Entre la pluie et le beau temps, Ophélie préférait de très loin la chaleur étouffante du désert à la pluie froide des villes ou des terres sauvages. Peut-être était-ce héréditaire ? Née ici, elle n'aimait que le climat de son territoire, la chaleur et le soleil qui dardait contre sa peau et ses oreilles de Lynx. Oreilles qui écoutaient très attentivement chaque parole du Forgeron, bougeant un peu par moment, sensibles à la chaleur et au sons. Ses beaux yeux mauves fixaient le désert d'un air un peu perdus. La Déesse réfléchissait tranquillement, haussant un sourcil amusé quand il essaya de se lècher les lèvres avec cette classe propre aux félins et remarqua rapidement qu'il avait une langue bien plus longue qu'une langue normale. Ses soupçons sur l'humanité complète du jeune homme continuaient de se creuser et Ophélie grattouilla ses cheveux d'une griffe acérée, en proie à une vive réflexion. Elle sourit doucement. Si lui aussi avait l'habitude de se perdre, ils feraient une très belle équipe de bras-cassés, ne sachant jamais où aller, pourquoi y aller, comment y aller, qui y rencontrer, quoi faire et quoi dire.
Elle ferma ses paupières, avant de réouvrir d'étonnement ses yeux qui se reposaient de la lumière trop vive du soleil sur le sable. Il voulait l'accompagner ? La brave homme ! Et il disait ça avec une finesse qui ravit la Jeune Déesse de cette admiration propre aux personnes riches d'un amour inébranlable pour l'humanité, son visage rayonnant d'un sourire tout plein d'amitié et de bonheur, se joignant aux rayons de soleil pour éblouir le pauvre jeune homme. La Lynx reprit son sérieux, mâchouillant un mot d'excuses, un mot pour lui dire qu'il n'était pas obligé, parlant encore un peu dans sa barbe avant de sourire de nouveau, pour prononcer un très audible "Merci." sorti tout droit du fond de son coeur d'immortelle. Un léger brouillard barra son front. Mais comment le remercier ? Elle n'avait rien à lui offrir, à part ses bijoux. Dans l'immédiat, en tout cas. Bien sûr, s'ils revenaient ensembles de ce périple, la fortune de son père adoptif seraient alors sans condition à celui qui offraient si gentiment son aide à une inconnue.
Alors qu'elle allait parler de ça à son ami, il ne lui laissa pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il répondit à ses questions muettes et curieuses en lui expliquant qui il était, ce qu'il était, ce qu'il faisait. Ophélie ne saisit pas tout, avouons-le. Mais, étant une Déesse, elle avait la connaissance pas exhaustive mais assez grande pour savoir ce qu'était un xénomorphe, un hybride et tout le reste, comprenant qu'il n'était pas humain comme elle l'avait déjà assimilé par ses deux coeurs. La Jeune Déesse se demandait maintenant s'il n'était pas immortel, d'une manière ou d'une autre, s'il se régénérait, s'il pouvait devenir un jour un de ses sujets en mourant et autres questions existentielles pour une demoiselle curieuse et fouineuse qui hochait rapidement la tête, acquiesçant cette fois à ses propres réflexions, regardant fixement devant elle, perdant le regard intransigeant de ses yeux dans le sable aveugle, ses babines remuant doucement alors qu'elle se parlait presque à voix basse, toute à ses réflexions divines.
Il était vraiment particulier. Elle ne pouvait nier que son aide lui serait précieuse, mais le jeune homme c'était tout de même imposé à elle, lui disant qu'il la suivrait. C'était impérieux et ça plaisait à la Jeune Déesse qui n'aurait jamais osé, de toute manière, lui demandait de l'accompagner dans un périple dont la fin n'était pas prêt de paraître, dans des déserts et entourés de créatures plus menaçantes les unes que les autres. Car, il fallait aussi avouer qu'Ophélie savait qu'elle se retrouverait un jour ou l'autre de nouveau face à ce mâle qu'elle détestait tant, celui qui était la cause de tous ses problèmes, celui qui lui avait volé sa Maman. Et elle était presque sûre que leur retrouvailles ne se feraient pas sans accrocs, et que sa mère ne la reconnaîtrait pas tout de suite. Se faire ré-adopter par sa meute et son peuple ne serait pas une affaire simple et elle était déjà prête à batailler pour sa famille. L'aide d'Amser serait demandée de toute urgence à ce moment-là et puisqu'il lui accordait sa confiance en lui avouant ce qu'il était et en la protégeant, elle était prête à parier qu'il n'hésiterait pas à se battre comme un preux chevalier. Il faudrait donc une récompense à ses efforts.
Toujours silencieuse, malgré la question du jeune homme et le fait qu'il la dévisageait encore, Ophélie continuait silencieusement son monologue, sa grande queue touffue et entourée d'un lourd bijoux d'or venant se balader sans qu'elle y fasse attention sur le corps du Forgeron à ses côtés, jouant avec les joues et le menton du jeune homme, chatouillant la peau à nue alors que la Déesse tricotait de ses griffes, le sable autour d'elle, les coussinets de ses pattes se perdant dans l'océan jaune clair, ses cheveux un peu emmêlés et humides par la course qu'elle avait fait une trentaine de minutes auparavant pour rencontrer Amser se collant un peu à son cou. Enfin, elle parut immerger de ses réflexions, jetant un regard au Forgeron, retirant sa queue qui continuait de se balancer autour d'elle avec une légère moue désolée.
"-Oh, excusez-moi, je réfléchissais et .. Bref." Elle se laissa totalement aller en arrière, passant ses deux pattes derrière sa tête, son museau pointant vers le ciel, son ventre nu allongé se chauffant encore au soleil, sa tête tournée vers Amser, malgré le fait qu'elle soit totalement allongée et toujours à moitié dans ses pensées.
"-Plus j'y pense, plus je me dis que j'ai aucune chance de retrouver ma mère. Je ne me rappelle plus bien où nous vivions, je suis juste à a recherche d'une meute dans un désert. Ce que je peux vous dire, c'est que malgré le fait que la meute bouge, nous étions des terranides vivant loin de toute civilisation. Je n'ai appris à parler que quand j'ai été achetée par mon père adoptif, tant mon peuple est non-civilisé. J'ai beaucoup de temps devant moi pour les retrouver." Elle sourit. "Ecoutez, je veux savoir si vous êtes immortel. Vous avez deux coeur, n'est-ce pas ? Alors, vous vous régénérez ?" Oui, elle avait pris au mot le fait qu'il répondrait à ses questions. Lui pouvait tilter au fait qu'elle avait beaucoup de temps. Et elle se ferait un plaisir de lui expliquer.