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[...] Et c'est pourquoi, messieurs et mesdames les ministres, j'ai choisi l'Agent Zao afin de libérer le pays de toute influence malfaisante. >
Le silence qui suivit sa tirade précéda un tonnerre d'applaudissement. Quand celui-ci fut fini, un homme restait toutefois sceptique. C'était le Premier Ministre.
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Mais, votre Majesté Impériale... Si je comprends bien, cette chasseuse aura carte blanche pour absolument tout ? La police ne pourra l'arrêter, et les tribunaux ne pourront rien contre elle ? >
L'Empereur japonais hocha la tête.
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C'est bien cela. Elle aura l'immunité absolue, et débarrassera notre pays de toutes ces sectes et ces créatures occultes qui le rongent. >
Le ministre ne paraissait pas très convaincu de la justesse de la chose.
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Mais enfin votre Majesté Impériale... Tant de pouvoirs. Elle pourrait en abuser, non ? >
Regardant son subordonné dans les yeux, l'Empereur poussa un long soupir.
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Ne croyez-vous pas que cette éventualité m'est déjà passée par la tête ? Elle n'en abusera pas. L'Agent Zao est gouvernée par des forces beaucoup plus puissantes que tous les gouvernements au monde, et elle est dédiée à la sauvegarde de la population, quoi qu'il arrive. Elle n'en abusera pas, et restera humble. C'est sa mission la plus sacrée. N'ayez aucune crainte. J'ai, de plus, le témoignages de nombreux présidents ayant fait appel à elle, et ils ne chantent que ses louanges. >
Le ministre finit par rendre les armes, et baissa la tête.
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Bien votre Majesté Impériale. >
* *
*
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Halte là ! Déclinez votre identité. >
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Agent Gazelle Zao, 28 ans, Femme, Hétérosexuelle expérimentée, Chasseuse spécialisée dans l'Occulte. Ah, et je suis mandatée par votre Empereur aussi. Autre chose ? Je peux vous donnez ma taille, mon poids, ma pointure, la longueur de mes cheveux, mes mensurations, le calibre de mes armes, le temps qu'il me faudrait pour tous vous assommer... >
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Euh. Non. C'est bon. Merci. Passez, Agent Zao. Mes excuses. >
Il s'écarta du seuil de la porte, et l'agent Zao rangea alors la carte officielle qu'elle avait montré au soldat. Elle inclina la tête et passa devant lui avec un petit sourire satisfait.
Le soldat, lorsqu'elle passa, ne put s'empêcher de la dévorer des yeux. Il faut dire que la belle avait tout pour plaire. Elle était une superbe métisse asiatique. Sa peau, d'une teinte olivâtre, paraissait sans défaut, et son toucher devait être doux comme la peau d'un nouveau-né. Sa haute stature élancée paraissait frêle, délicate. Telle une gazelle, elle possédait une grâce innée, et son regard noir et profond semblait insondable. Elle tirait d'ailleurs son nom de cet animal. Elle possédait, outre la grâce de cet animal africain, la rapidité qui le caractérisait. Ses longues jambes fines et galbées, délicates et athlétiques, lui permettaient sans peine de courir à très grande vitesse. Sa légèreté était ainsi un atout plutôt qu'un handicap.
Malgré l'apparente fragilité qui se dégageait d'elle, on sentait qu'il ne valait mieux pas l'énerver. Son maintient droit et orgueilleux montrait qu'elle était consciente de ce qu'elle pouvait faire ou pas, et même si elle possédait une paire de seins au lieux de pectoraux, son corps frêle contenait plus de fort qu'il ne le laissait présager.
Les traits de son visage, enfin, étaient très mobiles. Elle ne pouvait mentir, toutes ses émotions passant sur son visage. Bien sûr, elle réussissait à rester impassible lorsqu'elle le voulait, ou à paraître menaçante, mais elle était profondément sincère. Et même son regard qui paraissait insondable livrait parfois des indices sur ce qu'elle ressentait. Quant à sa chevelure, aussi sombre que la nuit, elle était souple, et longue. Elle s'arrêtait au creux de son dos, et ne bouclait jamais.
Longtemps après qu'elle soit passée, le soldat avait encore sa silhouette et ses courbes en tête. Surtout celles de sa poitrine. Elle ne possédait pas une poitrine asiatique. Ses comparses n'étaient pas plates comme des limandes, mais pas loin. Elle, elle possédait la poitrine d'une occidentale. Sans doute un bon 90 C. Et sa taille, si fine comparée à ses hanches pleines... Le soldat en avait presque un début d'érection. Il se reprit en toussotant, lorsqu'un de ses collègues lui colla la crosse de son arme dans les côtes.
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Tu devrais pas fantasmer sur elle mec. >
Le soldat ayant laissé passer la belle brune haussa un sourcil. Son collègue explicita :
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Cette nana, elle n'est pas inoffensive. J'ai entendu les ministres en parler entre eux. Elle a éradiquer une dynastie entière de vampires dans les Carpates. Les vampires, et les humains qui les servaient, qui leur étaient dévoués. Femmes, enfants et vieillards compris. Elle n'a pas eu de pitié pour une jeune mère enceinte. Elle n'est pas cruelle -leur mort a été rapide- mais elle ne connait pas le sens du mot "Pardon". Elle est impitoyable. >
Le soldat fronça les sourcils.
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Nous aussi, nous faisons des choses terribles dans l'armée. Pourquoi serait-elle plus dangereuse que nous ? Pourquoi ne pourrais-je fantasmer sur elle ? >
Son collègue prit un air de conspirateur.
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Je me suis renseignée sur elle. Elle n'est pas humaine. Enfin, elle est née humaine, mais elle ne l'est plus. Elle absorbe les dons et les caractéristiques de ses proies. Elle est plus forte que toute l'armée japonaise réunie. Elle serait capable de détruire le monde si sa ligne de conduite n'était pas de protéger la population. Voilà en quoi elle est dangereuse. Et elle est imprévisible aussi. Quant à fantasmer sur elle... C'est juste que tu n'as aucune chance. On la dit très sélectives sur ses amants. Toi et moi, nous ne sommes que des maigrichons par rapport à ceux qu'elle a prit dans son lit. Et, tu sais ces rumeurs sur une sorte de monde parallèle au notre, mais mêlant les époques ? Ce monde que l'on ne peut trouver que par l'intermédiaires de portails, à Seïkusu ? Ces portails dont on n'a d'ailleurs jamais prouvé l'existence... Et bien, il paraît qu'elle y est déjà allée. Et qu'elle a affronté des armées de guerriers surentraînés. Qu'elle les a battu à plate couture. Et qu'elle a même couché avec leur chef, un barbare cruel et sanguinaire. Une brute épaisse telle qu'on n'en voit que dans les films... >
Le soldat médita ces paroles un instant, puis haussa les épaules.
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Tu es sûre qu'elle peut être capable de supporter une telle brutalité dans les rapports ? M'est avis que si on se montre trop sauvage, on risque de la casser en deux. >
Son collègue secoua la tête.
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Méfie-toi. Ce serait peut-être le contraire qui se passerait. Paraît qu'elle a brisé le bras d'un homme d'une seule main, et juste parce qu'il lui avait malencontreusement frôlé les fesses... >
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Ce n'était pas malencontreux. Il avait intentionnellement collé sa main sur mes fesses. >
Les deux soldats sursautèrent, et se mirent au garde-à-vous. Doublement, pour le premier. Il ne pouvait en effet pas s'empêcher de l'imaginer nue et sous lui.
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Je sais que les récits me présentent comme quelqu'un de sans pitié, de très rigoureuse et professionnelle, de cruelle parfois... Mais je suis aussi humaine, les mecs. Je peux aimer, je peux souffrir, je peux rire et pleurer... Je ne suis pas un robot ou une machine à tuer. J'ai des sentiments... Mais le boulot reste le boulot. Je ne mélange pas ma vie privée et ma vie professionnelle. C'est tout. >
Elle passa entre eux, gratifiant le soldat dont l'érection était visible d'une tape sur les fesses. Et elle s'éloigna, avec un petit rire claire et cristallin, tandis que le soldat en érection la dévorait des yeux et que l'autre se pissait dessus.
* *
*
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Que savons-nous d'autre d'elle ? >
Un homme à la haute stature venait de poser la question. C'était le maire de Seïkusu. Ses gratte-papiers s'empressèrent de lui répondre.
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Elle est née en Europe. Sa mère était une actrice française, et son père était un soldat japonais. L'on dit qu'à sa naissance, la lune était rouge et que le ciel a pleuré des larmes de sang. Comme pour la bénir afin qu'elle accomplisse ce qu'elle fait aujourd'hui. On ne sait pas trop comment, mais elle a développé la capacité d'absorber le pouvoir des créatures qu'elle chasse. Lycanthrope, vampire, démon, harpie, etc... Bien entendu, l'utilisation de ces pouvoirs exceptionnels la fatiguent. Mais elle peut ainsi défaire n'importe quelle créature. Ce n'est pas de la magie toutefois. C'est dans son sang, dans son âme, dans son être. Rien ne peut brider son don. On raconte aussi qu'elle a tué son premier loup-garou à 10 ans, lors d'un voyage en Afrique. Et à ce qu'on dit, elle n'avait pas encore de nom à cette époque. On l'appelait "Fillette". C'est un sorcier africain qui, en la voyant terrasser le monstre, l'a appelée "Gazelle". Ce nom est maintenant enregistré par l'état civil. >
Le subordonné du maire fit une pose, recherchant dans ses notes, avant de reprendre.
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J'ai ici des informations qui disent qu'elle n'a pas été scolarisée dans un établissement public ou privé. Elle a étudié chez elle, et a obtenu divers diplômes avec la mention très bien à chaque fois. A un âge jeune, également. On dit qu'elle a été diplômée du bac à 14 ans, et qu'elle a passé plusieurs diplômes de Licence dès ses 16 ans. J'ai ici la copie d'un diplôme de Master qu'elle a passé à dix-neuf ans, en sciences, et la copie d'un diplôme de doctorat dans cette même matière passée l'an suivant, à 20 ans. Elle est ainsi spécialisée dans à peu près tous les domaines génériques. >
Il s'arrêta, et laissa la parole à son collègue.
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Pour ma part, je me suis renseigné à son propos un peu partout. Les gouvernements qui l'ont engagée chantent ses louanges et ne jurent que par elle. On dit qu'elle a débarrasser la Hongrie de son armée de Banshee alors qu'elle n'avait que quinze ans. >
Le maire hocha la tête.
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Et que sait-on sur cette force mystérieuse à laquelle elle obéit ? >
Là, ce fut le grand silence. Personne ne savait quoi répondre. Et soudain, la porte s'ouvrit brusquement.
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Bonjour à vous. J'ai cru entendre, en arrivant, que vous vous questionniez sur ce à quoi j'obéis ? C'est bien simple. C'est une voix dans mon esprit. Elle me guide en tout temps, et ne veut que la préservation du genre humain sur terre. Ces créatures de l'occulte viennent d'ailleurs, et je les y renvoient. Satisfaits ? >
Le maire hocha la tête. Et les discussion reprirent, le comité de secrétaires du maire cherchant à être agréable à la brune. On lui octroya un studio où vivre, et on lui alloua un salaire bien généreux. Gazelle Zao venait de prendre son poste, et commençait par Seïkusu.