La place grouillait d'activité en ce milieu de matinée : les badauds tournaient entre les étals, à la recherche de la denrée qu'ils voulaient. Les marchands criaient et hélaient ceux qui passaient à portée, vantant à qui voulait l'entendre les mérites de leurs produits ou de leurs services. Pour la personne non initiée à ce marché, cela pouvait ressembler à un immense capharnaüm, un souk ou l'on passe plus de temps à regarder des objets inutiles qu'à trouver ce que l'on veut.
Mais pour une personne ayant l'habitude, ce marché était l'assurance de repartir avec tout ce que l'on voulait. Que l'on cherche une arme, et dix forgerons seraient à même de vous la fournir. Une épice exotique ? Les bateaux en revenaient chargés chaque mois, innondant les étals de par leurs senteurs ennivrantes. Tout s'achête et tout se vend sur ce marché, y compris les esclaves. C'est d'ailleurs l'une des grandes spécificités de ce rassemblement, et qui en fait sa renommée alentour : le choix et la vente libre d'esclaves attiraient bon nombre de personnages riches des quatre coins du pays pour trouver leur bonheur.
Que l'on cherche un majordome, un conducteur de calèche, une bonne ou une esclave sexuelle, le bonheur était à portée de main sur ce marché. Certains se spécialisaient dans certaines branches, ce n'était pas le cas de Cyscek. Il n'avait pas un réseau suffisamment étendu pour se permettre cela, et il vendait donc ce qu'il capturait, ou ce qu'on lui ramenait. Parfois il passait deux semaines sans avoir de beaux esclaves, et ne les vendait que pour des travaux manuels. Et quand c'était l'inverse, les acheteurs plus ou moins pervers se pressaient autour de l'emplacement pour avoir un morceau de choix.
Et en ce jour ? Un peu de tout. Douze esclaves trônent sur le devant de son emplacement, tous enchainés les uns aux autres par des chaines solides, arrimées à des pieux plantés dans le sol. Il ne faut pas tenter le diable, avec le monde qu'il y a, s'il n'attachait pas bien ses esclaves, un qui s'enfuierait dans la foule ne serait pas retrouvé, ou alors sur l'étal d'un autre marchand. Car ici, qui trouve garde. Depuis l'ouverture du marché, il avait vendu seulement un esclave, un homme. Sans être beau ou laid, son avantage était qu'il savait lire, écrire et compter. Un noble l'avait acheté, et cet esclave aurait surement un traitement de choix de part ses compétences.
Et depuis ... Le calme plat. Il avait du choix pourtant, des terranides, 8 femelles et un mâles, la plupart assez beau, le mâle pouvant également être utilisé pour sa force. Les trois autres étaient des humains, deux hommes et une femme. Les hommes provenaient des cellules de la ville : après de multiples délits, ils avaient été rabaissé au rang d'esclave, et grâce à un conditionnement long, ils étaient à présents dociles. La femme était la plus agées du lot, et pourrait intéresser les clients de part ses talents ménagers et en cuisine. Mais vu les regards des badauds, il doutait d'en faire quelque chose aujourd'hui.
C'était bien le problème pour lui : les gens passaient, regardaient, la plupart sans avoir les moyens de se payer ce genre de produits. Les nobles et les bourgeois n'étaient pas encore passés, et rien ne disait qu'ils allaient le faire. Il n'avait qu'à prendre son mal en patience et attendre. Sur l'étal, Cyscek faisait les cent pas, l'immense hybride ours qui lui tenait lieu d'homme de main surveillant les esclaves. Le terranide dissuadait les voleurs de s'approcher, et les esclaves d'essayer de fuir.
Habillé d'une veste brune au dessus d'un maillot de corps noir et d'un pantalon assorti, Cyscek pouvait paraître comme un homme du peuple, mais l'on devinait que les vêtements étaient de meilleur facture que ceux des gens du commun, sans pour autant avoir la finesse de ceux des nobles. Pour la dixième fois de la journée, il se tournait vers les passants, pour élever la voix.
Esclaves à vendre, Esclaves à vendre ! Il y a de tout, du travailleur à l'esclave sexuel, vous trouverez forcément votre bonheur ici !