«
Vous les avez ? -
Dix litres de sang, Mademoiselle. Comme vous l’avez exigé. Du sang frais. »
Mélinda esquissa un léger sourire satisfait, et se lécha les babines. Elle descendit de la poubelle sur laquelle elle s’était assise, et marcha vers la voiture qui venait de s’arrêter. Le vent commençait à se lever. La météo annonçait une tempête. Au Japon, il faisait généralement très chaud, mais, quand une tempête approchait, le pire était souvent à craindre. Les deux loubards avec des lunettes ouvrirent le coffre arrière de la voiture, non sans lorgner sur Mélinda. Il fallait bien dire que cette dernière était habillée de manière très courte, un
ensemble noir court composé d’une minijupe et d’un bustier. Oui, elle préférait certes s’habiller avec de longues robes, mais, quand il s’agissait de sortir dans les faubourgs de Seikusu, mieux valait des vêtements plus amples.
Le truand ouvrit le coffre, montrant une espèce de caisse médicale frigorifique. Il l’ouvrit, et elle vit les délicieux sachets de sang frais. L’un des autres truands avait sorti une cigarette, tirant tranquillement dessus plusieurs bouffées. Ces deux hommes étaient des infirmiers travaillant à l’hôpital, et qui étaient mêlés à un trafic de sang. Ils prenaient le sang de bébés dans la maternité. Ce sang se vendait à un prix certes élevé, mais était d’excellente qualité. Mélinda sortit son téléphone portable, afin d’appeler le personnel de son manoir, puis regarda les hommes.
«
Transportez le sang au manoir. L’argent sera viré sur votre compte. -
C’est un plaisir de faire affaire avec vous. »
Mélinda aurait pu les recevoir directement au manoir, mais elle comptait aussi profiter de cette soirée pour chasser un peu… Et, aujourd’hui, elle avait décidé de chasser près de la zone industrielle désaffectée de Seikusu. Il y avait encore quelques usines fonctionnelles, mais, dans l’ensemble, c’était un ensemble d’usines abandonnées, de tours silencieuses, qui attendaient de nouveaux investisseurs motivés pour démolir les zones, et reconstruire. Les normes écologiques récentes compliquaient cependant les choses, et on trouvait généralement des zonards, et des camps de caravanes avec des vagabonds. Le quartier de la Toussaint n’était pas très éloigné… Mélinda s’aventura hors des ruelles, atteignant une rue. Elle avançait au milieu de prostituées laides et ravagées, de junkies et de toxicos, et aperçut à plusieurs reprises des voitures de police.
«
Sympa, la tenue, ma cocotte ! -
Tu me fais une pipe ? »
Elle sentit une main se poser sur ses fesses, et réagit rapidement, giflant sèchement le drogué qui l’avait touché. Le coup fut si violent qu’il s’écrasa sur le sol. Sa tête se décala si rapidement sur la gauche qu’elle émit un craquement sinistre. Son corps inanimé traîna sur le sol, et elle montra les dents envers d’autres hommes. Tous. Ils avaient tous un sang impur, moche et laid. Rien qui ne soit susceptible de l’intéresser ! Mélinda reprit silencieusement sa marche, s’éloignant de cette ruelle puante. Un clochard dormait dans un coin, avec des journaux sur son corps lui faisant office de couverture. Mélinda soupira, et continua à marcher, entrant dans une cour de basket, s’approchant de trois zonards qui fumaient et buvaient en rigolant, pointant ostensiblement leurs armes dans le vide.
Lentement, Mélinda s’approcha d’eux, ayant une idée derrière la tête. Ils se donnèrent des coups de coude en la voyant.
«
C’est qui, cette nana ? -
Ce qu’elle est bonne ! -
Bonsoir, mes jolis… Je suis une petite fille terrorisée, et… Je viens de me perdre, je crois… Vous pourriez m’indiquer comment retrouver ma route ? Avec cette tempête qui approche, j’ai peur… »
Les voyous rigolèrent en s’approchant, jetant une bouteille d’alcool sur le sol. Ils allèrent autour de Mélinda, qui tâcha de ne pas déglutir en sentant leur haleine nauséabonde. Ils ricanèrent silencieusement.
«
Oh ouais, ma chérie, on va te réchauffer, nous. Hein, les mecs ? »
Elle les regarda silencieusement, et en sentit à nouveau un tripoter ses fesses. Fermant les yeux, Mélinda réagit, et l’égorgea d’un coup sec. Elle en attrapa un autre à la gorge, et le balança contre le mur. Sa tête se fracassa contre les briques, provoquant un traumatisme crânien qui le tua sur le coup. Il n’en restait plus qu’un, qui se mit à tomber sur le sol, tremblant de peur. Il essaya d’attraper son arme, mais Mélinda frappa solidement son poignet, le faisant hurler de douleur.
«
Je vais t’expliquer ce qui va se passer, mon joli… Je vais te laisser cinq minutes pour te planquer. Ensuite, je t’arracherai tes muscles un par un, et je te forcerai à les manger. Maintenant… Cours. »
Elle libéra son poignet en lui montrant ses dents pointues, et ce fut suffisant pour que l’homme s’enfuit rapidement. Souriant délicatement, la vampire se mit à marcher, quittant la cour de basket pour rejoindre une rue assez déserte, quand elle entendit… Ou, plutôt,
perçut une odeur particulière. Un sang spécial, particulier, et excellent. Quelque chose qui n’était pas
humain. Elle s’humecta les lèvres, et le laissa s’approcher, avant de le regarder. Un homme dans un long manteau blanc, qui avait l’air plutôt beau, mais dont le sang n’était clairement pas humain.
«
Belle soirée, n’est-ce pas ? Je suis un peu surpris de vous trouver là, toute seule, dans ce sordide cartier. Vous seriez-vous perdu, belle demoiselle ? »
Elle le regarda en souriant, montrant ses belles dents. Comment lui répondre ? Feindre l’ignorance, ou poser d’emblée les choses ? Autant jouer la jeune fille innocente et candide… Même s’il avait sûrement du ressentir qu’elle n’était pas
normale. En tout cas, qu’elle n’était pas qu’une simple humaine.
«
Je… Je crois bien que oui, en effet… Je… Hum… On m’a dit au lycée qu’il y avait une soirée animée dans une cave dans le coin, mais… Je crois que je ne l’ai pas trouvé…. Vous pourriez m’aider ? »