Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Hantise (PV)

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Hantise (PV)

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Eclipse

Humain(e)

Hantise (PV)

vendredi 06 avril 2012, 00:09:47





On l'avait contactée bien tard. Alors qu'elle buvait, tranquillement sur sa méridienne, un de ces vins blancs français qui coûtent une fortune - une folie qu'elle s'était permise suite à un chéque où s'alignaient six zéros bien dessinés - son téléphone avait résonné dans toute sa véranda. Eclipse avait sursauté comme une enfant, tombant de son siège dans un cri suraigue. Puis elle avait répondue, enfin. Le combiné du téléphone entre les doigts, le verre encore entier entre ses doigts parfaitement manucurés. Mais le pauvre homme qui avait tenté de la joindre avait du répéter quatre fois ce qu'il attendait d'elle : un dialogue, un exorcisme, le tout dans un fort hanté non loin de Nexus. La nécromancienne jura d'être là à temps, et raccrocha dans un lent soupir. Il était temps de se préparer. Pour se sentir plus à l'aise, Eclipse enfila un habituel corset, une jupe qui mourrait à l'aube de ses genoux, des bas de dentelles finement tissés, des chaussures à petits talons. L'air étant frais, elle enfila un châle. Le tout, dans des tons pourpres et noirs. Elle se maquilla prestement, maintint ses cheveux longs grâce à deux bâtons en bois sculptés. Puis elle remplit son sac d'une multitude d'objets enclins à l'aider lors de son rituel, et sortit pour appeler un taxi.

Quand elle arriva à Nexus - usant d'un des nombreux passages entre Terra et la Terre - beaucoup se retournérent. Qui était cette silhouette, qui tintait au rythme de ses nombreux bijoux en avançant d'un pas sûr dans les rues ? Jamais on n'avait vu une personne qui dégageait une telle aura : Eclipse inspirait bien souvent crainte et respect. Son regard, noir comme l'encre, observait chaque chose sans jamais qu'elle baisse les yeux. Elle trouva assez facilement le fort, et s'y engouffra. C'était un château-fort dans toute sa splendeur, à peine restauré et plutôt angoissant. Chaque mur, chaque pierre semblait hantée par une multitudes d'esprits qui hurlaient dans le vent. Et, comme d'habitude, elle seule les entendait ... La jeune femme s'alluma une cigarette, et le mage du château vint à elle expressement. Les salutations furent rapides, et la situation fut rapidement éclaircie : Un ectoplasme puissant vivait dans ces lieux, et refusait de partir. Rien qu'à la description, la nécromancienne eut un haut-le-coeur.

- J'ai déjà eu affaire à ... ce genre de créatures, souffla t'elle.

Rien qu'à voir son visage, ce n'était pas un excellent souvenir ... Le mage l'emmena dans une pièce, où l'atmosphére était d'une épaisseur étouffante. Dans un des recoins, la jeune femme vit un homme, mais elle ne s'y attarda pas davantage. Eclipse resta le dos droit, le regard froid, avec l'allure de celle qui n'a peur de rien. Alors que son coeur battait à lui briser les côtes.

- Vous pouvez vous installer ? la questionna le mage, qui triturait nerveusement ses doigts.

- Sans soucis, je vous remercie.

Les préparatifs furent rapides : un cercle, tracé sur le sol. Des symboles, dessinés sur la peau à l'aide d'une huile odorante, dont l'odeur rappelait vaguement celle de la Mort. Des plantes, mâchées, avalées, aliénantes. Des murmures, des soupirs, de longues inspirations. Et puis la transe. Eclipse combattit pendant une temps qui lui parut interminable cet esprit, qu'elle discernait très bien : une femme, enveloppée de haine et de rage. Les mains de l'ectoplasme venait agripper sa gorge, et elle ne cessait de la combattre, essayant de parler, de murmurer quelques psaumes de son invention. Elle se prit une gifle, un coup, un autre, et manqua de s'écrouler en arrière, alors qu'elle était assise à genoux par terre. L'esprit essaye une fois, deux fois de rentrer en elle, de prendre contrôle de son corps, mais la jeune femme, aussi chétive pouvait-elle paraître, ripostait sans se fatiguer. Elle poussa un cri fulgurant quand la femme la griffa, mais ne flancha pas. Un coup, un autre, une odeur opressante, une pression sur le ventre, sur les tempes, sur les chevilles, et ... Plus rien.

Eclipse reprit sa respiration. Elle était voutée, un peu, mais ne tombait pas. Ce que pouvait admirer l'assemblée, qu'elle peinait à discerner tant sa vision était troublée par les drogues qu'elle devait avaler pour atteindre cette transe, c'était un corps épuisé, essoufflé, dont le bras droit était griffé sur toute sa longueur, et dont les joues étaient rougies par l'effort. La jeune femme prit son visage dans ses mains, ignorant la douleur qui gambadait dans son organisme, et ... tomba en arrière. Comme ça. D'un coup. Soulevant un nuage de poussière. Elle devina que le mage appelait à l'aide, puis plongea dans un profond sommeil, aussi lourd qu'une mélasse.
Embrace me. 



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Cahir

Humain(e)

Re : Hantise (PV)

Réponse 1 vendredi 06 avril 2012, 15:25:15

*Mais qu’est-ce que je fiche ici ?* songeait-il.

Devant lui, la flamme de la bougie vacillait, et les mots sur les manuscrits ne voulaient rien dire. Parfois, il croyait discerner une ou deux syllabes, mais le tout était noyé dans le brouhaha qui constituait son esprit. Cahir n’allait effectivement pas très bien. Tout avait commencé il y a quelques heures, quand il était entré dans ce château. N’importe qui pouvait y entrer, même si les gens évitaient constamment d’y aller. Même si Cahir n’avait plus la nationalité ashnardienne, il lui était difficile de se sentir à l’aise en étant si proche de Nexus. Outre les frissons naturels qu’il éprouvait à l’encontre de Nexus, il savait que, si jamais les autorités apprenaient son identité réelle, il risquerait de voir sa tête se raccourcir de quelques centimètres.

Cahir avait rejoint Nexus en escortant une caravane marchande, où il avait illustré ses qualités de bretteur en repoussant une attaque de brigands, et quelques monstres courageux. Ou suicidaires. Arrivant dans le château, il avait dépensé une partie de ses pièces d’or à prendre l’alcool du fort. Cahir résistait plutôt bien à l’alcool, mais il avait besoin de s’abandonner dans l’alcool. Il commanda donc l’alcool le plus fort disponible. Un pichet entier, qu’on lui remit sur les grandes tables en bois où le seigneur local devait manger avec ses convives. Un feu crépitait au centre de ce hall, et Cahir buvait. De la vodka naine. De quoi réveiller les morts. Il dégustait l’alcool avec une miche de pain, versant le pichet dans une espèce d’infâme tasse en bois mal coupée. Il se serait bien écrasé là, si un homme n’était pas venu lui parler. Il avait vu la longue épée, et avait l’air assez nerveux. L’homme avait une longue robe de noble, et passait son temps à entortiller ses doigts entre eux.

« Vous… Est-ce que vous… Est-ce que vous êtes un guerrier ?
 -  Non… grogna Cahir, je suis un marchand de potions. »

L’homme se mordilla les lèvres, et finit par s’asseoir en face de Cahir, sans que ce dernier ne l’ait invité.

« On… Le… Le marchand que vous avez escorté m’a… Il m’a dit ce que vous avez fait… Le… Le combat contre les Kikimorrhes… Impressionnant…
 -  Et ? Qu’est-ce que vous voulez que ça me foute ? »

Cahir n’était pas particulièrement aimable, mais l’homme persista. Il avait visiblement un gros souci sur les épaules, et finit par lui expliquer qu’il était le chambellan du château, et qu’ils avaient un problème avec un fantôme. Un fantôme particulièrement puissant, ce qui fit grogner Cahir. Quoi ? On le dérangeait pour un courant d’air ?!  Il secoua la tête, visiblement irrité à l’idée qu’on puisse le déranger pour de telles sottises, et répliqua rapidement.

« Vous n’avez qu’à faire un putain d’exorcisme, et me foutre la paix !
 -  Nous avons déjà essayé, mais… Rien n’a fonctionné… Peut-être que vous…
 -  J’ai un maudit mal de crâne, là, et j’ai pas que ça à faire de courir après un courant d’air…
 -  Vous serez payé… »

A cette idée, Cahir le regarda, relevant rapidement la tête.

« Et bien, il fallait commencer par là ! »

Lourdement, Cahir entreprit de se redresser, manquant tomber. La tête lui tournait. La vodka naine, c’était peut-être un peu trop violent, même pour Cahir. Ce dernier essaya de suivre le chambellan. Les murs et les escaliers tournaient alors qu’il s’enfonçait dans les profondeurs noirâtres du château. Il n’avait jamais aimé les châteaux. De la pierre partout. C’était froid, glauque, et sombre, et, quand une tempête se levait, el vent sifflait le long des parois. Il avança péniblement,  massant son crâne. Il était maintenant rendu à travailler pour le compte de Nexus… C’était, et de loin, la pire humiliation possible pour lui. Le chambellan le guida dans une grande pièce, le conduisant près d’une table.

« Voici les notes que nous avons réuni sur ce fantôme… Mais… Vous êtes sûr d’aller bien ?
 -  A fond ! s’exclama l’apatride.
 -  Le… Le fantôme ne devrait plus tarder. Je vous en prie, nous n’en pouvons plus.
 -  Ouais, ouais, foutez-moi la paix ! »

Cahir regarda le bureau en bois, avec une bougie à proximité, éclairant les parchemins. Il s’agissait des notes de l’exorciste qui avait été là précédemment, comprenant des espèces de sceaux, de formules. Cahir n’avait jamais rencontré de fantômes, si ce n’est dans plusieurs cimetières de la capitale impériale. Il arrivait parfois, la nuit, quand il y traînait avec des camarades, que des fantômes jaillissent. Cahir entendit vaguement des individus s’approcher. Le mage du coin, vu sa longue robe noire, et une bonne femme. Il ne les salua pas, sentant que sa tête continuait à lui tourner.

*Bon, vivement que ce fantôme minable débarque… J’ai hâte de voir la gueule que ces culs-terreux feront, quand un ancien chevalier ashnardien aura botté le cul de leur fantôme de pacotille en étant bourré !*

Il secoua à nouveau la tête, regardant encore une fois la femme et le mage. Il n’y avait pas de gardes ici. Comme si le personnel avait fui cette partie du château. La bougie de Cahir s’éteignit soudain d’un seul coup, et les pages s’envolèrent dans les airs, fouettant son visage. Surpris, Cahir recula en arrière, et tomba sur le sol. Il sentit une subite envie de vomir le saisir, et dut se concentrer, fermant les yeux, inspirant lentement, tandis que l’ectoplasme, ressemblant à une femme, venait de fondre sur celle qui l’invoquait, l’affrontant avec cette rage typique aux femmes. Cahir en profita pour vomir, incapable de se retenir, et entreprit de se redresser, les membres tremblants.

La sorcière était visiblement tombée sur plus grosse qu’elle. Elle s’écroula sur le sol, et le mage poussa un hurlement, tandis que l’ectoplasme, silhouette blanchâtre translucide, s’envola dans les airs, en poussant un rire sinistre, avant de pousser un terrifiant hurlement. Le mage hurla de panique en s’enfuyant, et l’ectoplasme ria à nouveau. Cahir, de son côté, s’était relevé, saisissant son épée, dont la pointe traînait sur le sol.

« Hey, salope ! hurla-t-il sur un ton bourru. Arrête de gueuler, et viens par là, que je te remette à ta place ! »

L’ectoplasme se retourna.

« Infime mortel ! De quel droit oses-tu me parler ?!
 -  J’vais te renvoyer dans ta tombe, ma belle ! Je te laisse le choix du nombre de morceaux ! rétorqua Cahir, que l'alcool rendait légèrement vantard.
 -  On ne parle pas ainsi à la Comtesse Marjorie de Bophessa ! »

Le fantôme bondit sur Cahir, qui sentit une espèce de force terrifiante le soulever, l’envoyant valdinguer dans les airs. Cahir passa à travers une grande fenêtre, et s’écrasa sur une table en bois, la pulvérisant, tandis que l’ectoplasme poussa un hurlement sinistre, un rire terrifiant, en se faufilant à travers tous les couloirs du château. Complètement groggy, Cahir sentit à nouveau son estomac le démanger, et vomit une nouvelle fois. Ce fut ainsi que les gardes le retrouvèrent, sa tête baignant dans une flaque sinistre. Furieux, le chambellan ordonna qu’on balance ce « poivrot aux fers », tandis que la nécromancienne fut transportée dans les appartements royaux.

Cahir avait pourtant quelque chose qui devrait susciter un regain d‘intérêt de la part de la nécromancienne à son égard. Il savait  en effet quelque chose qui était généralement crucial contre les ectoplasmes et autres fantômes : le nom dudit fantôme.
DC d’Alice Korvander.

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Eclipse

Humain(e)

Re : Hantise (PV)

Réponse 2 lundi 09 avril 2012, 15:35:48




Des appartements royaux ... Tu parles. Le matelas était aussi confortable qu'une plage de galets, et les oreilles sentaient la cigarette macérée dans de l'eau croupie. C'est cette odeur infâme qui la tira de son sommeil, dans un sursaut qui manqua de l'expédier hors du lit. La jeune femme se massa les joues, les tempes, but un verre d'eau que l'on avait déposée sur sa table de chevet, et s'éventa un moment avec l'éventail qu'elle portait encore autour du poignet. Il en était tout froissé. Dans un élan, Eclipse se redressa brusquement, mais réalisa bien vite son erreur ... Un étourdissement la plaqua sur son lit. Elle sentait ses membres qui hurlaient, ankylosés, et son estomac qui réclamait de la nourriture. Comme elle l'avait demandée, des grappes de raisin noir siégeaient dans une coupe en verre, finement sculptée, non loin de son lit. La jeune femme poussa un long soupir, tendant le bras avec délicatesse pour s'emparer d'une grappe. Aussitôt dit, aussitôt fait, le raisin fut en trois secondes en sa possession. Sauf un petit grain, insolant, qui glissa sur le plancher, roula, roula, roula jusqu'à ... une paire de pieds. Eclipse releva les yeux : le mage était là. Elle se rhabilla prestement - sa tenue était légèrement froissée -  afin de reprendre contenance.

- Que souhaitez-vous ?

Sa voix était un peu enrouée, aussi toussa t'elle discrètement derrière son éventail.

- J'ai senti que vous étiez réveillée ...

- A la bonne heure ! ironisa t'elle dans un sourire. L'esprit est-il chassé ?

- Non, malheureusement non ... Nous aurons encore besoin de vos services, Eclipse.

- Soit, je vais de ce pas me préparer.

En réalité, elle ne bougea pas le petit doigt. Eclipse était encore bien affaiblie par cette attaque.

- Je me dois de vous signaler quelque chose, Mademoiselle.

- Qu'est-ce ?

- Hier soir, un homme a volé à votre secours et a ... Il est entré en contact avec l'esprit. Le dirigeant du fort l'a mis aux fers, mais je pense que vous devriez le rencontrer.

Eclipse haussa un sourcil, curieuse. Un homme avait parlé avec cet esprit ?

- Est-ce un humain ? demanda t'elle d'un ton un brin dégouté.

La nécromancienne appréciait moyennement les humains ... Alors qu'ils étaient de la même race. A la base, se chargea de clarifier sa conscience. Depuis que la jeune femme avait commencée ses activités d'intermédiaire entre les esprits et les vivants, et d'exorciste, elle ne se considérait guère plus comme une humaine.

- Oui, et un soulard semble t'il, soupira le mage.

- Parfait ! Je vais de ce pas le voir ! s'exclama t'elle en tapant dans ses mains.

Le courage lui revint aussitôt, et elle descendit vers les cachots bien rapidement, un mouchoir plaqué contre le visage - les relents des odeurs l'embarrassaient assez - dissimulant son charmant minois. Le dirigeant de ce fort refusait de laisser cet inconnu quitter les cachots, aussi devait-elle se déplacer elle-même, à talons et en jolie robe. On la siffla quelques fois, mais il suffit d'un regard noir de sa part pour qu'on se taise ensuite. Eclipse, depuis quelques temps, avait cette capacité étrange à changer ses yeux de couleurs : lorsqu'elle était enragée ou en colère, l'ensemble de son œil devenait entièrement noir. Plutôt troublant. En dix minutes, elle fut devant le cachot, et quatre secondes après, elle entra dans la cellule de l'inconnu à qui elle devait son salut, selon le mage. Le mouchoir impeccablement blanc toujours plaqué contre son nez et sa bouche, elle osa un :

- Bonsoir.

En réalité, elle ignorait tout de l'heure qu'il était.

- On m'a dit que vous me seriez d'une aide non négligeable.

Oui, elle ne faisait pas dans la dentelle ... Avec Eclipse, c'était franc, clair, net. Elle ne venait pas par gentillesse ou, pire, par compassion. Non, elle était ici par intêrét, et ne le dissimulerait sûrement pas. Même si elle était parfois infecte, elle n'était pas fausse.
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Cahir

Humain(e)

Re : Hantise (PV)

Réponse 3 mardi 10 avril 2012, 22:03:35

Cahir ne prit pleinement conscience de sa situation que quand les gardes plongèrent sa tête dans un bac d’eau glaciale. Une méthode infaillible contre les alcooliques. Même malgré ça, l’apatride était toujours un peu dans les vapes, et fut proprement dépouillé. On lui ôta son épée, son collier avec son pendentif en dymérite, ainsi que ses vêtements, lui laissant un simple pantalon de toile.

« Dégagez de là, les tocards ! Allez, remuez vos culs ! On vous amène un nouveau pensionnaire ! »

La porte du cachot commun s’ouvrit dans un grincement rauque, et Cahir fut proprement balancé sur un sol poussiéreux et dur. Il roula sur le sol, et entreprit de se relever, sa vision brouillée. L’apatride tenta de se relever, tituba, et alla s’asseoir contre un pilier, tandis que la grille du cachot commun se referma. Les cachots de ce fort comprenaient, outre des cellules individuelles, une grande salle commune pour les petits délinquants. Cahir commença à retrouver pied avec la réalité, ayant toutefois un violent mal de crâne. Comme si un mammouth et un oliphant se disputaient un match de boxe dans sa tête. Une main sur sa tête, il essaya de se calmer, tout en voyant un homme assez massif tenter de parlementer avec le garde.

« Allez ! Laissez-moi sortir !
 -  Ta gueule ! répliqua sèchement le garde. Fous-moi la putain de paix ! »

Dans un coin, un homme se tenait la tête, recroquevillé, semblant en proie à ses démons intérieurs. Cahir vit également un elfe, et tourna la tête. Un vrai asile… L’homme massif s’écarta en soupirant des barreaux, et avança vers Cahir.

« T’es là pour quoi, toi, le blanc-bec ?! »

Cahir avait la tête basse, et cet homme l’énervait. Insistant, la brute lui donna un coup de pied dans les cotes.

« Tu dors ?! T’es quoi, toi ? »

Cahir finit par relever la tête, contemplant froidement cet homme. Il y a de cela quelques années, un tel vaurien n’aurait jamais osé l’approcher de si près. Il y a quelques années, il n’aurait jamais fini dans un endroit aussi sinistre, à ce point dépouillé… On lui avait volé son épée et son collier. C’était inacceptable. Cahir regarda les gardes de l’autre côté de la grille. Ils jouaient aux cartes autour d’une table, sans vraiment se soucier de ce qui se passait dans la prison.

« T’serais pas de ces mecs-là, des fois, toi ?! Ces types qui aiment qu’on les prenne par derrière… J’peux pas les piffrer, et j’suis en rogne… Je suis au trou, tout ça parce que j’ai cogné des tricheurs. T’y crois, toi ?! Des foutus enculés de tricheurs, et c’est moi qui me retrouve en taule… Alors, ça me fout un peu en rogne. Tu t’crois supérieur à moi, p’tit con, hein, c’est ça ? »

L’homme s’énervait, et agaçait Cahir, qui entreprit de se relever. La brute l’attrapa par les épaules, et le plaqua contre le pilier. Cahir réagit en circonstance. Il frappa avec sa tête le nez de l’homme, entendant un craquement qui lui procura un bien fou, et le frappa dans le ventre, lui coupant le souffle. La brute se plia en deux, sa tête s’abaissant de manière parfaite pour se recevoir un coup de pied. Deux dents volèrent, alors que le malfrat s’écrasa mollement sur le dos. Ce fut suffisant pour les gardes.

« On se calme, là-dedans !
 -  Rendez-moi mes affaires !
 -  Bien sûr ! le railla le garde. Sa Majesté veut peut-être aussi un lit et un bon bain ?
 -  Rends-moi mes affaires, ducon ! »

Ce fut amplement suffisant pour que les gardes ouvrent la cellule, bien décidés à rosser Cahir. Le premier s’avança vers lui sans armes. Mauvais choix. Il tenta de la frapper avec un uppercut, que Cahir esquiva habilement, avant de répliquer en envoyant son poing dans son visage. Un coup suffisamment puissant pour sonner le garde. L’apatride poursuivit violemment, le frappant à nouveau, et le soldat heurta le mur. Un autre soldat le frappa dans le dos, mais il en fallait plus pour venir à bout d’un Corbeau Noir, même à la retraite. Chancelant, Cahir se reprit, et attrapa le soldat à la gorge, le soulevant pour l’envoyer s’écraser sur le sol. Il se reçut ensuite un autre coup dans le dos, l’envoyant par terre. Cahir s’appuya avec une main sur le sol, et utilisa ses jambes pour renverser le troisième soldat. Il se retourna, et se rua vers lui, mais se reçut un coup de pied en pleine tête, suivi d’un puissant coup de poing dans la joue, qui le sonna pour le compte.

« Forte tête, hein ? Je crois que tu as mérité une place seule, mon gars. Traînez-moi ce mec dans une cellule isolée ! »

Sonné, Cahir ne put plus s’opposer aux soldats, et récupéra ses forces, enchaîné par les mains, contre le mur d’une pièce, plongé dans la pénombre.

*Difficile de tomber plus bas… Mais ça soulage, au moins…*

Cahir resta ainsi, jusqu’à ce que des gardes viennent à nouveau le déranger. Le Corbeau Noir s’attendait presque à ce qu’ils viennent pour le frapper et le boxer, mais, au lieu de ça, il eut la surprise de voir une énigmatique femme entrer dans sa cellule. Un garde plaça une torchère dans un coin, permettant d’éclairer cette minuscule cellule. Cahir la regarda en fronçant les sourcils. Plutôt bien foutue. Mais elle n’avait pas le look de la dame de maison. Faisant un effort de mémoire, l’apatride se dit qu’il devait probablement s’agir de la femme qui avait attiré le fantôme. « Bonsoir », lâcha-t-elle. Cahir se contenta de la regarder, sans rien dire, attendant qu’elle vienne droit au but.

Elle lui parla, lui disant qu’il lui serait d’une « aide non négligeable ». Il se contenta d’un léger sourire railleur, baissa la tête, avant de plonger son regard dans le sien.

« Ça se pourrait, ouais… Vous, vous devez être la tordue qui a essayé d’invoquer ce spectre… Plus puissant que prévu, hein ? Une femme charmante, vraiment… »

Il ne se souvenait pas bien de tout, mais il avait en mémoire son nom. Et, surtout, il ne voulait pas rester dans le trou.

« J’y connais pas grand-chose en nécromancie, mais, rien qu’à voir votre tête, vous avez plus l’air d’aimer traîner dans les cryptes et les caveaux que dans les salles de bals… Je connais le nom de ce fantôme, et je sais que, pour lutter contre une malédiction, il faut savoir de quoi elle retourne. »

Cahir dévoilait ses cartes.

« Je vous donnerais son nom, et je vous aiderais même peut-être, car je n’aime pas qu’une femme me balance par une vitre, mais… Rien n’est gratuit, dans ce bas-monde. Usez de vos charmes pour me faire sortir de ce trou puant, me redonner mes effets personnels, et je vous dirais tout ce que je sais, ma chère. »

Cahir se permettait d’être railleur ; c’était tout ce qu’il lui restait. Il ferma les yeux, les rouvrit, vit qu’elle était toujours là.

« Vous attendez quoi ? Ma bénédiction ? »

Outre sa mauvaise humeur, Cahir avait une autre raison, plus personnelle, d’être désagréable. Il pouvait sentir sur cette femme l’odeur froide et cadavérique de la Mort. C’était une nécromancienne, une femme qui jouait avec ce pacte sacré qu’était la vie. Cahir ne pouvait pas supporter les nécromanciens. Même si cette dernière était plutôt belle, il n’empêche qu’elle trafiquait avec les morts. C’était malsain et glauque.

*Vivement que je me tire de ce trou-à-rats…*
DC d’Alice Korvander.

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Eclipse

Humain(e)

Re : Hantise (PV)

Réponse 4 mardi 17 avril 2012, 16:46:00



Etait-ce du ... chantage ? Certains drôles oseraient qualifier ça de simple échange de bons procédés ; une information contre un traitement de faveur. Mais pour Eclipse, c'était bel et bien du chantage. Et Dieu sait qu'elle détestait ça. La nécromancienne serra les poings, immobile face à lui, son visage n'affichant tout d'abord aucune émotion. Rien que quelque chose de glacé, propre à la mort qu'elle cotoyait. Ce bougre n'était pas aimable ? Tiens donc. Elle ne le serait pas non plus. Et puis, il l'avait traitée de tordue. De folle, en somme. Oh, que cela agaçait son ego ... Elle allait de suite annoncer la couleur à cet homme.

- Je ne suis guère altruiste.

Répondit-elle d'abord. Puis elle fouilla dans une de ses poches, extirpant une cigarette. Son exultoire à elle. Tout à coup, elle eut la sensation de recevoir une gifle en pleine figure. Elle encra son regard noir et froid dans le sien. A force de faire joujou avec les décédés et les souvenirs, Eclipse avait acquis une sensibilité aiguisée ... et incisive. Il pensait du mal d'elle, il la craignait ou la repoussait. En tout cas, quelque chose de bien peu positif. Soit. Un briquet d'argent et une légére pression allumèrent sa cigarette.

Et elle poussa un lent soupir. Elle ne pouvait qu'haïr les railleries.

- Je ne vous ferais pas sortir d'ici. Mais, d'ici peu, vous me supplierez de vous aider, croyez-moi.

Une bouffée de tabac.

- J'espère que vos appartements vous plaisent, mon cher, car vous y resterez jusqu'à ce que je le décide. Ah, et j'oubliais ...

La jeune fille quitta la pièce, sa cigarette entre les doigts, et s'adressa aux geoliers avec cette voix tranchante et caractéristique des femmes un brin pestes.

- Ne le nourrissez sous aucun prétexte.

La belle se retourna, lui adressant un sourire aussi tendre et hypocrite que possible. Un murmure :

- Nous verrons bien qui cédera le premier.

Son regard, à nouveau, glissa vers le sien. On pouvait aisément comprendre qu'il ne l'apprécie que moyennement, car on pouvait voir dans les pupilles d'Eclipse toute une foule de choses peu rassurantes, voir franchement effrayantes. Sa détermination et sa fierté étaient de marbre, croyez-moi. Elle préférait passer des journées dans la bibliothéque à rechercher qui était cette femme, plutôt que s'avouer vaincue face à un être humain. Car, oui, la nécromancienne était loin de se considérer comme une humaine.

Suite à quoi elle quitta les lieux, le son de ses talons résonnant encore un moment dans les dédales des couloirs.
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Cahir

Humain(e)

Re : Hantise (PV)

Réponse 5 mardi 17 avril 2012, 21:06:09

Cahir comprit qu’il avait affaire à une forte femme. Une vraie garce. De toute façon, pour être une nécromancienne, une marchande mort, elle devait forcément être une garce. Et encore, il restait poli en la qualifiant de « garce ». L’apatride avait en tête d’autres mots, bien moins polis, pour la décrire. Il ne fut qu’à moitié surpris quand elle refusa de l’aider. Tant qu’il ne la supplierait pas. Une chance pour elle qu’il soit attaché ; pour lui, elle était le genre de femmes qui avait besoin d’une bonne gifle pour se remettre les idées en place. Cahir avait suivi une éducation de militaire, le genre d’éducation où tout devait être carré, et où l’insubordination était payé à coups de taloches. Elle sortit une cigarette, manquant presque lui balancer en pleine face son tabac.

*’Tout pour me plaire...*

Un léger sourire éclaira toutefois son visage, alors que la jeune femme lui en offrait un. Un léger sourire, presque amusé, et il répondit tout simplement :

« Amusez-vous bien... Contrairement aux apparences, je crois que je suis bien mieux protégé que vous... »

Il n’avait qu’à attendre que l’ectoplasme se manifeste à nouveau. Attendre, ce n’était toutefois pas le propre de Cahir. Il n’était pas un soldat pour rien. La nécromancienne se retira, et Cahir ne pouvait pas dire ce qu’il avait envie de faire avec elle : lui donner une claque dans le dos, ou en pleine joue... Il se tourna vers les deux gardes stationnés à l’entrée de la cellule.

« Sacrée femme, hein ?
 -  Ta gueule !
 -  C’est bien ce que je me disais... »

La cellule se referma, laissant Cahir dans l’obscurité de la nuit. Levant la tête, ce dernier commença par éprouver la solidité des fers qu’il avait sur les poignets. Il força un peu dessus, pour constater qu’ils n’étaient pas énormément rouillés. Il n’aurait jamais la force physique de les briser.

*Ça m’apprendra à boire, tiens...*

Comme il avait frappé des soldats, Cahir pouvait rester en prison bien plus longtemps qu’une simple nuit. Il était passé de la case d’une simple contravention à celle d’un délit, et pouvait même être jugé. Sachant qu’il n’était ressortissant d’aucune nation, depuis que l’Empire l’avait destitué de sa personnalité, Cahir pouvait très bien rester indéfiniment en prison. Quel droit était susceptible de le protéger ? Aucun, tout simplement.  L’apatride soupira. Dehors, le tonnerre s’était levé, et la pluie s’abattit sur tout le château. Les cachots étaient dans les profondeurs de la structure, et l’eau s’y infiltrait par de nombreux trous. La chance n’étant pas du côté de Cahir, ce dernier ne tarda pas à sentir des gouttes d’eau tomber sur sa tête, mouillant ses cheveux.

« J’exige de voir le prévôt... »

Les deux gardes ne répondirent pas, et Cahir soupira.

« Elle vous prend combien, pour que vous négligiez votre devoir ?
 -  La...
 -  A voir vos uniformes, on croirait avoir affaire à des soldats, mais, à bien y réfléchir, vous ressemblez plus à une espèce de vermine.
 -  Ferme-là ! s’exclama un garde en frappant contre les barreaux de la cellule. Ou je vais me débrouiller pour que t’sois matériellement plus en état d’ouvrir ta grande...
 -  Brrr... Tu ferais fureur, dans les salles d’interrogatoire, toi... »

La foudre s’abattit soudain avec fracas sur le château, frappant une cheminée. A l’intérieur du château, au-dessus des cachots puants et inondés, l’ectoplasme qui s’était manifesté par l’intervention d’Eclipse s’apprêtait à faire une autre intervention, la plus virulente qu’elle n’ait jamais fait. Elle eut lieu dans l’étroite enceinte d’une dépendance du château, la chapelle. Un seul homme se tenait à l’intérieur, priant avec passion les Dieux de l’Ordre Immaculé d’accorder leur protection. Il était le seigneur, le châtelain, et priait depuis maintenant une heure.

« Ô Seigneur, que Ta Lumière vienne balayer les noirceurs sombres des démons qui ont envahi ma maison. Je T’offre mon amour et ma dévotion pour que Tu nous protèges. Ô Seigneur, je T’en conjure, Chasse le malin qui a envahi Ta maison... »

Le puissant éclair que Cahir avait entendu s’abattit alors, et le châtelain en leva la tête, interrompant brièvement sa prière. Il contemple la massive statue d’une idole devant lui, et sentit alors un vent violent s’abattre dans l’enceinte de la chapelle, faisant souffler les bougies dans les coins. Les vitraux explosèrent brutalement, les uns après les autres, et un rire mauvais emplit toute la salle. Devant les yeux stupéfaits du seigneur, la statue en pierre se fissura brusquement, révélant de la poussière. Depuis les fissures, des araignées jaillirent alors. Noires et terrifiantes, elles jaillirent de la statue par dizaines, et cette dernière s’effondra brutalement, s’étalant sur le sol en de gros blocs disparates.

Le seigneur tenta alors de prendre les jambes à son cou, courant vers la porte de sortie, mais les bancs en bois rangés le long de la nef s’envolèrent alors dans tous les sens. Une bourrasque renversa le seigneur sur le sol, alors qu’une espèce de tornade faisait tournoyer les bancs en bois dans tous les sens, les fracassant entre eux, les envoyant se pulvériser contre les colonnes soutenant le toit de la chapelle. Hors de la chapelle, les gardes tentèrent d’ouvrir la porte, mais cette dernière se recouvrit de flammes verdâtres. Si la porte ne brûlait pas, il était impossible de la toucher sans la brûler.

« Sorcellerie ! hurla l’un des gardes. Il faut sauver notre seigneur ! »

A l’intérieur de l’église, longeant les rebords de cette dernière, d’autres flammes verdâtres s’étaient formées, se dressant dangereusement sur plusieurs mètres de hauteur, telles des griffes prêtes à fondre sur le seigneur terrorisé, dont la seule protection était la croix de l’Ordre Immaculé qu’il brandissait, hurlant au Malin de partir, n’écopant en retour que ce même rire. Un rire de femme, mais indéniablement mauvais et pervers, qui résonnait sur les murs de l’église.
DC d’Alice Korvander.

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Eclipse

Humain(e)

Re : Hantise (PV)

Réponse 6 mardi 17 avril 2012, 22:09:59





L'appel l'avait fait frissonner. Alors qu'Eclipse était en train de se baigner, un ouvrage massif révélant les différents habitants de ces lieux posé sur le bord de sa baignoire, un frisson avait parcourut son échine. Les bougies s'étaient aussitôt éteintes, tout comme l'encens qui lui avait permis de se détendre. L'appel. La force que dégageait cette aura ne l'effrayait pas, non, mais elle avait le mérite de la motiver à quitter ce bain tranquille. Eclipse enfila une de ces nuisettes noires qu'elle appréciait tant, mettant sur ses épaules le long chale protecteur qu'elle avait acquis lors de ses premiers rituels. Il sentait la magie et la mort à plein nez, et avait survécu à pas mal de cataclysmes.

Et elle sortit de la pièce, sa sacoche entrouverte dans la main, psalmodiant des paroles étranges qui faisaient trembler les lueurs qu'elle croisait. La chapelle. La nécromancienne sentit son coeur palpiter plus vivement, et elle se pressa pour l'atteindre. C'est alors que les vitraux éclatérent. Ni une, ni deux, elle prit deux feuilles séchées qu'elle maintenait dans un bocal. Habituellement, elle en avalait un quart. Mais, cette fois, il lui faudrait perdre tout contrôle ... L'idée même l'angoissait quelque peu. Un coeur clamse souvent, après de telles doses. Au moment même où les effets grimpaient, elle entra dans l'eglise, poussant cette porte odieuse, les mains brûlées à vif, sans aucune peur ... Et s'écroula lourdement sur le sol. Son pentacle, autour de son cou, lui brulait la peau. Elle hurla au seigneur de quitter les lieux ... Et se releva.

Alors, même les gardes frissonérent, et l'esprit lui même cessa de rire. Le regard d'Eclipse était d'une noirceur effroyable : plus de globe, de pupille, d'iris, juste une vague noire. Elle respirait avec une respiration profonde et bruyante, et ses ongles étaient plantés dans les pavés. Petit à petit, sa raison la quittait, et la jeune femme au caractére extraordinairement pénible laissait place à une nécromancienne aux pouvoirs aiguisés. Quand elle ouvrit la bouche - elle n'avait pas cessée de psalmodier des incantations depuis qu'elle avait quittée sa chambre - un long hurlement sortit. L'esprit répondit. La bourrasque qui agitait les lieux menaçait Eclipse, manquant de la faire voler ... Et c'est d'ailleurs ce qu'il se passa au bout de quelques minutes. Alors que les araignées rechignaient à s'approcher de la nécromancienne, qui n'avait plus rien d'humaine, Eclipse s'envola dans les airs. Dans un cri lugubre. Tout le château l'entendait hurler, d'une voix sortie des limbes, dont le timbre restait cependant celui de la jeune femme. Même les quelques prisonniers pouvaient assister à ce spectacle auditif digne d'un concert effrayant et effroyable.

L'esprit tenta d'abord de la brûler, mais le châle subsistait. Seules ses jambes furent attaquées, léchées par ces flammes malsaines. Ceux qui pouvaient admirer le spectacle voyait alors une Eclipse que l'on lançait contre les murs, mais qui résistaient, s'efforçant de conjurer le sort. Mais, en son fort intérieur, la jeune femme savait que sans le nom de ce fantôme, elle ne pourrait rien faire. Sinon l'envoyer paître un moment, avant qu'elle ne revienne. Et c'est ce qu'il se passa au bout de dix longues minutes. L'esprit savait que, pour le moment, il ne pouvait pas s'attaquer au châtelain. Le corps de la jeune fille tomba lourdement, comme celui d'une poupée disloquée, sur les pavés. Et le calme revint.

N'importe qui serait mort. Mais mâcher de la mandragore préparée par les soins d'Eclipse pouvait rendre invulnérable une personne ... Du moins pendant un certain laps de temps. C'est le corps engourdie, les jambes incendiées, la voix brisée et les yeux rougeoyants qu'elle ouvrit les yeux, réclamant qu'on la raméne à ses appartements.

On l'installa sur son lit.

- Putain ...

La jeune femme ne pouvait que contempler ses plaies calcinées, au niveau de la paume de ses mains et le long de ses jambes. Elle n'avait même pas la force de tendre la main vers sa table de chevet pour attraper un baume qui guérirait ces séquelles douloureuses et encore brûlantes. Il fallait attendre que la raison revienne, et que ses forces soient ravivées.

- Amenez-le moi, souffla t'elle, la tête enfouie dans son oreiller.

Tout le monde savait de qui elle parlait. Tant pis pour la fierté, la douleur était bien trop importante ... Il ne demeurait d'elle qu'une sorte de poupée à la peau diaphane, portant une nuisette noire, un châle noué autour du cou, le corps recouvert d'un drap pourpre, les cheveux éparpillés sur un oreiller en satin, le regard taché de veines rougeoyantes et le souffle court. Eclipse souffla un grand coup. Jamais elle n'avait eu aussi mal de toute sa vie. Elle entendait les gardes, derrière la porte, commenter ses exploits de nécromancienne, son regard de démente et ses aventures dans cette église. Elle avait la sensation d'avoir passé une heure en Enfer.

Embrace me. 



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Cahir

Humain(e)

Re : Hantise (PV)

Réponse 7 mercredi 18 avril 2012, 00:24:48

De l’agitation qui avait lieu dans la chapelle, Cahir ne savait rien, mais on pouvait en revanche sentir les vibrations de la bataille qui avait lieu entre Eclipse et le fantôme. Le plafond en trembla légèrement, faisant tomber de la poussière, et les murs vibrèrent.

« Qu’est-ce qui se passe là-haut ?!
 -  C’est encore ce maudit fantôme ! »

Cahir espéra naïvement que les vibrations auraient pu détacher un peu les fers, mais il n’en fut rien.

« Peut-être devriez-vous aller leur prêter main-forte ? finit par suggérer ce dernier.
 -  Nos ordres sont de vous surveiller.
 -  Vous faites indiscutablement partie de l’élite de l’armée de Nexus, ironisa Cahir.
 -  Ta gueule. »

Cahir enrageait. De tous les châteaux de Nexus, il avait fallu qu’il tombe dans un fort rempli de cinglés. A croire que sa mauvaise étoile continuait à la poursuivre... L’agitation sembla retomber dans le fort. Impossible de savoir ce qui se passait, mais ça avait l’air assez violent. L’apatride resta là, sans trop savoir quoi faire, n’ayant de toute façon rien à faire. La pluie continuait à descendre, et il se voyait mal dormir debout. Fort heureusement, au bout de plusieurs minutes, il finit par entendre des bruits de pas, et des lumières vacillantes. Trois gardes débarquèrent, expliquant tout simplement que la nécromancienne avait demandé le « pochetron ».

Ce dernier fut détaché, et on daigna au moins lui rendre ses vêtements, mais pas ses armes.

« La confiance règne... commenta ce dernier.
 -  Vous avez frappé des gardes rappela le capitaine. Rien que pour ça, vous méritez d’être pendu.
 -  Je ne pourrais pas servir à grand-chose sans mon épée... se défendit ce dernier.
 -  Avec ou sans, vous ne servez de toute façon pas à grand-chose. »

Cahir soupira. Il était relativement tentant de fracasser le crâne de ce garde contre le mur, mais il s’abstint. Face à toute une garde, il n’était pas spécialement sûr de réussir à en sortir indemne, surtout sans ses armes. On lui avait au moins permis de récupérer son collier, et c’était sans doute l’arme qui lui serait la plus efficace contre un fantôme et une nécromancienne. Le pendentif de son collier comprenait en effet un cristal en dymerite, dont les effets étaient bloqués par le pendentif. S’il l’ouvrait, la dymérite permettrait de canaliser toute la magie dans son champ de proximité.

Il fut conduit dans la chambre d’Eclipse, qui était bien plus attirante que sa cellule. Cahir avait les cheveux trempés et collés sur son front à cause de la pluie. La nécromancienne semblait épuisée, et, sans attendre une invitation de sa part, Cahir alla s’asseoir sur un fauteuil.

« Vous m’avez l’air fatigué, commenta-t-il simplement. Mais, comme je suppose, et je l’espère, même, que vous ne m’avez pas fait sortir de ce trou puant pour partager votre couche, je vais aller droit au but... »

La confrontation avec le fantôme avait laissé Eclipse dans un drôle d’état. Cahir ignorait ce qui s’était passé, mais, pour que cette femme en vienne à aller le chercher, ça avait du être violent. Il savait qu’elle désirait obtenir le nom du fantôme, aussi Cahir ménagea-t-il un silence de quelques secondes, avant de finalement lâcher :

« Je crois que j’ai oublié son nom... » finit-il par dire.

Quand elle s’était présentée à lui, il était bourré, et n’avait pas spécialement fait attention.

« Le mieux est d’aller aux archives de la bibliothèque... Je finirais bien par le retrouver rajouta-t-il rapidement, avant qu’Eclipse n’ordonne qu’on le dépèce sur place. Du moins, j’espère... »
DC d’Alice Korvander.

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Eclipse

Humain(e)

Re : Hantise (PV)

Réponse 8 mercredi 18 avril 2012, 10:08:31




Je vous l'accorde, elle aurait pu hurler, le maudire, lui lancer tout ce qu'il lui passait par la main en gueulant des insanités ... Mais non. Elle n'en fit rien. Elle se contenta de pousser un très lent soupir, tout en se redressant, appuyée sur ses coudes, faisant craquer au passage toutes ses vertébres. Pas question d'utiliser ses mains pour le moment, elles étaient bien trop endolories. Sans rien ajouter à ce qu'il venait de dire, elle se glissa sur le bord de son lit, évitant à tout prix que son visage refléte la douleur qu'elle ressentait au moindre geste, et attrapa le baume. Le contact fut assez douloureux. Une simple larme sur sa joue gauche vint trahir son calvaire. Elle avait la sensation que son corps était à vif, plus fragile que jamais. Elle mit vingt secondes à ouvrir le flacon, avant d'en étaler le contenu - une créme blanche, banale, mais dont l'odeur était plus qu'exquise - sur les paumes de ses mains. Au fond, elle se préoccupait à peine du fait qu'il soit là. Elle devait à tout prix reprendre contenance. Eclipse détacha son châle.

Puis elle parla, d'une voix un brin brisée, encore fatiguée.

- Je l'espère aussi.

Miracle, elle n'était pas désagréable ! Enfin, juste un peu froide, mais cela ne changeait guère les choses. Une fois ses mains réparées, elle souleva le drap et découvrit ses jambes. Couvertes de griffures calcinées, elles étaient assez effrayantes. La douleur était encore bien là, ardente et vivifiante. La nécromancienne, alors, mit patiemment le baume le long de ses brûlures.

- Je pense qu'elle a été damnée. Les Enfers la suivent, je les reconnais. Et puis ...

Eclipse se tut, fronçant les sourcils. Elle se tourna  vers Cahir.

- Je pense que cela ne vous intéresse guère, de toute manière. Passez-moi mon sac, qui est à côté de vous.

Ce sac contenait ses accessoires - pentacles, herbes, philtres en tout genre - et surtout ses vêtements. Elle n'allait pas passer la journée en nuisette.

- Rassurez-vous, je ne compte aucunement vous inviter dans ma couche. Je suis une personne raffinée, et ... Cela m'empêche de faire pas mal de bêtises. Comme coucher avec des ivrognes.
Embrace me. 



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Cahir

Humain(e)

Re : Hantise (PV)

Réponse 9 mercredi 18 avril 2012, 11:16:52

Visiblement, la nécromancienne n’était pas en forme. Elle était fatiguée, et, silencieusement, Cahir la regarda distraitement nettoyer son corps, passant des espèces de pommades pour essuyer son corps meurtri. L’apatride regarda silencieusement la pièce. Eclipse n’était qu’une invitée ici. Une invitée de marque, pour dormir dans une si belle pièce. Il vit un tableau représentant le fort, ainsi qu’une cheminée. C’était largement préférable aux oubliettes. Elle lui parla brièvement du fantôme. Sa théorie était qu’elle était damnée, mais, comme elle le comprit rapidement, l’apatride s’en moquait totalement. Il ne se donna même pas la peine de lui répondre. Qu’elle obtienne son fichu nom, et basta ! En temps normal, Cahir aurait peut-être été dans le lit pour profiter de son corps, mais il se voyait mal coucher avec une femme qui réveillait des cadavres. Même quand cette femme était plutôt bien foutue.

Obéissant à sa requête, il lança son sac sur son lit. Elle avait beau se prétendre forte, elle n’avait pas le corps solide d’une guerrière. Cahir ignorait ce qui s’était passé, mais il était convaincu que cette dernière pouvait tout à fait mourir contre cet ectoplasme. La jeune femme finit par le provoquer à nouveau, estimant qu’elle ne partageait pas sa couche avec des « ivrognes ». Sur ce point, l’ancien soldat ashnardien sourit lentement, et répondit :

« Je crois que j’ai sous-estimé la puissance des alcools nains... lâcha-t-il tout simplement. Si jamais vous faites une cuite, évitez la vodka naine », la conseilla-t-il.

Cahir avait toutes les raisons du monde de boire un peu. Il avait tout perdu, et était maintenant un vagabond, lui qui, autrefois, avait été un soldat d’élite, un homme à qui une grande carrière l’attendait. Quelqu’un qui aurait pu finir Général, ou même Grand Maréchal. Au lieu de ça, il errait dans des châteaux pourris, et devait converser avec des manants, tout en devant s’allier avec des nécromanciennes. Dans un coin de sa tête, l’apatride se dit, dans cette contradiction si propre aux humains, qu’Eclipse le trouvait toutefois à son goût, puisque la seule chose qui l’empêchait de l’accueillir dans son lit était son haleine. Distraitement, Cahir souffla en mettant sa main devant lui. Il avait encore la senteur de l’alcool dans la bouche.

*Et les nains prétendent boire ça comme du petit lait... Il faudra que je me méfie des racontars des demi-êtres, maintenant...*

L’apatride finit par se lever. Il aurait pu dire à Eclipse qu’il n’était pas un saoulard, mais il n’avait pas besoin de se justifier devant elle. Comme il sentait qu’elle allait se changer, il inclina légèrement la tête.

« Je vais vous laisser vous changer en paix, ma chère... Même quelqu’un qui marchande avec la Mort mérite un peu d’intimité... »

Il sentait peut-être l’alcool, mais, pour lui, elle, elle puait la mort. Certes, elle n’avait pas sur elle une odeur désagréable, mais... Disons que c’était instinctif. L’apatride sortit pesamment de la pièce, fermant la porte derrière lui pour se retrouver dans le couloir, face à un garde. Jalousement, il lorgna l’épée de ce dernier. Elle était de mauvaise facture, mais il en avait au moins une. Sans son arme, Cahir se sentait étrangement incomplet, comme s’il lui manquait une partie de son corps. L’homme s’adossa contre le mur, baissant les yeux.
DC d’Alice Korvander.

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Eclipse

Humain(e)

Re : Hantise (PV)

Réponse 10 mercredi 18 avril 2012, 17:55:15





Eclipse le regarda quitter la pièce, et s'affala sur son lit sans aucune grâce. Elle avait la sensation que son dos était en morceaux, en lamelles ... Bref, en bien mauvais état. Elle aurait donné beaucoup pour un massage. D'ailleurs, au moment même où elle se leva de son lit pour aller se préparer, elle griffona un mot sur un bout de papier, exigeant la venue d'un masseur ou d'une masseuse. Elle détestait se sentir aussi vaseuse, aussi vaporeuse. Silencieusement, elle s'habilla, enfilant un jupon en lin, blanc, et un corset toujours aussi pourpre, aux lacets blanc ivoire. Les bas, les chaussures, les bijoux se posérent sur elle mécaniquement, et elle se dirigea doucement vers sa salle d'eau. Quand elle se croisa dans le miroir, elle manqua de sursauter. Ses cheveux, qu'elle attachait normalement avec une minutie extrême, étaient lâchés, complétement décoiffés. Eclipse mit d'ailleur 5 bonnes minutes à défaire les noeuds qui s'y trouvaient, attachant sa chevelure comme à son habitude : un chignon maintenu par des pinces. Elle se maquilla soigneusement, puis remit son long châle sur ses épaules, avant de prendre sa sacoche.

Quand elle sortit de son chambre, il était encore là. Elle ne lui adressa même pas un sourire, se contentant d'un :

- Suivez-moi, je vous emméne à la bibliothéque.

Si Eclipse aimait si peu les humains, au point de les mépriser bien souvent, c'est parce qu'ils faisaient de même : une femme qui empeste la mort, on la rejette. Alors ces gens qui se moquaient si bien d'elle et la regardait d'un air hautain, elle leur rendait la pareille. Et puis, elle se sentait bien supérieure à eux, aussi. Oui, l'égo d'Eclipse, c'est quelque chose. Elle avait beau ne pas aimer la compagnie des humains, elle leur rendait service sans rechigner.

Ce qu'elle précisa, d'ailleurs, sur le chemin de la bibliothéque.

- Je peux comprendre que je vous repousse ... La mort repousse les vivants, c'est assez logique.

Vite, elle chercha une cigarette. Un plaisir parfait, et un exultoire dont elle ne pouvait se passer.

- Mais tâchez de ne pas oublier qui prend les risques, dans cette histoire. Ou dans toutes les histoires d'exorcisme, d'ailleurs ...

Sans vouloir se faire passer pour une victime - le ton de sa voix n'était d'ailleurs pas plaintif, plutôt ... autoritaire, comme d'habitude, et assez froid - elle ingurgitait de nombreuses potions & plantes, qui n'étaient pas sans risque. Elle alluma à nouveau sa cigarette.

- Vous sentez l'alcool, et je sens le tabac. Nous sommes quittes, n'est ce pas ?

Dit-elle dans un sourire aussi odieux, tout en poussant la lourde porte de la bibliothéque. C'était un endroit assez massif, où une foule d'ouvrages se reposaient dans la poussière et la moisissure. L'odeur lui piqua le nez, aussi tira t'elle une nouveau bouffée sur sa cigarette.

- Soit dit en passant ... J'aime assez peu la vodka naine. Je préfére le vin français, ou le rhum des Antilles.

Lança t'elle avant de se séparer de lui, pour déambuler entre les étagéres, cherchant un quelconque arbre généalogique, ou un ouvrage relatant les vies des différents occupants de ces lieux.
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Cahir

Humain(e)

Re : Hantise (PV)

Réponse 11 mercredi 18 avril 2012, 21:23:16

Elle avait beau trafiquer avec les morts la nécromancienne prit tout son temps pour sortir. Bras croisés, le corps fermé, dans une attitude qui n’encourageait guère à lui parler, Cahir l’attendit patiemment. Difficile de dire ce qu’il ressentait pour cette femme. Il la détestait, oui. Non pas parce que c’était une garce, mais parce qu’elle empêchait les morts d’avoir le sommeil éternel. Les nécromanciens invoquaient les morts, et, pour un guerrier comme Cahir, la mort, c’était l’heure du repos. Le Valhalla nordique des Terriens, ce lieu emblématique où les guerriers pouvaient enfin se reposer. Ce n’était donc pas que de la superstition... Du moins, il essayait de s’en convaincre. S’il avait envie de la gifler pour ça, il devait aussi dire que son côté « garce arrogante » n’était pas sans lui déplaire. C’était une femme typique d’Ashnard. Bien loin de la soumise qui tremblait devant son mari. Le genre de femme dont Cahir avait toujours eu envie, sans jamais oser se l’avouer. Ce n’était pas pour rien si, à une certaine époque, il préférait lorgner sur ses camarades de guerre du sexe opposé plutôt que sur sa femme, dont le seul intérêt avait été de renforcer la puissance de sa famille, et de lui fournir un héritier légitime.

*Un héritier qui a sûrement été tué ou abandonné, maintenant... A quoi sert le fils d’un apatride ? Il ne fait qu’apporter l’opprobre sur la famille... A leur place, j’aurais fait de même...*

Il se disait que ça ne lui faisait rien. Rien de savoir qu’il avait peut-être, quelque part dans Ashnard, une descendance qui vivait dans un orphelinat sinistre. Il essayait de s’en convaincre, mais n’était lui-même pas très sûr de ce qu’il éprouvait. Un fils, ce n’était pas rien non plus, après tout... Et pourquoi désirait-il tant rentrer à Ashnard, tant retrouver sa gloire perdue ? Pour sa famille ? Pour le prestige d’un nom qu’il n’avait plus le droit de porter ? Ou pour avoir la chance de retrouver son héritier, le seul qui serait à même de lui succéder ? Plongé dans ses pensées, il en sortit quand la porte s’ouvrit, relevant la tête. Il toisa Eclipse des pieds jusqu’à la tête. Elle avait visiblement pris un bain, et s’était proprement rhabillée. Elle se débrouillait pour qu’on ne remarque pas qu’elle était en piètre état, mais Cahir était un militaire expérimenté. Rien qu’à voir sa démarche lancinante, on pouvait voir qu’elle souffrait. Elle gardait la tête haute, froide et fière.

*Elle aurait du être à Ashnard... Si elle avait été une guerrière, je l’aurais sans doute formé...*

Silencieusement, Cahir la suivit, essayant de se replonger dans la situation actuelle. Elle finit par lui parler un peu, lui disant qu’elle comprenait, mais que c’était elle qui prenait les « risques ». Cahir rétorqua assez rapidement :

« Rassurez-vous, quand notre fantôme se pointera, c’est sur moi qu’elle passera ses nerfs... Il paraît que j’ai un don naturel pour agacer les femmes. »

Il plaisantait. C’était tout ce qui lui restait. Ça, ainsi qu’un cheval, une armure, une épée, et un cristal en dymerite. Le dédain, c’était son seul bouclier comme la dépression lancinante qui le guettait, cette dépression qui l’avait amené à boire comme un trou, et à finir dans les cachots. Eclipse sortit à nouveau une cigarette, se permettant une nouvelle remarque à laquelle Cahir répondit par un haussement d’épaules. Ils s’avançaient le long des sombres couloirs. A travers les vitres immenses, Cahir pouvait voir que la pluie continuait à s’abattre avec rage. Quelques éclairs permettaient de voir brièvement une région montagneuse remplie d’arbres.

Ils atteignirent les portes massives de la bibliothèque. Cahir essaya de les ouvrir, mais Eclipse fut assez rapide, et il se contenta de la suivre. La bibliothèque dégageait une odeur poussiéreuse et de moisi, qui attaqua également les narines de Cahir. Rien à voir avec la grande bibliothèque impériale d’Ashnard, qui était immense, et très bien entretenue. Cette bibliothèque semblait avoir été bâtie dans une ancienne aile délabrée du fort, et comprenait ici et là des étagères remplies de livres sans signe distinctif particulier. Ils n’étaient pas classés, et plusieurs chaises en bois avaient été rouillées par les mites, sans compter les multiples tas de poussières dans les coins et les toiles d’araignées.

Alors qu’il inspectait du regard les lieux, il entendit Eclipse commenter le vodka naine, y préférant des alcools terriens.

« Je vais confiance à votre langue », répliqua-t-il rapidement, n’ayant, pour sa part, jamais goûté les vins exotiques de la Terre.

Eclipse s’écarta ensuite, et Cahir s’avança. Il s’empara d’une chandelle, et commença à inspecter les livres. Des pages jaunies pour la plupart, et il eut même la surprise de voir une araignée débarquer entre les pages d’un gros manuscrit. Peu à peu, Cahir finit par comprendre que les livres semblaient classer dans un certain ordre, mais il n’y avait aucune moine archiviste pour les classer et les nettoyer, ce qui avait fini, au cours des siècles, par donner à cette bibliothèque cet air de vétusté. Se détachant des livres, Cahir se dirigea vers une porte en bois dans un coin, qui était fermée.

*Si je ne me trompe pas, elle doit mener aux archives...*

La porte étant ancienne, il l’ouvrit d’un bon coup de pied, fracassant la serrure. Une chauve-souris s’envola en piaillant, et Cahir entra. Il trouva rapidement ce qu’il cherchait. Un rouleau de parchemin qu’il emprunta, l’étalant sur une table. Il s’agissait des plans du château. D’autres parchemins comprenaient également des plans, remontant à chaque fois en arrière. Laissant les parchemins sur la table, l’apatride monta sur une plate-forme à l’étage. L’escalier craquait sous son poids.

Déposant la chandelle sur une rambarde, il sortit un livre, et lut le titre : « Contes et légendes ancestrales ». Vu la qualité des enluminures, le livre semblait assez récent. Regardant aux premières pages, Cahir vit le nom de l’imprimeur, Anthony ainsi qu’une dédicace écrite à la main de l’imprimeur : « Pour le fils de notre seigneur bien-aimé. Puissent ces histoires vous apporter la sagesse des Anciens. » Le livre était plutôt en bon état, ce que les enluminures et autres illustrations confirmaient. Allant à la fin, Cahir trouva même une table des matières, et commença à lire les titres des différentes contes locaux :

« I – L’ours blanc et le lièvre endormi
II – Le crépuscule des Anciens
III – La fable de l’oiseau et de l’ékinoppyre
IV – L’histoire fantastique de Lord Höllster
V – Les deux Géants et le Lion
VI – L’Énigme de l’Oie blanche
VII – Le Labyrinthe des deux Rois
VIII – La légende maudite de la Comtesse Marjorie
IX – La statue à deux Têtes
»

Cahir s’arrêta en voyant ce nom. Marjorie. M-A-R-J-O-R-I-E. Il eut soudain un flash, un déclic, où il vit une espèce de sombre silhouette s’envoler vers lui, avant de l’envoyer valdinguer...

« La Comtesse Marjorie... Marjorie de... Marjorie de quoi, déjà ?! Merde, je l’ai sur le bout de la langue... »

Il se rendit au huitième conte, remuant le livre à plusieurs reprises, tandis que les planches en bois continuaient à dangereusement craquer sous son poids. Il atteignit finalement la page recherchée, et la tourna pour voir le texte. A gauche, une illustration, avec la mention suivante : « On dit que l’amour donne la force à un être de soulever une montagne pour sauver la personne qu’elle aime. Aucun individu ne devrait avoir la force de soulever une montagne ». Cahir consulta le conte, mais son pied heurta soudain une planche branlante. L’estrade émit un antique grincement.

« Bordel de... ! »

Ce fut tout ce que l’homme réussit à dire, avant que l’estrade ne s’effondre sous son poids. Dans un hurlement, Cahir s’écrasa violemment sur le sol, se recevant plusieurs morceaux de bois sur la tête, en lâchant le livre qui se mit à rouler sur le sol, s’ouvrant à la page de l’illustration. Un gros rat passa alors sur sa tête, heurtant son nez.

« Saloperie d’enfoiré de putain d’enculé de rat de merde ! » jura-t-il de rage, pour se détendre.

S’il jurait, c’était le signe qu’il allait bien, même si la chute l’avait un peu sonné.
DC d’Alice Korvander.

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Eclipse

Humain(e)

Re : Hantise (PV)

Réponse 12 jeudi 19 avril 2012, 11:31:28



Dés qu'il s'était dirigé vers les archives, Eclipse l'avait suivie à pas de louve. Un parchemin sous le bras, où se trouvait un arbre généalogique assez impressionnant, mais qu'elle avait parcourue rapidement, elle s'était calée derrière lui, le regardant s'activer. Ah, ce qu'elle l'enviait ... Quand elle avait de la vodka dans le sang, la nécromancienne peinait à construire une phrase correcte et pleine de sens, alors fouiner pour essayer de se souvenir de quelque chose ... Impossible. L'alcool lui servait à cela après tout : à oublier son nom, son corps, l'espace tout entier. Mais ne philosophons pas sur les vertues de l'alcool, et concentrons-nous sur ces recherches. La vie de beaucoup de gens en dépendaient, et celle d'Eclipse en premier. Quand elle vit l'estrade s'écrouler, elle ne put s'empêcher de rire doucement, ne faisant pas un seul geste pour l'aider. Ne croyez pas qu'elle soit cruelle, au point de s'amuser du malheur des autres, mais ... Ses nerfs, sa patience, et puis sa froideur s'ébranlaient quand elle était un brin épuisée.

Ainsi, elle admira le spectacle, avant de s'approcher, ouvrant des yeux ébahis en entendant ces insultes. Si la nécromancienne était une personne raffinée, élégante, aimant les belles choses, elle devait avouer avec un sourire en coin que les personnes qui usaient d'un langage cru l'amusait assez, surtout dans certaines circonstances ... Non, mais tu te calmes ? lui hurla sa conscience. Eclipse poussa un lent soupir. Foutues hormones.

- Toujours vivant, à ce que j'entends ...

Lança t'elle sans cesser de sourire, un brin moqueuse, mais sans aucune méchanceté. Puis, curieuse, elle dirigea son regard vers l'ouvrage, sur le sol. L'illustration l'intriga, au point qu'elle ne cherche même pas à s'approcher de Cahir pour l'aider à se relever. La jeune femme prit le livre dans ses mains, intriguée face à ce dessin.

- Il fut un temps où j'apprenais la voyance, grâce à ma mère ... Oh, je n'avais pas ce don, mais j'étais intriguée par toutes ces cartes, et ces dessins. Et, là ... Ce dessin ...

Ses doigts fins trottérent le long des lignes de l'illustration.

- "On dit que l’amour donne la force à un être de soulever une montagne pour sauver la personne qu’elle aime. Aucun individu ne devrait avoir la force de soulever une montagne."

Récita t'elle doucement de se permettre un :

- Naisierie stupide.

Oui, bon, je pense que vous avez compris que les relations humaines, ce n'était pas vraiment le trip d'Eclipse. Pour elle, l'amour n'était qu'une vaste légende. Quelque chose de chaud et glacé, d'enivrant et d'angoissant. Un foutu paradoxe qu'elle s'efforçait de détester.

- Quand une femme se damne pour un homme, qui ne respecte pas sa promesse et son engagement envers elle, cela peut s'avérer, disons ... corrosif. Tout autant qu'espèrer marchander avec les Enfers lorsqu'on est pas nécromancier.

Eclipse poussa un long soupir. Elle crevait d'envie de s'allumer une cigarette, tout en sachant que ce serait une très mauvaise idée. Après avoir récitée ces mots, elle ne put s'empêcher de frissonner ... Les esprits damnés adoraient venir posséder les corps d'autres personnes. Et l'idée même que cette Marjorie cherche à la posséder l'emmerdait assez. Oui, bon, elle n'avait pas peur, cela lui était arrivée plusieurs fois. Mais si vivre une possession est relativement pénible, vivre une après-possession est encore pire. Le corps est traumatisé, et se révolte à sa manière. C'est assez emmerdant, quoi.

Puis elle se tourna vers Cahir.

-  Qu'en pensez-vous ? Votre mémoire vous revient ?
« Modifié: jeudi 19 avril 2012, 19:14:42 par Eclipse »
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Cahir

Humain(e)

Re : Hantise (PV)

Réponse 13 jeudi 19 avril 2012, 18:42:17

Des chutes, Cahir en avait connu. Certaines plus hautes que celles-ci. Ça n’avait jamais été agréable, surtout quand un rat vous marchait dessus, mais ça avait au moins le mérite de réveiller très rapidement quelqu’un. Se retournant, l’apatride finit par se relever, Eclipse préférant observer le livre.

*Et elle prend tous les risques... maugréa-t-il. ’Fichue nécromancienne..*

Elle commentait l’illustration, récitant à haute voix le proverbe. Chaque conte était un apologue, avec une morale, qui était indiquée à l’entrée. Cahir ne connaissait pas la teneur de ce compte, mais, rien qu’à lire ce proverbe, il savait de quoi ça parlerait. Une histoire d’amour qui avait du mal finir. Un grand classique, en somme. Mais quelle autre passion était suffisamment forte pour permettre de mettre en échec la mort ? Sûrement pas l’avarice ou la cupidité. « Niaiserie stupide », commenta-t-elle simplement. Il ne répondit pas là-dessus. Cahir avait bien compris qu’Eclipse était du genre à vivre seule, ou, à défaut, dans une crypte.

*On dit les nécromanciens nécrophiles, songea alors Cahir. Hum... Non... Elle a un beau trop cul pour se contenter de squelettes décrépies...*

Elle lui posa alors une question, et Cahir haussa les épaules.

« Ce que j’en pense, c’est que ce conte ressemble bien trop à ce que nous vivons actuellement pour n’être que le produit d’une simple imagination. Permettez... »

Cahir récupéra le livre, et alla le poser sur une table, à côté de la série de parchemins représentant l’architecture du château à travers les âges. Des plans, c’était toujours utile, même s’il ne voyait pas encore en quoi. Cahir commença à rapidement lire ce conte. Il concernait naturellement ce château-ci, et se tenait lors d’heureuses périodes : des fiançailles. Des fiançailles entre le jeune seigneur héritier, âgé de neuf ans, et la Comtesse Marjorie, âgée de vingt-quatre ans. Il ne fallait pas lire plus loin pour comprendre que c’était un mariage politique, décidé par les parents. Que le narrateur choisisse de commencer par là illustrait le parti pris de l’auteur. Juste après, on s’intéressait à Marjorie, qui était amoureuse de l’écuyer de son frère, chevalier. Une telle romance n’avait pas été du goût du père, qui avait déchu l’écuyer, confisqué les biens et les terres de sa famille, et fait fouetter ce dernier sur la place publique jusqu’à ce qu’il meure, dans une longue agonie, contraignant ensuite Marjorie à se marier.

Pour l’heure, il n’y avait rien de vraiment intéressant ou original. En tournant une autre page, Cahir vit alors une autre image. Une robe de mariée. La Mort. Un sablier rougeâtre. Le temps et la vie... Une scène de mariage maudite... Marjorie avait difficilement accepté la déchéance de l’homme qu’elle aimait. Elle en avait pleuré toutes les nuits, ainsi que le disait le conte. Cahir soupçonnait qu’elle avait du faire plus que ça, connaissant l’élan naturel des femmes à exprimer leurs passions. Elle avait fini par recevoir la visite, lors d’une nuit d’orages, d’une femme, une « vilaine fée » qui lui avait offert la possibilité de retrouver son amant dans l’au-delà, si elle sacrifiait une vie d’importance... Comme son récent époux.

Marjorie avait accepté, et avait tué dans le lit son jeune époux. Elle avait ensuite été pendue, et son geste inconsidéré avait provoqué la disparition de toute sa famille. Fin de l’histoire. A aucun moment, leur nom n’avait été prononcé.

« Bon... lâcha Cahir. Je sais que ce fantôme s’appelait bien Marjorie, mais son nom... Hum... Bo... Bophis, Bophedor, Bolopho... Raah, putain ! »

Il frappa d’un coup sec sur la table, n’arrivant pas à s’en rappeler. Foutue vodka... Secouant la tête, l’apatride regarda Eclipse.

« Je pense que notre chère Marjorie a du aller voir une nécromancienne, ou en convoquer une dans son désespoir. Sachant que le mariage n’a pas été consommé, je pense que les parents ont du l’annuler. C’est ce que les miens auraient fait, en tout cas. Qui aurait envie d’avoir dans son arbre généalogique l’histoire d’une femme qui tue un gosse ? »

Le nom de famille de la Comtesse avait du être censuré dans cette région, et Cahir pensait que même le Comte ignorait cette histoire. Soupirant, ce dernier demanda alors à Eclipse :

« Vous pouvez m’en passer une ? J’ai besoin de me détendre... »

Cahir fumait peu, vie guerrière oblige, mais il estimait que la situation actuelle autorisait quelques exceptions.
DC d’Alice Korvander.

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Eclipse

Humain(e)

Re : Hantise (PV)

Réponse 14 jeudi 19 avril 2012, 19:14:21




Ni une, ni deux, la jeune femme planta une cigarette entre ses lèvres, l'allumant avant de lui tendre, pour ensuite s'en allumer une. C'était bien ça, son péché ... Elle poussa un long soupir, avant de s'approcher davantage de l'illustration. Elle avait lu au même rythme que lui, sans faire aucun commentaire. L'histoire ne l'avait aucunement bouleversée, au point qu'elle en vienne à se demander si elle était capable de ressentir quelque chose. Ses drogues lui niquaient les sens, mais elles lui étaient indispensables pour continuer à exercer sa "profession" sans risquer de mourir à chaque instant. Eclipse tira une large bouffée de tabac, laissant le silence s'insinuer pendant un moment.

- A cette époque, on disait qu'une femme avait deux choix, pour survivre. Se marier, ou se prostituer.

Un sourire un brin moqueur.

- Au final, c'est la même chose.

Elle fit claquer sa langue contre son palais, sa main droite tapotant l'ouvrage. Eclipse était du genre à aimer les drames - sans blague ... - et les histoires de sang, d'héritage, d'amour maudits. Au point qu'elle passait des heures, chez elle, à regarder des films où des empereurs et des impératrices conspiraient les uns contre les autres. C'était son petit plaisir personnel, disons.

- Putain, un esprit vengeur ... Oh, misére, que ces morts là sont pénibles. La rancune est le pire des défauts, chez les morts comme chez les vivants.

Une nouvelle bouffée de tabac, un nouveau silence.

- Il me faut son nom, pour la chasser. Elle reviendra plus puissante, à chaque fois, et pourra causer de nombreux dégâts, si nous n'agissons pas tout de suite.

Une myriade d'idées se bousculaient dans son esprit. Si Eclipse parvenait à connaître son nom, elle pourrait exorciser les lieux. Ce serait une vrai partie de plaisir, à n'en point douter. La jeune femme, à nouveau, tira sur sa cigarette, se détachant de l'ouvrage. Et quelque chose se passa. Enfin, sous ses pieds, en tout cas. En reculant du livre, le talon de la chaussure d'Eclipse avait heurté quelque chose. Quelque chose qui avait été libéré par la destruction de l'estrade. La jeune femme se pencha doucement, ses doigts palpant sans aucune peur les pavés infects. Une pierre avait été délogée, et son talon s'était enfoncé dedans. La nécromancienne poussa la pierre, enfouissant sa main dans le trou, et ses doigts reconnurent quelque chose. Au bout de vingt secondes, elle parvint à attraper quelque chose, qu'elle garda serrée dans son poing.

- Finalement, vous m'êtes assez utile. Je ne regrette plus de vous avoir sortit de ce cachot.

Quand Eclipse ouvrit le poing, c'était pour dévoiler un médaillon. Où le nom d'une certaine M. de Bophessa était gravé.

- Les archives ne sont pas loin des anciennes écuries, et j'ai ouïe dire qu'avant, on trouvait ici une salle d'eau, où les personnes se rafraichissaient après leur séance d'équitation ... Concernant cette chère Marjorie, ce devait être une forme d'équitation assez palpitante, d'ailleurs ... Bref. Une salle d'eau transformée par la suite en archives, dans le prolongement de la bibliothéque.
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