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La Princesse et le Croque-notes [Hela]

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Hypocras

Créature

La Princesse et le Croque-notes [Hela]

dimanche 09 septembre 2012, 16:16:24

Ravissement nocturne de la nature sauvage, qui à l'heure où l'astre apollinien prend son repos, des forêts entières paraissent se parer d'un mystérieux manteau d'ombre, tirant à soi un peu de cette obscure couverture céleste pour se faire une robe de soirée à la mesure du corps immense et impérissable de Gaïa ! A l'approche de cette inconnue au sourire de lune et aux yeux d'étoiles que l'on nomme la nuit, le règne animal entier paraît subir un irrépressible frisson et file se réfugier dans ses abris respectifs. Alors, une autre faune s'éveille à la lumière du firmament, et c'est toute une autre branche des enfants de Diane qui s'ébroue et s'ébat, prenant doucement son envol ou galopant furtivement pour faire sienne cette heure propice aux secrets et au silence...

Pourtant, ce silence, quelqu'un, cornu, poilu, et un brin mafflu, se plaisait à le transgresser, tressant des trilles tremblantes qui s'entortillaient pour se démêler doucement en s'élevant, certaines doucereuses et d'autres délicates, intruses virevoltantes qui vrillaient suavement l'air. Ce musicien solitaire, s'agissait-il là d'un certain iconoclaste ennemi de la sérénité de soie qui s'était installée sur ce parc sagement logé au creux de la cité ? Avait-il là, par dépit, par orgueil, par fatuité, l'intention de manifester sa présence, son engouement, par quelque remue-ménage, quelque tapage ? Certes non : amoureux profond et incurable de la beauté sous toutes ses formes, il était mélomane jusqu'au bout de l'âme, et ne souhaitait que rehausser la splendeur de ce vespéral tableau en y apportant ses propres morceaux.

Ce joueur, penchons nous sur lui pour saisir sa teneur.


Véritable représentation issue de l'imagination d'un romantique allemand, on pouvait le trouver niché au sein d'une embouchure précédée d'un entrelacs d'arbres, de buissons et de fourrés, sa silhouette paraissait comme par une sorte d'ensorcellement hisser ce modeste sous-bois à la position de sylve ancestrale. Niché confortablement sur un siège improvisé que lui avait présenté un rocher, il avait pour seuls projecteurs les lointaines lueurs de Seikusu et du ciel strié de nuages entortillés. Nu comme à la naissance, comme à l'ère de cette Grèce antique dont il était si nostalgique, il arborait fièrement ses cornes et ses sabots, ainsi que sa fourrure brune brasillante, le tout se découpant comme une ombre chinoise sous la faible luminosité. C'était ainsi sa manière d'honorer les joyeusetés passées qui l'avaient vu à la vie se hisser, et perpétuer ces rassemblement bruissant de sonorités susurrantes qui n'avaient tristement plus de raisons désormais d'exister, puisque plus n'existaient Bacchus, Pan, et toutes ces autres divinités qui avaient jadis eu à cœur de se sentir célébrées.

Ainsi, suivant son humeur douce-amère, l'air que sifflait le satyre se faisait tantôt triomphal, tantôt festif, et tantôt triste, voire funeste, retraçant la trame tourmentée de son existence troublée. Pour vecteur de ses pensées, c'était un instrument sifflotant que le trouvère avait emporté, se munissant d'une simple flûte traversière de cuivre, humble soutien mais solide associé qui laissait circuler sans broncher le souffle exercé de son peu courant propriétaire. Ses yeux, mi-clos, semblent observer une scène distante et transparente, se concentrant sur des notions fugaces peuplant son imagination vivace et se reflétant dans le mouvement dansant de ses doigts agiles, qui s'agitent d'une gigue gaillarde sur le tuyau droit transmettant les émotions transies du flûtiste.

Digne, pas tout à fait droit mais entièrement dévoué à son jeu de doigts, le drille se dressait tel un pâtre solitaire, avec pour seul troupeau les touffes forestières, et seuls compagnons les habitants animaux locaux qui s'ébattaient de-ci de-là, faisant bruire de leurs mouvements la végétation foisonnante, mais se montrant étrangement feutrés à proximité du faune fredonneur, comme étrangement captivés et respectueux de la présence de cet être antique qui troublait la paix de ces pénates sans la piétiner. Sa présence se posait, modeste mais bien tangible, au sein de ce coin tranquille de la bruyante ville, s'accordant temporairement la propriété de ce bout de terrain pour cette représentation improvisée.


Et ainsi donc, sans cesser, sans jamais atermoyer, la mélodie aérienne se poursuivait sans discontinuer, serpentant alentour à l'adresse de toute personne souhaitant stopper sa promenade pour tendre l'oreille et profiter de ce morceau unique et bien maîtrisé. D'ailleurs, à n'en pas douter, dans les perturbations un peu distantes mais bien présentes que l'on peut sentir dans le feuillage, on distingue une approche et une arrivée imminente. Quel inconnu, anonyme sous le nimbe nocturne qui nappait la nature, avait répondu à l'appel implicite du bon Hypolite, et venait maintenant mirer les merveilles musicales qui s'extirpaient de ce bosquet ; mélomane amoureux des arts, ou curieux venu ici par hasard ?

Quoi qu'il en fût, le satyre, pas le moins du monde perturbé, continua sans paraître avoir rien remarqué : soit qu'il fût à ce point absorbé dans ses pensées qu'il n'eût tout bonnement pas moufté, soit qu'il fît semblant de ne pas sentir s'avancer l'invité pour ne pas l'intimider, il demeura presque sans bouger, continuant imperturbablement de souffler.
« Modifié: dimanche 09 septembre 2012, 17:34:19 par Hypocras »
Ah, les gars d'aujourd'hui ne savent plus faire la fête. Les Bacchanales d'avant, ça c'était le bon temps ! Maintenant, tout ça s'est perdu. Consternant.
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Hela

Dieu

Re : La Princesse et le Croque-notes [Hela]

Réponse 1 dimanche 09 septembre 2012, 18:46:36

Aujourd'hui était une journée fatigante pour la jeune fille. Profitant du fait qu'il n'y avait pas cours toute la journée, la demi-déesse, ne pouvant pas que dépendre seulement de l'argent que ses parents lui avaient laissé, avait cherché un travail au cœur de Seikusu. Cherchant un peu dans la ville, même l'emploi le plus insignifiant lui suffirait pour payer son loyer. Mais c'était bien difficile de trouver un métier décent. Les seuls emplois libres qu'elle avait trouvé où ils l'acceptaient étaient des sortes de maisons closes ou des cabarets. Elle se voyait mal travailler dedans, ne pouvant pas supporter l'odeur de la luxure, de la sueur, et, ce qui insupportait le plus la jeune fille étaient les lumières de toutes les couleurs qui apparaissaient aussitôt qu'elles disparaissaient. Cela lui donnait mal aux yeux, et la musique d'ambiance, d'assez mauvais goût et très forte, lui bourdonnaient les oreilles. Elle ne pouvait définitivement pas travailler dans des conditions pareilles. Elle ne pouvait pas non plus vendre des jeunes filles -ou des jeunes hommes, ça dépend de la maison close et des goûts des clients ...-. Ces métiers lui semblaient illégaux. Malheureusement, c'était bien les seuls qui étaient libres. A croire que vivre une vie légale n'était plus de nos jours.

Après une longue journée, le soleil se couchait à vue d’œil. Mais la jeune fille ne voulait pas tout de suite rentrer chez elle. Inconsciemment, elle se retrouva dans le parc une deuxième fois. Il était vide, les enfants qui animaient normalement le parc en courant, riant et s'amusant sur leurs toboggans, étaient rentrés chez eux avec leurs parents. Rien de plus normal, quand l'heure du dîner était passé. Un grand silence régnait dans cet endroit désert. La brise du soir caressait les joues de la jeune Jotun. Il faisait moins froid que la dernière fois où elle était venue. Le vent était le seul son qu'elle entendait, avec le bruit des feuilles sur les arbres qui s'agitaient face au vent.

Profitant de l'éclairage que la Lune donnait sur le parc, l'artiste ne prit pas de temps pour s'asseoir sur un banc à côté du parc et dessiner l'attraction des enfants sous les lueurs de madame. Par chance, elle avait apporté un carnet et des craies dans son sac. Elle se mit à crayonner sur son carnet, estompant petit à petit les détails de lumière. Elle resta concentrée, trop concentrée pour ne pas avoir remarqué qu'elle avait mis un peu de craie sur ses vêtements, qu'elle ne remarqua pas.
Son dessin terminé, elle le posa sur le banc et se dirigea vers les toilettes, pas loin du parc pour se laver les mains. A sa grande surprise, et soulagée, les toilettes étaient encore ouvertes. Au contact de sa main, l'eau gelée se transforma en sang sur ses mains. Une vision d'horreur, dont la jeune demi-déesse avait l'habitude. Elle ferma les yeux un long moment, puis les rouvrit d'un coup. L'eau était redevenue normale. Elle sortit des toilettes, et reprit son carnet pour se poser plus loin, sur le chemin du parc.

Les étoiles dans le ciel attiraient particulièrement son attention. Elle adorait observer le ciel étoilé. Elle pouvait merveilleusement voir les différentes constellations que lui offrait ce tapis de diamants. La Jotun, pour mieux admirer les étoiles, s'arrêta au milieu du chemin, non inquiète de bloquer le chemin aux autres personnes qui pourraient être derrière elle. Qui pourrait être ici à cette heure, après tout ?
Jusqu'à ce qu'un son particulièrement doux parvint à ses oreilles. Ce n'était ni les feuilles, ni le vent. C'était une sorte de flûte.
Elle se concentra sur l'air, et le suivit, comme hypnotisée par cette délicieuse mélodie mélancolique. Suivant son instinct, elle se retrouva à quelques mètres d'une mystérieuse créature. Elle décida d'écouter ce talentueux musicien d'un peu plus près, essayant de se faire discrète.

L'homme avait l'air de sortir tout droit d'un conte de fées. Tellement qu'Hela avait du mal à accepter son existence, clignant plusieurs fois des yeux, se les frottants. Mais il était toujours là. Cornes, sabots … Tout était resté. Elle ne pouvait malheureusement pas distinguer le reste du corps, le personnage étant mal éclairé. En temps normal, la jeune fille se serait enfuie dans la direction opposée. Mais ce n'était pas le cas, maintenant. Elle ne voyait aucune raison d'être effrayée par cette personne. Cette créature semblait mélancolique, compliquée, et on avait l'impression qu'elle se confiait dans sa musique, ce qui la rendit si merveilleuse.

Etrange créature que voilà, tu ne crois pas ?
Je ne trouve pas …

Il semblait si beau, et cela accentuait la curiosité d'Hela. Elle s'approcha un peu plus, doucement, pour mieux distinguer son visage.

Hypocras

Créature

Re : La Princesse et le Croque-notes [Hela]

Réponse 2 dimanche 09 septembre 2012, 20:29:47

Inépuisable, insatiable et inlassable, le flûtiste continuait de filer ses lacis mélodieux, véritable tapisserie intangible se dessinant chimériquement sous la froide lueur céleste du firmament, les notes presque scintillantes sous l'impulsion flamboyante que leur donnait le faune enfiévré d'un fragment de folie qui lui soufflait affablement les notes à égrener du bout de son instrument. On l'aurait pu croire seul au monde dans sa bulle de béatitude empreinte de blues, habillant sans babiller les bois des tresses de l'outil à vent qui allait toujours murmurant ; mêmement, son spectacle aurait pu continuer pour bien longtemps, si un nouvel élément ne l'avait pas poussé à faire graduellement montre de moins de renfermement.

Car l'intruse... ou plutôt l'invitée, pour dire la vérité quant à la mentalité d'Hypocras qui était loin d'avoir eu pour projet décidé de rester sans personne côtoyer... L'invitée, donc, semblant s'être décidée à ne pas simplement se faire discrète observatrice mais à bien s'assumer en tant que spectatrice, s'était dégagée des fourrés qui l'avaient auparavant séparée du musicien animé, et se mettait à présent à s'avancer dans un froufrou feutré qui n'alla pas sans être remarqué du coin de l'oreille du joueur patenté. Pourtant, il ne se départit pas de son attitude inspirée, le seul signe de perturbation que l'on aurait pu lire étant, dans le fond, un simple plissement sur son front alors qu'il continuait de cajoler sa canne cuivrée.

Au premier abord, donc, aucun changement dans le comportement du fieffé fringant, mais graduellement, d'une manière qu'aurait pu discerner un adepte à l'exercice de la musique ou du chant, la mélodie s'achemina vers la fin de son parcours, les enchaînements de faisaient plus courts. Progressivement, doucement, sans faux mouvement, d'une main sûre et preste digne d'un marin qui conduit son embarcation au ponton, le bonhomme rubicond baissa le son, lentement, de ton en ton, pour finir par laisser mourir sur le bec de sa compagne effilée une ultime note envahie de languide suavité, qui parut voleter pour aller s'oublier dans les arbres dressés de tous côtés. S'accordant simplement le loisir de prendre un petit temps pour remettre les sabots sur terre bien définitivement, le satyre passa un court instant à fixer impassiblement le néant avant de se tourner lentement vers sa compagne de maintenant.


Car de compagne, c'en était une, l'apparition qui se présentait à ses pieds (nulle notion de supériorité ; n'oublions simplement pas que notre compère est en hauteur sur un rocher) en ayant en tout cas le profil gracile et l'allure pure. Pure était le parfait phonème pour un portrait en un mot de cette demoiselle, aux cheveux d'un gris de nuées, qui s'étendaient dans son dos comme deux grands rideaux ayant brassé sans se lasser la poussière des âges pour s'en faire un manteau immortel. Les vêtements également, de ce que pouvait voir le gaillard au puissant ramage malgré le manque d'éclairage, étaient en teintes sobres et discrètes, tirant vers les coloris froids et la féminité dénuée de vulgarité.

Il n'y avait pas beaucoup plus de détails qu'il put, étant donné la situation, examiner, mais ce qui ne manqua pas de le frapper, ce fut la blancheur quasi-inaltérée qui se voyait sur son visage et que tout son corps devait probablement arborer, comme s'en fit la réflexion le polisson qui sans le laisser montrer s'était plu du regard à la déshabiller. Du tout transparaissait une beauté frappante, sculpturale, marmoréenne, propre aux poupées de porcelaine... mais à la différence de ces simulacres de fillettes aux larges joues et à la petite bedaine, la nouvelle venue avait dans son physique quelque chose de cru. Ses traits ciselés et franchement démarqués lui donnaient quelque chose de magnétique, similaire à une apparition issue de l'ère Gothique, et qui eurent tôt fait d'impressionner l'imagination de l'être issu de la Grèce Antique.


Mais qu'on se le dise, Hypocras n'était pas du genre à rester sottement fasciné sans nullement riposter, et il croyait d'ailleurs pouvoir discerner dans son attitude muette et un brin timorée qu'il n'était pas lui-même sans la captiver. Flatté par ce compliment muet qu'elle lui faisait, le gaillard se jura que ce ne serait pas à ça qu'il en resterait, et promptement, s'appuyant sur ses sabots bien arrimés sur sa pierre, il se mit debout devant elle, les rayons lunaires frappant ainsi de face son être et mettant en relief son physique certes pas follement affriolant mais certainement marquant, tout d'un mélange d'homme bon vivant et d'animal vaillant, recouvert de son duvet rougissant.

A adopter cette posture de réception altière, il lui revint des réminiscences de moments où il avait pareillement dans les siècles passés accueilli gens en voyage ou égarés de passage, et ses traits arborèrent sous les souvenirs une expression de délicate attention vouée à cette visiteuse à la fraîcheur nacrée. Obligeamment, n'oubliant pas sa position d'artiste qui venait de terminer une représentation, il s'inclina profusément, la saluant posément et galamment. Silencieusement, il se mit ensuite en position plus passive, accroupi sur son perchoir, penché vers la petite pâle, lui laissant pour l'occasion l'initiative alors qu'il la fixait avec aux lèvres un sourire bienveillant qui déformait sensiblement l'allure de sa barbe frémissant au léger vent.
« Modifié: dimanche 16 septembre 2012, 02:27:28 par Hypocras »
Ah, les gars d'aujourd'hui ne savent plus faire la fête. Les Bacchanales d'avant, ça c'était le bon temps ! Maintenant, tout ça s'est perdu. Consternant.
Fiche de personnage

Hela

Dieu

Re : La Princesse et le Croque-notes [Hela]

Réponse 3 samedi 15 septembre 2012, 19:48:52

Envoûtée par la douce musique dont la magnifique créature en faisait le concert, la jeune fille ne pût s'empêcher de se vanter de sa présence en cet endroit. Elle bénissait les dieux de l'avoir faite venir ici, pouvant profiter de cette vision enchantée. Elle s'arrêta derrière un arbre, le poing sur la poitrine, et ferma les yeux. Chaque note émise lui donna de plus en plus de frissons tant la mélodie était belle. C'était comme si elles pénétraient dans chacun des corps qui se trouvaient autour de cette flûte. Peu à peu, elle sentait que le concert touchait à sa fin. Les sons qui poursuivaient étaient courts, mais les enchaînements restaient magnifiques. Ce n'était pas un geste brutal, ou un arrêt empressé. C'était juste une mélodie qui cessa de poursuivre. Puis vint la note finale. Une longue note qui frémissait le long des arbres. Le morceau était parfait jusqu'à la fin. La jeune Jotun détendit sa main et la laissa tomber le long de son corps. Lentement, elle ouvrit ses yeux, et se dégagea de sa cachette, faisant ainsi face au musicien.

La lune éclaira parfaitement la créature qui se présenta sous ses yeux. Il ne semblait pas jeune ; pour elle, il devait au moins avoir une quarantaine d'années. Elle le regarda vite fait, évitant de mettre ce personnage mal à l'aise – et elle aussi. Elle avait déjà déterminé sa silhouette : il était quelque peu -sans vouloir être vulgaire- gros, et, sans compter le rocher sur lequel il se tenait, il devait faire à peu près sa taille. Il n'était donc pas très grand pour un monsieur. Pour ce qu'elle pouvait voir, sa peau était assez bronzée, mais, sous la nuit, une grande partie de son corps était recouverte par le noir. Elle pouvait tout de même remarquer qu'il était poilu, et que sa barbe couvrait une grande partie de son visage. Ses yeux noirs qui brillaient à la lueur de la nuit fixaient l'étrangère qui avait interrompu son concert. Lorsque leurs regards se croisèrent, elle ne fit qu'un faible sourire embarrassé. Elle sentait l'étranger l'examinait et cela la stressait. Elle n'aimait pas être regardée par un étranger : elle se sentait mise à nue. Cachant sa nervosité, elle mit inconsciemment sa main dans ses cheveux, puis fit un pas de plus vers la créature.

Le sourire de la nuit éclairant son visage, elle regarda à nouveau le joueur de flûte. Elle hésitait encore sur le fait de son existence, tant sa beauté semblait irréelle. Il semblait être sorti d'une peinture, ces sortes de peintures qui faisaient le portrait d'une chose dont on en faisait la personnification. Après un moment de silence, la créature s'inclina comme un artiste qui saluait son public ; et comme tout public qui se respecte, Hela applaudit, avec un sourire amusé, mais timide. Il se mit debout sur le rocher, laissant s'en aller les ombres qui dissimulaient son corps. Gênée de la tenue du monsieur, la jeune Jotun roula des yeux en se mordant les lèvres pour cacher sa nervosité. Elle fixa longuement le sourire du personnage qui se trouvait devant elle.

Pour confirmer que ce qu'elle venait d'assister n'était pas une illusion -car elle savait que ce n'était sûrement pas un rêve-, elle s'avança à petit pas vers le musicien, faisant craquer les feuilles tombantes sous ses pieds. La main tremblante, elle la tendit vers le bras de la bête, s'approchant à plus grands pas. Elle finit par toucher sa main, puis, surprise de la réalité, ses yeux s'agrandirent une fraction de seconde. Sans trop y réfléchir, elle fit embrasser leurs mains. Ne lâchant plus cet homme, elle le regarda dans les yeux, surprise, terrifiée, mais curieuse.

« Qui êtes-vous ? »

Elle se mit à reculer, de façon à mettre l'étranger, encore sur son rocher, à sa taille. Qui était effectivement... à sa taille. Ne lâchant pas sa main, elle le fit s'asseoir, puis le regarda longuement. Les rôles étaient maintenant inversés. Réalisant que toute explication rationnelle était inutile, plusieurs questions se bousculèrent dans sa tête. Était-il le seul ? Depuis combien de temps vit-il ici ? Comment serait-il arrivé là ? Est-ce que d'autres créatures se baladent ainsi ? Est-ce que eux, les humains, pourraient être en danger ? Mais le respect qu'elle avait pour ce joueur de flûte la fit taire. Elle trouva appui sur ses jambes, le regardant droit dans les yeux, croyant pouvoir chercher des réponses. Il avait certes, l'air vieux, mais ses yeux en disaient beaucoup plus. Elle commença à l'observer attentivement, approchant son visage à celui qui se tenait devant elle. Après quelques secondes, elle se releva, et soupira. Lentement, elle libéra sa main. Elle marqua une pause, regardant les alentours, puis revint sur l'homme. La jeune lycéenne lui sourit, puis croisa ses bras.

« Vous êtes un très bon musicien. Votre morceau était magnifique. »

Hypocras

Créature

Re : La Princesse et le Croque-notes [Hela]

Réponse 4 dimanche 16 septembre 2012, 04:17:15

Respect ancestral, élégance cardinale, pudeur virginale, ces ingrédients se mélangeaient avec une harmonie juvénile pour s'incarner dans la rencontre fortuite qui se tenait devant lui, en même temps applaudissant son talent et rougissant de son absence de vêtements. Lui-même, pour habitué aux rigueurs de la scène qu'il fût, ne put et ne fit de toute manière aucun effort pour empêcher un léger hâle pourpré d'envahir ses traits mafflus. Non pas qu'il se sentît de quelque manière que ce fût honteux de sa nudité, ou qu'il fût à ce point intimidé par la joliesse gracile de la jeune fille ; c'était simplement que, irrésistiblement, les congratulations, qu'elles fussent l’œuvre d'un solitaire ou d'une congrégation, le grisaient. Elles étaient en à peine quelques mots ou sonorités l'expression de la reconnaissance de son existence et de tout ce qu'il était, et simplement pour cela, le faune qui savait goûter le plaisir jusque dans ses sources les plus simples se sentait à chaque fois pénétré de frissons de gratitude... particulièrement lorsque les félicitations étaient l’œuvre d'une si mignonne précieuse.

Ne bougeant pas de son piédestal, lui cédant sans nulle hâte ou contrainte l'initiative, il la laissa s'avancer, grandiose et immuable, pareil à l'une de ces statues formidables qui décorent les palais des seigneurs et sont les gardes immortels des secrets des lieux. Sauf qu'à la différence de ces redoutables Argus de pierre, Hypocras était bel et bien de chair et de sang, la chaleur de l'étincelle de la vie se lisant depuis ses cuissots épais jusqu'à son sourire à l'intensité enthousiaste encore accrue par l'expression similaire lisible sur les traits de l'ingénue visiteuse.

Celle-ci, justement, après un moment prolongé d'observation silencieuse dont il lui laissa tout le loisir, commença à s'approcher, renforçant encore par sa traversée l'aspect superbement pittoresque de leur rencontre, suscitant plus que jamais l'engouement de l'artiste qui avait un grand amour des belles mises en scène. Le sifflement complice et discret du vent, le froufrou feutré des habits de la petite perle, le craquèlement grave, profond et sentencieux de la végétation tapissant le sol sous ses pieds, et surtout leurs abords respectif, s'additionnaient pour former un tableau que David Friedrich n'aurait pas renié. Le satyre même, comme hypnotisé de son plein gré, ne cilla pas alors qu'elle venait à sa rencontre, gardant la même position avec, du fait de son accroupissement, une main tendue refermée sur son instrument, et l'autre au repos tranquillement.


Et ce fut à la surprise du musicien que, avec une hardiesse incrédule mâtinée de crainte électrisante, la demoiselle de neige sculptée porta à sa main courtaude et velue la sienne, fine et menue, la fraîcheur de la menotte rencontrant la chaleur de la paluche avec comme un déclic imperceptible. Dans les yeux, rondeur de stupeur renouvelée pour la donzelle, brasillement d'amusement pour le vieux de la vieille, et aux doigts, enserrement presque convulsif auquel l'empathique enjôleur qui savait se faire aussi doux qu'un courant d'air répondit avec une tendresse et une chaleur non simulées. Hagarde, éperdue, perdue, la jouvencelle tombée des nues laissa échapper de ses lèvres fines une question, semblant encore douter de la véracité, voire de la possibilité, de sa simple présence.

A cette occasion, justement, il put la détailler de plus près, et vit qu'elle était aussi menue, si ce n'était plus, qu'il l'avait précédemment pu observer, contrastant en cela de façon presque fatidique avec l'empâtement bien portant du bon vivant. Il se lisait dans tout son être une finesse, ou plutôt une délicatesse, voire une fragilité, avec laquelle venait contraster la forme carrée de son visage taillé à la serpe. Cette touche de rudesse se voyait toutefois rehaussée par un nez, des prunelles et une bouche certes largement proportionnés pour son petit gabarit, mais Hypocras, loin de s'en formaliser, se fit la réflexion que plus grande était la taille de ces organes sensoriels, mieux elle pouvait ainsi profiter des mille et mille délices que le monde avait à offrir. Ses effets vestimentaires, comme il l'avait également pu analyser, avaient effectivement quelque chose d'altier, bien que d'un tantinet sobre, et on les aurait pu juger un peu datés, ce qui n'était pas pour gêner le chèvre-pied qui savait intemporellement le beau style apprécier.

Étonnamment, derrière cette apparence de vulnérabilité (d'ailleurs très probablement non simulée), le rusé baroudeur crut avoir l'intuition d'une grande force, d'une volonté à laquelle peu de choses auraient pu résister. Sans mentir, si ce n'eût été la splendide vivacité perçante de ses yeux émeraude, ainsi que ses multiples mimiques de mortelle, il aurait pu la prendre un instant pour la légendaire Yuki-onna, cette terrible femme capable d'emporter tout voyageur solitaire dans une étreinte glacée éternelle...


Mais assez de ces comparaisons ; pour l'heure, s'il ne se donna pas la peine de répondre, c'est parce qu'il sentit qu'elle n'avait pas l'intention d'en rester là, et effectivement, dansant un lent ballet du bout de ses doigts, elle le fit prendre position sur son séant alors qu'elle venait directement face à lui, le satyre se laissant faire sans résistance dans ce petit manège, ayant une faiblesse coupable pour les jolies personnes. Toujours aussi perplexe qu'inquisitrice, elle l'observa avec une de ces intensités que réservent habituellement les voyantes pour les boules de cristal, son faciès concentré et mémorable remplissant ainsi le champ de vision du facétieux faune.

De si près, il aurait pu d'un simple mouvement l'embrasser, et ne croyez pas que l'idée ne lui passa pas sérieusement par la tête. Ah, mais point n'était besoin de précipitation : parfois, les plus belles choses méritent qu'on y accorde patience et endurance, comme ces grappes de raisin que l'on cueille au cœur de l'hiver pour en faire un vin à nul autre comparable. Pour l'heure, il s'avéra que toutes les bonnes choses avaient bel et bien une fin, puisque la gracile nubile, détachant de lui et son visage et ses doigts, s'éloigna, paraissant perdue dans quelque réflexion apparemment sans résultat, ce qu'elle salua d'un sourire beau joueur fait de petites dents blanches dans sa direction, ponctué d'une autre question.


Vint donc le moment pour Hypocras d'entrer en action, ce qu'il fit en saisissant une fois encore la main de son invitée pour lui adresser un baisemain exécuté comme il convenait sans toucher sa diaphane peau. Car en cette époque désespérément moderne, trop peu de gens le savaient, mais le vrai baisemain s'abstient de poser les lèvres sur l'objet de son attention, ne faisant que feindre de le toucher et ne laissant qu'un respectueux souffle sur son passage. Ainsi fit par conséquent l'adroit galant, sacrifiant à la coutume le plaisir de goûter la chair de cette si aimable (aux deux sens du terme, entendons nous bien) enfant. Ce faisant, il rompit le mutisme qu'il avait jusqu'ici, à la fois par jeu et par respect, observé :

« Il était, dans ce cas, à la mesure de ma spectatrice. » Répondit-il à sa dernière remarque d'une voix d'où perçait le plus grand sérieux.

Car si une telle remarque aurait couramment pu faire office au mieux de compliment bien tourné mais un peu vieux jeu et hypocrite, il s'entendait dans les inflexions graves, douces mais décisives du satyre  une honnêteté et une franchise qui ne laissait guère de doute quant à sa sincérité. Poursuivant sur sa lancée, il enchaîna après une courte pause savamment calculée pour ne pas bousculer sa compagnie, ponctuant ses paroles en tapotant son torse de sa flûte :

« Quant à qui je suis, un satyre, belle demoiselle, je ne saurais m'en dédire. » Fit-il en levant les yeux d'un air entendu en direction des cornes à l'air sylvestre qui surmontaient son front, avant de continuer. « Hypocras est mon identité ; artiste et voyageur, mes principales qualités. »

Concis, proprement déclaré et, qui plus était, intégralement vrai. Ayant convenablement et sans mauvaise grâce satisfait aux usages de la politesse que lui avait réclamés la menue jonquille, il prit à son tour les devants en regardant son interlocutrice d'un air plus appréciateur que jamais :

« Et vous-même, qui êtes vous, vous qui semblez avoir baigné dans la clarté des rayons de la lune, et bu par vos yeux l'essence des sylves ? » Demanda-t-il, avec dans son timbre et dans son attitude une curieuse mixture de malice, de lyrisme et de délicatesse.

Quelque peu daté, peut-être, mais délicat, tout comme le fut le mouvement du faune qui laissa la main de la jeune fille pour positionner son pouce et son index de part et d'autre de son menton légèrement saillant... non pas en l'épinglant, comme il avait vu avec amertume tant de maîtres abusifs le faire, mais en le frôlant, comme on approche en premier lieu une chose ravissante en prenant garde de ne pas l'abîmer. Mouvement fluide et fugace, avant qu'il ne ramenât doucement son bras vers lui, allant ensuite le laisser simplement reposer sur son poignet gauche.
« Modifié: dimanche 16 septembre 2012, 04:31:21 par Hypocras »
Ah, les gars d'aujourd'hui ne savent plus faire la fête. Les Bacchanales d'avant, ça c'était le bon temps ! Maintenant, tout ça s'est perdu. Consternant.
Fiche de personnage


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