Course pour un artefact [Pv Serenos]

Ce jour là, Néthi était partie en expédition sur Terra, dans le désert Papuan. Bien que voyageant seule, elle avait tout de même pris le temps de bien se préparer. Certes, la jeune fille voyageait plutôt léger, n’ayant sur elle que ses accessoires dorés et une tenue légère en lin, mais ce serait oublier qu’elle maîtrisait plutôt bien le voyage dimensionnel. Que ce soit de quoi camper, ses vivres ou de quoi recharger ses réserves de mana, tout était stocké dans un inventaire dimensionnel. Bref, de quoi se déplacer sans se surcharger inutilement. Certes, elle aurait pu se rendre directement sur place, mais encore fallait-il connaître d’avance la destination.

Il y’a une petite semaine de cela, Néthi avait en effet appris l’existence d’un artefact magique, l’œil de Magnus, sensé décupler la puissance magique d’une personne. L’outil idéal pour se faire passer pour un être tout puissant, voir une divinité. Seulement là n’était pas l’intérêt de la princesse. Son but était en effet tout autre: étudier l’artefact pour comprendre son fonctionnement et, si possible, le modifier, de manière à ce que son pouvoir n’agisse non pas sur un seul individu, mais au contraire une centaine de personnes. Sa puissance en sera certes proportionnellement divisé, mais l’idée était plutôt d’en faire un outil pour apprendre la magie plus facilement à un groupe d’élèves. En d’autre termes, en faire le noyau énergétique d’une école de magie.

La princesse était partie depuis maintenant quatre jours, lorsqu’elle arriva enfin devant la caverne qu’elle cherchait, tandis que la nuit commençait à tomber. Le sanctuaire devait se trouver au plus profond de celle-ci, et l’artefact encore plus profondément. Elle préféra donc établir son campement à l’entrée de la grotte, se restaurer et dormir, pour aller explorer tout cela au petit matin en pleine forme. Elle nota toutefois des traces de déplacement et des restes de cendres. Un groupe semblait avoir lui même campé ici même récemment, probablement la veille. Demain, il lui faudra presser le pas.

La bonne nouvelle, c’était que la plupart des monstres entre l’entrée et le sanctuaire avaient probablement été décimés par ce groupe…

"Aux armes!" beugla un soldat

"Éradiquez-moi ces saloperies!" rugit son supérieur

Le sanctuaire était loin d'être inhabité. Au contraire, il était même sacrément bien gardé pour un lieu n'ayant pas vu un être vivant depuis plus de quatre millénaires. Les gardes étaient de grandes armures, animées par l'usage de la sorcellerie et par… quelque chose d'autre.

Serenos pouvait déceler une étincelle d'anima dans ces armures, ce qui signifiait qu'une âme résidait dedans. Une âme torturée, maintenue dans un éternel appel à l'aide qu'elle ne pouvait pousser.

Ehredna passa au travers de la lame de l'armure, la scindant en deux, avant de continuer sa course vers l'armure et faire de même, et de la brèche ainsi créée s'écoula une lourde volute de poussière. Serenos n'attendit pas un instant, ne se laissant pas surprendre, et continua à trancher et frapper lourdement, causant encore plus de poussière à tomber sur le sol, jusqu'à ce que l'armure s'immobilise, vidée de son animus et de poussière, tombant lourdement sur le dos.

"Ultene! Brise l'armure!"

D'un geste puissant, le marteau de guerre d'Ultene s'abattit sur le poitrail de l'armure de son adversaire, l'éclatant en un millier de petits morceaux, dévoilant un intérieur vide de chair, mais rempli de sable, de poussière et de cendres, mais contrairement à la précédente, cela ne sembla pas suffire à la mettre hors d'état de nuir.

Alors que la main aux énormes griffes s'approcha de la tête d'Ultene, Zaki tira sa lame et l'enfonça immédiatement dans l'ouverture. Le katana s'enfonça dans l'ouverture et perfora une gemme scintillante cachée dans la poussière. L'objet se brisa sous le coup de lame et l'armure cessa de bouger, tombant simplement sur le côté.

En moins de trois minutes, le combat était fini. Serenos évalua ses pertes et se rendit compte que ces six armures avaient déjà clamé la vie d'une vingtaine d'hommes avant d'être arrêtées.

"Hm…"

"Votre Majesté ?"

"Zaki, Ultene, Muene, avec moi. Les autres, restez ici. Reposez-vous et n'entrez que si vous n'avez pas de nouvelles d'ici la fin de la journée."

Les trois maîtres aventuriers hochèrent de la tête au commandement du Roi et se mirent immédiatement en formation derrière lui.

"Sire, c'est dangereux !"

"Eh bien, vous êtes perspicace, capitaine," railla le Roi. "Heureusement que vous êtes là. Vous avez vos ordres."

Le capitaine se sentit rougir jusqu'aux oreilles. Évidemment que le Roi s'était rendu compte du danger, mais ce n'était pas un combat où la stratégie et le nombre ferait une différence notable; non, il fallait des experts, des gens qui avaient affronté des créatures surhumaines auparavant et qui pouvaient leur tenir tête. Donc, le Roi, Ultene, Zaki et Muene.

Le Roi s'enfonça donc dans le temple, se préparant à voir d'autres de ces créatures de cendres et de poussières.

"Gardez un œil ouvert et faites attention ; je sens de la magie ici."

Au petit matin, Néthi se réveilla et s’extirpât de sa couche, avalant du lait et quelque dattes, avant de tout renvoyer dans son inventaire. Elle invoqua ensuite une petite sphère de feu, qui se mit à danser un peu au dessus d’elle et éclairer les environs. Comme une torche, mais en lui permettant de garder les mains libres. Elle invoqua ensuite deux dagues d’acier aux poignées dorées et s’avança en restant sur ses gardes, prête à attaquer au moindre mouvement suspect.

La princesse progressa ainsi un bon quart d’heure, observant les cadavres de créatures sur le chemin, décelant des pièges magiques qui n’avaient su être évité. Elle vit également de nombreuses inscriptions en hiéroglyphes, des avertissements que le groupe qui la précédait n’avait sans doute su comprendre. Il en restait encore quelques uns, qu’elle passa ou désactiva sans efforts. Finalement, elle entendit le fracas des armes et des cris de douleurs. S’approchant d’avantage, Néthi vit une dizaine d’hommes batailler contre une énorme statue, un homme à tête de chacal et armée d’un cimeterre, au milieu d’une trentaine de cadavres et de restes de ce qui avait apparemment été deux énormes armures.

La jeune fille leva la main et cria simplement en ancien égyptien.

– Tawaqaf ya khadim 'Anubis

La statue se figea d’un seul coup et tomba en poussière, devant des soldats aussi exténués qu’abasourdit. Néthi garda ses distances avec les hommes, jugeant qu’ils risquaient de s’attaquer à elle au vu de leur état et de leur méfiance.

– Je me nomme Néthi, je suis de la région. J’ai entendu du grabuge près du sanctuaire et suis venue aussitôt. Qu’est ce que vous faites ici ? Vous avez pas vu les avertissements gravés à l’entrée ? C’est du suicide !

– Je me nomme Néthi, je suis de la région. J’ai entendu du grabuge près du sanctuaire et suis venue aussitôt. Qu’est ce que vous faites ici ? Vous avez pas vu les avertissements gravés à l’entrée ? C’est du suicide !

Les soldats, visiblement, n'avaient eu que faire des avertissements; le Roi leur avait dit de continuer, après tout. Et puis, ce n'est pas comme s'ils étaient capable de parler cette langue ou de la comprendre.

"Suicide ou pas", dit le capitaine, se faisant le porte-parole de la troupe. "Les ordres sont les ordres; garder cette entrée et attendre les instructions."

Malgré la présence de cadavres autour d'eux, les guerriers ne semblaient pas plus affectés que cela. Ceux qui n'étaient pas blessés se contentèrent de dévêtir les soldats décédés, jetant leurs armures et équipements dans un chariot, avant de les embaumer dans un tissue épais. Ce n'était pas comme le traitement des momies, parce que les funérailles allaient probablement avoir lieu chez eux, mais cela éviterait qu'ils ne soient dévorés par les insectes ou les animaux sauvages. Les dépouilles furent ensuite déposées sur une grande palette de bois et attachées les unes aux autres pour les maintenir en place.

Dans le sanctuaire, Serenos avançait d'un pas plus ou moins sûr, sa barrière astrale neutralisant les effets du sanctuaires et purifiant l'air alors qu'ils avançaient.

"Vous croyez que c'était des créatures de l'immatériel?" demanda Zuki, à demi-voix.

"J'en doute," répondit Serenos en levant sa torche, examinant les murs, posant une main sur un glyphe pour révéler une porte dissimulée. "Si c'était le cas, ce n'est pas à coup de masse et d'épée qu'on règle le prob--- AH!"

Le Roi eut tout juste le temps de se jeter à terre et se couvrir la tête pour éviter un éclair de lumière qui se perdit dans le mur derrière lui, créant un trou béant dans un grand tonnerre. Il jura en se tenant les oreilles, crachant des obscénités alors que ses oreilles sifflaient inconfortablement. Le sifflement se vit bientôt remplacer par un léger bourdonnement alors qu'il se relevait en grommelant.

"Encore des pièges. Toujours des pièges!"

Les soldats ne pleurait leurs morts ni ne fuyaient. Ils tenaient leur position et chargeaient les cadavres après les avoirs embaumés. Il fallait un grand courage pour ne pas flancher face à de telles défenses. Pour autant, ils n’étaient plus qu’une dizaine. Encore deux ou trois vagues d’adversaires et il n’y aura plus personne pour charger les corps. La jeune fille soupira et lança un sort de soin généralisé sur les soldats, effaçant leur blessures, et enchaîna avec un bouclier de protection.

– Ça devrait tenir une ou deux heures. Essayez de ne pas mourrir.

Se remettant en garde, la princesse progressa de nouveau prudemment dans le passage, sans prêter attention aux propos du capitaine. Après tout, il devait maintenir sa position, et ne pouvait donc la poursuivre sans abandonner ce qu’il restait de ses hommes.

Après avoir passée ce qui ressemblait à un impact de foudre, Néthi sembla arriver près de ce qui ressemblait à un cul de sac. Bien que le couloir semblait finir sur rien, les murs étaient couverts de hiéroglyphes d’un côté et d’une fresque de l’autre, représentant un paysan sur une barge et deux animaux sur une des rives. En face, il y’avait le mur, probablement un passage escamotable, avec un mécanisme de leviers horizontaux.

Et il y’avait le groupe de tête aussi, qui esquivait ou neutralisait les pièges déclenchés à chaque erreur de manipulation. La jeune fille les interpella avant qu’ils n’aient l’idée d’essayer de dégommer le mur.

– C’est une énigme. Vous permettez ?

Sans écouter leurs avertissements, la princesse se plaça face aux inscription et commença à lire à voix haute.

– Yurid almazarie 'an yaebur alnahr wayakhudh maeah dhyban wmaezan wmlfwfan. Ladayh safinatun, lakin yumkinuh 'iihdar eunsur wahid maeah faqat fi kuli maratin; 'iimaa almaeiz 'aw aldhiyb 'aw almalfufa. Kayf yastatie almazarie 'an yaebur aldhiyb walmaeiz walmalfuf alnahr dun 'an yukal 'aya shay'in.

Elle porta ensuite son attention sur les leviers. Au nombre de quatre, chacun avait un cartouche sur la poignée. Un pour l’homme, un pour le loup, un pour la chèvre et un dernier pour la laitue. Le mécanisme se réinitialisant après chaque tentative, elle pu donc le manipuler sans craindre quoi que ce soit. Ainsi, elle activa dans un premier temps le levier de l’homme et de la chèvre, pour ramener l’homme seul. Puis activa de nouveau l’homme et le loup, pour ramener l’homme et la chèvre. Néthi actionna l’homme et la laitue et ne ramena l’homme seul de nouveau, pour enfin terminer par l’homme et la chèvre une dernière fois. Il y’eu un déclic et une partie de la fresque coulissa dans le sol, libérant ainsi le passage.

– Je me nomme Néthi. Me permettez vous de vous accompagner jusqu’à la chambre principale ?

Serenos dépoussiéra lentement alors qu'une nouvelle étrangère ne se pointe pour leur porter secours. Les énigmes n'intéressaient pas vraiment le Roi, parce que pour les résoudre, ou avoir la volonté de les résoudre, il fallait également avoir un souci du détail et de ne pas troubler l'infrastructure. De fait, s'il arrivait à court de patience, il était toujours envisageable de remplir ce temple avec de l'huile noire, couvrir les issues avec de la pierre et y foutre le feu pour faire exploser la structure et ses environs. La seule chose qui l'en empêchait, à cette heure, c'était le fait qu'il n'avait pas encore fait déplacer d'unité de démolition.

"Je vous souhaite le bonsoir, dame Néthi, ravis de vous connaitre. Alors, je suis très ravi de votre offre, mais alors, je ne vous connais pas et je…"

L'instant d'après, un mur s'éleva à une vitesse vertigineuse entre eux et ses trois compagnons.

"… serai visiblement dans l'obligation de l'accepter…"

"Sire !? Tout va bien?!"

"Oui, tout va bien! Continuez sans moi, trouvez un autre accès !"

"… De quoi!? "

Le Roi répéta plus fort, sur un ton qui trahissait son agacement. "Continuez sans moi, trouvez un autre accès!"

"Sire ! Il semblerait que nous ayons omis de nous munir de nos torches ! Elle est de votre côté !"

"…"

Le Roi se frotta les yeux avec agacement et se mit à marcher dans la direction opposée, sans répondre.

"Sire ? Youhou ? Sire ! Répondez, quoi !"

La voix de Zuki s’amenuisait de plus en plus alors que le Roi et Néthi s'enfonçaient dans les entrailles obscures du temple, descendant un long escalier.

"Engagez des aventuriers, qu'ils disaient, ils sont indépendants et plein d'initiatives…"

Et surtout, manifestement, très très cons.

Avant qu’elle n’ait le temps de réagir, l’accès fut coupé derrière Néthi et le chef du groupe, laissant les trois autres derrière, seuls et, visiblement, sans source de lumière. La princesse appris à cette occasion que l’individu était roi, au vu de la dénomination utilisée pour l’appeler. Toutefois, celui ci repris sa marche sans se préoccuper d’avantage d’eux, agacé.

– Engagez des aventuriers, qu'ils disaient, ils sont indépendants et plein d'initiatives…

Néthi avait beau être une princesse, la remarque la fit légèrement rire. Elle même s’était enregistrée à la guilde des aventuriers de la région, ne serait-ce pour faciliter ses déplacements sur Terra. Il fallait néanmoins admettre qu’elle était plus débrouillarde que les trois zigoto.

– Ils ne doivent pas être si nuls que ça, s’ils ont pu vous aider contre ces armures géantes. J’ai croisée vos hommes en arrivant. Ils seront contant d’avoir ces trois là en renfort.

S’il existait un autre chemin vers la sortie, il n’était sans doute possible de l’emprunter que depuis la chambre principale. Sur le chemin, le duo croisa bien évidemment d’autres pièges assez classiques, comme des fléchettes empoisonnées sortant du mur en marchant sur des dalles de pressions, des lances flammes ou encore des guillotines. Mais grâce à sa compréhensions des hiéroglyphes, il fut facile de les éviter ou de les désactiver, une fois encore.

– J’imagine que c’est l’œil au bout du sanctuaire qui vous intéresse ? Rassurez-moi, vous ne comptez pas vous accaparez son pouvoir ? Cette chose est trop puissante pour une personne. Et je ne sais même pas s’il est possible de la détruire. Ce n’est pas pour rien qu’il a été scellé.

La jeune fille préférait demander maintenant. Il était déjà roi après tout, donc il devait être fort. Mais certaines personnes n’étaient jamais satisfaite de leur propre puissance et désiraient toujours en avoir d’avantage encore.

– J’imagine que c’est l’œil au bout du sanctuaire qui vous intéresse ? Rassurez-moi, vous ne comptez pas vous accaparez son pouvoir ? Cette chose est trop puissante pour une personne. Et je ne sais même pas s’il est possible de la détruire. Ce n’est pas pour rien qu’il a été scellé.

"Tout ce qui existe peut être détruit, c'est une loi fondamentale de ce monde, et je suis très, très doué pour détruire des choses."

Enfin, moins lui que l'épée qui pendait à sa taille, mais il n'avait pas vraiment envie d'élaborer sur le sujet. L'aisance avec laquelle cette étrangère avait désarmé les pièges lui donnaient une vague impression qu'elle n'était pas ici par hasard, et encore moins par témérité, donc cela voulait dire que soi elle savait déjà ce qui les attendait parce qu'elle avait déjà quelques informations de plus, ou alors elle le guidait vers un piège.

Le duo s'enfonca encore plus profondément dans la structure, jusqu'à arriver dans une grande antichambre. Au centre se trouvait deux statues, un homme et une femme visiblement. L'un avait une tête de chacal, l'autre une tête de chat, et ils étaient sculptés dans une étreinte plutôt rapprochée. Trop, même. La femme regardait dans leur direction avec l'air vide d'une… statue. Serenos remarqua une ombre sur son abdomen.

En se rapprochant, il remarqua que l'ombre était celle d'une autre partie de la sculpture; la statue de l'homme chacal tenait dans sa main dissimulée dans le dos de la jeune femme ce qui ressemblait à un poignard. Serenos réexamina celui-ci, et remarqua des traces sur le ventre et la jambe de la statue.

"Évidemment…" grommela le Roi. "Toujours des histoires de sang avec ces sociétés pré-Ardeniennes."

Il leva une main et, sans un geste d'hésitation, l'empala contre la pointe de la "dague", qui traversa sa chair aisément. Une autre personne se serait peut-être soucié d'une infection, mais Serenos n'avait pas subi une telle chose depuis son hybridation.

Le sang perla lentement sur le ventre et la cuisse de la statue, descendant jusqu'au sol, remplissant au passage des crevasses artificielles, avec un son de déclic et de frottement de pierre au loin; comme plus tôt, une fraction du mur se décalait vers le bas.

Il retira sa main de la pierre.

"Je déteste quand ils font ça. Quel est le rapport entre le sang et un mécanisme d'ouverture de porte? Ils n'ont jamais entendu parlé de clés?"

L’homme était donc ici pour détruire l’artefact. Au moins, il ne comptait l’utiliser pour gagner en puissance. Cependant, Néthi doutait vraiment sur le fait qu’il puisse être détruit. Finalement, le duo arriva de nouveau à un cul de sac, une chambre sans issue apparente, dont seules deux statues enlacées emplissaient l’espace. Une statue d’Anubis, qui trahissait une autre de Bastet. Le roi ne vit qu’un regard vide émanant de cette dernière, mais la princesse y décela très nettement une lueur divine. Après tout, la divinité chat était au centre du culte de son royaume. D’ailleurs, sa voix résonna dans son esprit.

* Prend garde à toi petite… La création de Seth est traitre et dangereuse… *

Elle déglutit difficilement à cette révélation, au moment où l’homme s’empalait la main, ce qui pouvait faire penser qu’elle réagissait seulement à son action.

– Je déteste quand ils font ça. Quel est le rapport entre le sang et un mécanisme d'ouverture de porte? Ils n'ont jamais entendu parlé de clés ?

– C’est… une épreuve de courage. Seuls ceux qui n’ont pas peur du sang et de la souffrance peuvent entrer. Une clé serait trop simple, surtout si le sanctuaire vise à garder la création d’un dieu destructeur…

Le roi ne semblait pas plus préoccupé que cela par sa main empalée. D’ailleurs, il soigna sa blessure aisément avec la magie. Ils reprirent donc leur route au travers des dédales. Jusqu’à arriver à un embranchement, trois routes différentes s’offrant à eux. Cela ressemblait fortement au début d’un labyrinthe. Sur le mur à côté d’eux, une seule inscription, que la princesse traduisit pour son compagnon d’infortune.

– “Suivez le tracé de Hâpy pour atteindre l’engeance de Seth…Horus vous mènera au contraire vers votre salut…”

La jeune fille regarda donc en l’air, pour découvrir un fin rayon de lumière, qui devait sans doute prendre sa source à l’extérieur de la grotte et se répercuter jusqu’ici par un système de miroirs. Le chemin d’Horus devait donc conduire à la sortie. Pour Hâpy en revanche…

– Horus est le Dieu solaire. Donc suivre le rayon de lumière permet d’atteindre une sortie. Hâpy est celui du Nil, un fleuve traversant un désert. Sauf qu’il n’y a pas d’eau ici…

Néthi était une mage, mais était encore en apprentissage. Elle savait utiliser des éléments certes, mais générer de l’eau en milieu désertique était encore compliqué pour elle. Bien sûr, elle pouvait aussi verser simplement l’eau de sa gourde au sol et suivre le chemin qu’elle prendra, mais elle ne voulait pas finir assoiffée non plus. Elle regarda donc l’homme.

– Dites, vous savez générer de l’eau ? Il suffirait de suivre son tracé sur le sol pour arriver jusqu’à l’artefact, mais c’est une magie que je ne maîtrise pas…

Si c’était bien un labyrinthe, il y’aura donc plusieurs embranchements. Et l’eau de sa gourde serait de toute manière insuffisante pour arriver jusqu’au bout.

– C’est… une épreuve de courage. Seuls ceux qui n’ont pas peur du sang et de la souffrance peuvent entrer. Une clé serait trop simple, surtout si le sanctuaire vise à garder la création d’un dieu destructeur…

"C'est complètement stupide", dit le Roi avec un dédain apparent pour cette civilisation. "Je n'ai peur ni du sang ou de la souffrance, mais d'une infection, ça, je ne le souhaite à personne."

Certes, par sa nature, les afflictions humaines n'étaient plus vraiment un problème pour lui, mais il doutait que ces dispositifs le visaient en particulier. Ils étaient adressé à causer la peur et l'angoisse chez l'humain normal, ce qui n'était plus le cas du Roi. La blessure cessa rapidement de saigner, et le Roi tira un bandage de sa besace pour l'enrouler autour de sa main, histoire de ne pas l'exposer.

Serenos écouta alors l'exposé de Néthi, tâchant plus ou moins de suivre ce qu'elle lui disait, malgré le manque complet de contexte par rapport à sa Foi ou à ses connaissances. Heureusement, elle lui demanda simplement s'il savait créer de l'eau de nulle part.

"Oui, mais je ne crois pas que ce sera nécessaire. Qui plus est, cela demanderait de continuellement déplacer de l'eau d'un autre plan, et je ne tiens pas à m'épuiser plus que nécessaire."

Le Roi tira sa gourde de sa ceinture et versa quelques gouttes sur le sol. L'eau, étant de l'eau, se contenta d'être absorbée par le sable et la pierre, mais il leva une main. Les gouttes fusèrent pour former une petite boule d'eau qui suivit naturellement le tracé, sans épouser le sol, suivant simplement le chemin de la moindre résistance et suivant l'inclination discrète du plancher, vers l'une des portes.

"Après vous," dit le Roi avec un geste élégant de la main.

L’homme lui affirma qu’utiliser un sort d’eau serait trop coûteux en énergie et préféra verser le contenu de sa gourde au sol, qui l’absorba. A première vue, il sembla donc penser à la même idée que Néthi, mais celle-ci déchanta en constatant qu’il ne se passait pas ce qu’elle avait prévue. Sauf qu’il usa de magie finalement, non pas pour faire couler le précieux liquide, mais pour en faire une sphère concentrée, qui suivit le tracé sans se faire absorber. Voilà bien une utilisation magique à laquelle elle n’aurait jamais pensée. Comme quoi, elle avait encore beaucoup à apprendre.

– Après vous

– Merci ~

La jeune basanée prit donc la tête de la marche et suivit l’eau. Durant plusieurs minutes, ils se contentèrent de marcher en la suivant, à chacune des bifurcation, s’enfonçant toujours plus profondément dans le sanctuaire, qui ressemblait de plus en plus à un sinistre tombeau.

Finalement, le duo arriva dans une nouvelle salle. Probablement la dernière. Deux énormes statues de Seth se faisaient face, contre un énorme pan de mur, sans doute la porte de la chambre de l’artefact. A priori, rien d’anormal. Seulement Néthi le sentait, les statues étaient vraisemblablement enchantées pour s’activer à la moindre tentative d’intrusion. Le seul indice visible provenait de l’immense symbole gravé sur le mur en face: celui de Maât, une divinité liée à la famille du pharaon.

– Seuls les héritiers royaux peuvent entrer sans courroucer les dieux…

Néthi était à la fois une ancienne princesse ressuscité de l’Égypte ancienne, et une descendante de cette même famille, avec un écart de quatre millénaire. Toutefois, c’était le cas sur Terre. Quand était-il de la civilisation de Terra ? Était-il possible qu’un membre de sa famille ait pu se retrouver sur ce monde, créant ainsi une nouvelle lignée royale, parallèle ? Il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir.

– Je vais tenter d’ouvrir la porte… Si ça échoue, les statues s’éveilleront sans doute, donc… tenez vous prêt.

La jeune fille descendit les quelques marches permettant de rejoindre la salle et traversa la trentaine de mètres qui séparait ces dernières de la porte. Les statues ne réagirent pas. Elle expira profondément, afficha sa détermination et posa simplement ses mains sur le symbole, fermant les yeux. Il y eu un léger tremblement, de la poussière tombant du plafond, et les yeux des statues s’illuminèrent d’une lumière dorée. Elles se mirent en mouvement et… mirent un genoux à terre. Une voix caverneuse retentit.

*Marhaban bik ya aibnat alaliha…*

Le symbole brilla et le mur coulissa dans le sol, révélant derrière une nouvelle salle… qui contenait une énorme sphère minérale verte et grise, couverte de symbole et de laquelle émanait une aura malsaine… Au moins, cela confirmait que Néthi était considérée, sur ce monde, comme une authentique héritière royale.

Serenos observa la jeune femme s'avancer vers la pièce suivante, marchant à une distance de deux pas derrière elle, sa main posée sur la garde de son épée. Sans être nécessairement méfiant envers la jeune femme, il ne pouvait nier qu'il y avait chez lui un certain manque de confiance qu'elle ne tentera pas de le doubler et/ou de le neutraliser pour arriver à l'artéfact le premier

– Seuls les héritiers royaux peuvent entrer sans courroucer les dieux…

Qu'est-ce que cela pouvait bien faire aux haut esprits que ceux qui entraient dans cette pièce étaient des gens de sang royal ou non ? Le Roi pinca les lèvres, car au moment même où sa question lui était venue, il comprit que le progéniteur de cette lignée avait dû écarter les pattes pour les plaisirs charnels de leur divinité. Rien de bien stupéfiant pour le Roi, mais qui l'emplissait d'un certain dédain. Les Haut Esprits étaient souvent affectés par les superstitions et les croyances des mortels, il ne pouvait donc que supposer que la civilisation vénérant cet haut esprit devait également le conceptualiser comme une créature plus humaine, plus proche d'eux.

– Je vais tenter d’ouvrir la porte… Si ça échoue, les statues s’éveilleront sans doute, donc… tenez-vous prêt.
- Vous venez de dire que seuls les hérit--

Néthi posa alors la main sur la pierre, et le Roi leva une main, lui agrippant le poignet.

"Mais qu'est-ce que vous faites ?" s'écria-t-il devant la visible insouciance de cette jeune femme.

Il allait lui faire une longue liste de reproches, presque de façon hautaine à l'image d'un parent en colère, mais il fut interrompu dans son élan par l'apparition d'une lumière dorée, ainsi que le mouvement des statues.

"Et puis quoi encore ?", jura-t-il en tirant son épée.

Mais contrairement à son attente, les créatures de pierre se contentèrent de mettre un genou en terre.

"… Ah bah voilà qui est mieux."

Il se tourna vers Néthi, et même si celle-ci avait rencontré un certain succès, il croisa les bras et la regarda droit dans les yeux.

"Avec le respect que je dois à une personne de rang royal," dit-il avec un ton chargé de reproche, "vous êtes téméraire, Altesse. Qu'auriez-vous fait si ce lieu avait été créé dans le but exprès de tuer des membres de la lignée royale ? Vous croyez vraiment que les gens qui ont bâti ce temple, avec des pièges et des statues animées par magie noire, se soucient d'enfreindre la hiérarchie des humains ou de courroucer une divinité ?"

Il mit fin à sa tirade en voyant l'artéfact de l'autre côté.

"Ah."

Il observa les environs avant de marcher aux côtés de la jeune femme, lui prenant la main pour la tirer à sa suite, moins pour la garder près de lui que pour s'assurer qu'ils ne soient pas accidentellement séparés. Puisque la porte réagissait à la présence de Néthi, il lui était préférable de la garder près de lui.

La pièce était énorme, avec plusieurs ouvertures le long des murs qui laissaient perler un étrange liquide verdâtre que le Roi reconnu comme étant un concentré de magie sous forme liquide. Au centre de la pièce, l'artéfact, ou du moins ce qui semblait l'être, ressemblait à une grosse pierre d'énergie autour de laquelle gravitaient de la pierre. Une statue d'une femme embrassait cette pierre avec deux grands bras ailés, son regard rivé vers la porte comme pour défier quiconque de s'en approcher.

Et cette statue n'avait pas d'yeux, et sa bouche ouverte n'avait pas de langue. Des orifices se mit alors à perler un liquide rouge foncé, alors que le visage se déformait dans un rictus que le Roi trouva intensément perturbant.

Serenos tira Néthi vers lui et l'embrassa de ses bras alors que, d'un coup, toute forme de lumière disparaissait. Seule lumière restante était l'artéfact… et la statue l'avait manifestement abandonnée. Sa main se mit à luire, très légèrement, alors qu'il concentrait sa magie à l'intérieur, et une chaleur en émana.

Collée au Roi, Néthi put aisément entendre le battement du cœur de celui-ci qui s'était beaucoup accéléré, non pas d'excitation mais de terreur.

Un son, un mouvement dans les ténèbres, puis le Roi gronda alors que deux mains griffues se refermaient sur ses bras musclés, griffant sa chair pour essayer de les écarter, le visage de la statue apparaissant devant le visage de Néthi et émettant un hurlement strident, alors que la substance noire et rouge perlait sur son visage basané.

Le Roi relâcha sa magie et la créature se prit une vague de flammes en plein visage, relâchant les bras du Roi, qui agrippa de nouveau Néthi et se jeta sur la droite pour éviter le corps de la créature, qui ressemblait à un énorme mille-pattes.

A peine le passage était-il en train de s’ouvrir que le roi lui agrippa le poignet, l’air furieux.

– Avec le respect que je dois à une personne de rang royal, vous êtes téméraire, Altesse. Qu'auriez-vous fait si ce lieu avait été créé dans le but exprès de tuer des membres de la lignée royale ? Vous croyez vraiment que les gens qui ont bâti ce temple, avec des pièges et des statues animées par magie noire, se soucient d'enfreindre la hiérarchie des humains ou de courroucer une divinité ? Ah.

Néthi pour sa part, pensait surtout que le sanctuaire avait plutôt été bâtit dans le but de dissuader ou repousser quiconque souhaitait approcher l’artefact, sinon, il n’y aurait pas eu tout ces avertissements gravés dans la roche. Entre Horus et Maât, il était évident que la famille royale en était à l’origine. Il fallait être parfaitement inculte des croyances Égyptiennes pour penser le contraire.

Et pour un type qui lui reprochait sa témérité, celui-ci en faisait preuve de bien plus qu’elle, on fonçant ainsi tête baisser dans la salle. Il ne réalisa même pas que l’artefact n’y était pas le seul élément présent. En effet, il y’avait aussi une statue, une créature difforme, monstrueuse, qui semblait avoir été jadis une femme.

Et qui les attaqua, en les plongeant dans l’obscurité.

Néthi n’avait pas les réflexes de l’homme. Elle se retrouva prise dans son étreinte en l’espace d’un instant, sentant une entité se mouvoir près d’eux, les frôler, dans des cliquetis de chitine. La jeune fille sentit un liquide visqueux couler sur sa joue, vit un visage blafard le temps d’un battement de cils, puis plus rien…

Alors que le roi était sur la défensive et faisait tout pour ne pas se laisser aller à la terreur, le cerveau de la princesse carburait à fond. Seth était le dieu du chaos, de la destruction. Son pire ennemi était Horus, dieu du soleil et de l’ordre. La créature les avait plongée dans les ténèbres. Elle devait donc redouter la lumière plus que tout. Parallèlement, la créature cherchait à s’en prendre à elle. Si elle avait été enfermée ici avec l’artefact par la famille royale, c’était logique, elle cherchait sans doute vengeance.

Et si elle était autrefois humaine, il n’y avait qu’une conclusion logique à ce qu’il lui était arrivée. L’artefact avait absorbé son humanité. Seulement, un simple objet ne pourrait jamais faire une telle chose, même enchanté. Il ne pouvait y avoir donc qu’une seule possibilité.

Sa réflexion ne dura pas plus d’une minute, durant laquelle l’homme dû batailler seul dans l’obscurité. Tout du moins, jusqu’à ce que la jeune fille fasse apparaître au plafond une grosse boule de feu, semblable à un soleil miniature, qui éclairera toute la salle, ainsi que la créature, tapit dans un coin, prête à attaquer de nouveau. L’artefact était toujours là, l’aura verte malsaine en émanant toujours, cherchant à absorber l’énergie de son sort.

– L’artefact agit comme un Djin avec sa victime ! Si on détruit l’esprit qui y est associé, elle mourra également !

Détruire un Djin n’était pas chose aisée. Mais c’était plus facile que de vaincre une divinité. Seth n’allait pas être ravis de ce dénouement, mais Néthi savait qu’il n’agissait jamais directement, seulement par le biais de pions. Elle qui pensait l’utiliser comme noyau pour son école, il allait falloir trouver un autre moyen…

La creature était rapide, dangereuse et meurtrière. Non seulement son visage était particulièrement perturbant, mais ses membres étaient tous dotés de chitine affûtée. Gardant une main ferme autour de Néthi, il la souleva très légèrement de terre alors que la créature se ruait de nouveau vers eux et s'élança dans les airs, juste avant de lever sa lame pour parer un coup de ses horribles pattes tranchantes, qui les envoya plus loin sur la droite. Le Roi se réceptionna tant bien que mal sur ses pieds, alors que la jeune femme semblait avoir l'esprit ailleurs. Après un moment, elle leva enfin la tête et leva une main, causant l'apparition d'une grande boule de feu.

Dans un espace aussi restreint, le Roi sentit immédiatement l'oxygène environnante se faire de plus en plus rare alors que la boule de feu brûlait. Mais la créature semblait prendre peur devant le grand cercle de flammes et de lumière, ce qui était un avantage.

Maintenant bien éclairée, la créature était particulièrement horrifiante; l'abdomen de ce qui avait été une femme était maintenant une énorme balafre de laquelle jaillissaient des dents pointues qui bougeaient indépendamment les unes des autres, avec une généreuse quantité de sang qui coulait le long de sa queue.

– L’artefact agit comme un Djin avec sa victime ! Si on détruit l’esprit qui y est associé, elle mourra également !

-- C'est formidable, mais comm…

Il leva sa lame alors que la créature s'élançait vers lui. Il resserra les dents et activa un champ de force magique, resserrant sa prise sur la hanche de Makoto pour qu'ils ne soient pas séparés l'un de l'autre, et ils furent tous deux éjectés dans les airs. La créature se contracta de nouveau, levant son visage et, abdomen béant levé vers eux, elle s'élança droit vers le plafond, essayant de les happer au passage. Le Roi leva alors un bras et leva une bourrasque qui les déplaça hors de sa trajectoire, et une autre pour ralentir leur chute alors qu'ils passaient à côté du corps de la bête.

- Comment on détruit l'esprit d'un Djinn?

Il leva sa lame au moment ou la créature, ses grandes aile/lames ouvertes, plongeait vers eux. Le Roi contracta les muscles de ses jambes au maximum, et attendit le moment parfait pour lever sa lame et, du plat, il fit un support triangulaire contre son épaule, absorbant l'impact de la créature et sa tentative de le scinder en deux, déviant son coup. L'aile du monstre se planta dans le sol, et le Roi leva sa lame, frappant de toutes ses forces dans le pli du coude du monstre et sectionna le bras, là où la chair tendre n'était pas protégée.

La créature hurla de douleur.

– C'est formidable, mais comm… Comment on détruit l'esprit d'un Djinn?

Bonne question. Les Djins sont des esprits, invisibles par nature. Selon la croyance, ils peuvent se manifester de diverses façons. Par les rêves ou la possession entre autres choses, mais il leur est également possible d’être présent physiquement, mais la méthode pour les faire apparaître est un peu tordue. Concrètement, il ne peut pas se matérialiser ou s’évaporer si on le regarde directement, mais comme il est invisible, c’est difficile à appliquer. La méthode consiste donc à zieuter partout et revenir sur des zones observées jusqu’à ce qu’il se manifeste.

Évidement, avec une créature aussi dangereuse à proximité, plus facile à dire qu’à faire. D’autant que si elle même arrivait à le déceler, son partenaire lui, ne le verrait toujours pas, ce serait comme battre l’air avec son épée.

Néthi allait lui répondre, lorsqu’il sectionna un membre de la créature, ce qui la fit hurler de douleur, dans une sorte de crissement strident. Cela ne dura pas. Des filaments immondes sortirent des deux moignons et rattachèrent le membre au corps dans un chuintement écurant.

– Il… Il faut le capturer par le regard… et le vaincre avec une prière… Plus facile à dire qu’à faire… avec ce monstre… Essayez de l’occuper… Je me charge du Djin.

La princesse l’affubla d’un bouclier protecteur, de quoi le protéger une poignée de minutes, avant de s’éloigner de lui. De toute façon, avec le coup qu’il lui avait infligé, l’homme avait réussi à capter toute son attention. L’égyptienne commença donc à zieuter partout, pas en scannant la salle de son regard, mais en le baladant aléatoirement, de tel sorte à ce que le Djin ne puisse pas anticiper ses mouvements.

Il lui fallut cinq bonnes minutes, avant de trouver sa cachette. Derrière l’artefact, restant toujours à l’opposé de la créature. Sans le lâcher du regard et se concentrant exclusivement sur l’esprit, elle prononça alors son récital, en langue ancienne — et en boucle — jusqu’à ce qu’il commence à faire effet sur le Djin.

– Biaism huras wamaet, amrik bimughadarat almabnaa fwran wafasakh jamie aleuqud mae 'asyadik alsaabiqina.