L'homme mit longtemps à arriver, mais bon, il est vrai que le thé n'infuse pas en claquant des doigts. Il lui servit lui-même une tasse, politesse qui la laissa pantoise. Puis lui même s'assit dans un immense fauteuil qui, en comparaison, sembla tout à coup bien plus petit. Puis il eut un grand sourire qui, malgré sa chaleur parut étrangement carnassier à la jeune esclave, elle eut un frisson, non, ce devait juste être une impression. Un clignement de paupière et l'éclat prédateur du sourire disparut. Dorian lui posa alors quelques questions de sa voix puissante, des questions qui eurent le don de troubler la jeune fille. Son maitre, l'abandonner ? Impossible ! Cela semblait si ridicule, les maitre n'abandonne pas leur esclave, soit il les garde, soit il les revende... et c'est encore plus vraie pour des personnes aussi logiques que Messire Cyphre - quoi que, ces ordres ne l'étaient pas toujours ! - l'abandonner à elle-même serait un très mauvais investissement, surtout au prix où il l'avait achetée. Avec un petit sourire elle répondit à l'homme :
« Mais non, c'est moi qui me suis perdu, le maitre m'avait clairement indiqué par ou passer, ce n'est tout de même pas de sa faute si je suis incapable de différencier les rues les unes des autres... surtout qu'il me conseille souvent d'éviter les bas quartiers ! »
Oui, il lui indiquait justement qu'elle serait en danger dans cet immense coupe-gorge à ciel ouvert. Elle réfléchissait aux ordres exactes qu'il lui avait donnés à ce sujet quand le Marchant lui posa une question qui, celle-là, la fit tiquer : son maitre la lui avait déjà posée... voulait-elle vivre librement ? Non, sur cela elle ne changerait probablement jamais d'avis, cette cerise là resterait accrocher à son arbre, aussi étrange que ça puisse paraître. Elle le dit sans détour à son interlocuteur.
« Non, la liberté n'est pas une chose pour moi, je... je ne suis pas assez intelligente pour me débrouiller seule, pas assez forte pour me défendre, je ne peux pas vivre sans un maitre ! »
Oui, sans UN maître, et non pas sans Louis Cyphre, elle savait que c'était mal mais, c'était vrai, il lui fallait quelqu'un pour lui donner des ordres et décider de sa vie, n'importe qui, pas spécialement son maitre actuel... de toutes façons, elle devait s'attendre un jour où l'autre à changer de propriétaire, c'était le lot de ses semblables : les maîtres finissent toujours par se lasser de leur esclaves et, dans ce cas, ils les revendent pour en acheter d'autres. La seule chose que pourrai espérer la jeune, c'était que, plutôt que de la rendre aux esclavagiste, la vente se passe directement entre nobles, ainsi elle aurait directement un nouveau maitre sans passer par les cages puantes et les coups faciles des esclavagistes.
Dorian, lui, ne lâchait pas l'affaire, visiblement, malgré les dires de Cherry, il restait persuadé que, tout au fond d'elle-même, la jeune femme désirait la liberté, il lui proposa même une échappatoire. Elle eut un petit rire avant de lui dire, avec un sourire indulgent:
« Je crains que vous ne puissiez comprendre à quel point la servitude est... rassurante, plus d'inquiétude, plus d'angoisse, le maitre décide de tout, sans limite et, quel que soit votre possesseur, gentils et rassurant, sadique et pervers, dur et strict : vous savez à quoi vous attendre pour tout les jours qui arrivent, votre avenir est tout tracé, il suffit d'obéir sans broncher la vie avance sans se presser. »
Elle eut un petit regard rêveur.
« Vous savez... même le pire des maitre me conviendrait mieux que de me diriger par moi-même, sinon je serais tout le temps inquiète, dans la peur de faire une erreur, dans la peur de mourir : bien sûr la peur n'a pas disparut, mais le maitre est là, et même si c'est lui qui vous pose des problèmes, au moins, vous savez à quoi vous attendre et vous pouvez apprendre la situation avec calme. »