William buvait ses paroles. Son cœur se serrait toujours plus à mesure que les secondes s'étiraient cruellement. Elle pleurait. Tristesse ou joie? Le cœur du jeune hommes faisait des cabrioles dans sa poitrine alors que ses impressions passaient d'un côté à l'autre. La peur se faisait également sentir, susurrant ses paroles venimeuses à ses oreilles qui, paradoxalement, leur prêtaient attention. "Elle n'est pas prête", ou encore "C'est beaucoup trop rapide" étaient les raisons que pouvait invoquer la jeune fille pour lui répondre "non", et qui le tourmentaient affreusement.
Aussi harcelé par ses démons qu'il pouvait l'être, lorsque l'ultime réponse de Marine vint à ses oreilles, le silence s'imposa d'un seul coup. La peur et les doutes disparurent laissant derrière eux un vide immense et effrayant. Puis, ce vide fut rempli par une déflagration de joie qui vint lui chatouiller les poumons, obligeant le jeune homme à rire de bonheur. Il était tellement soulagé.
Avant que Marine ne lui jette un regard interrogateur, il s'empara de ses lèvres avec passion et poussa son baiser jusqu'aux limites de l'équilibre de la jeune fille. Il eut toutefois la présence d'esprit de la retenir d'une main pour éviter que son feu dévorant ne la fasse chuter. L'usage voulait qu'on passe la bague au doigt de la futur épouse avant de l'embrasser, mais les coutumes pouvaient aller se faire voir ailleurs. Ce n'est pas ce fichu bout de métal qui allait retarder son rendez-vous avec les lèvres de sa compagne. Ce n'est que lorsqu'il se fut suffisamment désaltéré, qu'il prêta enfin attention à la bague.
Un sourire aux lèvres, William passa le bijoux à l'annulaire de la jeune fille. Ça y est. Il était maintenant fiancé. Par contre la cérémonie risquait de manquer d'invités puisque ni Marine, ni William n'avait de famille. Enfin si, théoriquement, William en avait une mais il doutait franchement que ses parents – même s'ils le pouvaient – assisteraient aux noces de leur fils déshérité. Il était donc très probable que les bancs ne soient pas nécessaires, ce qui rendrait le moment plus intime.
Il y avait une constante éternelle, c'était l'amour que Dolan avait pour Marine. Mais il n'y que les imbéciles qui croient que le manque d'amour est la seule chose qui puisse nuire à un couple. L'amour est loin de suffire. En son nom, on est prêt à faire des concessions, le chargeant de masquer les défauts de l'autre derrière un écran immaculé. Cela fonctionne... Pour un temps. L'écran peut se fissurer et laisser voir les immondices qui se trouvent derrière, ou pire, les immondices peuvent franchir d'elles-mêmes cet écran. C'était le risque insensé que prenait Marine. On ne trouve pas le bonheur en ignorant le malheur. En effet, si le bonheur naît du malheur, le malheur est caché au sein du bonheur...