Un calme parc [pv : Ayane et Windz]

Il était bientôt dix-neuf heures à Seikusu lorsque Ayane était encore dans les rues. Elle prenait son temps après une journée à l'école, qui avait été mouvementée comme souvent. Le soleil était tout juste couché, mais cela ne la dérangeait pas du tout. Elle voyait quasi aussi bien la nuit que le jour. Elle passa devant le parc qui était apparemment fermé à cette heure-ci. Elle regardait les grilles et le panneau. Ce genre de choses ne l'empêchait pas du tout de faire ce dont elle avait envie. Elle n'était jamais très regardante avec les règles, l'autorité et l'ordre établi. Elle ne se sentait pas tellement concernée, n'étant pas humaine.

La méduse concentra un court instant ses forces pour sauter au-dessus des grilles, faisant fi des personnes autour. Elle ne se cachait pas du tout ignorant joyeusement les conséquences. Elle venait de sauter en départ arrêté une dizaine de mètres sans aucun problème, atterrissant sans problème de l'autre côté. Elle commença à marcher tranquillement dans ce semblant de nature organisé par la ville.

Il y avait un parc assez classique avec des bancs, des lampadaires éclairaient les lieux, davantage pour la beauté que l'utilité. Il y avait un grand lac très calme, l'endroit était totalement désert, et aucun vent ne venait changer la régularité des flots. Il y avait plus loin une forêt profonde en bordure. Tout ceci était pas très sauvage, mais elle était plus attirée qu'autre chose par la forêt qu'un grand jardin.

Tout tranquillement et encore habillée avec sa tenue d'écolière, Ayane se dirigea à pas lent vers la forêt. Elle avait une chemise noire avec une petite cravate rouge, une courte jupe rouge avec une sous-jupe noire en dessous. Elle portait les traditionnelles hautes chaussettes noires de l'école avec de petites chaussures en cuir. Elle avait son sac dans le dos avec quelques livres et cahiers. Elle n'avait pas son arme sur elle, on lui avait interdit de l'emmener, mais rien ne lui interdisait d'appeler son arme en cas de besoin. Elle n'hésiterait sans doute pas très longtemps devant un danger. Elle délia lentement en tirant sur un ruban rouge dans ses cheveux, afin de libérer ses longs cheveux dans le vent.   

Le parc de Seikusu était une zone fermée au public durant la nuit, et il était assez rare d'y faire des rencontres. Cependant, ce soir-là, Windz y était. Il avait emprunté la forme du dieu Apollon pour cette soirée, non pour se faire passer pour cette divinité, mais tout simplement parce qu'il aimait bien cette apparence. Et puis, parmi ses favorites, c'était la seule qui pouvait inspirer de la crainte et du respect aux autres. En effet, il imaginait mal une Neko se défendre face à un assassin, et encore moins un enfant de huit ans. Pour favoriser cette impression, il s'était créé des habits laissant croire qu'il pouvait appartenir à une mafia : une veste de soirée noire unie par-dessus une chemise blanche, cravate noire, pantalon noir aussi... Bref, tout l'attirail de l'homme qu'il vaut mieux ne pas déranger. Les autres molécules de Windz ne faisant pas partie de cet être regardaient aux alentours pour voir si un portail vers Terra était ouvert. Il avait envie de tomber sur une personne originaire de ce monde. Pourquoi ? Lui-même ne le savait pas. Il en avait envie, c'est tout.

Il marchait assez lentement, prenant son temps. Il n'était pas pressé, il avait l'éternité devant lui. Et puis, ce n'est pas en marchant plus vite qu'on a plus de chances de rencontrer quelqu'un. De toute façon, cette personne arrivera à lui, ou il arrivera à elle. Il remarqua une jeune femme à l'une des entrées du parc, qui semblait vouloir entrer. Mais le portail était fermé. Elle allait donc certainement rentrer, bien que la lueur dans son regard indique totalement l'inverse. Son regard... Il lui rappelait celui d'une personne qu'il avait connu il y a bien longtemps. Une vieille amie, et la seule personne qu'il pouvait considérer comme amante. Ce n'était pas la première fois qu'il avait cette impression, loin de là, mais c'était quand même assez rare. Une myriade de souvenirs revinrent hanter l'élémental d'air dans chacune de ses molécules. Il l'avait cherché pendant plus d'un siècle après l'avoir perdue et, bien qu'elle soit immortelle, il s'était persuadé qu'elle était perdue dans un endroit dont elle n'arriverait pas à s'échapper, comme sous des litres de lave en fusion.

Non, il ne devait pas y repenser. C'était mauvais pour lui. La dernière dépression qu'il avait eu avait duré un mois entier, durant lequel il n'avait pas été capable de faire autre chose que de se perdre dans les cieux de Terra. Tiens, la femme viens de sauter. Un joli bond d'une dizaine de mètres, traversant ainsi l'obstacle devant elle. Une mutante certainement... Pas intéressant. Leurs pas les amèneraient cependant à se croiser dans une petite minute.

Ayane poursuivait sa route tranquillement le long des allées en gravillons. Tout était si paisible et agréable la nuit lorsqu'il y avait personne. Plus le monde tournait, moins les endroits calmes et sans présence humaine existaient. Aujourd'hui, les lumières des hommes recouvraient tous les endroits habités. L'homme avait tellement peur de ce qui se cachait dans le noir.  Ou encore pire de ce qu'il ne pouvait contrôler.  Elle en faisait l'amère expérience régulièrement.

Elle marchait lentement dans la direction de la forêt. Elle avait besoin d'un semblant de nature sauvage, bien loin des tumultes de la ville. Elle vit rapidement une personne bien habillée qui aurait pu inspirer une certaine crainte pour une jeune étudiante comme elle paraissait. Cependant de par sa nature surnaturelle, elle ne craignait pas grand-chose. Cela l'amuserait presque qu'il tente quelques choses, après tout elle n'avait pas une apparence des plus impressionnantes. Plus elle se rapprochait de lui, plus elle avait l'étrange impression de l'avoir déjà vu. C'était impossible, les personnes qu'elle avait connues avant étaient toutes mortes ou vieilles. Lorsqu'elle mourrait, elle dormait pendant trente ans en statue de pierre avant de renaître. Sa mémoire était alors comme grippé de sa non-activité. Elle lui fallait toujours un peu de temps avant de fouiller dans sa mémoire millénaire.

Ayane passa devant cet homme en lui disant bonsoir par pure politesse. Malgré elle quand elle parlait, c'était toujours dans la langue natale de la personne qui écoutait.  Dans le cas d'un élémentaire millénaire,  cela devait être un langage bien propre à sa race, à moins que ce ne soit en grec ancien. Elle ne se rendait même pas compte elle-même comment la personne percevait les mots qu'elle prononçait. Puis elle se figea après seulement quelques mètres effectués. Elle avait des flashes d'une de ses anciennes vies, qu'elle revivait comme si elle y était.

À l'époque, la méduse avait une tout autre apparence.  Elle avait adopté l'apparence de l'ethnie locale, au niveau de l'actuelle Turquie. On était pendant le XVI ème siècle,  à cette époque l'Empire ottoman régnait en maître sur l'Afrique du Nord, le Moyen-Orient et jusqu'à l'actuel Autriche. Elle était une magnifique femme à la peau matte et cheveux noirs corbeaux aussi longs qu'actuellement. Un regard azure pure comme de l'eau de roche. Un corps svelte, légèrement musclé,  avec de petites formes agréables. On lui donnait dans les vingt-cinq ans à tout cassé. Elle avait déjà reçu de nombreuses propositions de mariage, mais se lier à un humain mortel ne l'intéressait pas du tout. Elle évitait de crier au tout-venant sa véritable nature,  même si elle ne se cachait pas pour combattre.

Lorsque Windz et Ayane s'étaient rencontrés la première fois,  il était très tard dans la nuit. Quelques mercenaires envoyés par un noble de la région avaient été envoyés,  car il était mécontent de s'être fait éconduit par une parfaite inconnue. Il y avait soudain dans sa petite maison hors de la ville beaucoup de bruit de bagarre. Pourquoi et comment Windz se trouvait par hasard proche de chez elle était un mystère. Quoi qu'il en soit, quand il regarda ce qui se passait, il avait pu voir une très belle femme entourée par quatre hommes armés. Elle était nue avec un cimeterre à deux mains bien trop grand pour un petit être comme elle.

La jeune femme ne semblait pas avoir du tout peur malgré mes railleries des mercenaires qui étaient là pour la capturer en vie. Elle se coupa sciemment la main afin de répandre son sang tout le long de la lame. Elle avait récité un court poème parlant d'une sombre punition divine implacable. Elle était toujours très théâtrale,  ce qui faisait bien rire les hommes. Elle devait se concentrer un moment afin de réveiller sa puissance immortelle qui sommeillait.  Ses yeux devinrent alors d'un rouge bestial avec pour seule maîtresse la haine et la destruction. Sa force était telle que son corps avait pris du muscle, ses longs cheveux volaient rapidement dans tous les sens par l'énergie dégagée. Les superstitieux pouvaient prendre cela comme des serpents animés,  d'où venait d'ailleurs sa légende.

Les quatre mercenaires commencèrent à comprendre leur erreur, mais il était bien trop tard pour fuir. Elle commença à frapper le premier avec une vitesse hallucinante, seules des personnes surnaturelles auraient pu suivre. Quand les mercenaires réalisèrent qu'elle avait déjà bougé, la tête d'un de leurs camarades était déjà coupée. Il se changea en quelques secondes en pierre. Le sang maudit de la méduse transformait n'importe quel être vivant en pierre une fois dans l'organisme. Elle se retourna lentement en regardant les hommes avec un sourire malsain. Ils tentèrent de répliquer, mais ils n'avaient aucune chance.

Très rapidement, le calme revint dans la petite maison. Les mercenaires étaient tous morts et en pierre.  La mutante était recouverte de sang et nue, quand Windz fit son apparition au niveau de la porte ouverte, elle le prit pour un autre ennemi complètement emporté par sa haine et son envie de se battre. Elle tenta de le fendre en deux au niveau de la taille,  mais elle le traversa. Il était difficile de trancher de l'air après tout. Après quelques tentatives infructueuses,  elle se calma et put ainsi faire connaissance. Ils passèrent par la suite bien des années ensemble jusqu'au jour où elle dut affronter l'armée d'un puissant sultan qui la voulait dans son harem. Ce fut un véritable carnage,  mais avec le nombre, elle périt dans la bataille. Elle passa de nombreuses vies dans cette prison dorée,  mais elle était difficilement contrôlable.

Tout ceci était très loin maintenant. Ayane de son nouveau prénom avait une nouvelle apparence, une nouvelle arme, mais elle restait elle-même. Elle se retourna lentement face à cet homme bien habillé dans le parc, qui lui avait fait remonter tant de doux souvenir. Elle avait rarement été si heureuse et si longtemps avec une personne. Elle avait presque oublié la guerre contre ses deux grandes sœurs, et sa vie faite de conflit. Elle le regardait droit dans les yeux sans dire un mot pour l'instant.

Lorsque Windz la croisa, elle salua l'homme qui passait en sens inverse. Cela n'aurait eu strictement aucun impact si elle avait parlé en japonnais. Non, elle avait parlé une autre langue, qu'il n'avait pas entendu depuis bien des siècles. Il s'agissait d'un ancien langage, aujourd'hui oublié au profil du latin. Toutes les molécules de Windz s'arrêtèrent sur le coup, que ce soit l'homme qui passait à coté d'elle ou celles qui surveillaient les alentours. Ce langage... La dernière personne qui l'avait parlé, en plus de lui-même, était Roxelane. Son aimée, la seule qui, en plusieurs milliards d'années de vie, avait réussi à conquérir son cœur. Même si, matériellement parlant, il n'avait pas de cœur. Une myriade de souvenirs revinrent tout à coup à la surface. Leur première rencontre, lorsqu'il l'avait vue pour la première fois en action. C'était un véritable carnage. Seule contre quatre, elle ne leur avait pas accordé la moindre chance. A cette époque, Windz n'était pas au courant pour l'existence de Terra, et une créature comme celle-ci risquait de perturber le monde tranquille des humains. En se montrant, il avait juste voulu la comprendre, savoir qui elle était. Et il n'avait pas été déçu. Il a découvert une âme millénaire, et pourtant encore si fraiche. Elle n'avait pas été lassée de la vie, et la mordait toujours à pleine dents. Il lui avait donc ouvert son âme, lui racontant certains aspects de sa propre vie, pourquoi il ne croyait plus en les humains, et certaines des multiples rencontres qu'il avait faite.

Cinquante ans. Ils vécurent ainsi pendant cinquante années, heureux. Windz fit découvrir le monde entier à Roxelane, qui avait été fascinée par ces escapades. Découvrir et redécouvrir des lieux magnifiques l’extasiait toujours autant. Il pouvait aisément la faire voyager à très grande vitesse, sans sentir aucun désagrément physique, et revenir le soir. Et ils en vivaient des aventures différentes. Une de ses préférées fut lorsqu'ils se rendirent en Inde. La première rencontre entre un éléphant et elle était particulièrement comique. Surtout qu'il l'avait déposée sur son dos... Que de souvenirs ! Il se souvenait aussi qu'elle était en conflit permanent avec ses deux sœurs. Au tout début de leur relation, l'une d'entre elles essaya d'attaquer Roxelane. Elle fut rapidement contrainte à s'enfuir après avoir vu que Windz était bien plus puissant qu'elle. Il la retrouva facilement et la surveilla constamment avec certaines de ses molécules. Dès qu'elle voulait intenter une action contre son aimée, il était là pour l'empêcher de nuire. La seconde s'était faite plus discrète, et tenta de piéger sa sœur ainsi que cet indésirable à ses cotés. Elle réussit à le tromper, mais au moment ou il avait découvert la supercherie, il avait volé à son secours, interrompant un duel entre les deux. Pour empêcher qu'un tel évènement se reproduise, il avait décidé de menacer cette femme. C'est le jour où le drame arriva.

Lorsqu'il est revenu, Roxelane était partie. Non, pas partie. Elle avait été enlevée. Une trentaines de cadavres gisaient au sol, tous transformés en pierre, mais aucune trace de son aimée. Il était impossible que cela vienne d'une des deux sœurs, puisqu'elles étaient toutes deux soit surveillées par Windz, soit en contact direct avec lui. Il l'a cherché pendant longtemps, très longtemps. Pour une journée de bonheur, s'ensuivirent de deux jours de recherche. Mais strictement aucune trace d'elle. Il avait fini par se faire une raison. Il ne la retrouverait jamais. Et son deuil avait duré un siècle.

L'homme se retourna vers elle, et toutes les autres molécules externes se dirigèrent à très grande vitesse au même endroit. Il la regarda faire quelques pas, puis s'arrêter et se retourner elle aussi. Plus aucun doute, c'était elle ! Au fond de toutes ses molécules, il sentit une petite vibration qu'il n'arriva pas à contenir. Le résultat visible est que l'image de l'homme se troubla pendant un petit moment, sous l'effet de cette émotion. Lorsqu'il retrouva son état normal, il souffla à voix basse, néanmoins certain qu'elle l'entende :

Depuis combien de siècles...

Il avait parlé en grec ancien, la langue natale de son aimée. Il la détailla. Elle ressemble à une japonaise, contrairement à la dernière fois où il s'agissait d'une nord-africaine. Un air stupéfait sur son visage, des habits d'écolière... Elle avait reprit vie certainement par ici. Elle semble assez jeune. Il se passerait donc longtemps avant qu'elle retourne à son état de pierre. Et Windz voulait à tout prix que ce temps soit le plus long possible !

Il marcha doucement vers elle et lui prit la main. Le contact était le même que si elle avait touché une personne normale, excepté quelques irrégularités microscopiques. Seules les personnes qui étaient habituées à son contact s'en apercevaient. Comme elle certainement.

Rox... Non, c'est vrai, tu as changé de nom depuis. Comment t'appelles-tu maintenant ?

Il serra cette main, peut-être un peu fort. Il ne voulait pas la perdre à nouveau.

Pardonne-moi, je n'ai pas réussi à te retrouver plus tôt...

Depuis combien de siècles...

Même un léger murmure aurait pu être perçu à ce moment-là par la méduse. Elle regardait cet être étrange onduler dans l'air, il semblait comme subjuguer. Elle était certaine qu'elle avait déjà vu cet homme. C'était une lutte contre elle-même pour se rappeler. Elle savait que c'était un ami précieux, chose très rare dans son cas. Non, c'était même plus que cela. Elle avait déjà eu quelques aventures pour s'amuser, mais une seule avait été assez sérieuse. Cela remontait à tant d'années, c'était très loin. Le sort s'acharnait toujours sur sa vie à la nuire. Que ce soient ses sœurs, des humains qui avaient peur d'elle, il y avait toujours un moment où elle devait mourir comme si ce monde n'était pas pour elle. Elle était une vieillerie inutile d'un passé révolu, mais toujours bien présente.

Ayane se rapprocha encore davantage afin de passer sa main le long de la joue de Windz. Ses sensations, cette présence, tout lui revenait petit à petit comme un fil emmêlé que l'on déroulait. Elle sourit légèrement en repensant aux bons moments partagés. Elle était quelqu'un d'assez de violente, où l'on peut dire bien trop énergique, mais cet être si spécial avait un effet calmant. Elle ne vieillissait jamais, elle gardait toujours une apparence d'une jeune fille en plein fleure de l'âge. Elle avait beaucoup changé, mais cela ne semblait pas déranger tant que cela l'élémentaire d'air.

La jolie brune entremêla ses doigts avec ceux de Windz en regardant leurs mains ensemble. Puis elle regarda son visage avec un sourire. Quand elle était avec un humain, elle devait toujours faire attention. Elle était un monstre mythologique capable de briser un humain à main nue, mais pas avec Windz.  Elle pouvait également rentrer dans des rages par moments, l'ivresse du combat était une de ces drogues favorites, et les siècles passants ne l'avaient point changée. Cependant, avec lui, cela n'avait aucune espèce d'importance. Il avait même tendance à la surprotéger. Elle n'avait jamais demandé d'aide pour tous ses combats, ceux qui sont perdus d'avance. Quelque part, elle était assez solitaire ne comptant que sur elle-même. Cependant, elle avait accepté son aide, sa présence pendant un long moment. 

Rox... Non, c'est vrai, tu as changé de nom depuis. Comment t'appelles-tu maintenant ?

« J'ai choisi le nom d'Ayane, quand je me suis réveillée dans ce musée, c'était une peintre classique qui exposait. C'est amusant, tu n'as pas du tout changé depuis tout ce temps, mais que faisais-tu donc dans ce bois ?    »

Ayane sentit que Windz serrait fortement sa main, bien décidé à ne plus la quitter. Elle sourit légèrement en portant sa main à sa bouche, et à y déposer un tendre baiser ne le quittant pas du regard. Elle réagissait comme si cela ne faisait que quelques jours qu'ils s'étaient séparés. Elle n'avait pas évolué d'un pouce, elle était toujours la même, immature, violente, faisant toujours qu'à sa tête. Le monde avait pourtant bien changé, et comme à son habitude, elle rentrerait dedans avec force et violence en leur rappelant la triste vérité. Ils n'étaient que des humains.

 Pardonne-moi, je n'ai pas réussi à te retrouver plus tôt...

« Il n'y a pas d'excuses à donner, ce n'est pas de ta faute, mais je ne pense pas que tu veuilles parler des tristes souvenirs. Profitons du moment présent, je ne sais pas trop combien de temps cette vie durera. Lorsque je péris, je me transforme en pierre pour trente années avant de renaître. Cela fait que quelques semaines que je me suis réveillée. J'ai rencontré des humains gentils qui me loguent. Ils ont à cœur à me faire découvrir ce nouveau monde, même s'ils sont reliés à un groupe militaire.

Je pense que ce S.H.I.E.L.D. ne me veut pas que du bien, mais pour le moment ça va. Ils ont peur de moi, mais après tout, il y a peut-être de quoi ?  »

Répondit-elle alors en riant. La vie et la mort n'avaient aucune incidence sur sa façon de vivre, ce qui changeait la donne dans sa façon de réagir. Cela pouvait paraître si étrange et fou pour des êtres à la vie si courte. Elle le regardait en se demandant qu'elle allait être sa réaction. Elle s'imaginait déjà qu'elle serait suivie par lui constamment, d'autant plus que le problème avec ses sœurs était plus présent que jamais. 

Décidément, le destin existait peut-être, et le leur serait de se retrouver, encore et encore, puis de se perdre. Il n'en était pas question ! Maintenant que Windz savait à quel point elle pouvait être vulnérable, il garderait toujours un œil sur elle. Enfin, au-dessus d'elle. Et ce n'est pas une façon de parler, mais une réalité. Il est prêt à sacrifier une partie de lui-même, déléguée à la surveillance de son aimée, plutôt que de la perdre à nouveau pour toujours. Lorsqu'elle serait une nouvelle fois en statue, il veillerait sur elle, la plaçant à un endroit inattaquable. Inaccessible. Par n'importe quel moyen, quitte à la briser en un milliers de morceaux et d'enterrer le dernier sous des mètres de manteau terrestre. Quoi qu'il en soit, il sera là pour sa prochaine renaissance. Il s'en fit le serment. Deux âmes millénaires qui réussissent à garder leur fraicheur malgré les ravages du temps, cela était assez rare pour que cela soit pris en considération. Et plus il réfléchissait, plus il songeait à cette histoire d'âme sœurs. Les avis des personnes étaient toujours en train de changer par rapport à ce concept, et l'avis de Windz était que son âme sœur existait. Il s'agissait de celle en face de lui, celle qui lui souriait presque innocemment. Sa beauté corporelle n'était qu'un plus à celle de son âme qu'il avait eu maintes fois l'honneur de fréquenter.

J'ai choisi le nom d'Ayane, quand je me suis réveillée dans ce musée, c'était une peintre classique qui exposait. C'est amusant, tu n'as pas du tout changé depuis tout ce temps, mais que faisais-tu donc dans ce bois ?

L'élémental sourit légèrement lorsqu'il entendit cette remarque concernant son apparence. Comme elle le disait, sa mémoire était altérée à chaque résurrection. Le souvenir de Windz devait donc être ténu dans son esprit, bien malheureusement. Ayane... Un beau prénom qu'il n'avait entendu que très rarement. La seule chose qui le dérangea fut le fait qu'elle s'interroge sur sa présence dans ce parc. Ainsi, elle n'était pas au courant... Il vaut certainement mieux pour elle. Si puissante qu'elle soit, elle ne ferait pas le poids face à un démon majeur ou, encore pire, un dieu. Et lui, Windz, avait quelques ennemis divins, bien qu'ils ne sachent pas qu'il existe. Ou du moins, sous quelle forme il existe. Pour beaucoup, il n'est qu'un élémentaire assez doué en magie pour faire croire qu'il s'agit uniquement d'air. Alors qu'il n'est que de l'air, et il ne pratique pas du tout la magie. Il aurait bien aimé pouvoir d'ailleurs, mais tous les mages qu'il avait consulté avaient été formels : il ne serait jamais capable de lancer le moindre sortilège, même le plus basique. Dans tous les cas, il réglerait cette histoire de localisation plus tard.

Il n'y a pas d'excuses à donner, ce n'est pas de ta faute, mais je ne pense pas que tu veuilles parler des tristes souvenirs. Profitons du moment présent, je ne sais pas trop combien de temps cette vie durera. Lorsque je péris, je me transforme en pierre pour trente années avant de renaître. Cela fait que quelques semaines que je me suis réveillée. J'ai rencontré des humains gentils qui me loguent. Ils ont à cœur à me faire découvrir ce nouveau monde, même s'ils sont reliés à un groupe militaire.

Je pense que ce S.H.I.E.L.D. ne me veut pas que du bien, mais pour le moment ça va. Ils ont peur de moi, mais après tout, il y a peut-être de quoi ? finit-elle en riant aux éclats. Qu'il était bon de l'entendre à nouveau rire, même si ce n'était plus exactement le même.

Le SHIELD... Windz les avait surveillé pendant un certain temps pour savoir quelles étaient leurs activités, et le résultat ne l'a guère surpris. A vrai dire, il s'agit juste d'un rassemblement d'humains hors du communs et non-humains pour essayer de maintenir l'ordre dans la ville. Il ne s'agissait pas de protéger, mais plutôt de punir, ce qui était bien dommage. Ensuite, les attitudes de chacun variaient : pendant que l'une vouait sa vie à la défense de la veuve et de l'orphelin, une autre préférait faire l'égérie des plantes, jusqu'à tuer d'autres humains pour ce faire. Il n'y avait donc qu'une cohésion de façade. Dommage, puisque le potentiel d'une telle organisation est énorme...

Le SHIELD, hein ?... Une belle brochette tous ces gens. Très peu d'entre eux sont des humains normaux, comme tu as pu le constater toi-même. La plupart sont des mutants, ou alors ne sont même pas originaire de ce monde. Et malheureusement, je ne pense pas qu'ils t'aient recueillie par bonté de cœur, mais surtout pour éviter que tu mènes un petit carnage.

Concernant son rappel sur son statut, il lui répondit simplement :

Contrairement à toi, je me souviens de chaque seconde que nous avons passé ensemble Ayane... Ces souvenirs resteront à jamais gravés en moi. Si ta malédiction te force à perdre la mémoire, nous la retrouveront ensemble, je te le promet.

Il avança la tête et déposa un doux baiser sur le coin des lèvres de la créature mythologique.

Si ta vie n'est qu'un continuel cycle, la mienne est une véritable flèche, une ligne droite à sens unique. Cela fait bien des siècles que je t'ai perdue. Mais aujourd'hui, je t'ai retrouvé. Et il n'est pas question de te perdre une nouvelle fois, je te le promet. Et maintenant...

Il utilisa ses molécules ne faisant pas partie du corps humain pour sur-élever Ayane et Windz assez rapidement, jusqu'à ce qu'ils aient atteint une trentaine de mètres au-dessus du sol. Indétectables, d'autant plus qu'il commençait à faire nuit noire. Une nuit sans lune.

...on s'élève ! finit-il d'une voix joueuse. Comment allait-elle le prendre ? Allait-elle hurler de peur et essayer de se débattre, comme lorsqu'il lui avait fait cette surprise la première fois, ou allait-elle rire aux éclats, comme elle en avait pris l'habitude plus tard ?

Ayane n'avait jamais eu l'occasion de se rendre sur Terra ou autre part que sur Terre. Elle était un monstre de destruction sur la planète qui l'avait vue naître, mais il en était bien autre chose ailleurs. Vu son caractère, il était évident qu'elle aurait foncé dans le tas si elle avait vu quelque chose qui ne lui plaisait pas. Elle était facilement manipulable par quelqu'un d'un tant soit peu malin. Elle avait après tout la mentalité d'une adolescente ivre de la vie.

La méduse ne faisait guère confiance dans le S.H.I.E.L.D. Elle ne faisait guère confiance à beaucoup de monde sur Terre après tout. Elle avait également une forme de haine contre les dieux, après tout, sa vie actuelle n'était due que par la décision de l'un des siens. Elle ne s'était pas demandée si sa vie éternelle était une erreur ou une véritable volonté des dieux. Un dieu s'il avait voulu aurait pu l'empêcher de vivre ou la mettre dans une prison à jamais, mais ce ne fut jamais le cas. Peut-être qu'ils la trouvaient distrayantes à agiter son arme de-ci de-là régulièrement. Peut-Être aimaient-ils la voir faire des massacres et mourir héroïquement, peut-être voulaient-ils simplement encore démontrer qu'ils étaient toujours présents en montrant le produit de leurs créations.   

Le SHIELD, hein ?... Une belle brochette tous ces gens. Très peu d'entre eux sont des humains normaux, comme tu as pu le constater toi-même. La plupart sont des mutants, ou alors ne sont même pas originaire de ce monde. Et malheureusement, je ne pense pas qu'ils t'aient recueillie par bonté de cœur, mais surtout pour éviter que tu mènes un petit carnage.

« S'ils deviennent gênant, alors j'agirais comme d'habitude. »

Dit-elle avec un sourire jovial sur un ton léger, alors qu'elle parlait clairement de tous les éliminer ou de tenter du moins. Elle aurait pu tenter de disparaître, mais ce n'était pas son genre, et elle n'était pas quelqu'un de véritablement discrète. Elle était sanguine et ne se limitait à rien du tout. Toutes ses envies et désirs devaient être comblées.

Contrairement à toi, je me souviens de chaque seconde que nous avons passé ensemble Ayane... Ces souvenirs resteront à jamais gravés en moi. Si ta malédiction te force à perdre la mémoire, nous la retrouveront ensemble, je te le promet.

« Avec un petit effort, des événements ou des lieux, ça revient lentement. Je sens en toi quelque chose de très particulier, je sais que je peux avoir confiance. »

Ayane pencha la tête sur le côté afin de répondre du bout des lèvres au baiser. Elle n'acceptait pas facilement malgré les apparences quelqu'un de vraiment intime à ses côtés. Embrasser quelqu'un était selon elle davantage intime que de basiquement faire l'amour, qui répondait simplement à un instinct animal. Elle eut quelques flashes de plusieurs passés à embrasser cet homme, quelques moments de passion. Elle eut un léger frisson à ressentir à nouveau toutes ses sensations et sentiments. Elle revivait toujours pleinement les souvenirs qui lui revenaient en mémoire.

Si ta vie n'est qu'un continuel cycle, la mienne est une véritable flèche, une ligne droite à sens unique. Cela fait bien des siècles que je t'ai perdue. Mais aujourd'hui, je t'ai retrouvé. Et il n'est pas question de te perdre une nouvelle fois, je te le promets. Et maintenant...

...on s'élève !

L'éternelle jeune fille voulut répondre à la phrase, mais elle fut totalement surprise de s'élever dans les airs. Elle sentit bien qu'une force inconnue la tenait fermement  afin de l'élever dans le ciel étoilé. Les Japonais n'étaient pas très démonstratifs et elle n'avait guère peur de la mort comme les humains. Elle se tendit légèrement par réflexe, et elle allait faire apparaître son arme, lorsqu'elle se rappela qu'ils faisaient souvent ce genre de choses par le passé. Elle se laissa alors porter en observant de haut la ville en s'appuyant en arrière avec ses mains. Elle ne cria ni ne rit, elle sourit simplement en profitant du moment.

« Contrairement à mes sœurs, je suis la seule qui ne puisse pas voler. Je dois bien avouer que j'apprécie ces moments. Plus le temps passe, plus les hommes s'élèvent, tu dois être jaloux de ne plus être seul dans le ciel. Il y a même au-dessus de nous ce qu'ils appellent "satellite". »

Elle fit alors un petit coucou dans la main aux étoiles. Il était plus que certain que le S.H.I.E.L.D. la faisait surveiller par un moyen X ou Y. Elle n'avait rien à cacher, et elle s'en fichait pas mal. Peut-être qu'ils allaient la questionner à propos de ce phénomène, de cet homme. Elle ne leur dirait rien du tout. Elle se tourna alors vers Windz de nouveau préférant pensé à autre chose.

« Disons que ce sont à cause de ces humains que ma vie est un cycle. Je ne vieillis pas, je ne meurs pas, je me transforme en pierre à la place lorsque je suis vaincue. Mon corps change par rapport à là où je me réveille. Je dois tout réapprendre à chaque fois, et voir comment le monde tourne.
Même quand l'univers ne sera plus, je serais toujours là quelque part à errer. Le pire, c'est que même en pierre alors que je suis en sommeil, j'entends tout, je ressens tout, mais pas de la même façon que maintenant.

Mais passons, il y a plus agréable comme discussion. Qu'as-tu donc fais depuis tout ce temps ? Combien de femmes as-tu eues ?    »

Dit-elle amusée. Elle n'était pas du tout jalouse, ce n'était pas son genre. C'était surtout pour le chercher qu'elle venait de dire cela.

Oui, il avait bel et bien retrouvé son amante, la seule qui occupait une place importante dans son âme, celle qui avait su le changer profondément, en mieux. Deux êtres millénaires, un d'une puissance inimaginable, l'autre d'une fraicheur d'âme presque insolente, s'étaient rencontrés, et s'étaient aimés. Aujourd'hui, ils peuvent de nouveau s'aimer, pour la première fois depuis de trop longs siècles. Pendant sa solitude, le monde avait totalement changé, et la fièvre technologique s'était emparée des hommes qui inventaient toujours plus d'objets du quotidiens, utiles ou totalement futiles, pendant qu'une grande guerre se préparait dans les coulisses informatiques. Oh oui, la prochaine guerre mondiale sera une guerre informatique et économique, et beaucoup de pays se préparent à contre-attaquer. Contre toute attente, les USA semblaient largement défavorisés en cas de telle guerre, car des embargos risquaient de détruire leur économie si fragile que le pays s'effondrerait tel un château de cartes. Mais le plus important certainement était sa découverte de Terra, et des innombrables espèces nouvelles qui y vivaient. Car Windz, pour la première fois de son existence, se pensait vulnérable face à ces nouvelles créatures que sont les dieux et les démons, car certains pourraient avoir une magie annihilant la matière, ce qui était, à vrai dire, la seule faiblesse de l'élémental. En tout cas, la seule qu'il connaissait. Et Ayane n'en mènerait pas large non plus face à de telles forces, car elles pourraient annuler la malédiction, ou bénédiction selon l'angle de vue, qui fait d'elle une immortelle, rendant sa prochaine mort définitive. Pour cette raison, il hésitait franchement à l'éloigner à tout jamais de cette ville. Bien qu'elle soit certainement filée par le SHIELD, ils ne pourraient pas grand chose contre la furie de l'Air. Et il n'hésiterait pas à tuer pour la protéger. D'ailleurs, il l'avait déjà fait par le passé, et n'en gardait strictement aucun remord. La vie des humains est courte. Très courte. Ils n'ont même pas le temps de considérer la mort comme une vieille amie...

Avec un petit effort, des événements ou des lieux, ça revient lentement. Je sens en toi quelque chose de très particulier, je sais que je peux avoir confiance.

Windz avait souri en entendant cette réplique. Elle se souvenait bien de lui, malgré les innombrables cycles qu'elle a du passer sans même en entendre parler. Il se sentait presque flatté de faire autant partie de son existence, malgré le peu de temps passé ensemble.

Lorsqu'ils s'élevèrent, elle se mit à sourire à la lune, tout en s'allongeant sur le coussin d'air que lui proposait l'élémental.

Contrairement à mes sœurs, je suis la seule qui ne puisse pas voler. Je dois bien avouer que j'apprécie ces moments. Plus le temps passe, plus les hommes s'élèvent, tu dois être jaloux de ne plus être seul dans le ciel. Il y a même au-dessus de nous ce qu'ils appellent "satellite".

Il rit doucement en entendant ces paroles, puis répondit en toute franchise :

Si j'avais dû être jaloux, je l'aurais été lorsque les premiers ancêtres des oiseaux se sont mit à planer au-dessus de la terre ferme ! Par contre, il est vrai que je n'ai jamais visité là où l'air n'existe même plus, car je ne peux pas aller aussi loin. De plus, en cas de problème, je ne peux pas être certain de pouvoir revenir entièrement...

En effet, l'idée d'errer dans l'espace à jamais puis rester dans le champ d'attraction d'une autre planète vide ou d'une étoile aurait été un véritable cauchemar pour Windz, car il n'aurait même pas la possibilité de mettre fin à sa vie.

Elle salua les étoiles avant de continuer à parler :

Disons que ce sont à cause de ces humains que ma vie est un cycle. Je ne vieillis pas, je ne meurs pas, je me transforme en pierre à la place lorsque je suis vaincue. Mon corps change par rapport à là où je me réveille. Je dois tout réapprendre à chaque fois, et voir comment le monde tourne.
Même quand l'univers ne sera plus, je serais toujours là quelque part à errer. Le pire, c'est que même en pierre alors que je suis en sommeil, j'entends tout, je ressens tout, mais pas de la même façon que maintenant.
Mais passons, il y a plus agréable comme discussion. Qu'as-tu donc fais depuis tout ce temps ? Combien de femmes as-tu eues ?

Il fut étonné de l'entendre parler comme cela. Depuis quand était-elle devenue aussi possessive ? Puis il capta du regard son sourire, et tout s'éclaira. Non, elle n'avait décidément pas changer, toujours à le charrier sur des détails dont elle connaissait déjà la réponse, juste pour le plaisir de le voir hésiter ne serai-ce qu'un instant. C'était même devenu un jeu entre eux deux, de déstabiliser l'autre avec des paroles totalement hors contexte mais qui avaient tout de même un sens, voire un double sens. Cependant, il avait tiqué lorsqu'elle avait évoqué son immortalité. Elle ne savait pas qu'elle était désormais vulnérable. Il se promit de lui en toucher un mot, mais plus tard. Pour l'instant, la place était à la joie des retrouvailles, ainsi qu'aux sentiments que se portaient les deux immortels. Avec sa main, il prit celle de sa compagne, entrelaçant leurs doigts pour un geste affectif. Il se mit aussi en position allongée, mais sur le flanc, tête légèrement relevée, couvant Ayane du regard. Il ne la perdrait pas une seconde fois !

Pourquoi uniquement des femmes ? fit-il, le sourire aux lèvres. Et pourquoi pas des hommes aussi ? continua-t-il avec une voix parfaite de femme. Tu sais bien que je peux devenir une femme quand je le veux, et vice versa ? Je n'ai pas de sexe attribué, si tu te souviens bien.

Généralement, lorsqu'il voulait faire une démonstration de force, il prenait l'apparence juvénile qu'il chérissait tant, car il s'agissait de la toute première qu'il avait prise. Et puis, il avait accès à beaucoup de possibilité de surprise avec ce visage. Son sourire disparut cependant de son visage. Il allait aborder un point un peu plus important des changements ayant opéré dans ce monde suite à ses découvertes, et surtout au fait qu'elle n'était plus invincible. Comme lui d'ailleurs.

Par contre, il y a une chose que tu dois savoir. Les Dieux semblent avoir reprit du service depuis peu, et tu sais qu'ils ont le pouvoir de te retirer ton immortalité. Même moi je ne suis plus vraiment en sécurité, puisque la magie semble prendre une ampleur conséquente, et certains d'entre eux pourraient me porter des coups tels que je ne puisse plus vraiment agir. Nous devons nous montrer un peu plus prudents que d'habitude, mais sans perdre notre originalité. Je fais partie d'une race qui n'existe pas, et qui n'a pas d'existence. Ainsi, on ne me connait pas vraiment, et on ne peut pas élaborer de stratégie contre moi. Et je t'invite à faire de même, à ne pas révéler tous tes pouvoirs au premier venu.

Il s'interrompit, lui laissant le temps d'assimiler toutes ces informations. Puis il enchaîna :

Puis-je voir ton arme ?

La vie étrange en dents de scie d'Ayane à cause de sa mémoire lui donnait une fâcheuse tendance à ne jamais manquer de rien, vu qu'elle oubliait tout. Heureux sont les ignorants disait-on. À chaque moment qu'elle passait à côté de cet être, elle se rappelait d'un moment, puis d'un autre. C'était comme un grand livre ouvert dont elle redécouvrait son histoire au fur et à mesure de la lecture.

Une des plus anciennes des mutants de la Terre avait eu tout le loisir de voir la technologie humaine se développer. Elle avait en tout cas remarqué que ces humains étaient toujours très doués lorsqu'il s'agissait de faire la guerre à ses voisins. Les humains avaient toujours besoin d'une grande motivation pour accomplir des miracles. Parfois, elle avait été l'objet de quête de par sa nature destructrice. Elle se sentait toujours une dominante et une prédatrice malgré les siècles qui s'écoulaient. Les humains étaient toujours faibles et stupides, elle pourrait faire de nombreux massacres si l'on venait à s'opposer à ses désirs.   
Elle avait connu déjà des guerres que toute la Terre connue se retrouvait en conflit, et cela ne lui faisait pas peur. Elle pensait pouvoir survivre à n'importe quoi, même à un hiver nucléaire. Elle regarderait la planète revivre lentement alors que toute l'humanité serait détruite. Elle se demandait même si parfois elle ne l'espérait pas, mais elle avait une simple envie de vivre tranquillement sans penser à rien.

Ayane ne connaissait pas l'existence de Terra, mais ce n'est pas pour cela qu'elle ne ferait pas face. Elle n'avait jamais reculé de toute sa vie, toujours à affronter ses ennemis peu importe leur nombre et armements. Voir dans certains cas, affronter un très grand nombre d'ennemis l'excitait au plus haut point. Certainement son sang de reptile qui coulait dans ses veines la faisait agir étrangement. Une fable lui correspondait bien, un scorpion demanda à une grenouille de lui faire passer un fleuve. La grenouille refusa car elle avait peur de se faire piquer. Ce à quoi le scorpion lui répondit qu'il ne le fera pas, sinon il mourra également. La grenouille accepta alors, mais au milieu du fleuve le scorpion piqua la grenouille. Au milieu de la mort certaine des deux êtres, la grenouille demanda au scorpion pourquoi. Il lui répondit que c'était dans sa nature. Elle n'avait jamais hésité à tuer quelqu'un, lorsque son arme sortait de son fourreau, que son sang maudit se répandait le long, ce n'était jamais pour jouer. La mort de l'un ou de l'autre était inévitable, et personne ne pourrait la raisonner. On ne pouvait pas détourner le prédateur de sa proie si facilement.     

Si j'avais dû être jaloux, je l'aurais été lorsque les premiers ancêtres des oiseaux se sont mit à planer au-dessus de la terre ferme ! Par contre, il est vrai que je n'ai jamais visité là où l'air n'existe même plus, car je ne peux pas aller aussi loin. De plus, en cas de problème, je ne peux pas être certain de pouvoir revenir entièrement...

« aucune limite ! Rien ne doit t'arrêter si tu as envie d'aller voir. Ce serait bien trop triste sinon, et puis sans risque, que la vie est triste, non ? »

La "jeune" femme regarda dans la direction de Windz avec un léger sourire. Elle se releva rapidement afin de sauter dans le vide en riant. Elle savait qu'il la rattraperait, et si vraiment ce n'était pas le cas, cela sera une minute de bonheur pour seulement trente années de repos. Elle faisait l'étoile de mer dans le vide en profitant de la vue, de la vitesse qui la grisait. Elle adorait courir avec toute sa puissance dans la nature, mais jamais elle ne pourrait atteindre sa vitesse actuelle en chute libre. Elle était décidément toujours joueuse, jamais sérieuse une seule seconde à part pendant les combats. Toute sa vie devait être un défie, un plaisir permanant sans penser une seule seconde aux conséquences.

Pourquoi uniquement des femmes ? fit-il, le sourire aux lèvres. Et pourquoi pas des hommes aussi ? continua-t-il avec une voix parfaite de femme. Tu sais bien que je peux devenir une femme quand je le veux, et vice versa ? Je n'ai pas de sexe attribué, si tu te souviens bien.

« Sans doute que oui, mais tu t'es amourachée d'une folle furieuse assez féminin non ? Je ne te voyais pas être avec un homme, mais j'ai hâte de voir ça ! hahahaha !      »

Par contre, il y a une chose que tu dois savoir. Les Dieux semblent avoir repris du service depuis peu, et tu sais qu'ils ont le pouvoir de te retirer ton immortalité. Même moi je ne suis plus vraiment en sécurité, puisque la magie semble prendre une ampleur conséquente, et certains d'entre eux pourraient me porter des coups tels que je ne puisse plus vraiment agir. Nous devons nous montrer un peu plus prudents que d'habitude, mais sans perdre notre originalité. Je fais partie d'une race qui n'existe pas, et qui n'a pas d'existence. Ainsi, on ne me connaît pas vraiment, et on ne peut pas élaborer de stratégie contre moi. Et je t'invite à faire de même, à ne pas révéler tous tes pouvoirs au premier venu.

Il s'interrompit, lui laissant le temps d'assimiler toutes ces informations. Puis il enchaîna :

Puis-je voir ton arme ?

« Les dieux ou plutôt un dieu en particulier m'a créée, je ne pense pas qu'il retire ma malédiction aujourd'hui. Je ne me suis toujours pas excusée de l'incident, et cela ne risque pas d'arriver. J'ai dans l'idée comment l'homme se moque éperdument de vrais dieux, je doute que les dieux ne pensent plus avoir besoin de moi dans un proche avenir. Et puis quand bien même je devais mourir définitivement, j'ai déjà largement assez vécu ! Cela n'a aucune espèce d'importance, je ne changerais pas ma façon de vivre. »

Ayane sourit amusée en parlant sur un ton léger, mais elle pensait tout à fait ce qu'elle venait de dire. Elle croisa les bras derrière sa tête en fermant les yeux profitant de la situation avec un grand sourire. Elle rit doucement en réfléchissant aux situations qu'elle avait déjà vécues. Elle n'avait pas du tout une seule seconde hésitée à sortir son arme et à trancher dans le vif sans se poser des questions. Elle était même passée aux informations et sur Internet, mais elle avait été tellement rapide qu'il y avait très peu d'images nettes de sa personne. On avait parlé d'une attaque d'oiseaux et d'un être inconnu qui les avait combattus. Elle était habillée dans les mêmes vêtements qu'actuellement, en étudiante. Le S.H.I.E.L.D. avait certainement bloqué la plupart des éléments pouvant l'identifier.

La méduse se redressa et tendit sa main. En un instant, elle matérialisa alors son arme devant elle. C'était une arme de très grande taille, bien trop pour un corps si petit que le sien. C'était un nodashi, une sorte de katana géant demandant une grande force afin d'être manier aussi finement que son petit frère. Sa lame faisait dans les un mètre quarante de long, la garde était si grande que l'on pouvait mettre facilement trois de ses petites mains. Le fourreau était rouge sang et finement ciselé. On pouvait sentir cette arme comme si elle était en vie. Si on la brisait, elle pouvait revenir à la vie ou traverser l'univers en un instant pour rejoindre celle qui l'appelait.

« J'imagine la tête des gens du S.H.I.E.L.D. qui doivent se demander pourquoi j'ai fais appel à mon arme. Ils doivent avoir déclenché l'alarme et me chercher partout.    »

Dit-elle dans un grand éclat de rire.

aucune limite ! Rien ne doit t'arrêter si tu as envie d'aller voir. Ce serait bien trop triste sinon, et puis sans risque, que la vie est triste, non ?
Je n'ai pas besoin de quitter la Terre. J'ai tout ce dont j'ai envie de voir ici, et même encore plus. Ce monde est plein de surprises, et je ne m'en lasserai pas avant plusieurs millénaires encore.

Si elle avait une vie qui était une addition d'innombrables autres qui avaient de temps à autres des connections pour laisser échapper des souvenirs, celle de l'élémental était unique, et il avait engrangé beaucoup d'informations concernant le passé, le présent et les futurs possibles. Et il était surpris chaque jour des nouvelles dispositions que prenait ses différentes cibles sur qui il jetait son dévolu, ainsi que ce qu'il se passait dans le monde. Certains auraient pu dire qu'il n'était qu'un observateur, et ils auraient raison dans un cerain sens. Windz ne s'impliquait jamais dans un combat, laissant les différentes parties s'affronter pour analyser ensuite. Enfin, il y avait une exception maintenant. Il influerait dans certains combats d'Ayane pour en changer l'issue si il lui est défavorable. Certes elle n'apprécierait pas, mais il ne voulait pas la perdre une seconde fois. Il l'avait recherchée pendant un siècle, et si il la perdait une nouvelle fois, il ne se pardonnerait certainement jamais.

Ayane se leva et sauta dans le vide. A vrai dire, Windz s'en doutait un peu, puisqu'elle l'avait déjà fait de nombreuses fois durant ces cinquantes années de bonheur ensemble. Si elle voulait essayer de le surprendre, c'était raté. Il disparut du champ de vision de l'immortelle, redevenant un amas de molécules colorées mais trop petites pour être décelées, fuser vers le point de chute, et reprendre la même forme humaine à moins de quinze centimètres du sol. Elle tomba donc sur lui comme sur un matelas moelleux. Il fut déformé pendant un petit moment, mais il retrouva vite la même dûreté que les humains, la ceinturant juste en dessous du niveau de sa poitrine. Sachant pertinament qu'elle n'aimait pas se sentir emprisonnée, son attache était leste, et elle pouvait s'en dégager dès qu'elle le désirait. C'était juste pour avoir un contact physique un peu plus appuyé avec son âme soeur.

Suivant sa remarque sur le sexe, elle répondit avec humour :

Sans doute que oui, mais tu t'es amourachée d'une folle furieuse assez féminin non ? Je ne te voyais pas être avec un homme, mais j'ai hâte de voir ça ! hahahaha !
Ce n'est pas de ton apparence que je suis tombé amoureux, j'imagine que tu le sais...

Au même moment que cette déclaration d'amour à peine dissimulée, sa main droite chercha celle de son aimée, et leurs doigts s'entrelacèrent, comme pour sceller leur union avec comme témoins les étoiles. En même temps, il lova sa tête sur le creux entre la tête et l'épaule de sa belle, pendant qu'il l'avertissait sur le danger que représentait les différentes divinités. Malheureusement, elle semblait ne pas prendre la menace au sérieux, et disait que sa vie avait déjà été bien remplie, et qu'elle ne regretterait rien si elle devait mourir maintenant. Et surtout, elle semblait ne pas comprendre les sentiments de l'élémental à son égard. Il ne supporterait pas de la perdre aussi stupidement, pas si peu de temps après l'avoir retrouvée. Il la regarda droit dans les yeux pendant qu'il se saisissait de l'arme qu'elle lui tendait.

Ecoute-moi bien. Je t'interdis de mourir définitivement avant au moins un siècle. Sinon, je te jure que j'irai en enfer pour te signaler que tu as bravé cette interdiction. Tu n'as pas le droit de mourir. D'accord ?

Son ton était sérieux, mais sa parole se voulait humoristique. Elle ne devait pas être prise au sérieux. Mais cela reflétait bien la peur que l'élémental avait de la voir partir ainsi, face au danger qui pourrait l'éclipser de la surface des deux mondes avant même qu'il puisse faire quelque chose pour l'en empêcher.

Les dieux sont bien pire que les humains, dans le sens où leur immortalité leur est montée à la tête, et qu'ils se croient meilleurs que toutes les autres créatures, mortelles ou immortelles, et quiconque essayera de les contredire essuyera leur courroux. Même si tu as été maudite par un Dieu, bien que cela soit plus une bénédiction à mon humble point de vue, d'autres peuvent te la retirer, surtout si ils n'ont pas l'intention de t'utiliser pour quelque tâche que ce soit. Je ne sais pas ce que tu as vu pendant notre séparation, mais j'ai apperçu beaucoup d'horreurs que les humains et les dieux ont créées. Moi-même j'ai eu du mal à le supporter.

Il lâcha Ayane qui glissa doucement vers le sol, sans heurts. Il fit quelques tours avec l'épée dans une seule main, la tendit devant lui... et se trancha en deux avec. Dans le sens de la longueur, de la tête jusqu'à son ventre. Cela était rentré comme dans du beurre. Il retira son gigantesque katana et les deux parties de son corps se recollèrent. Il n'y avait pas eu la moindre effusion de sang. Il réitéra la même opération, et l'arme s'enfonça aussi bien que la première fois. Lorsqu'il recommença pour la troisième fois cependant, la lame cogna contre sa tête, comme un bruit de métal qui résonnait.

Cette action avait eu deux utilités. Premièrement, il voulait tester la qualité de l'arme. Qualité qu'il connaissait déjà, et dont il se souvenait parfaitement, ce dont Ayane ne pouvait pas se rappeler. La deuxième opération qu'il réalisa fut invisible des yeux de l'immortelle : en effet, il fixa une infime parties de ses molécules sur le manche de l'épée, là où cela ne la gênerait pas. Comme ça, à chaque fois qu'elle sortira son arme, l'élémental sera immédiatement au courant, et surtout où elle se trouve.

J'imagine la tête des gens du S.H.I.E.L.D. qui doivent se demander pourquoi j'ai fais appel à mon arme. Ils doivent avoir déclenché l'alarme et me chercher partout, fit remarquer Ayane, morte de rire.
Dans ce cas, il te verront parler avec un homme qui viens de se mutiler plusieurs fois sans aucune conséquence, dans un langage qui leur est totalement inconnu et incompréhensible. Et surtout qu'on est en train de se foutre d'eux... finit-il avec un large sourire. Oui, cela était plus que probable que le SHIELD les épient, mais ils n'y comprendraient strictement rien. Déjà, comment a-t-elle fait pour s'envoler. Ensuite, qu'est-ce qu'elle dit. Même les plus éminents historiens n'en auraient strictement aucune idée.

Lorsqu'elle fut calmée, il lui rendit son arme pour qu'elle la fasse disparaître, et une partie de lui-même aussi. Il espérait qu'elle ne s'en rendrait pas compte. Du moins, pas tout de suite. Il lui reprit ensuite la main et recommença à marcher dans le parc, tranquillement sans se presser.

Alors, que voudrais-tu faire pour fêter nos retrouvailles ? Un repas j'imagine ? Il y a de très bons restaurants encore ouverts à cette heure.

Et surtout, ils n'avaient pas de problèmes d'argents à se poser, puisqu'il suffisait à une partie de Windz de se transformer en billets pour satisfaire tout un régiment.

 Je n'ai pas besoin de quitter la Terre. J'ai tout ce dont j'ai envie de voir ici, et même encore plus. Ce monde est plein de surprises, et je ne m'en lasserai pas avant plusieurs millénaires encore.

Ayane voulait ou devait être toujours une tempête sauvage et libre, c'était un besoin. On avait tenté sur plusieurs vies de la mettre en cage, mais elle n'était pas une beauté que l'on saurait enfermer. Elle ne savait pas trop elle-même si elle avait parlé pour sa petite personne ou pour son élémentaire d'air préféré, sans doute un peu des deux.

La plus ancienne des mutantes avait cru surprendre un peu Winz, mais elle ne se rappelait de rien  après tout. Il ne sembla pas du tout surpris. Elle ne manqua pas de profiter tout de même de ce court moment d'extase, c'était tout bonnement grisant. Elle gagnait de plus en plus de vitesse à mesure que la gravité l'attirait irrémédiablement vers le sol. Elle n'avait pas du tout peur malgré la situation, elle ferma les yeux afin de sentir cette force immense. Puis tout s'arrêta brusquement, mais dans un doux cocon sans aucun dommage. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, son amant était là et ils étaient là dans le parc qu'ils avaient quitté il y a peu. Elle se sentait enfermée entre ses bras. Elle tourna lentement sa tête vers lui sans bouger pour le moment. Elle était joueuse également, mais ce contact lui avait manqué fallait-il croire.

Sans doute que oui, mais tu t'es amourachée d'une folle furieuse assez féminin non ? Je ne te voyais pas être avec un homme, mais j'ai hâte de voir ça ! hahahaha !
Ce n'est pas de ton apparence que je suis tombé amoureux, j'imagine que tu le sais...

« Je pense que oui, vu que je change de corps assez souvent. J'espère seulement que tu n'es pas déçu !    »

La méduse serra de toutes ses forces cette main aérienne. Elle savait qu'elle ne risquerait pas de la broyer, elle pouvait aller à toutes les folies avec lui sans avoir peur de le briser en deux. Un humain aurait du mal à survivre à ses côtés très longtemps tellement elle était un aimant à problèmes. Elle le regarda dans les yeux en penchant légèrement la tête sur le côté. Elle lui souriait tendrement ne faisait plus appel à ses capacités hors du commun. Elle ferma les yeux en sentant le visage de son amant dans son cou. Elle en frisonna doucement en soupirant d'aise. Elle glissa ses deux bras derrière sa tête et le pressa contre elle pour davantage de sensation. Elle parla tout doucement à son oreille.

« Tout ce qui est à moi t'appartient ...  »

Ayane ne prenait pas grand-chose au sérieux, et cela n'avait guère changé malgré les siècles. Elle vivait sa vie à deux cents à l'heure sans jamais penser au l'en demain. Elle ne pensait pas qu'elle soit capable de mourir, et après sa première mort, elle avait tenté à plusieurs reprises, mais il n'y avait rien à faire. À chaque nouvelle mort, une nouvelle vie renaissait. Une vie infinie voilà la punition divine qu'elle avait reçue pour son sort. Sa vie n'était qu'une suite de déchirements, et elle refusait par conséquent de regretter quoi que ce soit, de reculer ou même d'hésiter. Elle avançait coûte que coûte avec une rage immense contre le monde entier. Heureusement, cette rage venue du fond des âges ne se manifestait que peu souvent. Une sorte de punition divine qui s'abattait sur le monde par sa main. 

Ecoute-moi bien. Je t'interdis de mourir définitivement avant au moins un siècle. Sinon, je te jure que j'irai en enfer pour te signaler que tu as bravé cette interdiction. Tu n'as pas le droit de mourir. D'accord ?

« Je te le promets ...  »

Ne pas mourir avant un siècle, la belle brune savait fort bien qu'elle était incapable de respecter sa parole, mais ne pas être détruite, cela elle pouvait le dire. Elle lui caressait doucement ses cheveux en sentant sa chaleur contre son corps.

Les dieux sont bien pire que les humains, dans le sens où leur immortalité leur est montée à la tête, et qu'ils se croient meilleurs que toutes les autres créatures, mortelles ou immortelles, et quiconque essayera de les contredire essuyera leur courroux. Même si tu as été maudite par un Dieu, bien que cela soit plus une bénédiction à mon humble point de vue, d'autres peuvent te la retirer, surtout si ils n'ont pas l'intention de t'utiliser pour quelque tâche que ce soit. Je ne sais pas ce que tu as vu pendant notre séparation, mais j'ai apperçu beaucoup d'horreurs que les humains et les dieux ont créées. Moi-même j'ai eu du mal à le supporter.

« Ca je le sais bien, je peux te l'assurer. Si j'oublie la plupart de mes nouvelles vies, je n'oublierai jamais ma première vie. Les dieux me connaissent très bien, ne t'en fais pas pour eux. Je n'ai pas peur des dieux, ni de personne. Si tu trouves que ce que ces humains ou ces dieux ont fait, alors tuer les .... tuer les tous jusqu'au dernier ....      »

La mutante semblait des plus sérieuses en disant cela. Ses yeux avaient rougeoyé quelques instants à la suite de sa phrase avec un sourire malsain. Elle le regarda faire avec son épée. Elle ne la prêtait pas à tout le monde, mais avec lui, elle acceptait. Il pouvait sentir que cette épée était très spéciale, elle était comme en vie dans ce métal étrange à moitié vivant. Elle portait même son odeur si caractéristique. Elle leva un sourcil en le voyant se trancher en deux. Elle croisa ses bras un peu étonnée, mais haussa les épaules. Elle savait fort bien qu'il ne pouvait pas être tué si facilement, sinon elle l'aurait déjà tué à leur premier rencontre. C'était la première être qu'elle pouvait découper en morceaux sans en souffrir. Elle ne remarqua en rien les manigances de l'élémentaire, assurément, elle n'aurait pas apprécié. 

« Mais à quoi tu joues ? Je peux te couper encore et encore si cela te fais plaisir tu sais. »

 Dans ce cas, il te verront parler avec un homme qui viens de se mutiler plusieurs fois sans aucune conséquence, dans un langage qui leur est totalement inconnu et incompréhensible. Et surtout qu'on est en train de se foutre d'eux...

« Je doute que cela les impressionne beaucoup, ils ont des gens hors du commun. J'ai croisé une extraterrestre qui pouvait voler plus rapidement que ma course. Alors un homme qui se coupe en deux avec mon épée.    »

Ayane rangea son épée dans son dos en l'attachant devant-elle en faisant un petit nœud. Elle n'était pas une magicienne, elle pouvait faire appel à son arme, mais pas la renvoyer. C'était une manière de se défendre, d'être toujours prête à tuer, une sorte de vile tentation, une espèce de petite voix mesquine qui la poussait à figer dans la pierre ses ennemis.

Alors, que voudrais-tu faire pour fêter nos retrouvailles ? Un repas j'imagine ? Il y a de très bons restaurants encore ouverts à cette heure.

« Pourquoi pas, moi j'ai besoin de manger, surtout de la viande ou encore du poissons. Je ne sais pas si tu te rappelles, mais j'aime bien la viande. Après où ... je m'en fiche un peu en fait. »

Quand on servait de la viande à la méduse, on pouvait être sûre qu'il n'en reste pas une miette, mais par contre côté légume, elle n'y toucherait pas. Depuis sa mutation par la déesse Athéna, il n'y avait que la viande qui pouvait la rassasier, même de l'humain, cela ne la dérangeait ni ne la dégoûtait. Ce n'était qu'un autre bétail pour elle. En ce qui concernait la nécessité de payer, très souvent cela lui passait au-dessus de la tête. Quand elle avait envie de quelques choses, elle se servait. Elle n'allait pas s'arrêter à de quelconques règles humaines.

Alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie, plusieurs grosses berlines noires s'arrêtèrent devant les grilles. Plusieurs hommes habillés en costard cravate et armés de pistolet de poings en sortir. Heureusement, les armes étaient pour le moment rangées dans leurs étuis, mais assez visibles pour des personnes comme eux. L'un d'eux ouvrit la porte de la voiture du milieu en parlant d'une manière détachée.

"Veuillez nous suivre mademoiselle, on doit vous parler."

Malgré l'invitation, c'était clairement un ordre. Ces personnes étaient sans guère se cacher certainement du S.H.I.E.L.D. Il ne semblait pas avoir autres choses que des humains. Elle pourrait les balayer en quelques secondes, mais elle se contenta de s'accrocher plus au bras de Windz. Elle parla sur un ton espiègle et haussant les yeux.

« Pour le moment, j'ai faim, et vous m'ennuyez déjà alors dégagé vite fait.      »

Cette sensation... La savoir contre lui, le serrant dans ses bras, cherchant un contact encore plus fort entre eux deux... Qu'est-ce que cela lui avait manqué ! Même si sa vie durait depuis bien des millénaires, les derniers siècles sans elles avaient paru durer beaucoup plus longtemps qu'il n'en était réellement. Il avait rencontré l'amour, et il l'avait perdu. Et pour rien au monde il ne voulait revivre ce véritable déchirement. Désormais, ils auraient l'éternité pour eux, si ce n'est plus. Une éternité de bonheur. Car maintenant qu'elle était ici, il ne serait plus jamais seul. Certes il devrait veiller sur elle car elle est plus fragile que lui, mais il aurait quelqu'un à qui parler, quelqu'un qui le comprenne vraiment. Même s'il y avait des divergences de point de vue entre eux deux, ils pourraient s'épauler. Sa solitude venait de prendre fin ici, une seconde fois grâce à cette femme si particulière. Son aimée.

Tout ce qui est à moi t'appartient ... lui glissa-t-elle à l'oreille.

Il n'avait pas répondu, appréciant à sa juste valeur l'aveu qu'elle venait de lui faire. Elle qui aimait la liberté plus qu'aucun autre, venait de s'offrir totalement à lui. Elle n'avait donc pas oublié leurs moments passé ensemble, ces moments si délicieux qu'il en voulait toujours plus. Après tout, il était un des seuls à l'avoir épuisée. Et il n'inventait rien, car c'est elle-même qui le lui avait dit, après une nuit des plus mouvementées. Ayane... Rien que de penser à son nouveau nom, un nouveau flot de souvenirs lui emplissait ses molécules, l'accaparant presque entièrement. Celle qui meurt et qui ressuscite... Désormais, il sera toujours là pour elle. Parce que c'est elle qui a conquis son âme, qui l'a liée à la sienne pour qu'elles se croisent indéfiniment.

Lorsqu'il parla du danger que représentait les êtres divins, elle répondit qu'elle n'en avait pas peur, et elle l'incitait à tuer ceux qui faisaient le mal. Tuer... C'était le défaut de la malédiction dont était frappée la belle. Cela l'incitait à détruire, à ce que la chair retourne à l'état de la pierre, alors que lui n'intervenait pas dans la vie des autres êtres vivants. Il fallait qu'il trouve un sorcier assez puissant pour lui enlever ceci, sans que cela touche à son immortalité. Il devra pour cela peut-être faire appel à un ange, ce qui l'inquiétait un peu. Le monde angélique n'est pas si blanc que le pensent les humains. Il est extrêmement strict et rigoureux, et chaque manque à cette rigueur de fer peut mener à un bannissement, voire à une mise à mort sans préavis. Et encore, il doutait que cela suffise. Peut-être demander à un dieu... Ce qui équivaudrait à se suicider. Certes un suicide sur le long terme, mais un suicide quand même.

Ne laisse pas ta haine prendre le dessus sur ta liberté... Regarde bien ce qu'il se passe autour de toi, et ne tente pas quelque chose de stupide. Tu n'as pas le droit de mourir je te rappelle ! finit-il avec un petit rire.

Son ton pouvait paraitre léger, mais il était très sérieux sur ce point. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il avait figé une partie de lui-même sur son arme, pour pouvoir la tirer d'un mauvais pas contre un être divin. Et dans ce cas extrême, il devrait peut-être entrer en guerre contre lui... Trouver ses ennemis, se cacher... Windz n'est pas un être destiné à la guerre, surtout contre des êtres théoriquement immortels et ayant des pouvoirs dépassant l'entendement. Il aspirait seulement à une vie plaisante, agrémentée de petites douceurs et de petits plaisirs, mais aucune grande quête, aucune conquête... Excepté Ayane. C'était la seule pour qui il était prêt à beaucoup de sacrifices. Presque tous les sacrifices.

Je doute que cela les impressionne beaucoup, ils ont des gens hors du commun. J'ai croisé une extraterrestre qui pouvait voler plus rapidement que ma course. Alors un homme qui se coupe en deux avec mon épée.
Oui, je me suis déjà rendu dans le repaire du SHIELD... Et leur principale faiblesse est le manque flagrant de coordination. Ce sont pour la plupart des êtres dotés de pouvoirs hors du commun, qui sont persuadés être plus puissants que les autres jusqu'à ce qu'on leur prouve le contraire. Du coup, il n'y a un véritable organigramme de commandement uniquement lorsque cela est strictement nécessaire. Je pense qu'on est tranquille pour un petit moment...

Ce qu'il ne savait pas encore, c'était que le SHIELD avait réagi un peu plus rapidement que prévu. Il avait déployé quelques hommes de mains pour tenter de stopper le couple insolite. Des humains, sans pouvoirs. Ils étaient juste là pour les inquiéter tout au plus, et pouvoir empêcher une retraite d'une mutante normale. Ils étaient équipés d'armes à feu, mais n'étaient pas autorisés à attaquer. Seulement à se défendre. Sauf si quelqu'un voulait risquer sa place au sein du SHIELD, les deux êtres millénaires n'avaient strictement rien à craindre d'eux. Ils pourraient seulement essayer de les maitriser, ce qui signerait leur arrêt de mort avec Ayane aux cotés de Windz. Ayane qui, contrairement à ce qu'il aurait pu croire, s'était accrochée au bras de l'élémental et s'était mise à tancer les hommes de main, leur envoyant une menace voilée. Car seule lui savait qu'elle mangeait aussi bien les humains que les animaux. Ici, Windz avait plusieurs choix. Soit la laisser et la retrouver un autre jour, ce qui était absolument hors de question. Il refusait que leurs retrouvailles soient si courtes. Soit il l'aidait à passer le barrage sans heurts, ce qui signifiait qu'une seconde vague arriverait dans plusieurs heures. Sauf que parmi cette seconde vague, il y aurait des êtres plus puissants, capable de faire retourner Ayane à l'état de pierre en peu de temps. Ou alors, ils passaient en force, ce qui attirerait la haine du SHIELD sur Ayane, ce qui était loin d'être sage. Il ne voulait pas qu'elle soit recherchée indéfiniment par un organisme aussi pugnace. Non, il était en train de choisir une solution élégante, qui leur permettrait de sortir de ce traquenard. Cela lui rappelait un évènement entre eux deux, qui leur était arrivé il y a bien longtemps. Elle voulait danser avec lui, tout en étant dans les airs. Windz avait alors mémorisé une valse allemande, valse dont il se souvenait toujours et qui pourrait faire remonter quelques souvenirs à Ayane. Une belle alternative selon lui, qui surprendrait beaucoup les hommes de mains du SHIELD. Il fallait maintenant la mettre en application. Il se tourna face à son aimée, lui tendit ses deux mains, paumes vers le haut tout en lui demandant :

M'accorderez-vous cette danse ?

Il avait parlé en japonais, ce qui força la surprise des indésirables. Danser ? Maintenant ? Pour eux, ce n'était ni le moment, ni l'endroit pour faire ce genre de choses. Au moment où l'un d'eux allait réagir, une douce mélodie s'échappa des lèvres de l'élémental. Il était en train de simuler un véritable orchestre à lui tout seul, retraçant à la perfection chaque mélodie de chaque instrument. Sans aucune fausse note. Ayane prit ses mains, et ils commencèrent à danser, tout en s'élevant dans le ciel. Ils en restèrent tous pantois, incapables de parler ou même de réagir. Puis, au moment où le couple commençait à prendre de la vitesse et à être plus haut que les arbres, une des voitures démarra, prête à les suivre. Sauf qu'aucune d'entre elles ne purent les suivre. Car l'élémental n'était pas resté inactif. Il avait crevé tous les pneus de toutes les berlines.

Lorsque la chanson se termina, Windz les fit atterrir dans une rue vide avant de lui voler un baiser, le sourire aux lèvres, et de la taquiner :

Je vois que tu n'as pas perdu tes talents de danseuse.

Il lui prit ensuite la main, l'emmenant jusqu'à un hôtel-restaurant. Il savait bien que leur idylle ne durerait pas toute la nuit, mais il voulait tout de même les meilleures conditions offertes par les humains. Ils furent très bien accueillis, pendant que l'élémental demandait une chambre pour deux ainsi qu'une table pour deux personnes. Alors que l'homme regardait d'un œil inquiet l'arme d'Ayane, Windz lui précisa :

Nous sommes collectionneurs et nous sommes venus à Seikusu pour acheter cette merveille. Ne vous inquiétez pas, nous ne sommes pas des Yakuzas ! finit-il sur une touche humoristique. L'homme avait ri de bon cœur, et ne s'était plus inquiété.

Ayane n'avait pas trouvé qu'elle perdait sa liberté en lui donnant tout ce qu'elle possédait. Elle appréciait sa présence à ses côtés, même s'il pouvait être agaçant avec ces principes. C'était tellement plus simple de dégainer son arme et de laisser son instinct parler. Elle avait comme une voix au fond d'elle qui la poussait à tuer, encore et encore. Elle se rappelait très bien depuis qu'il était si proche des nuits qu'ils pouvaient passer ensemble. C'était très intense, comme à son habitude, son instinct parlait. Heureusement qu'elle ne pouvait pas le tuer comme les autres hommes, qui tombaient en morceaux et en sang entre ses bras. Quand elle se lâchait totalement, même pour une nuit d'amour, c'était assez dangereux.   

La méduse, comme l'avait appelé les Grecs antiques, aimait tuer, sentir cette vie qui filait entre ses doigts. Elle trouvait cet acte presque intime, une relation ultime dans la sueur et le sang, avant que tout se fige à jamais. On disait qu'elle pouvait changer d'un simple regard en pierre quiconque la regardait. c'était surtout qu'elle était tellement rapide pour des humains lambda, qui n'avait pas le temps de la voir bouger vers sa cible. C'était un déplacement quasi instantané à une vitesse de folle furieuse. Elle était assez endurante, surtout lorsqu'elle avait mangé de la viande. Elle ne supportait pas les légumes, qui ne lui offraient aucune énergie. Elle n'avait pas besoin de manger pour vivre, mais surtout pour avoir une réserve d'énergie. Dans son cas, elle utilisait tellement son pouvoir pratiquement tous les jours, qu'elle devait beaucoup manger.

L'apparente jeune femme avait toujours reproché le manque d'action de son compagnon. Il avait des possibilités pour tuer, mais il préférait rester dans le secret. Cela l'avait agacé plusieurs fois, elle avait même tenté de lui démontrer par A plus B, mais jamais il ne s'était laissé aller devant elle à des actes de violence.

 Ne laisse pas ta haine prendre le dessus sur ta liberté... Regarde bien ce qu'il se passe autour de toi, et ne tente pas quelque chose de stupide. Tu n'as pas le droit de mourir je te rappelle ! finit-il avec un petit rire.

« Ma haine me permet de rester libre, et non le contraire. Crois-tu vraiment que j'aurais pu me sortir des harems du sultan sans violence ? Chaque être vivant ne comprend qu'une seule chose, la force, la puissance, la peur et la domination.

On ne me tue pas si facilement !  »

De par sa nature légère, Ayane était toujours resté neutre à tenter de vivre une vie tranquille. Elle n'était jamais partie dans une longue guerre ou une quête, exceptée par caprice. Une fois, le chef d'un pays lui avait manqué de respect, elle était donc partie en quête de réduire son royaume en cendres rien que pour voir son visage déformé par la terreur. Le pire, c'était qu'elle avait adoré le voir supplier entouré de ses gardes. Elle l'avait bien entendu décapiter sans aucune hésitation. Elle avait simplement joué avec lui avant de l'achever. Ce terrible événement était parti d'une petite broutille sans importance, mais tout pouvait être prétexte à la violence.

Oui, je me suis déjà rendu dans le repaire du SHIELD... Et leur principale faiblesse est le manque flagrant de coordination. Ce sont pour la plupart des êtres dotés de pouvoirs hors du commun, qui sont persuadés être plus puissants que les autres jusqu'à ce qu'on leur prouve le contraire. Du coup, il n'y a un véritable organigramme de commandement uniquement lorsque cela est strictement nécessaire. Je pense qu'on est tranquille pour un petit moment...

À peine Windz avait-il dit qu'ils allaient être tranquilles, que des hommes du S.H.I.E.L.D. apparurent. Ils n'étaient pas là pour tenter quoi que ce soit, malgré le manque d'information de la méduse. Ils savaient qu'elle était une mutante très puissante, mais ils avaient tablé sur l'apparente civilité de la jeune femme. La viande humaine n'était pas son plat préféré, mais dans l'excitation d'un beau combat, cela ne la dérangeait pas de dévorer un humain. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne se sentait plus humaine du tout, tout au plus un monstre, mais elle préférait ne pas trop penser à cela. Les sujets difficiles étaient souvent mis au placard au profit d'une apparente légèreté. L'élémentaire l'avait déjà vu entourer de cadavres en pierre en train d'écarteler un homme pour le dévorer vivant. Des cris d'horreur que l'humain poussait sous le regard rouge et joueur de la méduse. 

M'accorderez-vous cette danse ?

Ayane était surprise de cette phrase. Elle avait déjà soulevé légèrement son arme de son fourreau. Elle n'était pas du tout du genre à calculer, à se poser des questions sur son avenir. Elle vivait seulement le temps présent peu lui importaient les conséquences. Elle ne résista seulement pas à cette danse malgré son envie pressante de les découper en morceaux. Elle le regardait seulement en haussant les yeux.

« J'aurais très bien pu les tuer en quelques secondes.    »

La mutante n'avait jamais de remord de tous les morts qu'elle avait provoqués. Cela n'avait à ses yeux aucune espèce d'importance. Elle était une sorte de prédatrice alpha, et son royaume était la Terre entière. Ces humains n'étaient que des parasites sur ces terres. Elle sembla suivre parfaitement le rythme de la danse en fermant les yeux. Elle semblait plus du tout être dans le parc, mais dans ce moment si particulier de cette première danse. Elle se laissait porter. S'il y avait quelque chose qui la caractérisait, c'était bien de s'adapter très rapidement à toutes les situations. Si elle pouvait se rappeler tout ce qu'elle avait vu, vécu et fait, elle serait un puits de sciences. Cependant, c'était davantage son subconscient qui lui distillait aux besoins des informations. Elle ne fit pas attention à ce qui pouvait arriver aux hommes du S.H.I.E.L.D. Elle était dans cette danse. Elle embrassa tendrement son amant avant de sourire en rouvrant les yeux.   

Je vois que tu n'as pas perdu tes talents de danseuse.

«   Je me rappelle fort bien ce petit Chopin, très prometteur.    »

Ce qui pourrait paraître pour une blague pour la plupart, Ayane était fort sérieuse. Elle avait rencontré cet homme dans sa jeunesse. Elle avait trouvé son travail vraiment révolutionnaire et excellent pour l'époque. Elle savait malgré sa très longue vie s'émerveiller d'un rien. Elle le suivit jusqu'à un lieu fort intéressant. Cela sentait bon la viande, ce qui fit gargouiller son ventre. Elle se glissa dans le dos ne laissant dépasser que sa tête derrière le corps de Windz. Elle se transformait en enfant capricieux alors qu'il y a quelques minutes, elle était prête à tuer une dizaine d'hommes. 


Nous sommes collectionneurs et nous sommes venus à Seikusu pour acheter cette merveille. Ne vous inquiétez pas, nous ne sommes pas des Yakuzas !

La méduse n'avait pas du tout pensé à son arme tellement que c'était naturel. Elle sourit à la personne chargée de l'accueil et lui pressa son énorme arme contre lui avec une légère violence. Elle avait très faim maintenant, elle était pressée de se rendre au restaurant. Elle poussa même Windz à l'intérieur se fichant pas mal des notions d'argent, de bien séance. Elle s'assit à la première table disponible avec un grand sourire. Un garçon un peu ennuyé lui dit que cette table était réservée en montrant le petit écriteau. Elle se pencha alors vers celui-ci, trouvant cela bien étrange comme coutume. Elle le prit alors et l'envoya voler à travers la pièce sous les regards médusés des autres clients.

«   Voilà, c'est bon comme ça ? Bon amènes moi donc plusieurs morceaux de viande, bien gros, et t'ennui pas à mettre de la garniture hein.    »

Dit alors Ayane d'un naturel déconcertant et très calme. Elle se fichait complètement de ce que l'on pouvait lui servir, elle avait faim un point c'est tout. Elle regarda le garçon qui n'avait pas vraiment bougé ne sachant pas quoi faire. Elle se pencha un peu en arrière en jouant avec son siège en lui balançant un peu étonnée.

«   Ben tu attends quoi ?      »

Je me rappelle fort bien ce petit Chopin, très prometteur.

Même s'il avait vécu longtemps, y compris à l'époque de cet artiste, il n'avait pas tout vu, loin de là. Il n'était pas omniscient, et certaines choses continuaient à le surprendre quelques jours. C'était pour ça qu'il aimait bien regarder et observer. Il adorait être surpris par certaines choses qu'il n'avait pas prévu. Lorsqu'on est immortel, il faut bien pouvoir se distraire. Et les mortels constituaient la principale source de distraction de l'élémental. Dernièrement, il avait rencontré un élémentaire ayant une forme humaine, une première, et une fée au Japon. Deux races qu'il avait très rarement croisé, mais qu'il appréciait bien. D'ailleurs, peut-être présenterait-il Thibault à Ayane lors de leur rendez-vous dans un siècle. Ou alors elle sera à l'état de pierre... Bah, il verrait. Il avait tout le temps pour cela. Et vivre l'instant présent avec son aimée était le plus important.

Il était bien conscient que le SHIELD réagirait, et savait qu'ils avaient au plus quelques heures devant eux avant leur arrivée. Et c'est pour ça qu'il avait tout prévu. Car pendant qu'ils dansaient, Windz avait avec certaines de ses molécules saisi le premier téléphone portable qu'il avait pu trouver et appelé l'hôtel-restaurant en question, réservant pour une table et une chambre double pour la nuit. Parallèlement, il avait créé de l'argent et une carte d'identité à un nom fictif, au même nom pour lequel il avait tout réservé. C'est pour cette raison qu'il avait un peu grimacé lorsque Ayane avait jeté la petite pancarte de réservation. Heureusement, elle s'était installée sur une table pour deux.

Ben tu attends quoi ?

Le serveur était resté totalement stupéfait face à cette réaction totalement contre toutes les règles de la bienséance. Il était temps d'agir pour ne pas réduire à néant toute la petite préparation. Il sortit la carte factice et la montra au serveur en lui disant :

Nous avions réservé une table et une chambre pour deux. Et ne faites pas attention, elle est toujours comme cela lorsqu'elle est affamée, finit-il le sourire aux lèvres, juste histoire de le rassurer.

Le serveur retrouva ses capacités, et marmonna à l'élémental avant d'aller en cuisine. Windz s'installa juste en face de son aimée avant de lui faire dans un langage incompréhensible de toutes les autres personnes :

Tu sais, ma surprise n'est valable uniquement si tu laisses l'hôtel debout. Sinon, ça ruinera ce que j'avais prévu pour nos retrouvailles.

Il eut un petit sourire moqueur.


Aucun doute, ce sont bien eux. Comme on l'avait averti, la femme possédait une arme blanche de grande taille, avait de long cheveux noirs et était accompagnée d'un homme ayant un costume. Il avait frémi. On l'avait averti que le restaurant, les employés et les clients ne risquaient strictement rien, mais il restait prudent. Car d'après ce qu'on lui a dit, la femme devait être appréhendée par l'homme dans la nuit. Il avait voulu refuser, mais on l'avait averti qu'on payerait le repas et la chambre au quintuple du prix normal, et ça il ne pouvait pas le refuser. Cela ne l'empêchait pas d'être extrêmement nerveux pour la suite possible des informations.

L'homme en question est le patron de l'hôtel-restaurant, et il a vu le couple sur une des images des caméras de sécurité. Il les a reconnu immédiatement comme étant le couple dont on l'avait informé. Celui qui l'avait appelé avait réservé une chambre pour deux ainsi qu'un repas. Un seul repas. Un triple steak tartare sans accompagnement pour elle, et un simple verre de vin raffiné pour lui. Il sortit en trombe de la salle de sécurité et se dirigea vers la cuisine sans passer par la salle. Il héla le serveur un peu perdu qui s’apprêtait à leur apporter deux cartes et lui fit :

Ils ont déjà commandé. Un triple steak tartare sans accompagnement pour la femme, et un bon vin pour l'homme. Et ne faites AUCUNE BAVURE, c'est bien compris ? Et par pitié dépechez-vous !

Le pauvre serveur marmonna un "Oui patron" peu convaincu et annonça la commande au chef en précisant bien que la commande était prioritaire. C'est pourquoi au bout de cinq minutes à peine, les steaks étaient prêts à être envoyés

Ayane avait parfois des difficultés de communication avec d'autres personnes, on pouvait appeler cela comme ça. Elle n'en faisait qu'à sa tête, et si quelque chose ne lui revenait pas, elle tranchait dans le vif la question. Elle était quelqu'un de violente que même Windz avait du mal à tempérer. Elle ne réfléchissait pas plus que cela à la situation. Si le S.H.I.E.L.D. venait à être une gêne quelconque, elle n'aurait aucun scrupule à tous les exterminer sans se poser de questions. Dès son entrée dans le bâtiment de ce groupe, le vigile l'avait braqué avec son pistolet à cause de son arme blanche. Heureusement qu'une super héroïne qui l'avait amené ici la arrêta, car elle avait eu le temps de dégainer et était sur le point de trancher la tête de ce pauvre diable. 

L'une des plus anciennes mutantes ne s'arrêtait guère à des règles et autres. Elle était toujours pressée dans une ivresse folle de la vie. Le serveur resta comme paralysé, assez surprise de la réaction de cette femme qui avait beaucoup de toupet. Les clients autours les regardaient avec un air de dire "pour qui elle se prend celle là", mais elle ne regarda pas du tout autour d'elle, uniquement dans les yeux de Windz.

Nous avions réservé une table et une chambre pour deux. Et ne faites pas attention, elle est toujours comme cela lorsqu'elle est affamée

Dit alors son compagnon. Un brin étonnée, elle pencha la tête sur le côté en se frottant la joue.

« Vraiment ? Tu avais tout prévu ? réservé ? C'est quoi cette nouvelle mode.      »

Dit-elle en haussant les épaules. Elle avait passé les dernières années soit en statue soit au milieu de la jungle du Vietnam. Elle n'avait pas vraiment connu la logique du monde dit civilisé. Elle avait beau s'adapter très rapidement, elle était souvent réfractaire aux choses nouvelles. 

Tu sais, ma surprise n'est valable uniquement si tu laisses l'hôtel debout. Sinon, ça ruinera ce que j'avais prévu pour nos retrouvailles.

« Promis, j'essaierais de ne pas trop faire de casse. Demain matin ? Est-ce que cela te va ? »

Ayane avait pour habitude de râler de la lenteur dans ce genre d'établissements, mais étonnamment, c'était plus que rapide. Tout était déjà prêt, elle était tout bonnement heureuse. Elle commença à se jeter sur la viande sans toucher à l'œuf qui accompagnait ce genre de choses. C'était tellement bon, de la viande fraîche et pas cuite. Elle ne se posait pas tellement de questions sur le pourquoi du comment. Elle avait sa viande, elle avait terriblement faim depuis qu'elle était arrivée. La viande ou même le poisson n'était pas quelque chose de si facile à trouver au Japon. Elle serait bien partie à la chasse elle-même au gibier, mais elle n'en avait guère eu l'occasion.