« Tu me fais du bien, Yves, laisse-toi aller ! », elle dit ces mots avec tant de douceur, tant de sensualité, tant de sincérité même. Aux antipodes les lycéennes qui n'écartaient les cuisses que pour se faire baiser, je sens les mains d'Estelle, si douces sur ma peau, le sentiment exquis que, pour la première fois, Dieu me permet, même malgré mon défunt vœu de chasteté, de découvrir ce qu'est une femme, une vraie femme, aux hanches qui bougent doucement, tandis que je sens le brûlant fourreau de son vagin comme emprisonner mon sexe.
Là, allongée sur des draps d'une blancheur comme virginale, son corps si beau d'avoir des formes aussi parfaites, et si fragile aussi d'avoir en lui un esprit diabolique, juste aller et venir tout en douceur, oui savourer ce moment sans rien presser.
« Estelle, j'ai l'impression d'être ailleurs, vous êtes presque irréelle d'être si exceptionnelle. »
Irréelle comme le Diable qui prend toutes formes matérielles, exceptionnelle comme le Diable qui modèle les tentations, des qualificatifs dont je me moque.mes mains caressent ses seins, globes de chair ronds et fermes, empaumant ces douceurs avec un réel amour. Je suis sous le charme, c'est certain, et ses tétons qui, peu à peu, se dressent sous mes doigts confirment la réciprocité de cet amour.
« (…) pour une nuit (...) », amour d'une nuit et d'une seule, l'expression me fouette tant elle est imprévue, et vient même broyer les rêves qui, peu à peu, s'étaient fondés en moi. Oui, cette douceur juste après avoir parlé de Satan, cette chambre dont je ne comprends toujours pas la réalité, cette union charnelle dont nul ne peut nier la sincérité, mon cœur en bat bien au delà d'une simple nuit de sexe, comme j'en connus avec d'autres lycéennes. Si différents que nous soyons, de nos origines comme de nos missions, ce lit nous offre d'oublier tout ça.
« Pour une nuit seulement, Estelle ? Pourtant, je... »
La phrase s'est stoppée dans ma gorge. Peur d'avouer quelque sentiment inadmissible, entre un vieil adulte et son élève, entre un prêtre et une succube, entre le bien et le mal ? Pourtant, qui peut mal y voir entre deux êtres de chair qui s'aiment ? Estelle est si douce et aimante, mes va et vient s'accélèrent peu à peu en elle, je la sens s'ouvrir sous moi et comme m'emprisonner, je veux faire durer ce moment à l'infini.
« (…) demande-moi ce que tu veux (...) », je n'ose y croire, j'ai l'impression de rêver plus encore. Et, plus que de demander, je veux lui offrir. Parce que je n'oublie pas qu'elle peut devenir poussière d'une simple négligence de ma part, parce que demander quoi que ce soit à une expression humaine du Diable est une damnation, parce que tout simplement le sentiment d'amour l'emporte en moi sur le sentiment charnel ? Là, pour le moment, juste pour ce moment, je veux lui offrir le plaisir, juste le plaisir. La faire vibrer, la sentir monter, la voir jouir. Alors, parce que l'aurai menée au plaisir, oui, ensuite, je pourrais demander... hum...
« Laisse-toi aller, Estelle, savourons ensemble cet amour... »