"Je vous le dis, mes frères : le jour où nous considérerons les femmes comme des êtres humains, notre monde s'effondrera. Elles ne doivent rester que des objets de consommation courante pour que la gloire de Cyttorak ne cesse de rayonner ! Voudrions nous que nos vidoirs prennent le pouvoir ? Que nos reproductrices commandent à la flotte ? NON, NON ET NON !"
- Extrait du discours d'investiture à la présidence planétaire cyttoréene de Velyon Fall'o
• [RECORDING]D'aussi loin que l'histoire cyttoréenne se souvienne, les femmes ont toujours été considérées comme membres d'une race bien différente de celle des hommes. Une race rapidement asservie, d'une main assez implacable pour que cette soumission devienne une chose naturelle gravée jusque dans les gênes. Les générations de femmes qui se sont succédées sur Cyttorak n'ont jamais eu de droits, seulement des devoirs. "Laisse toi honorer de la verge d'un homme, laisse toi humilier par ton propriétaire, courbe l'échine, jamais ne proteste". Une vie presque simple pour des accessoires malgré tout nécessaires à la reproduction de la vie et à l'assouvissement de certains instincts primaires. Sur Cyttorak, les femmes en liberté pouvaient être saillies par le premier venu, capturées à tout moment. Beaucoup servaient d’exutoire ambulants, molestées ou abattues pour un simple caprice. Les plus méritantes étaient dressées dans des familles et partageaient le panier d'un éventuel animal de compagnie qui avait plus de droits qu'elles.
La seule chose qui garantissait alors la survie de l'espèce femelle s'avérait être sa capacité à donner la vie. Bien que personne sur Cyttorak ne l'aurait jamais admis, les femmes étaient nécessaires à l'ordre du monde. Oui, elles ne représentaient qu'un utérus. Mais sans cela, les mâles cyttoréens ne pouvaient continuer de se développer. Afin de laver cet affront perpétuel à l'honneur phallique, les scientifiques se donnèrent corps et bien à la recherche d'un procédé qui aurait permit de produire des enfants d'une façon différente.
Si ces travaux furent longs et laborieux, ils eurent au moins le mérite de donner à Cyttorak une des meilleures sciences génétique de l'univers. Cela faisait partiellement oublier que les femmes et leurs ovaires, malgré tout, continuaient de narguer leurs maîtres.
"Choisissez, fécondez, jetez !"
- Slogan des fermes à reproductrices
• [RECORDING]Si les riches et puissants pouvaient choisir les meilleures femelles des meilleurs élevages afin de les engrosser pour en obtenir une progéniture mâle cadrant au mieux avec leurs aspirations de succession, le reste du peuple devait se contenter des Fermes, institutions destinées à la reproduction et l'élevage de femmes en batterie. L'un des deux hommes du couple se dévouait pour la "tâche ingrate" et faisait son affaire à une femme afin de l'enfanter, puis les parents payaient un forfait d'entretien et de surveillance médicale durant les mois de la gestation. Et puis, une fois le bébé mâle récupéré, l'emballage était jeté. Ou réutilisé, parfois. Certaines -celles qui donnaient naissance à des filles- pouvaient élever une nouvelle génération de reproductrices. Ou mère et fille étaient abattues ensemble, pour laisser place à de nouveaux arrivages.
Avec le temps, cette méthode de reproduction amena à parquer de nombreuses femmes ensemble, réduisant le nombre de sauvages. Les moeurs cyttoréennes avaient évolué avec le temps et les humiliations publiques et autres saillies orgiaques en pleine rue étaient un peu mal vues, tout en ne cessant pas d'exister. De façon presque amusante, ces pratiques qui relevaient de l'hétérosexualité devinrent une déviance dans un monde constitués d'individus unisexuel. L'homosexualité était une chose normale et encouragée, l'hétérosexualité une tare à éliminer. Peu importaient les raisons ou les façon de faire : s'intéresser sexuellement à une femme autrement que pour une reproduction justifiée et menée à terme relevait d'un important problème psychologique.
Pour corriger ces déviances, d'importantes battues furent organisées. Les femmes furent presque toutes organisées en troupeaux destinés aux fermes et aux structures de dressage et le projet d'Orgue à ADN fût promulgué, réponse au problème de la fécondation. Grâce à la science génétique, Cyttorak pourrait rapidement concevoir dans des cuves des enfants mâles montés de toutes pièces et menant à la perfection telle que les plus puissants et érudits cyttoréens l'imaginaient. Plus de femmes, plus de tares. Des hommes capables de se "reproduire" entre eux.
Bien entendu, l'Orgue à ADN (une banque de données génétiques parfaite capable de combiner, d'agencer et de créer un être de A à Z et ce à volonté) était encore au stade de projet. Mais sa révélation au grand public était destinée à révolutionner la face du monde, achevant de placer les mâles en haut de l'échelle de la création.
"C'est l'histoire d'un mec..."
- Accroche d'un célèbre humoriste
• [RECORDING]Je suis né le jour de l'annonce faite au monde de l'existence de l'Orgue et je reste aujourd'hui encore qu'il s'agissait d'une sorte de signe. Si j'avais cru en une divinité quelconque, je me serai certainement imaginé qu'elle m'envoyait simplement pour protéger l'Orgue, en vérité. Mon parcours, avant un moment, n'avait rien de particulier. Enfant d'un couple d'hommes ayant sailli tour à tour la reproductrice qu'ils s'étaient choisis pour m'avoir, je grandis dans un cadre militaire assez strict. Mes pères avaient tous deux faits leurs classes et me destinaient bien naturellement à une carrière brillante dans la flotte qui avait fait leurs renommées, mais je compris bien vite que j'étais plus un homme de terrain attiré par la boue des tranchées et la sensation enivrante du poids d'une arme portée à bout de bras. Mes parents firent contre mauvaise fortune bon coeur en me faisant intégrer à la force de Francs-Tireurs de la troisième flotte de colonisation, réputée comme étant la plus dure et la plus mise en première ligne.
Une punition, un honneur ? Je n'en sû jamais rien mais entrepris de briller dans les rangs tout en restant assez discret pour ne pas qu'on me donne un poste à responsabilité qui m'aurait tenu éloigné des combats. J'avais toujours été une bête fauve avide de sang et de violence, ce qui avait expliqué mon amour des différents arts-martiaux que j'avais pu croiser. Qu'ils se livrent à mains nues, au sabre laser ou au pistolet à impulsion, les affrontements me fascinaient. Cette ivresse du combat me faisait presque jouir et mes sens étaient tous délicieusement en alerte quand je soumettais un vaincu, tuais un ennemi ou saillais une femelle.
J'étais résolument un déviant, ne trouvant mon bonheur que dans l'interdit de l'hétérosexualité, souvent combinée à d'autres vices. La zoophilie, l'urophilie et nombre d'autres servirent un temps durant à passer mes nerfs et assouvir mes envies les moins avouables qui me permettaient d'extérioriser l'animal qui se tapissait dans les tréfonds de mon âme depuis l'enfance. Un mauvais garçon, assurément. Ma morale ? Un frein délicieux que j'adorais ronger le plus longtemps possible, la frustration de ne pas pouvoir me dévoiler à l'envie alimentant un appétit sexuel et brutal d'une ampleur déraisonnable.
Un dangereux barbare fornicateur donc. Qui, plus tard, aurait son intérêt.
Pour que vous le compreniez, il faut que je continue le récit de notre histoire à tous, enfants de Cyttorak.
"La patience, mes frères, est une vertu qui nous a déjà ouvert la voie vers les étoiles. Bientôt, elle fera de Cyttorak la maîtresse de son propre destin, nous établissant en dieux créateurs."
- Déclaration du professeur Gjef D'att, responsable de l'Orgue à ADN[/font]
• [RECORDING]Les années passaient et l'Orgue ne semblait toujours pas opérationnel. Partout, le mécontentement grognait et menaçait. Quelques fermes furent prises d'assauts et témoignèrent de la fièvre paranoïaque qui s'était installée avec le temps quand les reproductrices furent horriblement massacrées devant les médias. Des pratiques moyenâgeuses destinées à mettre en garde le lobby fermier sur son sort si il s'avérait qu'on découvre que c'était lui qui faisait obstacle à l'avènement de l'Orgue.
C'était un raisonnement plausible, certainement le plus logique. Mais les Fermiers n'y étaient pour rien.
Le gouvernement nous mentait, même si nous ne l'apprîmes que bien plus tard. L'Orgue était bien loin d'être achevé et engloutissait presque inutilement les finances publiques. Pourtant, la propagande continuait de plus belle et promettait aux cyttoréens l'hégémonie de leur race sur le reste de l'univers, attisant la rage frustrée plutôt que de l’atténuer. Les recherches prenaient du retard et, de plus en plus, l'armée se mobilisait pour être prête à intervenir. Déjà génétiquement améliorés lors de notre incorporation, nous autres soldats vîmes notre ADN être une nouvelle fois réorganisé pour nous rendre plus puissants, agiles et endurants. "Au cas où", nous donnait t'on pour simple explication. J'y acquis mes pouvoirs électriques et surtout la certitude qu'à un moment, tout allait salement déraper.
Les fauves sentent l'odeur du sang et mon instinct me hurlait que le carnage n'attendait qu'une étincelle pour déchirer les premières chairs.
A ce moment là, la guerre civile était encore contenue même si c'était à grand'peine. Mais ce que nous eûmes à affronter fût autrement plus redoutable.
"L'infection ? Dérisoire et bénigne."
- Déclaration issue de la propagande gouvernementale
• [RECORDING]Quand les premiers cas furent découverts, on pensa à une grippe fulgurante. Seules les femmes étaient touchées, emportées après quelques jours d'une fièvre intolérable. Quelques cheptels furent abattus pour restreindre la contamination, procédure courante dont on pensait qu'elle ferait son affaire une fois encore.
Bien entendu, cela avait été une grossière erreur d'appréhension.
Personne ne s'expliqua l'origine du mal qui n'emportait que les femmes à une vitesse fulgurante et ce fut peut-être ça qui sema la panique. Des troupeaux entiers étaient envoyés à l'abattoir et certaines fermes furent même balayées -encore pleines de leurs reproductrices- par les flammes des opérations d'assainissement radical sans que cela n'endigue la propagation de l'épidémie. Les mâles, si ils ne s'affolaient pas de leur sort puisque la médecine avait certifié que l'infection ne touchait que les femelles, avaient compris que le danger existait pourtant bel et bien.
A cette vitesse en effet, toute vie féminine serait rapidement éradiquée de la surface de Cyttorak. Cela aurait été un faux problème si l'Orgue avait été achevé, mais il n'en était toujours rien. D'ici à l'année qui suivrait, près de 80% des femelles seraient mortes et emporteraient dans leurs fosses communes tous les espoirs de descendance des cyttoréens.
Afin de calmer les esprits, nous les militaires reçûmes pour mission d'aller chercher des femelles en bonne santé dans les mondes environnants, quel qu'en fût le prix. Nous brisâmes plusieurs dizaine de traités galactiques dans de rapides et expéditifs affrontements qui me ravirent, nous acheminâmes nombre de nouveaux cheptels vers Cyttorak... Sans résultat aucun. Le mal emportait parfois même plus rapidement les nouvelles reproductrices que les natives de notre monde et l'hérésie de mêler notre sang épuré sur des centaines de générations à des génomes inférieurs acheva l'exploitation du bétail exporté. La situation devint de plus en plus explosive, jusqu’à ce qu'une inévitable guerre civile n'éclate.
Alors que les affrontements devenaient de plus en plus violents et vindicatifs et que l'armée était mise sur le qui-vive, l'annonce de la finalisation de l'Orgue fut faite. Beaucoup de choses étaient trop engagées pour cesser grâce si peu et nous fûmes désorganisés lorsque les véritables ennemies se révélèrent en lançant contre Cyttorak une attaque massive, nous prenant de dos. Les Gorgones.
Ces reproductrices toujours en quête de mâles avaient bien prévu leur coup, en vérité. Cyttorak avait toutes les raisons de les intéresser, vu le fort pourcentage masculin et la qualité de notre ADN. De quoi donner à leurs filles un nouveau degrés d'évolution, que nous leur avions toujours refusé en les repoussant lors de batailles épiques aux frontières de notre monde. Notre flotte valait bien la leur et notre abnégation rivalisait avec leur détermination, nous ayant dressés en ennemis presque héréditaires au fil du temps.
Elles avaient eu vent de la mise en place de l'Orgue à ADN. Imaginez quel gain cela aurait été pour elles ! Plus besoin de chasser les mâles à travers l'univers, elles n'auraient plus eu qu'à les concevoir sur mesure afin d'enfanter de filles gorgones toujours plus puissantes, plus parfaites. Elles avaient attendu, patiemment, que l'Orgue soit achevé. Mais les travaux avaient piétiné et les Gorgones étaient passées à la vitesse supérieure en propageant dans l'air de Cyttorak même un virus destiné à tuer implacablement toutes nos femmes, chose qui aurait forcé le gouvernement planétaire à accélérer les travaux de l'Orgue afin de le rendre opérationnel au plus tôt. Et force était de constater qu'elles ne s'étaient aucunement trompées dans leurs calculs.
La guerre civile avait très largement entamé nos forces vives, si bien nous fûmes bien incapables de nous défendre contre leurs assauts et très vite, Cyttorak fut conquise, passant sous la botte Gorgone.
"Qu'elles persiflent, ces chiennes écailleuses ! Tant qu'un seul d'entre nous leur survit, Cyttorak rayonnera et ses fils reviendront un jour se parer de leurs peaux ! POUR LA GLOIRE DE CYTTORAK, VIVEZ !"
- Message du général Arzel L'ogarh à l'ensemble de la flotte
• [RECORDING]Ce dont je me souviens surtout quand je pense à cette période, c'est que c'était la merde. Jamais les cyttoréens n'avaient été mis au pied du mur, si proches de tout perdre. Nous autres militaires nous battions avec l'énergie du désespoir et même les civils donnaient du fil à retordre aux Gorgones, continuant dans les rues la guerre que nous livriions dans l'espace. La planète était perdue, mais la civilisation s'accrochait à son dernier espoir un peu fou.
Nos combats avaient un but bien particulier, caché jusqu'au dernier moment à nos ennemies : l'exode. Trois grands vaisseaux destinés à la colonisation qui avaient toujours été entretenus et cachés à différents endroits de la région qui ceignait notre capitale planétaire. Si nous nous battions, c'était tant pour repousser les Gorgones que pour détourner leur attention tandis que nous mettions les réfugiés à l'abri et les vaisseaux coloniaux en ordre de marche. Des tas de gens pourraient vous parler de toute l'organisation que ça demandé, de tous les coups fourrés suicidaires portés aux Gorgones et je ne sais quoi d'autre, mais moi je n'ai fais que combattre et je ne me suis pas intéressé à grand'chose d'autre. Combien de ces putes à écailles j'ai descendu, combien d'entre elles m'ont blessé ? Je l'ignore. Je me contentais d'y aller tête baissée, comptant le nombre de morts dans mon régiment entre deux champs de bataille. Ce qui restait de mon escadron fut affecté à l'un des vaisseaux de l'Exode, le Galaxy Frontier. Notre mission était simple, claire et nette : le défendre à tout prix, lui et ce qu'il transportait.
Plus que des colons.
Un des trois prototypes de l'Orgue à ADN. Un pour chaque vaisseau de l'Exode, une machine qui -selon nos ordres- primait sur absolument tout le reste. Son maintien en état de marche ou sa destruction, c'était là notre mission absolue. Pour moi, ce n'était qu'un prétexte supplémentaire pour combattre. Je n'avais jamais été très patriotique et les camarades m'importaient peu, mais je décidais que si je voulais survivre pour continuer à presser la détente de mon flingue, il me fallait une bonne raison de le faire. L'Orgue me sembla tout désigné et c'est prêt à tout que j'embarquais dans le GF.
L'évidence aurait sauté aux yeux de n'importe quel militaire un tant soit peu au courant de la situation tactique au moment où le décollage des vaisseaux coloniaux fut annoncé. Les Gorgones avaient une flotte plus importante que la nôtre et nous interdiraient facilement tout espoir de fuite. Pour permettre au plus grand nombre de fuir, il fallait forcer le blocus. Les appâter le temps de lancer les machines sur la vitesse lumière. Et pour cela, il n'y avait qu'une seule solution, la plus terrible qu'on pouvait imaginer pour un peuple déjà exangue et réduit à une peau de chagrin.
Le sacrifice.
Le Star Wanderer, un des trois bâtiments de l'exode, décolla en premier. Tous canons dehors, tous les chasseurs lui étant attribués lui servant d'escorte pour ce fier baroud d'honneur. Le plan était simple, efficace : Le Star Wanderer, qui possédait un excellent blindage malgré son tonnage, allait faire diversion. Et cela marcha du tonnerre de Dieu ! La puissance de feu Gorgone dut tellement se concentrer pour tenter d'arrêter le fuyard qu'elle ne put donner la chasse aux deux autres qui décollaient depuis un point plus éloigné. Un moment durant, nous pensâmes même que le Star parviendrait à s'enfuir mais nous le vîmes exploser, impuissants que nous étions. Un sacrifice glorieux, une déflagration glorieuse très sûrement décidée pour éviter la perte de l'Orgue embarqué à bord. Les Gorgones, dont l'avant-garde avait été balayée par le souffle, ne pûrent pas nous poursuivre efficacement et les quelques courageuses qui tentèrent de le faire furent sans mal abattues par les chasses jointes des deux vaisseaux restants. Normal... Nous étions remontés à bloc après avoir assisté à la fin du Star Wanderer.
Notre Galaxy Frontier s'était séparé de l'autre vaisseau, le System Sentinel, un peu avant l'entrée dans l'orbite lunaire. C'était là que nous avions fait notre propre saut dans l'espace-temps, décidés à garder le contact avec nos frères le plus longtemps possible.
Nous ne nous reverrions que sur une hypothétique Cyttorak-II, afin de mettre nos forces reconstituées en commun pour lâcher des chiens enragés sur notre mère partrie dans le but de la reprendre aux griffes des créatures qui nous en avaient chassés.
"Tout le monde se bat, personne ne s'barre. Le premier qui s'dégonfle j'le descend moi-même !"
- Colonel Bazil Po'ledouris
• [RECORDING]J'avais toujours été musclé. C'en est presque génétique, mes pères étaient de beaux spécimens dans leur jeunesse. Un bon mètre quatre-vingt quinze pour plus d'une centaine de kilos le tout en muscles saillants et très fonctionnels. Je suis vif et puissant, plutôt pas mal agile lorsque je me bat ou me déplace. Ma carrure est celle d'un homme d'action mêlant efficacité et force de frappe. Merde à certains canons de beauté, je préfère rester poilu. Jambes, pubis, avant-bras, aisselles... Je n'ai pas le temps de me prendre la tête avec de l'esthétique. C'est pour ça que je me rase le crâne et que ne me rase que rarement. Ça plait, ça plait pas. Rien à foutre de ces conneries.
Ah, merde. Tout ça pour dire quoi... Oui. J'avais toujours été musclé, mais je n'ai jamais pris autant de masse que pendant la période qui suivit l'Exode. De nombreux mois, nous fûmes tendus à l'idée de devoir essuyer des attaques ennemies et nous nous entraînions sans arrêter. La frustration de ne pas pouvoir rendre aux Gorgones la monnaie de leur pièce avait remplacé la colère et la tristesse, alors que nous cherchions une nouvelle terre apte à nous accueillir. Un petit groupe de rebelles se monta même au sein du Galaxy Frontier sous prétexte que le pouvoir en place devait être renversé pour éviter -d'après eux- que nous finissions par dériver sans but dans l'espace.
Là encore, j'étais en première ligne. Avec plaisir, même, pour passer le temps et ne pas cesser de me battre. Ce que j'ignorais alors que j'abattais sans pitié les dissidents qui avaient pour certains été des amis, c'était que j'allais largement avoir mon comptant de combat et ce très rapidement.
Près de six mois après le départ de Cyttorak et trois semaines après l'éradication des rebelles, notre route nous plaça sur celle de ce que nous identifiâmes aisément comme une sorte de base spatiale stationnaire. Trop petite pour permettre au Galaxy d'accoster mais largement suffisante pour y envoyer un vaisseau d'exploration, puisque la station ne répondait à aucun appel. Nous espérions y trouver, à défaut de vie, de quoi refaire nos réserves.
De vie, en fait, la station en grouillait. Sous la forme inattendue de créatures mêlant chair humaine et éléments insectoïdaux, enfants d'une race à l'appétit bien plus que vorace. Ils nous avait laissé pénétrer dans la station, nous y enfoncer allègrement pour nous y piéger comme des rats, fondant sur nous depuis le plafond, les murs, le sol. Des prédateurs implacables qui dévoraient vivants ceux qui ne parvenaient pas à les repousser. Malgré nos capacités prétendument supérieures, malgré nos pouvoirs ajoutés et tout notre attirail, nous fûmes baladés, déchirés. Je vis certains des miens servir d'incubateur express à des monstruosités qui évoquaient les araignées, j'en vis être dévorés par des... choses tentaculaires, parfois même écartelés, vidés de leurs organes dans un écoeurant bruit de succion humide. La peur et la rage me serraient le ventre, me servaient de moteur.
Qu'ils tombent tous si il le fallait, je DEVAIS revenir sur le Galaxy pour défendre l'Orgue. Et alors que, seul, je tentais de battre en retraite vers la navette qui nous avait menés mon escouade et moi vers ce traquenard, le GF affrontait ses propres démons.
Peut-être que les insectes s'étaient cachés depuis le début ? Peut-être qu'ils s'étaient envolés de la station alors que nous étions à progresser, nous, à l'intérieur ? Peu importait. Les créatures s'en était prise au Galaxy, qui avait fait fait décoller la chasse et fait tonner tous ses canons. Ce titan de chair contre des nuées qui ne cessaient de s'agglutiner sur sa carapace qui cédait peu à peu sous les assauts. La partie n'était gagnée pour personne au moment où grâce à un appel radio je pris connaissance de la situation, mais je savais pertinemment que nous finirions par perdre. Bien entendu, l'évasion du GF fut envisagée. Mais les insectes s'étaient montrés assez malin pour détruire nos réacteurs en premier lieu, sans compter que la station se positionnait sur la trajectoire directe d'un saut dans l'hyperespace. Ni fuite ni retrait, aucune échappatoire à une mort qui était à présent certaine.
Ce n'était pour autant pas le point final de l'histoire des survivants de Cyttorak.
Alors que je me battais bec et ongles pour progresser laborieusement vers la navette en me demandant comment, de toute façon, j'allais pouvoir traverser les nuées pour atteindre le Galaxy, un scientifique de ce dernier agissait contre l'avis général.
Il se nommait Adrzej et savait qu'était stocké dans les soutes les plus secrètes du vaisseau une unité de combat très particulière, l'Eclipse. Plus rapide, plus puissant, plus résistant que tout ce que la flotte cyttoréenne avait jamais compté comme modèle. Profitant de la confusion générale et du trouble du carnage qui se déroulait hors et dans le Galaxy (puisque l'essaim était finalement parvenu à pénétrer le vaisseau), Adrzej chargea les données de l'Orgue ainsi que ses pièces maîtresses dans l'Eclipse. Adrzej était un grand amoureux de Cyttorak, fier de sa race et de ce qu'elle avait put accomplir jusque là. Pour lui, rien n'était plus important que de sauver l'Orgue, seul héritage d'un monde et d'un peuple qui allait très rapidement s'éteindre.
Adrzej me contacta au moment où je constatais que la navette était détruite. Me proposant de m'extraire par les pods de sortie prévus à cet effet, il me récupérerait avec l'Eclipse. Pourquoi, me direz-vous. Parce que le scientifique n'était pas homme d'action, qu'il estimait avoir besoin de gros bras. Ce n'était aucunement par charité qu'Adrzej m'avait contacté, non... Aussi fou que ça pouvait sembler l'être, j'étais le plus accessible des militaires présents si tant que je parvienne à quitter la station. Avais-je réellement le choix ?
Je m'élançais donc dans cette course folle pendant que le scientifique perçait le blindage du Galaxy pour un départ en catastrophe, quitte à ouvrir une brèche fatale dans la défense des nôtres.
Nous réussîmes. Contre toute attente, Adrzej me récupéra alors que j'étais parvenu à m'échapper de la station dans un sale état. Et lui n'était nullement mieux, mortellement blessé qu'il avait été au cours de sa folle échappée pour venir me chercher. Pourtant, nous mîmes plein gaz pour semer l'essaim, sautant tout à fait au hasard dans l'hyperespace alors que nous étions traqué par des hordes d'insectes. J'apprendrais plus tard qu'il s'agissait là de formiens, mais ce détail importait peu.
A bord, un Adrzej mourant me présenta sa collaboratrice : un androïde aux formes féminines pourvue d'un vagin artificiel. "je ne saurais pas me passer d'une chatte", m'avait il glissé un peu avant sa mort.
J'étais donc perdu dans l'espace, dépositaire de tout l'héritage génétique d'un peuple éteint et accompagné d'un robot baisable.
Triste sort pour un homme qui n'était ni un héros, ni un élu.
"Se battre pour soi-même, c'est avoir l'univers entier pour adversaire."
- Proverbe cyttoréen
• [RECORDING]Le robot s'appelait Motorball. Du moins, c'était le nom qu'elle s'était choisi à la mort d'Adrzej, qu'elle semblait aimer beaucoup. Avec moins, elle ne fut que peu démonstrative et se contenta de me proposer de me vider les burnes en guise de récompense pour avoir survécu à l'enfer. J'acceptais et pris la mesure de tout ce qui venait de se passer alors que je travaillait la chatte artificielle d'un putain de robot. En moins de deux ans, tout mon peuple avait disparu et je représentais le dernier espoir de ce dernier.
Nous larguâmes le corps d'Adrzej dans l'espace après quelques rapides cérémonies et presque naturellement, Motorball s'improvisa navigatrice de bord. Ses bras n'était pas les bons, étant ceux d'un modèle d'une armure de combat. Mais elle avait tenu à les garder en souvenir d'Adrzej qui les lui avait monté à la va-vite pour qu'elle puisse l'aider à charger les éléments de l'Orgue. C'était donc flanqué d'une poulette en plastique mal montée que je devais trouver la route à suivre. Nous en devisâmes longtemps. Hey, elle n'était pas réellement une femme, pas vrai ? Je pouvais lui laisser une place dans l'équipage en échange d'un coup rapidement donné dans ses trous factices et l'échange nous allait bien.
Ce fut Motorball qui proposa la marche à suivre. Trouver un monde porteur de vie pour y faire escale, un monde assez avancé technologiquement pour que nous puissions éventuellement nous réarmer sans toutefois risquer de nous faire voler les secrets de l'Orgue et de l'Eclipse, devenu la mémoire vivante de tout Cyttorak. Adrzej avait transféré dans les circuits du vaisseau absolument tout ce qu'il avait put télécharger à propos de notre monde, pour en faire une arche destinée à, un jour, faire rayonner la mère-patrie une nouvelle fois. Motorball devenait donc le gardien de ce trésor de données compilées, tandis que moi... bah. J'étais l'éclaireur, l'élément sacrifiable pourtant précieux puisque porteur des derniers gênes "frais" cyttoréens. Un rôle comme un autre, au final.
Seulement, nous étions dans un secteur résolument mort de l'univers. La seule vie qu'on pouvait trouver ? Celle des formiens, comme nous le prouvèrent de nombreuses escarmouches spatiales. Motorball calcula une route totalement aléatoire. "Nous naviguerons jusqu'à ce que notre énergie soit épuisée. Pendant ce temps, il serait bon que tu soit placé en cryostase afin de ne pas vieillir puis mourir bêtement. J'en profiterai pour construire l'Orgue et le rendre opérationnel."
J'acquièsais. Dormir un peu, voilà qui me ferait du bien.
Voilà donc où j'en suis. Je... je ne sais pas trop pourquoi j'ai décidé d'enregistrer tout ça avant la stase. Peut-être que je crains de ne jamais me réveiller ? Possible, bien que j'ai confiance en Motorball. Ma pierre à l'édifice virtuel cyttoréen, aussi. Puisse t'elle servir. Si quelqu'un écoute ceci, alors Cyttorak sera encore vivante dans une mémoire.
Je vais dormir, maintenant.
Dmitrys Vassili, fin de transmission.
- - - -[...]- - - -
"J'espère qu'il n'est pas grognon le matin, sinon ça risque de chier."
- Motorball
• [RECORDING]Je vais aller éveiller Dmitrys. Je crois avoir trouvé notre escale à temps : les moteurs du vaisseau commencent à montrer de sérieux signe de fatigue. J'ai pris plus de six mois pour faire un scan complet du secteur où nous nous trouvons et les résultats sont assez concluants. La vie est féconde dans cette partie de l'univers et j'ai même pu capter des installations tant spatiales que terrestres. Très féconde, trop même.
J'ai trouvé de sérieuses traces d'un passage de l'Essaim et des preuves d'une importante activité de puissants Annexiens, certaines très localisées.
Sans compter que les systèmes de l'Eclipse perçoivent parfois la signature thermique d'un appareil Gorgon parmi tous les vaisseaux qui peuvent passer dans cette Voie Lactée. Au vu de tous ces paramètres, je préférerais nous dérouter. Mais l'état de l'Eclipse ne le permet pas vraiment.
Ces trente-cinq années de vol ininterrompu ne lui ont aucunement été favorables, semble t'il. Nous ferons avec et je gage que monsieur Muscles saura trouver la situation excitante à sa façon.
Quand il aura fini de beugler comme un veau.
J'ai hâte d'avoir achevé les réparations et d'avoir rempli les soutes des éléments les plus nécessaires à la suite de notre voyage.
____________________________________________________________________DMITRYS VASSILI • 69 ans (dont 35 passés en sommeil artificiel)
• Cyttoréen / hétéro avec des précédents homo / Trop expérimenté
• Macho sûr de lui, grande gueule et tête brûlée. Combattant par nature, peu porté sur le dialogue et le contact avec autrui. Considère les femmes comme des objets juste bons à être baisés. Soldat émérite, avec une dent sérieuse contre les Gorgones et les formiens sous tout leurs formes. Peu diplomate. Sans finesse. Fier. Brutal et dominant. Vous dirais certainement qu'en plus de vous baiser, il vous emmerde et vous la mets bien profond.
Dernier représentant d'un peuple éteint.
• Les cyttoréens sont assez semblables aux humains, bien que leurs capacités physiques soient naturellement supérieures, comme l'est leur durée de vie. Au vu de son statut militaire, Dmitrys a été encore amélioré génétiquement pour gagner en puissance, rapidité, capacité de réflexion et d'apprentissage. Est capable de générer et contrôler une foudre au voltage encore jamais calculé jusque là. Maîtrise un très large panel d'armes diverses, allant du sabre laser aux armures de combats lourdes et légères, ainsi que des machines comme des chasseurs de combats et diverses unités tactiques.
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MOTORBALL • Age réel inconnu (au moins 35 ans)
• Robot sexuel modifié / apte à recevoir n'importe quel type de matériel génétique / hentaïment expérimentée
• Programmée pour entretenir l'Eclipse, dont elle est la navigatrice et une sorte d'avatar. Pas spécialement causante mais possède de nombreux programmes destinés à lui permettre de s'adapter. Chieuse quand on parle de mécanique. N'apprécie pas Vassili mais forme un duo efficace avec ce dernier. N'aime pas le vidanger mais lui propose parfois spontanément de le faire. Battante, assez fleur bleue tout en étant très sérieuse. Prête à absolument tout pour la sauvegarde de l'Eclipse et de tout ce qu'il contient (Dmitrys inclus)
Personnalité destinée à s'étoffer.
• Au départ conçue comme un sex-toy vivant, Motorball est pourtant équipée de bras mécaniques issus originellement d'une armure de combat cyttoréenne capable de produire une très importante puissance physique (de l'ordre de plusieurs tonnes au centimètres carrés). Les bras ont été modifiés par ses soins pour disposer d'un armement caché. Le corps étant mal adapté à ces bras, la surchauffe en cas de combat est très rapide et mets facilement Motorball hors d'état. Capable de grâce et de légèreté avec ces mêmes membres disgracieux.
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ECLIPSE • Dernier vaisseau de combat cyttoréen
• Prévu pour accueillir plus de cinquante personnes. Peut être manœuvré par une seule avec assistance cybernétique.
• Lourdement armé. Très résistant. Extrêmement maniable. Capable d'effectuer des sauts dans l'hyperespace. Assez rapide pour semer n'importe quoi, selon Motorball. Ne vaut pas une bonne baise avec deux chaudasses, d'après Dmitrys. Meilleur appareil cyttoréen d'après les données embarquées.
• Contient de très nombreuses armes de poing (Fusil, revolver énergétique pour ne présenter qu'eux. On trouve même des sabre laser, ainsi que de nombreux modèles d'armure de combat, d'artillerie mobile et autres blindés mobiles. On compte aussi quelques véhicules (Moto, par exemple.)