Quand deux curieux font connaissance [Naomi Shinosaki]

-Exceptionnellement, je jouerai ici Hiro et non Amata. Cette dernière interviendra peut-être plus tard.-


Tic…tac…tic…tac…

Accoudé sur son bureau, le menton bien calé dans ses mains, Hiro regardait sa montre, qu’il avait posée devant lui. Le bruit du mécanisme l’empêchait de s’endormir, assez paradoxalement.

Tic…tac…

Depuis combien de temps était-il immobile, à regarder ainsi l’heure passer ? Il ne le savait plus. En fait, il ne voyait plus vraiment la montre. Son cerveau engourdi par l’ennui ne voyait que le mouvement de la trotteuse.

Tic…t-Driiiing !

Il se redressa d’un bond, surpris. Son téléphone sonnait. C’était le téléphone professionnel. Il le prit et regarda le numéro qui s’affichait. AB-45. Donc un de ses collègues informaticiens. Le jeune homme prit le temps de calmer les battements affolés de son cœur avant de décrocher.

-AB-555, j’écoute.
-Jette un œil à tes mails, ça devrait t’intéresser.

Hiro ouvrit donc sa boîte mail pro, et constata l’arrivée d’un nouveau message.

-Tout ce qui est susceptible de me sortir de mon ennui profond m’intéresse, tu sais…

Il parcourut le mail. Des gars qui manipulaient l’informatique de cette façon, Hiro n’en croisait pas tous les jours. Malheureusement pour lui, le bonhomme avait fait une petite erreur, qui lui avait valu d’attirer l’attention d’un agent.

-D’accord, là tu m’intéresses vraiment. Tu me fais un ordre de mission et je te trouve tout ce que tu veux sur lui. Quitte à bosser, j’aimerais bien être payé.
-Marché conclu. Tu auras ça d’ici une heure, le temps que je finisse ce que je fais.
-Eh bien je commence à bosser dans une heure, alors.

Il raccrocha et reporta toute son attention sur le message. Trois jours qu’il n’avait aucun boulot à faire, ceci était sa libération !

Naomi était sur son ordinateur, piratant celui de son père pour éplucher les différents dossier des enquêtes en cour. Il n'avait pas obtenu d'information fiable pour son enquête vis-à-vis de sa mère quand d'un coup un message vocale se fit entendre avec une coupure d'internet au même instant. Le jeune homme savait pertinemment ce que cela voulait dire, une personne cherchait des informations sur lui. Comment pouvait-il le savoir ? Tout simplement car il avait laissé pas moins de dix pages internet avec des informations sur lui, sans parler d'un petit programme sur son dossier dans la base de donnée de la police. Cinq de ses pages avaient été regardé par un même ordinateur en moins de vingt minutes. La chance que cela soit du hasard était tellement infime qu'il fallait mieux suspecter une recherche en profondeur sur lui. Il sortis son clavier sans fil et parti à la recherche d'un identifiant d'ordinateur valide. Aucune trace, preuve que le fouineur ne voulait pas être découvert. Cela était clair, quelqu'un allait très certainement l'approcher. Où ? Quand ? Il ne pouvait le savoir, mais rien qu'en connaissant ce fait là, il pouvait prendre le dessus. Il n'aurait pas été aussi suspicieux si l'une des pages n'appartenait pas à la base de donnée de la police.

Le détective se doutait que la personne connaissait à présent l’identité de ses parent et apprendrait les circonstances du décès de sa mère, ce qui l'énervait un peu. Il prit lança quelques ligne de commande qui formata le disque dur et vida la mémoire vive. Il ne fallait pas créer un puissant programme pour réussir à formater parfaitement un pc. Il inséra un cd de sauvegarde prévu à cet effet. Il ne paniquait pas pour les données, faisant des sauvegarde régulièrement en as de hack de son pc. Ce qui serait peu probable. Il réinstala son bureau, contenant à présent des dossiers que tout mec de son âge avait, des photos de voiture, des sites pour adulte dans les favoris, tout ce genre de choses. Il fit craquer ses doigt et entreprit de retrouver des informations sur ce type, sans aucun logiciel pour lui porter assistance. Le travail était difficile, se faufilant dans la base de donnée de la police et fouillant dans son propre dossier pour trouver des traces. Aussi doué qu'il était l'informaticien ne pouvait rivaliser avec le nombre de fois que Naomi avait regardé et la mémorisation des données importantes. Il vint à trouver une espèce de signature du type, mais ne put le retrouver, ayant fuit dans la masse de donnée pour être indécelable.

Naomi devait admettre sa défaite. Il ne restait plus qu'à l'inciter à se dévoiler dans la réalité. Il s'agissait d'une opération risqué, surtout si la personne n'était pas seul. Il ouvrit son Skype et son Facebook pour poster sur chacun d'eux.

" Un ami m'a rendu visite il y a moins de trente minutes et je lui ai donné rendez-vous dans la boutique d'antiquité situé près du parc. Je dois l'y attendre demain matin vers 10h00  en espérant qu'il ne me pose pas un autre lapin. Je ne serais donc pas disponible demain. "

Il s'agissait d'un message caché qui invitait l'informaticien à venir à la boutique nommée demain à l'heure fixé. Dans le meilleur des cas il répondrait, sinon Naomi n'aurait qu'à attendre que la personne lise le message et comprenne.

Toute l’attention du jeune homme était focalisée sur sa nouvelle mission. Il ne savait pas en quoi elle consistait, puisque l’agent 45 avait simplement écrit sur le papier « Naomi Shinosaki ? », mais peu importait, ça lui donnait une grande liberté d’action. Il pouvait faire ce qu’il voulait, et n’allait certainement pas s’en priver !

Quelques recherches, très faciles bien évidemment, lui apprirent un petit lot de choses très intéressantes. Cette histoire de meurtre/suicide n’avait rien de bien passionnant en soi, mais le fait que le fils de la victime cherche aussi activement la vérité l’était bien plus. Alors Hiro avait fait tout ce qu’il pouvait pour se renseigner sur ce garçon, et sa curiosité fut récompensée.

Les pages de la police et autres ne donnaient pas beaucoup d’informations. Facebook, par contre… L’informaticien était justement occupé à décortiquer le compte Facebook de Naomi quand ce dernier y ajouta un message.

" Un ami m'a rendu visite il y a moins de trente minutes et je lui ai donné rendez-vous dans la boutique d'antiquités située près du parc. Je dois l'y attendre demain matin vers 10h00  en espérant qu'il ne me pose pas un autre lapin. Je ne serai donc pas disponible demain. "

Hiro marqua un temps d’arrêt. C’était formulé bizarrement. Très bizarrement, même. Une sonnette d’alarme retentissait furieusement dans son esprit.

*Mince, est-ce qu’il m’aurait grillé ? Non, impossible, j’ai pensé à me camoufler… Euh…*

En y réfléchissant bien, il était moins sûr de l’avoir fait. L’espace d’un instant, il céda à un brin de panique, mais il se ressaisit rapidement. Ce n’était pas non plus la mort ! Bien au contraire, puisque ce message étrange lui était clairement adressé. Ce qui signifiait une occasion en or d’en savoir plus sur lui. Mais bon… En espionnage ou en communication directe ? Hiro n’était pas très doué pour se faire discret IRL, contrairement au domaine informatique où il était l’espion parfait. Sauf cette fois. Cette bourde monumentale sûrement due à l’excitation du boulot intéressant allait finalement lui être utile.

Restait à savoir comment il allait lui faire comprendre qu’il serait au rendez-vous… Oh, rien de plus simple ! Il avait un compte bidon sur Facebook, ça ne lui coûtait rien d’y passer pour répondre, tout aussi énigmatiquement que l’invitation. La magie du piratage permit au jeune homme de ne pas tenir compte des paramètres de confidentialité pour écrire ceci :

"Ton ami… Ce ne serait pas le lapin blanc d’Alice au Pays des Merveilles ?"

Message laissé par un certain Nemecher Chepas, la petite dose d’humour qui aurait certainement le mérite de faire rire la cible d’Hiro. Et cette fois, il n’était pas traçable, nom de Dieu ! Par ailleurs, le compte était entièrement vide, si ce n’était les deux ou trois messages qu’il avait laissés à ses précédentes cibles, et qui n’avaient ni queue ni tête pour les personnes extérieures. Naomi ne gagnerait donc rien à fouiller cette piste qui n’en était pas une.

Le lendemain, à 10h tapantes, il était dans la boutique indiquée. Habillé à peu de choses près comme le lapin blanc… Un costume qu’il ne sortait pas souvent, mais qu’il adorait.

"Ton ami… Ce ne serait pas le lapin blanc d’Alice au Pays des Merveilles ?"

Naomi aurait pu penser qu'il s'agissait d'un commentaire débile si le pseudo ne mettait pas la puce à l'oreille. Il comprit très vite qu'il s'agissait de son visiteur. Comme Hiro l'avait pensée, il avait fouillé le compte facebook et comme lui il ne laissait pas d'information intéressante. Sur le facebook de Naomi on pouvait voir de nombreuse déclaration d'amour de certains lycéennes, des message de professeur lui demandant de moins passer de temps dans les nuages et de plus se concentrer dans ses études. Rien qui ne permettait de savoir que Naomi enquêtait dans son coin.  Naomi fit une seule tentative pour tracer Hiro et abandonna vite avec un léger sourire aux lèvre. Il n'était pas allé très loin et désirait conserver le temps qui lui restait pour élaborer un plan.

Une personne normal lui aurait certainement fait faux bond ou y serait allé discrètement pour appeler les flic. Mais pour Naomi cela était différent. Il voulait savoir ce que ce type lui voulait. Il avait marqué "ami", mais ne savait pas s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme. Il avait demandé un rendez-vous IRL pour simplement posséder plus d'information sur cet étrange personnage.  Il passa la plupart de sa nuit à préparer sa tenue. Il allait se déguiser, mais juste en suivant une intuition que cette personne ferais du cosplay pour être repérable.  Il envoya un message privé, via facebook, en disant.

"S'il est le lapin blanc, je suis le chapelier fou. "

Naomi vint à prendre des morceaux de papier et vint à épingler sur son tableau toute les situations qu'il avait pensé en les agençant minutieusement. Il voulait se préparer à bon nombre de scénario. Puis alla se coucher. Le peu de sommeil n'était pas une chose néfaste pour le détective qui avait passé plus d'une nuit blanche sans le moindre problème. Il se leva à 8h00, pour avoir le temps de ses préparer. Il prit une douche et commença à se déguiser.

Il commença par enfiler la tenue, puis vint la perruque. Il s'agissait de l'élément le plus long à mettre, voulant que tout soit impeccable pour cette réunion matinale. Une fois ceci fait, il parti en direction de la boutique d'antiquité signalé dans le message, débarquant devant le lapin blanc avec une canne et un chapeau haut de forme. Ce n'était pas le chapelier fou d'Alice au merveille, mais plus un remix tiré d'un animé du nom de Pandora Hearts. Le personnage l'incarnant allait à merveille pour Naomi, aimant son côté intelligent, manipulateur et légèrement délirant dans des situations dangereuses. Il vint vers le lapin en s'incarnant dans le personnage, histoire de faire passer leurs costumes comme une mise en scène aux yeux des passant. Les japonais acceptant le cosplay comme un vêtement classique à nos yeux.





Il ne pouvait s'attendre qu'à une réponse positive, sinon la rencontre serait forcément interrompus. Naomi avait prévu de fuir dès que la situation le permettait, ne voulant pas s'exposer si les circonstance devenaient trop défavorable. Il guida le vaillant lapin vers une petite boutique que seul un habitué pouvait reconnaître. De l'extérieur cela semblait être une maison comme une autre, enfouie dans cette petite ruelle douteuse. Ici le pire ennemi que l'on pouvait voir était des vendeurs d’allumettes. C'est dire la sécurité de cet endroit.

Naomi vint à passer en premier, faisant un signe au gérant qui invita le duo à s'installer sur une table assez éloignée, les autres étant déjà prise.  Le jeune homme prit les devant en commençant la discutions.

Aah, le lapin blanc… Un personnage formidable, quand on y pense. Un tel sens du devoir force le respect. Et la ponctualité aussi, raison pour laquelle Hiro s’était préparé le plus tôt possible. Ses habits du jour : pantalon et chaussures blancs pour simuler plus ou moins les pattes du lapin, serre-tête à oreilles, et ceci. Ce n’était pas tout à fait le lapin d’Alice, puisqu’il s’agissait de la version de Tim Burton, humanisé en plus. Le cosplayeur ajusta sa tenue et la compara à la photo qu’il venait de récupérer sur le net. A priori il n’avait rien oublié… Ah si ! La montre à gousset ! Le plus important, bien sûr. Il fila la chercher, terminant ainsi son costume, et partit avant d’avoir droit aux remarques moqueuses de son épouse.

Le grand jeu, maintenant, c’était d’être dans son personnage. Le jeune homme marchait donc d’un bon pas, l’air pressé comme il était de rigueur, et jetait régulièrement des coups d’œil nerveux à sa montre.  Il n’avait pas pris l’autre, celle-là fonctionnait très bien et une montre moderne aurait fait tache dans son costume si bien réussi. Il était fier de lui, oui, les années de théâtre portaient enfin leurs fruits !

Une fois dans la boutique, il se fit un devoir d’examiner avec la frénésie de celui qui n’a pas le temps chaque objet qui l’intéressait un tant soit peu. Mais son attention restait en partie accrochée à la porte d’entrée, bien qu’il ne le montrait absolument pas. "S'il est le lapin blanc, je suis le chapelier fou. " disait le MP qu’il avait reçu sur son compte Facebook… Ainsi si le jeune Shinosaki avait réellement compris son message Hiro ne devrait pas tarder à voir entrer un chapelier fou. Très bien pensé. Il avait bien fait de jouer sur l’expression « poser un lapin »…

Et de fait, le chapelier entra. À ce moment le lapin blanc était occupé à examiner un quelconque objet, qu’il reposa bien vite en entendant l’autre parler. Le petit sursaut était une chose très amusante à simuler, mais il ne savait pas s’il était vraiment crédible.

-Oh, c’est vous, messire Chapelier…

Il exécuta une courbette révérencieuse, dans son personnage jusqu’au bout. Il en profita pour détailler le costume qu’il avait en face de lui. Pandora Hearts… Plus bel homme que celui de l’œuvre originale, à n’en pas douter.

-Je crains, malheureusement, de n’avoir que très peu de ce temps, puisqu’il me faut impérativement acheter un cadeau pour le non-anniversaire de la Reine. Mais…

Il regarda brièvement sa montre. Il adorait vraiment ce genre de petit jeu, avec toutes les petites références possibles, même quand elles n’étaient pas adaptées à son personnage. Le non-anniversaire était son expression favorite, il ne pouvait pas ne pas la mettre.

-…il me semble que je peux me permettre une petite entorse à mon emploi du temps, juste pour un thé. Mais n’en dites rien à Sa Majesté, s’il vous plaît !

Hiro suivit le chapelier fou jusqu’à une rue plutôt calme, mais le bâtiment dans lequel ils entrèrent l’était un peu moins puisque plein. Pas le meilleur endroit pour une conversation en secret, mais soit ! Sitôt qu’ils furent assis, Naomi entama les hostilités. Le lapin lui répondit avec un large sourire empli de sympathie :

-Je me nomme Hiro Castel, et normalement c’est tout ce que vous saurez sur moi, désolé.

Il n’avait donné que son nom de code, donc toute tentative de recherche d’informations se solderait inévitablement par un échec total.

-Quant à ce qui m’intéresse… Voyez-vous, mon cher, ce n’est pas tous les jours que je tombe sur un garçon aussi habile avec l’informatique. En fait, le dernier que j’ai vu, c’était moi-même, alors...

Naomi ne fut guère surprit d'entendre des termes tiré d'Alice au pays des merveilles, après tout les deux protagonistes incarnaient chacun une personne tirée de ce roman. Le jeune homme ne prit pas la peine d'incarner totalement le personnage, sinon il prendrait clairement le rôle de Xerxes Break, ce qui aurait tôt fait d'embrouiller tout et semer le trouble dans cette stupide bouffonnerie où chacun trouvait amusant de jouer avec l'autre. Le lycéen était un habitué des lieux et donc il savait que les oreilles indiscrète auraient tôt fait de devenir sourd. Comme il y avait du monde il y avait du brouhaha et comme la plupart étaient des habitués, ils avaient leurs manie de parler de choses intéressante et donc peu d'opportunité d'écouter la conversation à l'autre bout de la salle. Dans tout les cas cette table était faite pour servir de coin secret, des paravents étaient présent, comme les autres tables, mais aucune n'étaient voisine à celle où les deux hommes étaient installés.

-Je me nomme Hiro Castel, et normalement c’est tout ce que vous saurez sur moi, désolé.

Le jeune home n'était pas dupe. Si lui c'était fait repéré et ne pouvait mentir, il était flagrant que ce Hiro cachait son identité Naomi pouvait aisément comprendre le fait que ce genre de personne ne souhaite pas que l'on sache où il habite, surtout s'il était marié, possédait des enfants ou encore a de la famille vivante.

-Quant à ce qui m’intéresse… Voyez-vous, mon cher, ce n’est pas tous les jours que je tombe sur un garçon aussi habile avec l’informatique. En fait, le dernier que j’ai vu, c’était moi-même, alors...

Un fou rire prit Naomi, coupant la parole à Hiro.

Au moins ils étaient à peu près tranquilles, vu la disposition de la pièce Hiro ne tarda pas à se dire qu’ils n’avaient pas à craindre les oreilles indiscrètes. Il était donc rassuré sur ce point, restait à gérer la conversation avec le chapelier fou. D’ailleurs, juste avant de parler il avait enlevé ses oreilles de lapin, qui ne servaient plus à grand-chose et commençaient à le gêner un peu. (les tics bêtes, vous savez…)

Au moment même où il finissait sa phrase, un fou rire empêcha le silence de retomber. Vexé ? Oui, un peu, l’attitude de Naomi était un peu vexante, mais Hiro continuait de sourire comme si ça n’avait aucune importance, il faudrait être vraiment très observateur pour voir la nuance de changement dans son regard.

-Une offre ? On peut dire ça comme ça, oui.

Le pauvre garçon s’était un peu planté.  Pas grave. Ça ne changeait rien à la suite des événements.

-Déjà, je voulais vous…euh…on peut se tutoyer ? C’est toujours un peu perturbant de vouvoyer quelqu’un qui a pratiquement mon âge, et l’inverse aussi.

Il n’attendit cependant pas la réponse pour tutoyer son interlocuteur, enchaînant directement :

-Donc, je voulais te féliciter pour…disons ce que j’ai pu voir de tes méthodes. Je l’admets, j’ai été impressionné. Ça, c’est la première raison pour laquelle je suis venu à ton rendez-vous. La deuxième, c’est que, effectivement, je pense qu’il y a moyen de s’entendre sur quelques points.

Hiro laissa, cette fois, le silence retomber quelques secondes, le temps que Naomi réfléchisse à la réponse qu’il allait lui donner. Deux possibilités : soit il l’enverrait balader directement, soit il lui poserait des questions plus approfondies, et y répondre sans en dire trop allait être un nouveau jeu amusant.

Le détective eut un sourcil qui se leva quand Hiro vint à rire, s'était-il trompé quelque part. Pour le détective il n'y avait très peu de conclusion dans cette entrevue. Il ne pouvait fuir sans une bonne raison, car Hiro possédait des informations contraignantes, son talent dans l'informatique et aussi sa volonté de chercher des réponses sur le meurtre de sa mère. Deux éléments qui pouvaient faire beaucoup de dégât si bien employé. De plus il avait noté que c'était bien lui l'informaticien, son intuition lui dictait cette réponse et il l'écouta.

Le fait d'être vague interloquait le jeune homme, comment Hiro pensait, comment il comptait utiliser cette réunion et ses informations sur lui ? Il n'avait pas fait de psychologie, mais tentait de lire en lui, de le comprendre pour avoir une marge de manœuvre plus grande. Il ne fut pas choqué de se faire tutoyer, mais restait méfiant sur les informations qu'il donnait. Naomi enregistrait dans sa tête tout ce que cette homme disait, classant chaque éléments dans des cases, suivant ce que son intuition disait. Le détective ne fut nullement enjoué de se faire féliciter pour son talents. Il ne faisait que le boulot que la justice n'avait pas été capable de faire lors de la mort de sa mère. Peu importait le point de vue il ne s'agissait que de la vengeance, rien d'autre. Il n'avait pas à être félicité d'agir ainsi et savait que son chemin pouvait être parsemé de sang et de larme. Mais il était prêt à prendre cette voie.

Quand Hiro parla d'une Entente, Naomi vint à arborer un sourire moqueur. Il ne se moquait pas d'Hiro mais de cette situation qui lui semblait être une farce de part le fait qu'il doit toujours prendre les devants et se faire damer par cette personne. Hiro était aux yeux de Naomi un manipulateur, une personne qui a toujours un coup d'avance et prend légèrement les gens de hauts, ce qu'il ne pouvait supporter. Mais il vint à jouer le jeu, sachant qu'Hiro n'irait certainement pas jusqu'à dévoiler la vérité. Le détective ne gagnerait rien à ce jeu, mais allait tout faire pour que son opposant n'ai lui aussi qu'un os fossilisé à se mettre sous la dent. Il soupira.



Le détective posa ses coude sur la table et croisa ses mains pour déposer son menton, un sourire aux lèvres.



Il fit le même jeu qu'Hiro en continuant sans laisser le temps à cette personne d'en placer une.



Naomi se recula, posant son dos sur la chaise.

Un partout, la balle au centre. Naomi s’était moqué de lui, Hiro le lui rendait. C’est de bonne guerre, comme on dit. Mais bon, dans le fond l’espion restait un peu inquiet. Il avait en face de lui un vrai pro, et il ne s’était pour ainsi dire jamais retrouvé dans une telle situation. Un duel de cerveaux. Les deux hommes accumulaient des informations l’un sur l’autre, et le premier à faire un faux pas donnerait la victoire à l’autre. Sur la longueur, Hiro savait pertinemment qu’il n’avait aucune chance de l’emporter. Donc soit il devait obtenir vite ce qu’il voulait, soit il devait se débrouiller pour perdre de très peu. Ce jeu le dérangeait au moins autant qu’il l’excitait, ça se voyait à la petite étincelle dans ses yeux.

Manipulateur ? Il ne l’était pas. Il n’en était pas capable. Il faisait de son mieux pour ne pas en dire trop et en entendre le plus possible, c’est tout. Si ça impliquait de la manipulation, c’était bien involontaire. Il jouait aux devinettes, rien d’autre.

Il accueillit le compliment avec une expression neutre. Il connaissait ses capacités, et il n’en était largement  pas à la première fois qu’on les lui signalait. En revanche, les suppositions de Naomi l’intéressaient. Ce fut à son tour de sourire, de plus en plus largement à mesure que son interlocuteur parlait. Difficile de déterminer si c’était de la moquerie ou de la satisfaction d’avoir trouvé un adversaire à sa taille.

Il écouta jusqu’au bout, silencieux, presque immobile. Puis, à la fin de ce petit discours, il lâcha un long soupir, comme s’il attendait cet « affrontement » depuis longtemps.

-Et moi qui croyais que je ne trouverais jamais une personne assez intéressante pour me forcer à l’écouter ! Bien, trêve de compliments, passons aux choses sérieuses.

Il s’accouda sur la table, se retrouvant donc un peu penché en avant. De cette façon il avait un peu des airs de conspirateurs, mais probablement démentis par son regard.

-Tu as raison, je ne suis pas seul. Mais je ne suis pas non plus idiot au point de te donner le nom de mes camarades. La raison de mes recherches ? La curiosité. Crois-le ou non, c’est simplement de la curiosité vis-à-vis de toi et de ce que tu fais. Et puis c’est aussi un peu parce que je m’ennuyais à mourir depuis trois jours, alors le premier à se faire remarquer aurait eu toute mon attention. Il se trouve que ça a été toi.

Il n’y avait pas la moindre parcelle de mensonge là-dedans. Tout était vrai. Et cette sincérité pouvait être un peu déstabilisante, Hiro le savait. Il ne s’en préoccupa pas et poursuivit :

-Pour ce qui est de fouiller sans se présenter, tu remarqueras que je suis venu… Et le nom que je t’ai donné est celui que j’utilise à peu près 80% du temps. Maintenant, voilà ce que je te propose : ton enquête n’avance pas très vite, même si elle avance indéniablement. Je peux, si tu l’acceptes, t’offrir l’aide de personnes spécialisées dans ce genre de cas. En échange, tout ce que je te demande, c’est d’être une fois de temps en temps mes yeux et mes oreilles dans le lycée.

Ce marché était peut-être un peu trop audacieux, peut-être arrivait-il trop tôt, mais Hiro ne voyait pas quoi dire d’autre. Son sourire était tombé depuis longtemps, il attendait maintenant la réponse de son interlocuteur avec le plus grand sérieux. Avoir « quelqu’un » dans le lycée pourrait être très utile, car Amata ne pouvait pas y être à temps plein et ils n’avaient personne d’autre. Or Mishima était définitivement l’endroit où il se passait des choses. Restait à savoir si la contrepartie proposée conviendrait…

Naomi se rendit compte du sourire de son interlocuteur qui ne cessait de croitre, s'il avait parlé pendant trente minutes, il était presque inquiet de voir un sourire comme le Joker, mais ce n'était pas ça qui le préoccupait. Il devait rapidement glaner les informations et bouger. Même si l'endroit était sûr, rien ne disait que ce Hiro était tout seul. GPS, SMS, tout était possible de nos jours pour localiser une personne. Rien n'avait dit que pendant le trajet Hiro avait envoyé un signal vers ses camarades. Bien sûr il prenait tout les scénarios possible, privilégiant les pire pour éviter de faire un faux pas.  Enfin Hiro vint à parler et le jeune détective écoutait  de ses deux oreilles.

Il hocha de la tête quand l'homme vint à dire qu'il n'était pas assez idiot pour donner ses camarades. Son intuition lui disait de ne pas trop chercher dans cette voie, il se doutait qu'il ferait son possible pour éviter d'impliquer les autres. Le point faible de Naomi était d'agir en solo, il n'avait pas cette pression d'être soutenu derrière. Il nota une autre information incertaine. Hiro était du genre impatient, il ne pouvait rester sagement pendant plusieurs semaines sans activités. Là Naomi avait un avantage, il était prêt à rester un mois entier sans avancer, sans faire d'enquête. Naomi se rendit compte que c'était pendant ses trois dernier jours qu'il avait attiré l'oeil, non quatre, puisqu'il avait été contacté hier. Cela réduisait drastiquement ses enquête. Il n'y avait eut qu'un endroit où il avait éprouvé des difficulté, le banque de données nationale du Japon, il avait été repéré, mais pas pisté. Cela devait avoir été l'élément qui a attirer son regard.

Par contre sur les présentations il ne revint pas dessus, il parlait d'une signature, ce type n'en avait aucune. Il était vrai que signer son action était de l’orgueil , mais cela permettait aussi de ne pas se faire confondre avec une autre personnes aux même capacités. Il ne parlait nullement du fait d'être présent ici, mais il sentait que le sujet le braquerait et il avait autre chose à faire que de percer une épaisseur en plus. Vint alors la fameuse offre. Un soutient dans son enquête, contre de l'espionnage dans le lycée, renforçant son hypothèse que quelque chose se tramait dans le lycée. Naomi s'adossa contre le dossier  de sa chaise, arborant un grand sourire.



Le jeune détective regarda droit dans les yeux d'Hiro.



Naomi perdit son sourire, ayant un air aussi dur que son père.



Le jeune détective savait que cela serait difficile d'avoir les informations sur ses types, mais le ton du détective était pleine d'assurance. Il pensait faire croire qu'il avait une carte dans sa manche, même s'il en avait beaucoup sur son chapeau. Il avait bien quelque chose, mais l'utiliser contre eux serait du gâchis.

Tout se passait  bien. Trop bien. C’est à peine si Naomi avait eu l’air embêté par l’attitude de son interlocuteur. Il avait l’air plutôt conciliant et Hiro en venait presque à craindre un piège. Presque. La théorie du complot n’était pas dans ses habitudes psychologiques. La méfiance oui, mais pas à l’extrême, aussi ne vit-il pas l’intérêt d’être trop sur ses gardes. Il pouvait rester détendu pour le moment.

Le jeune enquêteur joua le jeu et rentra à son tour dans le vif du sujet. Il n’était pas au fait de ce qu’il se tramait dans le lycée, mais à en croire ses dires il s’en doutait déjà. Tant pis, de toute façon à la longue ça n’aurait pas pu rester secret.

Vinrent alors les exigences. Le nom du groupe, ça il s’en foutait de le donner, Naomi ne trouverait aucune trace sur Internet même en fouillant aux endroits les plus improbables. La question de la confidentialité en revanche le gênait quelque peu, puisqu’il ne savait pas quel genre de preuve il pouvait fournir. Bah, peu importait au final ! L’informaticien haussa les épaules.

-À prendre ou à laisser, hein ? Si c’est tout ce qu’il te faut, je prends sans la moindre hésitation ! Je fais partie de ce qu’on appelle tout simplement l’Agence. Inutile de perdre ton temps à fouiner sur le net, je me suis moi-même occupé de vérifier, il n’y a aucune trace de l’Agence nulle part, tout surprenant que ça puisse être.

Il fouilla dans la poche de sa veste pour en sortir, non pas sa montre, mais sa carte, qu’il tendit à son interlocuteur.

[Image temporaire, mais "mon" graphiste est absent depuis un bout de temps et j'ai pas son talent ni ses moyens.]

-Si tu sais regarder, et pour ça j'ai confiance, tu trouveras une adresse. On répondra à toutes les questions que tu voudras poser. Mais je te donne ma parole que tu n’as pas à craindre une divulgation de tes secrets. Dans le cas contraire je m’occuperai personnellement du bavard. Enfin, à ma façon, je ne suis pas un assassin…

« Si tu sais regarder »… Cela faisait référence à la méthode d’écriture utilisée. En effet, chaque carte de l’Agence est marquée, à la main et avec une encre qui se révélait dans le froid, une adresse qui n’est autre que celle du QG, appelé de diverses façons selon les personnes, mais tout le monde s’accorde sur cette dénomination. Une méthode assez peu sécuritaire en somme mais de toute façon tout imbécile débarquant au QG pour faire chier le monde se verrait gratifié d’un bon coup de pied dans le fondement en guise de bienvenue, et d’au revoir par la même occasion. Il n’y avait donc que très peu de risque à donner cette adresse de cette manière.

-Y a-t-il autre chose ? Je ne voudrais pas te prendre trop de ton temps, tu as sûrement du travail.


[Hors RP : J'ai mis du temps parce que je n'arrivais pas à faire une carte potable, et ça m'a un peu mise en rogne alors j'ai abandonné bêtement ce RP le temps de trouver le courage de m'y remettre. Je suis puérile... Désolée.]