Corrompre, ce n'est que s'enrichir. [Gabriel Valmy]

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Lolita était une adolescente de la génération 2.0, la génération Internet. Toutefois, elle utilisait cet outil pour satisfaire son ambition. Internet était un incroyable nid à rumeurs, et ce n’était pas toujours facile de démêler le vrai du faux. La plupart du temps, pour vérifier si ce qui l’intéressait était vrai, Lolita allait directement sur le terrain. C’est donc en surfant sur la Toile que la jeune fille avait intercepté des rumeurs à propos d’une organisation sévissant à Seikusu. Elle avait écumé les forums, et constaté que personne ne croyait vraiment à cette histoire. Raison pour laquelle elle, elle y croyait. Et elle avait décidé de vérifier cette histoire, tout en ne sachant pas vraiment par où commencer.

C’est ainsi que la jeune Lolita se retrouvait dehors à 23h00, toute seule, espionnant une bande de personnes à l’aspect plutôt louche. Elle était cachée depuis un quart d’heure derrière une poubelle et ses jambes commençaient doucement à s’ankyloser. Lolita fit la moue, elle était déçue car elle avait cru reconnaître l’un des membres de cette organisation secrète dont l’aspect physique avait été évoqué sur un forum : un grand blond travaillant dans la fonction publique. Certes, cette description était bien vaste et banale, mais Lolita avait espéré pouvoir compter sur la chance. Mais encore une fois, la jeune fille s’était maudite pour sa naïveté. Tout ce qu’elle avait trouvé, c’était une bande de junkies dont elle n’avait rien à faire. Quoique, elle pourrait faire une bonne action en les dénonçant à la police. Après tout, elle avait clairement vu les seringues bourrées d’héroïnes briller au clair de lune.

Mais pour les dénoncer, encore fallait-il pouvoir sortir de cette cachette puante et de cette impasse - au sens propre comme au figuré. Ce qui n’était pas chose évidente puisque les jeunes défoncés lui barraient le seul accès à la rue. Lolita avait deux possibilités : soit elle attendait jusqu’à ce qu’ils partent d’eux-mêmes, ce qui n’était sûrement pas prêt d’arriver, soit elle surgissait en profitant de leur état second pour filer jusqu’à un poste de police.
La deuxième solution lui parut brillante aux vues de ses membres de plus en plus douloureux à force de rester immobiles. Lolita s’apprêtait à se lever lorsqu’une parole retint son attention. L’un des garçons, un homme doté d’une crête rouge, l’air sale, marmonna à l’un de ses congénères quelque chose à propos d’un mec appartenant à une organisation. Tout cela avait l’air bien flou, il pouvait s’agir de n’importe quelle organisation, mais Lolita décida que parler avec la police était d’autant plus urgent à présent. Peut-être pourrait-elle en apprendre plus par le biais de la police ou en se mêlant de l’enquête si c’était possible. Elle trouverait forcément le moyen de récupérer des informations auxquelles elle n’aurait pas accès normalement.

Toute cette histoire était terriblement excitante ! Lolita se massa les jambes puis bondit de sa cachette tel un diable hors de sa poubelle, et passa comme un coup de vent par-dessus les junkies affalés sur le sol. Une sorte de panique sembla envahir les comateux, même s’ils semblaient mettre du temps à sortir de leur torpeur. Ce qui était une chance pour la jeune fille qui courut jusqu’au commissariat le plus proche afin d’expliquer cette histoire à quelqu’un.

Un grand homme blond était assis, l’air tranquille, au poste de surveillance. Il avait l’air à la fois sympathique et pas très net. Lolita pensait de toute façon que tous les policiers avaient l’air plus ou moins louches, ce qui ne l’inquiéta donc pas outre mesure. Elle s’avança d’un pas assuré vers l’homme. Voir une jeune fille en tenue de lycéenne, un sac d’école à la main, un bloc-notes dans l’autre, pouvait semblait assez étrange, d’autant plus si l’on tenait compte de l’heure tardive.
Elle s’adressa à l’homme d’une voix qu’elle voulait timide mais assurée. Ainsi, Lolita avait l’air d’une jeune fille de bonne famille sûre de ce qu’elle allait affirmer. Elle omit cependant de se présenter, elle ne savait pas encore si cette affaire allait lui attirer des problèmes.

« - Excusez-moi monsieur, je marchais dans la rue quand j’ai aperçu un groupe de personnes en train de se droguer. Je me suis arrêtée parce que je n’en avais jamais vu en vrai, et je les ai entendus parler d’une organisation et d’un grand homme blond. »

Comme vous, pensa Lolita, qui regardait l’homme et lui trouvait des traits plutôt virils et attirants.

« - Je peux peut-être vous mener jusqu’à eux ? »

Elle affichait un sourire confiant, sûre qu’elle était de tenir une information capitale et de pouvoir mener un policier sur une affaire croustillante.

Soirée de garde comme les autres : calme, à chier. Enfin bon, que voulez vous, on ne peut pas toujours être dans le feu de l'action. Dommage. Enfin, comme aujourd'hui il n'avait personne pour l'emmerder, il était pépère !  Les cellules étaient vides, fait ô combien ratre, et personne n'appelait pour signaler un problème....ou alors c'était Gabriel qui avait débranché la radio d'appel. Il avait la paix, et il l'avait bien cherché !  Bah vous vouliez entendre quoi ? C'est le quartier de la Toussaint ! Si on l'arrête pas, ça fait chier toute la nuit ! Raison donc de cet arrêt brutal, mais au moins, il passait une soirée tranquille !

Il avait balancé son paquet de cigarette et n'en avait pas racheté depuis, de même, il n'avait plus de bibine, il était complètement lucide, pour une fois mais ça le rendant un petit peu irritable, il arrêtait la clope, et c'était pas facile....ah le ravage du tabac ! Enfin bon, ça passait dans la catégorie du nuisible temporaire ! Il suffisait de s'y faire et ce serait réglé ! Mais c'était pas gagné....il savait qu'une seule clope et il serait foutu à ce niveau là, il replongerait définitivement.

Onze heure venait de passer, il le savait, il regardait sa montre. Il vérifia son portable, pas de messages, bon, il allait se chercher un café, il avait encore deux ou trois heures à tirer, deux trois heures à tirer, et ensuite il rentrerait chez lui dormir, normal qu'un café s'impose aussi naturellement ! Surtout qu'il commença un tant soit peu à fatiguer !  Il se dirigea ves le distributeur automatique....BINGO ! Une bière !  Voilà, encore mieux qu'un café !

Il fila un coup de latte dans la machine et la bière tomba, il la prit, l'ouvrit et commença goulûment à la boire alors qu'il retournait à sa place au poste de surveillance !  Nom de dieu ce que ça faisait du bien par là où ça passait !  Il sentait descendre le liquide le long de sa gorge sèche à flots !  Nom de dieu ce que ça faisait du bien ! Et comme si la bibine était un signe de reprise des activités, une jeune femme arriva.....enfin, une jeune femme....une adolescente plutôt !

Il s'agissait d'une jeune femme qui devait avoir entre quinze et seize ans, et elle devait être, aux vues de son uniforme, encore au lycée de Seikusu...un peu jeune pour se promener à cette heure dans un lieu comme le quartier de la Toussaint....surtout dans le quartier de la Toussaint, non ? Enfin bon, après, c'était qu ce qu'il pensait, hein, le reste.....Si il y avait eu un collègue il aurait sans doute parié sur le nombre de pâtés de maison précédent son viol avant de débarquer ici....enfin bref, à peine arrivée, pas un bonsoir, pas une politesse, et même si elle semblait timiode, elle ne laissait pas le moindre doute percer ses propos, comme qui il y avait des drogués qui parlaient d'une organisation et d'un grand blond qui y serait lié. Intérieurement, Gabriel se demandait qui était le bavard, car ces deux détails lui faisaient ressentir comme l'impression d'être concerné.....mais ça, bien évidemment, il fallait encore le prouver !  D'ici là, il n'avait aucune raison d'y aller comme ça, mêmesi on regardait jkuste au niveau des infos, c'était trop flou!

Elle rajouta même faisant largement transparaître sa confiance en elle qu'elle pouvait le mener au bon endroit.....euh......il n'avait pas dit qu'il la suivait, d'ailleurs, il n'en avait pas l'intention ! Ne serait-ce que parce qu'il n'avait pas le droit de quitter le commissariat comme ça ! En plus, cette personne devrait être chez elle à cette heure, pas dans la rue !

« Je suis désolé, mais je ne pense pas que ça va être possible avant que j'ai au moins fermé et éteint le commissariat, je peux le faire en avance, mais il me faudra dix minutes au bas mot...et l'ennui, c'était que les informations sont bien trop floues, on ne peut pas se déplacer à chaque fois que quelqu'un parle d'une rumeur, surtout quand ce sont des mecs explosés à la drogue qui parlent. C'est hélas insuffisant pour faire déplacer les flics.... »

Il semblait désolé pour elle, et il aurait aimé l'aider, mais voilà, il avait une mission :  garder le commissariat au cas où on appelle ! La bonne blague ! Il avait débranché le standard....plutôt qu'il n'y avait que la flemme qui dictait sa conduite en cet instant....

« J'en suis navré, mais dites moi, que fait une lycéenne ici, à cette heure ? Vous savez que le quartier est très dangereux ? Même nous, les poiliciers, on se fait tirer dessus à vue, alors que faites vous dans un tel endroit ? Où habitez vous, que je vous raccompagne à la fin de ma permanence?POarce que hors de question de vous laisser repartir toute seule, vous feriez bien vite agresser, dans le meilleur des cas.... »