Un espoir ou une prison ? (PV Melisende)

S’il ne se trompait pas sur la date, cela faisait 1 an, et 2 mois deux mois environs, que Ryuga avait quitté par accident son monde, pour le plan de Terra. D’abord en colère, et cherchant à toux prix à rentrer chez lui, ce sentiment avait finit par laisser place à la dépression au bout de plusieurs mois. A cette époque il pensait que rentrer ne servait plus à rien, que Miya quoi qu’il arrive devait le penser mort, et qu’elle avait dû recommencer une nouvelle vie.  Il le croyait toujours, mais au fil des rencontres qu’il avait fait avec des personnes extraordinaires comme Cathleen et Helayne, il avait reprit doucement le goût de vivre.

L’absence de Miya laissait toujours un énorme vide, mais il avait de nouveau envie de quitter cet enfer, pour ne plus risquer sa vie tous les jours. Et si par miracle il y arrive, il pourrait aller dans un autre pays que le Japon, prendre un nouveau nom, et ainsi ne pas risquer de détruire ce qu’à reconstruit la femme de son cœur, il ne voulait plus qu’elle souffre par sa faute.

Depuis quelques semaines, il avait donc repris ses recherches afin de trouver un moyen de retourner chez lui, et les premiers résultats furent peu encourageants, mais il avait entendu quelques bribes sur une femme très puissante. Une femme qui possédait de grands pouvoirs magique, et qui habitait sur une île à quelques jours de navire. C’était le sujet de conversation du moment, parce que plusieurs terranides jurent avoir été capturés, puis épargnés par cette magicienne, qui d’habitude est loin d’être si magnanime.
Le bruit courait donc, qu’elle avait changé, et qu’elle n’était plus la sorcière impitoyable qu’elle avait été, en tout cas, l’inspecteur voyait qu’elle imposait toujours le respect et la crainte dans les yeux des personnes qui en parlaient.

Quoi qu’il en soit, c’était une chance qu’il ne pouvait pas laisser passer, alors il se mit à longer le port, à la recherche d’un bateau qui puisse l’amener sur l’île de cette femme qu’on appelait : « Melisende ». Il essuya refus sur refus, tous avaient bien trop peur de vérifier si ce qu’on disait sur la sorcière était vrai, jusqu’à ce qu’une bourse remplis de pièce d’or ne vienne convaincre un vieux loup de mer de prendre ce risque. Son bateau n’était pas de prime jeunesse, c’était un voilier de taille moyenne, ne laissant place qu’à un petit équipage de 3 personnes. Mais Ryuga n’avait pas d’autres solutions, alors quelques heures plus tard, ils se mirent à naviguer en direction de l’île.

Il ne fallut pas moins de 3 jours pour discerner les côtes du domaine de Melisende, 3 jours passer avec des marins dont l’hygiène est vraiment le cadet des soucis, à manger du poisson cru, et du vin dont « piquette » serait un nom plus approprié. Et pour couronner le tout, voici ce que dit le capitaine du rafiot avec son accent si particulier, avant même qu’ils n’aient atteint les abords de l’île :

Mon p’tit gars ! Pas question d’aller plus loin ! Je ne veux pas que la sorcière réduise mon bateau en miette !

Après une discussion plus ou moins houleuse, Ryuga dut se résoudre à sauter du bateau rapidement, avant qu’il ne s’éloigne de trop et qu’atteindre à la nage l’île ne lui soit devenu impossible. Après de longues minutes d’effort physique, l’inspecteur put enfin atteindre la plage, il marcha sur quelques mètres avant se d’écrouler à 4 pattes, en soufflant, la tête baissée.
Il était complètement trempé, son pantalon noir était devenu noire foncé, et la chemise blanche laissait maintenant deviner sa musculature avantageuse. Ses cheveux ébène mouillés eux aussi, apportait un charme supplémentaire au look « aventurier » qu’arborait malgré lui Ryuga.

Finalement Mélisende avait rejoint son île. Le monde des humains lui avait fait encore plus de mal que le monde de Terra. Elle avait énormément changée. L’histoire avec Kamui puis celle avec Eric avaient finis par avoir raison d’elle et de ce qu’elle était. La magicienne avait vécu pour elle toute sa vie, sans tenir compte des autres. L’amour était un sentiment qu’elle ne connaissait pas. Seuls les notions de plaisir, de puissance et de domination lui étaient connues. Mais maintenant c’était différent. Elle avait pris conscience de l’égoïsme terrible dans lequel elle avait vécu et le choc psychologique avait été rude.

Sa réaction avait été violente comme toujours. La colère avait été sa réponse première, elle avait à peu près tout cassé ou détruit dans la maison qu’elle possédait sur Terre, jusqu’à la maison elle-même qui n’était plus qu’une ruine. L’ensorceleuse était alors rentrée dans son palais sur son île. Là, elle avait pleuré des jours entiers dans sa chambre. Ses propres serviteurs en étaient consternés et ne savaient pas comment réagir. Ils étaient habitués à sa luxure ou à ses colères mais pas à sa détresse.

Au bout de quatre jours, elle avait quitté ses appartements et était allée dans son jardin. La sorcière avait alors touché chacun des animaux qui s’y trouvaient et ils reprirent leurs formes humaines premières. Elle leur dit de quitter son île et de rentrer chez eux. Ces derniers ne se firent pas prier et quittèrent rapidement l’endroit.

Mélisende retourna alors dans son palais où elle réunit ses serviteurs à qui elle demanda aussi de s’en aller. Elle supprima tous les sorts qu’elle avait pu leur jeter. Eux-aussi quittèrent bien vite l’endroit. Mélisende avait fait apparaître des bateaux qui les conduisirent sur la terre ferme. Une seule domestique choisit de rester volontairement avec la sorcière, Daphné, une jeune terranide chat. La magicienne accepta.

Les jours, les semaines qui suivirent, l’ensorceleuse se replia complètement sur elle-même. Elle mangeait peu mais la magie lui permit de conserver son apparence et sa beauté. Elle passait son temps allongée sur son lit, sur un lit romain ou sur hamac dans son jardin. Elle ne faisait plus rien, même la magie ne l’intéressait plus. Elle déprimait. La mélancolie la submergeait totalement. Elle ne supportait plus que la présence de Daphné, elle ne voulait plus voir personne. Elle ne voulait plus faire de mal aux gens, ni abuser d’eux.

Toute en elle avait changé, jusqu’à sa tenue. Elle avait abandonné les simples bandes de tissus pour une tenue plus habillée. Elle portait une robe longue, verte foncée, en velours. Les pans de la robe touchaient le sol. La jupe était assez évasée mais le haut était moulant. Les manches longues recouvraient totalement ses bras et ses épaules. Sa gorge était dégagée  mais la naissance même de ses seins était voilée. Elle laissait tout juste deviner la beauté de son corps maintenant totalement, ou presque, dissimulé par le tissu. Elle laissait juste ses cheveux libres comme avant.

Allongée dehors, dans son jardin, elle observait les nuages qui passaient au-dessus d’elle. Mélisende ne pensait à rien ou essayait de ne penser à rien afin de ne pas sombrer une nouvelle fois dans la déprime. C’est alors qu’elle sentit une présence. On approchait de son île. Elle fronça les sourcils, personne ne s’approchait jamais de son île par crainte de sa propriétaire, même maintenant.

La sorcière se leva et décida d’aller voir elle-même ce qu’il en était. Elle aurait pu utiliser sa magie mais elle préféra marcher. Elle pénétra la jungle dense qui entourait se demeure. Comme toujours les végétaux s’écartaient devant elle. Au bout d’une vingtaine minutes, elle arriva à la plage, le seul endroit où les gens pouvaient mettre un pied sur son île. Alors qu’elle enfonçait ses pieds dans le sable, elle vit une forme, un homme, à quatre pattes. Vu son état, il avait dû nager jusqu’à la plage et il semblait épuisé. Il cherchait à reprendre son souffle. La magicienne resta à l’observer. Bien avant, elle se serait jetée sur lui. Là, elle était bien loin de ça. Son visage exprimait une profonde tristesse même sa beauté semblait moindre comme si elle avait perdue sa lumière intérieure. Elle continuait de regarder l’intrus, elle comptait juste lui dire de s’en aller. Elle voulait rester seule maintenant.

Ryuga dû prendre une bonne minute pour retrouver un souffle régulier, il se redressa doucement, et pu regarder autour de lui. Il avait nagé jusqu’à cette plage, qui semblait le seul moyen d’accéder à l’ile. Sur les autres côtés, il n’y avait que des récifs, qui avaient déjà surpris bon nombre de navires à en voir les morceaux d’épaves qui y étaient disséminés. Le regard du policier s’arrêta sur la silhouette fine d’une jeune femme, qui le regardait d’un peu plus loin sur la plage. Il s’avança vers elle, et pu mieux la distinguer. Elle paraissait simple, elle portait des vêtements élégants et sobres, bref loin de la description qu’on lui avait fait de la sulfureuse Melisende. Pour lui ce ne pouvait donc être qu’une de ses servantes, il s’arrêta à quelques mètres d’elle, puis après avoir passé une main dans ses cheveux mouillés, il la salua respectueusement.

Bonjour…

Ryuga soufflait encore un peu, l’effort avait été intense, alors qu’il était resté 3 jours immobiles sur le voilier. Mais enfin, tout cela n’était sans doute pas vain, il était maintenant sur l’ile de la puissante ensorceleuse Melisende. Peut être qu’il dormira sur terre ce soir ? Son regard croisa celui de la jeune femme, et il lui demanda de l’amener à la magicienne.

Excusez-moi, mais pouvez me conduire à la maitresse des lieux ?

L’inspecteur prit le temps de mieux regarder la personne qui lui faisait face, elle semblait particulièrement triste, peut être que l’ensorceleuse la gardait ici de force ? En tout cas, comme à son habitude il ne pouvait rester insensible à la détresse humaine, et c’était à parier qu’il allait tenter de l’aider, alors que c’était lui qui était venu demander de l’aide, mais l’instinct par définition, ne se contrôle pas.

L’homme ne semblait pas savoir qui était la jeune femme devant lui. Il la prenait pour une domestique, une esclave ou quelque chose comme ça. Peut-être était-ce mieux ainsi d’ailleurs. La magicienne ne savait pas pourquoi il tenait tant à la voir mais elle n’avait aucune envie de parler à qui que se soit, lui ou quelqu’un d’autre.
 
Cependant, elle ne comptait pas jouer les méchantes. Elle tenait juste à ce qu’il s’en aille.

« Bonjour à vous ! »

Elle s’avança et inclina simplement la tête.

« Je suis désolé, je ne peux pas. La… dame n’est pas… disponible. Vous devriez vous en allez. Il n’y a rien pour vous ici. Je peux faire en sorte qu’un bateau vous ramène sur le continent »

Mélisende ne voulait pas savoir pourquoi cet homme tenait tant à la voir. Elle s’en moquait. Maintenant, elle voulait vivre tranquille et qu’on la laisse tranquille. Elle se retourna et marcha vers la forêt avant de tourner la tête vers l’inconnu.

« Attendez quelques instants et une barque vous ramènera. Adieu monsieur ! »

Après toute cette traversée, 3 jours à rester immobile, à manger du poisson crue et boire de la vinasse, pour repartir ?! Nan Ryuga n’allait certainement pas partir d’ici, sans avoir été reçu par Melisende, c’était son seule espoir pour regagner son monde, et il n’allait pas abandonner comme ça. La jeune femme se retourna et s’engouffra dans la forêt, et le policier se mit à courir pour la rattraper.

Attendez ! C’est extrêmement… Important !

Les mots de Ryuga étaient entrecoupés de souffles, l’effort avait été trop rude, alors que son corps était affaiblit par les 3 jours de navigation, il avait du mal à tenir sur ses jambes. Quand il réussit à revenir à hauteur de ce qu’il prenait pour une servante de Melisende, ses jambes faillir et il se retrouva à genoux devant elle. Il leva son regard ébène vers elle, il était emprunt d’une certaine force qui le caractérisait.

S’il vous plait… Elle est la seule qui puisse m’aider.

Le torse du policier se bombait sous sa forte respiration, il fixait la jeune femme, et ne voulait entendre qu’une réponse positive.

L’homme ne voulut pas l’écouter, il courut après elle. Epuisé, il finit par se retrouver aux pieds de la magicienne.

« S’il vous plait… Elle est la seule qui puisse m’aider »

Mélisende regarda le pauvre homme devant elle. D’habitude, les hommes se mettaient à genoux devant elle pour qu’elle leurs accorde ses faveurs sexuelles, rien d’autre. Elle se demanda ce que cet homme pouvait bien vouloir. Il n’était pas magicien, il ne possédait aucuns pouvoirs, elle l’aurait sentit sinon.
 
Il semblait dans un mauvais état. La sorcière se pencha, lui posant sa main sur son épaule.

« Vous avez besoin de repos et de nourriture »

Elle se mit à son niveau et passa un bras autour de sa taille. Son autre main alla quérir le bras du jeune homme qu’elle passa autour de son cou.

« Venez ! Je vais vous conduire jusqu’au palais. Vous pourrez prendre un peu de repos là-bas ».

Sans attendre l’assentiment de l’homme, elle l’aida à marcher et refit le chemin en sens inverse afin de réintégrer sa demeure. Elle ne lui avait pas dit qui elle était et ne comptait pas le faire. La sorcière comptait le retaper et le faire s’en aller. Inutile qu’il reste ici.

Au bout d’une vingtaine de minutes, ils arrivèrent sur l’esplanade de marbre devant le palais antique. Celle-ci, habituellement recouverte d’animaux, était totalement déserte à présent. Ils montèrent les marches et franchirent l’entrée masquée par un voile blanc transparent. Une fois le petit vestibule franchit, ils arrivèrent dans la pièce principale. De nombreux fauteuils et lits romains meublaient toute la pièce, ainsi qu’une table immense recouverte de victuailles.

Mélisende l’accompagna jusqu’à l’un des lits romains.

« Installez-vous et reposez-vous ! »

La sorcière s’empara d’un calice et le remplit de vin.

« Buvez cela vous fera du bien. Vous pouvez manger ce que vous voulez, ça aussi, ça vous fera du bien. Puis-je connaître votre nom, monsieur ? »

Elle s’assit sur le lit roman en face de lui mais elle ne s’allongea pas. Elle posa simplement les mains sur ses genoux attendant d’en savoir plus sur l’inconnu.

La détresse de Ryuga avait finit par avoir raison des réticences de ce qu’il prenait pour une servante de l’île, elle l’aida à marcher jusqu’au palais, et elle le conduisit dans une grande pièce, où l’eau lui vint rapidement à la bouche à la vue de toutes les plats succulents posée sur une énorme table. D’habitude il aurait eu plus de respect, mais il ne put s’empêcher de bien vite s’asseoir à une chaise pour attraper le premier plat venu et en manger le contenu avec de grosses bouchées. Il fit passer tout cela à coups de longues gorgées de vin du verre que lui tint la jeune femme.

Une fois ses besoins primaires assouvis, il put se calmer, et manger plus calmement, puis il afficha un air gêné à la « servante ».

Je suis désolé… J’étais vraiment affamé, en tout cas la nourriture est délicieuse.

Il manga calmement une autre bouchée du poulet qu’il venait d’entamer, puis s’essuya poliment la bouche avec une serviette qui était posée non loin de là.

Mon nom est Ryuga MIURA. Et vous-même ?

Quelque chose avait surprit Ryuga en arrivant au palais, c’était le vide qu’il y régnait, il aurait pensé trouver bon nombre de servantes comme elle, mais les lieux semblaient sans vie.

Dîtes moi, les autres membres de la cour de l’ensorceleuse travaille dans une autre partie du palais, pour que nous n’en n’ayons vue aucun jusqu’à présent ?

Sa curiosité se calma assez rapidement, tout comme sa fin, grâce au plat copieux qu’il venait de terminer, car le pourquoi de sa venu était plus important que ces détails. Il se redressa pour faire face à Melisende, puis croisa son regard avec le même air sûr qu’il avait sur la plage.

Quand est ce que la maitresse des lieux pourra me recevoir ?

Assez logiquement, l’homme voulu savoir où étaient les autres serviteurs, il avait dû entendre parler d’elle sur le continent et certainement pas en bien. Curieusement, cela fit de la peine à la magicienne mais elle ne pouvait pas vraiment prétendre à autre chose vu le mal qu’elle avait fait.
 
L’ensorceleuse hésitait sur la conduite à tenir. Devait-elle lui dire la vérité ou continuer de jouer son rôle de servante dévouée ? La seconde solution lui parut la meilleure. Au moins, elle ne verrait pas le dégoût qu’elle pouvait inspirer dans ses yeux.

« Je m’appelle… - il fallait qu’elle se trouve un nom et vite – Je m’appelle Lise »

Ce n’était pas si faux, il y avait bien Lise dans Mélisende. Ça irait bien comme ça ! Mentalement, elle informa Daphnée de la situation afin que celle-ci ne fasse pas d’impair.

Mélisende vit quand même que le dénommé Ryuga prenait plaisir au repas. Il semblait vraiment affamé vu la manière dont il consommait les plats qui se trouvait devant lui. Elle en fut contente.

« Nous ne sommes plus que deux en ce lieu, Daphnée et moi-même. Notre… maîtresse a renvoyé tous les autres chez eux. Elle nous a également demandé de partir mais nous avons décidé de rester avec elle. Je crains que vous ne puissiez pas la voir avant un moment. Elle a quitté l’endroit et je ne sais pas dans combien de temps elle reviendra. Cela peut-être quelques jours ou quelques semaines, c’est difficile à dire avec elle. Je suis navrée, Ryuga »

Elle prit un air désolé qui n’était pas totalement feint. La sorcière était désolé qu’il soit venu jusqu’à elle. Elle qui ne souhaitais plus voir personne, il avait fallu qu’il vienne la déranger mais elle ne comptait pas lui venir en aide.

« Tout ce que je peux faire pour vous c’est de vous offrir l’hospitalité pour la nuit et de vous laisser regagner la côte demain, une fois que vous serez reposé. Je suis désolé que vous ayez fait tout ce chemin pour rien Ryuga »

Ce qu’on disait de Melisende devait donc être vrai, elle aurait « changée », dans un sens c’était mieux pour Ryuga, si elle n’était plus l’ensorceleuse impitoyable qu’elle avait été, peut être accepterait-elle de l’aider. Il se retrouvait donc en face d’une des dernières servantes qui résidait en ces lieux, et ce qu'il apprit par la suite le déçu considérablement. Melisende ne serait donc plus ici pour le moment, mais après tout le chemin parcouru, il pourrait l’attendre non ? Après avoir détourné son regard un bref instant pour maudire le capitaine de son précédent navire, de le n’avoir fait arriver plutôt, il reposa son attention sur Lyse.

Je vous remercie de me laisser me reposer ici, mais si ce n’est que pour quelques jours, je pourrais attendre le retour de Melisende ?...

Quoi qu’il en soit, s’il était forcé de partir, il reviendrait, l’ensorceleuse devra bien retourner sur son ile un jour l’autre. Il était si proche du but, qu’il ne pouvait concevoir de ne pas parvenir à ses fins.

Ryuga glissa son regard sur son corps, sa chemise et son pantalon, était loin d’être de première fraicheur avec le dernier traitement infligé par l’eau salé de la mer entourant l’ile. Il leva les yeux vers Lyse, en venant passer sa main droite sur sa nuque en signe de gêne.

Est-ce qu’il y a un endroit… Où je peux me laver ?

Visiblement l’homme ne comptait pas abandonné de sitôt. Mélisende soupira en silence. Elle n’allait pas se débarrasser de Ryuga aussi facilement qu’elle l’escomptait. Inutile d’en rajouter pour l’instant, il risquerait de se douter de quelque chose concernant son identité si elle essayait d’appuyer le fait que la magicienne ne souhaitait plus recevoir personne.

« Très bien, vous pouvez rester l’attendre si vous voulez mais comme je vous l’ai dit, elle risque de ne pas revenir avant un moment et ce n’est pas certain qu’elle veuille vous aider »

La sorcière se releva et avança vers l’ouverture qui servait de porte au fond de la pièce, en plein milieu du mur. Elle se retourna alors vers le jeune homme.

« Si vous avez terminé votre repas, je vais vous montrer l’endroit où vous pourrez vous laver et vous débarrasser du sel marin »

Mélisende franchit la porte et se trouva en plein milieu d’un couloir comportant de nombreuses pièces. Elle se dirigea vers la gauche et entra dans la première pièce. Il s’agissait des thermes de la demeure. Cinq bassins s’y trouvaient. Le plus grand, au milieu, pouvait être assimilé à une piscine. Les quatre autres se trouvaient au quatre coins du grand bassin.

L’ensorceleuse les présenta afin que son invité face son choix au niveau des bains.

« Celui à votre gauche est un bassin d’eau froide, à droite, c’est un bassin d’eau tiède. Le grand bassin est à une température de 30° environ. Les deux autres sont des bains chauds. Celui de droite est seulement composé d’eau, l’autre est un mélange d’eau et de lait. A côté de chaque bassin, vous avez tout ce qu’il vous faut pour vous laver, Ryuga »

Elle observa à nouveau l’homme et dut convenir de son piteux état. Ses vêtements étaient trempés et couverts de sel marin. Rien de très agréable.

« Vous n’aurez qu’à laissé vos vêtements sur le bord. Je les laverai. On vous apportera de quoi vous changer. Ça ne servira pas à grand-chose que vous vous laviez si c’est pour remettre des vêtements sales derrière »

Ce raisonnement empêchait Ryuga de protester devant sa proposition de vêtements propres et secs.

« Pendant ce temps-là, une chambre sera mise à votre disposition – elle s’inclina – Bon bain Ryuga »

Mélisende s’éclipsa et alla voir Daphné.

« Tu lui prépareras une chambre et tu laveras ses vêtements – d’un geste la magicienne fit apparaître des vêtements d’homme – Tu lui apporteras ça, ainsi que des serviettes propres pour se sécher »

Le jeune terranide-chat s’inclina et prit les vêtements d’homme, un jean et une chemise blanche, une tenue proche de celle que Ryuga portait.

« Tu lui préparera une des chambres du bas. Il ne sait pas qui je suis. Ne lui dis rien. - Mélisende prit la direction du jardin - Si il me cherche, je suis dans le jardin de derrière »

Daphné s’inclina et partit faire ce que sa maîtresse lui demandait. Quand à cette dernière, elle retraversa la pièce principale et fit le tour du palais afin de se trouver derrière. Là, s’étendait un magnifique jardin à l’anglaise où les roses étaient la fleur principale. La belle sorcière alla s’allonger sur le transat qu’elle occupait avant l’arrivée de l’intrus dans son domaine. Elle ferma les yeux et finit par s’endormir au bout de quelques minutes.

Ryuga suivit sans tarder Lise, il avait grand besoin de se laver, et pourra en profiter pour se détendre un peu. Il put juger de la richesse du palais dans lequel il se trouvait, quand il passa dans le couloir, et que son regard alla d’une pièce à une autre. Leurs pas continuèrent de se mouvoir sur le marbre blanc, jusqu’à ce qu’ils entrent dans une grande salle, faisant office de thermes. Il allait sans dire qu’il n’avait rien vue de plus luxueux depuis son arrivé sur le plan de Terra, il écouta attentivement la description que lui fit la jeune femme sur l’ensemble des bassins, et jeta son dévolu sur l’un des bassins chauds.

Après que Lise sortit de la salle, il déboutonna sa chemise, dont la texture s’approchait plus du carton après le passage dans l’eau de mer. Il la retira, et en profita pour inspecter son torse et ses abdos élégamment sculptés, qu’une longue cicatrice parcourait en diagonale. Il ne portait plus de pansements, mais c’était encore fragile, et il avait eu peur que l’effort qu’il avait fait pour rejoindre l’ile n’est ré-ouvert en partie sa plaie. Une fois rassuré, il retira son pantalon, puis son sous vêtements, et déposa le tout près du bassin.

Entièrement nu, Ryuga put mettre d’abord un pied dans le bassin, puis un autre, alors qu’un long souffle de bien être s’extirpa de sa bouche. Il avança dans l’eau, jusqu’à ce que l’ensemble de son corps soit emprisonné dans cette douce chaleur. Il prit le matériel de nettoyage laissé près du bassin, et put enfin prendre soin de lui, et redonner minute après minute à son corps, l’aspect qu’il avait auparavant.

Après de longues minutes où Ryuga put oublier un bref instants ses soucis, il sortit du bassin, et s’essuya consciencieusement avec une serviette laissée à cet effet, puis l’enroula autour de sa taille. Lorsqu’il sortie des thermes, une terranide chat, l’attendait et s’inclina respectueusement face à lui.

Monsieur Miura, je suis Daphnée, si vous voulez bien me suivre, je vous conduis à votre chambre, des vêtements propres vous y attendent.
   
Merci…

Ryuga était un peu gêné, voilà bien longtemps qu’on ne l’avait pas traité avec autant d’attentions. La servante le conduisit donc dans sa chambre, dans laquelle il put quitter sa serviette, pour un boxer noir, un jean, et une chemise blanche. L’inspecteur fut un peu étonné de voir que ses vêtements lui allaient à la perfection. Puis il s’assit sur le bord du lit, et put mieux observer l’ensemble de sa chambre. Tout comme le reste, elle était richement meublée, mais pas vulgairement, ce n’était pas du luxe voyeur, mais tout résidait dans la qualité et l’esthétisme des matériaux employés. Le lit était large, et les draps fins et soyeux, au milieu de la pièce trônait une petit table entourés de 4 chaises. Un fauteuil était posté près de l’une des 3 fenêtres qui permettaient d’éclairer la pièce.

Quoi qu’il en soit, Ryuga arrivera sans doute bien mieux à dormir ici que dans la cale du vieux rafiot sur lequel il a navigué ces derniers jours.

En attendant il se demandait où était la jeune femme qui l’avait accueillit sur la plage. Il quitta sa chambre, et au détour d’un couloir, il croisa Daphné, qui lui indiqua que Lise était dans les jardins à l’arrière du palais. Ryuga s’y rendit, et ne put que contempler la beauté de cette végétation, parfaitement rangée en polygone, dans le pur style anglais. Il avanca de quelques pas, frôlant du bout des doigts toutes sortes de fleures, même si la rose était la plus représentée. Cette île était un véritable coin de paradis, comparée aux plaines chaotique qu’il venait de quitter.

Son regard fut attiré par le corps immobile de Lise, allongée sur un transat, qui semblait s’être endormie. Elle aussi avait donc décidé de rester auprès de Melisende, mais pourquoi paraissait-elle si triste ? Soucieux de ne pas briser son sommeil, Ryuga se contenta de reprendre sa petite promenade, jusqu'à ce que l’épine d’une rose ne vienne se planter dans son index, lui arrachant un léger gémissement de douleur, qu’il ne put réprimer à temps.

Mélisende trouvait un peu de répit dans son sommeil mais celui-ci fut de courte durée quand un cri se fit entendre. La magicienne se redressa alors. Ce n’était pas vraiment un cri ou alors un cri très assourdi. Elle se releva alors et comprit bien vite d’où et qui avait crié.

L’ensorceleuse vit Ryuga tenir son dos près d’un buisson de rose. Il avait du se piquer. Elle ne put s’empêcher de sourire.

« Et bien ! Vous affrontez trois jours de voyage, la mer plus ou moins déchaînée, l’île d’une magicienne à la mauvaise réputation et finalement vous vous faites « vaincre » par une épine de rose. C’est amusant ! »

La magicienne aux allures de servante s’approcha du jeune homme et lui prit doucement la main, examinant la blessure. Une épine s’était logée dans son doigt.

« Ce n’est rien de dramatique, vous y survivrez ! Par contre, ça risque de vous faire un peu mal »

Aidée d’un brin de magie, elle appuya doucement sur le pourtour du doigt pour faire ressortir l’épine. En quelques dizaines de secondes, Mélisende l’avait extrait.

« Voilà, ça devrait aller mieux – elle lui jeta un coup d’œil – Je vois que vous vous êtes changé. J’espère que vous avez apprécié votre bain Ryuga ? Puis-je faire quelque chose d’autres pour vous ? »

Quand Ryuga entendit la remarque taquine de Lyse, il ne put s’empêcher de sourire de sa maladresse, lui qui avait enduré tant de chose depuis qu’il était sur Terra, il n’avait pu s’empêcher de gémir de douleur à cause d’une petite entaille. Un comble quand on voit la longueur de la cicatrice sur son torse. La jeune femme s’approcha de lui, et lui retira l’épine avec soin, laissant le bout de son index se perler de gouttes de sang.

Je suis désolé, je vous ai réveillé, mais cette épine m’a sournoisement attaquée !

Ryuga affichait un sourire ironique, puis porta son doigt à sa bouche pour suçoter la petite plaie, qui devrait bien vite cicatriser.

Merci beaucoup Lyse, et aussi pour le bain, ça faisait longtemps que je ne m’étais pas sentit aussi bien.

Le policier fit non de la tête lorsqu’elle lui demanda si elle pouvait faire quelque chose pour lui.

Enfait… C’est plutôt moi qui viens vous demander si je peux faire quelque chose ? Je n’aime pas rester à rien faire, et autant me rendre utile le temps que Melisende ne revienne, et ce sera ma façon de vous remercier pour votre hospitalité. Vu qu’il y a beaucoup moins de serviteurs maintenant, je suppose qu’il doit y avoir des tâches laissées à l’abandon ?

Ryuga fixait Lyse de son regard noir et profond, elle semblait tout de même différente de Daphnée, comme si elle avait un rang supérieur, peut être était-elle une des servantes en chef de Melisende.

Mélisende était bien embêté par la proposition du jeune homme. Certes il n’y avait plus que Daphné mais la magie de la magicienne permettait de maintenir l’île et le palais en l’état, même la poussière n’y avait pas sa place.

« Et bien… j’avoue que je ne sais pas trop. Certes, nous ne sommes plus que deux ici mais nous nous en sortons plutôt bien… »

La magicienne regarda un peu autour d’elle cherchant quelque chose qu’elle aurait pu donner à faire à Ryuga. Elle comprenait plus ou moins sa situation et même si elle ne souhaitait pas qu’il s’attarde en ce lieu, elle savait qu’il ne quitterait pas l’île comme ça. Il y avait trop de détermination dans ses yeux et sa façon d’être.

Elle le regardait alors qu’il observait son doigt abîmé et se dit qu’elle avait peut-être trouvé quelque chose pour lui.

« Est-ce que vous vous y connaissez en fleurs, Ryuga ? Car nous aurions bien besoin de quelqu’un pour s’occuper du jardin. Il faudrait tailler les rosiers, enlever les mauvaises herbes, arroser… Enfin tout ce qu’on doit faire dans un jardin, surtout un jardin aussi grand ! – Mélisende lui adressa un léger sourire – Si, bien sûr, affronter les roses ne vous effraie pas plus que ça »

Soudain, elle se rendit compte de son changement de comportement. Avant cet homme aurait déjà trouvé sa place dans son lit et pas dans son jardin, ou alors seulement sous une forme animale quelconque. Cela lui fit un nouveau choc sans qu’elle comprenne vraiment pourquoi. Son visage se rembrunit et devint à nouveau triste comme si tout le mal qu’elle avait fait lui revenait en mémoire et 3.000 de souffrances c’est lourd à supporter.

« Si ça vous intéresse, il y a tout ce qu’il faut dans la dépendance au fond du jardin. Sinon vous êtes libre de faire ce que vous voulez »

La sorcière indiqua de la main une petite maison de marbre blanc également mais qui avait les proportions d’une simple cabane. Tout le matériel pour le jardin y était stocké. Dans la mesure où elle avait des serviteurs, il était inutile pour elle de dilapider sa magie pour des peccadilles.

Ryuga fut un peu surpris d’apprendre qu’à deux elles arrivaient à entretenir ce grand domaine, mais il est vrai que depuis le départ de l’ensorceleuse, il ne devait plus y avoir beaucoup d’activité. Après avoir réfléchit, Lyse semblait avoir trouvé quelque chose pour l’inspecteur, en tout cas c’est ce que semblait signifier le sourire sur ses lèvres. S’occuper d’un jardin ? Voilà quelque chose qu’il n’avait jamais fait dans sa vie citadine à Seikusu, mais il avait toujours rêvé d’acheter une maison en campagne après sa retraite, pour qu’ils puissent s’y installer avec Miya, et il comptait bien se mettre à s’occuper du jardin, en tout cas c’était une bonne occasion pour s’y essayer.

J’accepte volontiers Lise, j’avoue m’être jamais occupé d’un jardin, mais si les roses me laissent tranquille, je pense pouvoir me débrouiller.

Un sourire étira les lèvres du policier, puis il se dirigea vers la dépendance, pour prendre ses marques dans ses nouvelles « fonctions ».

***

Quelques jours passèrent, où Ryuga passa son temps entre son travail au jardin, les promenades autour du domaine, et les discussions avec Lise et Daphné. Il était beaucoup plus souvent avec Lise, sans trop savoir pourquoi, le courant passait mieux entre eux, et les regards et les sourires se répondaient assez naturellement.

En cette fin d’après midi Ryuga ne se sent pas très bien, et finit plutôt son travail au jardin pour s’isoler dans sa chambre. Une chose qui a été son allié durant de nombreuses années, et dorénavant son ennemi, et c’est la faute de Miya. Cette chose est la solitude. Il s’en complaisant et s’y réfugiait avant de rencontrer sa demi-déesse, mais depuis qu’il est loin d’elle, il ne peut plus le supporter. Se lever dans un lit vide, sans un mot, sans une caresse, et se coucher sans la chaleur et la douceur d’un corps. Alors bien sûr la plupart du temps il arrivait à cacher sa souffrance, mais il suffit d’une journée un peu plus fatigante, d’un petit détail, pour qu’elle prenne trop d’ampleur.

Ryuga s’était donc isolé dans sa chambre, et fixait le ciel depuis la fenêtre de la pièce, assit sur le bord de son lit, en lâchant des soupirs de tristesse. Quelques mèches de cheveux venaient se perdre en bataille sur son front, et sa chemise blanche était à moitié ouverte, alors que le col relevé remontait jusqu’à ses oreilles. Il avait besoin de réconfort, de chaleur, de Miya.