Boire un petit coup s'est agréable! [PV Marine]

Rock avait finalement réussi à retrouver un boulot à Seikusu, et avait donc pu commencer à chercher un logement, même si ce n’était pas facile. En effet, cela ne faisait pas un mois qu’il avait débuté, et les agences immobilières demandaient des cautions qu’il ne pouvait pas payer. Ainsi, même si un de ses collègues avait accepté de l’héberger pour la durée de cette période, il savait que la situation ne pourrait durer plus. Ainsi, chaque soir après le travail, notre jeune homme faisait le tour des agences. Il ne recherchait pas un appartement particulièrement grand ou de grand standing, mais seulement de quoi pouvoir se reposer. Il fallait dire qu’il n’avait pas non plus de goûts en matière de décoration, et donc un habitat sobre serait convenable puisqu’il y avait peu de chances qu’il vienne à ramener quelqu’un chez lui. Mais, çà il ne pouvait pas non plus le savoir, car personne ne connaissait vraiment son avenir.

Ainsi, comme tous les soirs, Rock avait quitté son travail à dix sept heures, et commençait à faire le tour des agences du quartier. Mais, si le temps était maussade, laissant la possibilité à la pluie de tomber n’importe quand, le jeune homme l’était aussi, et il n’avait pas prévu de parapluie au cas où bien sur. En effet, sa journée au boulot n’avait pas été très fructueuse, et il n’avait finalement pas plus d’épanouissement dans son travail que lorsqu’il était à Tokyo. Comme toujours, il s’occupait principalement des petites tâches, comme vider les poubelles, faire le café et les photocopie. Il était rare quand on lui confié un client, ou d’assister un de ses collègues avec l’un des siens. Le jeune salariman ne sortait donc guère souriant des bureaux de son entreprise, et ce qui s’en suivait ne serait guère réjouissant.

Il passa donc une bonne heure et demie à tourner dans les rues, allant d’agence en agence, obtenant toujours le même genre de réponses, souvent négative, ou bien qu’ils n’avaient rien à lui proposer. Ce qui n’aida pas son moral à remonter. Quand la pluie fit alors son apparition, Rock se trouvait aux abords du centre commercial, et se mit à courir, mais pas pour rentrer chez son ami, mais pour rejoindre le bar le plus proche. En effet, boire un verre d’alcool ne lui serait que bénéfique, et l’ambiance du bar serait peut être suffisamment bonne pour lui faire oublier sa journée. Quand il atteint alors son but, un bar qui n’avait d’ailleurs pas une grande baie donnant sur la rue, mais juste une pancarte pour l’annoncer à côté d’une porte en bois, Rock avait déjà les épaules mouillées.

Il ne perdit pas de temps à savoir s’il devait entrer ou non, et le fit. Il s’arrêta alors sur le seuil, la porte se refermant derrière lui. Son regard parcouru alors les lieux, qui semblait assez désert, malgré l’heure du repas approchant. En effet, il y avait bien quelques personnes assissent au comptoir et aux tables, mais, proportionnellement à la taille de la salle, cela faisait peu. Celle-ci était d’ailleurs assez jolie avec beaucoup de boiseries, et des teintes rouges se superposant au bois sombre. Décoration mise en valeur par une lumière assez tamisée. Le comptoir était assez large, et les tabourets haut permettant aux clients de s’y assoir assez simples. Le mur derrière le barman était couvert d’étagères, elles mêmes pleine de bouteilles d’alcool différent.

- Que puis je pour vous monsieur ?
- Une bière s’il vous plait.

Répondit Rock en s’asseyant sur un tabouret qui devait à peu près se situer au milieu du comptoir. Le barman prépara alors sa commande avant de finalement poser la choppe devant le jeune homme qui prit sa poignet, après un bref « merci » et but la première gorgée. Il n’y avait pas  dire cela rafraichissait, s’était sans doute le premier plaisir qu’avait Rock de la journée.

Marine était sortie assez tard du lycée. En tout cas, plus tard que d’habitude. Elle était restée corriger des copies et consulter des ouvrages de la bibliothèque pour certains de ses cours. Finalement, il était presque 19h quand elle s’extirpa du bâtiment. Au lieu de partir en direction de son appartement, elle décida de passer au centre commercial afin d’y mettre une petite annonce. Elle avait déménagée depuis 15 jours. La jeune femme avait finalement abandonnée son appartement du quartier de la Toussaint pour un autre dans un meilleur quartier.

Son ancien appartement avait été plusieurs fois visité et bien qu’elle ne posséda pas grand-chose, on lui avait volé plusieurs ouvrages et quelques affaires qui pouvaient se revendre. Fatiguée, la jeune professeur avait décidé de quitter l’endroit. Elle avait réussi à trouver un autre appartement, meublé, et tout aussi spacieux. Malheureusement, le loyer était beaucoup plus élevé que celui du précédent. Aussi avait-elle finit par se décider à prendre un ou une colocataire vu que son nouveau logement possédait deux grandes chambres.

Marine était devenue un peu plus sociable qu’au tout début de son arrivée dans cette ville. Oh elle n’était pas devenue totalement extravertie, elle ne le serait jamais mais elle acceptait mieux la présence des autres et arrivait à discuter avec eux, ce qui était un grand pas en avant pour elle. Comme une fleur, elle s’ouvrait tout doucement mais ce n’était encore que des prémices. La fleur était bien loin de s’ouvrir totalement pour l’instant.

Le temps, jusqu’alors menaçant, finit par déverser sa colère et toute sa pluie. La jeune femme n’avait pas de manteau, ni de parapluie. Elle était vêtue comme à l’accoutumé. Pour ça, elle ne changerait jamais : sa jupe longue en satin noir de type victorien, son chemisier blanc à manches longues en partie recouvert par son corset noir brodé. De petites bottines à lacets habillaient ses pieds.

Lorsque la pluie commença à tomber, elle chercha un refuge et c’est un bar qui en prit l’allure. Elle pénétra dans l’établissement mais déjà la pluie avait fait son œuvre et avait bien trempée la jeune femme. Une fois entrée, elle soupira. Elle allait devoir attendre que la pluie passe. Marine jeta un coup d’œil dans la pièce qui semblait très propre et assez cosy. Au final, elle n’était pas si mal tombée. Elle avança alors jusqu’au comptoir et s’assit sur un des hauts tabourets. Elle se mit sur la droite, le centre étant déjà pris par quelqu’un. Elle déposa sur le comptoir les rectangles de papiers sur lesquels elle avait rédigé son annonce :

Propose colocation dans un appartement confortable et meublée
Dans un quartier calme et proche du centre-ville
Loyer : 24 480 yen (200€) / mois…

« Bonsoir Madame. Que souhaitez-vous boire ? »

Marine releva la tête vers le barman. Ce dernier, bien habillé, ne collait pas au stéréotype du barman. Il semblait que ce bar soit un établissement d’un certain niveau.

« Un thé s’il vous plait »

Vu le temps, elle avait bien besoin de quelque chose pour se réchauffer.

Rock s’était assit au comptoir, l’air morose, et n’avait pas tardé à commander une bière, sans se soucier des autres clients. Après tout ceux-ci étaient souvent par groupe de deux, trois ou plu, et donc avaient déjà de quoi s’occuper et discuter. D’ailleurs la plupart du temps, les conversations tournaient autour du travail qu’ils avaient pu accomplir durant la journée. Le jeune homme se demandait bien pourquoi, alors qu’il buvait une gorgée de sa bière. En effet, pourquoi s’embarrasser à ressasser sa journée, bonne ou mauvaise, quand on peut parler de tant de choses d’autres. Enfin, cela ne le regardait pas plus, et lui savait que parlait de la journée pourrie qu’il venait de passer, ne l’aiderait pas à se sentir mieux.

En plus, la fin du mois approchait et il devrait bientôt quitter l’appartement de son collègue. Et jusqu’à présent, il n’avait rien trouvé dans son budget, qui n’était pas si élevé que cela, contrairement aux prix des loyers. C’est alors que la porte du bar s’ouvrit de nouveau pour laisser entrer une personne, que Rock ne regarda que lorsque celle-ci vint s’assoir non loin de lui, à un tabouret prêt, ils auraient été l’un à côté de l’autre. Il put donc voir qu’il s’agissait d’une femme, qui s’était elle aussi laissée surprendre par la pluie soudaine, puisqu’elle avait également les épaules trempées. Mais, il ne la détailla pas plus que cela, se contentant de voir qu’elle avait posé un papier sur le comptoir et qu’elle passait commande d’un thé. D’ailleurs elle avait une jolie voix, pensa t il, alors qu’il reportait son attention sur son verre, pour en boire une nouvelle gorgée.

C’est alors qu’il réalisa ce qu’il y avait d’écrit sur le papier, et reporta son attention dessus, pour s’assurer de l’avoir bien lu. Ce dernier était une petite annonce, qui ne vendait aucun produit, mais au contraire, était pour un appartement, déjà occupé, mais dont la personne cherchait un colocataire. Rock lit donc celle-ci, et vit que la part du loyer demandé rentrait dans son budget, et il se demanda alors pourquoi il n’avait pas pensé à une collocation. Peut être parce qu’il ne connaissait que peu de monde en ville, et qu’il n’avait pas suffisamment d’affinités avec elles pour ce genre de choses sans doute.

- Excusez moi…Vous recherchez un colocataire ?

Demanda t il d’une voix calme, un peu hésitante, comme toute personne s’adressant à quelqu’un qu’il ne connaissait pas, et dont il ne voulait pas déranger celle-ci dans ses occupation. Il avait donc tourné son attention vers la demoiselle, la détaillant un peu plus cette fois. Celle-ci était assez jolie, et le roux de ses cheveux dénotait, en donnant une pointe de couleur à la silhouette, de celle plus conventionnelle de ses vêtements. Il se demandait, si s’était elle-même qui cherchait quelqu’un pour partager son appartement, ou bien si un ou une de ses amis, auquel elle rendait service en passant l’annonce.

Le barman hocha simplement la tête et se mit à préparer la commande de la jeune femme. Marine croisa bien sagement les mains sur le comptoir. Elle réfléchissait à comment trouver un ou une colocataire et surtout comment le ou la supporter. Il est vrai que Marine, malgré ses efforts, restait encore sauvage et elle risquait de mal prendre certaines choses. Si la personne qui vivait avec elle était du genre fêtarde ou bavarde, ça allait être compliqué. Mais la jeune femme n’avait pas le choix. Elle ne pourrait pas assumer, seule, un tel loyer pendant très longtemps.

« Voilà madame ! »

Le barman posa une tasse et une petite théière devant la jeune femme.

« Merci »

Elle sortit un billet de sa poche et paya tout de suite le tenancier. Elle attendit une minute avant de se servir. Le thé était assez peu parfumé. En fait, il s’agissait d’un thé vert grillé appelé hojicha. Un thé assez léger pour le soir. Marine remua sa cuillère dans sa tasse afin de refroidir un peu le liquide doucement ambré.

« Excusez moi…Vous recherchez un colocataire ? »

Marine tourna la tête dans la direction d’où provenait la question. Un jeune homme se tenait à un tabouret d’elle et semblait avoir posé la question. Il faisait sensiblement la même taille qu’elle et arborait des cheveux noirs un peu en bataille et de beaux yeux verts. Il était habillé de manière assez classique.

La jeune femme vit qu’il désignait le morceau de papier qu’elle avait déposé sur le comptoir. Elle n’aimait pas trop quand les gens se permettaient de regarder des choses qu’ils ne devraient pas mais en même temps elle avait rédigée cette petite annonce pour qu’elle soit lue. Alors dans ce bar ou ailleurs, ça ne changeait pas grand-chose.

« Oui, en effet. Je viens d’emménager dans un nouvel appartement mais le loyer est un peu trop élevé pour moi seule alors je propose de le partager. Pourquoi ? Ça vous intéresse ? »

La jeune professeur avait imaginé avoir plutôt une colocataire plutôt qu’un colocataire mais un homme ne la gênait pas. Dès l’instant où il payait son loyer et qu’il ne l’embêtait pas, le reste elle s’en moquait un peu.

Assit dans un bar, non loin d’une charmante demoiselle, Rock n’avait pas tardé à voir l’annonce qu’elle avait posé sur le comptoir, avant de commander un thé. Le jeune homme se permit donc de la lire, même si ce n’était pas forcément quelque chose de très correct. Mais, après tout, ce que le papier contenait n’avait rien de personnel, car si cela avait été le cas, le salariman ne se serait pas permit de jeter un coup d’œil, et sans doute que la jeune femme n’aurait pas déposé le papier sur le comptoir, en tout cas, pas de façon à ce que l’écriture soit visible. Ainsi, il ne tarda pas  demander à la jeune femme si elle cherchait bien un colocataire. Celle-ci se tourna alors vers lui, le détaillant légèrement, laissant donc quelques secondes de blancs, avant de répondre. Celle-ci mit d’ailleurs en évidence que s’était bien la personne cherchant un partenaire pour réduire le cout du loyer, et non qu’elle faisait simplement passer l’annonce.

- Oui, je suis à la recherche d’un appartement, et comme vous l’avez fait remarquer, les prix son exorbitant actuellement, et donc bien au dessus de mon budget. Surtout que je ne suis en ville que depuis un mois.

Dit alors Rock calmement, en expliquant, en plus de l’intérêt qu’il portait à l’annonce, sa situation, assez précaire. Il se tourna alors pour boire une nouvelle gorgée de sa bière, avant de penser à un détail, et reporter son attention vers la jeune femme avec qui il avait engagé la conversation.

- Bien sur, si le fait qu’un homme devienne votre colocataire ne vous pose pas de problèmes ?

Demanda le jeune homme un peu gêné, en pensant à cela. En effet, il se disait que cela pourrait peut être posé quelques problèmes à la demoiselle avec ses connaissances, qui pourraient peut être s’imaginer certaines choses. Sans compter qu’il allait falloir faire attention à certaines choses s’ils venaient à vivre ensemble, puisqu’ils n’auraient plus la même intimité, et liberté de mouvement que s’ils vivaient seuls dans un appartement. Pour sa part, s’était surtout se second exemple qu’il faudrait gérer, puisque côté connaissances, on ne pouvait pas dire qu’il en ait encore beaucoup dans cette ville.

Visiblement ce jeune homme semblait en difficulté. Evidement s’il n’était qu’en ville depuis un mois, il ne trouverait pas grand monde pour lui louer un appartement surtout s’il n’a pas de quoi payer la caution. Un vrai casse-tête qu’elle ne connaissait que trop bien pour l’avoir subit à son arrivé dans la ville. Tant qu’elle n’avait pas trouvé un travail, elle avait dû rester dans son hôtel de dixième catégorie où les cafards se promenaient joyeusement dans les chambres et notamment la sienne.

« Bien sur, si le fait qu’un homme devienne votre colocataire ne vous pose pas de problèmes ? »

Marine nota la remarque. C’était assez logique qu’il se pose la question. Peu de femmes accepteraient de partager leur appartement avec un parfait inconnu à moins d’avoir des idées derrière la tête, ce qui n’était pas vraiment le cas de la jeune femme.

« Eh bien… je ne vais pas vous mentir, j’avoue que j’avais pensé avoir plus une colocataire qu’un colocataire mais… non ça ne me dérange pas plus que ça qu’un homme partage mon appartement »

Vu son passé militaire, s’il s’avisait de faire quoi que se soit de déplacé, il le regretterait amèrement. Cependant, elle avait l’impression que ce n’était pas vraiment le genre du jeune homme. Elle tendit la main vers lui.

« Au fait je me présente, je m’appelle Marine et vous, comment vous appelez-vous ? »

Elle lui accorda un de ses sourires. Elle essayait de sourire plus souvent maintenant et à chaque fois cela la transformait du tout au tout. D’apparence froide, pour ne pas dire glaciale, elle devenait alors beaucoup plus avenante et encore plus belle.

Dans le bar où il était venu se détendre, Rock ne pensait pas qu’il aurait peut être la possibilité de trouver un logement. En effet, la jeune femme qui s’assit près de lui avait posé une annonce sur le comptoir qui n’avait pas manqué d’attirer l’attention du salariman. Il avait donc engagé la conversation sur le sujet et rencontré donc la personne même qui cherchait un colocataire. Ainsi, quand elle lui demanda si l’annonce l’intéressait, il répondit positivement. Cependant, il demanda rapidement si cela ne dérangerait pas la demoiselle d’avoir comme compagnon d’appartement, un homme au lieu d’une femme. Celle-ci répondit qu’en effet, ses premières idées étaient plutôt d’avoir une femme pour partager son appartement, et s’était compréhensible, puisqu’il y avait moins de risques d’abus sexuel, principalement. Mais qu’un homme ne la dérangeait pas non plus. Cependant on notait dans sa courte hésitation, qu’elle avait peut être encore un peu de mal à accepter cette option, et une fois encore cela était normal.

Puis, la jeune femme lui tendit une main avant de se présenter. Elle se nommait donc Marine, qui était un joli nom, mais que Rock n’avait encore jamais entendu. Il se vit aussi gratifié d’un sourire magnifique de la demoiselle, qu’il trouva soudainement jolie, l’en faisant légèrement rougir, comme si une certaine gêne apparut. Cependant, il se ressaisit vite, lâchant sa chope pour venir serrer la main offerte, il prit alors la parole.

- Enchantée Marine ! Moi je m’appelle Rokuro Okajima, mais appelez moi Rock, bien plus facile.

Dit-il calmement, avant de lâcher la main de la jeune femme au bout de quelques secondes.  Il n’allait pas la tenir des heures non plus, bien que la peau douce de la jeune femme soit un contact agréable tout de même. Revenant alors vers son verre, le jeune homme en prit alors une gorgée avant de le reposer doucement sur le comptoir.

- Sinon, vous auriez des conditions à émettre pour ce que le ou la  colocataire doit accepter pour pouvoir partager votre appartement ?

Demanda t il calmement. Bien sur, il ne faisait pas vraiment référence au loyer, puisqu’il connaissait déjà le montant de sa part, si bien sur, il venait à le devenir. Mais plutôt des règles de vies communes qu’il pourrait être amené à devoir respecter pour ne pas gêner Marine.

Le garçon semblait gentil et charmant. Marine se dit qu’elle aurait pu tomber beaucoup plus mal pour un colocataire. Bien sûr, ce n’était qu’une première impression, il faudrait voir au jour, le jour.

« Ravie de vous connaître Rock ! »

Elle réfléchit un instant. Elle ne savait pas trop quoi lui dire concernant les règles de la vie quotidienne à deux.

« Et bien, je ne sais pas trop. A vrai dire, je ne pensais pas trouver quelqu’un aussi rapidement – elle sourit – Je ne suis pas fan du bruit. Donc quelqu’un qui fait la fête tout le temps, ça risque d’être compliqué. Pour la salle de bain, je pense qu’on fera attention à pas s’y trouver en même temps. Pour le reste, dès l’instant où l’appartement reste propre, j’ai pas d’exigences particulières. Et vous ? Vous en avez ? »

Elle se demandait s’il était maniaque ou s’il avait des demandes particulières concernant la vie en commun.

Dans le bar, Rock avait rencontré Marine, sans savoir si s’était une chance ou une simple coïncidence, cette dernière recherchait un colocataire pour l’aider à subvenir au montant du loyer assez élevé. Le jeune homme avait donc lancé le sujet la dessus, pour savoir, si la jeune femme accepterait donc qu’il devienne son colocataire. Celle-ci fut franche en lui annonçant qu’elle aurait préféré une femme, mais qu’elle n’avait rien contre les hommes. Cela ne voulait pas dire qu’elle n’avait pas d’appréhension à l’idée de partager un lieu de vie avec une personne du sexe opposé, qui plus était, était un inconnu, elle pourrait s’y accommoder. Ainsi, les présentations furent faites, alors que la recherche de la demoiselle toucherait probablement à sa fin, si Rock venait à lui plaire.

Ce qui semblait être le cas, et s’était réciproque, puisque  le jeune homme se disait qu’elle serait au moins facile à vivre, bien que cela soit une première impression. Il avait alors enchaîné sur la question des exigences que Marine pourrait avoir à l’égard de son futur colocataire, et leur vie en commun. En effet, cela allait poser quelques contraintes, et d’autant plus du fait que ceux-ci étaient de sexe opposé. Mais, une nouvelle fois, la demoiselle ne se montra finalement pas pointilleuse, tant que le salariman respectait les règles de bases de toute vie en commun.

- Bah, dans ce cas, il n’y aura pas de problèmes avec moi, car côté fête, ce n’est pas trop le genre de choses que je fais souvent. Sinon, je n’ai pas non plus d’exigences particulières non plus.

Répondit-il calmement, alors qu’il but ensuite une nouvelle gorgée de sa bière tranquillement, alors que la salle du bar était toujours aussi calme, et eu remplit, un endroit bien tranquille donc.

- D’ailleurs, je ne pense pas avoir un jour quelqu’un, enfin pas pour l’instant, à ramener pour partager quelques heures. Et donc, de mon côté, je n’aurai pas forcément de visites.

Reprit le jeune homme, pour expliquer donc qu’elle n’aurait sur ce point pas de surprise à avoir lorsqu’elle rentrerait, tombant face à des inconnus, que se soit hommes ou femmes, collègues de bureaux ou non.  Il montrait aussi que d’une certaine façon, il avait été guère sociable, ou du moins, qu’il n’avait encore jamais vraiment eu d’amis qui trainent avec lui depuis son enfance par exemple.

- Et vous, vous ramenez souvent des amis à la maison ?

Demanda t il poliment, en regardant de nouveau la jeune femme. D’ailleurs, contrairement à certaines personnes, qui pourraient poser leurs regard, pervers sur Marine, car il fallait bien avouer qu’elle était très jolie, pour Rock, ce n’était pas le cas. Puisqu’il la regardait comme il pourrait le faire avec n’importe qui, sans méchanceté, ni désir ou amitié, bien qu’il appréciait la jeune femme et sa compagnie.

Selon les dires du jeune homme, il n’était pas un fêtard ce qui confortait Marine dans son impression première comme toujours son instinct la trompait rarement. Bien sûr, il faudrait voir ça dans le temps et dans la pratique, si on peut dire. Rock pouvait bien dire ce qu’il voulait juste histoire de la persuader de le prendre comme colocataire. Marine, néanmoins, ne mâcherait pas ses mots si jamais il lui avait menti bien qu’il lui semblait sincère.

En plus de ne pas être fêtard, il ne semblait pas avoir une vie sociale plus active que la sienne. Pas de collègues, ni d’amis, ni de petite amie. Cela semblait être le désert, une chose qu’elle connaissait bien.

« Et vous, vous ramenez souvent des amis à la maison ? »

La jeune femme rougit brutalement. Elle ne s’attendait pas à ce qui lui pose cette question, pourtant bien légitime.

« Moi ? Non, non… je n’ai pas l’habitude de ramener du monde chez moi. Je n’ai pas de petit ami et mes collègues sont justes des connaissances, rien de plus. J’ai très peu de vie sociale »

Elle sourit, un peu gênée, d’admettre ce fait mais autant être franche dès le départ. De toute façon, il finirait bien par s’en rendre compte s’ils devaient partager un appartement ce qui en prenait la direction.

La rouquine jeta un coup d’œil sur la porte vitrée. La pluie avait cessée. Tant mieux, il valait mieux rentrer avant qu’elle ne recommence.

« La pluie s’est arrêtée. Si ça vous tente, vous pouvez venir visiter l’appartement. Vous verrez si ça vous convient ou pas. Quand pensez-vous ? »

Marine n’était pas du genre à attendre des heures ou des jours pour prendre une décision. Il cherchait un logement et semblait quelqu’un de bien. Elle cherchait un colocataire qui ne soit pas un fêtard avéré. Ils semblaient faits pour s’entendre.

La discussion entre Marine et Rock, qui risquaient de devenir colocataires, tournait petit à petit sur leur vie personnelle. En effet, suite à la question de la jeune femme pour savoir, si le salariman risquait de faire la fête, et donc de ramener des connaissances à la maison, celui-ci avait répondu que non, détaillant au passage que sa vie sociale était loin d’être épanouie. Et naturellement, voir peut être de façon indiscrète, le jeune homme retourna la question à la demoiselle.

Celle-ci vit alors ses joues rougirent, par surprise et par gêne de se voir poser ce genre de question. Pourtant, elle finit par répondre, de façon très détaillée à la demande de Rock. En effet, là où une simple affirmation, ou infirmation aurait pu suffire. Ou encore une réponse générale, Marine énuméra elle aussi le fait qu’elle n’avait ni petit ami, ce qui surprit un peu son camarade puisque Marine était quand même très jolie, ni véritables amis. Alors que ses collègues de travail, étaient comme pour Rock, de simple connaissance, dont il n’était pas utile de les invités chez soi.

- Nous sommes donc deux célibataires en marges de la société !

Commenta alors un peu tristement, levant légèrement son verre, comme s’il trinquait. En effet, la situation n’avait dans le fond rien de réjouissant, même si cela pouvait en partir venir de la faute des deux personnes. Cela n’était tout de même pas entièrement la leur, puisque les autres ne faisaient pas non plus particulièrement d’efforts pour se rapprocher d’eux. Et vu la façon dont sa partenaire de comptoir semblait gênée, celle-ci devait penser la même chose. En tout cas, Rock ne vit pas la pluie cessée, et l’apprit de la bouche de Marine, qui lui proposa alors de venir visiter l’appartement, pour voir si ce dernier lui convenait.

- Bien sur, après tout, plutôt nous prendrons nos décisions, mieux cela pour chacun.

Répondit-il en tournant son attention vers elle. Ainsi, il posa son verre, qu’il venait de finir, et se leva, posant au passage le pourboire au barman à côté de la choppe. Une fois que la jeune femme fut prête aussi à partir, Rock alla ouvrir la porte et laissa passer la jeune femme avant lui, et la suivit, puisqu’il devrait se laisser guider jusqu’à sa futur demeure potentielle. 

- Au fait, quelle est votre profession ?

Demanda Rock pour continuer d’entretenir le fil de discussion et non qu’il se tarisse durant la marche qu’ils devaient faire pour rejoindre l’appartement de Marine.

Marine récupéra son cartable noir ainsi que la dite petite annonce qu’elle enfonça dans une de ses poches puis elle avança vers la sortie, suivit par Rock. Ce dernier, avec beaucoup de galanterie, lui ouvrit la porte et la laissa sortir en première. La jeune femme jeta un coup d’œil au ciel toujours aussi menaçant.

« Nous avons intérêt à faire vite car j’ai l’impression que la pluie ne va pas tarder à refaire son apparition ! »

Elle adressa un petit sourire au jeune homme et prit la direction de son appartement. Au bout de quelques pas, Rock reprit la parole.

« Au fait, quelle est votre profession ? »

Marine lui sourit de plus belle. En général sa profession était loin d’être celle qui faisait rêver les gens surtout dans son domaine d’enseignement que peu de gens comprenaient.

« Je suis professeur au lycée de la ville. J’enseigne la philosophie aux dernières années. Et vous que faites-vous dans la vie ? »

Ils avançaient rapidement sur le trottoir bitumé. La jeune femme elle-même accélérait le pas car elle sentait bien que l’averse allait bientôt reprendre. En jetant un œil autour d’elle, elle voyait nombre de gens se presser autant qu’eux. Marine n’était pas la seule à croire que le ciel allait encore déverser des trombes d’eau sur eux.

« Nous serons bientôt arrivés ! »

La jolie rousse pointa son doigt en direction de plusieurs immeubles blancs, d’aspects neufs et qui ne comptait pas plus de trois ou quatre étages selon les constructions.

Après une discussion dans un bar, Rock accepta de suivre Marine jusqu’à chez elle. Non pour faire  connaissance sous la couette, loin de là l’idée du jeune homme, qui allait au contraire devenir le colocataire de la charmante demoiselle. Il fallait donc bien visiter l’appartement avant de se décider complètement. Ainsi, il avait ouvert la porte et laisser sortir la jeune femme, qui devait le guider jusqu’à chez elle, avant de la suivre, et s’arrêter à ses côtés, alors qu’elle levait les yeux vers le ciel, contemplant l’air maussade et toujours menaçant qu’il était avant d’annoncer qu’il faudrait se dépêcher tout de même.

- En effet, se serait bête de se faire de nouveau surprendre par elle sans parapluie !

Commenta t il, faisant sans doute de l’humour pour la première fois depuis le début de la conversation. Leur route commença alors, évitant les flaques d’eau, Rock suivait la jeune femme, avant qu’il ne lui demande sa profession pour ne pas tuer la conversation. Celle-ci ne tarda pas à répondre qu’elle enseignait la Philosophie dans un lycée public du coin. Le jeune homme fit légèrement la grimace, montrant que la mastère en question était loin d’être celle dans laquelle il avait excellé, ce qu’il n’y avait guère d’ailleurs au final.

- Pas une matière très appréciée en effet. Moi, bah, je ne suis qu’un simple employé de bureau comme il y en a tant.

Dit-il en prenant un ton qui montrait que ce dernier ne semblait guère le satisfaire. Le rythme de marche s’accéléra alors, presqu’au point où Rock ait du mal à suivre, bien qu’ils n’étaient pas les seuls à se sentir pressé, comme si la pluie allait tomber d’une seconde à l’autre.  Marine lui dit alors qu’ils étaient bientôt arrivés, tout en montrant du doigt une série d’immeubles assez bas, puisqu’ils n’avaient guère plus de trois ou quatre étages chacun. Leur apparence semblait assez neuve, comme s’ils avaient été construits il y a peu de temps.

- Ils ont l’air d’être récents ces immeubles dis donc ! Tu as récupéré l’appartement dès qu’ils ont été mit à la vente ou location je pari, non ?

Dit-il, en regardant Marine, une fois son regard portait sur les édifices. Cette remarque pouvait d’ailleurs être fondée, comme prise pour de l’humour, mais bien sur pas méchant. Surtout qu’au contraire, plus récent était aussi souvent synonymes de meilleur confort.

Ils arrivaient devant son immeuble quand la pluie se remit à tomber. Marine courut jusqu’à l’entrée et tapa rapidement le code d’entrée. Elle rentra et laissa son compagnon entrer à sa suite. Elle jeta un coup d’œil par la porte vitrée.

« Eh ben ! On l’a échappée belle ! – elle regarda Rock en souriant – oui, ils sont neufs mais j’ai simplement eu de la chance. Je cherchais un appartement et il y en avait un de libre ici – elle commença à monter les escaliers – alors je l’ai loué mais ici ou ailleurs ce n’était pas très important pour moi dès l’instant où il ne se trouvait pas dans un quartier trop « chaud » ça me convenait »

Marine n’indiqua pas qu’un quartier houleux ne l’embêtait pas plus que ça mais elle ne s’étala pas sur ses raisons et motivations. Elle grimpa les deux étages qui amenaient à son appartement. Comme il s’agissait de petits immeubles neufs, il y avait peu d’appartements. C’était la mode de ne plus faire des tours ultra-surchargées du genre quatorze étages et quatre-vingt quatre appartements. Il n’y avait que deux appartements par pallier soit huit au total dans l’immeuble occupé par Marine.
 
La jeune femme ouvrit la porte, entra et invita Rock à y entrer également. L’entrée se faisait sur un séjour aux dimensions convenables. A droite se trouvait la cuisine équipée, séparée du reste de la pièce par un comptoir. Deux tabourets devant signifiaient qu’il servait aussi de table pour les repas. A gauche, un canapé d’angle de tissu marron habillait une partie du mur et de la baie vitrée. Une bibliothèque lui faisait face. Une table basse trônait devant le canapé. Le tout se trouvait dans les tons beige et marrons. Il n’y avait ni télé, ni affiches ou tableaux, ni plantes. Marine y habitait depuis peu et n’en voyait pas forcément l’utilité.

« Entrez ! Voilà, c’est la pièce principale – elle avança vers le milieu de la pièce et indiqua le petit couloir près du canapé – Par là, vous avez les deux chambres et la salle de bain au fond. Qu’est-ce que vous en pensez ? »

D’habitude, elle se moquait bien de ce que les gens pouvaient penser de son lieu de vie mais il était probable que Rock n’accepte de partager cet endroit que si cela lui plaisait. Elle attendait donc le verdict.

Rock suivait Marine jusqu’à son immeuble pour y découvrir ce qui deviendrait probablement son prochain lieu de vie. Mais, avant qu’ils n’y soient arrivés, une nouvelle averse se déversa sur la ville, les forçant à courir pour rejoindre la porte d’entrée, où la jeune femme tapa rapidement son code d’accès déverrouillant la porte. Celle-ci déverrouillée, la jeune femme la poussa rapidement, et entra, invitant Rock à faire de même pour s’abriter de la pluie.  Enfin, cela avait été suffisant pour que leurs vêtements soient de nouveaux humides, alors que Marine commentait l’état du temps et leur situation.

Mais, elle en profita alors pour répondre au jeune homme sur l’état de l’immeuble en lui-même. Elle expliqua aussi qu’elle se fichait un peu du type de courant, puisque ce qui l’importait réellement était de ne pas avoir à logé dans le quartier chaud, autrement dit celui de la Toussait. Le jeune homme hocha positivement la tête, alors qu’il la suivait dans les escaliers.

- En effet, se loger dans le quartier de la Toussaint est loin d’être le plus rassurant !

Répondit-il montrant aussi un soulagement de ne pas avoir à y vivre. Il leva le regard vers Marine, ne voyant que son dos et ses cheveux, évitant donc de se poser sur ses fesses, alors qu’ils montaient dans les étages. Arriver au premier étage, Rock put voir qu’il n’y avait que deux portes sur le pallier et donc qu’il n’y avait que deux appartements par niveau. Ce qui avec la hauteur de l’immeuble n’e faisait pas beaucoup au final. Mais, au moins, il se dit que cela serait sans doute plus calme et convivial comme çà, s’il parvenait à sortir de son carcan de solitude.

Enfin, ils finirent par arriver, le jeune homme légèrement surprit de voir qu’il était seulement au second étage, par l’habitude d’en monter davantage au bureau.  Quoi qu’il en fut, la porte de l’appartement fut ouverte, et il fut invité à entré, remerciant son hôte au passage, avant de regarder la pièce s’offrant à ses yeux. Il en fit le tour brièvement, voyant que malgré les couleurs froides employés pour la décoration et les meubles, celles-ci étaient tout de même unies et s’accordaient entre elles. Marine s’avança alors au milieu de la pièce et se mit à la lui décrire, lui donnant la direction des chambres aussi.

- S’est jolie, bien que certains trouverait cela un peu morne. Enfin personnellement cela ne me dérange pas non plus. Je n’ai jamais été du genre à m’attacher à la façon de décorer et colorer ma demeure.

Dit-il calmement pour ne pas que la jeune femme voit ce commentaire comme un reproche ou une marque qu’il n’aimait as. Peut être même que cela signifiait que tout comme elle, il n’avait jamais prêté attention à ce genre de détail, tant qu’il avait un lieu où vivre.  Il avait vu qu’il n’y avait pas de télévision, et décida alors de demander ce que faisait Marine pour s’occuper en rentrant du travail.

- Au fait, je n’ai pas vu de télévision. Est-ce parce que vous n’en avez pas ou bien qu’elle n’est pas dans cette pièce ? Que faites vous donc pour vous distraire en sortant du travail ? Enfin, si ma question n’est pas trop indiscrète.

 Suite à ses mots, Rock s’avança un peu plus dans la pièce, son regard tourné vers la jeune femme, après avoir suivit ses gestes à elle pour s’informer où étaient les chambres, qu’il ne demanda pas à voir pour ne pas la gêner éventuellement. Après tout, le plus important était souvent le lieu de vie commun et non, ce qui deviendrait leur coin privé à chacun.