Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Une affaire bien compliquée ( pv )

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William Dolan

E.S.P.er

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 15 jeudi 24 juin 2010, 12:13:02

       William la gratifia d'un dernier sourire avant que la porte ne se referme derrière elle. Puis son sourire mourut aussitôt dans le silence qui suivit. Paisiblement, le juriste retourna à son bureau, il prit le verre de la jeune fille et le fit tourner entre ses doigts. Il observa la marque des lèvres de la jeune fille, laissée sur le cristal, puis les jointures de ses doigts se mirent à blanchir alors qu'il augmentait la pression sur le récipient. Finalement, d'un geste rageur, il lança le verre qui explosa contre le mur voisin dans bruit d'éclat. Son coup de sang passé, il poussa un long soupir pour se calmer et se rassit à son bureau. Aucune trace de colère sur le visage fermé de l'avocat, pourtant il bouillait d'une rage contenue. Ce qui n'était pas étonnant vu qu'il venait de se faire une ennemie. Une ennemie dangereuse qui plus est. Les colères de l'avocat étaient toujours froides et invisibles, ce qui les rendaient d'autant plus déstabilisantes. On préférait toujours voir quelqu'un tempêter plutôt que de le voir contenir sa colère et la déchainer par des moyens plus sournois et souvent plus douloureux.
       Le problème, c'est que William marchait à l'aveuglette. Même si mademoiselle Beckett n'est pas en situation de supériorité, elle détient l'initiative. Elle semble avoir un plan alors que William restait dans l'expectative, obligé de contrer toutes les attaques de la jeune fille sans riposter. Bien sûr, tout cela va changer. Elle s'est informée sur lui? William en fera de même et redoublera d'efforts sur le dossier du Vatican qu'il considérait comme acquis. On ne peut partir en guerre sans les outils adéquats, alors il n'avait qu'à s'armer. Ce n'est pas le métier d'un avocat que d'enquêter, mais William avait quelques contacts qui lui permettrait de fourrer son nez dans les investigations de la police et pourquoi pas développer les points qui l'intéressent, lui-même.
       Ceci étant dit, au travail! Mais tout d'abord, William décrocha le combinée de son interphone et fut directement en contact avec sa secrétaire.

       -Monsieur Dolan? Demanda une voix inquiète, signe que sa secrétaire avait entendue le verre éclater en morceaux.

       -J'aimerais que vous preniez contact avec la secrétaire de mademoiselle Beckett, fit William d'un ton posé. Dites-lui que je souhaiterais inviter ma chère consœur à diner. Évidement, je passerais la chercher en voiture où bon lui semblera.

       -Ce sera fait, monsieur Dolan, rétorqua la secrétaire, un peu rassurée par la voix de son patron. Dois-je donner une date?

       -Je lui laisse le loisir de la fixer, ainsi que l'heure.

       -Bien... Autre chose?

       -Oui. Faites venir une femme de ménage dans mon bureau, s'il vous plait.

Amy Beckett

Humain(e)

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 16 jeudi 24 juin 2010, 18:31:37

Une heure, une date à fixer ? Amy passa lentement ses doigts sur son agenda, avec une infinie douceur. Des traces fines, marquée par l’enfoncement de l’ongle dans le papier, délimitèrent une date. Pas le soir même, non, il fallait que chacun reprenne correctement ses esprits. Le lendemain ? Non, elle avait une affaire à régler. Elle prit donc comme choix deux jours après leur rendez-vous, avec une certaine euphorie, en informant sans tarder son hôte. Elle n’arrivait pas à le considérer comme un ennemi, malgré que son instinct lui ordonnait le contraire.

Deux jours étaient passés depuis cette rencontre assez marquante, et la jeune avocate vaquait à ses occupations, pour le moins singulière. Elle avait aussitôt après l’entrevue engagée un tueur à gages pour assassiner son cher cambrioleur raté. Elle s’en sortirait sûrement … En tout cas, il ne serait plus là pour parler. Et c’était un nouveau point pour elle, bien qu’elle avait devinée que son adversaire ne lâcherait pas l’affaire. Et surtout que William devinerait sans aucun problème qui avait commandité ce meurtre crapuleux aux allures de suicide.
Vivement, elle attrapa une bouteille de Chivas Regal, s’en servant un verre. Elle était retournée chez elle, dans sa demeure bien tenue, sans aucun domestique pour venir troubler sa soif de paix et de solitude. Ce soir, il n’y avait que sa secrétaire, qui venait ranger son bureau personnel en échange d’un chèque assez conséquent. Elle adorait pouvoir ainsi dominer les gens, par la seule force de l’argent. Un plaisir bien singulier …


-   Miss Beckett ! Téléphone pour vous !

La jeune femme serra les dents, et décrocha, s’allumant une cigarette. Aussitôt, elle reconnue la voix à l’autre bout du fil.

-   Mademoiselle Beckett ?
-   C’est bien moi, répliqua t’elle d’une voix lourde.
-   Seriez-vous occupée ?
-   Figures-toi que j’ai un rendez-vous, ce soir, répliqua t’elle en buvant une gorgée de whisky.
-   Je venais vous informer : j’ai envoyé des copies des livres dérobés au Vatican. J’espère qu’elles sont crédibles.
-   Je l’espère pour toi.

Son ton était sec, cinglant, sans aucun état d’âme.


-   Mais il y a autre chose, Miss, continua l'homme.
-   Pardon ? s'étonna t'elle.
-   Une personne dont nous ignorons l’identité est venue rechercher des informations sur vous, et …

Amy raccrocha aussitôt. «  Mon cher, songea t’elle, sachez que je reste informée de tout ce que vous tenterez de faire envers et contre moi. » Elle  but son verre, d’une traite. Il n’était pas difficile de deviner qui cherchait après elle. Mais qu’importe … Il avait bien le droit de prendre sa revanche. Il fallait juste qu’il ne tombe pas que certains dossiers plutôt glauques où son nom était mentionné. Et ça, elle était certaine qu’il ne les découvrirait jamais … Ou il aurait droit au respect et à la fureur de la jeune femme.
Elle inspira violemment, et écrasa sa cigarette sans même la terminer, ouvrant son armoire. Elle aimait ce genre de jeux assassins, il fallait l’avouer. Elle regarda l’heure : Quand passerait-il la prendre ? Bientôt. Elle se demanda s’il la haïssait, s’il comptait l’égorger à la fin de la soirée. Sûrement. Son armoire était, contrairement à ce qu’on aurait pû penser, dans un désordre fulgurant. D’une poigne violente, elle arracha la robe qu’elle souhaitait du fin fond de son armoire. Une robe de toute beauté … (  http://farm3.static.flickr.com/2212/2465166893_1eb20eb945.jpg ) Elle détestait la monotonie, et comptait bien prouver à cet avocat qu’elle avait plus d’un tour dans son sac. C’est donc dans cette tenue qu’elle descendit les marches du perron de sa demeure, une cigarette toujours entre les dents, un loup en satin au relevé au dessus de sa tête, où l’attendait une voiture assez splendide. Elle ne put s’empêcher de vérifier si son Beretta était toujours prés d’elle, et quand elle sentit sa présence contre sa peau, elle afficha un sourire. D'un geste vif et toujours gracieux, elle ouvrit la portière de la voiture, faisant entrer son museau à l'intérieur.


- Enchantée, annonça t'elle d'un ton mielleux, mais teinté de cynisme.
A M Y



Aucune règle n'existe, les exemples ne viennent qu'au secours des règles en peine d'exister.


( André Breton )


William Dolan

E.S.P.er

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 17 jeudi 24 juin 2010, 21:06:57

       William se remémorait les derniers détails. Assit sur le siège arrière de sa berline, le bras sur l'accoudoir, il tentait de tuer le temps en regardant à travers la vitre. Pas grand chose à voir, il était tard et seule la lente mutation du paysage surchargé de buildings du centre-ville, en demeures bourgeoises du quartier nanti égayait les yeux de notre avocat. Les lampadaires éclairaient périodiquement le visage toujours fermé du juriste, ainsi que le costume noir, presque nacré, aux reflets émeraude qu'il portait pour l'occasion. Ideki, son chauffeur l'observait depuis un moment par le biais de son rétroviseur. William le remarqua au bout d'un moment et lui jeta un regard interrogateur.

       -Hum... Je me demandais, monsieur Dolan, improvisa le chauffeur d'un ton bourru. Est-ce un rendez-vous d'affaire ou… Enfin... Bref...

       Pas facile de terminer sa phrase lorsque des yeux perçants, donnant l'impression d'être jugé en permanence, sont braqués sur vous. Voilà ce que c'est d'être laxiste avec son personnel. On essaye d'être aimable et gentil avec eux, pour pouvoir travailler dans une ambiance agréable et ils prennent tout de suite des libertés. Cependant, Ideki avait de la chance, William l'aimait bien.

       -Un peu des deux, répondit l'intéressé en cessant son regard inquisiteur. J'attends de toi une conduite irréprochable, bien entendu.

       -Bien entendu, rétorqua immédiatement le chauffeur, un brin vexé.

       Finalement, la voiture s'arrêta devant une demeure. Celle de sa cavalière pour la soirée. Miss Beckett avait, en effet, descendue les marches de son perron lorsque la voiture se présenta. Elle avait également affichée son plus beau sourire de circonstance. Par contre, ses jolies mains n'avaient pas eu à toucher la poignée de la porte et elle n'avait surement pas dû l'ouvrir pour se présenter à Dolan. En effet, à peine arrêté, Ideki était aussitôt descendu de la berline noire dont la carrosserie lustrée reflétait les lumières des environs. Il avait ensuite ouvert la portière à Dolan qui était descendu pour attendre sa gracieuse dame. Tout autre comportement aurait fait de lui un bien piètre galant homme.

       -Vous êtes ravissante mademoiselle Beckett, déclara Dolan en abreuvant ses mires émeraude de sa beauté.

       Sans cesser de la regarder, William se décala sur le côté et ouvrit la portière pour la dame. Une fois celle-ci installée, il la referma et fit le tour de l'imposant véhicule pour passer la porte préalablement ouverte par son chauffeur. Installé près de la jeune fille, il donna l'ordre à Ideki de se mettre en route. Le trajet ne fut pas bien long. Pour briser le silence et occuper son invité, William eut la courtoisie de lui faire la conversation sur des sujets banals qui n'ont pas besoin d'être relatés. Il s'était totalement métamorphosé. Il avait troqué son visage fermé et son ton distant pour une humeur avenante, comme il sied à un cavalier agréable.

       Le couple sut qu'il était arrivé lorsque la berline aux vitres teintées s'arrêta devant un bâtiment éclairé par des projecteurs, faisant ainsi mentir la nuit et révélant une façade blanche dont l'entrée était encadrée de deux piliers en pierre. Des valets en uniformes rouges faisaient le guet aux abords du restaurants, à l'affut des clients importants qui leur feraient l'honneur de diner ici. A peine la voiture s'était immobilisée que Ideki était descendu pour ouvrir la portière à miss Beckett coiffant au poteau les valets. William ouvrit lui-même sa porte et rejoignit la dame. Il lui proposa galamment son bras et ils franchirent l'entrée du restaurant. A l'intérieur, l'ambiance était tamisée. Des lampes aux courbes gracieuses éclairaient indirectement la salle par le biais du mur qui alternait entre d'agréables tapisseries ocres et du marbre rose. Les légers cliquetis des couverts en argent était la seule chose que l'on pouvait entendre dans ce temple de la cuisine française. A peine eurent-ils posés le pieds sur le tapis bordeaux du restaurant que le couple fut accueillit par un majordome qui les inonda de nombreuses marques de politesse et les invita à le suivre. Quelques valets aussi discrets que des ombres vinrent leur proposer d'ôter leur manteau, puis s'éclipsèrent, bredouille en ce qui concerne William, puisqu'il n'avait pas jugé utile d'apporter le sien. Leur hôte les guida à l'écart des gens, une table solitaire dont la décoration semblait un peu plus travaillée et qui ne souffrait d'aucune proximité avec les autres clients. Et oui, même dans un restaurant étoilé, William prenait ce qui se faisait de mieux et de plus intime. Il y a les bourgeois, les riches et il y a William Dolan.
       L'avocat attendit que la dame est pris place sur la chaise préalablement tirée par un valet, pour s'asseoir face à elle. Il la gratifia d'un sourire et embrassa la pièce d'un regard circulaire.

       -J'espère que vous appréciez miss Beckett. Cela a été difficile de faire venir un chef cuisinier français depuis son pays d'origine, et de faire bâtir le restaurant dans un délai aussi court. Je suis assez fier de mon entreprise.

       Il semblerait que Dolan soit de meilleure humeur puisqu'il parvient à faire des plaisanteries. Rien de plus normal puisque l'agréable compagnie dont il jouissait n'était autre qu'une dame de qualité ; sa très chère consœur maitre Beckett. Pas d'ennemie ce soir, William n'aurait pas le courage de considérer ainsi sa ravissante cavalière.

Amy Beckett

Humain(e)

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 18 vendredi 25 juin 2010, 15:30:45

La jeune femme avait accueillie, avec un sourire ravi et flatté, les compliments de l’avocat. Elle était ainsi, de nature, à aimer les compliments, mais elle parvenait à stopper son ego avant qu’il ne soit trop gourmand de ce genre de choses. C’était une soirée comme elle n’en avait eu que peu durant sa vie ; chauffeur, restaurant étoilé et bien tenu, avec un homme de charmante compagnie, autour d’une table éloignée du reste des humains. Elle aimait cette censure du monde extérieur, ne se sentant pas si proche que ça de ses congénères bipèdes et terrestres. La solitude valait mieux,  parfois.
Oh, et puis elle s’agaçait elle-même à penser ainsi ! Elle éjecta vite ses idées, d’un geste de la main, puis afficha un sourire complet à son cavalier. Elle ne se sentait pas mal à l’aise, malgré sa tenue qui était loin d’être irréprochable, voir même tout à fait dans son élément. Elle accueillie la plaisanterie de William avec un petit rire.


-   Vous avez bien fait, je suis conquise, répondit-elle.

Elle ne se sentait plus du tout en danger, maintenant. Ils avaient discutés, plus tôt, de quelques sujets plus ou moins importants – météos, voyages, paysage, toutes ces choses banales – mais cela ne l’avait pas ennuyée. En vérité, elle s’était même demandée depuis combien de temps elle n’avait pas, ainsi, bavardée gratuitement et en toute insouciance avec une personne, sans qu’il n’y ait d’histoires d’assassinats, de chèques ou d’affaires pénales derrière. Et sa conclusion fut que cela faisait bien longtemps. Depuis le temps où elle avait décidée de ne plus s’attacher à personne.
Noire période. Amy entreprit de remettre correctement une des parcelles de sa robe, pour se changer les idées.


-   La France était un beau pays, lança t’elle d’un ton quelque peu nostalgique. Pas tant que l’Allemagne ou l’Italie, à mon goût, mais tout de même séduisante …

Elle remarqua qu’un des majordomes – elle détestait le terme « serveur » - venait de déposer deux cartes des repas et une carte des vins sur la table. Intriguée, elle n’osait pas cependant y toucher. Elle n’avait pas beaucoup de connaissances en matière d’alcool, elle devait bien l’avouer. Elle releva les yeux vers l’avocat.

-   Vous avez dû beaucoup voyager, non ? demanda t’elle d’un ton curieux. Vous m’avez l’air ainsi, à ne pas vous complaire dans un seul paysage, préférant en goûter d’autre. Je me trompe ?

Elle eut à nouveau un large sourire, les yeux brillants. Il faudrait qu’elle songe à retourner voyager, tiens, Moscou lui manquait beaucoup, autant que Paris. Ce soir, elle ressemblait beaucoup à une jeune étudiante, et cette remarque intérieure la fit sourire.

A M Y



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( André Breton )


William Dolan

E.S.P.er

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 19 samedi 26 juin 2010, 23:09:42

       William prit la carte des vins qui semblait avoir été délaissée par notre jeune amie. Peut-être était-elle un peu jeune pour connaître les vins ou même les apprécier. Il parcourut la liste rapidement, puis referma la carte. La demoiselle semblait à l’aise avec lui et William en était ravi. Elle lui parlait de voyage, de découverte. Elle ressemblait à une artiste, dans sa façon de penser et de voir les choses. Sa robe très particulière en était la preuve. William a toujours pensé qu’il s’agissait d’une race à part. Contrairement à lui, elle voit un intérêt à l’art en tant que tel. Il n’est jamais venu à l’esprit de William, qu’on pouvait lire un livre pour la beauté du style d’écriture et non pas seulement pour s’instruire. Ne parlons même pas des peintures, vectrices d’émotions. Beckett et Dolan étaient opposés et ne pouvaient pas vraiment se comprendre l’un l’autre.

       -J’ai toujours voyagé pour des raisons professionnelles et je n’ai pas pu me faire une idée objective de la beauté de chaque pays que j’ai visité, résuma-t-il avec un sourire d’excuse. Vous dites sans doute ça parce que mon nom ne sonne pas vraiment japonais. Disons alors que je quitte un paysage lorsqu’il ne me plait pas.

       Il parlait évidemment de terra mais comment pourrait-elle savoir ? Son dossier parlait plutôt de l’Angleterre. Il l’avait falsifié lui-même pour expliquer son enfance passé à Nexus. Il n’avait d’ailleurs jamais eu de problèmes avec ça. Sa capacité d’adaptation était plutôt impressionnante.
       William ouvrit le menu. Ce restaurant, il ne l’avait pas choisi au hasard. Il espérait seulement que sa dame apprécie l’art sous toutes ses formes, y compris l’art culinaire. Il pensait bien sûr, que Mademoiselle Beckett était une habituée de ce genre d’endroit et ne comptait pas l’impressionner avec un excès de luxe. Mais encore une fois William oubliait qu’elle n’est pas de la même espèce que lui. Le sommelier se présenta au couple pour les conseiller sur les vins disponibles. Dolan jeta un bref coup d’œil pour s’assurer que la jeune fille lui laisse la liberté de choisir, puis demanda un « Cheval blanc de 2000 ». Le sommelier s’inclina en assurant à monsieur qu’il avait fait un choix judicieux et le couple se retrouva de nouveau seul.

       -Dites-moi miss Beckett, commença l’avocat. Comment une passionnée d’art a-t-elle fini par s’intéresser au droit ? Je vous verrais bien dans une exposition, même si cela ne vous permettrait pas d’exprimer vos autres talents.

       Pendant, ce temps un serveur arrivait déjà avec un petit chariot qui servait à transporter un seau et une serviette. L’homme sortit une bouteille de bordeaux. Il montra l’étiquette du vin que William avait choisi, puis l’ouvrit. Il versa un fond du liquide couleur sang dans le verre de mademoiselle Beckett et attendit patiemment que la dame goutte. Ceci fait, il finit de lui remplir son verre et remplit également celui de William avant de disposer en laissant la bouteille dans le seau d’eau fraiche.
       William adorait tout ce protocole. Tout un petit monde qui s’était créé avec pour base la bienséance et la galanterie. Le but de ce petit monde était de séparer les gens riches et puissants, du vulgum pecus, et cela pour justifier des tarifs toujours plus exorbitants et une qualité de service frisant la perfection jusque dans les moindres détails. C’était ça qui amusait William Dolan dans ce genre de restaurant très huppé. Il prit son verre de st Emilion et le fit tourner lentement afin qu’il s’aère. Tandis que le liquide couleur rubis tournait docilement dans le verre en cristal, deux yeux amusés étaient fixés sur la jeune fille. Charmante soirée.
« Modifié: lundi 28 juin 2010, 17:16:20 par William Dolan »

Amy Beckett

Humain(e)

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 20 dimanche 27 juin 2010, 10:40:52

Elle le trouvait vraiment enveloppé de mystère. Et considérait cela comme un jeu ; elle adorait ce genre de tableau, abstrait ou symboliste, ou chaque détail offre une nouvelle vision de l’ensemble, mais dont on ne saura jamais la réelle définition. Elle considérait cet homme ainsi, comme un personnage auquel chacun apporte une légende différente, mais dont on ne connaîtra jamais l’histoire. Elle n’était pas satisfaite de sa métaphore, elle avait fait beaucoup mieux autrefois. Elle s’appliqua à saisir son verre de vin, comme le faisait ces grandes dames françaises, et l’huma.
Il semblait délicieux, et ne semblait contenir aucun poison. Elle s'en voulut, un instant, d'imaginer que William puisse essayer de l'empoisonner, mais ce genre de réflexes avaient la vie dure ...


-   L'art n'est pas chaste, on devrait l'interdire aux ignorants innocents, ne jamais mettre en contact avec lui ceux qui y sont insuffisamment préparés. Oui, l'art est dangereux. Ou s'il est chaste, ce n'est pas de l'art, récita t’elle. De Picasso.

Ce n’était pas une réponse en soi, juste une sorte d’interlude.  Elle but une gorgée de l’alcool, qui anima aussitôt ses papilles et le fond de sa gorge, et l’arôme du vin enivra son esprit, ce qui déclencha un petit sursaut, et ses yeux s’ouvrirent presque démesurément pendant un instant. Décidément, elle se trouvait bien fragile à réagir ainsi face à une boisson ! Mais elle se savait sensible face aux bons alcools : tandis que son palais s’était habituée aux alcools forts et presque sans goûts à force d’en boire, il ne se remettait pas de ses rencontres avec des vins qui conservaient un goût pour le moins épatant.
Elle toussa un peu, chassant ce chamboulement, et reprit :


-   J’aime l’art pour son danger, mon cher. Je voulais être comédienne – croyez-le ou non – mais ce n’était pas de l’avis de mes géniteurs, qui me voulait avocate et fortunée. Eux vivaient dans ses conditions insalubres, et ils ont réussis à me convaincre que, si je visais haut, je pourrais ensuite redescendre pour vivre mes rêves. En bref, sacrifier une partie de ma vie, pour amasser assez d’argent pour ensuite tout plaquer et faire ce que je voulais vraiment.

Elle passa sa main dans ses cheveux, le regard troublé. Elle revoyait son père, menaçant, et sa mère, implorante, qui lui ordonnaient de partir à Yale, et non pas dans cette Académie de Théâtre qui aurait pu lui permettre de ne pas résoudre son adolescence aux longues études dans une bibliothèque froide et austère. Au bout du compte, elle se sentait plus perdante que gagnante …

-   Mais qui aurait cru qu’une fois arrivé au sommet, il soit si difficile de redescendre ?

Effectivement, elle était désormais bloquée au rang d’avocate. Elle se redressa finalement, buvant à nouveau une gorgée du vin, se laissant piquer par les saveurs, et passa sa main dans sa nuque.

-   Alors je nourris comme je peux mon appétit pour l’art, termina t’elle. Je ne voudrais pas en arriver à ce triste statut de femme frustrée. La vie est trop belle pour la jeter du haut d’une falaise, même si elle est capricieuse.

Du bout des doigts, elle attrapa une carte des repas, l’installant devant elle. Et là, elle venait de dire ce qu’elle pensait. Elle détestait être ainsi nostalgique, par moment. Cela ouvrait des brèches à des ennemis potentiels, et n’assurait pas son statut de femme forte et indestructible. Mais au fond, elle ne se mentait plus, cela ne servait à rien ; elle avait toujours eu envie de devenir comédienne, mais elle savait très bien qu’en étant avocate, elle avait une plus grande influence sur le monde qui l’entourait. Si elle redescendait au statut de comédienne, elle n’aurait ni notoriété, ni respect, et plus personne ne la craindrait. Autant reste au sommet, la chute pourrait être mortelle.

A M Y



Aucune règle n'existe, les exemples ne viennent qu'au secours des règles en peine d'exister.


( André Breton )


William Dolan

E.S.P.er

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 21 lundi 28 juin 2010, 18:37:51

       William ne put retenir un sourire ravi devant sa réaction lorsqu’elle gouta au vin. Il ne se moquait pas ; ce vin était une pure merveille. L’avocat observa sa robe pourpre soutenue, puis avisa son nez fruité, sans agression. Il gouta enfin le liquide en le laissant embraser sa langue de milles couleurs qui lui étaient difficile de cerner en une gorgée ; caractère corsé et opulent, on ne sentait presque pas le tannin d’une infinie douceur, sans parler d’une acidité inexistante. Un grand vin. Ca aussi c’est de l’art. Un art que William pouvait comprendre et que même un être grossier pouvait apprécier. Même si ce dernier ne détectait pas toutes les subtilités de l’arôme, il pouvait tout de même comprendre qu’il venait de goûter à une légende, comme un badaud se retrouvant face à une peinture qui le dépasse et dont l’affaissement de sa mâchoire montre sa révérence face à l’œuvre.

       L’avocat acquiesça aux propos de la jeune fille. Il n’avait que cela à faire, car il n’était pas dans son cas même s’il aurait pu. Ses parents aussi avaient un chemin tout tracé pour lui, mais il l’avait refusé et choisi sa propre voie. Tout le monde n’avait pas la possibilité de le faire et sans certains facteurs, William aurait ressenti la frustration de sa cavalière, car il l’aurait également vécu. Dolan observa la jeune fille alors qu’elle parcourait le menu des yeux et esquissa un sourire satisfait. Lorsqu’il avait dit qu’il ne l’avait pas emmené ici par hasard, il n’avait pas exagéré. Ce restaurant risquait de lui plaire au-delà de ses espérances. William était un habitué. Le menu était en français et à force de demander au serveur la signification de chaque plat, il avait fini par les mémoriser pour la plupart. En effet, les titres des plats ne donnaient que peu d’indices quand à leur contenu, mais vu que tout était divin, ce n’était pas une fin en soi. Un exemple ? « Amertume douce et caramélisée d’un lapin aux agrumes séchés, tiède buffala à l’huile vierge et melon grillé au goût d’eau salée » ou encore, « Loyauté de foie gras de canard cuit posément, paysage onirique d’une carotte-roquette voilée d’une tête de moine ». Tous les plats avaient les mêmes noms plus mystérieux les uns que les autres du « Agneau allaitons Aveyronnais aux notes boisées et grillés de noisettes, brochette maraîchères de jonc odorant arrosées d’huile d’argan » pour les plats, jusqu’au «Quatre vingt-et-un balancé noblement cacahuètes grillées et beurre salé, trinquant pastis au pétales de fleur » pour les desserts.

       -Je vois, commença William en refermant son menu. Je n’ai pas non plus embrassé cette carrière pour la passion de la justice. Comme vous, je l’ai choisi car cela me hisserait dans les hautes sphères de la société. Par contre, j’ai choisi ce dernier point. Je suis tout de même ravi de savoir qu’il y a des choses qui arrivent à éclairer vos yeux et pour lesquelles vous mettez tout votre talent.

       La conversation pouvait dériver vers le sujet qui les a amené à se rencontrer. William n’avait qu’à ajouter une petite phrase pour plonger dedans. Cependant, encore une fois, il n’était pas pressé de l’aborder. Miss Beckett avait sans doute remarquée cette dangereuse approche vers le sujet qui fâche. Il lui jeta un regard significatif, puis bifurqua sur des propos plus légers.

       -Vous pourriez, si vous le voulez, tout plaquer et revenir à vos ambitions initiales. Je ne dis pas ça pour me débarrasser d’une concurrente, précisa-t-il en s’esclaffant discrètement. A moins, que l’argent et le pouvoir aient développés un appétit et une addiction auquel il vous est difficile de renoncer.

       Pas de reproches dans la voix de Dolan. Simplement de la compréhension, car il était dans ce cas et ne pouvait qu’approuver, si c’était bien l’argent qui retenait la jeune fille. Il sait très bien ce que le pouvoir et l’argent font aux humains. Ils ne les rendent pas heureux à proprement parler, mais ils lui offrent le contentement et l’étalage de tout ce qu’ils perdraient sans eux. Alors que les pauvres veulent devenir riches, les riches ne veulent jamais devenir pauvres. C’est bien la preuve que l’argent fait le bonheur, même si la définition du bonheur reste encore à être élucidée.

Amy Beckett

Humain(e)

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 22 lundi 28 juin 2010, 20:29:01

Amy retomba sur son siège, pareille à une adolescente fatiguée à la suite de longues révisions. Elle passa sa main sur ses yeux, les frottant légèrement, et reprit le menu en écoutant William parler. Ainsi, il comprenait ? Elle eut un sourire ravi, et parcourut des yeux les différents noms des plats. Elle ne haussait même pas les sourcils, les noms étaient trop enchanteurs pour la gêner. Elle préférait se laisser guider par son instinct ; elle n’était allergique à aucune chose – sinon la pauvreté et la misère, faisant d’elle une femme peu généreuse, ou très, selon ses humeurs – et se sentait d’humeur à tester différents plats.
Mais elle ne pu qu’accueillir la remarque de l’avocat avec un sourire et un hochement de tête. Elle but une nouvelle gorgée d’alcool, sa bouche s’étant un peu habituée aux vapeurs fortes et violentes qui faisaient trembler ses sens, et reprit la parole :

-   Vous avez bien deviné. Grâce à mon statut, j’accède à une notoriété qui m’offre des droits, des gourmandises et des pouvoirs relativement puissant, que je n’aurais pas eu en devenant comédienne. Et vu à quel point le peuple vénère la Justice …

Ses derniers mots étaient presque moqueurs. Oui, elle méprisait ce qu’elle appelait « Le Peuple », groupement naïfs et trop candides pour en être adorables. Ce peuple qui plaçait beaucoup d'espoir en la Justice, permettant ainsi aux gens mal avisés de faire ce que bon leur semble, sans que " Le Peuple " ne vienne causer trop de problèmes.

-   Je suis arrivée à un point où je peux aisément manipuler qui je veux, souffla t’elle. Sauf vous, peut-être, mais qui sait, cela viendra sans doute … Je ne fais jamais d’entorse à mes règles.

Elle arbora ce sourire combatif, un brin provocateur, avec une once de défi, lui annonçant qu’elle comptait bien le mettre dans le même panier que tout ses petits pantins, à moins peut-être qu’il ne lui prouve le contraire.
Un serveur arriva, elle commanda d’une voix subitement douce, fine et féminine, loin de celle qu’elle avait utilisé pour parler à William. Une fois le serveur partit, elle sortit un petit miroir d’une de ses poches, et un bâton de rouge à lèvres, pour se remaquiller. La coquetterie n’était pas son péché mignon, normalement, mais quand elle était en galante compagnie, elle ne pouvait s’empêcher de redevenir cette femme qui veut plaire de par son physique. Elle ne s’aimait pas ainsi, se trouvant trop banale, trop faible, mais ne voulait en rien changer cela. C’était une soirée agréable, diable !, alors elle n’allait pas partir dans des états d’âmes désastreux et trop existentiels !
Elle rangea son miroir et son rouge à lèvres, dans une des poches de sa robe, et se recoiffa vainement.


-   C’est agréable d’être au sommet. On peut ainsi profiter de tout, et tout est à portée de main, sans qu’aucun effort ne soit fait. Alors je suis piégée, peut-être, mais le piège est trop plaisant pour que je cherche à m’en échapper.

Un ton délicieux, presque suave, mais pas trop mielleux. Elle contrôlait au mieux chaque parcelle de son corps, et sa voix en première.
Plaisant, songea t’elle en jetant un nouveau regard à William.

« Modifié: mardi 29 juin 2010, 12:03:22 par Amy Beckett »
A M Y



Aucune règle n'existe, les exemples ne viennent qu'au secours des règles en peine d'exister.


( André Breton )


William Dolan

E.S.P.er

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 23 jeudi 01 juillet 2010, 20:45:55

       Le mépris du peuple. Un phénomène très intéressant qui vient d’un sentiment de supériorité et surtout d’une volonté de se démarquer du cheptel. Ce phénomène touche beaucoup de gens, si bien qu’à force de vouloir se démarquer, on finit par être comme tout le monde, puisque tout le monde veut se démarquer. Un cercle vicieux qui se retourne contre celui qui y entre, et un juste châtiment pour le vilain petit canard qui par soucis de singularité, troque le pâturage du « peuple » pour se retrouver dans le camp de « ceux qui ne veulent pas faire comme tout le monde ». On a beau se débattre autant que l’on veut, on restera toujours d’une banalité affligeante. Miss Beckett est banale, mais par chance, William l’est aussi.
       Cette vision noire et pessimiste, c’est bien sûr à Dolan qu’on la doit. Il se considérait membre du peuple que Beckett méprise. Mais parmi le peuple, il y a les meneurs ; ceux qui influencent le troupeau. Pour se démarquer de la foule, il est inutile d’arborer des bijoux rares ou de sombrer dans l’extravagance. Il suffit de s’élever au-dessus de la plèbe et la diriger. Seul le pouvoir est original. Rien d’autre.

       -Le « peuple » a raison de vénérer la justice, car c’est la seule chose qui protège les faibles, des forts, lança William avec une pointe de compassion. On lui pardonne facilement ses fautes car mieux vaut une justice corrompue plutôt que l’absence de justice, synonyme d’anarchie.

       Un rictus se dessina sur le visage de William alors que l’avocate prétendait pouvoir le manipuler. Cependant, ce qui faisait sourire Dolan, ce n’était pas un excès d’égo qui lui disait que cela n’arrivera jamais bien, mais bien un franc amusement devant l’ironie de la situation. Amy le manipulait déjà, même si elle ne s’en rendait pas compte. Elle ne pouvait pas savoir à quel point William était sensible à la féminité sous toutes ses formes. Le fait qu’il en soit conscient était un bon point pour lui, mais si ça avait été un homme à la place de Beckett au procès du Vatican, il n’y aurait pas eu de négociations et l’affrontement aurait été violent et immédiat. Alors oui, l’avocate le manipulait. Chaque geste gracieux, chaque mot suave roulé dans une gorge féminine, ainsi que tous les regards azurés que William encaissaient, servaient les desseins de Beckett, quel qu’ils soient.
       Le rictus disparut lorsque le serveur arriva. William commanda un plat à la suite de sa cavalière. Plat qu’il oublia aussitôt que le serveur fut parti avec les commandes. Il observa la dame se remaquiller. Ses yeux verts suivaient le bâton rouge qui glissait sur les lèvres pour y déposer une couche vermeille. William se demanda avec envie quel goût pouvait bien avoir ces lèvres, puis reporta son attention sur les yeux turquoise.

       -Même au sommet, il reste des choses difficiles à atteindre et qui nous donne une raison d’exister. Je ne pense pas me fourvoyer en supposant que l’art vous donne du fil à retordre. Par contre, j’espère que vous, vous ne savez pas la nature de mon péché mignon.

       Sa déclaration fut suivit par un léger rire. William connaissait la faiblesse de l’avocate, mais elle ne connaissait pas encore son propre talon d’Achille.

       -Alors à votre avis, commença l’avocat en remplissant son verre et celui de sa compagne. Croyez-vous que nous arriverons à régler cette méchante affaire sans que l’un de nous n’ait à descendre de son sommet ?

       Il était rentré dans le vif du sujet d’emblé, sans prémisse, ni préliminaire. La soirée était agréable, mais il ne voulait surtout pas que Beckett oublie pourquoi elle est ici.

Amy Beckett

Humain(e)

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 24 jeudi 01 juillet 2010, 21:27:29

Elle ne prit pas cette phrase comme une attaque. Effectivement, elle comprenait, même si une pointe de déception naquit dans un recoin de sa tête, faisant légèrement grimacer sa bouche fraîchement maquillée. Ainsi, ils allaient parler travail ? Dans ce cas, elle allait prendre son rôle de femme de droit et de pouvoir très à cœur. Elle but une nouvelle gorgée d’alcool, ce qui fit pétiller ses yeux, leur redonnant cette flamme habituelle dans le regard, cette flamme de battante, de victorieuse, de femme qui ne se laisse pas faire. Amy reposa son verre avec une extrême délicatesse.
Elle ne connaissait pas son point faible ? Tant pis, elle savait très bien jouer sans cela. Elle balaya d’un trait son profil menaçant, conservant celui de personne agréable. Tout de même, elle n’allait pas s’enflammer ! Elle posa ses coudes sur la table, reliant ensemble ses deux mains, paume contre terre, et appuya sa tête sur ses mains, prenant un air pensif. Elle ne comptait pas répondre tout de suite. Son petit jeu, pour le moment, fut de fixer l’homme en face d’elle avec un regard transperçant, qui mettait mal à l’aise, avec dans l’idée de ne pas le quitter des yeux. Détournerait-il le regard ? Elle osa penser qu’il ne le ferait pas, même si un doute subsistait. Elle ne faisait pas peur, dans l’instant même, mais imposait une onde de respect propre à sa personne.
Puis un immense sourire naquit sur ses lèvres, sans dévoiler ses dents, créant une légère fossette sur sa joue droite.


-   Méchante affaire ? reprit-elle d’un ton presque offusqué.

Elle conservait son sourire, mais tâchait de le rendre un peu moins vif, non sans cesser de fixer l’avocat avec ses prunelles brûlantes.

-   J’ose dire que la balle est dans votre camp, ajouta t’elle.

Elle prononçait ses phrases avec une certaine douceur. Elle récupéra son verre, et en but une gorgée. Une goutte s’en échappa et vint glisser le long de sa lèvre, et rouler un peu en dessous de sa bouche. Elle ressemblait, à s’y méprendre, à une vampire. Mais cette comparaison ne la satisfaisait pas ; ainsi, elle passa un doigt sur sa bouche – pas toute la main, trop grossier – pour venir tuer cette larme d’alcool, mais continuait de fixer l’avocat.

-   J’ai en ma possession une partie des ouvrages, reprit-elle en jetant un œil sur son doigt, rougi par la goutte de vin. L’inculpé, sans doute trop meurtrit par ses actes si peu catholiques, s’est pendu hier, quel dommage … continua t’elle d’un ton teinté une ironique tristesse. Sans inculpé, l’affaire prend un nouveau tournant, n’est ce pas ?

Elle sourit à nouveau, et se gratta la nuque, doucement, ses ongles soignés se frottant contre la peau de son cou, relevant avec douceur son visage.

-   Si nous récapitulons, je peux lancer une série « d’indices » qui mènera à une personne peu susceptible de dévoiler mon nom. A vous d’accepter.

Amy leva les yeux au ciel, un instant.

-   A vous de choisir si vous continuez sur ma voie, ou la votre. Si vous optez pour la première option, aucun de nous ne souffrira. Si vous préférez ignorer mon offre, ce sera un combat sans merci qui commencera … (elle toussa doucement, et replaça son regard sur lui). Et je peux vous dédommager, si vous jugez cela nécessaire, ou même si cela peut apaiser votre conscience … Si vous choisissez la première option.

Elle sourit, et but à nouveau, tandis que le serveur arrivait, avec les plats.
A M Y



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( André Breton )


William Dolan

E.S.P.er

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 25 samedi 03 juillet 2010, 22:43:20

       Ca n’enchantait pas vraiment Dolan de parler travail, mais de toute façon ils allaient y venir à un moment ou à un autre. Autant que ça soit en début de soirée avant de casser une ambiance qui aurait pu être agréable. Il ne faisait que lui rappeler le but de ce diner même si… il y avait des chances pour que William l’ait invité quoiqu’il arrive. Quand au regard qu’elle dardait sur lui, il n’eut pas de mal à le soutenir puisqu’il ne le considérait pas comme menaçant. C’était une sorte d’introduction à l’importante révélation qui suivit. C’était elle qui détenait une partie des ouvrages volés et c’était sans doute elle qui avait tout calculé. La coupable, William était en train de dîner avec. Il se doutait qu’elle n’était pas forcement blanche mais il était loin de se douter qu’elle soit autant impliquée. Si l’inculpé était mort, son successeur était tout indiqué. L’avocat n’avait qu’à faire part de sa découverte à la police pour que la jeune fille ait toute leur attention. A partir de ce moment là, le procès était presque gagné car Dolan allait propager le scandale, à moins qu’on l’aide à se pendre lui aussi.

       -Vous prenez des risques en me disant cela, fit-il au bout d’un moment. Vous êtes si sure de vous que j’en ai presque des frissons.

       Les serveurs déposèrent les plats devant eux, servant la dame en première, et annonça le nom de chaque plat avec une fierté contenue. William ne prêta aucune attention aux valets gesticulants. Il était tout à ses réflexions, jaugeant sa cavalière d’un regard inquisiteur. L’araignée était-elle si dangereuse pour révéler ainsi ses cartes ? Dolan devait l’avouer, cette façon d’agir le déconcertait. Et pour cause, elle venait de lui révéler des détails cruciaux qui pouvaient la faire plonger. L’avait-elle fait par excès d’orgueil, par étourderie ou y a-t-il un plan obscur qui a échappé à l’avocat ?
       Les serveurs se retirèrent, laissant derrière eux les chefs d’œuvre culinaire qui laissaient échapper de délicieuses volutes de parfum exquis. Pourtant William n’avait pas l’air d’y prêter attention. Il laissa échapper un soupir défait, comme s’il capitulait et haussa les épaules avec lassitude.

       -Cette proposition est bien plus intéressante que toutes celles dont vous m’avez fait part et je serais presque tenté de dire oui. Disons pour l’instant que c’est envisageable. Je ne peux rien décider sans détails bien sûr. Nous aurons tout le temps de mettre cela au clair, mais pour l’instant, partez du principe que je suis favorable à votre projet.

       Oui. William Dolan est en tout point corruptible. Si cela lui évitait une guerre ouverte avec Beckett et que rien n’était changé par rapport à la renommée qu’il allait gagner au procès du Vatican, il était tout à fait prêt à rentrer dans le jeu de sa collègue. Il devait néanmoins esquiver les coups fourrés et c’est pour ça qu’il n’avait pas donné une réponse définitive. Si Beckett avait en effet, un coupable parfait qui paierait à sa place, Dolan ne voyait pas d’objection à opposer. Il allait se montrer prudent. Quand aux dédommagements promis, cette charmante soirée était un acompte suffisant. De plus, ce n’était pas l’argent qui l’intéressait chez mademoiselle Beckett.



« Modifié: samedi 31 juillet 2010, 15:27:19 par William Dolan »

Amy Beckett

Humain(e)

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 26 dimanche 04 juillet 2010, 10:10:29

La jeune femme haussa un sourcil. Si tôt ? Cet homme acceptait déjà sa demande ? Elle ne pouvait s’empêcher de douter de sa réponse. Cachait-il quelque chose ? Préparait-il une revanche toute aussi sanglante ? Elle chassa bien vite ses idées, reposant ses mains sur la table, coincée entre une attitude déconcertée et ravie. Elle voulait au moins savourer cette victoire, elle n’aurait pas à argumenter pendant des heures avec lui pour soutenir son projet, mais elle ne pouvait empêcher qu’un certain scepticisme naisse en elle. Paranoïaque ? Peut-être, mais si elle restait en vie malgré ses activités extra-justice, c’était parce qu’elle était méfiante.
Qu’importe, il avait choisit la bonne solution. C’était l’avantage.


-   J’en suis ravie, répondit-elle en inclinant légèrement la tête.

Amy n'ajouta aucun autre mot. La parcimonie, dans ce genre d'affaires, était un des pions les plus importants. Trop parler menait à poser des questions, et se taire à douter profondément. Elle attrapa ses couverts, les coinçant entre ses doigts fins, et les jaugea. De l’argent ? « Cesse d’être vénale » songea t’elle en oubliant vite ce détail. Elle était juste ravie qu’on l’emmène dans un restaurant chic et français, et si les couverts étaient en argent, elle n’en serait que plus enjouée. C’était ces petits détails qui vous rappelez que vous êtes riche, bien portante et soignée, qui faisaient plaisir à Amy. Se savoir à l’abri du besoin, et même sous la coupole de la corne d’abondance était un plaisir immense.
Bref, elle adorait son statut.
Mais son attention revint à l’avocat, tandis qu’elle goûtait un morceau de son plat. Une question lui trottait en tête. Elle but une nouvelle gorgée d'alcool, et releva les yeux sur lui.


-   Avez-vous peur de moi, William ?

Elle avait une voix curieuse, mais experte, non pas celle d’une petite fille qui essaye d’être discrète, ni celle d’une journaliste avide de potins, mais celui d’une femme qui demande sérieusement à son mari si, oui ou non, il la trompe.

-   Et me haïssez-vous réellement ?

Après tout, il y avait de quoi, connaissant la jeune femme. Elle n’était ni inoffensive, ni douce, mais acharnée et n’ayant pas froid aux yeux. Certains préféraient les faibles soumises qui hochaient la tête sans cesse – peut-être était-ce le cas de Dolan, bien qu’elle en doutait vraiment – et quand on voyait que Beckett était loin d’être ainsi, on pouvait se permettre de la détester. Elle n'était pas une tendre, et se trouvait loin d'être une brebis égarée et innocente, préférant le rôle de la louve assoiffée de sang, qui joue mille tours au troupeau pour le diriger dans la direction qu'elle souhaite.
D'ailleurs, on l'avait déjà traitée de garce. Elle eut un sourire, et avala une deuxième bouchée.

A M Y



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( André Breton )


William Dolan

E.S.P.er

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 27 samedi 31 juillet 2010, 23:39:16

       William s'amusait de l'effet de sa réponse. Qu'il accepte aussi facilement ne pouvait que présager une traitrise quelconque ou un mensonge. Pourtant, ce n'était pas le cas. La suspicion de miss Beckett était donc superflue, à condition qu'elle ne lui prépare pas de coup fourré. Au tour de William d'être paranoïaque mais la proposition de l'avocate était trop belle pour être parfaite. Il y avait forcement un vice quelque part et lorsque William l'aura trouvé, les négociations seront revenues au point de départ. Voilà pourquoi il avait éviter de donner une réponse définitive.

       Quelques mots sortis des lèvres féminines mirent fin aux brèves pourparlers. La rapidité avec laquelle les deux juristes avaient expédiés l'affaire laissait présager qu'ils allaient y revenir prochainement. Pour l'instant, William se satisfaisait de la clôture du sujet et s'intéressa d'avantage au plat qui était devant lui. Il prit une bouchée du mets raffiné et constata que le goût était encore plus exaltant que le fumet. Ses papilles ainsi cajolés, il baissa le nez sur son assiette et entreprit de la vider méthodiquement. A peine avait-il commencé qu'une question le figea sur place, laissant sa fourchette à mi-chemin entre l'assiette et sa bouche, une expression interloquée peinte sur son visage. Ce n'était pas tant le contenu, mais le ton de reproche ainsi que la familiarité de la jeune fille qui l'étonnait. C'était la première fois qu'elle l'appelait William et heureusement qu'elle avait poursuivie sur le vouvoiement, sinon il aurait pu s'étouffer de surprise. La deuxième question semblait l'avoir achevée car la fourchette retomba mollement sur le bord de son assiette. Ce n'était pas tant la question qui était difficile, mais bien la réponse.

       -Celui qui n'aurait pas peur de vous serait bien sot ou inconscient, Amy, expliqua-t-il calmement, comme un époux explique à sa femme ce que faisait une inconnue à demi-nue dans le lit conjugale. Peut-être qu'au-delà de la peur, c'est de la méfiance que j'éprouve. D'ailleurs je serais vexé que vous ne partagiez pas ce sentiment.

       Il leva les yeux, dardant sur elle un regard pernicieux qui la défiait de dire le contraire. William a peur d'elle et Amy également. Si ce n'était pas le cas, elle était bien sotte, car ce qu'il venait de dire valait autant pour lui que pour elle. Dolan avait peur d'un conflit stéril entre deux juristes où il n'y aurait ni gagnant, ni perdant. Ils avaient tout les deux les moyens d'entrainer l'autre dans sa chute. Les batailles autodestructrices n'intéressaient pas le juriste.
       Dolan se resservit un verre de vin, s'offrant ainsi un petit moment de réflexion. La deuxième question avait été de loin la plus troublante. Avait-il dit ou fait quelque chose qui pourrait lui faire penser qu'il la détestait? Il en était mal à l'aise rien que d'y penser. Ses manières avaient été impeccables et il n'avait fait aucune erreur. A moins qu'elle ne lise dans les pensées, car alors là, William comprendrait cette question qui semble presque être un vœux. En effet, il la haïssait bel et bien, mais comme toujours avec Dolan, tout est une question de point de vue et de mesure. Comprenons-nous bien, l'avocat détestait son ennemi et celle qui trouble sa quiétude, tout simplement. Beckett était le caillou dans la mare ; elle bouleversait les plans de l'avocat et il la détestait pour ça. Pourtant, il n'y avait aucune haine dans ses yeux alors qu'il regardait la jolie jeune fille face à lui.

       -Je suis peiné que vous me posiez cette question, avoua William. Veuillez accepter mes excuses si j'ai fait quelque chose qui vous a fait penser cela.

       Le juriste prit une brève gorgée de vin et fit disparaître son expression peiné et son ton navré. Un peu trop vite d'ailleurs…

       -Je ferai mon possible pour vous convaincre que je ne vous hais pas, fit-il avec un sourire roublard. Vous avez un compagnon?

       La question avait surgie de nulle part. En plus de la réponse, c'était l'effet de cette question qui intéressait William. C'était de la pure provocation évidemment, mais cela restait tout de même bon enfant.

Amy Beckett

Humain(e)

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 28 vendredi 20 août 2010, 19:06:45

Cette fois, ce fut au tour de la jeune femme de s'étrangler avec la boisson qui coulait dans sa gorge. Elle l'avait écoutée en buvant, d'un air attentif, avec un étrange sourire sur les lèvres ; ni agressive, ni passive, le juste milieu qu'elle trouvait à son goût. Tout comme le vin qu'elle dégustait. Ainsi, elle avait portée le verre à ses lèvres, sans quitter le regard de l'avocat. Et, ainsi, en l'entendant, le vin avait effectué une pirouette malicieuse.
Ses joues devinrent aussitôt rouges, et elle hoqueta silencieusement, la bouche ouverte, les yeux grands ouverts. Aussitôt, la boisson continua sa route, laissant la jeune femme haletante, le regard rivés sur son assiette. Elle porta, par pur réflexe, sa main à sa gorge, et leva à nouveau les yeux vers son invité. Que voulait-il ? L'indisposer ? Une lueur de colère passa rapidement dans son regard, cette même lueur qui passe rapidement sur une lame levée dans la nuit, avec un avertissement clair : Ne joue pas avec moi à ce jeu là, à moins de chercher réellement des ennuis et soubresauts qui pourraient te coûter plus que ta vie.
Cependant, cette lueur s'effaça aussitôt, pour qu'un nouveau sourire vienne se poser sur le visage de la jeune femme.


- Tu ...

Elle se tut aussitôt. " Une défaillance. Ne tutoie personne avant qu'il ne t'ai tutoyé. Ne perds pas tes moyens si facilement ! " Sa conscience lui lançait des piques, pour qu'elle récupére son statut de femme sérieuse, qui ne se laisse pas abattre ni même impressionner.

- Vous le trouverez facilement. Enterré au fond de mon jardin.

Elle l'avait dit d'un ton sérieux. Elle rigolait, évidemment, mais quiconque aurait entendu cette phrase aurait pû croire qu'elle ne mentait pas. Elle hésita à boire à nouveau, et avala un morceau de son plat rapidement, se remettant les idées en place.

- Ce n'est pas l'envie qui me manque, croyez-moi, répondit-elle aprés avoir avalé. Mais c'est surtout le temps et ... l'endurance de cette personne.

Elle se rendit compte de ce qu'elle disait, mais ne revint pas sur sa phrase. Si elle prenait un air gêné et lançait un " Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire ... ", au vu du double sens de cette "endurance", cela montrerait une certaine faiblesse d'esprit. Elle parlait évidemment d'endurance, dans le sens où la supporter quotidiennement relevait du miracle. Elle but finalement une gorgée, à nouveau. Cette fois, elle constata avec soulagement que cette gorgée  ne souhaitait pas faire comme la précédente, et crapahuter dans son oesophage.

- Si je change souvent de secrétaire, c'est pour éviter qu'une d'elle ne finisse par me poignarder, ricana t'elle. Et ce genre d'égarement peut conduire à beaucoup de soucis. Si je m'attache à une personne, quelqu'un, un jour, saura comment faire pour me faire tomber. Pour ma survie, et celle des autres, je me dois de rester solitaire.

Evidemment, elle avait parlé avec un ton froid, et sec, comme si elle lançait un théoréme vérifié et re-vérifié sur le tapis.

- Mais cela ne veut pas dire que je me prive de certaines bonnes choses de la vie, croyez-moi !

Elle avala une autre bouchée du plat - divin ! - et jeta un oeil distrait vers le dehors. Depuis longtemps, elle avait cessé d'être humaine. Elle cala sa tête dans une de ses mains, comme une enfant qui rêve en plein milieu d'un repas.

- C'est épuisant d'être humain ... Depuis longtemps, j'ai décidée de ne plus faire cet effort, soupira t'elle.
A M Y



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( André Breton )


William Dolan

E.S.P.er

Re : Une affaire bien compliquée ( pv )

Réponse 29 mardi 24 août 2010, 22:59:33

       William fut ravi de l'effet que provoquait sa question innocente. Il eut du mal à retenir un rire qu'il parvint in extremis à transformer en sourire plus qu'appuyé. La lueur qui flamboyant dans les yeux de la jeune fille ne fit rien pour l'aider à se maitriser. On aurait dit qu'elle voulait le tuer, ce qui était plutôt cocasse pour une question comme celle-là. Et puis, ce n'est pas comme si elle pouvait mettre ses menaces à exécution... N'est-ce pas?
       Le juriste ria poliment à la blague de la jeune fille. Il avait failli hésité vu son ton on ne peut plus sérieux mais cela faisait parti du style de sa collègue. Elle avait un petit côté glauque que Dolan commençait à apprécier. Vraiment sa compagnie était des plus agréable. Il l'écouta ensuite parler de sa vie privée sans s'arrêter sur l'ambivalence de "l'endurance" que la jeune fille avait employé. Même s'il l'avait remarqué, rien sur son visage ne montrait que c'était le cas. Cela aurait été grossier et la mettre dans l'embarras n'était pas son objectif. L'avocat l'encouragea donc du regard et prit lui-même une gorgée de son vin sans se départir de l'intérêt qu'il montrait pour elle.

       Ce qu'elle venait de lui apprendre était très intéressant. Non pas du point de vue de leur affaire, mais plus vis à vis de la curiosité de Dolan. Ce dernier se demandait d'ailleurs à quoi pouvait bien ressembler le quotidien de cette très jeune fille – en effet, jamais elle n'avait parue plus jeune qu'en ce moment – pour qu'elle doive faire attention à sa sécurité. Sur ce point, William réalisait qu'il avait de la chance. Il n'avait recours à des gardes du corps que pour des déplacements risqués mais il pouvait tout à fait se promener en toute sécurité. Quand à ses employés, il n'avait jamais pensé au fait qu'ils pourraient le mettre en danger. C'était contraire à toutes ses certitudes. Ce qui rendait Beckett plus dangereuse, même si à l'heure actuelle, elle avait quelque peu perdu de sa prestance. On aurait dit qu'elle faisait enfin son âge.

       -Vous vous dirigez vers une vie bien triste, glissa doucement l'avocat. Mais j'avoue que j'ai du mal à me mettre à votre place car je n'ai pas ce genre de problèmes. Je ne fais rien qui pourrait m'en attirer d'ailleurs.

       William lui jeta un regard appuyé, prolongeant sciemment le silence pour faire passer son message. Ce regard pouvait être interprété de plusieurs façon. Ça pouvait être un moyen de lui faire comprendre qu'il savait qu'elle trempait dans des histoires peu catholiques. Ou bien, il pouvait la défier de lui attirer des problèmes qui le pousseraient à devenir aussi paranoïaque qu'elle.

       -Si vous avez peur que vos ennemis vous atteignent à travers vos proches, c'est parce que ces proches sont des proies, éluda le juriste. Vous passez à côté de beaucoup de chose. Oh! Je ne parle pas d'une vie de famille. Il n'y a pas de place pour ça, mais un compagnon... pourquoi pas. Encore faut-il que cette personne soit de la même espèce que vous. Ainsi, atteindre cette personne serait aussi difficile que vous atteindre vous. A moins que vous ne puissiez faire confiance à quelqu'un qui vous ressemble.

       William avait planté ses mires vertes sur celles de sa compagne au moment où il venait de lui conseiller de s'attacher, de préférence, à ses pairs. Il ne la quittait pas des yeux alors qu'il entreprit de remplir leurs verres de vin. Un exercice hasardeux quand on ne regarde pas ce que l'on fait mais ça ne posait pas de problème pour William qui était assez fier de sa vue panoramique.
       Le juriste savait parfaitement que ses allusions étaient toutes perçues par la jeune fille. Il faut dire qu'il ne s'embarrassait pas de discrétion. Parlons sans ambages : Il la courtisait ouvertement.
« Modifié: mercredi 25 août 2010, 22:03:17 par William Dolan »


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