Pour donner le ton... ♥ (http://www.lacoccinelle.net/286719.html)
Il est minuit. L'heure du crime. Allongée sur un lit pouvant accueillir trois personnes, enroulée dans des draps de satin noir, l'immortelle garde les yeux ouverts, fixement, observant les étoiles à travers la lucarne de la taille du lit qu'elle a fait installer juste au-dessus. Les étoiles, immuables également, lui retournent son regard vide. Elle songe. A sa vie. A ces siècles de vie. Qui ont passés. Le temps, comme les étoiles, et comme elle, est immuable. Elle soupire.
La sonnette d'entrée vient la tirer de son pseudo-repos. Aussi vive que la lumière, elle est à la porte d'entrée en moins de deux. Elle s'est fait bâtir une demeure en bordure de ville lorsqu'elle est arrivée ici, au début des années 2000. Grande, elle servait aussi bien de cabinet que de retraite. Elle l'avait faite bâtir avec du plomb dans les fondations. Comme ça, elle n'entendait pas au dehors, et ça la reposait un peu. Un tissage d'air et d'esprit garantissait aussi la protection si un être malfaisant envers elle s'approchait à moins de dix mètres du périmètre. Ce tissage était maintenu en permanence, écartant ainsi les indésirables.
Jetant un oeil à travers la vitre du haut de la porte, elle s'aperçu que c'était un jeune homme perdu et à l'air frigorifié. Elle déverrouilla l'entrée et s'écarta pour le laisser passer. Après avoir refermé la porte, elle se dirigea vers la cuisine, sans faire gaffe au regard étonné et admiratif du jeune homme sur son corps. Il est vrai que la nuisette qu'elle portait ne cachait pas grand-chose. Et la pseudo-robe de chambre qu'elle avait rapidement enfilée, dont la ceinture était dénouée, n'arrangeait pas les choses. Mais après quelques siècles, elle n'était plus pudique.
Rejetant sa chevelure par-dessus son épaules, elle observa l'inconnu et lui proposa une tasse de café pour se réchauffer. Ce qu'il accepta. Elle entama alors les questions d'usage. Qui était-il. Qui fuyait-il. Pourquoi. Et qui voulait-il devenir. Il répondit, bredouillant un peu, mais au final la séduisante créature de la nuit avait ce qu'elle voulait. Elle le fit patienter un instant, puis l'appela dans la pièce au fond du couloir. Là, il se présenta dos à un mur blanc et une photo fut prise. C'était un instantané, aussi la photo sorti quelques instants après. La découpant au bon format, elle en prit trois autres ainsi et fit de même. Puis, elle pianota sur un ordinateur placé là et fit imprimer quatre documents ainsi qu'une feuille de renseignements qu'elle garderait pour elle.
Les photos furent dûment collées à leur emplacement, la quatrième rejoignant la fiche de renseignements, et elle plastifia rapidement le tout. Le jeune homme avait une nouvelle identité. Passeport, permis et carte d'identité. Elle l'hypnotisa ensuite, créant un tissage de compulsion destiné à lui faire croire qu'il était réellement ce nouveau lui, même lorsqu'il ne serait plus sous hypnose. Il déposa ensuite une bourse de cuir près d'elle et s'en alla. Elle s'occupa de ranger la fiche de renseignements dans ses dossiers, et plaça l'argent dans un petit coffre en bois qu'elle replaça dans une cache secrète ensuite.
Oui, sa demeure ne faisait pas que domicile et bureau. Elle faisait aussi cache pour faux-papiers. Mais pour avoir son adresse en tant que fournisseuse de nouvelles identités, il fallait parler à la bonne personne dans la pègre de Seikusu. Car, sitôt le seuil franchi après la visite, les gens oubliaient tout. Sauf les plus dignes de confiance. C'était également un tissage qu'elle avait apposé sur son domicile.