Euh... Tout, ou presque.
Après, j'ai pas vu la bande-annonce, mais j'ai trouvé que le film était clairement passé à côté de son sujet. Ridley Scott a fait le choix de faire un film avec très peu de scènes d'action, ce qui fait que j'en attendais beaucoup du côté du scénario... Mais le scénario était débile, avec des scènes totalement grotesques (cf.
spoilers) :
- Le fait de voir que le monde entier se passionne pour le sort d'un astronaute piégé sur Mars depuis une année. Genre, quand la NASA tente de le récupérer, y a des foules en liesse dans la rue dans toutes les villes du monde. S'il s'agissait de sauver le monde, je peux le comprendre, mais là, bordel, c'est juste pour sauver un type dont tout le monde se fout ;
- Ou encore de voir les Chinois venir filer un coup de main aux Américains en dévoilant leur lanceur "top-secret", juste pour sauver un Américain pure souche, dont, là encore,je vois mal en quoi le gouvernement chinois peut bien s'intéresser ;
- Et sans parler du plan de secours final, qui, je pense, a dû être écrit après un trip' sous LSD.
Et, de manière générale, avec un film centré sur la solitude d'un personnage, dont on nous met la tronche sur l'affiche, je m'attendais à un film assez psychologique, voire poétique... En tout cas, un film où la solitude du personnage principal l'amènerait progressivement à perdre la raison... Ou, même sans ça, à ce qu'il se passe quelque chose... Mais non. Du début à la fin, le mec se contente de balancer des monologues sans fin, et on a le sentiment qu'il aurait pu passer dix ans sur Mars sans que ça ne change rien, vu que sa psyché n'évolue pas d'un moment à l'autre. Chose assez difficile, en même temps, vu qu'on ne sait quasiment rien du personnage principal. On sait qu'il a des parents, mais on n'explore jamais vraiment sa personnalité. Tout est concentré sur le plan complètement capillotracté de la NASA pour le sauver.
Même au niveau de la construction du film, c'est nase. Dans ma tête, j'ai comparé le film à "
Gravity", parce que les deux se rapprochent un peu. Et, dans cet autre film, tout est un huis-clos concentré autour du personnage. On ne se concentre que sur l'héroïne, on ne voit jamais ce qui se passe sur Terre, ce qui créé progressivement un lien assez fort avec l'héroïne, car on se rattache à elle tout du long. Là, la structure du film est nettement plus classique, puisqu'on oscille entre les scènes sur Mars, et celles sur Terre, le film se renvoyant continuellement la balle... Et, là où c'est encore plus terrible, c'est que, lors des scènes avec Matt Damon, il ne fait que des monologues sur le fait de survivre, ou nous balance des explications scientifiques à foison. C'est normal que la question de la survie, sur une planète aussi sauvage et austère que Mars, soit un élément important, mais je ne m'attendais pas à ce que le film ne parle que de ça. À aucun moment, je ne me suis senti proche de l'astronaute. Il aurait pu crever que j'en aurais rien eu à battre, car il n'y a quasiment aucun moment où il est mis en tension, ou se met à paniquer...
Enfin, si, y a une fois où il dit "Merde" quand il se retrouve dans une situation périlleuse, mais ça dure cinq secondes.
Et, comme la construction oscille continuellement entre Mars et la Terre, tous les personnages apparaissent comme des mecs stéréotypes, fades et creux, allant du directeur de la NASA qui ne pense qu'à sa côte de popularité, du sous-directeur au grand cœur joué par Sean Bean ressemblant à un cancéreux en phase terminale (ou à un alcoolique dépressif), du
geek astrophysicien qui vit comme un clodo, ou encore du gros Chinois.
Donc, bon, pour résumer, j'ai eu l'impression de voir un film réalisé par Roland Emmerich sans les scènes d'actions époustouflantes pour te faire passer la pilule. Le film est construit comme un film-catastrophe classique, sauf qu'il s'agit juste d'aller sauver un mec perdu sur Mars. J'ai un peu du mal à comprendre pourquoi certains le mettent au même niveau que "
Gravity" ou "
Interstellar", en toute honnêteté. Le film serait sorti il y a environ vingt ans, ça aurait pu me plaire, mais là, je trouve qu'il a autant de poids face à ces deux films qu'une paire de deux face à un
flush royal.
23h56