Au prix que je vous paie, maître Atayoshi, vous devriez avoir déjà terminé le procès!
Hound, la seule personne qui puisse faire accélérer le procès, c'est le juge. Mais venez me dire que vous n'êtes pas satisfait de mon travail jusqu'à présent.
Aucune réponse. Je le savais, malgré leur air supérieur et jamais satisfait, les criminels qui m'engagent sont plus que satisfait de l'argent qu'ils investissent. Mais je dois admettre que le procureur, Maître Rose, donne un sacré bon show, lui aussi.
C'est alors que la porte frappa.
J… On frappe à la porte, je vous laisse en main libre.
J'appuyai alors sur la touche et reposai le combiné. J'allais ensuite ouvrir la porte pour y découvrir le huissier.
Oui?
Maître Rose souhaite s'entretenir en privé avec M. Koga.
D'accord, ce ne sera pas long.
Puis je refermai la porte, faisant mine allant chercher mon café. Passant à côté de mon client, je lui murmurai.
Gare à vos paroles, rappelez vous qu'on vous écoute… Hound, vous m'appellerez lorsque ce sera terminé.
Bien.
D'accord…
Puis je sortis. Je croisai justement Lyan au tournant du couloir menant au Hall d'entrée du Palais de Justice. Le regard qu'il m'a posé en disait long sur la frustration qu'il ressentait, mais ça ne faisait que prouver que j'étais meilleur que lui, tout simplement. Je lui envoyais un petit sourire en coin, l'air de dire: " Essaie donc, pour voir".
Une fois dans le hall, je m'assis alors sur une chaise, à siroter mon café infecte, peut-être que je suis un peu trop pointu sur la qualité, mais j'ai été élevé ainsi, en attendant l'appel de Juno Hound, ou simplement J. Cet appel ne se fit pas trop attendre longtemps, car mon téléphone vibra. Le prenant en main, je vis que c'était mon client et décrochai immédiatement.
Alors?
Il l'a remarqué, et m'a raccroché au nez.
Je soupirai.
Les jeunes de nos jours…
Arrêtez de rigoler, maître Atayoshi! S'il me nomme…
S'il ne fait que parler d'une seconde personne, je serais l'homme le plus heureux de la planète.
Hein?
Plus Tard, Hound, plus tard.
Puis, le huissier vint me voir, me disant que la séance allait reprendre dans quelques minutes. Jetant mon restant de café aux ordures, je me levai et pris la direction de l'auditorium. Une fois assis, le juge somma la reprise du procès, avec l'accusation, évidemment. Comme je l'avais prévu, le procureur avait appelé mon client comme témoin, car il n'était plus accusé de meurtre, mais bien de complicité de meurtre, car il y avait bien un meurtrier qui courait dans les rues.
Je glissai ma main dans mon visage, imitant le désarroi, mais à l'intérieur, je jubilais. Prenant des notes, comme tout au long du procès, je planifiais déjà comment j'allais m'y prendre pour renverser la vapeur. Ce sont ça les échecs, faire croire à l'autre qu'il a gagné, et puis le mettre à genoux d'un coup, un seul.
Silence ! Silence, ou je fais évacuer la salle ! Merci, M. Koga. La défense peut commencer son contre-interrogatoire.
Je me levai alors, mettant discrètement un papier sur le bureau du procureur. Ce qu'y était marqué? "Bel essai". Marchand de long en large, je regardai mon client.
Vous pouvez aller vous asseoir, je ne veux pas faire de contre-interrogatoire. Cependant, j'aimerais avoir devant moi le témoin, je vous prie.
L'homme, un peu intrigué, se leva puis vint se tenir devant moi. J'avais peine à contenir le sourire qui voulait écarter mes lèvres. Après un court silence, je pris la parole.
Monsieur, tenez vous toujours le témoignage dont vous avez fait comme véridique?
-Euh… Oui…
-Pour que tout le monde s'entende sur le témoignage de monsieur, puis-je demander la citation exact par Mlle la huissière, monsieur le Juge?
Bien sûr, Mademoiselle, s'il vous plait.
La jeune femme prit alors une pile de feuilles puis regarda la première feuille, le premier témoignage, puis le lu à haute voix.
C'était il y a 6 jours, le 27 juin, il était environ 22h30. Je passais par le quartier de la Toussaint pour rejoindre mon domicile quand soudain j'ai entendu des bruits suspects. C'étaient la victime et l'accusé, qui étaient en train de... Enfin, vous voyez, quoi. Cependant, l'accusé frappait la victime, ce qui me fait penser qu'il la violait. C'est plutôt courant, dans ce quartier, vous savez. A un moment, l'accusé sortit un couteau de sa poche et poignarda la victime dans le cœur. Une fois parti, j'ai pu reprendre mon souffle et j'ai pris une photo, je ne sais même pas pourquoi.
Je souris, j'étais tout à fait satisfait de la relecture du témoignage. Faisant les cent pas devant le témoin, je finis par briser à nouveau le silence qui venait de s'installer.
Vous confirmez avoir dit ça?
-Oui mais…
-Monsieur le Juge, vous voyez qu'il y a différence entre ce que le témoin dit et la nouvelle accusation portée par le procureur! Regardez mon client, Monsieur le Juge, il n'est pas pâle sans raison, il est terrifié… S'il était au courant de quelque chose à propos de ce meurtre, pourquoi n'en aurait-il pas parlé avant? Pourquoi n'aurait-il pas tenté de conclure un marché, disons ce qu'il sait en échange d'une peine moins lourde? Tout simplement parce qu'il ne sait pas ce qu'il prétend savoir.
Je fis s'installer un silence. Des chuchotis commencèrent à poindre dans la salle, et le juge dû taper de son marteau pour faire revenir le silence. Je me tournai une nouvelle fois vers le témoin.
Monsieur, êtes vous sûr que ce soit ce qui s'est passé, ce que vous avez vu.
-Eh bien, je ne sais trop comment….
-Oui ou non!
-Euh… Oui
-Je sais, avant que l'accusation ne me le fasse remarquer, que j'ai tenté de discréditer le témoin à cause de son activité illicite, mais, lorsque je lui ai demandé, il n'a pas cherché à nous mentir. J'admets que j'ai eu tort de m'acharner sur ce pauvre homme, mais nous avons tous nos petits vices, et celui de Monsieur ici présent n'indique en rien qu'il pourrait nous mentir sur une histoire aussi grave! D'ailleurs, comme l'a présenté le procureur avec la photo que le témoin a prise, il n'y avait aucun nuage, donc, s'il y avait eu un deuxième assaillant, M. Kozato ici présent aurait très facilement pu voir une deuxième personne.
Ce que c'est grisant, j'adore parler ainsi, mener une petite mascarade pour les amener à me croire… La vérité? Il n'y en a pas. Les faits sont toujours discutables et, la moitié du temps, ils nous mènent sur une fausse piste. Qu'est-il vraiment arrivé ce soir là? Personne ne semble vraiment le savoir…
Donc, à la lumière de ses faits, nous pouvons en déduire que soit l'accusé, soit le témoin ment. Comme l'anxiété de mon client est indiscutable, je dois aussi amener que, lors de la pause, Me Rose est allé voir mon client en privé. Je soupçonne donc que mon client ait été victime d'avoir été forcé de divulguer une information qu'il n'avait pas en main! Notez, monsieur le juge, que je n'accuse personne. Cependant, il faut admettre que c'est très louche, un procureur qui va discuter de la pluie et du beau temps avec l'accusé pendant une pause lors d'un procès! J'ai terminé Monsieur le juge
Je me retournai et marchais vers le banc de l'accusé. Que s'était-il passé dans le bureau? Aucune idée. Les procureurs sont comme les avocats, il n'y vont pas avec le dos de la cuillère quand vient le temps de travailler un témoin, ou encore un accusé.
Puis tout d'un coup, je me retournai.
Oh, Mlle la huissière, pouvez vous me dire ce que Me Rose a dit juste avant que mon client ne témoigne?
La jeune femme, assise à son clavier, jeta un regard incertain au juge, qui hocha tranquillement de la tête.
Euh… Bien sûr… Bien, avant de commencer, l'accusation aimerait se prononcer après un entretien avec l'accusé. L'accusation n'accuse plus M. Koga du meurtre de Mlle Inoue, mais de complicité de meurtre. Le meurtrier court toujours, et nous n'allons pas enfermer un innocent à la place d'un mystérieux assassin. C'est pourquoi, afin de confirmer mes dires, j'appelle M. Koga lui-même à la barre !
J'affichai à nouveau un sourire satisfait. Peut-être que certaines personnes n'avaient pas compris où je voulais en venir, jusqu'au moment où je pris la parole
Tenez, même le procureur dit que mon client est innocent. Je vous demande donc pourquoi continuons-nous cet interminable débat alors que les deux parties s'entendent pour dire que M. Koga ici présent n'a rien fait?
Je retournai alors m'asseoir auprès de mon client, mais juste avant, je tournai ma tête vers Lyan Rose et murmurai, pour que personne d'autre ne comprenne, avec un petit sourire arrogant au coin des lèvres:
Quel piètre choix de mots…