La main gauche sur le front, l’autre main tenant une mallette pleine d’argent, j’étais accoté sur le capot de la voiture de location, devant l’entrepôt… Comment en étais-je arrivé là? Généralement, je ne prenais aucun risque, et je m’arrangeais pour avoir la meilleure sécurité possible, mais voilà, je ne voulais pas que Dylan ne s’inquiète, et ne commence à craindre le pire… Il faut dire que le pire vient tout juste de se produire et que maintenant, je ne peux plus faire marche arrière.
Les portes s’ouvrirent dans un grand grincement de métal rouillé, et deux silhouettes nettement plus imposantes que la mienne apparurent, avant que l’un des deux hommes ne m’ordonne de venir à leur rencontre. M’arrachant la mallette des mains, l’autre me poussa à l’intérieur, ou la scène dans l’entrepôt me mis encore plus en colère. Trois hommes se tenaient face à moi, à environ cinq mètres, devant Dylan qui était assise, attachée aux poignets et chevilles, un bâillon dans la bouche. Alors que l’un des deux rasés aux tatouages saillants resta avec moi, l’autre se dirigea vers celui qui semblait être le chef avant de luit rendre la mallette.
Prenant quelques instants pour compter les billets, n’ayant pas de table, il dût poser un genou au sol, alors que le gaillard venait reprendre sa place près de ma personne. C’est alors que, se relevant, le chef finit par annoncer, avec un peu d’amusement dans la voix.
Bien, tout est en ordre… Mais je vais quand même devoir vous tuer, tous les deux, vous avez vu nos visages!
Je me doutais bien que tu dirais ça… Vous les petits brigands minables qui essaient de se la jouer mafia indépendante, vous me faites pitié! Dernière volonté, je peux aller la serrer, au moins?
Sans un son de sa bouche, le chef de la bande s’écarta d’un pas, alors que je m’avançai, les deux armoires à glace toujours sur mes talons; ils avaient dû recevoir l’ordre de me suivre partout ou j’allais, histoire que je ne tente rien… Posant mes deux genoux au sol, devant ma psychologue, regardant son visage, couvert de poussière; elle avait même une coupure sur la joue, et tout autour sa peau commençait à prendre une teinte violette, signe qu’elle avait été frappée à cet endroit. Posant ma main sur sa joue indemne, j’avançai mon corps pour la prendre dans mes bras, retirant son bâillon, pour finalement déposer un baiser sur ses lèvres. Remettant mon visage à côté du sien dans une longue étreinte, je murmurai à son oreille, alors que les moins que rien n’étaient occupés à rire.
Tout va bien aller… Ferme tes yeux aussi longtemps que je ne t’aurai pas dit des ouvrir…
Bon ça assez duré! Préparez vous à mourir…
C’est drôle, je me disais la même chose!
Sans perdre un instant, je me remis sur mes pieds, attrapai le baraqué le plus près de moi avant de prendre son arme et d’appuyer trois fois sur la détente, retournant le pistolet contre son propriétaire. J’eus à peine le temps de me lancer sur le côté qu’une pluie de balles s’abattu dans ma direction, tuant le second brigand à mes côtés. Bien qu’une balle ait réussi à m’écorcher le bras, ainsi que la chute brutale contre le béton, je me retournai sur le dos, avant d’abattre les deux sbires, une balle dans le lob occipital de chacun. Alors que j’allais appuyer sur la détente pour faire de même avec celui qui semblait être le chef de la bande, je me ravisai en tirant sur son bras qui tenait l’arme… Il était entrain de recharger donc inoffensif, mais je préférais ne pas prendre de chances.
Me relevant, je collai froidement une balle dans la tête du jérémiard, gravement blessé sous les tirs amis, avant d’empêcher le chef de se relever en lui explosant les genoux, prenant tout de même soin de prendre son arme qui était tombé au sol. Je pris alors un couteau sur un des cadavres avant de revenir vers Dylan. Posant un baiser sur son front, je coupai les liens qui l’empêchaient de se relever.
Tu peux ouvrir les yeux maintenant…Écoute, je vais te demander de sortir du bâtiment, et d’aller t’asseoir derrière le volant, dans la voiture noire, juste devant l’entrée. C’est une voiture de courtoisie et la Gt-R est au garage… Une longue histoire, je te raconterai ça un autre jour…
La regardant partir, mais sans vraiment m’assurer qu’elle fasse ce que je lui avais dit, je retournai auprès du seul survivant de la fusillade, mis à part moi, avant de l’attraper à la gorge et le lever comme une poupée sans vie.
Pour qui tu travailles?
Personne! On a simplement cru qu’on pourrait vous dépouiller!
Alors t’es plus con que tu ne parais! On ne touche pas à mon argent, mais surtout, on ne touche pas à ma femme!
Le laissant retomber au sol, j’attrapai une grosse planche de bois très lourde, avant de frapper avec celle-ci le bras jusque là intact. Dans un grand « crac » et un hurlement de douleur de ma victime, je repoussai la planche laissant découvrir un bras meurtri, ensanglanté, laissant paraître tous les os, qui avaient éclaté en morceaux. Le massacre ne devait pas durer trop longtemps, mais je devais passer un message. Je plongeai alors le couteau dans la gorge du malheureux avant de tranquillement passer l’arme à gauche. Une fois le travail terminé, je l’attrapai par les cheveux avant de tirer… Le melon a été détaché du plant comme un fruit mûr. Balançant ce que j’avais dans les mains, je les essuyai ensemble avant de retourner dans la voiture, auprès de Dylan… Était-ce un air pétrifié qu’elle avait sur son visage? Enfin bref… Composant un certain numéro sur mon portable, je lançai, sur un ton tout aussi neutre que d’habitude.
On n’attend personne, Dyly, tu peux y aller! … Capitaine Hokaga? Hiro Atayoshi. Retracez ma position, j’ai besoin d’un ménage à cet endroit. Envoyez autant de policiers que vous pourrez, j’ai payé bien assez pour ça…
Raccrochant, je laissai le silence s’imposer… Il était vrai que Dylan n’était pas habituée à voir ce genre de choses. Par contre, moi, je l’étais beaucoup trop.
À peine une demi-heure et nous étions de retour à la maison. Sachant ce qui allait se produire, je décidai de prendre les devants. Mon ton était grave et lourd, je savais qu’elle avait été troublée par le Hiro qu’elle avait vu, ou plutôt entendu, dans l’entrepôt.
Dylan, je crois ce soir que ce que tu as vu est une toute nouvelle facette de ma personnalité, enfin pour toi. Donc, j’imagine que tu as des questions, pose-les… Ce monstre, je ne le connais que trop bien.