Vampire et Démon [PV]

Qu’Alexis ne prenne pas son pied ne rentrait pas en ligne de compte. Dans l’absolu, il était toujours préférable, pour Mélinda, que l’autre partenaire se plaise, sauf exceptions, mais, dans le fond, le plaisir de l’autre n’influait pas sur celui de Mélinda... Surtout quand il s’agissait de donner des coups de fouet. Dans un sens, elle aurait même préféré lire de la terreur dans son corps, mais, tout ce qu’elle ressentait, et qui était encore plus frustrant, c’était une espèce d’absence de la part du démon. Une terreur panique, oui, mais pas à son encontre.

*Salopard de démon... Tu me prends pour qui ?! Je suis une vampire ! Je suis Mélinda Warren ! Tu dois me craindre et me respecter, stupide esclave !*

Ses mains tremblaient de frustration, alors que Mélinda réfléchissait à une nouvelle manière de le torturer, de lui faire payer cet ignoble affront. L’enfermer à nouveau dans la vierge de fer ? L’attacher à l’un des arbres de sa propriété en le recouvrant de miettes de pain pour laisser les oiseaux le titiller ? Faire un séjour à Sylvandell pour le suspendre plusieurs jours sur les croix en bois surplombant le vide ? Mélinda ne manquait pas d’idées, mais il lui en fallait une maintenant. Elle abattit rageusement son fouet, dont le bout était recouvert d’une matière écarlate qui s’égouttait sur le sol. Quiconque serait rentré ici aurait pu croire qu’Alexis était mourant, à voir la manière dont son dos semblait avoir été piétiné par un éléphant.

Mélinda entendit soudain des battements d’ailes. Alors qu’elle s’apprêtait à abattre encore une fois de plus le fouet, elle s’arrêta, tournant la tête. Le bruit enflait et se rapprochait, faisant penser à une armée d’harpies emplumées convergeant vers son manoir.

« Mais qu’est-ce que... ?! » s’exclama Mélinda.

*SCRAAAAATCH !!!*

Le verre de sa fenêtre, double vitrage, explosa sous l’impact d’une nuée de corbeaux noirâtres qui plongèrent en piaillant. Mélinda en fut tellement surprise qu’elle en lâcha son fouet, sentant des serres lui griffer le visage. Elle en tomba à la renverse, tandis que Liana, plus prompte, fila se planquer sous le lit, feulant à chaque fois qu’un corbeau s’approchait, mais étant surtout terrorisée.

*Il faut croire que cet imbécile n’avait pas menti... C’est quoi, tous ces putains de piafs ?!* songeait Mélinda en se redressant.

Les corbeaux dévastèrent la pièce, passant par la cheminée, avant de sortir, se perdant dans le manoir. Mélinda entendit des servantes hurler de panique en les voyant filer dans toutes les pièces, avant de former une espèce de corridor unique qui explosa une grosse fenêtre au fond d’un couloir. Mélinda avait eu l’occasion, depuis son séjour sur Terre, de voir quelques films terriens, et cette scène n’était pas sans lui rappeler un classique du cinéma d’épouvante, « Les Oiseaux ». Si elle avait pu voir l’extérieur de son manoir, avec des oiseaux posés partout, y compris sur les lignes téléphoniques et le mur, la comparaison aurait été encore plus probante

Se relevant, Mélinda pesta en époussetant ses cheveux, ôtant des plumes. Sa belle chevelure était défaite, et, quand elle se regarda dans un miroir brisé et renversé sur le sol, elle fit la moue. Ses belles mèches étaient en bataille, la faisant ressembler à une furie ! La ressemblance était d’autant plus frappante qu’elle avait le teint rouge, colérique, et une furieuse envie de découper à tour de bras.

Les rideaux s’écartèrent alors, manquant être arrachées, et Mélinda comprit que la propriétaire des corbeaux venait d’arriver. Elle arriva dans un tourbillon de flammes dansantes et hypnotiques, et Mélinda crut initialement voir là Kaileesha, l’une de ses amies démones. Elle révisa son jugement. S’il y avait bien des ressemblances, Kaileesha n’avait pas cette longue chevelure d’un noir d’encre, pas plus qu’elle ne s’affublait d’une longue cape, ni ne portait autant de bijoux de manière aussi ostentatoire. Néanmoins, cette femme, comme Kaileesha, portait une espèce de pseudo-armure ayant plus vocation à mettre en avant les formes alléchantes de son corps, plutôt qu’à la protéger, et elle dégageait la même aura de puissance. Kaileesha, après tout, était une puissante démone ashnardienne, ayant ses entrées dans le Palais, et qui avait une carrière de militaire endurcie.

*Voilà donc la soeur d’Alexis... Le coquin a été avisé de ne pas m’en parler ; me voilà plongée dans une véritable dispute de famille !*

Les problèmes familiaux n’étaient pas l’apanage des humains ; ils étaient communs à toutes les espèces, et probablement à travers tous les âges. Les démons y avaient également droit, et les problèmes familiaux étaient généralement résolus à la manière des démons : dans le sang et la douleur. Le plus fort de la fratrie commandait aux autres, jusqu’à ce qu’un membre plus fort ne daigne le renverser. Mélinda n’avait jamais compris pourquoi les démons ne s’étaient pas tous entretués depuis des millénaires, vu leurs coutumes barbares... La vampire ne pouvait que rire face à cette croyance typiquement humaine, selon laquelle le pire ennemi d’un démon était un ange. Ange et démon étaient certes totalement opposés, mais le pire ennemi d’un démon, c’était un autre démon, tout simplement.

*Voilà pourquoi les vampires sont des êtres solitaires par nature... C’est beaucoup plus simple !*

Cette femme avait l’air d’une démone pure souche. Belle, vicieuse, avec un goût prononcé pour les effets théâtraux, elle avait aussi l’air, élément indispensable chez les démons, incroyablement chiante. Sans se gêner, elle rentra dans la chambre dévastée, utilisant sa magie pour attirer à elle le tableau représentant Mélinda. Fronçant les sourcils, cette dernière ne disait rien. La démone avait compris qu’elle était une vampire. Pas spécialement difficile, dans le fond, mais ça illustrait au moins le fait qu’elle était sensiblement plus forte qu’Alexis... Et pas du genre à courber l’échine.

La démone jeta le tableau sur le sol, fort heureusement sans le casser. Autrement, Mélinda aurait probablement du la tuer. Elle se présenta comme s’appelant Caprice, ce qui n’étonna qu’à moitié Mélinda. Que ce soit sur Terra ou en Enfer, les démons n’avaient jamais été très imaginatifs. Croisant les bras, la vampire finit par dire :

« Vous avez abîmé ma chevelure lâcha-t-elle d’un ton sec, n’ayant nullement peur. C’est un crime odieux. »

Elle tourna la tête. Liana était toujours là, se terrant dans les profondeurs du lit, espérant sans doute qu’on l’oublierait. Mélinda plongea son regard acéré dans celui de Caprice.

« Mais je veux bien vous pardonner ça ; les bonnes manières n’ont jamais été l’apanage des démons. A l’avenir, si vous voulez entrer, sachez qu’il existe un portail et une porte d’entrée. Vous n’aurez pas à laisser vos horribles plumes dans mon manoir ! »

Ce n’était pas Mélinda qui ferait le ménage, mis il était tout de même agressant, pour ses yeux, de voir des plumes noirâtres un peu partout.

« Bref... En temps normal, j’aurais volontiers choisi de converser avec vous, mais votre simple présence suffit à paniquer mon nouveau jouet, et intervient dans un moment où j’étais en train de me faire plaisir. Et je connais suffisamment les démons pour savoir qu’ils ne font pas de visite de courtoisie envers les membres de leurs fratries. En clair, qu’est-ce que vous voulez ? »

Mélinda était suffisamment intelligente pour savoir qu’elle ne gagnerait rien en attaquant Caprice. D’une part, elle n’était pas en tenue adéquate, et, d’autre part, elle ne voulait pas se battre dans son manoir. Caprice était puissante, et sa magie n’était pas son seul atout. Même si Mélinda pouvait l’affaiblir avec sa dymérite, cette démone semblait suffisamment puissante pour pouvoir continuer à se battre, ravageait sa belle robe, ses tapisseries, et abîmer son manoir.

*Ce n’est pas la première démone avec qui je négocie, songeait Mélinda. Et elle na pas l’air bien différente des démones de Terra. Si elle lit en moins une incertitude quelconque, une peur, elle se croira en position de force, et nous devrons nous affronter...*

Fort heureusement, tout ce qu’on pouvait ressentir de la part de Mélinda, c’était une espèce de profond agacement. Il suffisait ensuite de faire le lien entre le dos massacré d’Alexis et le liquide intime qui continuait à orner les jambes de la vampire pour comprendre ce qui l’agaçait.

-Votre nouveau jouet ? Vous avez fait de mon très cher frère, votre jouet ? dit la démone avant de glousser.

Cela semblait beaucoup l’amuser et en rien l’outrager. Ayant déjà qualifié Alexis de déchet, on pouvait aisément deviner qu’elle ne le portait pas en son cœur. En se dandinant, elle glissa voluptueusement jusqu’à son détesté frère. Ses nombreux bijoux cliquetèrent dans son mouvement. D’une main, elle lui caressa la joue. C’aurait pu être un geste affectueux mais venant d’elle, cela ne collait pas du tout. Ce geste en devenait du coup une douce menace. Elle en profita pour murmurer quelques mots à l’oreille du démon. Mélinda put toutefois entendre cet échange si cordial.

-Et toi, qu’est-ce que tu en dis ? Tu as vraiment dû ramper pour mériter cette place. Ce manoir, cette vampire… et moi qui pensais te trouver dans un trou de souris.
-Caprice, je…

La démone s’écarta, refaisant face à la maitresse des lieux. Pour être honnête, discuter n’était pas vraiment dans son plan initial. Elle ne voulait surtout pas prendre le risque qu’Alexis lui file entre les doigts. Néanmoins, ce dernier était si terrifié que l’idée même de la fuite ne semblait pas lui venir en tête. De plus, la vampire ne semblait pas être n’importe qui. Elle ne semblait pas avoir été effrayée malgré la mise en scène. Elle était certainement prête à livrer bataille s’il le fallait. Or, si cela arrivait, si Caprice devait faire face à une adversaire capable de lui tenir tête même un petit peu, son frère en profiterait. Celui-ci était certes un indigne poltron, mais il n’était pas totalement stupide au point d’attendre sa mort. La peur finirait par le quitter si elle ne le gardait pas à l’œil. Très bien alors. Oubliant son désire de destruction totale, la démone opta pour la discussion ou, tout du moins, pour un minimum d’explication.

-Ho, je suis navrée, vraiment, de m’imposer à vous en un instant aussi… peu approprié, fit-elle, suave.

Elle avait bien évidement fait le rapprochement entre l’activité de Mélinda et ce qui humidifiait ses jambes

-Mais j’ai peur de devoir vous enlever votre jouet. Je pense, de toute façon, que mon frère est indigne de servir quelqu’un de votre rang, ou même de servir qui que ce soit d’autre. Saviez-vous que ce beau démon a la fâcheuse habitude de devenir une pitoyable souris pour fuir comme le froussard qu’il est ?

Disant cela, Caprice pointa de son doigt Alexis. Un éclair move le frappa et le changea en souris noire pourvue de mains, exactement celle qu’avait déjà vu Mélinda. La souris resta un instant en lévitation avant de tomber au sol avec un petit couinement lamentable. Secoué par ce qui venait de se passer, le démon affolé partit se cacher derrière la vampire.

-Regardez-le ! Regardez-le comme il est ridicule !

La voix de Caprice était devenue moins douce. Ce spectacle ne l’amusait curieusement pas. On la sentait révoltée. Quand elle reprit, il y avait dans son ton une fermeté et une dureté stupéfiante. Sous ses airs de velours se cachait une dame de fer.

-Il salit le nom que je porte ! Il ME salit MOI par son existence ! Le savoir en vie m’est insupportable et il est grand temps que cela cesse ! Je le veux, LUI, pour en finir MAINTENANT ! J’ai mieux à faire que de courir après un rat !

Subitement, elle redevint calme et douce.

-Ceci fait, je m’en irais et vous ne serez plus importunée.

L’attitude de Caprice confirmait ce que Mélinda pensait. Une dispute entre frère et soeur. Caprice était indiscutablement la dominante. Il suffisait de sentir à quel point Alexis était terrorisé face à elle. Visiblement, tout ce que cette démone cherchait était le tuer. Si la mort d’Alexis n’affecterait pas énormément Mélinda, il était son esclave, et elle seule pouvait décider quand et qui tuerait Alexis. Le maître jouissait sur son esclave de prérogatives absolues. Négocier avec cette démone risquait de s’annoncer assez délicat, dans la mesure où elle semblait assez puissante. Comme pour se moquer d’Alexis, elle le transforma en rat, ce gros rat affreux qui semblait être la forme préférée du démon. Ce dernier, plutôt que de se faufiler sous le lit, où Liana se terrait, en croyant peut-être que personne ne l’avait remarqué, choisit de s’abriter derrière les pieds de Mélinda. Alternant entre une espèce de rage et de fureur propres aux démons, et un calme qui décontenançait généralement ceux qui étaient peu habitués à leur parler, Caprice parla.

*On ne sait jamais sur quel pied danser avec eux... Ma petite Mélinda, il va falloir jouer serré si je ne veux pas perdre la face.*

Fermant rapidement les yeux, Mélinda les rouvrit.

« Malheureusement, je crains fort de ne pas pouvoir céder à vos exigences lança d’emblée Mélinda. Alexis est mon esclave, et s’il est aussi insignifiant à vos yeux que vous semblez le dire, je peine à comprendre pourquoi vous vous amusez à changer de dimensions pour le traquer. »

Ces deux démons lui cachaient quelque chose, et Mélinda détestait ça. Une vieille haine familiale ? C’était possible, mais peu probable. Après tout, Caprice semblait bien plus forte et plus puissante q’Alexis. Il aurait fallu que ce dernier soit à son niveau pour qu’elle puisse le haïr. Elle était plutôt affreusement dégoûtée par ce dernier. Pourquoi le traquer à ce point ? Qu’est-ce que ça voulait dire ?

« Ce démon est mon démon trancha-t-elle. Maintenant qu’il est mon esclave, il bénéficie de ma protection, et portera le nom que je veux qu’il porte. Que lui voulez-vous exactement ? »

Le seul moyen de négocier, c’était de savoir ce qu’elle voulait.

-Votre PROTECTION ?! vociféra Caprice, visiblement furieuse qu’on ose ne pas céder à ses exigences.

La voix de la démone s’était presque dédoublée, devenant inhumaine, infernale. L’air autour d’elle devint chaud, chargé d’une hostilité presque palpable. Des flammèches moves se mirent à danser sur son corps. Elle maitrisait si bien la magie noire que cette dernière transpirait d’elle à chaque hausse d’humeur. Caprice serra sa main droite en un poing crispé qui canalisa en lui une bonne partie du feu impie. Il y eut ensuite une sorte de détonation, comme si le tonnerre venait de s’abattre dans la chambre. Le sol, les murs, tout fut parcouru d’un frémissement. La sœur d’Alexis avait-elle prit la remarque de Mélinda pour un défi ? Une chose était sûr, elle était prompte à aller sur le chemin de la violence. Toutefois, cet acte ne resta qu’au rang des intimidations. L’air reprit une température normale et les flammes disparurent. Aussitôt, la démone se détendit, ré adoptant son attitude de velours.

-Il ne vous à donc rien dit ? Je le reconnais bien là et je comprends d’autant mieux vos paroles inconsidérées. Je vais donc vous expliquer pourquoi je prends la peine de quitter les Enfers afin de chercher ce misérable.

La démone se détourna. Nonchalante, elle fit quelques pas et alla s’adosser à la cheminée. On aurait presque cru qu’elle était chez elle. D’un geste négligé du pied, elle écarta un vase brisé afin que celui-ci ne la dérange pas. Puis elle entama ses explications.

-Nous sommes sept en tout. Nous sommes les fils et filles du Baron Sanglant. Un jour viendra où la succession se fera. Ce jour, il n’y aura pas de la place pour tous. Notre baronnie est un vaste et puissant territoire. Il est célèbre de part les Enfers. La forteresse de Roc Noir en est la capitale. Sans vouloir vous offenser, chère vampire, votre manoir n’est pour le Baron qu’un taudis. Il a sous ses ordres des millions d’âmes. Sa fortune est colossale. Sa noble lignée a écrit de glorieux chapitres de l’histoire infernale. Il est l’un des grands démons qui entoure l’archi-diable, Satan.  Alors, il exige de nous, ses héritiers, de nous montrer dignes de ce qu’il représente. Le comportement d’un seul peut ternir un si beau tableau.
 
Caprice se décolla de la cheminé et fit face à Mélinda.

-Le Baron veut la tête d’Alexis. Celui qui la rapportera aura un net avantage sur la concurrence.  Comprenez-vous à présent, chère vampire ? Je ne quitterais pas votre demeure sans lui. Et même si, par je ne sais quel concours de circonstance, je m’en allais bredouille, soyez certaine que vous recevrez vite d’autres visites. Vous interposer entre le Baron et Alexis est… très peu conseillée si vous voyez ce que je veux dire.

De son côté, Alexis restait bien caché derrière sa maitresse. Elle était pour lui comme un rempart ô combien plus rassurant qu’un lit ar exemple.

Mélinda ne se laissa pas démonter quand Caprice laissa parler sa magie noire. Elle connaissait suffisamment les démons pour savoir que ces derniers avaient un goût inné pour la provocation. Elle se contenta d’attendre, et cette dernière consentit à lui donner quelques explications. Comme Mélinda s’y attendait plus ou moins, c’était une histoire de successions. Sept démons, et un père. Le Baron Sanglant. Avec un nom pareil, on pouvait se dire que cette succession consistait en une série de meurtres. L’héritier survivant hériterait du domaine. Une tradition chez les démons. L’Empire d’Ashnard encourageait cette pratique, car elle permettait de réguler la population chez les démons, en augmentation croissante. Les démons avaient une place prépondérante au sein de l’Empire, mais il n’étaient pour autant pas la seule espèce. Mélinda n’était donc pas spécialement surprise des raisons de Caprice. Elle ne commenta toutefois pas l’impressionnante armée du Baron. Si ces millions de soldats étaient de simples petits démons, son armée était relativement insignifiante par rapport à celle de l’Empire, mais Mélinda ne pouvait pas vraiment compter dessus. Même si elle avait des liens dans les hautes sphères, elle restait une simple marchande, une simple esclavagiste.

« Comme je vous l’ai déjà dit, Alexis est mon esclave. Si vous voulez sa tête, il faudra m’offrir une compensation digne de ce nom. En tant qu’esclave, Alexis est automatiquement rattaché à ma propriété comme une chose, et n’a aucun patrimoine propre. En d’autres termes, il n’a de droit à votre succession que si j’en décide. Fort heureusement pour vous, je ne vais pas me lancer dans une succession démoniaque ; c’est bien trop compliqué pour moi. »

Sachant très bien que la démone ne se contenterait pas de ça, Mélinda enchaîna, sur un autre registre que celui de la conciliation. Elle décida de l’intimider :

« Je suis une citoyenne loyale de l’Empire que je sers. Les impôts que je verse périodiquement, et les différentes compensations, ainsi que ma place, font de moi une femme précieuse. Vous ne connaissez peut-être pas énormément Terra, mais vous devez savoir que l’Empire d’Ashnard comporte, lui aussi, d’innombrables légions de puissants soldats. Des démons, des golems, des dragons, des géants... Je ne connais pas votre père, mais, de ce que je sais de votre monde d’origine, vous avez déjà suffisamment d’ennemis comme ça sur les bras sans en rajouter un autre, qui affaiblirait considérablement la baronnie, ou la réduirait à néant. »

Mélinda ne bluffait que partiellement. Elle amplifiait légèrement son importance au sein de l’Empire, mais ne mentait pas sur sa puissance militaire. De ce qu’elle avait pu voir de la Terre, de Nexus, ou de Tekhos, il n’existait aucune puissance qui puisse, militairement parlant, rivaliser avec Ashnard. Que Nexus n’ait jamais été conquise ne relevait pas pour elle de sa puissance militaire, mais d’autres facteurs. Quant à la Terre... Ils avaient un passé militaire riche, mais étaient endormis, faibles, assoupis... Les plus puissantes armées du monde étaient dirigées par des incompétents qui n’avaient pas en tête la victoire, mais de se faire bien voir auprès de leurs peuples. Les méfaits de la démocratie... Contre la machine impériale, les Terriens n’avaient aucune chance non plus. Mélinda n’exagérait donc pas quand elle parlait de cette armée, mais elle doutait franchement qu’une guerre éclate pour un simple esclave.

Fort heureusement, elle travaillait avec des démons qui n’avaient visiblement qu’une connaissance restreinte de Terra. Le savoir, c’était le seul véritable pouvoir de ce monde. Et Mélinda savait. Elle savait que, tant que le doute subsisterait dans la tête de Caprice, cette dernière l’écouterait, et, même si elle feindrait le contraire, elle réfléchirait sciemment à ce que Mélinda disait. La vampire poursuivit donc, sans jamais lâcher le regard de la démone :

« J’ignore qui est votre père, mais ce que j’ai à vous proposer vaut bien plus pour vous qu’un petit démon poltron. Dans ce domaine, chère démone, il existe une règle de base : ce qui est rare est précieux. J’ai sous mon autorité bien des espèces, mis peu de démons. Je ne compte pas abandonner si facilement le mien. En revanche, je crois que votre monde ne dispose que fort peu des multiples espèces qui pullulent sur Terra. »

Mélinda pointa alors sa tête vers le lit.

« Sors d’ici tout de suite, Liana ! »

Il y eut un petit moment de flottement, d’hésitation, avant que la timide tête de Liana ne pointe du drap. Elle sortit rapidement, regardant craintivement, oreilles basses, Caprice, avant de s’approcher de Mélinda. Machinalement, cette dernière lui caressa la tête. Alexis avait semblé assez surpris quand il avait vu cette dernière... Et, de ce qu’on disait de l’Enfer, il n’y avait pas de nekos là-bas...

« Liana est une neko... Voici ce que je vous propose, Caprice... Vous abandonnez l’idée de pouvoir présenter à votre père la tête décapitée de votre frère, et vous lui offrirez à la place des choses qui ne pourront que le ravir. Je connais suffisamment les démons pour savoir que, contrairement à ce qu’on en dit, vous n’êtes pas que des brutes épaisses uniquement intéressées par le sang et la souffrance. La luxure est aussi l’un de vos traits communs, et, sur ce point, je crois qu’Ashnard peut vous offrir bien des choses. Outre des nekos à votre service, et d’autres espèces, l’Empire peut également vous être utile sur un plan militaire en vous offrant des armes suffisamment solides pour trancher l’écaille des dragons, et des armures suffisamment résistantes pour que vos guerriers puissent être plus efficaces. Mais, aussi forte que vous soyez, sur Ashnard, vous n’êtes rien, alors que, moi, je suis quelque chose. Je peux vous servir d’intermédiaire... »

Mélinda poursuivit, concluant :

« Je peux vous proposer de devenir ma partenaire ou mon ennemie. Sachez toutefois qu’être mon ennemie n’est pas conseillée, car je dispose d’une chose qui n’existe pas sur Terra, et qui peut vous être fatale... »

Mélinda ouvrit alors son pendentif, montrant l’arme maudite des magiciens. La dymérite. Le cristal blanc étincela brièvement, et commença à produire ses effets. Les espèces de flammes qui semblèrent auréoler le corps de Caprice disparurent, et son corps, comme celui d’Alexis, commença à se transformer, révélant leurs vraies formes. Mélinda eut un sourire pervers. Caprice avait beau été forte, elle ne l’était pas assez pour lutter contre la dymérite. Mélinda referma son pendentif.

« On l’appelle la dymérite... Sur Terra, il existe plusieurs cristaux permettant d’annuler les effets magiques, ou de les bloquer... L’obsidienne, notamment, mais aussi d’autres matériaux encore plus rares et plus précieux, comme ce fragment de dymérite... A votre avis, combien votre père serait prêt à donner pour obtenir le pouvoir d’empêcher ses ennemis d’utiliser leurs pouvoirs magiques ? »

La carotte était lancée. Avec le bâton... Dans sa tête, Caprice devrait comprendre que, sans sa magie, elle était bien moins dangereuse. Pour négocier avec un démon, il fallait toujours taper du poing sur la table.

Il fut excessivement difficile à Mélinda de mesurer le poids de ses paroles sur Caprice. Celle-ci se mettait à fulminer pour un rien mais on ne pouvait du coup pas savoir ce qui l’indisposait ou l’inquiétait vraiment. Si on s’en tenait juste aux apparences, la seule chose que la démone appréciait était que tout se passe comme elle l’avait prévu. Et cette vampire qui lui tenait tête devenait un obstacle vraiment agaçant. La négociation, de plus, ne tournait vraiment pas dans une direction qu’elle désirait. Offrir une compensation contre la mort d’Alexis, à la limite, pourquoi pas. Mais accepter que son frère reste en vie, et ce quel qu’en soit le prix, ce n’était pas dans le domaine du possible selon elle. Mais elle écouta, néanmoins, tantôt amusée, tantôt irritée, tantôt dédaigneuse.

Terra, c’était à peine si elle avait déjà entendu ce nom avant. Ho, bien sûr, il y avait quelques rumeurs sur l’existence d’un plan baptisé ainsi mais Caprice avait autre chose à faire que de prêter l’oreille à cela. Après tout, des plans, il devait bien en exister des millions, la plupart presque inconnus de tous. Le Multivers était ainsi fait, d’innombrables couches qui se cachaient les unes des autres. La démone ne s’intéressait, comme presque tout le monde, qu’à ce qui la concernait, soit l’Enfer et notre monde, essentiellement, un peu le Paradis aussi. Ignorant donc tout de Terra, elle ne fut pourtant pas inquiétée par la prétendue puissance de l’empire que servait cette Warren. Il était pour elle inconcevable que la Baronnie soit inquiétée par une force venue de l’extérieur, tout simplement parce que les portes de l’Enfer n’étaient pas simples à franchir, que ce soit dans un sens ou dans l’autre. Même si elle ne le présenterait jamais sous cet angle, l’Enfer ressemblait fort à une prison pour les Démons, un monde isolé. S’il en avait été autrement, si les armées infernales avaient pu en sortir à leur guise, cela ferait bien longtemps que la Terre aurait été dévastée. Seuls de rares créatures démoniaques, comme les enfants du Baron Sanglant, pouvaient percer les parois de cette prison. Ils pouvaient conduire des gens avec eux, mais en aucun cas une armée. Et si vaincre les forces infernales était à la portée du premier empire venu, cela ferait bien longtemps que l’Enfer ne serait plus. Non, la Baronnie ne craignait rien et les démons n’avaient pas leur pareil dans l’art de la guerre.

Mais ici, il n’était pas question de guerre ou d’armée. Si conflit il y avait, ce serait entre cette vampire et Caprice. ET si d’autres voulaient s’y joindre, grand bien leur fasse. La démone avait du répondant. Les arguments de Mélinda s’enchainaient. L’apparition de la Neko ne suscita que du dédain chez la sœur d’Alexis. L’évocation de la luxure la fit toutefois un peu sourire. Et quand à la dymérite, elle lui arracha une grimace où se mêlait colère et surprise. Mais c’était modéré. Caprice n’avait pas été réellement déstabilisé. Son changement de forme laissa entrevoir une créature ailée, cornue et griffue mais au corps toujours très féminin. D’ailleurs, on put tout de suite constater que la tenue qu’elle portait pouvait fort bien s’adapter à sa véritable apparence, preuve qu’elle ne changeait pas tant que ça.

Dans le dos de la vampire, la souris noire qu’était Alexis commença elle-aussi à se transformer. On vit l’émergence de quelques écailles avant que ne cessent les effets de la pierre anti-magie. Les deux démons, presque en même temps, usèrent de leur don de métamorphose pour reprendre leur forme initiale.  Caprice reprit la parole, douce et menaçante.

-Vous n’êtes pas sans surprise, petite vampire, je veux bien l’admettre. Mais si vous espérez un seul instant m’impressionner avec votre petite pierre, j’ai peur que vous soyez déçue. Pour prétendre à la Baronnie, il faut avoir plus d’une corde à son arc. Je n’ai pas laissé mes études des sombres arcanes m’aveugler. Je n’ai pas attendu cette rencontre pour découvrir qu’il était possible de bloquer la magie. L’un de mes frères, pas Alexis cela va de soi, m’a déjà montré ça bien des années plus tôt. Voyez-vous, il est passé maitre dans l’art de… dévorer la magie au sens propre du terme. Je peux vous tuer de mille façons différentes. La magie noire n’est qu’une d’elles.

Elle commença à s’approcher. La distance se réduisant entre les deux femmes, la tension ne pouvait que monter.

-Et en ce qui concerne cette… comment déjà, ha oui, Neko, je ne vois pas vraiment ce que j’en ferais. Mon propre chat fait, j’en suis sûr, un bien meilleur compagnon de luxure. C’est également l’un de mes domestiques préférés.

Elle s’immobilisa, à moins de deux mètres de Mélinda. Croisant les bras, elle poursuivit.

-Mais le problème, voyez-vous, le vrai problème, vient du fait que ce n’est pas moi qui veut la tête De mon frère. Non, je vous l’ai dis, c’est mon père, le Baron Sanglant. Aussi, tenter de négocier avec moi est voué à l’échec. Même dans le cas absurde où vous parviendrez à me convaincre de vous le laisser, mon père n’y renoncera pas. Et il serait si peu stratégique pour moi d’affronter sa colère. Alors c’est simple, chère vampire…

Sa voix se fit plus ferme.

-…ou je prends ce que je suis venu chercher, même s’il me faut pour cela vous trucider sur le champ…

Sa voix se fit de velours, plaine de malice.

-…ou, vous me suivez à Roc Noir, avec Alexis, pour poursuivre cette discussion devant le Baron. Après tout, il est le plus à même de juger la situation. Et j’aurais, à ses yeux, remplit ses exigences, ce qui me suffit amplement.

Caprice n’était pas stupide. Elle avait bien compris que certains arguments de la vampire pouvait être intéressants. Mais elle ne pouvait décider elle-même. Dans les deux cas qu’elle proposait, elle était gagnante. La vie de son pitoyable frère, elle s’en fichait. Alors qu’il finisse mort ou esclavagé, peu lui importait. Tout ce qui comptait, c’était de marquer des points envers le Baron et, ainsi, de s’approcher de la victoire : l’héritage. Or, si la vampire permettait au Baron d’y gagner quelque chose, Caprice ne pourrait qu’en tirer un plus grand bénéfice. Elle était à présent curieuse de la réponse qu’allait donner cette Warren. Se rendre en Enfer, dans un haut-lieu de puissance, devant un noble démon au grands pouvoirs, ce n’était évidement pas sans risque. Dymérite ou pas, une fois là-bas, Mélinda ne ferait pas long feu si les choses tournaient mal.

La discussion commençait à devenir de plus en plus délicate, de plus en plus ardue, mais c’était toujours comme ça avec les démons. A aucun moment, Mélinda ne s’attendait à ce que Caprice fléchisse les genoux en disant : « Vous êtes trop forte pour moi, je me rends ! » C’était une règle fondamentale : un démon ne baissait jamais les bras. Pour le coup, les stéréotypes des films terriens étaient fidèles à la réalité. Quand un démon était vaincu, quand il était vraiment vaincu, et qu’il savait que susciter la pitié de son ennemi ne marcherait plus, on lisait généralement dans son regard un éternel air de vengeance, une ultime bravade envers son bourreau. Elle ne s’attendait pas à ce que Caprice s’en aille sans discuter, même si elle fut légèrement surprise que cette dernière rejette si rapidement les nekos.

*Ah, ces démons... S’ils avaient un peu plus de goût, ils seraient en haut de la chaîne des espèces...*

Caprice n’attaqua pas Mélinda, même si elle se rapprocha d’elle. Le sang de Mélinda battit légèrement dans sa poitrine. La démone s’approchait un peu trop, et, même sans ses pouvoirs magiques, elle n’en resterait pas moins dangereuse. Caprice lui fit ensuite une « proposition » qui fit sourire Mélinda. L’emmener, elle, en Enfer ? Un lieu dont elle n’avait quasiment aucune chance de revenir, afin de voir une espèce de démon surpuissant ? Et en lui amenant en prime Alexis ?

*Est-ce qu’elle me prend pour une conne, ou est-ce qu’elle est vraiment sérieuse ?* songea Mélinda.

La vampire secoua lentement la tête, faisant remuer ses cheveux bouclés. Liana, de son côté, s’était roidie en sentant la démone se rapprocher. Elle sentait à quel point cette créature était maléfique, et avait une frousse panique. La petite neko conservait les oreilles baissées, rassurée que Caprice ne voit pas en quoi elle était intéressante. Elle avait presque eu peur que Mélinda ne décide de l’abandonner à cette femme horrible.

« Si j’ai bien compris, vous me demandez de vous suivre dans un monde dont je ne connais rien, afin d’amener devant votre paternel une cible qu’il convoite avidement, et lui dire, à moi qui suis totalement inconnue dans votre monde, qu’il ne peut pas obtenir sa tête à cause de moi ? »

Un rire poli traversa soudain les lèvres de Mélinda, comme pour montrer à quel point elle trouvait ahurissante la suggestion de Caprice.

« Je ne suis peut-être pas aussi forte que vous, Caprice, mais ne venez pas remettre en doute mes capacités intellectuelles. Seuls les fous ont confiance envers les démons. Je suis disposée à converser avec le Baron Sanglant, mais aucune force ne m’amènera dans votre univers, où mes chances d’en revenir sont inexistantes. »

Les négociations semblaient s’orienter vers une impasse, et Mélinda se mit à marcher. Liana s’écarta prudemment, allant près de la porte, et Mélinda continua ses explications.

« Néanmoins, je suis disposée à offrir mes compensations à votre Père... Mon manoir dispose de catalyseurs et d’appareils suffisamment puissants pour rejoindre votre monde, je pense. Votre père n’aura qu’à s’adresser à moi de manière indirecte... Je connais suffisamment les démons pour savoir que certains peuvent créer des projections d’eux-mêmes. »

Mélinda regarda à nouveau Caprice, ses griffes sorties. Son instinct lui disait qu’elle allait sans doute devoir finir par user de la force, ce qui ne la séduisait qu’à moitié. Non seulement elle était exposée, mais cela risquait d’abîmer un peu son manoir... Refuser une proposition d’un démon, c’était souvent s’exposer à sa rage. C’est ce qui avait conduit Mélinda à proposer une espèce de solution alternative.

« Si le Baron ne souhaite pas de mes présents, alors je lui remettrais Alexis, s’il me fournit une compensation équivalente. Mais, s’il est un homme censé, il comprendra qu’il a tout à fait intérêt de laisser Alexis entre mes griffes, et de profiter de ce que je peux lui fournir. »

Diable ! Cette vampire ne voulait pas lâcher le morceau ! Et la patience de Caprice était très loin d’être illimitée. Elle était initialement partie pour une attaque éclaire, une destruction aussi rapide que violente, et là voilà plongée dans une négociation digne de ce nom. Mais là où Mélinda perdait des points en refusant de se plier aux exigences de la démone, elle en gagnait en lui montrant qu’elle n’était pas née de la dernière pluie. Caprice était bien placée pour savoir que la plus redoutable des armes était l’intelligence. Combien de démons brutaux et stupides avaient été vaincu par plus faible et plus futé qu’eux ? Un véritable petit jeu s’était engagé entre les deux femmes. La sœur d’Alexis affichait désormais son attitude sévère. Warren, en refusant sa dernière proposition, s’était grandement rapprochée du point de non retour. Si Caprice n’obtenait pas ce qu’elle voulait de gré, alors elle userait de la force. Mais pas encore. Non, car elle voyait toujours en son interlocutrice un moyen de tirer plus grand profit que ne représentait la simple mort de son frère.

Et justement, en parlant de son frère, celui-ci s’était un peu remis de ses frayeurs. Constatant que bien peu d’attention lui était portée à présent, la vampire et la démone étant en plaine discussion, il décida de filer à l’anglaise. User de sa magie n’était pas discret, il se contenta donc de s’approcher de la porte pour s’y faufiler comme la petite souris qu’il était. Hélas pour lui, la Neko s’était prudemment postée là pour sa propre sécurité. A l’approche du petit rongeur, qui devait lui paraitre bien succulent, Elle eut une légère réaction qui alarma Caprice. Tournant vivement la tête vers la porte, la démone aperçue la queue de la souris disparaitre.

Ho non ! Toi tu restes là ! fit-elle en tendant la main vers le fuyard.

Elle avait beau l’avoir perdu de vue un petit instant, elle fut tout de même en mesure de le ramener à elle. La souris, trainée au sol par cette même force invisible qui avait attiré le tableau quelques minutes plus tôt griffait vainement le sol pour résister.  Alexis termina sa course pendu par la queue à la main de sa sœur. Il en poussa de nouveau quelques petits couinements affolés. En cet instant, les choses auraient pu dégénérer. En effet, la démone avait en main l’objet de sa convoitise. Un geste aurait pu lui suffire pour en finir, à moins que Mélinda, rapide comme elle l’était en sa qualité de vampire, intervenait mais cela aurait sonné le début des hostilités. Au lieu de ça, elle préféra jeter le démon sur le lit, montrant ainsi une indéniable et surprenante bonne volonté. Certes impulsive, Caprice ne perdait jamais de vu ses objectifs. De plus, tuer sur le coup Alexis aurait été un affreux gâchis. Elle voulait le faire souffrir avant. C’était la moindre des choses quand même !

-J’ai peine à croire que nous négocions pour ça… il y a tellement plus de démons intéressants, lâcha la démone, avec dédain.

En fait, pour être honnête, elle se trompait un peu. Son frère, avec sa puissance non négligeable et sa peur incroyable, représentait presque un cas unique. Et, comme lavait fort justement fait remarqué Mélinda, ce qui est rare est précieux. Caprice poursuivit, suave. Elle s’était de nouveau adossée à la cheminé.

-Mais passons. Je ne peux que comprendre vos réticences à vous rendre en Enfer. Elle témoigne d’une certaine… sagesse, je présume. Comprenez à votre tour qu’organiser cet entrevue risque de prendre un peu de temps. Or, le temps, s’il s’était écoulé en enfer, je n’en aurais eu que faire. Mon frère sous bonne garde à Roc Noir n’aurait pu aller bien loin. Mais ici… ici il peut fuir. Vous-même vous pouvez fuir et ainsi vous soustraire à vos bonnes paroles. Je refuse d’en courir le risque. Je n’aurais même pas confiance en la promesse d’un Ange, alors un vampire, vous pensez bien !

D’un geste de la main, elle fit apparaitre un corbeau. Elle lui murmura quelques mots puis, elle le lança en direction de la fenêtre. Au moment où il aurait dû la franchir, un portail ardent s’ouvrit. Le volatil y disparu, puis le portail à sa suite. Caprice venait d’envoyer un message en Enfer. Ce fut à son tour de proposer une alternative. Il n’y en aurait certainement pas d’autres.

-Cette entrevue aura bien lieu. Et vous n’aurez pas besoin de mettre les pieds en Enfer.  Le Baron vous écoutera et il jugera. Mais en attendant, je tiens à garder l’œil sur mon frère. Enfin... pas moi, j’ai mieux à faire que de le surveiller. Quelqu’un va s’en charger pour moi, quelqu’un de confiance.

Un autre portail ardent s’ouvrit, à la même place que le précédent. Une créature en bondit avant qu’il ne se referme. Mélinda comprit alors pourquoi Caprice n’avait pas vraiment été intéressée par la Neko. Le nouveau venu était un petit homme-chat. Haut d’un mètre trente à peine, son pelage était d’un noir profond. La lumière lui donnait quelques reflets bleus, très subtiles. Son regard, quand à lui, était d’or. On ne pouvait guère apercevoir sa silhouette car ses habits étaient très amples. Mais la vu de son seul visage et de sa façon de bouger témoignaient de sa grâce stupéfiante. Sa tenue était faite de riches étoffes rouges sombres formant une tenue occulte laissant deviner que ce chat était lui-même un grand adepte de la magie noire. Cette tenue comportait un capuchon mais pour l’heure, il était rabattu en arrière. Une ceinture noire à boucle d’or massif serrait sa taille et portait un cimeterre arabe richement décoré lui-aussi. Un pendentif d’or également pendait à son cou, arrivant au milieu du ventre. L’or s’associait à ses yeux et le rouge de ses habits à son pelage. Ces ddeux couples s’opposait dans un contraste qui les mettaient en valeur. Il y avait dans toute son apparence une réelle recherche esthétique. Mais le plus étrange chez ce chat diabolique, c’était que son sang avait l’odeur mêlée des Anges et des Démons. Ainsi était Grim, fidèle esclave de Caprice.

Le chat, très respectueux, s’inclina devant sa maitresse et fit, presque dans un murmure :

-Maitresse, vous m’avez demandé ?
-Oui, j’ai un travail un peu spécial pour toi. Enfin, si cette chère Mélinda Warren accepte bien sûr.

La démone refit face à la vampire.

-Je vous avais parlé de mon chat, et bien le voici. Il se nome Grim. En attendant l’entrevue avec mon père, Alexis n’est plus votre esclave. Mais vous en assumerez sa garde. Il devra être privé de ses pouvoirs et être enfermé nuits et jours. Grim restera ici et s’assurera que rien de fâcheux ne se produise dans mon dos. Au premier signe suspect, ou si Grim venait à mourir, soyez assuré que je débarquerais dans la minute avec assez de démons à mes côtés pour ravager vous, votre, manoir et tous vos éventuels alliés. Mais je suis persuadé que nous n’en arriverons pas là, n’est-ce pas ?

Elle gloussa et reprit.

-Et pour vous dédommager de la perte, peut-être momentanée, de votre si précieux esclave démon, Grim le remplacera. Il obéira à toutes vos exigences du moment qu’il peut toujours accomplir son devoir de surveillance. Si vous appréciez les… Neko, vous apprécierez Grim. Sous ses airs sérieux et réservés, c’est un petit coquin. Alors, qu’en pensez-vous ? Chacun y trouve son compte, il me semble.
     

Mélinda était tellement absorbée dans ses négociations avec Caprice qu’elle ne fit pas attention à Alexis. Ce dernier se faufila vers la porte, prudemment et discrètement, mais oublia la présence de Liara. Réfugiée près de cette dernière, elle tourna la tête en voyant ce gros rat poilu, et se lécha les babines. Elle s’abaissa vers lui, prête à bondir, quand Caprice utilisa sa magie pour l’attraper. Le spectacle qui suivit fut assez pathétique. Voir un gros rat se traîner sur le sol, avant d’être suspendu par la queue... En d’autres circonstances, Mélinda aurait ri de dédain devant une telle situation. Alexis avait le don de se mettre dans des situations ridicules, et on pouvait comprendre pourquoi Caprice le détestait. Elle balança Alexis sur le lit, et Mélinda continua à l’écouter.

Se rendre en Enfer était exclu, comme laisser Alexis y aller. Elle savait qu’elle ne le reverrait jamais, et elle n’aurait sans doute jamais la chance de rencontrer un démon aussi fort et aussi servile en même temps. Caprice le comprit toutefois, et accepta son alternative, en y ajoutant toutefois plusieurs conditions : qu’Alexis ne prenne pas la poudre d’escampette, et qu’il soit sous la surveillance d’un agent de Caprice, qui le fit apparaître. Une espèce de bizarroïde homme-chat que Mélinda contempla sans mot dire, se contentant de croiser, comme à son habitude, les bras.

« Alexis est mon esclave, et il le restera, martela-t-elle. Mais, si cela peut vous rassurer, je ne compte pas m’enfuir. Un vampire ne fuit pas, et, même si je m’enfuyais, vous ne devriez avoir aucune difficulté à retrouver Mélinda Warren. »

Elle énonçait une vérité assez simple. En tant qu’influente femme d’affaires, elle était facilement retrouvable, et n’était de toute façon pas du genre à fuir. Du reste, Mélinda ne comptait nullement se voir retirer ses droits sur Alexis, et ce même temporairement. Elle ajouta rapidement :

« J’accepte la présence de votre... Chaton. Mais vous devez savoir que, même si Alexis devait réussir à échapper à nos surveillances respectives, il lui serait impossible de me fuir. Je veille sur mes esclaves... »

Joignant le geste à la parole, Mélinda ouvrit un tiroir, et en sortit un petit collier. Il y avait dessus un pendentif, avec deux lettres dessus : un M et un W, le M étant soutenu par le W. Mélinda Warren. Tenant le collier à bout de doigt, elle regarda à nouveau Caprice.

« Ce collier contient un dispositif de traçage fonctionnant par guidage satellite. »

Elle n’allait pas rentrer dans les détails, mais ce dispositif fonctionnait aussi bien sur Terre que sur Terra. Sur Terre, la Sombra Corporation, une puissante entreprise dirigée par des agents de l’Empire, fournissait cet appui satellite pour certains ressortissants ashnardiens, comme Mélinda, et, sur Terra, son harem avait passé des contrats avec quelques sociétés tekhanes pour pouvoir bénéficier de leur technologie de surveillance. Elle ouvrit le pendentif, révélant un cristal en obsidienne. Il y avait, à l’intérieur, une micro-puce de traçage, qui n’altérait pas les effets de l’obsidienne.

« Chacun de mes esclaves doit porter ce collier, que ce soit dans une poche, ou sur le cou. Il contient un fragment d’obsidienne pur, qui empêchera Alexis d’utiliser ses pouvoirs. Mais je tiens à pouvoir disposer à ma convenance de mon esclave. »

Elle lança le collier vers Alexis, et lui lança :

« Reprends ta forme humaine, mon beau, et enfile ce collier... »

Mélinda regarda alors Caprice. Dans le fond, cette idée lui plaisait, mais elle ne comptait pas s’amuser avec l’homme-chat, Grim. Grim était ici pour la surveiller, et elle espérait qu’elle ne l’aurait pas dans les pattes.

« Alexis sera enfermé nuit et jour dans mes cachots... Vous pouvez les voir, si vous n’avez pas confiance en la solidité de mes fers... Quant à Grim, j’espère qu’il apprécie les prisons, car, s’il compte surveiller Alexis, c’est ici qu’il sera constamment. »

Une manière de dire qu’elle ne comptait pas offrir l’hospitalité à cet enquiquineur. Mélinda sourit alors à Caprice, pour conclure :

« La prochaine fois que vous reviendrez, passez par la porte. Il est possible que je ne sois pas là quand vous viendrez, que je sois... Occupée ailleurs. Je ferais néanmoins tout mon possible pour revenir vite afin de terminer notre transaction. »

Mélinda comptait en effet négocier avec le Baron Sanglant la servitude éternelle d’Alexis. Dans le fond, elle était plutôt contente que la famille originelle du démon se manifeste. Si elle réussissait à obtenir sur Alexis le droit d’en faire son esclave perpétuel, ce dernier lui resterait éternellement fidèle, car, s’il cherchait à s’enfuir, sa famille le traquerait à nouveau.

*Peut-être que je peux tirer cette situation à mon avantage, après tout...*

Caprice ne put réprimer une grimace quand Mélinda insista pour conserver ses droits sur Alexis. Cette vampire avait beau être intelligente, intéressante et tout, elle était quand même agaçante. Mais elle avait quand même accepté l’essentiel, la présence de son fidèle Grim. Ce dernier l’avait rarement déçu et il apportait donc en la présente situation assez d’assurance pour que la démone puisse s’en aller. Et elle n’allait pas tarder en effet.

-Très bien. Faisons ainsi. Après tout, vous connaissez mieux mon frère que moi.

Le sarcasme était évident. Cependant, elle explicita un peu plus sa pensée, justement parce que Warren connaissait assez mal Alexis et que donc, elle ne pouvait saisir tous les sous-entendus.

-Sachez cependant que chaque jeu sexuel, chaque occasion, désormais, est susceptible de profiter à mon frère. Il est couard, certes, mais pas stupide. Sa peur va lui faire envisager votre incapacité à convaincre le Baron Sanglant de le laisser entre vos mains. Et il agira en conséquence. N’attendez plus de lui la moindre fidélité. Son but va être de s’évaporer dans la nature. A la première faille, vous êtes morte. Et je suis très bien placé pour savoir que la luxure prédispose aux failles. Vous voilà prévenu.

Caprice avait beau mépriser son frère, sa finesse d’esprit lui permettait toutefois de reconnaitre qu’il n’était pas dénué de qualité. Pour un démon, il se servait rudement bien de sa tête.

-Grim assurera la communication entre nous. La tenue des négociations peut avoir lieu très rapidement ou au contraire trainer en longueur. Le Baron est très occupé et je ne suis pas au fait de son emploi du temps. Sur ce, petite vampire, je vous laisse.

La démone se dirigea d’une démarche rapide et ferme vers la fenêtre. Un autre portail ardent s’ouvrit à cet endroit. Là, Caprice se retourna. Elle jeta un dernier regard à Grim, resté en retrait, puis fixa encore une fois Mélinda. Elle s’exprima avec son ton de velours.

-Une dernière chose. Si jamais vous parvenez à vos fins, ce que je vous souhaite après tout, vous resterez inéluctablement liée à nous. Les relations, c’est comme les plantes, ça se cultive. Grim me représente. Et moi, je représente le Baron. Je vous laisse en tirez les conclusions que vous jugerez utiles. La prochaine fois, je passerais, peut-être, par la porte.

Et, sans un regard pour son frère, Caprice passa le portail qui se referma sur ses talons. Immédiatement, tous les corbeaux dispersés dans la propriété de Warren tombèrent en cendre. Même les plumes noires jonchant le sol de la chambre dévastée se décomposèrent de la sorte. Après quelques secondes, Alexis sembla reprendre un peu d’assurance, maintenant que sa sœur n’était plus là. Mais il restait le chat, chat qu’il connaissait d’ailleurs très bien pour l’avoir côtoyé pendant des années. Il lui décocha un regard noir. Il n’obtint en réponse que de l’indifférence certes un peu amusée. Il se décida ensuite à prendre forme humaine et à mettre le collier, comme le lui avait ordonné sa maitresse. Les événements l’avait pas mal perturbé. Bon nombre d’éléments avaient changés et il s’efforçait de tous les prendre en compte. Toujours très intimidé, il n’osa pas reprendre la parole.

Grim, en ce qui le concernait, portait un regard inquisiteur sur tout ce qui l’entourait. Il avait déjà considéré la vampire un bon moment. Puis sa curiosité s’était portée sur la Neko. Maintenant que sa maitresse s’en était allé, il décida de s’approcher de Mélinda pour lui adresser quelques mots de sa voix basse.

-Je sais que vous allez me considérer comme un insupportable fouineur. Comment pourait-il en être autrement ?  Sachez cependant que tout ce qui ne se rapportera pas à la tâche qui m’a été assignée n’a pas de raison d’arriver jusqu’aux oreilles de Dame Caprice. Cette dernière n’a d’ailleurs pas sur moi une totale autorité, car elle aussi je la surveille pour le compte du Baron. C’est amusant au fond. Si elle m’a choisi pour cette mission, c’est certainement pour se débarrasser de moi un petit moment. Mais passons. Ça fait prêt de trente ans que j’enquiquine les gens alors je commence à avoir l’habitude.

Il semblait sincère et il l’était d’ailleurs. Grim,, sans être un vieillard, loin de là, avait eu une vie assez longue pour pouvoir la prendre avec philosophie. C’était presque déconcertant de le voir si décontracté. Il fallait dire aussi qu’il vivait en Enfer au service d’une famille qui ne s’épargnait rien, les horreurs faisaient partie de son quotidien. Il s’inclina en ajoutant.

-Puisqu’on me l’a ordonné, je suis à votre entière disposition et ce, jusqu’à l’entrevue avec le Baron Sanglant.

La sœur finit par partir. C’était toujours un souci en moins, dans le fond. Mélinda estimait s’en être plutôt bien sortie, même si elle n’avait pas vraiment eu besoin des conseils de Caprice pour agir avec Alexis. Il était un grand couard, mais c’était ce qui faisait son charme. Sans sa lâcheté, Mélinda ne l’aurait jamais eu entre ses griffes. Elle écouta distraitement Grim parler, sans lui répondre, ou sans relever ses allusions. Il regarda avec curiosité Liana, mis, d’un geste, Mélinda la congédia. Cette dernière fila donc bien rapidement, allant aider les serviteurs à remettre de l’ordre dans ce manoir dévasté par le passage des corbeaux. Faisant claquer ses talons, Mélinda s’approcha du lit. Reprenant sa forme humaine, Alexis était nu, et elle enroula autour de son cou son collier, l’ouvrant, et le regarda dans les yeux. Elle plaqua alors une main sur sa gorge, serrant Alexis à l’étouffer.

« Tu as amené chez toi une démone ! le sermonna-t-elle. Tu m’as menti en ne me disant pas qui tu avais au cul ! »

Mélinda le souleva comme une plume, ses griffes s’enfonçant dans son cou, faisant perler son sang. Elle le laissa étouffer pendant un certain temps, avant d’ouvrir sa main. Alexis s’écroula mollement sur le sol, allant chercher de l’air.

« Pour cela, tu seras torturé, Alexis... lâcha-t-elle. Maintenant, relève-toi. Je vais t’emmener dans ta cellule, où tu resteras jusqu’à la fin de cette histoire ridicule. »

La vampire soupira légèrement, puis attrapa Alexis, ne disant pas un mot à Grim. Que ce dernier ne vienne pas à croire qu’elle viendrait converser avec lui. Mélinda marcha à travers les couloirs. Les serviteurs remettaient les tableaux et les vases, enlevant les quelques plumes qui traînaient ici et là, s’écartant prudemment quand leur maîtresse passa devant eux. Elle alla dans les cachots, dans les profondeurs du manoir, et enferma Alexis dans une cellule. La cellule était très petite, assez sombre, et elle l’attacha au milieu de la pièce, le suspendant par les bras. Elle utilisa aussi des fers autour de ses chevilles, et en éprouva la solidité, avant de se redresser, et de caresser son torse, remontant pour caresser avec une griffe ses lèvres.

« Tu vas devoir rester ici pendant plusieurs jours, je le crains, lâcha Mélinda. Inutile de simuler quoi que ce soit, tu ne seras jamais libéré tant que je n’aurais pas réglé tes problèmes familiaux... Des servantes t’apporteront à manger, et te feront un semblant de toilette, tandis que je veillerais à ce que tu ne t’ennuies pas, en te punissant fréquemment. »

Mélinda parlait sur un ton calme et doucereux, caressant les lèvres d’Alexis, et lui délivra un baiser.

« Je vais te mettre une ceinture de chasteté autour de ton bassin... Quand tu auras des besoins naturels, fais-les sur place... Mes servantes te nettoieront... Je sais que ce ne sera pas très agréable, mon petit chéri, aussi je te promets que, quand ton père sera rassasié, tu pourras dormir dans mon lit... Et me baiser comme tu n’as jamais baisé personne d’autre » rajouta-t-elle dans le creux de son oreille.

La main de Mélinda descendit le long du corps d’Alexis pour caresser son membre.

« Avant de te punir, je vais t’offrir une dernière gâterie... Je te conseille de bien en profiter, car ce sera la dernière fois que tu pourras jouir avant un petit moment. »

Mélinda comptait lui offrir une fellation avant de le fouetter, mais elle se retourna vers Grim en fléchissant les genoux vers le sexe d’Alexis.

« Libre à vous de rester le cul assis ici... Il y a une caméra ici, comme dans n’importe quelle cellule. Vous pourrez donc observer mon esclave depuis le poste de contrôle, ou ici... »

Mélinda regarda à nouveau Alexis, puis commença à prendre son membre entre ses lèvres, tirant dessus.

« Tâche d’en profiter le plus possible répéta-t-elle, mais ne me fais pas trop languir... »

En somme, elle ne voulait pas qu’Alexis reste avec une queue toute molle, mais avec une queue durcie. Dans tous les cas, il serait ensuite lourdement fouetté. Il ne tenait qu’à lui de faire durer ce moment de plaisir le plus longtemps possible.

Grim avait suivi sans un bruit, devinant sans mal que la cohabitation avec la maitresse des lieux allait être difficile. Loin d’en être incommodé, il adopta sans attendre l’attitude adaptée : la plus grande discrétion. Mélinda paressait opter pour l’ignorance. Au fond, cela l’arrangeait. C’était en fait presque le mieux qu’il pouvait espérer en cette situation. Il observa les cellules du manoir qui n’avaient rien d’extraordinaire mais qui, du coup, ne pouvait que convenir. Depuis le peu de temps qu’il était là, il s’était déjà fait une petite idée de cette vampire. Elle n’était pas du genre à vouloir laisser filer son esclave. Et bien parfait alors ! Le travail du chat allait se résumer presque à rien. Mais il ne fallait pas pour autant croire qu’il allait s’ennuyer. A ça non ! Si satisfaire Caprice allait cette fois être facile, satisfaire le Baron était toujours une autre paire de manches.

Warren, qui paraissait sur le point de s’adonner à de nouveaux plaisirs avec Alexis, daigna adresser quelques mots au diabolique félin. Celui-ci, toujours silencieux, s’inclina puis, l’instant d’après, il avait quitté la prison dans un léger bruit de tissu. Il se mit en quête de la salle de contrôle mais ne se priva pas d’observer tout le reste. Les serviteurs le virent, ici et là, comme une ombre, jeter ses regards inquisiteurs. Mais il n’alla pas jusqu’à pénétrer dans les pièces, où alors seulement très brièvement. Il faisait une sorte de repérage général qui, mine de rien, était déjà riche en informations. Pour qui l’art de l’observation n’est pas inconnu, le simple aspect d’une demeure en dit long sur son propriétaire. Décoration, organisation, discipline du personnel, signe de richesse… chaque détail comptait. La salle de contrôle trouvée, il y fit un séjour plus approfondit. Il repéra la manière dont on pouvait observer la cellule d’Alexis, mais il ne se priva évidement pas de faire l’inventaire de toutes les autres caméras. Puis il reprit sa ronde.

Si jamais il dénichait une bibliothèque quelque part, il risquait fort de la visiter avec un intérêt particulier. Non, cela n’entrait pas spécialement dans ses attributions mais il avait toujours aimé les livres. D’ailleurs, s’il se faisait oublier de Warren, ou si celle-ci ne lui donnait aucune instruction, ne lui offrait pas même un endroit où s’installer, il porterait son dévolu sur la bibliothèque. Et si la vampire le cherchait ou le faisait chercher après sa petite séance avec son démoniaque esclave, c’est dans la bibliothèque que Grim se trouverait.

De son côté, Alexis se remettait peu à peu de ses émotions. Il maudissait sa sœur plus que jamais car, quel que soit l’issu des négociations, cela ne pourrait lui convenir. Servir Mélinda de son plain gré car cela lui apportait des avantages, c’était une chose, la servir parce qu’elle en avait obtenu l’autorisation directement de son père, c’en était une autre. Soit il serait exécuté, soit il resterait sous la surveillance, certes indirecte mais tout de même, de sa famille. Et encore, ce n’était pas tout. Mélinda, en faisant affaire avec Caprice, venait de devenir une pièce sur l’échiquier de la succession et ce ne serait peut-être pas sans conséquence. Elle serait peut-être perçue comme l’alliée de Caprice, donc l’ennemie des cinq autres frères et sœurs. Il n’était même pas exclu que l’un d’eux, s’il venait à apprendre ce qui se préparait, décide d’agir pour tourner les choses à son avantage. Warren pourrait tirer son épingle du jeu, en profiter, ou bien être broyée par les rouages mis en branle par la perspective de la succession.

Et pour preuve que la vampire était entrée dans le jeu, elle avait dans les pâtes désormais un agent de Caprice. Grim… pourquoi avait-il fallu que ce soit lui ? En plus, sa maitresse considérait qu’il lui avait caché des choses, ce qui était vrai, il ne pouvait le nier. Le pauvre démon s’efforça pour l’instant de chasser tout ça de sa tête. Mais ce n’était pas une mince affaire. Heureusement, Mélinda l’aida par ses bons soins. Il observa tout d’abord un silence prudent et fit de son mieux pour profiter de cette fellation. Il commença à en vibrer de plaisir, mais pas aussi rapidement et aussi fort qu’il ne l’aurait fait d’ordinaire. La perspective de rester là, dans cette cellule, nu, pendu par les bras, condamné à satisfaire ses besoins naturels sur place, c’aurait peut-être été amusant un jour, mais là, ça pouvait durer des semaines. Non, décidément, rien ne participait à lui donner le moral. Et malgré toute sa bonne volonté, il n’arriva pas à être aussi réceptif à ce que lui faisait ressentir sa maitresse. En désespoir de cause, il prit la parole.

-Je suis navré de vous avoir caché tout ça. C’est que je pensais que mon passé ne me rattraperait pas. Je me suis trompé et c’est regrettable à la fois pour moi et pour vous. Je mérite vos punitions et je ne demande qu’à me racheter à vos yeux. C’est pourquoi je me sens obligé de vous adresser ces quelques conseils. N’entrez pas dans les manigances de ma famille. Vous avez si peu à y gagner et tant à perdre. Ne laissez pas ce Grim mettre son sal museau dans vos affaires. Si l’empire dont vous parlez est si puissant, pourquoi ne pas vous mettre sous sa protection ? Pourquoi ne pas partir sur Terra ? La-bas, ils ne pourront vous atteindre. Et je pourrais vous servir sans entrave.

Il allait de soi qu’Alexis défendait ici sa position et seulement la sienne. La vampire en était là, au milieu de plusieurs intérêts contradictoires. La parti venait de débuter. Serait-elle jouer de façon assez subtile pour en sortir grandie ?   

A genoux, Mélinda fut assez satisfaite de voir Grim partir. Elle préférait rester seule avec son esclave. Ce dernier s’en alla, et Mélinda ne doutait nullement qu’il irait espionner le manoir, mettant son sale museau partout. Peu importait, dans le fond... Tant qu’elle ne le retrouvait pas vautrée dans son propre lit, elle ne le tuerait pas. Repensant à Alexis, elle commença sa fellation, prenant son temps, caressant ce membre timide. Le démon était très nerveux, et, partant de là, son érection avait du mal à venir. Mélinda fut toutefois patiente. Revoir sa sœur l’avait ébranlé, et ce dernier ne tarda pas à parler. Il enjoignit à Mélinda de fuir, tout simplement, de se réfugier dans les jupes de l’Empire, ce qui la fit sourire. Il était lâche jusqu’au bout. Continuant sa fellation, Mélinda lui répondit lentement :

« Abandonner mon manoir et les plaisirs que la Terre offre n’est pas envisageable... »

Elle se tut pendant quelques secondes, retournant s’occuper du membre d’Alexis, le sentant progressivement se réveiller. Elle embrassa cette verge , la serrant entre ses doigts, la grattant, avant de jouer avec ses testicules, tout en continuant ses explications :

« J’ai déjà négocié avec des démons, petit chou, et je sais à quoi m’en tenir avec eux... »

Elle savait qu’il y avait des risques à faire affaire avec cette engeance. Par principe, un démon cherchait toujours à en obtenir plus. Dans cette situation, Mélinda devrait aussi se méfier des autres démons, soit les frères et sœurs de Caprice. Elle allait rentrer dans le jeu d’une succession démoniaque, où tous les coups étaient permis. Caprice était gagnante sur les deux tableaux. Si elle remettait Alexis, elle gagnerait des points auprès du Baron, et, si elle parvenait à permettre au Baron de faire affaires avec Mélinda, elle gagnerait aussi des points.

*Avoir des démons hargneux à mes fesses, ça ne me plaît pas trop, mais, vu le métier que je fais, je ne peux pas espérer n’avoir que des amis... Si je devais refuser de faire des affaires à chaque fois que les enjeux sont risqués, je serais une bien piètre marchande...*

Mélinda continua sa fellation, avant de continuer ses explications, se contentant de relever les yeux :

« C’est ta vie que je marchande, Alexis... Fuir n’est pas une option pour moi. Fais confiance à ta Maîtresse. Je sais ce que je fais. N’écoute pas ta sœur ; tu vaux largement tous les efforts que je vais faire pour toi. »

Alexis était puissant. S’il n’était pas aussi couard, il aurait pu être un démon relativement dangereux. Sa couardise était paradoxalement à la fois ce qui le mettait en péril, et ce qui lui permettrait de survivre, car c’était bien cette lâcheté qui avait permis à Mélinda d’en faire son esclave. Sans s’interrompre, elle continua cette longue fellation.

« Détends-toi, petit démon... Tu vas passer une longue semaine, mais, après ça, tu seras débarrassé de ta famille, et tu pourras jouir de la vie... En étant à jamais ma propriété... »

Fermant les yeux, Mélinda continua à sucer sa petite queue qui peinait à se réveiller. Elle ne le lui disait pas, car une Maîtresse se devait d’être aussi inébranlable que le roc, mais elle doutait de réussir à sauver la tête d’Alexis. Son entrevue avec Caprice ne s’était pas déroulée aussi bien que Mélinda l’avait escompté, et il y avait fort à parier que le Baron Sanglant serait encore plus intraitable. Un nom pareil suggérait un manque frustrant d’imagination, un démon obtus et buté. Il n’y avait rien de pire qu’un démon têtu. Si elle arrivait à sauver la vie d’Alexis, Mélinda pourrait s’estimer très fière d’elle.

*Reste à savoir ce que ce Baron souhaitera... Car, même si tu m’es précieux, petit Alexis, je ne ruinerai pas mon empire pour toi...*

Alexis n’était pas très convincu.  Et surtout, il n’était pas satisfait de la tournure qu’avaient pris les événements. Il était évident qu’il ne pourrait pas pousser la vampire à fuir. Pourtant, c’aurait été le seul moyen, selon lui, de remettre les chauses en place, de retrouver une distance entre lui et sa famille. Et même s’il appréciait Mélinda pour ce qu’elle était, la perspective de devoir lui être soumis toute sa vie ne l’enchantait pas. Son seul espoir résidait dans un succès éblouissant de Warren. Négocier sa vie ne suffisait pas. Il fallait que sa maitresse soit assez forte pour qu’aucun lien d’aucune sorte ne soit décidé entre elle et le Baron. Mais là, c’était carrément du domaine de l’impossible. Le Baron Sanglant n’allait pas se priver de profiter de la situation. Comme tous les démons, il avait soif de pouvoir. Mais celui-ci avait quelque chose en plus, quelque chose que même ses enfants ne pouvaient qu’entrevoir. En effet, cette créature infernale de premier ordre était entourée de mystère. On ne savait pas très bien comment il avait rendu sa Baronnie aussi influante. Mais il ne viendrait à personne l’idée de douter de son mérite tant il défendait ses intérêts de manière implacable. Guerrier redoutable, stratège émérite, tyran absolu, il se hissait au rang des meilleurs. On l’admirait, on le jalousait, on le craignait… et on s’interrogeait sur la curieuse  multiplicité de ses qualités. Autant d’efficacité, c’était forcément suspect. Le seul bémol dans son palmarès était Alexis, le fils poltron, celui qui ternissait un si beau portrait.

Mais le démon, comble de son malheur, ne pouvait presque plus agir dans le jeu qui s’annonçait. Retenu ici, il ne pouvait guère que parler à sa maitresse. Mais celle-ci n’était pas influençable ou, en tout cas, pas par lui. Il aurait également l’occasion d’échanger quelques mots avec Grim. Cela lui permettait de communiquer de façon indirecte avec Caprice. Mais il ne voyait pas du tout en quoi cela lui serait utile. Caprice le détestait et Grim servait les intérêts de son père. Non, vraiment, il n’y avait rien à espérer de ce côté-là. Peut-être qu’avec un peu de chance un événement lui profiterait. Il se mit presque à espérer que la situation, déjà délicate, se complique encore avec la venue d’autres frères et sœurs. Une belle bataille dans le manoir, ça serait une occasion de fuite pour lui. Ho, bien sûr le manoir serait ravagé et Mélinda pouvait fort bien périr mais ça, ce n’était pas son problème du moment qu’il pouvait disparaitre. Ce fut sur ces bonnes pensées qu’Alexis répondit.

-J’ai confiance en vous, Maitresse, seulement l’avenir est désormais tant fait d’incertitudes que j’ai peine à en faire abstraction. Je suis cependant flatté que vous vous donniez tant de mal pour moi. Vous n’aurez pas à le regretter.

Il se tut et ne pensa plus qu’au plaisir du moment, maigre consolation dans la tourmente. Mais c’était justement quand les choses allaient mal que se faire du bien était si appréciable. Son excitation ayant atteint un certain seuil, elle lui permit de se vider la tête pour de bon. Il put alors pleinement apprécier la fellation ce qui le conduisit rapidement à jouir.

Tout en sifflotant, Grim avait quand à lui mit la griffe sur la bibliothèque du manoir. Quelle salle superbe ! Elle ne pouvait être comparée à celle de Roc Noir mais quand même, il y avait là de quoi lire. De plus, fort logiquement, la nature des ouvrages allait notablement différée de ce qu’on pouvait trouver en Enfer. Ce fut donc avec une certaine avidité que le chat se mit à parcourir de son regard d’or les titres des livres. Un roman, sans trop savoir pourquoi, attira son attention. Tendant la main, il fit léviter l’ouvrage jusqu’à lui, s’épargnant ainsi de devoir faire de l’escalade pour aller le chercher. Il alla ensuite s’installer confortablement dans un fauteuil avant de débuter sa lecture. Dix minutes plus tard, il entendit quelque chose toquer contre la vitre. Tournant la tête, il apperçu un corbeau noir. Reconnaissant le messager de sa maitresse, il ouvrit la fenêtre et laissa l’irréel volatil lui murmurer à sa façon ce qu’on l’avait chargé de dire. Quand ce fut fait, Grim murmura à son tour.

-Fort bien. Je le lui dirais et je prends garde.

D’un geste, il ouvrit un portail infernal et permit ainsi au corbeau de retourner auprès de son invocatrice. Puis, l’air de rien, il referma la fenêtre et reprit sa lecture.   

La gratitude... Mélinda aurait bien aimé rire. Elle doutait fortement qu’un jour, Alexis fasse preuve de gratitude envers elle. Elle n’allait pas s’embêter à négocier avec le Baron Sanglant pour les belles prunelles d’Alexis, pour sa liberté, mais pour qu’il soit à jamais son esclave. Elle ne se faisait aucune illusion ; si elle lui laissait une ouverture, il s’échapperait. Elle allait devoir être vigilante, et y pensait en poursuivant sa fellation, sans rien dire. De ses lèvres ne s’échappèrent plus que des soupirs et des gémissements. Alexis était un couard, mais il était plutôt bien monté. A l’idée de ne pas pouvoir profiter de son corps pendant une semaine, elle sentit une rage sourde s’emparer d’elle, et prolongea autant que possible cette fellation.

Malheureusement, toutes les bonnes choses avaient une fin, et elle sentit le sperme du démon dans sa gorge, au beau milieu d’une gorge profonde. Soupirant de plaisir, la vampire se redressa, et lui greffa sa ceinture de chasteté, la serrant solidement. Elle caressa le corps du démon, et alla ensuite sortir son fouet. Mélinda déchaîna sur son pauvre dos toute sa frustration, et le fouetta bien pendant une longue heure. Elle laissa sur une table son fouet couvert du sang du démon. A défaut de pouvoir lui faire l’amour, elle pouvait toujours le battre, et ne comptait pas y aller sèchement. Dans le fond, elle ne manquait pas de raisons pour le battre, mais, parmi toutes les raisons, c’était sa frustration de ne pas pouvoir librement disposer de lui qui l’emportait.

Elle le laissa ainsi, avec son dos couvert de sang, et referma la cellule, le laissant seul. Mélinda quitta les cachots, et commença par se changer dans sa chambre. Elle opta pour une petite robe simple, et se dirigea vers la bibliothèque. Elle ne fut qu’à moitié surprise d’y trouver Grim, et s’approcha d’une étagère, cherchant un livre spécial.

*Hum... Où est-ce que je les ai mis ? Je suis sûre d’avoir apporté des exemplaires de cette collection sur Terre...*

Elle fouilla à travers les livres, et finit par pousser un petit sourire de plaisir en voyant ce qu’elle recherchait : un gros bouquin avec une couverture rouge sombre, et des enluminures. Elle lut le titre, et sourit. C’était bien ce qu’elle recherchait : « Encyclopédie du monde des Démons, volume 1 ». Toute une collection réalisée par un mage noir à la fin de sa vie après avoir passé des siècles à étudier les démons. Une collection très intéressante, que Mélinda avait jadis feuilleté. Elle se souvenait de quelque chose d’intéressant, et rangea le volume 1, prenant le volume 3, puis alla le poser sur une table au centre de sa petite bibliothèque. Elle se mit sur un fauteuil, et commença à faire des recherches, remuant les pages.

« Je suis sûre que c’est par là... »

Elle finit par trouver ce qu’elle cherchait, et un sourire ravi éclaira ses lèvres. Ce chercheur décrivait l’Enfer en l’appelant « Dehors ». Il refusait le terme « Enfer », le trouvant d’une connotation trop religieuse, et avait tout simplement choisi de nommer ce plan parallèle le Dehors, le décrivant comme une espèce de dimension post-apocalyptique où seules les espèces les plus puissantes avaient survécu à des conditions atmosphériques extrêmes. C’était le Dehors, car il était hors de notre univers, dans un monde parallèle, tout simplement. Continuant à lire, elle finit par trouver ce qu’elle recherchait. Une page d’illustration montrait un gros bouquin noir trônant sur un trône enflammé.

Le « Livre des Flammes ». Chaque maison démoniaque en avait un, selon ce magicien. Il comprenait tous les démons influents de cette maison, ceux qui se succéderaient. C’était ici qu’on pouvait renier un démon, en effaçant son nom du « Livre[/u] ». Il fallait juste espérer que les informations du mage étaient fiables, même si elles étaient très disparates, et très légères. Comment est-ce que renier quelqu’un marchait ? Quelles en étaient les conséquences ? Ce n’était pas indiqué, mais elle soupçonnait qu’être renié signifiait ne plus pouvoir revenir dans ce monde qu’on appelait Enfer ou Dehors.

*Hum... songea-t-elle. Il y a peut-être là quelque chose d’utile à tirer...*