, sa gorge était en feu, l'estomac à l'envers, et une certaine fatigue l'envahissait. S'appuyant contre un chambranle, riant un peu à l'une de ses remarques, il passe sa main sur son visage.

-Je retire tout ce que je pu dire un jour... ces pédés de l'USAF savent boire aussi. Ah ah ah !... Oh merde.

Il doit reprendre de la contenance, se redresser un peu, remettre sa chemise quelque peu débraillée. Il renifle sa veste, qui n'a pas une super odeur, lorsqu'on l'interpelle.

-Hein ?... Euh, oh, non, 'faut que je rentre, j'suis pas super bien... Ca faisait un bail que je m'étais pas amusé comme ça... J'passe plus de temps avec des putes qu'avec de l'alcool... Pis j'bosse demain, putain... Hmffff... C'est gentil quand même...

Il voit Akina passer non loin, et en profite pour se rapprocher, la saisissant par la queue de cheval. Ses paupières fatiguées lui donnait un air beaucoup moins glorieux qu'il y a quelques heures.

-Toi, t'es à moi, maintenant, d'accord. Tu vas être très gentille. Demain, fringue-toi comme une vraie pute, mais avec un peu de classe, que j'ai pas l'impression de te ramasser dans la rue... 13h, restaurant... euh... j'ai oublié le nom... Dans le quartier de l'université, au 4-11-44... Putain... Hey Jack, c'est pas l'un des trucs les plus merdiques chez ces jaunes, leur système d'adresse ?

Ayant élevé la voix pour se faire distinctement entendre, il choisit finalement de se rapprocher de lui, l'air un peu plus sérieux.

-Jack. On est des hommes d'honneur. On est des militaires, des vrais. On a servi dans une grande armée tous les deux et on s'est fait baiser par des enculés de politicards avec leurs règlements à la con, et des officiers à couille molle. C'est ça l'histoire. Ils devraient nous réintégrer avec dédommagement, putain. Maintenant, toi et moi on est en affaire, alors je te parle franchement. J'veux plus qu'Akina ait des bleus, nulle part. Pas que ça m'emmerde en soi, mais je tiens pas à baiser des jouets abîmés. J'suis déjà assez violent avec les nanas, si en plus t'en rajoutes une couche derrière je vais finir par niquer un cadavre. Bref... J'te laisse. C'est un plaisir de t'avoir rencontré, même si t'es qu'un rigolo de l'USAF.

Il lui tend la main pour la serrer, parce que se saluer avec la tête c'est aussi un truc de pédale de jap', et il finit par s'en aller sans oublier sa serviette avec ses cours dedans.

-À demain, « Scarlett ». Jack, j'te fais livrer tout ça dès que j'te trouve de la bonne came. De la.. bonne came. Ouai. Plutôt que Stalingrad, j'vais me refaire Kennedy, « Ich bin ein Berliner ». Putain d'arnaque. Encore un trou du cul de gauchiste.

Enfin, il sort. Il prend une grande inspiration. Quel merdier. Il savait qu'il n'en avait pas fini, que ce n'était qu'un début. Il n'aurait pas dû boire autant, même pour déconner, même pour feindre, c'était trop pour lui. Il lui fallait un café grand comme l'Empire State Building pour faire passer ça, et surtout une bonne nuit de sommeil.

Il allait donc rentrer à pied, en titubant quelque peu.



Le lendemain.

Le réveil a été dur... À 5h du matin. Oui, soudainement, paf, il s'est levé avec un mal de crâne immense et n'a pas réussi à se rendormir, bien que, du coup, il n'ait eu que trois heures de sommeil. Il fallait reprendre un rythme sain, alors il s'est fait un bon gros petit dej avec deux tisanes purifiantes, des tas de fruit et de légumes différents, rattrapant par la même occasion le dîner oublié de la veille. Après une digestion tranquille en écoutant du Prokofiev et du Mussorgsky, il s'imposa une séance de sport bien plus intensive que d'habitude, quitte à malmener son corps. Sa première injection de la journée, la moitié d'une seringue, lui fit un bien fou. Il se masturba, pris une douche, alla s'excuser devant sa croix de chevalier de la croix de fer des insanités qu'il a pu dire la veille... et se cala mollement sur son canapé, pour se faire une partie de Xbox.

Sur les coups de midi, il décida de se préparer entièrement. Il avait une bonne image à refaire auprès d'elle, alors hors de question d'y aller décontracté : Costume complet, sombre, sobre, classe, coiffé à l'allemande, on vérifie son rasage, en l'absence d'un sac à porter il se contentera de prendre son plus petit Glock pour le mettre dans sa veste, et sortira lorsque ce sera l'heure, faisant taire Saint-Saëns avant de verrouiller sa porte.

Il avait pris une table dans ce restaurant typiquement arabe, dans ce quartier très cosmopolite qu'était celui de l'université, un établissement plutôt milieu de gamme, avec une décoration fort inhabituelle pour le pays.

Il l'avait vu dans la rue, il avait été la chercher pour la conduire où il avait laissé ses affaires, s'était assis, et avait croisé les bras.

-Alors, Scarlett... Je suppose que tu as des choses à me dire, ou à me demander.

Le serveur arrive pour la commande. Il se plonge dedans, gardant néanmoins une part de son attention pour Akina.
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.

Akina Walker

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 13 vendredi 15 août 2014, 00:24:55

« Aouch ! » s''était exclamée quand Siegfried l'avait saisi sans crier gare. Elle fut heurtée de plein fouet par les mots qu'il employa. Il empestait l'alcool autant que son pauvre père et la douce Akina se révolta faiblement face au discours prononcé.

« Qu...quoi ? »

Elle avait à peine retenu l'adresse, les exigences vestimentaires et n'avait même pas prévu de réfléchir à la réponse : c'était non. Non, elle n'irait pas. Non, elle ne s'habillerait de telle ou telle manière. Et maintenant qu'elle les observait, tous les deux, la demoiselle se disait qu'elle venait d'accueillir un second démon dans sa vie et qu'il serait difficile de se débarrasser du professeur de bioéthique. De quoi haïr davantage la matière, si c'était possible. Le temps que les informations remontent au cerveau, elle était de nouveau frappée par le sens des paroles échangées. «Baiser des jouets ? ». Elle devait faire erreur, ils ne parlaient pas d'elle. La métisse eut un petit rire nerveux et se trouvait ridicule. Voyons, personne au 21ème siècle ne traitait une jeune femme de cette manière. Elle avait dû rêver, le stress, la fatigue, l'examen:autant de facteurs qui jouaient sur sa forme physique et mentale. Puis, ces deux hommes étaient en état d'ivresse. Tant de bêtises étaient proférées sous l'effet de l'alcool et oubliées dès le lendemain.

Heureusement, car un peu plus et elle aurait cru que Jack Walker venait de la vendre à son examinateur.

« Tu l'as dit mon pote. Allez, fais gaffe à toi hein. Que les cocos te choppent pas en route, hein ou ces foutus jaunes. »

« J'ai besoin de repos... » murmura-t-elle pour elle-même alors que Siegfried repartait. D'un pas mécanique, elle emprunta les escaliers menant à l'étage, ouvrit la porte de sa chambre et s'effondra sur le lit quelques minutes à peine. Car dans une demi-heure, elle devait être chez Kenneth. Sous un élan de compassion, elle avait accepté de donner une chance à une probable nouvelle relation. Elle entendrait ce que Kenneth aurait à lui dire et elle aviserait. Après un bref tour dans la salle de bain, elle enfila un jeans et un débardeur sombre.

Son père soupait devant la télé lorsqu'elle traversa le salon pour sortir. Étrangement, elle n'eût aucune remarque désobligeante, pas même un regard. Elle saisit en vitesse son sac et ses clefs de voiture, sans demander son reste. Le paternel était d'humeur lunatique, mieux valait ne pas presser le citron trop fort.

Un crissement de pneus et la voilà déjà partie vers l'autre bout de la ville où Kenneth logeait au sein d'une résidence universitaire peu coûteuse.



La sonnerie du téléphone marqua un douloureux réveil. A l'odeur, Akina savait qu'elle n'était pas dans son lit avant même d'ouvrir l'oeil. Elle grogna et chercha à tâtons son portable sur le chevet encombré de babioles. Ce fut la bouche pâteuse et les yeux mi-clos qu'elle répondit d'une voix ensommeillée.

« Akina. Putain il est 10h, t'es où ?! T'as découché sale pute ?! C'est ça ton travail ? »

Jack Walker, éternel râleur, vociférait dans le combiné téléphonique. Elle fut électrisée par le contraste d'une caresse chaude qui flattait son dos nu. Elle savait pertinemment que Kenneth était dans son dos. Qu'ils avaient bu, consommé un peu de drogues douces entre deux conversations existentielles et qu'ils avaient fini par se foutre en l'air, comme deux étudiants le font habituellement quand ils se plaisent.

« Qui c'est ? » lui demanda-t-il d'un ton rauque.

Elle plaqua une main fébrile sur le micro du téléphone et articula doucement vers son amant. « Mon pè-re ». L'irlandais leva les yeux au ciel, exaspéré. Il avait eu moins de chance lors de sa première et seule rencontre avec Monsieur Walker. Plusieurs coups avaient fusé. Au bout d'une minute, l'étudiante finit par raccrocher pour sourire vers Kenneth, franchement navrée. Elle ne se souvenait plus trop des mots prononcés la veille ni des engagements pris s'il y en avait eu, mais elle devait à regret reporter le règlement de ces histoires.

« Je suis navrée... » soupira-t-elle en s'extirpant du lit étroit.

« Tu es toujours désolée, Akina. Toujours. »

Elle avait déjà disparu dans la salle de bain, refusant d'empocher les sermons de son ex petit-ami. Peine perdue, il continua à travers la porte, malgré le bruit de la douche.

« On pourrait partir ! Aux Etats-Unis, tu en as toujours rêvé ! Reprendre nos études là-bas... ».

Aucune réponse. L'eau avait cessé de couler et face au miroir, la métisse prenait le temps de songer à la folle proposition. Celle qui n'était viable qu'au travers des pires romans à l'eau de rose. Qu'en penserait Chris, Sô ? Elle ne pouvait définitivement pas partir comme une voleuse. Ses réflexions étaient, de plus, parasitées par l'image troublante de Siegfried; à l'image d'un poison qui s'insinuait doucement dans ses veines. Et tandis qu'elle s'habillait, Kenneth poursuivait – agacé :

« De quoi as-tu peur, merde ? »

« Nous en reparlerons. » fit-elle vaguement, une petite moue désemparée au visage avant de claquer la porte du studio. De colère, Kenneth jeta son ballon de football américain contre cette maudite porte par laquelle Akina avait des chances de ne plus jamais repasser.


« Tu vas y aller ! »

« Non ! Non ! Et non ! C'est quoi ces histoires ?! Vous aviez trop bu.... » Akina s'efforçait de raisonner son père qui la bassinait avec le rendez-vous au 4-11-44. Ils se faisaient dangereusement face comme deux fauves prêts à bondir. La fille était aussi téméraire que le père était têtu. Midi venait de sonner et Jack craignait de ne jamais avoir ce si bel écran plat à cause de sa gamine.

« T'es qu'une salope d'égoïste, Akina. Pour une fois qu'un mec bien s'intéresse à toi, que je donne ma bénédiction et tout... ! » s'énerva le militaire en frappant du poing sur la table.

« C'est mon professeur ! Qu'est-ce qu'on va dire à la fac ? Que j'ai...séduit ce type pour réussir ? Ma carrière va être ruinée sans même avoir commencé ! »

« FUCK ! On s'en fout de ta carrière, féministe à la con. Un femme ça reste à la maison, et ça fait des gosses, t'as pas compris ! »

De longues minutes passèrent ainsi à tergiverser. Jack eut gain de cause à force de cris et de menaces. Outrée, elle avait décidé de céder pour se débarrasser du ramassis de fureur qu'était devenu le patriarche. Le souvenir du sourire charmant de Siegfried avait aidé cela dit, mais l'étudiante n'était pas une fille facile – loin de là et si elle restait sensible aux charmes de ces messieurs, elle n'en demeurait pas moins pudique et réservée. De toute manière, se disait-elle en fouillant dans sa garde-robe, ça coûtait quoi un dîner ? Rien quand on était conviée. Elle lâcherait un rot au bon moment et serait débarrassée à jamais du professeur Mengele.

Elle osa se vêtir d'une courte robe blanche dont la coupe moulait adroitement son corps aux courbes vertigineuses. Le corset intégré du vêtement remontait agréablement sa poitrine bien faite, dessinant un décolleté aux saveurs exotiques. Et à mi-cuisse ses longues jambes coulaient gracieusement. De fines bretelles retenaient le tout à ses épaules frêles. Elle avait tressé sa chevelure ambrée aux reflets blonds et passé un coup de mascara pour rallonger ses cils. La jeune femme se trouvait ridicule d'essayer de plaire à l'allemand. Ce n'était qu'un simple dîner après tout. En conclusion, elle para ses pieds délicats d'escarpins clairs et se parfuma discrètement.

Le GPS la fit tourner en rond, mais finit par lui indiquer le bon endroit. Elle se gara à quelques mètres et se dirigea vers la devanture du restaurant, pleine de  gêne. Quelques mâles s'étaient impudiquement retournés sur son passage pour siffler, complimenter, sourire ou tout bonnement draguer. Aussi fut-elle soulagée quand Siegfried fit son apparition afin de la mener à leur table au sein d'un décor dont elle ignora les origines. D'Arabie sans doute ? Le serveur vint rapidement mettre un terme à sa contemplation, proposant le menu. Elle le remercia avec politesse et il s'inclina sans perdre une miette du décolleté de sa cliente.

« Pourquoi vous m'avez invité au restaurant ? » demanda-t-elle, les yeux rivés sur le menu.

Elle avait croisé ses jambes sous la table, donnant un coup de pied volontaire à Siegfried qu'elle s'empressa de camoufler en regrettable maladresse. Tout de suite, elle lui accorda son plus beau sourire sur un petit « désolé » platonique. Son choix s'était déjà arrêté sur une brochette d'agneau et un potage maison très épicé. Beaucoup d'interrogations et de commentaires lui brûlaient les lèvres : de quoi parlait-il hier « baiser des jouets ? », était-ce sa méthode de sauver la veuve et l'orphelin ? Mais pour le moment, elle mettait encore le tout sur le compte de l'alcool et préférait laisser son amertume de côté.

SSiegfried

Humain(e)

Re : Sturm und Drang

Réponse 14 vendredi 15 août 2014, 12:45:39


-Hmm... Mezze. Et le petit Maqluba. De l'eau.


Il avait sursauté lorsqu'elle l'avait frappé, mais n'en avait pas tenu compte. Une simple moue exaspérée traverse sa face l'espace d'un instant. Il espère surtout qu'il n'y a pas de trace sur son pantalon... Il déteste quand le chaos et la saleté l'envahissent.

La commande passée, il se penche sur elle, deux mains croisées comme en prière, celles-ci soutenant son menton. Il paraît perplexe quant à sa demande.

-Tu n'as pas compris ? Pourtant tu as suivi mes instructions... C'est étrange. Bien, ta tenue. Parfaite. Dis-moi, ton père t'a frappé hier ou aujourd'hui ?

L'eau arrive déjà. Tant mieux. Il sert un verre à Akina, fait de même pour lui, qu'il s'enquille d'un trait.

-Je suis désolé de te dire ça, crois-moi, parce que je sais que c'est moralement difficile de voir ça d'un proche... Mais tu n'es plus à ça près, je suppose. Ton père t'a vendu à moi. Sexuellement, j'entends. Il a fait de toi ma pute, tout simplement.

L'entrée suit aussitôt. Heureusement que le service est rapide au début, ça fait passer l'attente parfois longue du plat principal. Il met l'assiette entre eux-deux, la désignant du menton avant de piquer un kebbeh.

-Sers-toi donc. Bref... Je peux maintenant disposer de toi comme je l'entends. Cependant, il m'a dit de ne pas te mettre enceinte sous peine de t'épouser, alors je devrais probablement me contenter d'utiliser ta bouche ou ton cul.

Il est ignoble, mais il s'en balance, parce que la boulette de viande est excellente.

-Hmm. Peu importe. Je ne compte pas te saillir comme une catin. J'ai juste fait ça pour que ton père te fiche la paix, et arrête de te frapper. Je lui ai demandé de ne plus te cogner, sous prétexte que j'étais déjà assez violent. T'as plus qu'à raconter que je suis une bête de sexe, que tu ne veux plus d'aucun autre amant tellement je te satisfais, que je te colle des baffes à te décoller la mâchoire mais que je fais gaffe à ce qu'il ne reste pas de trace... La plupart de tes problèmes seront envolés vis-à-vis de lui. Et en attendant, je dois trouver ce qu'il m'a demandé en échange.

Il n'avait pas encore regardé les tarifs pour satisfaire la requête de Jack, mais on devait bien dépasser les 100 000 yens pour une bonne télé de ce genre, et encore, le haut de gamme doit dépasser ce prix.

-J'ai improvisé un long mensonge, comme quoi j'étais un ancien des marines et toutes ces conneries. Y a que le tatouage de mon groupe sanguin qui est vrai dans l'histoire. J'ai été militaire, mais sûrement pas pour les Etats-Unis. Tout ça pour dire que s'il le découvre, il risque de m'en vouloir, mais toi, tu ne seras plus couverte de rien. Tu m'en dois une, gamine. Et je compte sur toi pour rester muette à ce sujet.
SS-Hauptsturmführer Anton, baron von Königsberg.

Cette image mène à mon RP que je l'aime bien.

Ce personnage n'a pas pour but de faire l'apologie du nazisme et cherche au contraire à avoir une réflexion sur les suites de l'idéologie à travers le temps, la survivance des endoctrinements meurtriers et la reconstruction des esprits détruits.

Le joueur et son perso sont à dissocier.


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