Elle redressa son dos en ne faisant qu’hocher.
Non, elle n’avait pas envie de prendre un bain ni même de se dévêtir ; elle ne se sentait guère en sécurité ici, entre ses murs. Elle ne désirait que les bras d’Ares pour l’aide ou qu’une de ses domestiques viennent la chercher, elle ne voulait pas rester. Cependant, elle n’allait pas le lui dire… Il avait l’air fort, très, très fort ; malgré ses douces manières d’être polis et courtois, il restait que derrière tout ça, que ce cachait-il? Une grande demeure sans domestique, s’occupait-il seul de tout ? Ses mains vinrent se joindre près de son bas ventre, pressant ses paumes l’unes contre l’autre, prise d’une grande anxiété. Un brin d’hésitation la pris néanmoins lorsqu’elle vit la chambre poussiéreuse. Petite princesse comme elle était, ce n’était pas réellement ce à quoi elle s’attendait en acceptant de venir dans son manoir, il fallait l’avouer. Néanmoins, elle n’en dit rien. S’approchant de l’entrée, elle releva les yeux sur le Don à sa demande, pinçant les lèvres tout en ne laissant s’échapper qu’un faible « Eh bien, je… » Avant que celui-ci ne la quitte sans demander son reste.
Peut être était-elle prise d’un rhume qui lui mélangeait les idées ; il ne semblait pas méchant, pas du tout. Peut être était-ce que sa peur qui lui faisait voir autant d’anguille sous roche, mais elle n’y pouvait rien. Son corps en entier tremblait et, ce soir, elle ne savait pas si elle pourrait venir au souper ou même, si elle pouvait simplement dire non.
Sans même fermer la porte ou commencer à se dévêtir, la comtesse se laissa litéralement tombée sur le lit, toussant sous la poussière qui s’en était élevée. Prise d’une quinte de toux, ses jambes vinrent se replier contre elle sans pour autant se relever, restant couchée contre les couvertures. Je ne veux pas… J’aimerais rentrer… murmurait-elle tout bas en fermant les yeux et pinçant les lèvres. De Daelys, sa famille tant appréciée dans les landes d’Ashnard était tout un numéro, en plus. Si le Don portait attention à ce nom, il pouvait sans doute lire divers passages concernant la douceur des filles de cette descendance et la manie des femmes à ne pas se marier. C’était bien vrai, les Daelys était composés que de femmes. Les hommes ne servaient habituellement qu’à la fécondation et, ensuite, disparaissaient. De belles et douces femmes s’occupant généralement des activités des nobles. Bal, soupés, festivités.
Elles restaient généralement enfermée entre les murs de leur tour blanche, sans connaître rien de l’extérieur.
Couchée contre les draps du lit, Heilayne s’était endormie une, puis deux, puis trois heures. Se faisant déjà bien tard à son arrivée, elle avait sans doute déjà sauté le soupé sans s’en rendre compte. Ses paupières s’entrouvrirent lentement, clignant avec douceur avant que son dos, à son tour, se redresse, soutenu par sa main glissé sous une couverture. Un malaise vint à se glisser dans son ventre alors qu’elle remarqua l’heure, surtout la lune qui éclairait maintenant sans timidité les terres. Le ciel couvert d’un noir encre ; elle avait oublié le souper…
Lentement, la comtesse se releva, dépourvue de ses chaussures qu’elle avait finalement retirées avant de s’endormir pour plus de confort. Pieds nus, elle vint pousser la porte pour l’entrouvrir en silence, marchant sur la pointe de ses pieds pour ne pas réveiller quelqu’un ou, surtout, pour ne pas attirer l’oreille du Don. Était-il fâché, dormait-il? Oh, elle ne voulait pas le savoir. Quoi que…
Tout en refermant la porte, Layne prit le pas, observant autour d’elle en tentent de se faire subtile, silencieuse. Elle s’approchait de l’entrée du manoir et vit la porte, s’en approchant pour, peut être, partir.