C’était donc cela. Il voulait savoir ce qu’elle avait vécu. Quelle vie elle avait mené avant d’arriver dans cette ville. La jeune femme aurait du y penser plus tôt. Il devait se poser pas mal de questions à son sujet d’autant plus qu’il avait vu, et guérit, ses cicatrices. Cette explication, elle la lui devait bien et puis, elle l’aimait, il avait le droit de savoir même si elle risquait de le perdre.
« Comment t’expliquer quelque chose que j’ai moi-même du mal à comprendre »
Marine n’avait jamais compris pourquoi c’était tombé sur elle. Elle n’en aurait probablement jamais l’explication.
« Ça remonte à loin. Je ne me souviens pas de ma famille, je me rappelle juste que quand j’ai eu cinq ans, des hommes sont venus me chercher. Ils m’ont enlevé et amené dans un camps d’entrainement, une sorte de camp militaire »
La voix de la jeune femme devint monocorde, les yeux perdus dans le vide, elle semblait raconter l’histoire de quelqu’un d’autre.
« On m’a entraîné à être une parfaite machine à tuer, rompu à tous les combats et n’ayant aucun état d’âme. On m’a fait comprendre que je n’avais pas vraiment d’intérêts sauf si je devenais ce qu’on attendait de moi. Je n’avais rien d’autre alors j’ai fait ce qu’on me demandait – elle fit une pause – J’ai souvent été battue, frappée, fouettée et … tant d’autre chose. Quand j’ai eu sept ans, ils m’ont balancé dans une fosse avec un tigre. Je devais le tuer ou c’était lui qui me tuer. Ce jour-là, j’ai compris que je ne pouvais compter que sur moi-même. Personne ne serait venu m’aider – elle sourit tristement – C’est de ce fauve que me venait les cicatrices sur ma cuisse. Les griffes qu’il avait enfoncées dans ma chair. J’ai souvent tué. J’ai beaucoup de morts sur la conscience. C’est eux qui m’empêchent de dormir la nuit. J’ai finit par m’enfuir, je voulais autre chose, une autre vie mais c’est… très compliqué de revenir à une vie qui n’a jamais été la votre »
Elle porta son regard sur celui de Kei. Elle lui avait tout dis, au moins dans les grandes lignes. Elle s’attendait presque à ce qu’il lui fiche une gifle et l’abandonne. Après tout, elle était un monstre, un tueur.
« Tu es un ange et moi, le diable, la mort. Je comprendrai que tu ne veuilles plus de moi. Même si c’est du passé, j’ai toujours les mains couvertes de sang »