Elle l’avait bien embrouillé, et elle se consternait elle-même, sans toutefois le montrer sur son visage. L’avantage de l’entraînement intensif : Maeka n’était expressive que quand elle le voulait, il était presque impossible de déceler la moindre pensée, la moindre émotion dans ses yeux ou sur le reste de son visage. Un parfait mur d’acier.
« Vous...euhm, comment dire ça ? Vous êtes vraiment surprenante. Quelle utilité avez-vous pour les Tekhos? Êtes-vous une, combattante, une tueuse, ou bien une simple espionne ? »
Déjà, « les Tekhos »… C’était bizarre. Personne à sa connaissance ne désignait comme ça les Tekhanes, ou les Tekhans, si on envisageait la possibilité qu’un homme de Tekhos puisse avoir la moindre influence, ce qui était hautement improbable. La cyborg occulta cependant ce détail sans importance. Il pouvait bien les appeler les Tekhos, les abrutis ou les dieux, ça ne changeait rien pour elle.
Recevant l’autorisation de se retourner, elle le fit, et répondit à la dernière question qui lui avait été posée :
« Je suis un cyborg de combat, donc une combattante, et potentiellement une tueuse. »
Certes, elle lui révélait des informations, mais ça n’avait rien d’un secret, et comme ça Eckhart était prévenu. Il savait maintenant à quoi s’attendre. Car qui dit cyborg de combat dit capacités de combat supérieures à celles des humains, et ce que Maeka montrait de son caractère indiquait clairement qu’elle savait s’y prendre pour se battre, et aussi pour faire souffrir… Elle ne cherchait malgré tout pas à l’intimider, juste à le prévenir. Si jamais il faisait l’erreur, volontaire ou non, de devenir son ennemi, il saurait ce qui l’attend. Elle fut alors tirée de ses pensées par l’intervention de l’esclave neko :
« Ma maîtresse va venir dans le courant de la nuit pour vous demander quelque chose...Je ne sais pas de quoi il s'agit, mais il semble qu'elle souhaite se débarrasser de quelque chose et j'ai été désignée pour vous mettre dans de bonnes dispositions. Je ne sens pas encore son odeur, mais je suis chargée de vous faire jouir au moment où je la sentirai approcher.»
De mieux en mieux ! L’endroit était réellement louche, et la patronne encore plus. Maeka avait bien fait de venir. Elle fronça légèrement les sourcils. Elle savait ce qu’impliquait l’échec pour les esclaves, et encore pire pour les esclaves terranides, elle était très bien placée pour le savoir. Mais elle n’avait pas l’intention de rester inactive, elle s’était suffisamment faite discrète. Il était temps de passer un peu à l’action…
« Tu ne mourra pas, petite, parce que je vais m’occuper de cette vieille folle avant qu’elle n’ait eu le temps de te faire quoi que ce soit. Et si ça peut te rassurer, après ça je t’emmène avec moi, je connais un endroit où tu n’auras plus jamais à obéir à des ordres. »
La seule chose qu’on entendait derrière ses paroles était sa sincérité. Elle avait réellement l’intention d’emmener la neko, et elle avait aussi les moyens de le faire. Tout ce dont elle avait besoin, c’était l’accord de la principale concernée.
Si elle ne l’obtenait pas elle serait forcée de tuer sa maîtresse pour éviter que la jeune esclave ne soit punie à cause d’elle. Ce qui lui attirerait sûrement des ennuis, à la réflexion, et la forcerait peut-être à s’enfuir…auquel cas Maeka n’aurait plus qu’à l’emmener comme elle l’avait annoncé. Dans tous les cas la fin était la même, mais ce n’était absolument pas l’objectif principal de la cyborg, juste une conséquence appréciable.
« Ah, Eckhart ! Je vous interdis de protester, je n’obéis qu’à moi-même et je ne supporte pas qu’on m’empêche de faire ce que je veux. »
Elle ne lui avait pas laissé le temps d’aligner trois mots, ainsi il pouvait économiser sa salive. Son sourire et son ton presque guilleret pouvaient rendre ces paroles encore plus inquiétantes...