Naturellement, la petite Princesse n’entendit à aucun moment Gauvain se relever, ou, si elle l’entendit, elle n’eut aucune réaction. Tandis qu’il écrivait son message d’adieu, elle roupillait faiblement, soupirant parfois, mais continuant à se glisser dans les couvertures. L’homme l’encouragea à se réveiller, mais elle ne l’entendit que vaguement. Il se retira ensuite, et Alice commença assez difficilement à émerger. A vrai dire, ce ne fut pas tant les mots de Gauvain qui la réveillèrent que son
absence sur le lit. Quand elle tendit une main, elle ne sentit rien d’autre que l’autre coussin à côté d’elle, au lieu de sentir une tête.
*
Qu’est-ce que ça veut dire ?* songea-t-elle.
Elle tourna la tête, ouvrit faiblement ses petits yeux affaiblis, et, quand elle réalisa qu’il n’y avait personne en face d’elle, son cœur se réveilla d’un coup. Un véritable coup de fouet qui la fit se redresser précipitamment. Étonnée, Alice regarda à côté d’elle, la couverture glissant sur son corps, ses cheveux en bataille, avec des épis ici et là. Elle se frotta les yeux. Ces derniers piquaient, et regarda autour d’elle. A travers les rideaux, quelques rayons de lumière jaillissaient dans la pénombre, laissant apercevoir la poussière permanente. Mais de Gauvain, nul trace.
«
Lõara ! » tenta d’hurler Alice.
Elle ne produisit en réalité qu’un vague appel, mais ce fut suffisant pour sa servante, qui ouvrit la porte.
«
Vous êtes déjà réveillée, Princesse ? s’étonna cette dernière.
-
Où… Où est Gau… Le Chevalier ? parvint à formuler Alice.
-
Il est parti, répliqua la servante en haussant les épaules.
Vous ne devriez pas être si surpris, ce n’est qu’un homme., enchaîna-t-elle.
Le dernier en date m’avait laissé une petite lettre parfumée sous mon oreiller… Celui-là a écrit quelque chose là… Mais je crois que ça vous ait adressé. »
Alice ne répondit pas, secouant la tête, pleinement réveillée en moins d’une minute, alors que cela lui prenait généralement trente minutes. Elle s’extirpa du lit, et enfila une petite robe de chambre.
«
Et depuis combien de temps est-il parti ? demanda-t-elle alors.
-
Suffisamment pour sortir du château, mais pas assez pour quitter Sylvandell. »
Alice sortit de sa chambre, traversa un couloir, rentra dans une autre pièce, et fila sur l’un des balcons. Le vent frais la frigorifia sur place, la réveillant d’un coup. Le soleil se levait au milieu de la cime des montagnes, éclairant toute une face de Sylvandell, et elle vit, parmi les cols montagneux, des dragons voleter. Son attention se reporta sur le long pont menant au Château, et elle aperçut, en contrebas, le Chevalier, sur le départ. Alice leva le bras pour le saluer.
«
Au revoir, Gauvain ! » hurla-t-elle, tout en sachant pertinemment qu’il était trop loin pour qu’elle l’entende.
Elle le regarda pendant plusieurs secondes, ne sachant pas trop quoi penser, jusqu’à ce que Lõara aille la ramener à l’intérieur. Dehors, il faisait froid.
(Merci pour le RP !)