[HRP - La créatrice de Kalosyni ayant refondé son compte, ce RP est abandonné, et n'a donc aucune influence sur le sort des autres RP.]
Une imperceptible aura, un sentiment très désagréable qui lui titillait la nuque… Comme si elle avait un rongeur dans le cerveau grignotant sa matière grise… Un cheveu dans la soupe, comme aurait dit les Terriens. Sha l’avait senti. L’Ombre l’avait perçu. Une subtile ondulation, une délicate onde dont les échocs avaient résonné jusque dans ses oreilles.
Elle.
L’Ombre l’avait déjà senti à plusieurs occasions, mais jamais de cette manière. De simples à-coups, des hésitations, de délicats murmures, des soupirs sinistres et silencieux… Mais les voix se précisaient, l’aura devenait maintenant perceptible, cohérente.
Elle.
Sha la croyait morte. Ou en tout cas extrêmement affaiblie. La Terre lui avait offert son lot de souffrance. Outre la chasse aux sorcières, qui avait amené l’Ombre à se sacrifier pour essayer de sauver ce qu’il restait à sauver de son culte, soit des poussières, elle avait du vivre les deux guerres mondiales, des conflits mondiaux qui avaient ensanglanté la planète, des conflits où la haine, l’injustice, avaient crû à son paroxysme, détruisant tout. Il y avait aussi eu la colonisation, sans parler des guerres, des attentats. Ils étaient déjà là avant les conflits mondiaux, avaient continué entre les deux guerres, et s’étaient poursuivi après. La guerre froide, les sociétés totalitaires… La déportation de masse, les millions de victimes, les familles déchirées, les dictateurs fous… Elle aurait du mourir, oui, elle aurait du, mais elle était bien là. Sur Terra.
Elle.
Pour parler d’elle, l’Ombre se contentait de dire qu’elle était aussi agréable qu’un furoncle dans le cul. Elle la suivait, la traquait, et il suffisait à Sha de repenser à elle pour l’imaginer à nouveau caqueter. Elle parlait, elle parlait, elle parlait sans s’arrêter, sortant à chaque phrase de nouvelles stupidités. « Aime ton prochain comme toi-même » avait été l’une de ses citations préférées. L’Ombre ignorait comment elle était née, mais, ce dont elle était sûre, c’est que l’énergie qui avait donné naissance à l’Ombre avait du utiliser ses derniers réservoirs pour engendrer sa petite sœur, tant elle était mal formée. Et voilà qu’elle la sentait.
Elle !
Kaly… Sa demi-sœur, pour être exacte… Son énergie commençait à se répandre sur Terra, et, à chaque fois que Sha la sentait, elle sentait une souffrance l’envahir. Une petite idiote qui se refusait à crever, voilà ce que Kaly était. L’Ombre la sentit dans cette espèce de temple magique flottant dans les airs. L’Olympe. La demeure de cette jeune génération de Dieux grecs. Un endroit où elle n’était pas admise facilement. Un endroit qu’elle n’aimait pas. Mais, vu qu’elle comptait voir une femme qu’elle n’aimait pas, le lieu était tout indiqué.
Laissant sa forme humaine dans son temple, l’Ombre s’éloigna de ses terres, et s’envola dans le ciel, à la cime des nuages, flottant vers l’Olympe. Elle se raccrochait à cet espoir saugrenu d’avoir senti une signature divine proche de celle de Kaly, mais en même temps différente. Elle l’espérait, mais elle n’y croyait pas. Kaly lui collait aux fesses depuis trop longtemps. Même sur une autre planète, il fallait que Kaly continue à la pourchasser, à la suivre. Rien qu’à cette idée, l’Ombre sentit un frisson de rage la parcourir.
Rejoindre l’Olympe ne lui prit que quelques secondes. Elle vola à la vitesse d’un noirâtre courant d’air dans les grands couloirs en marbre. Des couloirs immenses, avec de grands jardins intérieurs, des cascades qui plongeaient dans le vide, des piscines, des fontaines, des statues en or massif. L’Olympe était indéniablement le plus beau palais de tout Terra, et le plus grand. Chaque divinité avait normalement son propre temple, même les Dieux sombres comme Sha. Elle évita de croiser les Dieux grecs, et finit par trouver celle qu’elle recherchait dans une cour, près d’une grande fontaine, s’entretenant avec un autre Dieu. Dionysos… Ou Bacchus, elle ignorait comment l’appeler. Le Dieu avait un corps jeune, avec une toge à la grecque.
« Un esprit heureux est un esprit juste, ma chère, et je… Mais quel est ce frisson ?! »
Dionysos tourna la tête, et sursauta légèrement en voyant l’Ombre. Une grimace de dégoût traversa les lèvres du Dieu des poivrots.
« Ma chère Sha, je cherchais justement à m’entretenir avec vous… Avez-vous entendu parler du dramaturge Theodus Agathon ? »
Sha fixait profondément sa sœur avec ses yeux étincelants, et tourna lentement la tête vers Dionysos.
« Vous avez accordé une malédiction à son encontre ! Toutes ses pièces sont nulles à chier à cause de vous ! J’en ai parlé à Zeus, et…
- Dégage, lança simplement Sha.
- Pardon ?! Vous… Vous ne pouvez pas me parler ainsi, je…
- Dégage, et fous-toi ton Theodus dans le cul ! Si tu continues à me casser les oreilles, je ferais en sorte que le goût du vin te soit exécrable ! Tu ne pourras plus te saouler qu’avec de la flotte.[/color]
- Vous… Vous n’avez pas le droit, c’est contraire à l’éthique !
- Tu es un Dieu grec, le Dieu des poivrots, et un homme, qui plus est. La déontologie d’une tripotée de bâtards consanguins ne m’intéresse pas, a fortiori quand elle émane d’un homme. Fous le camp. »
Dionysos n’insista pas, et salua Kaly, avant de se téléporter. Sha fixa alors soigneusement Kaly.
« J’ai espéré que cette odeur pestilentielle ne venait pas de toi, que c’était une erreur… Mais il faut croire que tu aimes me pourchasser, Kaly. »
Sha se mit à tourner autour d’elle.
« Les Terriens auraient-ils enfin eu un soupçon de lucidité en te crucifiant sur la place publique ? Je te croyais morte… »