Un duo très spécial [PV : Gabriel Valmy]

Exodus n'avait pas trop d'idée pour sortir du train-train habituel. Habitué à la vie méditatrice du fond d'un tombeau, il ne s'était pas préparé à sortir brutalement par un coup de hasard chanceux et, depuis son tour du monde, avait repris une vie tout à fait banale, exepté le fait qu'il passe régulièrement d'un monde à l'autre. En effet, son pouvoir de l'air étant assez développé en tant qu'apôtre, il savait détécter les changements dus aux passages inter-monde. Sa vie au lycée étant plus que banale, son métier de psychologue ne lui offrant peu, voire pas de distraction, il s'ennuyait ferme. Des fois, il prenait quelques personnes pour leur venir en aide pour des examens psychologiques spécifiques, mais rien de bien croustillant.

Une de ses contacts lui avait permis d'entrer en conaissance d'un policier du quartier de la Toussaint, réputé comme le quartier le plus malsain de la ville de Seikusu. Il avait aidé le policier à faire un examen psychologique d'un détenu, pour savoir s'il avait ou non quelque chose à se reprocher dans une sombre affaire de contrat. Les résultats étant concluant, il avait laissé son numéro de portable aux policiers, sachant qu'ils aurait un jour où l'autre, besoin d'un soutien psychologique particulier après une affaire éprouvante, et se réjouissant à l'avance de pouvoir entendre les récits policiers qu'on lui donnerait pour qu'il les rassure. Cependant, il ne s'attendait pas à ce qu'on le rapelle pour une autre affaire. Le chef de la police du quartier l'avait appelé car un de ses policiers avait déséspérément besoin d'une aide, et qu'il n'avait pas d'autre idée qu'Exodus.

Lorsqu'il arriva dans le quartier de la Toussaint, il ressentit un étrange sentiment, comme la première fois qu'il était venu. Il n'était pas le bienvenu, et il le savait. Pour plus de sécurité, il mis son véhicule au garage de la police, sachant qu'on ne lui en tiendrait pas rigueur puisqu'il avait déjà fait cela la précédente fois, et se présenta devant l'homme. Après un rapide remerciement, il lui expliqua que le policier en question, bien qu'un peu impulsif, faisait très bien son boulot dans un quartier tel que celui-ci. Cette réplique fit rigoler Exodus intérieurement : quel autre caractère pouvait-on attendre d'un homme travaillant dans la police d'un quartier tel que celui-ci ?

-Je vais vous présenter au policier qui dirige cette enquiète. Il ne devrait pas tarder à arriver. Tiens, le voilà... fit-il lorsqu'un homme rentra dans le bureau de la police.

Commissariat, 17H30

« Non mais vous avez vu  l’état de votre dernier témoins ? »

Gabriel haussa les épaules. Il ne comprenait pas pourquoi il se faisait houspiller pour la énième fois par madame la commissaire. Raz le cul de se faire houspiller. Il avait les meilleurs résultats de la PJ ou presque…et on lui reprochait les méthodes qu’il employait…combien de crimes sordides avait-il récupéré car sous les menaces ou autres actes de corruptions ses collègues abandonnaient ? Tous ! Et sur ceux-là, combien en avait-il élucidé ? Heu….tous sauf un….celui où il avait fini par descendre l’accusé de sang-froid, mais ça, chut, officiellement il y avait eu légitime défense…

« J’ai ptetre un problème de témoins…mais au moins on a notre déposition et une promesse de présence pour témoignage au procès. C’est assez accablant pour lui offrir perpèt’ ! Commencez à râler le jour où j’échoue ! D’ici là, prenez ce que je vous offre… »

La femme eut l’air d’hésiter quelques instants avant de rendre sa plaque au lieutenant de police, mais alors qu’il la saisissait.

« Très bien, mais vous devrez subir un suivi psychologique pendant les quelques jours à venir. Je ne veux pas d’un lieutenant instable, et qui sait, vous apprendrez un ou de trucs qui s’appellent la psychologie criminelle et le doigté…ça vous sera utile… Bon, sur ce, à demain, j’ai mes gosses à aller chercher ! A demain….et à la moindre incartade, je vous promets que vous finirez à faire la circulation au carrefour le moins fréquenté de la ville ! »

Il opina du chef. Il n’allait pas se plaindre, elle aurait pu le forcer à se taper la tournée des écoles primaires pour la prévention routière et la sécurité. Mais la raison pour laquelle elle ne l’avait pas menacé de cela, c’était parce que c’aurait été absolument et complètement irresponsable de sa part.

Le lendemain. Gabriel ronflait sagement dans son bureau. Commencer le taf à 8h00 était inhumain, du coup il dormait dans son bureau jusqu’à dix heures et demi. La boss tolérait ça car c’était le seul moment de la journée où il était à peu près sage. Il fut vite réveillé par le téléphone. D’un coup de pied il fit décoller l’objet de télécommunication de sa base à sa main.

« Gabriel, il est là. »

Il raccrocha brutalement et se dirigea vers l’une des salles de conférence. Mais avant, il devait récupérer un document. Il ouvrit la porte d’un bureau, sans même frapper, grossier comme il l’était.

« Je vais vous présenter au policier qui dirige cette enquête. Il ne devrait pas tarder à arriver. Tiens, le voilà... »

Il s’arrêta…et merde…il pouvait pas tenter de faire le mur…il était pris au piège…

« Oui, me voila, et pas de gaité de cœur, enfin bon, ça je pense qu’on peut clairement le comprendre. Lieutenant Gabriel Valmy, police judiciaire de Seikusu. Bravo, vous avez rencontré le spécialiste des affaires résolues par des méthodes non conseillés par l’éthique ! Vous êtes devant le number one de la mise à pied ! Le premier fracasseur de voitures de service !  Alors, quel effet cela fait ? »

D’un simple regard, glacial, à l’encontre du subalterne, celui-ci se carapata sans demander son reste, les laissant seuls dans le couloir

Le policier mis en question répondit du tac-au-tac :

-Oui, me voila, et pas de gaité de cœur, enfin bon, ça je pense qu’on peut clairement le comprendre. Lieutenant Gabriel Valmy, police judiciaire de Seikusu. Bravo, vous avez rencontré le spécialiste des affaires résolues par des méthodes non conseillés par l’éthique ! Vous êtes devant le number one de la mise à pied ! Le premier fracasseur de voitures de service ! Alors, quel effet cela fait ?

La première pensée d'Exodus fut qu'il cache sous sa violence un ou plusieurs traumatismes qu'il vécut dans son passé, ce qui s'est refleté dans ses choix de la police judiciaire, ou plutôt de la PJ, comme ils disent dans les films, et, certainement, de son quartier d'affiliation. Cependant, la réaction du flic était sans aucun doute un peu exagérée, ce qui fit sourire le juge céleste. D'ailleurs, le chef de la police devait penser la même chose que lui, puisque quelque chose dans son regard avait forcé Gabriel Valmy à faire demi-tour.

Ce fut à ce moment qu'il s'interrogea sur la vraie raison de sa présence ici. Gabriel Valmy semblait trop peu heureux d'avoir quelqu'un qui l'aide dans ses recherches d'un quelconque coupable qu'il ne pouvait être venu pour la raison officielle. Il regarda le chef de la police et lui lança :

-Vous m'avez demandé pour une de vos enquêtes... ou un de vos enquêteurs ? Je veux bien l'aider, mais je refuse de faire du baby sitting !

Le policier le regarda, affreusement gêné par la clairvoyance de l'homme qui le faisait face. Il chercha longtemps ses mots, son expression passant de la surprise à la colère, puis à la résignation :

-Très bien... Je vais donc vous présenter. Par contre, je tiens à vous prévenir. Il n'est pas toujours très... correct. Il est parfois même très violent de temps en temps. Ne vous faites pas avoir par son caractère, par pitié.

De temps en temps, Exodus pensait qu'on le prenait pour un idiot ou un incapable. La fonction même de psychologue était de savoir gérer les émotions des autres. Il n'avait pas besoin qu'on lui aprenne son métier ! Cependant, il fit comme si de rien était et suivi le policier qui l'emmenait rencontrer Gabriel pour de plus amples conaissances. Le commissariat dégageait une impression mal famée : odeur de nourriture, murs mals entretenus, carrelage hideux... Tiens, une canette ! Débris de verre un peu partout, odeur d'alcool allant avec les débris de verre...

Ils rentrèrent dans un bureau où le policier qui l'avait accompagné apostropha le second qui s'était mal comporté :

-Gabriel ! Je n'attends pas de toi un comportement exemplaire ! Mais tu pourrais quand même ne pas faire honte à la proffession devant des invités ! Sur ce, je vous laisse !

Il sortit, laissant le psychologue seul face au policier. Décidant de ne pas perdre de temps, il commença par un exercice silencieux : il s'assit sur la chaise devant le bureau et fixa Gabriel des yeux, sachant qu'il ne mettrait pas longtemps avant de réagir. Et lorsqu'il le regarderait aussi...

Bon, au moins les choses avaient été claires dès le début. Il n’en voulait pas mais il n’avait pas eu le choix. C’était cela ou c’était la mise à pied. Une énième mise à pied. Celle de trop sans doute. Celui-ci avait donc préféré repartir vers son propre bureau. Et merde, il allait devoir le supporter pendant un petit moment. Mais ce moment commençait déjà à le gonfler.

Il ne put cependant pas échapper aux quelques mots que lança le nouvel arrivant :

« Vous m'avez demandé pour une de vos enquêtes... ou un de vos enquêteurs ? Je veux bien l'aider, mais je refuse de faire du baby sitting ! »

Cette gêne était normal, mais dans cette aide n’avaient-ils pas demandé un suivi psychologique de Gabriel justement ? Par contre, qu’il ose lui redire ça droit dans les yeux et il se prendrait une beigne dans la poire, et il fallait bien croire qu’il le ferait. Penser le contraire, c’était mal le connaitre.
 
Il les vit entrer dans son bureau sans se gêner. Bah allez-y, qu’ils entrent et s’installent pendant qu’ils y étaient. Bon et bien ça y est, il allait devoir virer le mec qui décide qui est fou et qui est sain. Sinon, il allait vraiment devenir marteau ! Et il ne lui faudrait pas longtemps pour en arriver là !

« Gabriel ! Je n'attends pas de toi un comportement exemplaire ! Mais tu pourrais quand même ne pas faire honte à la profession devant des invités ! Sur ce, je vous laisse ! »

Bon en même temps attendre de Gabriel un comportement exemplaire était franchement osé, même trop difficile à imaginer. Et si on voyat cette idée comme une utopie alors là il fallait dire stop. Même utopiquement parlant, Gabriel restait Gabriel. Il ne fallait pas en espérer plus de lui, tout simplement.

Le métier de flic n’avait rien qui méritait d’avoir honte du comportement de Gabriel. Rien que de résoudre une enquête épineuse était une fierté ici, alors franchement, pour ce que valait le quartier et son commissariat, cela faisait belle lurette que la fierté de la plaque de police, il s’en foutait. C’est vous dire comme, réciproquement, il se foutait de la honte de la profession. Quant à l’invité, autant vous dire que cet invité, et bien il pouvait se torcher avec son comportement…

Il se désintéressa du psy et se mit à fumer, rangeant son arme qui était posée sur son bureau dans son holster, il sortit d’un casier de son bureau deux cannettes de bière. Il en ouvrit une, pour lui, et en donna une à l’emmerdeur non sans l’avoir bien secoué avant de la manière la plus discrète possible, par principe, on ne donne pas une bière comme ça à un indésirable, exhalant la fumée en direction de celui-ci, il posa enfin ses yeux dans les siens, il finit par parler.

[n]« Je n’ignore rien de la raison de votre venu, j’en ai discuté hier soir avec la patronne, en gros faut non seulement que l’on travaille conjointement, vous devez aussi établir un bilan de mon état psychologique pour vérifier si je suis apte au service. Mais je vais vous dire la vérité. Ici, j’ai les meilleurs résultats du quartier, et mes…méthodes sont spéciales mais effiaces. Alors va vite falloir faire un petit papier comme quoi c’est bon et basta. »[/b]

Il sourit et regarda sa montre.

« Je vous laisse un quart d’heure pour le faire avant que je ne me barre »