Une mission piégée ? [PV THT]

La moto de Lorenza était grosse, même si on ne le voyait pas au premier coup d’œil. Elle était futuriste, en ce sens qu’elle disposait d’une console de commande informatisée permettant d’ouvrir une série d’ailes à gauche et à droite de la moto, les ailes abritant des armes supplémentaires. La moto en elle-même disposait d’un système d’armement sommaire, ainsi que de sangles et de ceintures, que Lorenza avait utilisé pour attacher les deux hommes dans son dos. Elle lui expliqua sommairement cette histoire, avant de grimper dessus, et de poser ses mains sur le guidon.

« En piste, boy ! »

La moto se mit à rugir, et Lorenza avança rapidement, filant sur une route usagée, tout en posant ses doigts sur l’écran, faisant apparaître une carte GPS permettant de voir sa distance par rapport à Anachore. Elle atteignit rapidement les 200 km/h, le vent s’insinuant dans ses cheveux. Contrairement à la moto de Nika, celle de Lorenza était plus lente à l’accélération, mais avait une meilleure tenue de route. C’était un énorme monstre qui rugissait le long de la route, filant en plein milieu du désert, atteignant des pointes à 300 km/h. Devant Lorenza, un écran en verre, très discret, s’était ouvert pour protéger la femme des souffles du vent. La moto fonçait rapidement, sans arrêt, et, au bout d’un moment, les tours d’Anachore finirent par apparaître.

C’était une ville moche. Vu de loin, elle paraissait belle, avec tous les minarets, et les temples en forme de dôme doré. Mais, à l’intérieur, la pourriture de la ville vous agressait le corps. Un mur de protection entourait Anachore, et, à l’extérieur, il y avait les faubourgs, des espèces de bidonvilles sinistres qui étaient un enchevêtrement de toiles nauséabondes, où des bordels infâmes se mélangeaient à des trafics en tout genre. On pénétrait à Anachore par plusieurs grands corps de garde. Loreneza, naturellement, ralentit, pénétrant dans la cité. Elle avança le long d’une rue avec sa moto, se rappelant ce que le raider qu’elle avait torturé lui avait dit. Big Jim avait une planque provisoire, que Lorenza aurait pu aller fouiller, mais elle préférait se concentrer sur Bonemasha, qui pourrait lui indiquer l’emplacement du repaire principal de Big Jim. Bonemasha était quelque part dans cette ville.

Lorenza arrêta sa moto devant une cantina où des accents de musique baroques s’échappaient des fenêtres.

« Vous avez du voir des tags sur certains murs... Ils indiquent les couleurs des différents gangs dirigeant cette ville. Bonemasha en contrôle la plupart... Pendant longtemps, tous les gangs appartenaient à Big Jim, mais, depuis quelques années, la concurrence est venue s’installer ici. »

L’Héroïne descendit de la moto, sans faire attention aux badauds qui mataient la moto et ses fesses. Elle expliqua à Mach qu’il y avait, globalement, cinq gangs à Anachore :

• Les Raptors, qui étaient au service de Big Jim ;
  
• Les Vipers, qui étaient traditionnellement en guerre contre les Raptors ;
  
• Le Red Sun, une organisation criminelle à la hiérarchie militaire, qui concurrençait férocement les activités de Big Jim ;
  
• Le Techno-Crime, qui était une autre organisation criminelle tekhane, ayant une branche d’activité à Anachore ;
  
• Les Sons of Rebellion, un gang qui était généralement en guerre contre les autres.

La présence de tous ces gens indiquait clairement l’importance stratégique qu’Anachore avait au sein du crime organisé, et toute la difficulté que l’État tekhan avait à imposer sa loi. Elle entra dans la cantina, qui ressemblait à une espèce de bar assez grand :

Lorenza, une fois à l’intérieur, regarda Mach Bonin :

« Pour retrouver Bonemasha, il faut s’attaquer aux Raptors. Cette cantina est dans le quartier des Vipers. Eux seuls peuvent nous aider, mais encore faut-il qu’ils nous fassent confiance. »

Mach ignorait tout des capacités réelles de la moto, et Lorenza se garda bien de lui dire, et ne répondit pas à sa question. Non, elle se contenta de préparer le départ en se rapprochant de la moto, suivi du mercenaire, qui s'assura bien qu'il ne perdrait aucune de ses deux armes encombrantes. L'héroine n'avait pas voulu lui répondre, mais, cela n'allait pas être l'homme qui allait lui en vouloir. Peut être que la demoiselle gardait çà secret pour le surprendre le moment où elle aurait besoin de montrer les capacités réelles de l'engin. Quoi qu'il en fut, Mach monta derrière Lorenza qui ne tarda pas à mettre les gaz. Ce qui surprit Mach, qui s'accrocha à sa taille sur le moment, tellement l'accélération était grande, par rapport aux véhicules conventionnels dont il était habitué. Une fois la vitesse de croisière atteinte, et donc un rythme plus régulier, il la lâcha pour s'accrocher où il le pouvait, sans s'occuper du décor, puisqu'il n'avait pas le temps de le contempler de toute façon.

La ville se fit alors visible, et sa beauté lointaine ne dura qu'un instant quand cela fit place à l'amoncèlement de détritus et autres bidonvilles. Mais, cela n'avait finalement rien de surprenant quand on voyait dans quel univers, et type de climat, elle s'était élevée. Lorenza ralentit alors, en pénétrant dans les faubourgs, et se mit à expliquer au mercenaire la situation, et donc l'existance d'un certains nombre de gangs, tous rivaux évidemmet. Mach l'écouta alors, emmagazinant les informations.

- Ce qui ne doit pas lui plaire, même si cela va surement arranger tes affaires, non ?

Dit il de façon un peu amusé, alors que la demoiselle finissait par arrêter la moto prêt d'une cantine, qui servait plus de bar que de restaurant en vérité, au nombre de badauds assit au comptoir.

- Et une idée de comment faire ?

Dit il en ayant enjambé la moto pour en descendre. Il se demanda alors s'il devait s'équiper de son armement assez encombrant, et après quelques mots sur le sujet avec Lorenza, et la sécurité de la moto donc, Mach décida de ne conserver que sa SMG pour se fondre plus aisément dans le décor.

- Bon, je vais me rapprocher pour voir si j'arrive à glâner quelques infos !

Dit il en souriant plein de sous entendus. En effet, il se disait qu'il passerait bien plus inaperçus que Lorenza, qui se faisait déjà bien reluquer par les divers hommes du coin. Mais, le sens caché n'était pas que dans ce cas là, puisque chez les sbires de sa cible, la demoiselle devait être connu, et sa présence dans cette ville ne resterait probablement pas discrète bien longtemps. Il lui fit donc un signe et se dirigea vers le bar, où il s'assit

- Un Scotch s'il vous plait !

Dit il en s'attendant presque à voir un barman mal dégrossi s'occuper de lui. Mais, non, ce fut une femme, d'age mur certes, mais plutôt bien conserver, qui vint vers lui.

- Tout de suite mon mignon !

Dit la femme, en lui faisant un clon d'oeil avant de le servir

- Tu es nouveau en ville ?
- En effet !
- Tu viens pour du travail ?
- Entre autre chose.
- Pourtant, tu n'as pas l'allure d'un gars ayant besoin de ce genre d'endroit !

S'est sur que si on se basait uniquement sur la tenue vestimentaire du secteur, Mach détonnait plutôt. Ou du moins dans le sens où ses vêtements étaient en bon états, et ne souffraient pas d'usure ou déchirures.

- Ah bon ! Pourtant, on dit que l'habit ne fait pas le moine !
- Ah ah ah ah !

Se mit à rire la barmaid avant qu'elle ne doive s'éloigner pour servir un autre client, même si elle sembla ne pas apprécié devoir quitter la compagnie de Mach. Mais, il se doutait bien qu'elle devait probablement exagérer la situation, n'étant au final qu'un divertissement pour elle, qui devait voir toujours les même client d'un jour sur l'autre. Mach continua donc à boire tranquillement son verre. Qu'il ait attiré l'attention d'autres personnes ou non, il s'en fichait. La barmaid était sans doute la meilleure source d'information dans ce genre d'endroit, puisqu'elle entendait tout et n'importe quoi, d'hommes sobres ou non d'ailleurs.

Mach décida de s’écarter de Lorenza, ce qui était sans doute un bon moyen pour lui d’obtenir des informations, et d’apprécier la température d’Anachore. Les guerres de gangs étaient monnaie courante, et, si aucun gang ne s’aimait vraiment, certains gangs se haïssaient plus que d’autres, donnant lieu à des alliances de circonstances. D’après ses dernières informations, les Vipers étaient sur la voie de la guerre avec les forces du Techno-Crime. Le Techno-Crime utilisait essentiellement des robots, des drones, et des cyborgs pour se battre, ce qui en faisait un gang redoutable, mais aussi un colosse aux pieds d’argile. Ils avaient besoin de beaucoup d’équipements pour faire fonctionner leurs équipements, et on accusait actuellement les Vipers d’avoir volé la cargaison en composants électroniques que le Techno-Crime attendait. Dans ce bar, on voyait les logos des Vipers sur les murs, un serpent en train de siffler, enroulant dans sa queue une silhouette indiscernable. Mach se rapprocha de la barmaid, et Lorenza s’avança un peu, le long des tables.

Des clients buvaient, jouaient au poker, au Caravan, ou encore au pazzaak. Le jeu était un bon moyen de délier les langues, et elle trouva son contact. C’était un lieutenant Viper, qu’on appelait « Two-Guns », ou TG. TG leva la tête en voyant Lorenza, souriant légèrement, battant les cartes entre ses mains.

« Une partie, ma douce ? » plaisanta-t-il.

Lorenza n’allait pas refuser. Le pazzaak n’était pas un jeu très difficile à jouer, une fois qu’on avait saisi le truc. Lorenza sortit de sa poche son jeu de cartes, et sélectionna trois cartes, constituant son jeu d’appoint. Il y avait, globalement, deux types de cartes, d’une valeur allant de 1 à 10 : celles ajoutant des points, et celles en supprimant. Le jeu d’appoint comprenait dix cartes, et, parmi ces dix cartes, trois étaient sélectionnés au hasard par l’autre joueur, afin de constituer la main du joueur. Ces trois cartes n’étaient pas renouvelables dans la partie, et étaient donc à placer avec parcimonie. Pour le reste, le pazzaak se déroulait jusqu’à avoir trois manches gagnantes pour un joueur, et consistait à placer sur son jeu une série de cartes afin d’atteindre une valeur inférieure ou égale à 20. Les cartes à placer étaient dans un tas de cartes, et on tirait celle étant la plus élevée pour la placer, avec possibilité de mettre, à son tour, une carte, soit pour se rapprocher de 20, soit pour écarter l’adversaire de la somme.

Anachore appliquait les règles standards du pazzaak, et les deux adversaires se mirent à jouer. La main de Lorenza était plutôt bonne : +2, -3, et +1. Le joueur amateur mettait généralement de grosses cartes dans son jeu d’appoint, mais c’était une erreur.

« Alors, que viens-tu faire dans ce trou à rats, Striker ?
 -  Je cherche une petite souris. »

TG sourit, montrant l’une de ses dents en or. À Anachore, on avait souvent des fausses dents, à force de se faire frapper. C’était une sorte de curiosité locale, en somme.

« Ah... On en cherche tous une, pas vrai ? poursuivit l’homme, un léger sourire sur les lèvres.
 -  Une petite souris qui peut mener à un gros rat... Du genre bien dégueulasse. »

TG hocha la tête, maintenant le silence pendant quelques secondes, continuant à poser ses cartes. Lorenza gagna la première manche, ayant 19, et lui terminant avec 26. Dès qu’on dépassait 20, sans avoir de cartes négatives dans son jeu, c’était perdu. Toute la stratégie consistait à savoir quand s’arrêter. Si on avait un 15 ou un 16, fallait-il arrêter là, ou demander à être servi, au risque de finir avec une somme largement supérieure à 20 ? TG avait pris ce risque, et avait logiquement perdu.

« Tu cherches Bonemasha, pas vrai ?
 -  On ne peut rien te cacher, TG. »

Il sourit, amusé.

« J’ignore où il se trouve... Mais je sais comment le trouver. Tu as entendu parler de cette histoire, n’est-ce pas ? Le vol de composants ? C’est un coup monté, les gars ont rien à voir avec ça. Les Raptors veulent que le Techno-Crime nous attaque, afin de pouvoir nous atomiser, et ces cons de technocrates y voient que du feu. »

Comme Lorenza l’avait expliqué à Mach, à Anachore, on avait rien sans rien. Se mêler aux interminables problèmes entre gangs ne plaisait pas vraiment à Lorenza.

« Donc, tu veux ramener la cargaison volée au Techno-Crime ?
 -  J’ignore où se trouve la cargaison. Ce que je veux, c’est empêcher une alliance entre ces abrutis et les Vipers. Et c’est là que tu peux te rendre utile.

TG lui expliqua qu’il avait obtenu des informations sur une planque appartenant au Techno-Crime, dans un quartier d’Anachore, grâce à une taupe infiltrée chez les Raptors. Si Lorenza allait la détruire, le Techno-Crime accuserait les Raptors. Lorenza avait deux raisons de le faire : d’une part, ceci la rapprocherait des Vipers, et, d’autre part, ça embêterait les Raptors, et donc, en définitive, Bonemasha et Big Jim.

C’était donc une occasion à saisir.

Mach, peu après être descendu de la moto et écouter les informations transmise par Lorenza, s'était éloignée d'elle pour se rapprocher du bar. Elle pourrait penser qu'il allait en profiter pour s'amuser et boire quelques verres. Mais, s'il comptait bien boire, au moins un peu, cela n'était pas pour s'amuser. Non, ce genre d'endroits, comme les bordels, étaient souvent les plus propices aux rumeurs, et autres informations. Par conséquent, il serait aisé de récolter des informations sur ce que la demoiselle recherchait sans pour autant attirer l'attention sur eux. Il échangea donc quelques politesses avec la barmaid, rien de bien enrichissant pour le moment, avant qu'elle n'aille s'occuper d'un autre client.

Le mercenaire en profita alors pour tourner légèrement la tête, constatant que la demoiselle qu'il accompagnait venait de rejoindre un homme à une table et s'apprêtait à jouer à une partie de carte visiblement. Il sourit alors en se disant que d'une certaine façon, elle suivait le même raisonnement que lui, bien qu'elle semblait déjà connaitre l'homme avec qui elle discutait. Lorenza avait donc déjà ses sources en ce lieu, mais cela n'avait rien de surprenant au final se dit Mach.

- Alors, on espionne les jolies femmes !

Dit alors la barmaid qui était revenue vers le client. Mach en fut surprit, mais sans plus, puisqu'il avait été loin de réellement cacher son regard. Mais, il le ramena alors vers la barmaid.

- Pas spécialement ! Répondit il avec non chalence.
- Ah bon, s'est l'impression que vous donnez pourtant !

Poursuivit la femme, laissant Mach se demander ce qu'elle cherchait à lui tirer comme information. Surtout qu'elle devait déjà avoir remarqué qu'ils étaient arrivés ensembles.

- Et vous, on pourrait pensez que vous espionnez vos clients !

Lança t il alors avec plaisanterie à la barmaid qui se mit à rire. Mais, Mach avait vu juste, même si cela n'était pas un trait exceptionnel chez les barmans. D'autant plus que ceux ci savaient souvent aussi très bien gardés leur langue en général. Par conséquent, cela devait être plus par intérêt que par curiosité que la dame avait mentionné le comportement du mercenaire, car oui, comme tout homme ou femme de sa profession, si elle était curieuse, elle faisait simplement passé cela pour un entretien de conversation et rendre ainsi le lieu plus convivial.

- S'est donc elle votre travail !

Reprit la femme plus sérieusement, faisant référence à un travail de surveillance ou de protection donc.

- D'une certaine façon, même si on pourrait plus la qualifier de mon employeur, puisque j'ai une dette envers elle !
- Et vous cherchez à vous en acquittez donc....

Répondit elle, en laissant sa phrase en suspens, et Mach n'ajouta rien sur le sujet, puisque cela était inutile. Le mercenaire était retourné à son verre.

- Sinon, j'ai entendu dire que les diverses factions de la ville se tiraient la bourre assez souvent !
- En effet, et cela semble chauffer ces derniers jours !
- Ah comment çà ?
- Et bien, les Vypers et le Techno-Crime sont proche de se déclarer la guerre à cause d'un convoi soi disant volé au second par le premier.
- Soi-disant ?
- Bah, d'après les rumeurs, cela serait un coup des Raptors pour mettre le feu aux poudres chez ses rivaux.
- Et personne n'a cherché à creusé dans ce sens ?
- Le port des oeillères est bien connus chez les bandits !

Dit elle avant de se mettre à rires, alors que Mach se contentait de sourire. Il avait donc des informations, et avait écouté, et posé des questions avec attentions. Mais, ce qu'il ignorait, s'était que Lorenza avait eu finalement les mêmes dans un sens.

- On raconte aussi que les gars du Techno-Crime ont enlevé une gamine, mais personne ne semble savoir pourquoi.

Poursuivit la barmaid sans avoir de raisons spéciales pour cela.

- Et elle avait quelque chose de spéciale cette gamine ?
- Alors çà, je l'ignore. Peut être ont ils seulement besoin de fond et qu'ils comptent la vendre sur le marché aux esclaves !

La barmaid venait de faire une supposition là, mais Mach ne montra aucun sentiment particulier face à ce qu'il venait d'entendre. Il savait que cela était quelque chose de courant, et que tenter de lutter contre le système serait inutile. Après tout cela devait être un acte comme un autre dans ce genre d'endroit.

Two-Guns n’était pas un homme de confiance. À Anachore, on ne pouvait faire confiance à personne, de toute manière. Lorenza lui avait déjà rendu service par le passé, et l’inverse était vrai. Cependant, elle ne le considérait pas comme un allié, plutôt comme quelqu’un qui avait les mêmes ennemis qu’elle. Ceci voulait dire que, à tout moment, TG pouvait la trahir. Pour autant, TG savait de quoi Striker était capable, et négliger l’aide disponible n’était pas dans son style. S’il pensait que le Techno-Crime risquait de s’allier avec les Raptors, il avait toutes les raisons de s’inquiéter. Faire la basse besogne des gangs de rue ne plaisait pas énormément à Lorenza, mais elle n’avait pas le choix. Elle pouvait aussi partir seule à l’assaut, mais Anachore était une ville dangereuse, où les gens parlaient difficilement. Sans une assistance interne, elle aurait bien du mal à mettre la main sur Bonemasha.

Il savait qu’elle accepterait. Ce n’est pas comme si elle avait le choix. Il fallait capturer l’un des chefs du Techno-Crime, les Vipers se chargeant ensuite de semer la zizanie entre le Techno-Crime et les Raptors. Toute la difficulté serait de le capturer. TG, tout en jouant au pazzaak, lui indiqua que la cible était dans un entrepôt du quartier industriel d’Anachore, une succession de longues rues, de hangars fermés, d’usines désaffectées et de centres de traitement des minerais et des cristaux que les mines d’Anachore produisaient, et traitaient ici. L’entrée principale de l’entrepôt était évidemment surveillée, il y avait une clôture électrifiée, mais la forteresse présentait plusieurs failles.

« Tu peux passer par les égouts. L’entrepôt dispose d’un système d’égouts privé, mais je connais une entrée, que mes hommes ont creusé. Cependant, les égouts sont également surveillés, donc il faudra se méfier. Si les caméras repèrent ton joli minois, ma belle, tout l’entrepôt se fermera automatiquement. »

Lorenza n’était pas vraiment douée pour l’infiltration. Une autre solution était de passer par un entrepôt adjacent, afin de rejoindre l’entrepôt principal. Une fois à l’intérieur, même si l’entrepôt se verrouillait, l’Héroïne serait sur la place. Cependant, il fallait s’attendre à rencontrer des cyborgs, des robots de combats, et un solide système de sécurité informatique. Sa cible, répondant au doux nom de Jar-IV, était un scientifique qui s’était fait greffer des implants neuronaux pour renforcer ses capacités intellectuelles, et restait cloitré dans son bunker, un laboratoire futuriste. TG avait peu d’informations à communiquer sur cet endroit.

« Ça m’a tout l’air d’être une mission-suicide..., commenta une Lorenza sceptique.
 -  Tu doutes trop de tes capacités, joli cœur. Mais rien ne te force à accepter.
 -  Si je le fais, TG, tu me diras ce que je veux savoir sur Bonemasha.
 -  Promis-juré. »

Son sourire puait le mensonge, mais Lorenza savait qu’elle allait devoir se contenter de ça. Il lui avait indiqué les coordonnées de l’entrepôt. Deux entrées possibles : des égouts puants, ou un entrepôt qui permettrait de rejoindre celui de Jar-IV. Lorenza se releva, et fit signe à Mach de la suivre. Elle sortit dehors, rejoignant la moto, et lui expliqua ce qu’elle avait trouvé.

« Libre à toi de m’accompagner ou de mener ta petite enquête. »

Assit au bar, Mach n'avait pas consciende du sujet de discussion de Lorenza et de l'homme avec lequelle elle jouait. Non, lui écoutait les discussions sans importances qu'il y avait autour de lui, et papotait avec la barmaid quand elle ne s'occupait pas des clients. Par contre, il fallait bien avouer que l'information reçue, était utile, mais, il devrait en parler à l'héroine pour savoir comment procéder. D'un autre côté, il n'était pas là pour lui donner des ordres, mais d'une certaine façon pour les suivre en l'assistant dans son opération.

- Vous avez un portrait de la demoiselle enlevée ? On sait jamais si j'ai le temps....
- Non, désolé !

Répondit la barmaid à la question de l'homme qui tuait le temps désormais. En effet, ayant sans doute trouvé un coup à jouer, le reste des ragôts étaient un peu sans importance désormais. En tout cas, pour le moment.  Le problème de la petite fille n'était pas important, mais, s'il avait le temps, peut être qu'il en profiterait pour s'en charger une fois l'objectif principal rempli.

- Je crois que votre amie vous appelle !

Dit la femme à Mach qui finissait son verre. Ce dernier tourna alors la tête pour voir cela, et se leva, reportant son regard vers la barmaid.

- Je vous dois combien ?
- Rien pour cette fois ci mon chou !

Répondit alors la barmaid, qui ajouta alors que la conversation avait été suffisante, et diversifiante par rapport à d'habitude, où elle ne cessait de se faire draguer. Mach la remercia alors, et la salua avant de rejoindre Lorenza à l'extérieur. Là, la jeune femme, appuyée sur sa moto lui expliqua la situation, avant de demander au mercenaire ce qu'il comptait faire. Ce dernier avait pu constater qu'elle avait eu la même information que lui, voir même plus au final.

- Tu auras besoin d'aide, non ? Au vu de la tâche à accomplir, on ne sera pas trop de deux, tu ne crois pas ?

Par contre, cela semblait loupé pour l'utilisation d'un fusil de sniper ou d'un bazooka, même si dans certains cas le second serait utile. Mais, pour le premier, s'il devait entrer dans l'entrepôt, cela ne lui serait d'aucune utilité réelle. Il suivit alors Striker, et finit par couper le silence.

- Sinon, j'ai apprit que le Techno-Crime avait enlevé une gamine, mais j'ai pas plus d'informations. Tu saurais ce qu'ils comptent en faire ?

Demanda alors le mercenaire pour entretenir la conversation alors qu'ils étaient en route vers leur objectifs. Ils l'atteignirent d'ailleurs rapidement avec la moto de Striker. Il en descendit alors dès qu'elle s'immobilisa, pas trop pès non plus pour ne pas attirer l'attention de manière prématurée.

Seule, Lorenza doutait de réussir à infiltrer la base... Mais elle ne l’avouerait jamais devant quelqu’un d’autre, pas même devant une Héroïne. Mach avait effectivement collecté quelques informations, et lui parlait d’une fille que le Techno-Crime aurait capturé.

« Tu saurais ce qu'ils comptent en faire ? »

Lorenza répondit par la négative, un peu surprise. L’esclavage ne faisait pas partie des activités du Techno-Crime. Pourquoi capturer une fille ? Elle l’aurait compris, si ça venait de la part des Raptors, ou du Red Sun. Les premiers faisaient dans le trafic d’esclavage, et une jeune fille rapportait beaucoup. Et les seconds dirigeaient des trafics de prostitution, om, là encore, on pouvait trouver un certain intérêt pour les jeunes filles. Cependant, le Techno-Crime  était spécialisé dans les infractions liées au monde des affaires : piratages informatiques visant à déstabiliser des sociétés, espionnage industriel, etc... Ils s’enrichissaient par le biais de sociétés-écrans, utilisant leurs crackers talentueux pour percer les systèmes de sécurité de leurs rivaux, afin d’obtenir de l’argent. Ils n’avaient que faire d’une fille. Soit les informations de Mach étaient erronées, soit il y avait quelque chose qui lui échappait... Était-ce pour ça que TG lui demandait de capturer Jar-IV ? Ce n’était pas impossible, TG était un fieffé menteur, et l’argument avancé lui semblait un peu faible. Elle imaginait mal le Techno-Crime s’allier avec les Raptors pour des raisons aussi simples.

Dans le fond, ça n’avait aucune importance. Sa priorité était de retrouver Bonemasha. Si elle pouvait sauver cette fille, elle le ferait. Autrement, sa priorité était d’éradiquer Big Jim. Lorenza roula rapidement à travers les rues sinistres d’Anachore. Ce n’était vraiment pas une belle ville, même s’il y avait, ici et là, des minarets et des édifices religieux, ainsi que des places marchandes assez animées. Le quartier industriel comprenait une série d’entrepôts, de lignes ferroviaires permettant un acheminement plus rapide des marchandises, et quelques bâtiments d’habitation désolés. Les portiques étaient ravagés, et il y avait quantité de truands, sortant à l’air libre, leurs blousons en cuir et les motifs à tête de mort dans leur dos indiquant leur appartenance. Les Sons Of Rebellion. Des anarchistes.

Lorenza roula rapidement, quittant le territoire des SOR pour rejoindre celui du Techno-Crime.

« Voici l’entrepôt. »

Une longue clôture électrifiée l’entourait, et Lorenza comprit que les informations de TG étaient incomplètes. Ce n’était pas qu’un simple entrepôt, mais un véritable complexe, qui appartenait à une société : la Haxwell Corp. Lorenza était prête à mettre sa main à couper que la Haxwell était une société-écran appartenant au Techno-Crime. L’entrée était une belle route en béton avec plusieurs caméras de sécurité, un champ électromagnétique empêchant de passer sans que son générateur soit coupé. Le long de la structure, plusieurs petits blocs noirs indiquaient l’emplacement de tourelles de défense.

Lorenza fit le tour de la structure deux fois, avant de s’arrêter près d’un restaurant. Il y avait plusieurs motos lourdes des Sons Of Rebellion devant.

« C’est du suicide. Cet endroit est trop bien défendu pour qu’on s’y infiltre » grommela Lorenza.

TG voulait-il qu’elle se suicide ? Il lui avait dit qu’il existait plusieurs moyens de pénétrer dans cette forteresse, mais Lorenza en doutait. Quand bien même ce serait le cas, à l’intérieur, sans renfort extérieur, elle se ferait démolir. Cependant, y avait-il une autre solution ? Elle y réfléchissait, quand Lorenza entendit des bruits de pas.

Deux hommes s’approchaient d’eux, en tirant sur leurs cigarettes. Le tatouage sur la main de l’un d’entre eux était visible.

« Vous êtes Striker ? demanda l’homme en tirant sur sa cigarette électronique.
 -  C’est possible.
 -  Si j’étais vous, j’éviterais de trop tourner comme ça autour de l’entrepôt. Il y a des caméras partout. »

Qui était ce type ? Que lui voulait-il ? Lorenza fronçait les sourcils, suspicieuse, tandis que l’homme observa brièvement Mach.

« Je vais la faire courte. Two-Guns veut capturer Jar-IV, et nous, on en a marre de ces tarés du Techno-Crime, qui empiètent sur notre territoire, et capturent nos gars pour leurs expériences génétiques. TG vous a envoyé, car il ne veut pas qu’on sache officiellement que deux gangs doivent s’allier contre le Techno-Crime. Ça... Comment dire ça, euh, ça fragiliserait l’équilibre des pouvoirs ici... »

Lorenza soupira, agacée. Cette nouvelle histoire ne lui plaisait pas.

« TG a du vous parler d’une plaque d’égout, n’est-ce pas ? Je peux vous y emmener... Mais vous devrez descendre seule. Votre copain, là, ne peut pas descendre. Toute seule, ce sera un miracle si vous vous faites pas gauler, mais, à deux, c’est suicidaire.
 -  Et si je te proposais d’aller te faire enculer et de me lâcher les ovaires, face de chiotte ? Tu répondrais quoi ? »

L’homme se mit à sourire, nullement intimidé.

« L’accès par les égouts est le meilleur moyen de passer... Et, même en supposant que vous arriviez à passer, vous ne pourrez pas détruire l’entrepôt tout seul. C’est pour ça qu’on peaufine cette opération depuis des semaines. Vous avez peur d’être séparé de votre mec ? Rassurez-vous, dès que ouvrirez les portes, à l’intérieur, on se pointera, et vôt’mec sera avec nous. »

Lorenza n’y comprenait pas grand-chose, et fronça les sourcils.

« Ce type n’est pas mon mec, connard. Ose encore l’insinuer, et je t’éclate la gueule. »

La récolte d'informations terminée, ou du moins pour le moment, Lorenza et Mach se mirent donc en route vers le secteur industriel, où ils étaient censés y trouver un entrepôt appartenant au Techno-Crime pour s'en emparer pour le compte des Vipers. Mais, alors qu'ils passaient de quartiers en quartiers, changeant également de territoire, le mercenaire avait prit la parole pour savoir si dans ses recherches, la jeune femme avait entendu parler d'une jeune fille enlevé par ceux qui étaient désormais leur cible. Cependant, l'Héroïne répondit, d'un geste de la tête, que non, etle mercenaire n'aborda donc pas le sujet davantage. Pourtant, il avait remarqué une expression montrant le doute sur le visage de sa partenaire, ce qui lui laissa se demander pourquoi un tel enlèvement, vu que cela ne semblait pas être un acte habituel de ce groupe. Bien sur, çà, l'homme ne put en faire que la supposition par rapport à ce que lui renvoyait le visage de Lorenza.

Son regard se posa alors, tandis que le duo retrouvait le silence pendant leur progression motorisée, qui ne passait pas si inaperçue que cela, dans la ville. Lorenza dut d'ailleurs par moment ralentir, tellement la population se faisait plus dense par endroit. Cette ville avait beau être pourrie de visu, elle semblait tout de même bien animée, et on devait probablement retrouver tous les types d'activités qu'on croise dans les autres. L'entrepôt qui était leur cible, s'avéra d'ailleurs rapidement ne pas être qu'un simple bâtiment, et Lorenza, qui en fit deux fois le tour, l'avait bien comprit. Non, s'était un véritable complexe industriel, et à ce que vit rapidement Mach, avant qu'elle ne s'arrête près d'un restaurant donnant sur l'accès principal du complexe niveau point de vue, s'était qu'il était vraiment bien protégé.

- Une vraie forteresse, porbablement aussi capable qu'une bonne base militaire !

Ajouta le jeune homme, en descendant de la moto, suite au commentaire de Lorenza. Celle ci n'était pas encore descendue que deux individus se rapprochèrent et l'interpellèrent, attirant également le regard du mercenaire. En effet, il en vint à se demander s'ils n'étaient pas déjà remarqué, puisque Lorenza ne lui avait nullement parlé qu'ils devraient rencontrer des contact de son commanditaire avant l'attaque. Par contre, il sourit de façon amuser en les voyant fumer une cigarette électronnique.

*De simples bambins alors ou des rigolos !*

Pensa t il avant de sortir une cigarette, une vraie, à son tour, et l'allumer, alors que Lorenza se chargeait de discuter. Et visiblement, elle n'apprécia pas la façon dont les hommes lui avaient parlé, et comme il considérait sa relation avec Mach. Cette fois, l'homme s'était bien gardé d'afficher quelconque expression sur son visage, se contentant de fumer. Il avait par contre bien noté la remarque sur les enlèvements pour des expériences génétiques.

- Ah et quelles genres d'expériences alors font ils ?

Dit il, ignorant le sujet principal sur l'infiltration du complexe, qui s'avérait délicate, et auquel Lorenza n'avait visiblement pas encore prit de décision. L'un des deux hommes, celui resté silencieux, se tourna alors vers le mercenaire.

- Comment voulez vous qu'on le sache ? On n'a encore jamais recroisé nos gars qui ont été enlevé !

Cela avait été prononcé assez froidement, et n'engageait finalement rien de bon pour la jeune fille. En effet, si les captifs n'avaient pas refait surface quelque part, s'était probablement que les expériences étaient des échecs et donc que les victimes étaient mortes.

- Mais, serait il possible qu'elles soient menées dans ce complexe ?

Poursuivit il, sans se vexer par rapport au ton de l'homme, alors que Lorenza ne s'était pas privé de répondre sèchement elle. Mach avait jugé que s'énerver aurait sans doute rendu leur situation précaire, et déclencher un conflit ici n'aurait pas fait leur affaire.

- S'est possible ! Ces tarés du Techno-Crime sont toujours en train de concevoir quelque chose quand ils ne sont pas dans des conflits ou dans leurs magouilles. Clea ne serait pas surprenant que toutes leurs installations possèdent un laboratoire en leur sein.

Avait donc répondu l'homme, plus calmement, mais toujours de façon déplaisante. Il était donc possible que la gamine soit dedans, tout comme elle pourrait avoir été emmené ailleurs. Après tout, rien n'indiquait aussi que l'enlèvement avait bien été fait pour obtenir un cobaye pour des expériences, même si cela semblait le plus probable visiblement.

- Alors que comptes tu faire ? Leur faire confiance et l'un de nous s'infiltre par les égouts ? Je peux y aller si préfère la jouer plus directe une fois les défenses ouvertes. Ainsi, ceci fait, pendant qu'ils seront occupés à tenter de repousser votre assaut, je pourrais vérifier si la gamine se trouve bien dedans. Ou l'inverse, tu t'infiltre, et va chercher leur chef pendant qu'on s'occupe d'attirer le gros des troupes. Tu en penses quoi ? A moins que t'es un autre plan ?

Proposa alors Mach à Striker en se tournant vers elle. Probablement que la remarque sur la confiance à accorder ne plairait pas aux deux hommes présents, qui entendaient la conversation, mais d'un autre côté, s'était aussi une question de logique, et il faudrait être naïf pour avoir confiance en de telles personnes à la première rencontre. D'un autre côté, Lorenza l'avait bien fait pour lui, ou en tout cas devrait le faire si elle décidait de le laisser s'infilter à sa place.

S’infiltrer plaisait moyennement à Striker, qui n’était pas vraiment un as de l’infiltration. Il aurait fallu faire appel à Brainstorm pour ce genre de trucs, car elle était plus habituée qu’elle à se glisser dans des endroits étroits. Two-Gun s’était bien foutu d’elle ! Lorenza enrageait, encore plus qu’elle discutait avec des bleus. Mach se proposait donc de s’infiltrer à sa place, tout en essayant d’obtenir des informations sur ce que le Techno-Crime faisait de ses prisonniers. Il ne risquait pas d’obtenir grand-chose. Les Sons Of Anarchy étaient des individus emportés, des fous furieux, que le Techno-Crime considérait comme des primates décérébrés, à peu près aussi intelligent que des raiders... Ce qui n’était pas totalement faux. Faire équipe avec eux faisait horreur à Lorenza, mais, à seulement deux, ils n’auraient aucune chance contre la forteresse de leurs adversaires.

« Soit... Tu t’infiltreras, Mach, et je resterais avec eux pour te porter secours. Mène-nous à ton chef.
 -  Suivez-moi. »

Le groupe s’avança, entrant dans le bar. C’était un petit établissement miteux, avec des serveurs automatisés, une musique de vieux rock insupportable, de la bière, de la cigarette à outrance, et un déballage de machisme masculin à vous faire envier toutes ces pétasses tekhanes manifestant pour l’unicité des sexes. C’était un sinistre boui-boui, et Lorenza s’avança lentement, regardant autour d’elle. Quel endroit infect ! Vivement qu’elle se tire d’ici, tiens !

« C’est par ici. Notre chef vous expliquera ce qu’il faut faire. »

Ils allèrent dans un couloir à l’arrière, rejoignant un escalier qu’ils entreprirent de descendre, pour atteindre une sorte de long couloir souterrain avec des lumières dans les coins. Le groupe atteignit rapidement une pièce avec une solide porte en acier, qu’on ouvrit à l’aide d’un mot de passe. L’un des chefs des Sons Of Anarchy était derrière, avec plusieurs hommes. Il s’appelait Scabbs, et avait une allure très particulière. Lorenza fut un peu surprise de le voir. Il était assez différent des autres types qu’elle avait croisés jusqu’à l’heure.

« Voici donc Striker, commenta Scabbs en croisant les bras. Votre réputation vous précède, chasseuse de raiders. »

Lorenza haussa les épaules. Il n’était pas si surprenant que ça qu’on la connaisse, car elle se rendait fréquemment à Anachore. Pour autant, il était toujours agréable qu’on la reconnaisse. Le regard de Scabbs se porta ensuite sur Mach.

« Et vous êtes ?
 -  Quelqu’un de fiable, répliqua Lorenza. Il aime bien se faufiler dans les trous et les endroits puants. »

Sourire sardonique. Scabbs fronça lentement les sourcils, mais n’ajouta rien. Il devait savoir que Lorenza n’aimait pas les négociations interminables, et s’avança vers une porte métallique à droite. Ils étaient dans une espèce de petit bunker, et la ventilation parvenait à peine à rendre l’air respirable. Il faisait chaud, et Lorenza, comme à son habitude, n’accordait aucune importance aux regards lubriques qu’on lui faisait.

« Nous y voilà », indiqua Scabbs.

Le trio se rapprocha d’une sorte de tunnel creusé dans le mur, soutenu par des poutres. Une énorme perceuse avait visiblement permis de faire une brèche.

« Ce trou mène à une évacuation des déchets de l’entrepôt du Techno-Crime. Nous avons envoyé des éclaireurs. »

Scabbs décrivit l’endroit comme une sorte de long tunnel de maintenance, avec des lueurs rouges, des mines, des rayons lasers, des caméras de sécurité, des caisses, et d’énormes tuyaux à gauche et à droite, ainsi que de redoutables robots-lames, qui vous déchiquetaient la peau.

« Au fond du couloir, il y a une échelle. Il vous faut trouver la console de sécurité qui permet d’actionner les défenses extérieures, et la détruire. Nous serons quand ce sera fait. Venez. »

Scabbs se remit à marcher, et les conduisit à un escalier métallique. Ils arrivèrent dans une sorte de bureau informatique avec des machines énormes et bourdonnantes, et d’énormes écrans avec des résolutions de couleur ancestrales, affichant des images vertes terriblement pixellisées. Si Ryouka s’était retrouvée dans un tel bunker, elle aurait fait une crise cardiaque.

« Nous avons parfois accès aux images de surveillance d’un satellite tekhan, mais les défenses extérieures comprennent des relais qui brouillent le signal. Si vous désactivez le système de sécurité externe, nous pourrons passer. Nous aurons une fenêtre d’action de deux minutes avant que les générateurs secondaires ne s’activent... Mais ne vous en faites pas, c’est plus qu’il n’en faut. »

Ce tunnel avait l’air d’être un véritable coupe-gorge. Scabbs n’avait risqué aucun de ces hommes, car c’était une brèche que le Techno-Crime ignorait. Lorenza avait confiance en Mach. Il avait survécu aux raiders. Il était endurant. Et, s’il se plantait, elle, elle serait toujours en vie.

« On commence dès que vous voulez... J’espère que Two-Gun vous paie bien. »

La discussion dans les rues devant l'entrepôt dans lequel devrait pénétrer Lorenza et Mach, ne tarderait pas à s'achever quand le second fit la proposition à la première d'être celui qui s'infiltrerait par les égoûts. Proposition que la jeune femme ne sembla pas refuser, et même accepter avec un certain plaisir. Nul besoin d'imaginer que cela était parce que la demoiselle n'avait simplement pas voulu se salir dans des tunnels étroits et des plus sales. Quoi qu'il en fut, le duo dut alors suivre les deux hommes des Sons of Anarchy (décidément, cela me fait trop penser à la série du même nom, même si je ne l'ai pas suivi) qui les conduisirent dans un bar que Strikers ne sembla pas apprécier à la vue de son expression de dégouts, ou du moins le regard qu'elle laissa transparaître

- Quoi! Me dit pas que te retrouver dans un lieu où il n'y a que des hommes te mets mal à l'aise tout de même !

Plaisanta Macj; la clope toujours au bec. Bon, il fallait bien avouer qu'au vue des regards, sans parler de l'état de crasse du lieu et des clients, cela n'avait rien d'un lieu plaisants. En tout cas, ce que remarqua principalement le mercenaire, qui lui n'était pas dérangé par la musique où l'excès de fumée. Il avait voulu détendre l'atmosphère, mais, il se doutait bien que cela ne serait pas le cas. Il se contenta donc de suivre les duos d'hommes et Lorenza, jusqu'à une salle au sous sol, veillant bien à mémoriser le code de sécurité pour entrer dans la salle. On ne savait jamais, cela pourrait être utile.

Pénétrant donc dans le QG des Sons of Anarchy, ou du moins ce qui leur servait de base d'opération ici, Mach et Lorenza firent la connaissance du chef de groupe, qui semblait finalement assez banal en apparence. Encore une fois la réputation de Striker n'était plus à faire, mais cela n'avait rien de surprenant, puisque si les sous fifres la connaissait, leur chef était évidemment au courant également.

- On va dire çà comme çà, même si s'est souvent le travail qui m'y oblige !

Se contenta de dire, à la suite de la réponse de sa partenaire, suite aux regards et la questions sous entendu sur son identité. L'homme ne chercha en tout cas pas plus à leur poser des questions, et les guida vers l'entrée du tunnel en leur faisant un topo sur la situation.

- Pfiou, cela en fait des systèmes pour un simple tunnel !

Lâcha le mercenaire à l'écoute de la longue liste des systèmes de sécurité qu'il aurait à éviter pour pénétrer dans la souricières. Et cela n'allait pas être une partie de plaisirs, et le plus dur étant probablement le cas des robots patrouillants, surtout si cela se combinait avec les rayons lasers et les caméras de surveillances, le tout simultanément qui rendrait donc l'approche discrète totalement impossible au fond, puisque la neutralisation était impossible dans ce cas. Passé outre un système à la fois était aisé, deux plus compliqué, mais alors trois, s'était quasiment du suicide.

En tout cas, Mach devint songeur alors que le groupe se dirigeait vers une salle d'opération où le chef du groupe allié continua a expliquer son plan. Le mercenaire n'était que peu attentif, déjà occupé à chercher un moyen de passer outre tout ce à quoi il allait devoir avoir affaire.

- Se ne sera pas aussi rapide dans ce tunnel ! Il n'y a vraiment aucun accès plus simple. Ou une ruse qui pourrait nous faire entrer, comme un cheval de Troie ?

Demanda Mach, après la remarque de l'homme sur la fenêtre ouverte qu'il y aurait une fois le système de sécurité externe débranchée avant qu'il ne se réenclenche. Il avait alors évoquée la ruse que les grecs avaient usés, ne se souvenant plus de la faction cependant, juste qu'elle était dirigée par Achille lui semblait il; avaient usé pour s'emparer de la cité de Troie. Il se demandait si un tel système, avec un appât suffisant pour faire baisser les défenses du Techno-Crime bien sur, ne serait pas suffisant pour entrer, plutôt que devoir se farcir et des heures et des heures d'infiltrations à hauts risques dans un tuneel surprotégés.

[HRP]J’ai fait une erreur dans mon précédent post, que je ne vais pas essayer d’éditer pour le moment, en raison de ma connexion laborieuse. Il ne s’agit pas des Sons of Anarchy, mais bien des Sons of Rebellion, j’ai confondu x)[/HRP]


« Ce ne sera pas aussi rapide dans ce tunnel ! Il n'y a vraiment aucun accès plus simple. Ou une ruse qui pourrait nous faire entrer, comme un cheval de Troie ? »

Bras croisés, Lorenza esquissa un léger sourire devant ce plan. Scabbs ne tarda pas à lui répondre, bras croisés.

« S’il existait une solution plus simple, nous n’aurions pas fait appel à vous. »

C’était logique. Ce sale Two-Guns s’était vraiment moqué d’elle. C’était une mission-suicide ! Il ne faisait pas ça uniquement pour donner à Lorenza l’information qu’elle recherchait. Est-ce qu’il cherchait à se débarrasser d’elle ? Two-Guns n’avait aucune raison de se méfier d’elle, mais, à Anachore, il n’y avait parfois pas besoin de raison pour se méfier de quelqu’un. La paranoïa ambiante de la ville était amplement suffisante. Elle allait avoir une discussion sérieuse avec Two-Guns quand ça serait fini. Mais encore fallait-il, pour cela, terminer cette mission.

« Les portes ne s’ouvrent que quand des camions de maintenance entrent. Ils appartiennent à Haxwell Corp. Nous en avons déjà volé un, et avons tenté d’entrer... D’appliquer ta stratégie. Mais l’endroit est extrêmement bien surveillé. Des canons électriques ont tué tous nos hommes. »

Quand il disait que la sécurité était solide, il ne plaisantait pas. Ce tunnel ressemblait à un véritable enfer, mais Lorenza sentait qu’elle pouvait le faire. Ce n’était pas de la vantardise. Elle savait qu’elle était douée. Elle pouvait vraiment le faire. Elle pouvait réussir. Lorenza était une Héroïne. S’il n’y avait aucun autre moyen, elle n’allait pas épiloguer pendant des heures, elle n’en avait pas la patience. Mach hésitait, n’ayant visiblement pas envie de mourir. Elle grogna, en secouant la tête.

« Je vais aller dans ce tunnel, je désactiverais ces putains de boucliers, et vous avez intérêt à rapidement ramener vos fesses ! »

Scabbs hocha la tête. Lorenza ne dit rien de plus, et s’avança vers le trou creusé par les machines des Sons Of Rebellion. Un sourire amusé éclairait les lèvres de Scabbs, tandis que ses hommes se mettaient à parier sur les chances de succès de Lorenza. Honnêtement, Striker avait surtout voulu de l’action. Poireauter pendant des heures, échafauder des stratégies fumeuses et des plans tortueux, ce n’était pas pour elle. Elle laissait ça aux autres. Elle allait entrer dans cette base de merde, et en finir avec cette histoire. Elle remonta le long du tunnel, se rapprochant du couloir, et s’arrêta prudemment, regardant brièvement. Elle vit une série de tuyaux, et s’avança un petit peu, posant le pied sur le béton.

Scabbs, de son côté, tourna sa tête vers Mach.

« Sacrée femme, hein ? Mais il se pourrait que cette folle le fasse... Suis-moi, petit, je vais te montrer nos hommes... Et redis-moi comment tu l’as rencontré, je n’ai pas très bien compris ce qu’elle a dit en parlant de trous et d’endroits puants... »

La stratégie avançée était loin d'être des plus simples à mettre en place, ou du moins à réussir. En effet, pour cela, il allait falloir que celui qui passerait par le tunnel arrive à entrer sans avoir déclenché un seul des systèmes de sécurités présent. Il était donc normal pour Mach, qui s'était désigné pour accomplir cette tâche, de s'assurer que cela était la seule façon de faire avant de courir ce risque assez gros. Mais, la réponse du chef adverse laissa bien comprendre qu'il n'y avait pas d'autres options. En effet, le coup du cheval de Troie n'avait pas fonctionné, soit parce que le Techno-Crime avait été informé du vol de camion, et donc il suspectait ceux ci, soit il avait un système capable d'identifier aisément les passagers de ce dernier.

Le mercenaire soupira donc, n'ayant guère d'autre choix. Mais, avant qu'il acquiesse et se "résigne" à aller dans ce tunnel de l'enfer, Lorenza, qui s'impatientait clairement décida de la faire elle même.

- Att.....

Trop tard, il n'eut pas le temps de l'interpeler pour dire qu'il le ferait, qu'elle avait déjà disparu dans l'embouchure de la galerie donnant sur les égoûts. Son idée de fouiller le complexe une fois la sécurité désactivée tombait à l'eau, ou en tout cas dans son plan initial. Mais, cela n'était finalement pas le plus important. Non, Mach se demandait toujours, et sérieusement contrairement aux hommes derrière lui, quelles étaient les chances de réussites d'une telle entreprise. D'autant plus qu'avec le comportement enflammé, d'après ses premières impressions, Mach se doutait que Striker aurait du mal à la jouer tout en finesse, chose requit dans le genre de situations dans lequel elle s'embarquait.

- Il vaudrait mieux en effet, car en cas d'échec, elle n'aura pas droit à une seconde chance !

Répondit Mach à l'homme qui lui demandait de le suivre désormais pour préparer la suite de l'opération, au cas où Lorenza réussisse en effet.

- Elle m'a ssimplement sortit d'un charnier de Raiders, qui m'y avaient jeté en pensant m'avoir tué !

Répondit le mercenaire, alors qu'ils remontaient vers le bar où attendait donc le reste de l'unité. Le pire était qu'il semblait y avoir de tout, de la canailles pure et simple à des mercenaires plus ou moins bien équipés. Cela en était presque à croire que les Sons of Rebellions n'avaient guère envie de se mouillés eux mêmes. Mais, après, Mach se trompait peut être, ne se basant pour le moment que sur les apparences, et les attitudes affichés par les hommes et les femmes en train de se détendre au bar avant leur prochaine mission.

SCABBS

Scabbs avait déjà entendu parler de Striker. La rumeur disait qu’elle appartenait à une sorte de gang de bombes sexy, mais il n’en savait rien. À vrai dire, tant que ça n’influait pas sur ses affaires à Anachore, Scabbs pratiquait la doctrine politique du : « Ça ne me concerne pas, donc ça n’existe pas ». Les Sons Of Rebellion constituaient un gang difficile à gérer, car le groupe se scindait en de nombreuses factions qui s’opposaient entre elles. Scabbs lui-même n’était pas le chef des SOR. Il n’existait pas vraiment de chef, à vrai dire. Tous les anarchistes se disputaient le trône entre eux, mais Scabbs était généralement reconnu comme étant un membre influent des SOR. Il avait grandi à Anachore, vu le jour dans cette ville sinistre, à l’époque où l’armée tekhane se repliait. L’armée avait fait vivre Anachore, lui avait donné sa taille actuelle. Anachore était enfoncée dans le désert, près d’anciennes bases militaires abandonnées, datant de l’époque où les Formiens avaient débarqué. Avant ça, les militaires faisaient vivre la ville, s’en servant comme d’un point d’approvisionnement pour leurs bases. La ville était dirigée par les militaires. Le marché noir s’était installé progressivement, mais n’avait réellement explosé que quand les soldats étaient partis. Anachore était une ville qui ne survivait que grâce au crime, car il n’y avait rien ici. Les industries étaient laborieuses, et la seule source de revenus venait des mines à proximité d’Anachore. Scabbs aimait toutefois cette ville, sans pouvoir se l’expliquer, car il n’y avait rien d’attirant à Anachore, rien qui ne soit vraiment authentique. Le quartier historique, regroupant les fondations du village nomade que les Tekhanes avaient transformé, était moche, sans intérêt, et ravagé par les squats et les drogués.

Pour autant, c’était sa ville, et il considérait les étrangers avec méfiance. Le Red Sun et le Techno-Crime étaient venus ici pour se développer, pour s’emparer de cette ville, mais Anachore n’était pas à eux. Les Anachoriens ne voulaient pas d’eux, et c’était pour ça que Scabbs se battait contre l’influence grandissante du Techno-Crime et de ses machines. Il se battait pour l’autonomie d’Anachore. Le gouverneur local était un mollusque sans intérêt. Un. C’était dire tout l’intérêt que Tekhos Metropolis vouait à Anachore, pour laisser un mâle au pouvoir. Anachore était à la limite de l’État tekhan, près des terres ashnardiennes, mais il était probable, vu l’explosion des trafics illégaux le long du désert, que Tekhos décide de réinvestir Anachore un jour ou l’autre, comme les militaires l’avaient fait avec d’autres villes, afin de soutenir les activités de police contre la criminalité.

Quoiqu’il en soit, la destruction de cet entrepôt soulagerait Anachore, et Scabbs espérait bien découvrir, dans les entrailles, quelques secrets, comme des bases, ou des caches. Le Techno-Crime opérait dans la métropole, et, s’il remettait ce genre d’informations aux autorités, ceci pourrait sérieusement embêter le Techno-Crime. Si la police n’avait qu’un simple rôle d’arbitre sur Anachore entre les différents gangs, dans les principales villes tekhanes, la police était beaucoup plus présente.

« Elle m'a simplement sortit d'un charnier de Raiders, qui m'y avaient jeté en pensant m'avoir tué ! » s’expliqua Mach.

Scabbs le regarda avec curiosité. Vraiment ? Ce type devait être doué, alors, car les raiders étaient connus pour ne faire aucun cadeau. À chaque fois qu’ils menaçaient d’attaquer Anachore, tous les gangs s’unissaient, vu que les raiders ne respectaient rien, et ne chercheraient qu’à détruire intégralement Anachore. Il ne fit aucun commentaire, hocha tout simplement la tête, et rejoignit le bar. Son unité était là, une série d’hommes, de tueurs, qui fumaient, buvaient, dissimulant sous leurs vêtements leurs pistolets, tandis qu’on avait fermé le bar, et qu’on posait des armes automatiques.

« Nous n’avons aucune armure de combat, expliqua Scabbs. C’est le Red Sun qui en a, et une faction, les Patriots, a tenté de leur en voler une cargaison il y a une semaine, en prévision de cet assaut... Ce fut un carnage. »

Tôt ou tard, le Red Sun risquait de poser un problème.

« Les gars, je vous présente un individu qui a survécu aux raiders ! Mach Bonin « Le Survivant » ! »

Un surnom de combat, c’était la rigueur, au sein des gangs.

LORENZA

Les sondes s’avançaient lentement, avec un énorme objectif faisant office de caméra. Lorenza s’abritait prudemment dans les recoins, derrière des caisses. Si elle détruisait une seule machine, l’ordinateur central en serait informé, et déclencherait la fermeture du complexe. Striker se mordilla les lèvres. Brainstorm aurait été plus indiquée pour cette mission, mais une Héroïne se devait d’être polyvalente. Elle voyait les sondes filer et revenir, et continua à s’avancer. Au fond du couloir, éclairée par une lumière rouge, il y avait une échelle permettant de grimper. Lorenza se mit à ramper sous les tuyaux, passant sur la droite, dans une sorte de conduit de maintenance. Les tuyaux étaient mortellement brûlants, et de la vapeur s’en échappait parfois, la forçant à s’arrêter, afin de pouvoir passer.

*Quelle chiotte !*

En sueur, Lorenza s’avança, jusqu’à atteindre un mur infranchissable. Elle s’abaissa alors, et écarta une grille, penchant lentement sa tête. Elle voyait, dans les murs, des espèces de trous incurvés, indiquant l’emplacement de systèmes défensifs, si jamais la sécurité la repérait. Les robots-lames étaient probablement au repos. Elle vit la sonde passer, et s’avança rapidement, grimpant l’échelle.

*Finalement, ce n’était pas aussi compliqué que ça...*

C’était une longue échelle de maintenance, qui lui permit d’atteindre une petite pièce métallique et sombre.

Lorenza était entrée dans la base, mais elle prit progressivement conscience que le plus dur était encore à venir, car elle était maintenant dans le ventre de la Bête. Un endroit où la sécurité devait être lourdement renforcée.

Mach n'eut pas réellement de réponse à la réponse qu'il fournit lui même à Scabbs sur sa rencontre avec Lorenza. Cependant, il semblait que l'homme avait été impressionné, comme si survivre aux Raiders était si peu commun dans le coin. Le mercenaire se fichait bien qu'il ait eu de la chance ou non sur ce coup là, l'important était qu'il était en vie justement. Et cela même si la mission qui s'annonçait risquait fortement de lui faire retrouver les portes des Enfers. Ce n'était pourtant pas quelques choses qui effrayaient le mercenaire, puisque cela ne serait pas la première fois, et s'il survivait, cela n'en serait probablement pas la dernière.

Ils finirent par entrer dans la pièce principale du bar, où toute l'unité qui allait menée l'assaut, ou du moins une partie, s'était rassemblée en attendant l'appel de Striker pour annoncer que les défenses étaient baissées. Enfin, çà, un gars surveillait peut être simplement l'entrepôt en attendant que se soit le cas pour donner le signal avant même que la jeune femme ne l'ait fait.

- Leur demander de vous fournir poliement aurait peut être été plus efficace dans ce cas ! Après tout, malgré vos rivalités, vous avez sans doute des échanges "commerciaux" entre factions non ?

Demanda Mach à Scabbs en réponse au commentaire qu'il avait fait sur le manque de protections pour ses hommes, alors que niveau armement cela ne manquait pas visiblement. En effet, le bar avait été fermé, et les joies de celui ci remplacés par les préparatifs de missions. Et pour la majorité cela se traduisait par des étalages d'armements sur les tables.

- Cela serait trop simple si cela était possible !

Se fit alors entendre la voix d'une jeune femme addosée au mur qui était à côté des escaliers qu'ils venaient de grimper.

- En effet, mais cela arrive pourtant Kasumi !

Répondit alors le chef à l'une de ses femmes, même si la liberté que prenait la jeune femme dans sa façon de parler laissait plutôt entendre qu'elle était une indépendante, tout comme Mach. Cela fit en tout cas sourire la jeune femme totalement vêtue d'une combinaison de cuir noir, et avec une capuche lui cachant une grande partie de la tête et du visage. Mais, l'attention du mercenaire ne tarda pas a être ramenée vers la salle quand l'homme l'accompagnant le présenta au groupe en l'affublant d'un surnom qui sembla en amuser plus d'un.

- Eh le caïd, on a déposé ton matériel la bas pendant que tu discutais avec le chef. Par contre, je doute que tu auras besoin de ton fusil de sniper !

Dis l'un des hommes de Scabbs qui l'avait accueilli lui et Striker un peu plus tôt. En tout cas, Mach ne pouvait lui donner tord, puisqu'au vu de la tournure de la situation, il était inutile de chercher à avoir ses ennemis de loin et en toute discrétion.

- En effet, et vous avez quoi à me prêtez en remplacement du coup !

Dit il de façon amusé en rejoignant l'homme, alors que Scabbs se dirigeaient visiblement ailleurs pour savoir si Striker s'en sortait bien ou non sans doute. Celui que Mach avait rejoint lui montra donc diverses armes, laissant Mach choisir ce qu'il préférait donc. Il finit par prendre une Akurate BLASSter en se disant que contre le Techno-Crime, son effet corrosif serait des plus utile, vu qu'il allait falloir s'attendre à rencontrer des robots.

- Bon, je vais boire un coup en attendant le signal. Cela ne peut faire que du bien !

Dit le mercenaire en souriant, avant de rejoindre le bar et s'assoir au comptoir, posant son arme à la verticale à côté de lui. Etrangement, Kasumi vint s'assoir à ses côtés.

- Alors, volontaire ou ils t'ont recruté de forces ?
- Disons simplement que je rends service à quelqu'un à qui j'en doit une !

Répondit le jeune homme en prenant son verre de whisky à la main et le porta à sa bouche pour en boire une gorgée sans sourciller.

LORENZA

Froid et métallique. Cette pièce était assez sinistre, servant visiblement de rangements. Elle avait beau être plongée dans l’obscurité, Lorenza pouvait voir, dans un coin, le réticule rouge d’une caméra de sécurité. Sur le coup, elle regrettait de ne pas avoir pris de lunettes infrarouges, et attendit donc prudemment, la main sur la gâchette. Il était possible qu’une sonde l’ait aperçu pendant qu’elle grimpait l’échelle, ou qu’il y ait eu d’autres capteurs. Elle s’attendait à voir des sentinelles de combat arriver, et restait donc attentive et vigilante, dissimulée dans un coin, la seule source d’éclairage venant des diodes rouges dans le tunnel de maintenance. Au bout d’un moment, elle fut convaincue qu’il n’y avait personne, et entreprit de s’avancer. Lentement, elle s’avança le long des étagères, fixant silencieusement la caméra. Ses yeux s’habituaient peu à peu à l’obscurité. Il y avait une commande manuelle permettant d’ouvrir et d’abaisser les volets, et elle se dirigea donc par là. Lorenza appuya sur le bouton, et, dans un léger couinement, les volets métalliques se soulevèrent sur toute une rangée, découvrant une série de vitres.

Lorenza regarda de l’autre côté, et vit la cour intérieure de l’entrepôt. Visiblement, l’échelle de maintenance l’avait amené à l’étage. Elle pouvait voir une série de chariots élévateurs, de caisses, de camions arrêtés, ainsi que des caméras de sécurité le long des piliers, et des armoires comprenant probablement des robots-lames.

*Même une souris ne passerait pas sans se faire remarquer...*

Elle observa à nouveau la pièce, et vit qu’il y avait une porte, dans un coin. Elle s’en rapprocha lentement, vigilante, et l’ouvrit, la main sur la crosse de son Red Marquis. La porte s’ouvrit sur un couloir métallique gris et terne, mais vide. Lorenza s’avança tranquillement, arrivant à un embranchement, et prit sur la droite, sans trop savoir où elle allait. Son objectif était le centre de sécurité, mais il n’y avait aucun plan, aucun panneau, et rien pour se repérer.  Elle s’avança donc dans le couloir, à l’aveuglette, jusqu’à apercevoir une console devant une série de portes closes. Prudente, elle s’en rapprocha, et pianota sur les touches.

C’était une console de maintenance, et elle lut plusieurs informations sur l’écran digital. Dans le couloir, il y avait une série de « chambres d’expérience ». Lorenza retint un frisson, et continua à pianoter sur les touches, sans trop comprendre ce que cela signifiait. Chaque chambre d’expérience comprenait un « sujet d’expérience », qui était désigné par des numéros. Il subissait un « traitement », mais le contenu du traitement était une série de chiffres. Une dernière ligne informait de l’état d’avancement de l’expérience : « Phase 1 en cours », lut-elle pour une expérience, tandis que, pour une autre, la Phase 3 était amorcée.

*Curieusement, je n’ai pas spécialement envie de savoir ce qu’ils trafiquent...*

Lorenza sentait toutefois des frissons... Et entendit alors des bruits de pas. Elle pesta, et traversa l’autre côté du couloir, avant de s’arrêter dans un angle. Les bruits de pas se rapprochaient.

« Je... Je ne veux pas y retourner, non, pitié !!
 -  Tout refus d’obtempérer sera considéré comme une tentative de désobéissance » grinça une voix mécanique.

Il y avait un cobaye et une machine. Lorenza restait dans son coin, se demandant si elle devait intervenir ou non. Elle serrait la crosse de son Red Marquis, hésita encore un peu, et s’élança d’un coup... Pour voir une énorme machine. Un robot massif se tenait là, et tourna la tête vers Lorenza.

« Couche-toi ! » hurla-t-elle à l’intention du cobaye.

Le sujet d’expérience, un homme rasé avec une blouse blanche, se jeta sur le sol, et Lorenza fit feu. Elle sortit son deuxième pistolet, et fit feu avec les deux armes, les balles produisant des étincelles sur l’armature en acier du robot. La machine s’avança rapidement vers Lorenza, ses yeux rougeâtres semblables à deux bouches infernales.

SCABBS

Scabbs laissa le jeunot avec Kasumi, une mercenaire dont il ne savait pas grand-chose, si ce n’est qu’il l’avait payé, et qu’elle n’avait pas pour habitude de trahir ses employeurs. C’était tout ce qu’il demandait. L’homme inspectait ses hommes. Ils étaient prêts à en découdre. Le Techno-Crime n’était pas un gang très populaire au sein d’Anachore, puisqu’il s’agissait de machines de combat, et qu’on disait qu’ils se livraient à des expériences sinistres dans leur entrepôt. Scabbs était curieux de savoir de quoi il retournait. Il espérait que la mystérieuse femme s’en sortirait. Autrement, il ne pourrait jamais lancer l’assaut. Scabbs n’avait pas envie de perdre inutilement ses hommes.

Il se mit à tirer sur une cigarette, en s’arrêtant à une table.

« Tu penses qu’elle va le faire ? lui demanda l’un de ses hommes.
 -  Je l’espère bien... Notre blindé est prêt ?
 -  Oh que oui, il l’est ! Mais tu sais très bien qu’il ne servira à rien tant que...
 -  Je sais ! » grinça Scabbs en se relevant.

Est-ce qu’ils allaient enfin pouvoir assiéger l’entrepôt ? Scabbs espérait obtenir à l’intérieur des armes dernier cri, qui l’aideraient à reprendre le contrôle sur sa ville. Anachore était ravagée par es guerres interminables entre les Raptors et les Vipers, et la présence du Red Sun l’inquiétait. En seulement quelques semaines, l’organisation criminelle avait réussi à s’implanter. Scabbs regrettait cette époque lointaine où il était le grand seigneur du crime d’Anachore. Il s’était reposé sur ses lauriers, et n’avait pas pu empêcher son clan de se scinder, formant les Raptors et les Vipers. Les cyborgs du Techno-Crime avaient été les responsables de ce schisme, et, maintenant, le Red Sun venait se joindre à la fête.

Pourquoi diable est-ce que tant d’étrangers s’intéressaient à sa ville ? Ça le foutait vraiment en rogne ! Il espérait donc que la tueuse des raiders réussirait cette mission impossible.