She's a Vampire .. ♪

Pour donner le ton... ♥

Il est minuit. L'heure du crime. Allongée sur un lit pouvant accueillir trois personnes, enroulée dans des draps de satin noir, l'immortelle garde les yeux ouverts, fixement, observant les étoiles à travers la lucarne de la taille du lit qu'elle a fait installer juste au-dessus. Les étoiles, immuables également, lui retournent son regard vide. Elle songe. A sa vie. A ces siècles de vie. Qui ont passés. Le temps, comme les étoiles, et comme elle, est immuable. Elle soupire.

La sonnette d'entrée vient la tirer de son pseudo-repos. Aussi vive que la lumière, elle est à la porte d'entrée en moins de deux. Elle s'est fait bâtir une demeure en bordure de ville lorsqu'elle est arrivée ici, au début des années 2000. Grande, elle servait aussi bien de cabinet que de retraite. Elle l'avait faite bâtir avec du plomb dans les fondations. Comme ça, elle n'entendait pas au dehors, et ça la reposait un peu. Un tissage d'air et d'esprit garantissait aussi la protection si un être malfaisant envers elle s'approchait à moins de dix mètres du périmètre. Ce tissage était maintenu en permanence, écartant ainsi les indésirables.

Jetant un oeil à travers la vitre du haut de la porte, elle s'aperçu que c'était un jeune homme perdu et à l'air frigorifié. Elle déverrouilla l'entrée et s'écarta pour le laisser passer. Après avoir refermé la porte, elle se dirigea vers la cuisine, sans faire gaffe au regard étonné et admiratif du jeune homme sur son corps. Il est vrai que la nuisette qu'elle portait ne cachait pas grand-chose. Et la pseudo-robe de chambre qu'elle avait rapidement enfilée, dont la ceinture était dénouée, n'arrangeait pas les choses. Mais après quelques siècles, elle n'était plus pudique.

Rejetant sa chevelure par-dessus son épaules, elle observa l'inconnu et lui proposa une tasse de café pour se réchauffer. Ce qu'il accepta. Elle entama alors les questions d'usage. Qui était-il. Qui fuyait-il. Pourquoi. Et qui voulait-il devenir. Il répondit, bredouillant un peu, mais au final la séduisante créature de la nuit avait ce qu'elle voulait. Elle le fit patienter un instant, puis l'appela dans la pièce au fond du couloir. Là, il se présenta dos à un mur blanc et une photo fut prise. C'était un instantané, aussi la photo sorti quelques instants après. La découpant au bon format, elle en prit trois autres ainsi et fit de même. Puis, elle pianota sur un ordinateur placé là et fit imprimer quatre documents ainsi qu'une feuille de renseignements qu'elle garderait pour elle.

Les photos furent dûment collées à leur emplacement, la quatrième rejoignant la fiche de renseignements, et elle plastifia rapidement le tout. Le jeune homme avait une nouvelle identité. Passeport, permis et carte d'identité. Elle l'hypnotisa ensuite, créant un tissage de compulsion destiné à lui faire croire qu'il était réellement ce nouveau lui, même lorsqu'il ne serait plus sous hypnose. Il déposa ensuite une bourse de cuir près d'elle et s'en alla. Elle s'occupa de ranger la fiche de renseignements dans ses dossiers, et plaça l'argent dans un petit coffre en bois qu'elle replaça dans une cache secrète ensuite.

Oui, sa demeure ne faisait pas que domicile et bureau. Elle faisait aussi cache pour faux-papiers. Mais pour avoir son adresse en tant que fournisseuse de nouvelles identités, il fallait parler à la bonne personne dans la pègre de Seikusu. Car, sitôt le seuil franchi après la visite, les gens oubliaient tout. Sauf les plus dignes de confiance. C'était également un tissage qu'elle avait apposé sur son domicile.

Il regarda les maigres informations qu'il avait. Un nom sur un morceau de papier dans une serviette en cuir noir, frappée des initiales B.V. - peut être désormais pour Black Veil, mais à l'origine, c'était surtout parce que c'était la serviette de travail de Bartolomé Valmy, un oncle lointain - . Utile dites-moi, comme information ! Un nom et c'était tout ! Heureusement, il avait deux ou trois petites informations en plus dans cette serviette. En effet, quand on sait où chercher !  Les ramifications des relations de Gabriel allaient loin dans la pègre, en effet, on ne change jamais vraiment les équipes qui gagnent !  Il se souvenait quand il avait entraîné dans ses emmerdes des équipes de bras cassés au début, quand c'était au lycée et qu'ils taguaient les murs et abîmaient le matos la nuit en douce, bah ces voyous étaient respectés dans la pègre, il suffisait donc de savoir à qui parler, de rappeler les services qu'ils lui devaient et hop, il avait un peu plus d'informations. Ce qui amadouait aussi, c'était de se dire, non seulement qu'on le connaissait bien, mais aussi que c'était un ripoux, et un vrai ripoux n'était pas un danger pour les criminels, pas le moindre danger même, en théorie  du moins.

Il avait obtenu quelques informations, pas grand chose, mais bon, si seulement le bigboss arrêtait de jouer au mystérieux et filait de vraies billes, parce que là, ça le gonflait, enfin, il avait ainsi une raison réelle de juger si elle était digne de venir les rejoindre.....et hors de question de prendre exemple sur Snow, une foutue garce cette fille, la prochaine fois qu'il la croiserait, il trouverait le meilleur moyen de lui mettre une épine longue comme le bras en plein dans le talon, au cas où !  Qu'elle ne puisse plus marcher pendant un bon moment,ça lui ferait du bien à cette garce !

Bon, bref, il était en périphérie de la ville, pas trop loin, pas trop près de l'agglomération elle même, parfaite comme localisation, enfin bref, il se dirigea vers la porte et frappa, il se demandait à quoi ressemblait cette Héléna, et ce qu'elle avait de particulier par contre, il le savait : il aurait eu assez pour la faire plonger pour faux et contrefaçons !  C'était dingue comme la technique simpliste marchait :  faire boire de l'alcool fort à un esprit faible. Mais d'un autre côté les gens qui avaient confié les rares infos qu'ils avaient savaient très bien qu'il ne ferait rien de ce genre !

Il tambourina à la porte jusqu'à ce qu'on lui ouvre,et sans faire attention à qui ouvrait, il tendit deux choses, d'abord une pièce simple qui s'appelait un badge de police, et dans l'autre, ce qui ressemblait fort à une commission rogatoire.

« Agent Valmy, ou plus précisément, Lieutenant Gabriel Valmy, police, ravi de vous rencontrer. »

Il lui tendit le papier, poliment, avec une courbette ironique.

« Ceci est une commission rogatoire, autrement dit, mandat de perquisition....enfin, si il avait été vrai..... »

Il était amusé par cette plaisanterie, qui ne serait pas aux goûts de tout le monde sans doute. Mais en cet instant, lui il se mit à rire à gorge déployée.  Il avait préparé ce coup fumant depuis un moment, et ça faisait un moment qu'il avait envie de le faire, et bien voilà, c'était fait ! Et il n'était pas peu fier de son coup !

Après le départ de son dernier client, Helena était partie s'allonger sur le sofa du salon. Elle avait un verre de brandy à la main, et écoutait distraitement la chanson de Xandria. Vampire.. Oui, ça lui convenait parfaitement. Elle dodelinait de la tête en rythme, songeant à sa vie passée. A sa descendance. A sa nouvelle vie. Elle ne se plaignait pas du changement. Elle s'était adaptée. Mais elle regrettait d'avoir perdu son époux de cette manière. Elle l'aimait sincèrement. Quand elle lui avait été arrachée, elle en avait souffert. Jour après jour, elle l'observait. Si triste et si mélancolique. Elle souhaitait qu'il retrouve le bonheur. Mais lorsqu'un autre femme éveilla à nouveau son désir, des années après, elle avait eu mal. Elle était jalouse. Elle ne s'était toutefois pas montré. Elle n'avait pas blâmé cette autre femme. Elle avait continué à veiller sur sa famille, sur ces nouveaux enfants que son époux donna à sa nouvelle femme. Elle les avait protégé, tout en bâtissant sa nouvelle vie. Sa vie de non-morte.

Des coups à répétition sur la porte la firent sortir de ses songes. D'un pas aérien, elle gagna l'entrée sans se presser. Sa silhouette presque éthérée s'éclaira à la lueur de la lune lorsqu'elle ouvrit, s'accoudant au montant de la porte. Son visage ne trahit aucune émotion à l'entente de l'identité de la personne qu'elle découvrit sur le seuil. Le couvrant d'un regard impénétrable, ses pupilles sombre s'étrécir dans l'iris de glace pour revenir à une taille normale. Elle saisit le papier en haussant un sourcil, avant d'esquisser un sourire devant sa blague. De mauvais goût oui. Mais fallait oser.

S'appuyant plus avant sur le montant de la porte, elle vrilla son regard de glace dans celui du flic.

- Je suppose que vous désirez entrer Lieutenant Valmy. Non ?

Elle n'attendit pas de réponse et s'écarta, lui laissant le soin de refermer la porte. Elle se dirigea vers la cuisine, posant son verre vide dans l'évier avant de saisir deux tasses.

- Quelque chose à boire Lieutenant ? Chocolat, café, thé.. ?

S'appuyant contre le plan de travail, elle indiqua un tabouret face à un bar à l'américaine  à l'agent des forces de l'ordre.

- Puis-je vous être d'une quelconque aide ?

Elle était plutôt attirante, ses courbes, ou du moins ce qu'il veut dans le peu de lumière en faisant un haut bas très masculin et tout à fait logique quand on considère le principal cerveau qui va avec la masculinité !  Enfin bon, il le fit au plus vite, histoire que cela ne soit pas trop impoli, ce serait con qu'ilk fasse tout capoter avant d'avoir eu ce qu'il voulait. Il était là pour deux raisons : La première, une identité de secours en cas de besoin, et en plus, il voulait aussi faire part de cette fameuse candidature pour rejoindre le voile noir, de cet entretien dépendrait toute la suite, il avait le droit à la parole comme cette autre garce de Snow l'avait eu pour lui ! Il n'avait aucunement l'intention de se jouer les sadiques dans ses questions, il allait la jouer franco et il verrait bien ce que cela donnerait !

Il n'était pas fait pour juger les gens, alors pourquoi le patron avait-il donné une pareile mission à Gabriel ? L'autre garce aurait eu le rôle parfait !  Elle savait d'avance très bien comment faire chier le monde et comment juger une candidature idéale, fort heureusement, elle avait fait le bon choix avec lui, et il était persuadé que c'était un coup en traitre de sa part, il en était persuadé !  D'autant qu'un ripoux comme lui, fallait pas l'envoyer au devant des criminels, si son allégeance devenait trop visible, il aurait des ennuis le rendant inutiles, mais le rendre inutiles et le faire jarter était peut être son but après tout, cela, il ne pouvait pas le prévoir, seulement en avoir une idée. Mais il sentait que cela n'avait rien de bon....enfin, il ferait ce pourquoi il était payé, et il aviserait ensuite !

Elle l'invita, yeux dans les yeux, à entrer, ce qu'il fit sans rien dire, poliment. Pour ainsi dire, il fallait rester polis et courtois, elle connaissait des gens aussi, voir plus importants que ceux qu'il connaissait. Donc il devait faire gaffe, pas de mauvais pas ou ce serait, si ce n'est fatal, très épineux. Il s'installa là où elle le lui indiquait, se murant dans un silence poli agrémenté d'un sourire agréable. Il n'ouvrit la bouche pour parler que lorsqu'elle lui proposa de boire quelque chose.

« Non, je vous remercie, étant donné l'heure, je pense qu'il ne faut pas exagérer sur les excitants. Je suis assez en forme comme ça, et si hélas je prends quelque chose, je risque de ne plus dormir de la nuit....mais je vous remercie de votre sollicitude. »

C'était excessivement poli, il le reconnaissait, d'autant que ce n'était pas son genre. Parmi les dossiers de la serviette, il en sorti en particulier, il s'agissait d'un dossier qui se montait peu à peu au sujet d'un faussaire et on s'était tourné déjà vers elle, dans le doute, quelqu'un avait été trop bavard, elle devait davantage se méfier !

« Oui, en effet, mais je suis là pour deux raisons, la première, c'est une fausse identité valable, tant pour mes couvertures que pour d'autres activités, autres activités liées à des amis communs.... - Plus bas, comme sur le ton de la confidence, il dit, un peu comme si il avait peur d'être espionné, ce qui n'était pas le cas du tout – Le voilede la nuit est présent partout, madame.... »

Puis il se redressa et bomba le torde en sortant le dossier qu'il cherchait depuis tout à l'heure de sa serviette noire, il le laissa tomber sur la table.

« Les preuves et les dossiers informatiques ont mystérieusement disparu, voud avez devant vous la dernière copie du dossier, sans cela, rien ne peut évoluer et ce sera affaire classé, il faut être prudente, madame, l'hypnose est une chose, mais les contacts en sont une autre, et pour peu que l'on ait des contacts, ils doivent d'abord être fiables....rien ne doit sortir si on tort quelques doigts ou si l'on sait reconnaitre les signes de l'hypnose, un psychiatre les a trouvé et fort heureusement, ses documents sont ici aussi, donc vous n'avez plus à vous inquiéter à ce sujet.... »

Comme il ne voulait pas de café, ni d'autre chose, Helena reposa une des tasses, et se servit généreusement en lait chocolaté qu'elle fit réchauffer au micro-onde. Puis, attendant la petite sonnerie signifiant que c'était prêt, elle écouta attentivement l'agent de police qu'elle avait invité dans son antre. Son regard s'attarda sur les documents qu'ils sortit un à un de sa serviette. Elle fronça les sourcils en l'entendant parler du Voile de la Nuit. Oui, cette Organisation de l'Ombre prenait de l'ampleur. Grâce à sa "persuasion", la Reine de la Nuit en avait entendu parler, mais sans plus. Toutefois, elle s'y intéressait fortement.

Lorsqu'il parla de soupçons la concernant, son froncement de sourcils s'accentua. Apparemment, le tissage d'oubli avait des ratés. Elle devrait le défaire et le refaire. Prenant le dossier qu'il avait laissé sur la table, elle le feuilleta rapidement et soupira. Effectivement, certains avaient parlés. Elle devrait faire un tour chez ses contacts, leur remettre un peu les pendules à l'heure. Pour le moment, elle reposa le dossier sur la table et croisa les bras.

- Bien. Un problème à la fois. Vous m'avez parler d'une nouvelle identité. J'aurais besoin de savoir le nom voulu, la date de naissance, le lieu de naissance, etc..

Enfin, le micro-onde sonna. Elle prit sa tasse et fit signe au Lieutenant de la suivre vers la petite pièce où elle faisait son travail.

- Il vous faudrait la totale ? Permis, carte d'identité, acte de naissance, numéro de sécurité sociale, etc..

Elle lui montra le mur face à l'entrée où un échantillon de tout les faux qu'elle pouvait faire était exposé. Ils paraissaient on ne peut plus vrai. Par ailleurs le logiciel sur son ordinateur permettait d'y inscrire toute nouvelle identité dans le plus grand secret sans risquer d'être démasquée.

- Ah, prenez la pose contre le mur blanc là. Nous allons d'abord procéder par une photo d'identité.

Elle lui indiqua le petit tabouret prêt du mur et sortait son appareil photo. Comme une pro. Elle prit une gorgée de chocolat, et reprit l'appareil pour effectuer sa photo. Photo qui sortit quelques secondes après.

- Elle vous convient ?

Elle sembla contrariée par ses propos, en même temps, qui ne le serait pas ? Mais bon, comme d'habitude, la façon de faire assez directe de Gabriel plaisait ou ne plaisait pas, il avait souvent déplu, et rarement plu, mais personne ne pouvait lui reprocher un mur de franchise en fonte !  Ouep, c'était lourd, dur, austère et facilement écœurant, mais il ne se démontait pas pour autant ! Hors de question de limiter oralement les dégâts si dégâts il y avait. Il ne fallait pas gêner ! Dans le meilleur des cas, le jeune homme recevait un hochement de tête, dans le pire des cas, il faisait mieux de se barrer vite fait, fort heureusement, le fait qu'il lui ait rendu service en ne laissant aucune trace au poste de police de cette bévue faite pas ses contacts.

Elle parlait de traiter un seul problème à la fois et elle n'avait pas tort, de toute manière, pendant qu'il était l)à, elle pouvait difficilement régler ce problème là, alors autant se charger de l'autre partie de cette venue de suite, comme ça ce serait fait, non ? Il était persuadé que c'était de là que venait son raisonnement, et il ne pouvait qu'abonder en son sens. C'était évident ! Après, concernant la nouvelle identité, il y avait déjà réfléchis et la récita ainsi, presque machinalement.

« Benjamin De Beauvoisin, vingt-huit ans, naissance ici, à la maternité de l'hôpital général de Seikusu, fils de Henri de Beauvoisin et Chiyo Minami, décédés tous deux pendant que j'étais en bas âge, élevé dans un orphelinat. Profession, ancien-militaire, sans emploi actuellement. Impressionnant votre mur ! Vous avez du succès en affaires ! »

Il marcha un peu en silence, comme si il avait un temps de retard par rapport aux réponses, mais il jetait un œil curieux à tout ce qui se passait autour, admirait la décoration alors forcément, et notant mentalement, tout ce qu'il était bon à savoir su les lieux. Et tout était soigneusement noté dans les méandres de sa caboche.

« Ah euh oui ! La totale s'il vous plait ! »

Enfin bref, il la suivit jusqu'à la pièce du fond, il fit attention à ne pas trop approcher de l'ordinateur, ça aurait été bête de le foutre en l'air dès maintenant ! Bon, il obéit et se plaça sur le mur, prenant la pause, sans sourire, front dégagé, bien droit. Il resta contre le mur une fois fini, se calant contre.

« C'est donc ici que tout se passe, ça démystifie un peu le truc je trouve, je m'attendais à une cave ou à quelque chose du genre, mais c'est tellemnt....accessible ! Et bien ... on dirait que j'ai bien fait....heureusement que j'ai pris le temps de détruire les traces des dossiers avant de venir, sinon, demain à la première heure, vous étiez cuite.... »